Theodore Roosevelt

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Theodore Roosevelt
Illustration.
Theodore Roosevelt en 1904.
Fonctions
26e président des États-Unis

(7 ans, 5 mois et 18 jours)
Élection 8 novembre 1904
Vice-président Charles Fairbanks
Gouvernement Administration T. Roosevelt
Prédécesseur William McKinley
Successeur William Howard Taft
25e vice-président des États-Unis

(6 mois et 10 jours)
Élection
Président William McKinley
Gouvernement Administration McKinley
Prédécesseur Garret Hobart
Successeur Charles W. Fairbanks
33e gouverneur de l'État de New York

(1 an, 11 mois et 30 jours)
Lieutenant-gouverneur Timothy Woodruff
Prédécesseur Frank S. Black (en)
Successeur Benjamin Barker Odell, Jr. (en)
Biographie
Nom de naissance Theodore Roosevelt, Junior
Date de naissance
Lieu de naissance New York, État de New York
(États-Unis)
Date de décès (à 60 ans)
Lieu de décès Oyster Bay, État de New York
(États-Unis)
Nature du décès Embolie pulmonaire
Sépulture New York, État de New York
Nationalité Américain
Parti politique Parti républicain
(1880-1911 ; 1916-1919)
Parti progressiste
(1912-1916)
Conjoint Alice Hathaway (1880-1884)
Edith Carow (1886-1919)
Enfants Alice, Ted, Kermit, Ethel, Archie et Quentin
Entourage Franklin Delano Roosevelt (cousin)
Diplômé de Université Columbia (abandon)
Université Harvard
Profession Militaire
Écrivain
Distinctions Prix Nobel de la paix (en 1906)
Religion Église réformée néerlandaise

Signature de Theodore Roosevelt

Gouverneurs de l'État de New York
Vice-présidents des États-Unis
Présidents des États-Unis

Theodore Roosevelt, Jr. dit Teddy Roosevelt /ˈɹoʊ̯.zə.vɛlt/[1], né le à New York et mort le à Oyster Bay, est un homme d'État américain, vingt-sixième président des États-Unis en poste de 1901 à 1909. Il est également historien, naturaliste, explorateur, écrivain et soldat.

Membre du Parti républicain, il est successivement chef de la police de New York entre 1895 et 1897, adjoint du secrétaire à la Marine de 1897 à 1898, engagé volontaire dans la guerre hispano-américaine de 1898 où il s'illustre à la tête de son régiment de cavalerie, les Rough Riders, à la bataille de San Juan puis gouverneur de l'État de New York entre 1899 et 1900.

Vice-président des États-Unis sous le mandat de William McKinley, il lui succède après son assassinat par un anarchiste et termine son mandat du au . Roosevelt entame ensuite son propre mandat présidentiel qu'il termine le . Conformément à ses engagements, il ne postule pas en 1908 à un nouveau mandat présidentiel.

Il est le plus jeune président des États-Unis[2]. Sa présidence est notamment marquée, sur le plan international, par sa médiation dans la guerre russo-japonaise, qui lui vaut le prix Nobel de la paix et son soutien à la première conférence de La Haye en ayant recours à l'arbitrage pour résoudre un contentieux opposant les États-Unis au Mexique. Sa politique dite du Big Stick (« Gros Bâton »), puis l'affirmation du corollaire Roosevelt à la doctrine Monroe, justifie la prise de contrôle par les États-Unis du canal de Panamá. En politique intérieure, son mandat est marqué par une politique volontariste de préservation des ressources naturelles et par l'adoption de deux lois importantes sur la protection des consommateurs, le Hepburn Act (en) de 1906, qui renforce les pouvoirs de la Commission du commerce entre États, et le Pure Food and Drug Act de 1906, qui fonde la Food and Drug Administration.

En 1912, mécontent de la politique de son successeur, le républicain William Howard Taft, il se présente comme candidat du mouvement progressiste. S'il remporte plus de suffrages que le président Taft, il divise le camp républicain et permet l'élection du candidat démocrate Woodrow Wilson à la présidence des États-Unis.

L'effigie de Roosevelt a été reproduite sur le mont Rushmore aux côtés des présidents George Washington, Thomas Jefferson et Abraham Lincoln.

Jeunesse

Theodore Roosevelt est le fils de Theodore Roosevelt, Sr. et de Martha Bulloch. Les Roosevelt sont issus de familles aristocratiques d'origine hollandaise, issu de Nicholas Roosevelt (en) dont la descendance donne un autre président américain Franklin Delano Roosevelt qui épouse d'ailleurs la nièce de Theodore, Eleanor. Roosevelt possède également des origines écossaises, irlandaises, anglaises, allemandes, galloises et françaises.[réf. nécessaire]

Les Roosevelt vivent à Manhattan dans un confort provenant des revenus de leur entreprise d'import-export[3]. Dès son plus jeune âge, Theodore Jr. est frêle, asthmatique[4], et souffre régulièrement de nausées et fièvres[5], mais déborde d'énergie[3]. Ses parents, très aisés, l'éduquent dans la tradition calviniste. Cette santé défaillante l'empêche souvent de sortir, et fait de lui un lecteur vorace[6]. Dès sa jeunesse, il s'intéresse à la nature. Il passe ses étés dans les Adirondacks, à Long Island ou sur les rives de l'Hudson River[7]. Il se passionne de zoologie et passe son temps à observer les animaux, notant ses observations dans un livre et collectionnant les spécimens[8].

En 1869, le couple Roosevelt décide d'emmener toute la famille dans un Grand Tour d'Europe. Theodore Sr. espère que cela fera du bien à ses enfants, qui ont tous les quatre des problèmes de santé, ainsi qu'à sa femme, qui se morfond depuis la fin de la Guerre de Sécession. Ils passeront plus d'une année à voyager de pays en pays[9], mais la santé du jeune Theodore ne s'améliore pas et il reste squelettique.

Après leur retour, le père pousse son fils à se renforcer physiquement et muscler son corps[10], ce qu'il fait avec assiduité. Theodore Sr. lui fait également prendre des leçons de taxidermie auprès de John G. Bell, déclenchant chez lui une nouvelle passion[11] qui l'amène également à s'intéresser à la chasse. Après une mauvaise rencontre, il se met également à apprendre la boxe[12].

La famille se lance dans un nouveau grand voyage à l'étranger en 1872, incluant cette fois l'Egypte et la Terre Sainte[13]. Au printemps 1873, le voyage se conclut à Vienne en Autriche, où Theodore Sr. doit participer à l'Exposition Universelle[14]. Theodore Jr., accompagné de son frère Elliott et de sa sœur Corinne, est envoyé dans une famille allemande de Dresde pour l'été afin d'y apprendre l'allemand, le français et l'arithmétique[15].

Il entre à l'université Harvard en 1876 où il rencontre Alice Hathaway, la fille d'un banquier, qu'il épouse[7].

Début en politique et retrait temporaire

Il débute l'étude du droit, mais abandonne lorsqu'il est élu à l'assemblée de l'État de New York de 1882 à 1884 pour le Parti républicain[7]. Sa mère et sa femme décèdent le , cette dernière meurt deux jours après la naissance de leur fille, Alice Roosevelt Longworth[16]. Theodore (âgé de 25 ans) se retire alors dans une ferme du Dakota du Nord pour oublier ces tragédies[16].

Theodore Roosevelt avec le journaliste Davis à Cuba, 1898.

Il y passe deux ans en adoptant le style de vie du cow-boy américain. « On ne peut pas rêver d'une vie plus attractive pour un jeune homme en bonne santé que celle dans un ranch de cette époque. C'est vraiment une vie agréable et saine ; ça m'a appris l'indépendance, la ténacité et à prendre rapidement des décisions… J'ai réellement et complètement apprécié cette vie. » Cette période est très importante pour sa maturation : « Je n'aurais jamais pu devenir président sans mes expériences dans le Dakota du Nord. » Il s'essaya, dans cette région, à la vie de pionnier et d'éleveur. Il essuya un échec matériel, mais il acquit ainsi les qualités humaines qui firent plus tard de lui le 26e président des États-Unis.

Retour en politique et guerre contre l'Espagne

Théodore Roosevelt en 1898.

En 1886, il revient à New York où il se relance dans la politique, écrit trois livres et se remarie avec Edith Kermit Carow qui lui donna cinq enfants[17]. En 1887, il fonde le Boone and Crockett Club (en) dont le but est de préserver la nature et de garantir la chasse[17].

N’appréciant guère les « diplomates ritals », comme il le disait publiquement, il estima que le lynchage du 14 mars 1891 à la Nouvelle-Orléans de onze Italiens fut « plutôt une bonne chose »[18].

Le président Benjamin Harrison le nomme membre d'une commission sur les fonctionnaires fédéraux (Civil Service Commission (en)). Il dirige ensuite la préfecture de police de New York en 1895. En 1897, le président William McKinley le nomme secrétaire adjoint à la marine, un poste où il prépare la guerre contre l'Espagne. Il s’y comporte en « faucon » ; il accuse l’Espagne de la destruction de la frégate Maine à Cuba (la preuve n’en a jamais été apportée) et met la marine en état d’alerte sans l’autorisation du président McKinley.

Théodore Roosevelt en 1905, alors vénérable maître de sa loge maçonnique.

Lorsque la guerre contre l'Espagne éclate en 1898, il s'engage à la tête d'un régiment de cavalerie, les Rough Riders (que l'on traduit par « les durs à cuire »), à la tête desquels il s'empare de la colline de San Juan à Santiago, ce qui lui permet d'acquérir une réputation de héros notamment grâce au journaliste Richard Harding Davis qu'il embarque avec lui, Roosevelt devenant par la suite le premier président américain à régulièrement utiliser la presse comme moyen de communication[19]. Il reprend ensuite sa carrière politique dans l'État de New York, dont il est élu gouverneur en 1898. Il se met à dos les dirigeants du Parti républicain en luttant contre la corruption et ces derniers, pour s'en débarrasser, le présentent comme candidat à la vice-présidence, un poste sans envergure. Il devient vice-président en 1900 et président l'année suivante après l'assassinat de McKinley.

Il était franc-maçon[20]. Il pratiquait également le judo, et fut l'un des premiers américains à obtenir la ceinture marron[21].

Président

Premier mandat

Le , le président McKinley meurt des suites des blessures qui lui ont été infligées par un anarchiste. Conformément à ce que prévoit la Constitution américaine, le vice-président Theodore Roosevelt est investi et devient le vingt-sixième président des États-Unis. Il n’a que 42 ans et son arrivée au pouvoir désespère son propre parti en raison de ses idées sociales.

Le le Congrès vote et T. Roosevelt signe une loi renouvelant la loi d'exclusion des Chinois et interdisant l'immigration chinoise à partir des Philippines (alors sous protectorat américain). Le 12 mai suivant, T. Roosevelt arbitre le conflit entre 100 000 mineurs de Pennsylvanie en grève depuis plus de trois mois et leurs employeurs. La grève continue jusqu’en octobre quand T. Roosevelt leur obtient une augmentation de salaire de 10 %[22] et une limitation de la durée de la semaine de travail. Les mines de charbon étaient alors cruciales pour l’économie américaine.

Les troupes américaines se retirent de Cuba le 20 mai de la même année où s’installe le premier gouvernement national. Le 28 juin suivant la loi finançant la construction du canal de Panama est votée.

Le , Roosevelt prononce un discours sur la politique étrangère, où il emploie une formule restée célèbre : « Il faut parler calmement tout en tenant un gros bâton » (doctrine du « Big Stick »).

Theodore Roosevelt en 1904.

Le , T. Roosevelt crée le ministère du commerce et du travail (qui devinrent plus tard deux ministères séparés). La première réserve naturelle d’oiseaux sur Pelican Island, Floride est créée le 14 mars suivant.

Le , le gouvernement de Roosevelt soutient l’insurrection de Panama contre la Colombie. Les États-Unis reconnaissent l’indépendance de Panama le 6 novembre et négocient un traité qui leur donne le contrôle de la zone du canal pendant 100 ans contre 10 millions USD et un loyer annuel de 250 000 USD.

Le , T. Roosevelt déclare la neutralité des États-Unis dans la guerre entre la Russie et le Japon.

Le 26 juin suivant, le Parti républicain désigne Roosevelt comme candidat à l’élection présidentielle et le , T. Roosevelt remporte l’élection présidentielle contre le démocrate Alton Parker. Le vote du Collège électoral montre un net partage entre les États du Sud, favorables au Parti démocrate, et les États du nord et du centre, favorables au Parti républicain.

Candidat Parti Vote populaire % Collège électoral
Theodore Roosevelt Républicain 7 626 593 56,4 336
Alton B. Parker Démocrate 5 028 898 37,6 140

Le , dans son discours annuel au Congrès américain, T. Roosevelt prononce le Corollaire Roosevelt qui étend la doctrine Monroe (1823), avec un message résumé par la célèbre formule « l'Amérique aux Américains », à l’ensemble du monde occidental, en affirmant que les États-Unis interviendraient en cas de problème majeur allant à l’encontre de leurs intérêts.

En application de la doctrine interventionniste, les États-Unis prennent le contrôle des affaires de la République dominicaine le . Le Service national des forêts est créé le .

Second mandat

Theodore Roosevelt.

L'investiture de Theodore Roosevelt pour un second mandat présidentiel se tient le .

La guerre entre la Russie et le Japon se termine le . T. Roosevelt, qui a servi d’arbitre dans ce conflit, reçoit le prix Nobel de la paix le .

Lors de l'ouverture de la conférence d’Algésiras (avril 1906), en Espagne, T. Roosevelt tente d’arbitrer le conflit entre la France et l’Allemagne concernant le Maroc. Le , T. Roosevelt crée les dix-huit premiers « monuments nationaux », zones naturelles protégées. Le 29 juin suivant, il soutient une loi donnant au gouvernement fédéral le pouvoir de contrôler les tarifs du fret ferroviaire. Cette loi limite la concurrence entre les compagnies et empêche d’accorder des tarifs préférentiels aux grands groupes industriels. Le , il signe une loi autorisant le gouvernement fédéral à inspecter les usines agro-alimentaires et obligeant les fabricants à lister les ingrédients.

En politique étrangère le président cubain demande l’intervention des troupes américaines à la suite d’émeutes. T. Roosevelt y envoie l’armée en octobre. Le , Roosevelt se rend en visite officielle à Puerto Rico et à Panama pour inspecter les travaux du canal. C’est le premier déplacement officiel d’un président américain à l’étranger.

Le 12 décembre suivant, Roosevelt nomme Oscar Straus en tant que ministre du commerce et du travail. C’est le premier représentant de la minorité juive à obtenir un poste au sein du gouvernement des États-Unis.

Theodore Roosevelt en safari en Afrique.

T. Roosevelt signe une loi sur l'immigration lui permettant d’interdire la venue des Japonais le .

Le débute une panique financière causée par les grandes variations de la bourse. Roosevelt revient précipitamment de voyage pour intervenir, mais la crainte d’une nouvelle dépression est tenace. En novembre l'Oklahoma est admis dans l'Union américaine ; c’est le 46e État. En décembre T. Roosevelt envoie une importante flotte de la marine américaine, la Grande flotte blanche, faire le tour du monde qui dura jusqu’en février 1908. Les navires sont accueillis avec enthousiasme dans de nombreux ports et ceci permet aux États-Unis de faire étalage de leur puissance.

Le 20 juin 1908 T. Roosevelt crée le parc national de Mesa Verde. À la fin de son deuxième mandat, Roosevelt, conformément à ses engagements, ne se représente pas. Il part pour un safari en Afrique où Frederick Selous lui sert de guide. Il en revient avec plus de 3 000 trophées d'animaux abattus.

Politique étrangère

En politique étrangère, Theodore Roosevelt, partisan de la politique du « gros bâton » (ou big stick ; « parlez doucement et portez un gros bâton »[23]) accroît l'emprise de l'influence américaine en prenant le contrôle des possessions espagnoles aux Caraïbes et dans l'océan Pacifique.

Le 29 juin 1902, le Congrès ratifie la décision du président Roosevelt de reprendre les travaux dans l'isthme de Panama en vue d’y construire un canal sous contrôle américain . Toutefois, la Colombie refuse de concéder aux États-Unis une souveraineté quasi-totale sur le futur canal et la région environnante. L’ambassadeur américain à Bogotá avertit que si le traité n’était pas ratifié, « les relations amicales entre les deux pays s’en verraient si gravement compromises que le Congrès des États-Unis pourrait prendre des mesures que regretterait tout ami de la Colombie ». Le 3 novembre, dans le contexte de la guerre des mille jours en Colombie, les séparatistes panaméens, en partie financés par Washington, se déclarent indépendants de la Colombie, avec le soutien des troupes américaines. Les navires de guerre américains ancrés à l’abord des côtes interdisent toute intervention de l’armée colombienne[24].

Le 18 novembre 1903, à New York, est signé le Traité Hay-Bunau-Varilla, faisant du Panamá un protectorat. Les États-Unis reçoivent une frange de 10 miles de large des deux côtés du canal, pour sa construction et son exploitation à perpétuité. La souveraineté dans la zone du canal leur revient, le Panamá étant « exclu de l’exercice de tels droits souverains, pouvoir ou autorité ». On leur concède aussi un droit d’ingérence permanent dans les affaires intérieures panaméennes, et la possibilité d’intervenir militairement en cas d’atteinte à l’ordre public. Cette clause prend force de loi lorsqu’on l’inclut dans la Constitution, promulguée le 20 février 1904, et rédigée avec la participation du consul américain William I. Buchanan[24].

C'est également lui qui fait construire le port de Pearl Harbor à Hawaï pour conforter la puissance navale des États-Unis. Les effectifs de marins passent de 25 000 à 45 000. Il formule en 1904 le corollaire à la doctrine du président Monroe selon lequel les États-Unis doivent intervenir pour défendre leurs intérêts dans l’ensemble du monde, légitimant un « pouvoir de police internationale » ainsi qu'une « intervention préventive » en cas de « méfait ou défaillance » en Amérique latine. Et ce la même année où il affirme à Bertha von Suttner, vice-présidente du Bureau international de la paix et futur prix Nobel de la paix, que son gouvernement reconnaît son devoir de « faire rapprocher le temps où l'épée ne sera plus l'arbitre entre les nations »[25]. Il intervient personnellement dans l’arbitrage du conflit entre la Russie et le Japon, ce qui lui vaut le prix Nobel de la paix en 1906, et dans celui entre la France et l’Allemagne sur la question marocaine.

En Europe, il fit admettre l'idée que les États-Unis avaient un devoir de veiller comme la Grande-Bretagne à ce qu'aucune puissance ne devienne hégémonique, selon l'historien Yves Mossé[23][source insuffisante].

Politique intérieure

Caricature de 1904 montrant Roosevelt armé de son « gros bâton » (big stick) en train de patrouiller dans la mer des Caraïbes.

T. Roosevelt est partisan d’un pouvoir fédéral fort, capable de réglementer l’activité économique. Il s’attaque aux grandes entreprises qu’il accuse de faire des bénéfices au détriment des consommateurs, et engage des procédures contre les grands capitalistes du chemin de fer, du pétrole et de l’agro-alimentaire. Le lancement de cette croisade contre les trusts industriels a lieu dans un discours long de plus de 30 pages prononcé à la Chambre des représentants. Theodore Roosevelt s’engage à faire respecter la loi Sherman. Proche du courant progressiste, il intervient aussi pour arbitrer la lutte entre les mineurs en grève et le patronat ; il leur permit d’obtenir la journée de 8 heures et des salaires plus élevés, ce qu’il appelle un « accord équitable ». Son Square Deal est également un programme visant à aider les classes moyennes et à s'attaquer à la ploutocratie et aux trusts.

T. Roosevelt est le premier président qui s'est réellement préoccupé de la préservation des espaces naturels et de la faune. Il crée les bases du réseau de parcs nationaux, de monuments nationaux et de forêts nationales ainsi que les réserves naturelles en faisant passer les terrains sous contrôle fédéral. Il s'intéresse à tous les sujets et fonde par exemple la National Gallery[23][source insuffisante]. De même, en 1902, le National Reclamation Act (en) (ou Newlands Act) donne au gouvernement fédéral l'autorité suprême pour la construction de barrages ou pour les projets d’irrigation. En 1906, il fait passer l'Act of the Preservation of American Antiquities[17]. Une nouvelle agence fédérale, le Reclamation Service, est créée et collabore avec les scientifiques. La gestion de l’eau passe sous contrôle fédéral, notamment dans la partie ouest du territoire. Au total ce furent près d’un million de km2 qui furent pris en charge et protégés par le gouvernement fédéral. Sous ses mandats présidentiels sont créés les parcs de Crater Lake, Wind Cave et Mesa Verde. En 1908, il fait du Grand Canyon un National Monument[17].

Politique concernant les droits civiques, les minorités et l’immigration

Sur le plan des discriminations raciales, il est le premier président à nommer un représentant de la minorité juive à un poste ministériel. Concernant les autres minorités, il déclare alors « Je n'irais pas jusqu'à penser que les seuls bons Amérindiens sont les Indiens morts, mais je crois que c'est valable pour les neuf dixièmes et je ne souhaite pas trop me soucier du dixième[26]. »

Concernant les Afro-américains, ses propos sont notamment les suivants : « Je n'ai pas été capable de trouver une solution au terrible problème offert par la présence du Nègre sur ce continent. Il est là et ne peut être ni tué ni chassé, la seule chose sage, honorable et chrétienne à faire est de traiter chaque homme noir et chaque homme blanc strictement selon ses mérites en tant qu'homme, en ne lui donnant ni plus ni moins que ce qu'il se montre lui-même digne d'avoir[27]. » Il décrit dans d'autres occasions les Afro-américains comme étant « totalement inaptes au suffrage »[28]. Après sa présidence, son Parti progressiste (dissidence du parti républicain) refuse lors de sa convention en 1912 d'adopter dans son programme le soutien aux droits civiques des Afro-américains[28].

Eugénisme

À partir de 1907, des eugénistes commencèrent à pratiquer dans plusieurs États la stérilisation forcée des malades, chômeurs, pauvres, délinquants, handicapés ou prostituées pour empêcher toute descendance du même type[29]. Theodore Roosevelt déclarait alors :

« Je souhaiterais beaucoup que l’on empêchât entièrement les mauvaises personnes de se reproduire et quand la nature malfaisante de ces gens est suffisamment manifeste, des mesures devraient être prises en ce sens. Les criminels devraient être stérilisés et il devrait être interdit aux personnes faibles d’esprit d'avoir des descendants[30]. »

Un tel programme de stérilisations contraintes a effectivement été mis en œuvre aux États-Unis. Toutefois, les lois en la matière étant fixées par chaque État et non par le gouvernement fédéral, T. Roosevelt ne peut en être tenu responsable. La première tentative pour appliquer une telle loi, dans le Michigan, eut lieu en 1897, avant l'arrivée de T. Roosevelt à la présidence[31].

Après la présidence

Theodore Roosevelt et William Howard Taft en 1909.

Roosevelt, mécontent de la politique menée par son successeur, William Howard Taft, tente d’enlever la nomination du Parti républicain pour se représenter à l'élection de 1912. Le Parti choisit d'investir à nouveau Taft, et Roosevelt décide alors de rejoindre un parti réformateur, le Parti progressiste. Il obtient un meilleur score que W. Taft, mais la division du Parti républicain permet au candidat démocrate, Woodrow Wilson, de remporter l’élection. Theodore Roosevelt est à ce jour le dernier à s'être hissé parmi les deux candidats en tête d'une élection présidentielle sans représenter ni le Parti démocrate, ni le Parti républicain[32].

Candidat Parti Vote populaire % Collège électoral
Woodrow Wilson Démocrate 6 293 152 41,9 435
Theodore Roosevelt Progressiste 4 119 207 27,4 88
William H. Taft Républicain 3 486 333 23,2 8

John Schrank, propriétaire d'un café à New York, tire le soir du à Milwaukee sur T. Roosevelt un coup de revolver au moment où l'ancien président se rend à un meeting[33]. Touché à la poitrine, T. Roosevelt a quand même terminé son discours, non sans avoir déclaré : « Je ne sais pas si vous vous en êtes aperçu, mais je viens de recevoir une balle. Je vous donne ma parole, cela ne m'atteint pas le moins du monde[34] ».

De décembre 1913 au mois d'avril 1914, Theodore Roosevelt dirige une expédition scientifique dans les États brésiliens du Mato Grosso et d'Amazonie. Le but principal de cette expédition consiste à reconnaître environ 700 km du cours d'un fleuve considéré comme « inconnu », qui reçoit alors le nom de « Roosevelt »[35].

Pendant la Première Guerre mondiale, il s'oppose à la politique de neutralité menée par le président Wilson et se déclare en faveur des Alliés britanniques et français.

Politiquement, il se réconcilie avec le Parti républicain qui lui propose d'être de nouveau son candidat à l'élection présidentielle de 1920 mais il meurt à Oyster Bay, New York, le des suites des fièvres tropicales qu'il avait contractées en Amazonie.

Famille

Sa première épouse, Alice Hathaway Roosevelt (1861 – 1884).

Le , Theodore Roosevelt s'était marié avec Alice Hathaway, la fille d'un banquier.

Celle-ci meurt des suites de l'accouchement difficile de leur fille, Alice Lee Roosevelt ().

En 1886, il épouse Edith Kermit Carow. De leur union vont naître :

La famille Roosevelt en 1903 : Quentin, Theodore Sr, Theodore Jr., Archie (Archibald), Alice, Kermit, Edith et Ethel.
Leur fille, Alice Lee Roosevelt Longworth (1884 – 1980).
Quentin Roosevelt (1897 – 1918).

La fondation de la famille remonte à l'ancêtre hollandais, Nicholas Roosevelt, installé à la Nouvelle-Amsterdam au XVIIe. Théodore était cousin avec le futur président Franklin Delano Roosevelt, qui épousera la nièce de Théodore, Eleanor.

Œuvres

  • Theodore Roosevelt, Mes chasses en Afrique, Paris, éditions Montbel (rééd. 2006).
  • La Vie intense : idéal d’Amérique, traduit par Mme la princesse Ferdinand de Faucigny-Lucinge, M. Jean Izoulet, … Paris, Flammarion, 1902[36]
  • Idéal d’Amérique. La Vie intense, traduit par Madame la princesse Ferdinand de Faucigny-Lucinge, M. Jean Izoulet, …, Paris, Flammarion, 1904[37]

Hommages

Effigie de Theodore Roosevelt sur le mont Rushmore.

T. Roosevelt est considéré par les Américains comme l'un de leurs plus grands présidents ce qui lui a valu d'avoir son effigie sculptée dans le granit du mont Rushmore, au côté de George Washington, Thomas Jefferson et Abraham Lincoln.

T. Roosevelt a inauguré le un barrage près de Phoenix, en Arizona, qui porte son nom et reste encore aujourd’hui le plus grand barrage des États-Unis.

Un parc national porte son nom dans le Dakota du Nord, le parc national Theodore Roosevelt.

À Los Angeles, sur Hollywood Boulevard, l'Hotel Roosevelt, a accueilli la première cérémonie des Oscars le , et a été baptisé en son honneur.

Le court-métrage Teddy, the Rough Rider qui lui est consacré en 1940 a remporté un Oscar du cinéma lors de la 13e cérémonie des Oscars.

Il est interprété par Brian Keith en 1975, au côté de Sean Connery et Candice Bergen, dans le long métrage relatant une prise d'otages américains au Maroc, Le Lion et le Vent de John Milius.

Dans la série de films La Nuit au musée (2007, 2009 et 2015), réalisés par Shawn Levy, Robin Williams incarne une statue de cire représentant Theodore Roosevelt aux côtés de Ben Stiller, qui joue un gardien de nuit dans un musée dont les êtres inanimés prennent vie la nuit grâce à une tablette égyptienne magique.

Le porte-avions nucléaire USS Theodore Roosevelt lui rend hommage.

Il fait partie des personnalités dont John Dos Passos a écrit une courte biographie, au sein de sa trilogie U.S.A..

Une station du métro léger de Manille aux Philippines porte son nom.

Monument commémoratif de Quentin Roosevelt, fils cadet du président Theodore Roosevelt (mort en combat aérien le ) érigé sur le territoire de la commune de Coulonges-Cohan.

Dans la culture

L'origine de « Teddy Bear », qui désigne un ours en peluche, fait l'objet de plusieurs anecdotes. La plus courante est la suivante : en 1903, Roosevelt rentra bredouille d'une chasse à l'ours de quatre jours. Croyant lui faire plaisir, les organisateurs enchaînèrent un ourson noir au pied d'un arbre afin de satisfaire le président : outré par ce simulacre, Theodore Roosevelt fit libérer l'animal[38],[39]. Deux émigrants russes, Rose et Morris Mictchom, immortalisent cette histoire en créant un ours en peluche qu'ils baptisèrent Teddy (diminutif de Théodore en anglais)[38]. Le succès fut immédiat puisque, peu de temps après, ils créent leur propre atelier The Ideal Novelty in Toy Co.

Selon une autre version, Roosevelt aurait été pris en chasse par un ours et obligé de se réfugier dans un arbre. Le lendemain une photographie aurait été publiée, montrant le président assis sur une fourche d'arbre et harcelé par l'ours, avec la mention Teddy's bear (l'ours de Teddy)[réf. nécessaire].

Dans les comics La Jeunesse de Picsou[40] écrits et réalisés par Keno Don Hugo Rosa, aussi connu sous le nom Don Rosa, son personnage principal, Balthazar Picsou, rencontre à trois reprises Theodore Roosevelt pendant sa jeunesse.

  • Une première fois dans Buck Picsou des Badlands aussi connu sous Le Cow-boy des Badlands [41] : ils se rencontrent dans les Badlands alors que Theodore Roosevelt n'est alors qu'un jeune homme issu d'une famille aisée et qui chercher à donner du mérite à sa vie[Quoi ?]. Roosevelt n'est pas nommé mais des détails de sa vie comme son ranch de la croix de Malte (Elkhorn Ranch en anglais) est cité.
  • Une deuxième fois dans L'Envahisseur de Fort Donaldville[42] : leurs retrouvailles débutent par un affrontement sur la colline de Killmotor (sur laquelle se dressera le célèbre coffre de Picsou plus tard) avant de se reconnaître. Roosevelt est devenu président des États-Unis et il est clairement établi que c'était lui que Picsou a rencontré auparavant car ils reparlent de leur rencontre.
  • Une troisième et dernière fois dans La Harpie de la percée de la Culebra[43] : se trouvant tous deux au Panama lors de la percée du canal, ils doivent trouver un arrangement car Picsou souhaite exploiter une montagne possiblement remplie d'or et se trouvant sur le tracé du canal. Cet épisode présente également sa version de la création des Teddy Bear.

Notes et références

  1. Prononciation en anglais américain retranscrite selon la norme API.
  2. J.-M. Lacroix, Histoire des États-Unis, 2006, p. 326.
  3. a et b (Morris 1979, p. 4)
  4. (en) Seth Shteir, « To Dare Mighty Things », National Parks, vol. 82, no 4,‎ (lire en ligne), p. 47.
  5. (Morris 1979, p. 10)
  6. (Morris 1979, p. 16)
  7. a b et c (en) Seth Shteir, « To Dare Mighty Things », National Parks, vol. 82, no 4,‎ (lire en ligne), p. 48.
  8. (Morris 1979, p. 17-18)
  9. (Morris 1979, p. 21)
  10. (Morris 1979, p. 32)
  11. (Morris 1979, p. 34)
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Voir aussi

Bibliographie

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Articles connexes

Liens externes