Jacques Alexis Thuriot

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Jacques Alexis Thuriot
Illustration.
Fonctions
Membre du Comité de salut public

(2 mois et 13 jours)

(4 mois et 4 jours)
Député de la Marne

(1 an et 18 jours)
Législature Assemblée législative
Groupe politique Gauche
Président de la Convention nationale

(14 jours)
Député de la Marne

(2 ans, 8 mois et 16 jours)
Législature Convention nationale
Groupe politique Montagne (Dantoniste)
Biographie
Nom de naissance Jacques Alexis Thuriot de la Rozière
Date de naissance
Lieu de naissance Sézanne
Date de décès (à 76 ans)
Lieu de décès Liège
Nationalité Français
Enfants Alexis-Eugène Thuriot
Profession Magistrat

Jacques Alexis Thuriot de la Rozière, né le 1er mai 1753 à Sézanne (Marne), mort le 30 juin 1829 à Liège (Belgique), est un homme politique de la Révolution française et membre de la noblesse d'Empire.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et début de carrière révolutionnaire[modifier | modifier le code]

Fils d’un maître charpentier de Sézanne, Thuriot fait des études de droit et devient avocat à Reims puis à Paris.

Partisan des idées révolutionnaires, il est électeur des députés du Tiers état aux États généraux. Le , il participe activement à la prise de la Bastille. Membre du Comité permanent de l’Hôtel de ville, il est envoyé avec Louis Éthis de Corny à la tête d'une délégation chargée de demander la reddition de la vieille forteresse, mais il échoue.

En 1790, il revient dans la Marne et est nommé juge au tribunal du district de sa ville natale.

Mandat à la Législative[modifier | modifier le code]

En 1791, la France devenue une monarchie constitutionnelle en application de la constitution du 3 septembre, Jacques-Alexis Thuriot est élu député du département de la Marne, le dixième et dernier, à l'Assemblée nationale législative[1].

Il siège à gauche dans l'hémicycle. Dès le début de son mandat, il est reçu au club des Jacobins[2]. En février 1792, il vote en faveur de la mise en accusation de Bertrand de Molleville, le ministre de la Marine[3]. En avril, il vote pour que les soldats du régiment de Châteauvieux, qui se sont mutinés lors de l'affaire de Nancy, soient admis aux honneurs de la séance[4]. En juillet, il dénonce le journal Le Logographe d'Antoine Barnave et d'Adrien Duport, « qui continuellement altère la vérité et qui nécessairement est payé pour l'altérer »[5]. En août enfin, il vote en faveur de la mise en accusation du marquis de La Fayette[6].

Mandat à la Convention[modifier | modifier le code]

La monarchie prend fin à l'issue de la journée du 10 août 1792, à laquelle Thuriot participe. En septembre, il est réélu député de la Marne, le deuxième sur dix, à la Convention nationale[7].

Sous la Convention girondine[modifier | modifier le code]

Il siège sur les bancs de la Montagne. Dès le 12 décembre 1792, il déclare qu'il « faut que le tyran porte sa tête sur l'échafaud ». Il est élu le même jour, aux côtés de Jean-Jacques-Régis Cambacérès, Pierre Dupont « de Bigorre » et Edmond Dubois-Crancé, commissaire délégué auprès de Louis XVI ; tous les quatre sont chargés de lui faire savoir qu'il peut choisir ses avocats pour assurer sa défense[8]. Lors du procès, il vote la mort et rejette l'appel au peuple et le sursis à l'exécution[9]. En avril 1793, il est absent lors du scrutin sur la mise en accusation de Jean-Paul Marat[10]. Le 8 mars, Thuriot est en effet envoyé en mission aux côtés d'Étienne-Nicolas de Calon dans la section parisienne des Arcis. Le lendemain, aux côtés de Pons « de Verdun », il est envoyé en mission dans le département de la Marne et de la Meuse afin d'accélérer la levée en masse[11]. En mai, de retour à Paris, il vote contre le rétablissement de la Commission des Douze[12].

Sous la Convention montagnarde[modifier | modifier le code]

Le 28 juin, Thuriot est élu président de la Convention, ses secrétaires étant Robert-Thomas Lindet, René Levasseur « de la Sarthe » et Jacques-Nicolas Billaud-Varenne. Il est élu le 10 juillet membre du Comité de Salut public, le sixième sur neuf, par 155 voix[13]. Il quitte le Comité le 20 septembre[14].

Thuriot est proche de Georges Danton et de la faction des Indulgents. En brumaire an II (novembre 1793), il est exclu du club des Jacobins sur dénonciations de Jacques-René Hébert et de Louis Bon de Montaut, accusé d'avoir pris la défense du général Custine[15]. Lors de la chute de Robespierre, Thuriot remplace Collot d'Herbois au fauteuil de président de la Convention dans la nuit du 9 themidor[16]. Le lendemain, il demande que le tribunal révolutionnaire applique le décret de mise hors-de-la-loi de Couthon, Augustin et Maximilien Robsepierre, et Saint-Just[17].

Sous la Convention thermidorienne[modifier | modifier le code]

Dans un premier temps, Thuriot prend part à la réaction thermidorienne. Il est réélu membre du Comité de Salut public le 13 thermidor an II (31 juillet 1794), le quatrième sur six par 298 voix, aux côtés de Pierre-Antoine Lalloy, René Eschasseriaux, Jean-Jacques Bréard, Jean-Baptiste Treilhard, et Jean-Lambert Tallien[18]. Sur motion de Benoît-Louis Gouly, il est réintégré au club des Jacobins dont il assure la présidence en fin thermidor (mi-août)[19].

En revanche, sur sa motion, la Convention rejette comme calomnieuse l'accusation de Laurent Lecointre contre les anciens membres des comités de l'an II[20]. Albert Mathiez estime qu'il tient d'abord une position médiane et qu'il est partisan d'une conciliation entre thermidoriens et ceux qui revendiquent l'héritage de l'an II[21].

Compromis dans l'insurrection du 12 germinal an III (1er avril 1795), Thuriot est décrété d'arrestation le 16 du même mois (le 5 avril)[22]. Il bénéficie de l'amnisitie votée lors de la séparation de la Convention.

Fin de carrière politique[modifier | modifier le code]

Thuriot quitte alors la vie politique et devient commissaire du Directoire auprès des tribunaux de la Marne. Peut-être proche de Babeuf, il est inquiété dans l'affaire de la Conjuration des Égaux mais n'est finalement pas arrêté.

Toujours fidèle à ses idéaux jacobins, il est élu député au Conseil des Cinq-Cents en 1798, mais son élection est annulée lors du Coup d'État du 28 floréal an VI ().

Retour à la magistrature[modifier | modifier le code]

Un an plus tard, grâce à l'appui de Sieyès, il est nommé suppléant auprès du tribunal criminel de la Seine. Après le Coup d'État du 18 brumaire, Thuriot est nommé juge titulaire de ce même tribunal. C'est ainsi lui qui en 1804 procède à l'interrogation de Pichegru, Moreau et Cadoudal. Durant la procédure ce dernier ne cesse de le railler, l'appelant avec mépris « Tue-Roi »[23], par allusion à son vote régicide. Lorsqu'un jour il demande à Cadoudal ce qu'est devenu un portrait de Louis XVI autrefois en sa possession, le royaliste lui répond brutalement : « Et toi, citoyen Tue-Roi, qu'as-tu fait de l'original ? »[24]. Thuriot rédige ensuite le rapport du procès.

L'ancien conventionnel est ensuite membre de la Commission des émigrés, puis en 1805 substitut du procureur général de la Cour de Cassation. Il obtient après quelque temps une promotion comme avocat général. Le , il est fait chevalier d'Empire par Napoléon Ier.

Exil et fin de vie[modifier | modifier le code]

Révoqué lors de la Première Restauration, Thuriot récupère sa charge durant les Cent-Jours. Considéré comme persona non grata après le retour de Louis XVIII sur le trône, il est banni du royaume en 1816 comme régicide.

Après avoir vendu ses biens dans la Marne, il s'exile à Liège. Il s'y installe comme avocat et meurt en 1829, un an seulement avant les Trois Glorieuses qui lui auraient permis de retrouver la France.

Son fils Alexis-Eugène Thuriot sera député en 1849.

Règlement d'armoiries[modifier | modifier le code]

« D'argent, à la croix d'azur chargée en abîme d'une étoile à douze rais d'or, signe distinctif des chevaliers de l'Ordre impérial de la Réunion, cantonnée à dextre en chef d'un œil ouvert au naturel, à sénestre d'une balance de sable; en pointe, à dextre d'un coq aussi de sable, crêté et barbé de gueules, et à sénestre d'une quintefeuille de gueules.[25] »

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 34, p. 37.
  2. François-Alphonse (1849-1928) Auteur du texte Aulard, La Société des Jacobins : recueil de documents pour l'histoire du club des Jacobins de Paris. Tome 3 / par F.-A. Aulard, 1889-1897 (lire en ligne)
  3. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 39, séance du 8 mars 1792, p. 494.
  4. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 41, séance du 9 avril 1792, p. 408.
  5. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 46, séance du 2 juillet 1792, p. 27.
  6. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 47, séance du 8 août 1792, p. 583.
  7. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 52, p. 49.
  8. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 55, séance du 12 décembre 1792, p. 18-19.
  9. Jacques-François Froullé, « Liste comparative des cinq appels nominaux. Faits dans les séances des 15, 16, 17, 18 et 19 janvier 1793, sur le procès et le jugement de Louis XVI [...] » Accès libre, sur www.gallica.bnf.fr, (consulté le )
  10. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 62, séance du 13 avril 1793, p. 63.
  11. France Convention nationale Comité de salut public Auteur du texte, Recueil des actes du Comité de salut public, avec la correspondance officielle des représentants en mission et le registre du conseil exécutif provisoire. Tome 2 / publié par F.-A. Aulard,..., 1889-1951 (lire en ligne)
  12. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 65, séance du 28 mai 1793, p. 536.
  13. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 68, séance du 10 juillet 1793, p. 521.
  14. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 74, séance du 20 septembre 1793, p. 527.
  15. François-Alphonse (1849-1928) Auteur du texte Aulard, La Société des Jacobins : recueil de documents pour l'histoire du club des Jacobins de Paris. Tome 5 / par F.-A. Aulard, 1889-1897 (lire en ligne)
  16. François-Louis Bourdon, Antoine Christophe Merlin de Thionville et Jacques Alexis Thuriot, « Interventions des représentants Bourdon (de l'Oise), Merlin (de Thionville) et Thuriot concernant la conspiration en acte, lors de la séance du 9 thermidor an II (27 juillet 1794) », Archives Parlementaires de la Révolution Française, vol. 93, no 1,‎ , p. 587–588 (lire en ligne, consulté le )
  17. Jacques Alexis Thuriot, « Motion du représentant Thuriot demandant la mort des conspirateurs et le retour du tribunal révolutionnaire à son poste, lors de la séance du 10 thermidor an II (28 juillet 1794) », Archives Parlementaires de la Révolution Française, vol. 93, no 1,‎ , p. 604–604 (lire en ligne, consulté le )
  18. « Décret nominant les citoyens Laloy, Eschasseriaux (aîné), Bréard, Thuriot, Treilhard, Tallien, pour compléter le comité de salut public, lors de la séance du 13 thermidor an II (31 juillet 1794) », Archives Parlementaires de la Révolution Française, vol. 94, no 1,‎ , p. 18–19 (lire en ligne, consulté le )
  19. François-Alphonse (1849-1928) Auteur du texte Aulard, La Société des Jacobins : recueil de documents pour l'histoire du club des Jacobins de Paris. Tome 6 / par F.-A. Aulard, 1889-1897 (lire en ligne)
  20. Jacques Alexis Thuriot, « Sur la motion du représentant Thuriot, la Convention rejette avec indignation les inculpations de Le Cointre et passe à l’ordre du jour, lors de la séance du 12 fructidor an II (29 août 1794) », Archives Parlementaires de la Révolution Française, vol. 96, no 1,‎ , p. 82–82 (lire en ligne, consulté le )
  21. Albert (1874-1932) Auteur du texte Mathiez, La réaction thermidorienne ([Reprod. en fac-sim.]) / Albert Mathiez, (lire en ligne)
  22. Françoise Brunel, « Les derniers Montagnards et l'unité révolutionnaire », Annales historiques de la Révolution française, vol. 229, no 1,‎ , p. 385–404 (DOI 10.3406/ahrf.1977.1009, lire en ligne, consulté le )
  23. Laurent Boscher, Histoire de la répression des opposants politiques: La justice des opposants politiques (1792-1804), Paris, 2006.
  24. Ibid.
  25. Source : Armorial des Chevaliers de l'Ordre Impérial de la Réunion créés par Napoléon Ier en 1813 et 1814 - par M. Alcide Georgel - 1869. Texte téléchargé depuis le site de la Bibliothèque Nationale de France.

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]