Henri Gervex est le fils de Joséphine Peltier et Félix Nicolas Gervex, facteur de pianos. Un ami de la famille le fait admettre dans l’atelier du peintre Pierre-Nicolas Brisset en 1867.
Gervex débute au Salon de 1873 en exposant une Baigneuse endormie. L’année suivante, il reçoit une médaille de seconde classe pour son Satyre jouant avec une ménade, dont le nu est influencé par le style de Cabanel, et est acheté par l’État pour le musée du Luxembourg.
En 1876, il fait la connaissance d'Édouard Manet et fréquente les peintres impressionnistes. Sa peinture en subit l’influence et il éclaircit sa palette.
Cette toile, inspirée d’un poème d’Alfred de Musset, est refusée par le jury du Salon pour les mêmes motifs que l’Olympia de Manet : représentant un nu prosaïque dans un décor contemporain, l’œuvre est qualifiée d’immorale.
Elle est exposée dans une galerie, chez le marchand de tableaux Bague au 41, rue de la Chaussée-d'Antin, où la foule se presse. Il aura la satisfaction, peu de temps avant sa disparition en 1929 de la voir entrer au musée du Luxembourg.
Gervex lui-même est l'un des modèles pour le personnage de Fagerolles, un peintre opportuniste et mondain, dans le roman L’Œuvre de Zola, publié en 1886[3]
Dans les années 1880, il voyage en Espagne. Il fait partie du Cercle des mirlitons présidé par Ernest Meissonier, et expose au Cercle artistique de la Seine, qui vient d’être créé. À partir de cette année-là, il fait de nombreux séjours à Dieppe chez les parents de Jacques-Émile Blanche.
En 1882, il effectue son premier voyage en Angleterre avec Auguste Rodin. Il travaille à la décoration de la mairie du 19e arrondissement de Paris. L’année suivante, il effectue son deuxième voyage en Angleterre avec Rodin et est nommé chevalier de l’ordre de Léopold de Belgique à l’occasion de l’Exposition triennale des beaux-arts de Gand.
En 1889, Henri Gervex est promu officier de la Légion d'honneur. En 1890, il est nommé chevalier de l’ordre de Saint-Olaf par le roi de Norvège et de Suède. En 1891, il participe à l’exposition internationale des beaux-arts de Munich. En 1892, il est nommé officier de l’ordre de Saint-Michel par le Gouvernement de Bavière.
Le , il épouse Henriette Marie Marguerite Fauche (1868-1958), jeune fille de la grande bourgeoisie protestante, qui fut élève de Charles Chaplin. Il est nommé chevalier de l’ordre de Charles III d'Espagne. Le naît leur fille Colette (1894-1976), qui épousera en 1920 le comte René Henri Louis du Plessis d'Argentré.
En 1896, lors de son premier voyage en Russie, il est nommé commandeur de l’ordre de Sainte-Anne de Russie. En 1897, il fait une croisière en Italie puis en Turquie. En 1898, il fait un deuxième voyage en Russie. Il envoie Le Couronnement de Nicolas II à l’Exposition universelle de 1900. La même année, il participe à la décoration de la salle Dorée du restaurant Le Train Bleu de la gare de Lyon à Paris avec La Bataille de fleurs à Nice.
Il fait de fréquents séjours à Deauville et Trouville où il réside à la villa Les Frémonts sur la falaise et qui appartient à Mme Finaly, où Marcel Proust lui rend visite à plusieurs reprises.
En 1901, il part avec sa famille pour un troisième voyage en Russie. En 1902, il fait une croisière en Italie. En 1911, il est promu commandeur de la Légion d'honneur et reçoit la commande de la décoration du plafond de l'escalier d'honneur de la Cour des comptes à Paris.
En 1913, il entre à l’Institut de France et est élu président de la Société des pastellistes.
Durant la Première Guerre mondiale, Henri Gervex est trop âgé pour être mobilisé. Il réalise alors de petites œuvres sur bois ou sur toile illustrant le quotidien de la guerre et qui sont reproduites dans la presse illustrée[4] comme Le Gaulois, L'Illustration ou encore Herald Tribune[5]. Dans Une ambulance à Poitiers (aussi connue sous le nom L'ambulance de la gare de Poitiers dans la presse), Gervex représente des infirmières soignant des soldats et met ainsi en lumière leurs conditions de travail difficiles durant la guerre. Il réalise également Le train des blessés, publié dans le journal L'Illustration : « Ce tableau a été vu par la plus grande partie de la France, qui n'aura pas eu d'autre vision des cruautés de la guerre. (...) Si les plus gravement atteints reposaient sur des couchettes ou des brancards superposés, ceux que les médecins majors avaient pu classer parmi les « blessés assis » voyageaient dans des fourgons remplis de paille et ils montraient à chaque arrêt dans les gares qu'ils n'avaient rien perdu de leur courage ni de leur appétit. C'est à ce moment que le peintre Gervex a peint cette scène que chacun a pu voir dans les petites stations de province, comme dans les grandes gares régulatrices »[6]. L'artiste réalise également des dessins, des gouaches ou des aquarelles empreintes de patriotisme pour les journaux comme La Messe en forêt d'Argonne, Le Salut du poilu, La Double Moisson ou encore L'Esplanade des Invalides. En 1916, Henri Gervex peint La Bénédiction du pope, tableau de propagande dans lequel des soldats russes dans une tranchée sont bénis par un pope. Cette peinture officielle met en scène l'autorité spirituelle (le pope) et l'officier héroïque (le soldat blessé)[7]. Pour réaliser cette œuvre, l'artiste s'est inspiré d'un précédant tableau Casseurs de glace sur la Néva, exécuté lors d'un voyage en Russie[8]. Au-delà de peindre la réalité de la guerre, Henri Gervex a fait partie de plusieurs associations d'aides aux soldats et a également été donateur pour une tombola au profit de l’Œuvre du Soldat dans les tranchées à la galerie Bernheim. En 1918, il reçoit la croix de guerre pour services rendus à la patrie[9]. En 1919, le peintre participe à une exposition au palais des Champs-Élysées réalisée au profit des œuvres de guerre et organisée par la Société des artistes français et la Société nationale des beaux-arts[9].
En 1925, il est élu membre associé de la section peinture de l’Académie royale des sciences, lettres et beaux-arts de Bruxelles. Il possède un hôtel particulier à Paris en bordure du parc Monceau, dont les rideaux jaunes de la chambre de sa fille sont souvent reproduits dans ses tableaux.
Neuilly-sur-Seine, hôtel de ville : Parmentier accueillant Louis XVI dans la plaine des Sablons, 1904, décor pour le grand escalier, huile sur panneau.
Officiers supérieurs et généraux de la Guerre de 1870-1871 et membres du gouvernement de la Défense, 1889, fragment du panorama de l'Histoire du siècle, huile sur toile, 226 × 239 cm[34] ;
Le Président Sadi Carnot entouré de personnalités de la IIIe République, devant l'Opéra, 1889, huile sur toile, en collaboration avec Alfred Stevens, 440 × 239 cm[37] ;
Portrait de Madame Blerzy, 1884, huile sur toile ;
Portait de Charle Émile Van Marcke, vers 1870, crayon sur papier 17,2 × 16 cm[44] ;
Paysage marin (Dieppe), vers 1885, pastel sur papier, 47 × 59,5 cm[45] ;
Satyre jouant avec une bacchante, 1874, huile sur toile, 159 × 193 cm[46] ;
Une séance du jury de peinture au Salon des artistes français, 1885, huile sur toile, 299 × 419 cm[47] ;
Le Docteur Péan enseignant à l'hôpital Saint-Louis sa découverte du pincement des vaisseaux, ou Avant l'opération, 1887, huile sur toile, 242 × 188 cm[48] ;
Le Couronnement de Nicolas II et de l'impératrice Alexandra Féodorowna en l'église de l'Assomption de Moscou, 1896, huile sur toile, 115,5 × 151 cm[51].
Versailles, musée de l'Histoire de France : Distribution des récompenses aux exposants par le Président Sadi Carnot, à la suite de l'Exposition de 1889, le au palais de l'Industrie, le défilé des colonies françaises, 1897, huile sur toile, 615 × 982 cm[59].
↑Au 18, rue Antoinette. Depuis le , cette rue porte le nom d'Yvonne Le Tac (1882-1957), ancienne institutrice et directrice de l'École des filles de la rue Antoinette, résistante et déportée en 1942.
↑Jacques Baschet, L'Illustration, : « Non seulement elle fut son chef-d'œuvre, mais elle fit scandale, ce qui lui valut un éclatant début de carrière. »
↑Henri Mitterand, notice pour l'édition de L'Œuvre d'Émile Zola dans la collection « Folio classique », Gallimard, 1983, p. 435.
↑Gérard Monnier, « Un itinéraire atypique au XIXe siècle : la carrière du peintre Henri Gervex (1852-1929) », RHAA, no 4, , p. 91.
↑Jean-François de Canchy et Jean-Christophe Gourvennec, Henri Gervex, 1852-1929 : catalogue d'exposition (Bordeaux, Galerie des Beaux-Arts, 11 mai-30 août 1992 ; Paris, Musée Carnavalet, 1er février-2 mai 1993 ; Nice, Musée des Beaux-Arts, 27 mai-29 août 1993), Paris, Paris-Musées, , 255 p., p. 74
↑Jean-François de Canchy et Jean-Christophe Gourvennec, Henri Gervex, 1852-1929 : catalogue d'exposition (Bordeaux, Galerie des Beaux-Arts, 11 mai-30 août 1992 ; Paris, Musée Carnavalet, 1er février-2 mai 1993 ; Nice, Musée des Beaux-Arts, 27 mai-29 août 1993), Paris, Paris-Musées, , 255 p. (ISBN2-87900-075-0), p. 76
↑Carole Ajam, Alain Blum, Sophie Coeuré, Sabine Dullin (dir.), Et 1917 devient révolution... : catalogue d'exposition : Paris, Hôtel national des Invalides, 18 octobre 2017-18 février 2018 / organisée par l'Université Paris Nanterre et la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine, Paris, Seuil et BDIC, , 239 p. (ISBN978-2-02-135296-2), p. 79
↑Jean-François de Canchy et Jean-Christophe Gourvennec, Henri Gervex : 1852-1929 : catalogue d'exposition : Bordeaux, Galerie des Beaux-Arts, 11 mai-30 août 1992 ; Paris, Musée Carnavalet, 1er février-2 mai 1993 ; Nice, Musée des Beaux-Arts, 27 mai-29 août 1993, Paris, Paris-Musées, , 255 p., p. 231
↑ a et bJean-François de Canchy et Jean-Christophe Gourvennec, Henri Gervex : 1852-1929 : catalogue d'exposition, Bordeaux, Galerie des Beaux-Arts, 11 mai-30 août 1992 ; Paris, Musée Carnavalet, 1er février-2 mai 1993 ; Nice, Musée des Beaux-Arts, 27 mai-29 août 1993, Paris, Paris-Musées, , 255 p., p. 76
↑Paul Bauer, Deux siècles d'histoire au Père Lachaise, Mémoire et Documents, , 867 p. (ISBN978-2-914611-48-0), p. 367.
Maurice Guillmemot, « M. Henri Gervex chez lui », La Vie Heureuse, no 7, . — Article illustré de cinq photographies du peintre de son épouse et de leur fille dans leur hôtel-atelier du quartier du parc Monceau à Paris.
Jean-Christophe Pralong-Gourvennec, Henri Gervex, éditions Paris-Musées 1992 (ISBN2879000769). — Catalogue de l’exposition de Bordeaux, galerie des Beaux-Arts, -, Paris, musée Carnavalet, 11er février-, Nice musée des Beaux-Arts -.
Cécile Ritzenthaler, L’École des Beaux arts du XIXe siècle, les pompiers, Éditions Mayer, 1987 (ISBN2852990024).
Collectif, Le Train Bleu, Paris, Éd. Presse Lois Unis Service, 1990, 114 p. (ISBN2908557010).
« Décoration du foyer de l'Opéra-Comique par M. Gervex », L'Illustration, no 2911, .
« Décoration du foyer de l'Opéra-Comique », L'Actualité, no 63, .
Benoît Noël, Jean Hournon, Parisiana, la capitale des peintres au XIXe siècle, Dislab, 2006, 160 p. (ISBN2952721408).
N. Dufouscq, La Musique, tome II, Éditions Larousse.
André Devambez, Notice sur la vie et les travaux de Henri Gervex, Académie des Beaux-Arts, Institut de France, , 1930-10.