Maximin Isnard

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Maximin Isnard
Maximin Isnard
Fonctions
Président de la Convention nationale
16 -
Député du Var
-
Titre de noblesse
Baron
Biographie
Naissance
Décès
(à 67 ans)
Grasse
Nationalité
Activités
Blason

Honoré Maximin Isnard dit Maximin Isnard, né le 24 février 1758 à Grasse[1], mort le 12 mars 1825 dans la même ville[2], est un négociant et un homme politique de la Révolution française, du Premier Empire et de la Restauration.

Marchand-parfumeur sous l'Ancien Régime, il est élu député en 1791 à l'Assemblée nationale législative. Réélu en 1792, à la Convention nationale, il rejoint le groupe des Girondins dont il est l'un des meneurs. Après les journées du 31 mai et du 2 juin 1793 auxquelles il est formellement opposé, il entre dans la clandestinité et échappe à la répression montagnarde. Après le 9 thermidor, il est réintégré à son poste de député et adhère à la politique réactionnaire. Il est réélu au Conseil des Cinq-Cents qu'il quitte en l'an VI (1797). Il retourne alors à Grasse et reprend ses activités de négociant. Il est fait baron d'Empire en 1813 et n'est pas inquiété au retour des Bourbons en 1814 puis en 1815.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines familiales et formation[modifier | modifier le code]

Il est le fils cadet de Maximin Isnard (1731-1799) et d'Anne Thérèse Fanton, cousine des Fanton d'Andon.

Il est le petit-fils (en ligne paternelle) de Jacques Isnard, marchand curateur, était seigneur de Deux-Frères et d'Esclapon, et de Claire Courmes, tous deux issus d'anciennes familles de la bourgeoisie de Grasse.

Sa sœur Françoise (1722-1805), épouse d'Antoine Court (ils ont plusieurs enfants : Honoré, Michel et Joseph Court d'Esclapon et de Fontmichel).

Sa nièce, Marie Marguerite Justine Isnard, épouse en 1801 Claude-Marie Courmes (1770-1865).

Mariage et descendance[modifier | modifier le code]

Lui-même épouse en 1778 Madeleine Clérion.

Ils ont un fils, Jean-Jacques (1784-1845), baron Isnard, receveur particulier des finances, qui épouse en 1813 Eugénie-Gabrielle Luce, fille du banquier Honoré-François Luce.

Leur petit-fils Joseph-Honoré (1817-1898) est confirmé dans le titre de baron Isnard par lettres patentes du 7 septembre 1864[3].

Carrière sous l'Ancien Régime[modifier | modifier le code]

Maximin Isnard est issue de la bourgeoisie marchande. Il est marchand-parfumeur puis fonde à Grasse une manufacture de soie et de savon.

Période de la Révolution[modifier | modifier le code]

Mandat à la Législative[modifier | modifier le code]

En mai 1789, les États-généraux convoqués par Louis XVI l'année précédente se réunissent à Versailles et se constituent en Assemblée nationale constituante le 17 juin. Les privilèges et les lois féodales sont abolis la nuit du 4 août 1789 et la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen est proclamée le 26 août puis signée par le roi sous la pression de la manifestation des femmes le 5 octobre.

En septembre 1791, Isnard est élu député du département du Var, le quatrième sur huit, à l'Assemblée nationale législative[4]. Il fréquente la Société des Amis de la Constitution, dite le club des Jacobins, dont il assure le secrétariat fin octobre de la même année[5], puis la présidence au début du mois de décembre[6].

Isnard se lie avec Jacques-Pierre Brissot. Dès le début de son mandat, il demande l'expulsion hors de France des prêtres réfractaires[7] et la mise en accusation des frères du roi, le comte de Provence et le comte d'Artois[8]. Il vote en faveur des mises en accusation de Bertrand de Molleville, le ministre de la Marine[9], de Valdec de Lessart, le ministre des Affaires étrangères[10], et du marquis de Lafayette[11]. Après la chute de la monarchie survenue le 10 août 1792, il appuie les nominations de Clavière, de Roland, et de Servan au Conseil exécutif provisoire[12].

Mandat à la Convention[modifier | modifier le code]

En septembre 1792, Isnard est réélu député du Var, le quatrième sur huit, à la Convention nationale. Dès le 21, ouverture de la session parlementaire, la monarchie est officiellement abolie et le lendemain, « l'an I de la République » est proclamé. Dès le début de son mandat, aux côtés d'Aubry et d'Espinassy, également girondins, il est envoyé en mission à Perpignan. Ils annoncent la prise de Sospel par le général d'Anselme en novembre[13].

Isnard siège sur les bancs de la Gironde, défendant la propriété privée et le rétablissement de l'ordre face à l'influence de la Commune insurrectionnelle de Paris. Lors du procès de Louis XVI, il se prononce pour la mort, et rejette l'appel au peuple et le sursis à l'exécution, se démarquant de Brissot qui vote en faveur de ces deux mesures[14]. Fin mars, Isnard est élu membre du Comité de Défense Générale[15]. Début avril 1793, pour répondre à la défaite de Neerwinden et à la trahison de Dumouriez, ainsi que Barère, Danton, Mathieu et Thuriot, il est chargé de rédiger un projet de création de Comité de Salut public, et prononce le rapport lui-même, mais n'est cependant pas élu au Comité[16]. Il vote contre la mise en accusation de Jean-Paul Marat, déclarant qu'il y était initialement favorable, et partageant sa « crainte d'être [lui-même] la dupe d'une intrigue »[17]. Marat le dénonce néanmoins un mois plus tard dans son journal comme un membre de la « faction des hommes d’État »[18].

Le 16 mai 1793, Isnard accède à la présidence de la Convention, battant le candidat montagnard, Thuriot[19]. Sa présidence est particulièrement agitée : lors de la séance du 25, il répond à la députation de la Commune venue protester contre l'arrestation d'Hébert ordonnée par la Commission des Douze que « si jamais la Convention était avilie, si jamais, par une de ces insurrections qui depuis le 10 mars se renouvellent sans cesse, [...] Paris serait anéanti » et que « bientôt on chercherait sur les rives de la Seine si Paris a existé »[20] ; lors de la séance du 27, il provoque la colère de la députation de la section de la Cité venue réclamer la libération de son président et la suppression de la Commission des Douze, et doit, sous la pression de la Montagne et des tribunes, céder la présidence à Boyer-Fonfrède[21]. Il vote en faveur du rétablissement de la Commission cassée le même jour[22]. À l'issue des journées du 31 mai et du 2 juin, les sectionnaires demandent l'arrestation d'Isnard qui décide de se suspendre lui-même de ses fonctions. Il n'est pas décrété d'arrestation mais tenu de ne pas quitter la capitale[23]. Il est décrété d'accusation devant le tribunal révolutionnaire le 3 octobre 1793 au terme du rapport d'Amar au nom du Comité de Sûreté générale[24], mais se soustrait au décret et se cache avec d'Espinassy lui aussi recherché[25].

Les poursuites contre les députés mis hors de la loi sont levées le frimaire an II (décembre 1794) et ils sont réintégrés à leur poste en ventôse an III (mars 1795)[26]. De retour à la Convention, Isnard adhère à la politique thermidorienne et dénonce les anciens membres du Comité de Salut public. Il attaque Robert Lindet qui défend le 31 mai et le 2 juin. Isnard est envoyé en mission dans les départements des Basses-Alpes et des Bouches-du-Rhône entre floréal an III (mai 1795)[27] et vendémiaire an IV (octobre 1795)[28]. Durant sa mission, il cautionne le massacre des jacobins de Marseille incarcérés au fort Saint-Jean. Il parvient à se défendre des accusations de royalisme portées contre lui.

Du Directoire à la Restauration (1795-1825)[modifier | modifier le code]

Période du Directoire (1795-1799)[modifier | modifier le code]

Le , Isnard est réélu député au Conseil des Cinq-Cents par le département du Var. Il y siège avec la droite réactionnaire, proche du royalisme. Peu après cette élection, il est dénoncé comme un des responsables de la Terreur blanche et réplique en attaquant les jacobins.

Il se fait peu remarquer au cours de la législature et quitte son poste en 1797. Il fait ensuite partie de l'administration de son département.

À la suite d'un long cheminement spirituel, qui a commencé en 1793, il retrouve la foi catholique perdue depuis l'enfance.

Période napoléonienne (1799-1814)[modifier | modifier le code]

Il se rallie sans difficulté à Napoléon Bonaparte, qui le fera baron de l'Empire en 1813[29].

En 1802, il publie un traité, De l'immortalité de l'âme, dans lequel il expose avec lucidité[pas clair] les étapes de son retour au catholicisme.

Le comte de Fortia de Piles raconte que, chaque année, le , Maximin Isnard allait prier sur la place de la Concorde, à l'endroit où Louis XVI avait été exécuté[30].

Période de la Restauration (1814-1825)[modifier | modifier le code]

Ce remords ostentatoire évite à ce régicide d'être proscrit à la Restauration.

En 1814, après l'abdication de l'empereur, il se rallie à Louis XVIII. Lors des Cent-Jours, il soutient l'empereur[29]. Il n'est cependant pas inquiété lorsque les Bourbons reviennent après Waterloo, mais ne joue plus aucun rôle politique.

Mort et funérailles[modifier | modifier le code]

Il meurt dans l'anonymat[pas clair] à Grasse en 1825.

Jugements sur Isnard[modifier | modifier le code]

L'historien Marcel Dorigny écrit : « Au sein de la Gironde, Isnard avait incarné la tendance issue de milieux modestes, enrichie par une activité directement liée à la vie économique et désireuse de consacrer la légitimité de cette ascension sociale par une législation libérale et conservatrice de l'ordre social nouveau »[31].

Armes[modifier | modifier le code]

Honoré Maximin Isnard

Coupé : au 1, parti de sinople, à la plume, posée en bande, et l'épée la pointe basse posée en barre, mises en sautoir, le tout d'argent et surmonté d'un comble d'azur, à sept étoiles d'argent posées en cercle, et du quartier des Barons Membres de collège électoral ; au 2, d'argent, à la rivière en champagne d'azur, sommée d'un pont de trois arches de granit au naturel.

Hommages[modifier | modifier le code]

Hôtel Isnard

À Grasse, on trouve une avenue et un escalier Maximin-Isnard.

Il existe à Grasse un hôtel particulier, construit par Maximin Isnard.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Archives départementales des Alpes-Maritimes, registre paroissial de Grasse, baptêmes mariages et sépultures 1757-1758, 5 MI 70/10.
  2. Archives départementales des Alpes-Maritimes, état-civil de Grasse, naissances mariages décès 1825, 5 MI 70/33.
  3. Frédéric d'Agay Grands notables du premier Empire du Var, Paris, CNRS, 1988, p. 106 et 107
  4. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 34, p. 46.
  5. Alphonse Aulard, La Société des Jacobins tome 3, séance du 31 octobre 1791, p. 231.
  6. Ibid., séance du 4 décembre 1791, p. 271.
  7. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 35, séance du 18 novembre 1791, p. 141.
  8. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 35, séance du 25 décembre 1791, p. 381.
  9. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 39, séance du 8 mars 1792, p. 494.
  10. Ibid., séance du 10 mars 1792, p. 546.
  11. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 47, séance du 8 août 1792, p. 583.
  12. Ibid., séance du 10 août 1792, p. 654.
  13. Alphonse Aulard, Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 1, Représentants en mission, séances du 23 et du 24 septembre 1792, p. 62 et p. 64-65.
  14. Jacques-François Froullé, « Liste comparative des cinq appels nominaux. Faits dans les séances des 15, 16, 17, 18 et 19 janvier 1793, sur le procès et le jugement de Louis XVI [...] » Accès libre, sur www.gallica.bnf.fr, (consulté le )
  15. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 60, séance du 26 mars 1793, p. 581.
  16. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 61, séances des 5, 6 et 7 avril 1793, p. 343, 373-378 et 397-400.
  17. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 62, séance du 13 avril 1793, p. 44.
  18. Michel Pertué, « La liste des Girondins de Marat », Annales historiques de la Révolution française n°245, 1981, p. 383.
  19. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 64, séance du soir du 16 mai 1793, p. 768.
  20. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 65, séance du 25 mai 1793, p. 320.
  21. Ibid., séance du 27 mai 1793, p. 377-383.
  22. Ibid., séance du 28 mai 1793, p. 533.
  23. Ibid., séance du 2 juin 1793, p. 708.
  24. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 75, séance du 3 octobre 1793, p. 520.
  25. Alphonse Aulard, Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 8, Représentants en mission, séance du 1er frimaire an II (21 novembre 1793), p. 611-617.
  26. Michel Biard, « Les fantômes d'une Assemblée décimée. Commémorer et réparer », p. 109-124 in Hervé Leuwers, Virginie Martin et Denis Salas, Juger la « terreur ». Justice transitionnelle et République de l'an III (1794-1795), Paris, Histoire de la Justice n°32, 2021, 272 p.
  27. Alphonse Aulard, Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 22, Représentants en mission, séance du 12 floréal an III (1er mai 1795), p. 565.
  28. Alphonse Aulard, Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 28, Représentants en mission, séance du 20 vendémiaire an IV (12 octobre 1795), p. 386.
  29. a et b Dorigny 1989, p. 583.
  30. Tulard 1987, p. 893.
  31. Dorigny 1989, p. 584.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]