Graves (AOC)

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Graves
Image illustrative de l’article Graves (AOC)
Carte du Bordelais.

Désignation(s) Graves
Appellation(s) principale(s) graves[1]
Type d'appellation(s) AOC-AOP
Reconnue depuis 1937
Pays Drapeau de la France France
Région parente vignoble de Bordeaux
Sous-région(s) vignoble des Graves
Localisation Gironde
Climat océanique
Sol gravier (appelés graves), sable et argile
Superficie plantée 3 420 hectares
Cépages dominants merlot N, cabernet sauvignon N, cabernet franc N, sémillon B, sauvignon B et muscadelle B[2]
Vins produits 75 % rouges et 25 % blancs
Production 138 835 hectolitres en 2009[3]
Pieds à l'hectare minimum 5 000 pieds par hectare[4]
Rendement moyen à l'hectare maximum 55 à 65 hectolitres par hectare pour les rouges
58 à 68 hectolitres par hectare pour les blancs[4]

Le graves[1] est un vin français d'appellation d'origine contrôlée produit dans l'ensemble du vignoble des Graves, une des subdivisions du vignoble de Bordeaux.

Étymologie[modifier | modifier le code]

De Gravas en occitan gascon : la « grave », un sol composé surtout de gravier, avec plus ou moins de sable et d'argile.

Avec les graves-de-vayres, les grés-de-montpellier (ces grès » sont des cailloux calcaires) et le sable-de-camargue, les vins de Graves sont les seuls en France à porter le nom de leur sol : las gravas de Bordèu, littéralement « les Graves de Bordeaux ». L’ancienneté (une des plus anciennes appellations du Bordelais) et l’originalité de cette désignation rappellent le rôle majeur que joue le terroir dans la qualité des vins de Graves.

Historique[modifier | modifier le code]

On dit[réf. nécessaire] du vignoble des Graves qu’il est le plus ancien du Bordelais. Il est vrai que les premières vignes y furent plantées il y a 2000 ans. Au Moyen Âge, Aliénor, duchesse d’Aquitaine, étant devenue reine d’Angleterre, les échanges entre Bordeaux et Londres s’intensifièrent. La grande expansion des vins de Bordeaux et donc de Graves a débuté à la suite du mariage d'Aliénor d'Aquitaine avec Henri II Plantagenêt. D'autres, comme le pape Clément V qui avait un vignoble familial au château de Roquetaillade, faisaient la promotion du vin d'Oxford à Rome.

Dans la première décennie du XVIIIe siècle, les Britanniques, principaux importateurs, donnent le nom de new french claret à ce grand cru. Ce fut Montesquieu (1689-1755), baron de la Brède, philosophe, écrivain, mais avant tout vigneron, qui se fit l’ambassadeur des vins de la région tant à Paris qu’en Grande-Bretagne.

La classification officielle des vins de Bordeaux de 1855 n'ayant retenu que le Château Haut-Brion, les producteurs de graves ont établi un classement en 1953 (complété en 1959) qui a distingué 16 crus classés en rouge et/ou blanc.

Vignoble[modifier | modifier le code]

Voir l’image vierge
Localisation de l'appellation au sein du vignoble de Bordeaux.

Les Graves doivent leur nom à leur sol pauvre recouvert de graviers plus ou moins gros qui, le soir venu, restituent à la vigne la chaleur du soleil emmagasinée durant la journée. De Bordeaux à Langon, les Graves s’étendent sur une large bande de terre longue de 55 km sur 10 km de large, bordées à l’ouest et au sud par la forêt de pins qui les protège des grosses intempéries, à l’est par la Garonne qui joue un rôle de régulateur thermique.

L’originalité de cette région, qui couvre 4 650 hectares (dont 3 450 plantés en vignes) est qu’elle produit en AOC des vins rouges à la chatoyante robe rubis (les graves rouges), des vins blancs secs très aromatiques (les graves blancs), et des blancs moelleux (les graves-supérieures). Autre originalité, les quatre vignobles urbains — trois comptent parmi les plus prestigieux des Graves — dont les vignes fleurissent et mûrissent à Pessac, ville de la proche banlieue de Bordeaux (Château Haut-Brion, Château Pape Clément) et à Talence (Château la Mission Haut-Brion).

Géologie[modifier | modifier le code]

Les graves sont des dépôts de graviers et de galets souvent mélangés à du sable et de l'argile, déposés par la Garonne. Elles forment une série de terrasses en pente douce de plus en plus anciennes à mesure qu'on s'éloigne du fleuve. Il y a d'abord les « argiles des palus », formation argilo-sableuse des anciens marais bordant la Garonne (où est autorisée la production du bordeaux générique) ; puis il y a la terrasse datant du Mindel (Pléistocène moyen) formée de graves dans une matrice argileuse, à laquelle succède celle du Pléistocène inférieur (sur laquelle se trouve Haut-Brion, Haut-Bailly, Pape Clément, Carbonnieux, La Louvière, Smith Haut Lafitte, etc.) avec enfin à l'ouest la « formation de Dépée » composée de sables argileux et de petits graviers (sur laquelle se trouve Fieuzal), qui annonce les sables landais.

À ce tableau se rajoute les affluents rive gauche du fleuve (l'Eau Bourde à Canéjean, l'Eau Blanche à Léognan, le Breyra à Martillac, le Saucats à La Brède et le Gat mort à Saint-Morillon) qui non seulement découpent les terrasses en croupes, mais mettent au jour le substrat calcaire comme autant d'îlots : un peu de calcaire gréseux dit « faluns de Léognan » du Burdigalien près de Léognan, du « faluns de Labrède » qui est un calcaire friable (un peu sableux, fossilifère) datant de l'Aquitanien (Miocène inférieur) et du calcaire à Astéries du Stampien[5],[6].

Aire de production[modifier | modifier le code]

Liste des communes[7], classées par ordre alphabétique, ayant droit d'utiliser l'appellation contrôlée « Graves » : Arbanats, Ayguemorte-les-Graves, Beautiran, Bègles, Budos, Cabanac-et-Villagrains, Cadaujac, Canéjan, Castres-Gironde, Cérons, Cestas, Eysines, Gradignan, Guillos, Illats, Isle-Saint-Georges, La Brède, Landiras, Langon, Le Haillan, Léogeats, Léognan, Martignas-sur-Jalle, Martillac, Mazères, Mérignac, Pessac, Podensac, Portets, Pujols-sur-Ciron, Roaillan, Saint-Jean-d'Illac, Saint-Médard-d'Eyrans, Saint-Michel-de-Rieufret, Saint-Morillon, Saint-Pardon-de-Conques, Saint-Pierre-de-Mons, Saint-Selve, Saucats, Talence, Toulenne, Villenave-d'Ornon et Virelade[4].

Encépagement[modifier | modifier le code]

Les vins ayant droit à l'appellation d'origine contrôlée graves[7] doivent provenir des cépages suivants :

Toutefois, pendant un délai expirant avant les vendanges de 1965, le cépage saint-émilion des Charentes a été toléré dans une proportion ne dépassant pas 30 % de l'encépagement. Ce cépage est désormais interdit.

Rendements[modifier | modifier le code]

Le rendement de base de l'appellation d'origine contrôlée « graves »[7] est fixé à 50 hectolitres par hectare de vigne pour les vins rouges et les vins blancs.

Celui des « graves-supérieures » est fixé à 40 hectolitres par hectare de vigne.

Vins[modifier | modifier le code]

Au sein du vignoble des Graves, on distingue deux appellations de vins rouges, graves et pessac-léognan, auxquelles se rajoutent celles en blancs moelleux ou liquoreux, graves-supérieures et cérons.

Les vins rouges ayant droit à l'appellation contrôlée « graves »[7] doivent provenir de moûts contenant au minimum, avant tout enrichissement ou concentration, 170 grammes de sucre naturel par litre et présenter, après fermentation, un degré alcoolique minimum de 10 degrés d'alcool acquis.

Les vins blancs ayant droit à l'appellation contrôlée « graves »[7] devront provenir de moûts contenant au minimum, avant tout enrichissement ou concentration, 187 grammes de sucre naturel par litre et présenter, après fermentation, un degré alcoolique minimum de 11° d'alcool acquis.

Pour avoir droit à l'appellation d'origine contrôlée « graves-supérieures »[7], les vins blancs doivent provenir de raisins récoltés par tries manuelles successives. Les moûts doivent contenir au minimum, sans enrichissement, 195 grammes de sucre naturel. Le vin doit présenter un titre alcoométrique naturel minimum de 12,5 % volume et une teneur minimale de 18 grammes de sucres résiduels par litre.

Classement des grands crus[modifier | modifier le code]

Ce sont tous des graves, mais sous l'appellation pessac-léognan.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine.
  2. Le code international d'écriture des cépages mentionne la couleur du raisin de la manière suivante : B = blanc, N = noir, Rs = rose, G = gris.
  3. Le Guide Hachette des vins, Hachette, 2010.
  4. a b et c [PDF] « Cahier des charges de l'appellation », sur agriculture.gouv.fr, homologué par le « décret no 2011-1787 du 5 décembre 2011 relatif aux appellations d'origine contrôlées « Graves » et « Graves supérieures » », JORF, no 0283,‎ , p. 20693.
  5. L. Pratviel et Jacques Dubreuilh, Notice explicative de la feuille Pessac à 1/50000, Orléans, Bureau de recherches géologiques et minières (no 827), , 37 p. (lire en ligne).
  6. « Carte géologique centrée sur le château Carbonnieux », sur geoportail.gouv.fr.
  7. a b c d e et f Le décret du 4 mars 1937 a été modifié par les décrets du 14 septembre 1953, du 8 novembre 1955, du 22 janvier 2001 (JORF n° 23 du 27 janvier 2001), etc.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Aperçu historique sur les vins de Graves, Bordeaux, Imprimerie A. Barthélemy, s.d., 15 p. (lire en ligne).

Liens externes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]