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Élections législatives françaises de 1981

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Élections législatives françaises de 1981
491 députés de l'Assemblée nationale
(majorité absolue : 246 sièges)
et
Corps électoral et résultats
Votants au 1er tour 25 141 190
70,65 % en diminution 12,1
Votants au 2d tour 18 665 028
74,46 %
Majorité présidentielle – Lionel Jospin
Voix au 1er tour 13 680 912
54,42 %
en augmentation 9,2
Voix au 2e tour 10 598 985
56,75 %
Députés élus 329 en augmentation 130
Droite parlementaire – Jacques Chirac
Voix au 1er tour 10 763 494
42,81 %
en diminution 3,7
Voix au 2e tour 8 072 526
43,22 %
Députés élus 150 en diminution 127
Députés élus par circonscription
Carte
Assemblée nationale élue
Par groupes
Diagramme
Gouvernement
Sortant Élu
Dernière séance de l'Assemblée:
Barre III

Droite (RPR, UDF)
Après l'élection présidentielle:
Mauroy I
(PS, PCF, MRG, DVG)

Mauroy II
Majorité présidentielle
(PS, PCF, MRG, DVG)
Législature élue
VIIe (Cinquième République)

Les élections législatives de 1981 ont lieu les et , à la suite de la dissolution de l'Assemblée nationale par le président de la République François Mitterrand le , pour pourvoir les mandats de la VIIe législature de la Cinquième République. Le PS et ses alliés lui donnent la majorité absolue au Parlement. Un deuxième gouvernement Pierre Mauroy fait entrer quatre ministres communistes.

Contexte des élections et campagne

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Le 10 mai 1981, lors du second tour de l’élection présidentielle, le candidat socialiste François Mitterrand est élu président de la République avec 51,76 % des suffrages exprimés, distançant de plus d'un million de voix son rival, le président sortant, Valéry Giscard d'Estaing. La dissolution de l'Assemblée nationale constituera avec la nomination d'un nouveau Premier ministre, Pierre Mauroy, chargé de former un gouvernement, l'une des premières décisions prises dès sa prise de fonction le 21 mai 1981.

Une dissolution prévisible

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Le nouveau chef de l'État utilise ce droit de dissolution comme prérogative présidentielle prévue par l'article 12 de la Constitution de la Cinquième République. Naturellement, cette mesure était attendue d'autant plus que le candidat Mitterrand avait affiché son intention durant la campagne présidentielle, notamment au cours du débat d'entre-deux tours l'opposant le 5 mai 1981 à Valéry Giscard d'Estaing, de dissoudre, une fois élu, l'Assemblée nationale. Il avait notamment affirmé que le Président « peut dissoudre quand il le veut. Et je dissoudrai quand je le déciderai […]. J'ai l'intention de dissoudre et j'ai l'intention de faire procéder à des élections avant le 1er juillet […]. Le problème pour moi serait de disposer d'une majorité, parce qu'on ne peut pas mener une autre politique sans une autre majorité »[1]. François Mitterrand entend que l'action gouvernementale dispose d'une nouvelle chambre apte à la soutenir. Il épouse alors le système majoritaire de la Cinquième République reposant sur une double légitimité, celle du chef de l'État ainsi que celle du Parlement, légitimités qui doivent s'accorder. Tel n'est pas le cas en l'espèce puisque le nouveau Président est confronté à l'Assemblée nationale sortie des urnes au soir du 19 mars 1978 à majorité RPR et UDF qui n'aurait pas voté les réformes promises par le candidat socialiste. Cette cohérence ne peut être restaurée que par l'arme de la dissolution. Comme le souligne le professeur Jean Gicquel dans son manuel Droit constitutionnel et institutions politiques[2], celle-ci est « une technique d'ajustement de la majorité parlementaire à la majorité présidentielle ».

Campagne électorale

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L'annonce de la dissolution le ouvre un nouveau cycle électoral qui s'articule autour des dates suivantes[3]:

  •  : ouverture du dépôt des candidatures ;
  •  : clôture du dépôt des candidatures à minuit ;
  •  : début de la campagne officielle ;
  •  : premier tour de scrutin ;
  •  : second tour de scrutin.

Alliances électorales

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Dès le lendemain de l'élection de François Mitterrand, Jacques Chirac demande que la nouvelle opposition présente des candidatures uniques dans chaque circonscription pour les élections législatives à venir[4]. Le , avant même l'annonce de la dissolution anticipée de la VIe législature, le RPR et l'UDF annoncent la formation d'une alliance électorale, appelée l'Union pour la nouvelle majorité (UNM) ainsi qu'une union de la droite dès le premier tour dans 91 circonscriptions[5],[6]. La négociation de cet accord se poursuit dans les jours qui suivent et l'UNM annonce le des candidatures uniques dans 340 des 474 circonscriptions de métropole alors que des primaires négociées sont approuvées dans 131 autres circonscriptions[7].

Le , le PS, le MRG et le PSU annoncent un accord de désistement réciproque en vue du second tour. Le lendemain, le PS et le PCF font de même[5].

Couverture médiatique

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Alors qu'Antenne 2 et Europe 1 avaient présenté deux soirées électorales communes à l'occasion de l'élection présidentielle, leurs rédactions respectives décident de présenter des émissions séparées pour les deux soirées électorales législatives des 14 et 21 juin[8].

Résultats des élections législatives des et
Premier tour
Second tour
Nombre % des inscrits Nombre % des inscrits
Inscrits 36 338 650 100,00 25 097 197 100,00
Abstentions 10 786 146 29,68 6 263 782 24,96
Votants 25 552 504 70,32 18 339 874 73,08
% des votants % des votants
Bulletins blancs et nuls 360 929 1,41 493 541 2,62
Suffrages exprimés 25 191 575 69,32 18 339 874 73,08
Étiquette politique Voix % des exprimés Sièges
PS 9 077 435 36,03 266
PCF 4 065 962 16,13 44
MRG 354 632 1,41 14
DVG 201 995 0,80 9
Majorité présidentielle (gauche) 13 700 072 54,37 333
RPR 5 249 670 20,83 85
UDF 4 830 833 19,17 62
Divers droite 713 582 2,83 11
Union pour la nouvelle majorité (droite) 10 794 085 42,83 158
Écologistes 271 688 1,07 0
Extrême gauche 334 674 1,32 0
Extrême droite 90 422 0,35 0

Répartition des sièges par tendance

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Parti politique[9] Députés
Sortants Élus
Parti communiste français 86 44
Parti socialiste 107 266
Mouvement des radicaux de gauche 10 14
Divers gauche 1 9
Rassemblement pour la République 153 85
Union pour la démocratie française 5 9
Parti républicain (UDF) 65 32
Centre des démocrates sociaux (UDF) 36 19
Parti radical (UDF) 8 2
Mouvement démocrate socialiste (UDF) 2
CNIP 9 5
Divers droite 9 6

Analyse politique des résultats : de la « vague » au « raz de marée » rose

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Le politologue François Goguel a montré (dans Le Monde en novembre 1981) qu'à ces élections législatives de 1981, le nombre des voix de gauche était le même qu'aux précédentes élections — perdues par la gauche — de 1978, mais que les voix de droite avaient diminué, elles, de 10 points de pourcentage tandis que le taux d'abstention augmentait de 10 points également. Autrement dit, contrairement aux apparences, la « vague rose » de 1981 n'a pas été une victoire de la gauche, mais une défaite de la droite, dont une partie des électeurs s'est abstenue.

Porté par la « vague rose », le nouveau président socialiste François Mitterrand obtient une majorité écrasante (58 % des sièges). Les rapports de forces à gauche s'en trouvent bouleversés : si le PS obtient un vif succès, c’est aux dépens du PCF, qui perd près de la moitié de ses députés. Cela n’empêche pas l’Union de la gauche de se muer en gouvernement de coalition : ministres socialistes, communistes et radicaux de gauche se côtoient au sein du gouvernement du Premier ministre Pierre Mauroy.

Composition de l'Assemblée nationale

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Composition au [10]
Groupe parlementaire Députés Président déclaré
Membres Apparentés Total
SOC Socialiste 265 20 285 Pierre Joxe (1981-1984)
André Billardon (1984-1986)
RPR Rassemblement pour la République 79 9 88 Claude Labbé
UDF Union pour la démocratie française 51 11 62 Jean-Claude Gaudin
COM Communiste 43 1 44 André Lajoinie
Total de députés membre de groupes 479
Députés non-inscrits 12
Total des sièges pourvus 491

Conséquences des élections

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L'« Assemblée des instituteurs »

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En 1977, Jacques Julliard écrit que « La République socialiste de Mitterrand risque d'être, si elle voit le jour, un précipité de la République des professeurs, chère à Thibaudet, et de l'énarchie [...] avec une assemblée où la proportion de députés-fonctionnaires risque d'être plus forte que du temps de Guizot ».

La sociologie électorale des députés élus en 1981 confirme une présence importante de normaliens et d'enseignants au sein du groupe socialiste : 14 % des élus socialistes en 1981 sont instituteurs, 17 % sont professeurs du secondaire et 12 % sont professeurs du supérieur. Entre 1981 et 1984 (du premier gouvernement Mauroy au gouvernement Fabius), 19,4 % des ministres sont enseignants du supérieur, 7,5 % enseignants du secondaire, et 10,4 % font partie d'autres professions intellectuelles ; soit 37,3% des ministres, contre 16,3 % en moyenne entre 1959 et 1981.

34 ans après, le retour des communistes au gouvernement

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Notes et références

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  1. « Face à face télévisé entre MM. Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand, lors de la campagne officielle pour le second tour de l'élection présidentielle, Paris, mardi 5 mai 1981. », sur elysee.fr, (consulté le )
  2. Jean Gicquel et Jean-Éric Gicquel, Droit constitutionnel et institutions politiques, Montchrestien-Lextenso éd, coll. « Domat droit public », (ISBN 978-2-7076-1754-5)
  3. « M. Mitterrand met l'accent sur l'importance des élections législatives », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  4. « Le président du R.P.R. propose l'unité de candidature aux élections législatives », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. a et b « Les élections législatives », Le Monde,‎
  6. Paul-Jacques Truffaut, « Élysée : tout s'accélère », Ouest-France,‎
  7. « L'Union pour la nouvelle majorité présentera des candidats uniques dans 340 circonscriptions de la métropole », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  8. « Plus d'association Antenne 2–Europe 1 pour les deux soirées des élections législatives », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  9. Le Monde du 23 juin 1981, page 4
  10. Le Monde du 7 juillet 1981, page 7

Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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