Marianne (magazine)

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Marianne
Image illustrative de l’article Marianne (magazine)

Pays Drapeau de la France France
Langue Français
Périodicité Hebdomadaire, parution le vendredi
Genre Magazine d'actualité
Prix au numéro 4 €
Diffusion 120 372 ex. (2018, en diminution -16,10 %[1])
Fondateur Jean-François Kahn
Maurice Szafran
Date de fondation 1997
Ville d’édition Paris

Propriétaire Daniel Křetínský via Czech Media Invest[2],[3]
Directeur de publication Frédérick Cassegrain
Directrice de la rédaction Natacha Polony
ISSN 1275-7500
Site web www.marianne.net

Marianne est un magazine d'actualité hebdomadaire français, créé en 1997 par Jean-François Kahn et Maurice Szafran.

Le journal se veut « de combat et d’opinion, jamais partisan, toujours militant »[4], mais sa ligne éditoriale attire majoritairement un lectorat de gauche[5]. Sa devise est cette phrase d'Albert Camus : « Le goût de la vérité n’empêche pas de prendre parti ».

Alors que le journal était détenu en majorité par Yves de Chaisemartin, 91 % du capital du journal sont cédés au milliardaire tchèque Daniel Křetínský en . Natacha Polony prend la direction de la rédaction dans la foulée.

Historique et ligne éditoriale

Le titre reprend celui de Marianne, un ancien journal politique et littéraire orienté à gauche qui fut publié à Paris dans les années 1930.

Promotion d'un « centrisme révolutionnaire » contre la pensée unique

Le Marianne actuel combat ce qu'il nomme la pensée unique. Il se veut centriste révolutionnaire, selon l'expression de Jean-François Kahn. Volontiers iconoclaste et provocateur, Marianne reste boudé par les publicitaires, accordant sur l'année 2006 environ 7 % de ses pages à la publicité[6][source insuffisante] pour 5 % des recettes de l’hebdomadaire, alors que les ventes et abonnements rapportent 95 % de ses recettes. La rédaction respecte strictement le principe de protection des sources d'information des journalistes.

Les relations du magazine avec d'autres médias sont parfois difficiles. Ainsi en 1998, Jean-François Kahn reproche à Pascale Clark[7], un mois après qu'elle a commencé sa revue de presse sur France Inter d'être porteuse « d'un discours médiatique unique » la conduisant à boycotter Marianne pour des raisons idéologiques. Pascale Clark dément cette intention « je ne boycotte pas plus Marianne que La Vie du rail ou Pif Gadget. Simplement, je n'ai pas eu d'occasion de les citer. ». A l'occasion de cette polémique le journaliste Nicolas Poincaré critique le magazine : « le problème que les revuistes ont avec Marianne, c'est que c'est déjà une sorte de revue de presse en soi » tandis qu'Ivan Levaï le soutient : « on vit une époque où une bouillie tiédasse tient lieu de commentaire dans les médias, la presse engagée est morte ».

Un hebdomadaire de plus en plus orienté à gauche

Marianne se définit comme un journal républicain, qui combat à la fois ce qu'il nomme le gauchisme soixante-huitard, ainsi que la mondialisation capitaliste[8].

Le , le journal lance l'« Appel du  » pour une vigilance républicaine signé par 17 personnalités politiques de tous bords[9] réaffirmant leur attachement aux principes républicains, à la laïcité, à l'indépendance de la presse, et leur attachement aux grandes options ayant guidé la politique étrangère de la France depuis cinquante ans. Parmi ces personnalités on peut citer notamment Nicolas Dupont-Aignan, Dominique de Villepin, Ségolène Royal et François Bayrou.

Le magazine propose également une version web intitulée Marianne 2, renommée tout simplement Marianne en 2012, conçue et dirigée par Philippe Cohen (décédé en ), jusqu'à ce que celui-ci soit poussé à la démission par Maurice Szafran à la suite de la biographie de Jean-Marie Le Pen coécrite avec Pierre Péan. Biographie pour laquelle les deux auteurs ont été mis en examen pour diffamation en .

En , la rédaction de Marianne publie les résultats sur les intentions de vote des journalistes de l'hebdomadaire en vue de la présidentielle française : François Hollande obtient 40 % des suffrages devant Jean-Luc Mélenchon (31,7 %), François Bayrou et Nicolas Dupont-Aignan arrivent 3e ex-æquo avec 8,3 %. Trois candidats n'obtiennent aucun suffrage : Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen et Nathalie Arthaud[10].

À compter du , le magazine est totalement refondu et prend le nom de Le Nouveau Marianne. Il reste sous la direction de Maurice Szafran qui déclare vouloir faire un magazine avec une maquette « pédagogue » et un contenu entre « papiers courts et articles longs, sans papiers de taille moyenne »[11].

En , Jean-François Kahn note que s'il n'en était pas l'un des fondateurs, il ne pourrait plus s'exprimer dans le magazine en raison de l'orientation très à gauche donnée à sa ligne éditoriale[12].

Un virage « souverainiste » ?

Après son rachat, en , par l'homme d'affaires tchèque Daniel Křetínský, l'hebdomadaire prend un nouveau virage sous la direction de Natacha Polony, qui affirme d'une part travailler en toute indépendance à l'égard de l'actionnaire, et d'autre part assumer une ligne éditoriale que Le Monde qualifie de « souverainiste »[13] : ce qualificatif, qui marque les affinités de cette nouvelle ligne avec celle de Polony TV (webtélé créée par Natacha Polony) et les orientations du « club des Orwelliens » qui y est lié, résume, pour le quotidien, une position « anti-Macron, anti-élites, pro-Gilets jaunes ». Pour Natacha Polony, il s'agirait de renouer avec les origines de Marianne, en retrouvant un positionnement démarqué de la « pensée unique » et critique à l'égard du « système », au-delà du clivage gauche-droite[14]. Pour Le Monde cependant[13], ce positionnement a pu conduire Marianne à afficher des unes que n'aurait pas renié « l’hebdomadaire droitier » Valeurs actuelles. Quant à Libération, plus explicitement critique, il voit dans ces évolutions la patte personnelle de la directrice, moins réactionnaire au sens strict que fortement « critique du progressisme », et qui aurait pris la tête d’une « Bastille déjà tombée »[15].

Organisation

Diffusion

Jusqu'en 2013, le magazine totalise chaque mois plus de 200 000 exemplaires vendus en moyenne[16], avant de chuter les années suivantes[17].

Deux tirages exceptionnels dépassent les 500 000 exemplaires, dont celui du samedi , soit une semaine avant le premier tour de l'élection présidentielle française de 2007, où le magazine publie un article proposant de dévoiler « le vrai visage » de Nicolas Sarkozy[18].

Année Diffusion France
payée
Évolution annuelle Diffusion totale
(gratuits inclus)
2012 234 816 - 246 715
2013 196 030 en diminution - 16,5 % 204 881
2014 155 644 en diminution - 20,6 % 164 147
2015 156 646 en augmentation + 0,6 % 164 894
2016 143 515 en diminution - 8,4 % 148 169
2017 143 476 en diminution - 0,03 % 150 578
2018 120 372 en diminution - 16,10 % 129 850

Sur Internet, marianne.net a réalisé en 2016 un doublement de ses audiences par rapport à 2015[19], à 4 millions de visites mensuelles en moyenne[20].

Direction

Jean-François Kahn est directeur depuis la création du journal en 1997 jusqu'en 2007[21].

Après l'élection présidentielle de 2012, le journal a peiné à redéfinir sa ligne éditoriale et connu, dans un contexte de crise générale de la presse, une érosion de sa diffusion (- 7,96 % en 2012) et de ses revenus.

Fin 2013, sous la pression d'Yves de Chaisemartin et de la baisse des ventes du titre, Maurice Szafran et Laurent Neumann sont écartés et la direction de l’hebdomadaire est remaniée[22],[23]. Le PDG Maurice Szafran annonce sa démission le , alléguant une divergence stratégique avec d'autres actionnaires. Appelé à l'aide par les actionnaires pour redresser la situation, Jean-François Kahn anime la rédaction du Nouveau Marianne, conçu par lui de juin à , avant de passer le relais à Joseph Macé-Scaron[24].

En , Renaud Dély prend la direction de la rédaction, Joseph Macé-Scaron étant nommé président du comité éditorial[25].

Sur le site Internet de Marianne, l'équipe a été remaniée en . Le site marianne.net est désormais piloté par Delphine Legouté, directrice du numérique[26], et Thomas Vampouille, rédacteur en chef.

Renaud Dély quitte le journal en , remplacé le par Natacha Polony en tant que directrice de la rédaction. Elle « aura en charge la mise en place d'une organisation bimédia et l'accélération des développements numériques » du titre[27].

Actionnariat, finances

Jusqu'en 2005, le principal actionnaire était Robert Assaraf (49,38 % du capital)[28], également président du conseil de surveillance de Marianne[29]. Les principaux actionnaires sont aujourd'hui :

Selon le ministère de la culture et de la communication, Marianne a perçu 1 504 222 euros d'aides financières de l'État en 2012[30].

2017 : placement en redressement judiciaire et plan social

Début 2017, le placement en redressement judiciaire de la société éditrice du magazine est annoncé, dans le but d'apurer le passif de 3 millions d'euros[31]. « Cette décision a été prise dans le seul but d'assurer son avenir, en lui permettant de préserver sa trésorerie et de retrouver les moyens de ses ambitions », explique son président directeur général Yves de Chaisemartin[32].

Le , le tribunal de commerce de Paris approuve le plan de licenciement présenté par M. de Chaisemartin. Il prévoit que l'effectif des salariés en CDI sera ramené de 52 à 46.

2018 : offre de rachat de Czech Media Invest

Le , le magazine annonce avoir reçu une « proposition ferme d'acquisition » de 91 % de son capital par Czech Media Invest[33]. Yves de Chaisemartin serait maintenu dans ses fonctions de président-directeur général après la vente. Celle-ci est actée en juin et le PDG démissionne en pour être remplacé dans un premier temps par Gérald Berge, qui assure l'intérim jusqu'à l'arrivée en du nouveau PDG, Richard Lenormand (ancien directeur général d'Europe1).

Effectif et résultats

En 2015 Marianne employait 69 collaborateurs. Le chiffre d'affaires était de 23 977 200 € et le résultat déficitaire de 1 348 000 €. Les comptes récents ne sont pas disponibles[34].

Condamnation

En , le magazine est condamné pour « diffamation publique » envers Robert Ménard qui avait été accusé d'antisémitisme dans ses colonnes[35],[36].

Signatures

Notes et références

  1. ACPM, Marianne - Diffusion France payée 2018 http://www.acpm.fr/Support/marianne
  2. « Médias français, qui possède quoi ? », sur Le Monde diplomatique, (consulté le )
  3. Rachel Knaebel, « Qui est l’oligarque tchèque qui rachète les magazines Elle et Marianne ? », Basta !,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. http://www.liberation.fr/futurs/2017/01/03/l-hebdomadaire-marianne-depose-le-bilan_1538862
  5. https://www.marianne.net/politique/la-couleur-politique-des-medias
  6. « Stratégies », sur Marianne.net, , p. 7 % de la publicité.
  7. « RADIO. « Marianne » se plaint d'être « boycottée » par Pascale Clark sur France Inter. Revue de presse sous pression. », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. Jean-François Kahn, Pourquoi nous vous proposons de nous rejoindre, , rejet à la fois de l’orthodoxie néolibérale oppressive et de la rhétorique néo-soixante-huitarde destructrice.
    Passage extrait d’une publicité d’appel à l’abonnement.
  9. « L'Appel républicain de Marianne » dans Marianne no 565 du 16 février 2008.
  10. Article Arrêt sur image : « Hollande, préféré de Marianne. Et du Monde ? ».
  11. « Jean-François Kahn ne prendra pas la tête du nouveau Marianne », L'Express, Anne-Yasmine Machet, mis en ligne le 21 juin 2013.
  12. « Mediapolis - 14/04/2018 », sur www.europe1.fr, (consulté le )
  13. a et b « A « Marianne », Natacha Polony assume son virage éditorial plus souverainiste », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. « Natacha Polony : "Je pense avoir réussi à reconstruire l'image et le contenu de 'Marianne'" », sur ozap.com (consulté le )
  15. « «Marianne», une Bastille déjà tombée », sur Libération.fr, (consulté le )
  16. « Marianne – Chiffres – ACPM », sur www.acpm.fr (consulté le ).
  17. Partenariats: Mediapart attaque Marianne. Dommage colatéral à Libé, Arrêt Sur Images, 1er février 2017.
  18. « Le Vrai Sarkozy » sur le site marianne2007.
  19. Delphine Legouté, Thomas Vampouille, « Chers lecteurs de Marianne, merci pour 2016 et bonne année 2017 ! », Marianne,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. « Marianne.net – Chiffres – ACPM », sur www.acpm.fr (consulté le ).
  21. Alexandre Devecchio, « Jean-François Kahn : «Nous assistons au retour d'une rhétorique stalinienne» », Le Figaro,‎ (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consulté le )
  22. Maurice Szafran quitte la direction de « Marianne » sur fond de crise.
  23. "Marianne" : Laurent Neumann licencié et Joseph Macé-Scaron promu.
  24. Maurice Szafran quitte ses fonctions de PDG de "Marianne", Le Monde, 6 novembre 2013.
  25. Magazine Marianne, « Direction de Marianne : Renaud Dély remplace Joseph Macé-Scaron, nommé président du comité éditorial », Marianne,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  26. « Delphine Legouté prend la tête de Marianne.net - Alerte exclusive PresseNews @ », sur www.pressenews.fr (consulté le ).
  27. Alexandre Debouté, « Natacha Polony va diriger Marianne », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  28. « "Marianne" cherche à se développer et à rester indépendant », sur Le Monde, .
  29. « La Gazette du Maroc », .
  30. « Tableau des montants totaux d’aides pour les 200 titres de presse les plus aidés », sur culturecommunication.gouv.fr, (consulté le ).
  31. Jérôme Lefilliâtre, « L'hebdomadaire «Marianne» dépose le bilan », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  32. Renaud Dély, « Chers abonnés, chers lecteurs, le combat de Marianne continue ! », Marianne,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  33. Thierry Wojciak, « Après les magazines en France de Lagardère, Czech Media Invest lorgne sur Marianne », CB News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  34. « bilan 2015. », sur www.societe.com (consulté le )
  35. « Marianne » condamné pour diffamation envers Robert Ménard, liberation.fr, 16 janvier 2014.
  36. Goldnadel revient sur la condamnation de Marianne par Robert Ménard, valeursactuelles.com, 24 janvier 2014.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes