Studios Disney de 1973 à 1988

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 25 février 2022 à 12:33 et modifiée en dernier par Gdgourou (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Studios Disney de 1973 à 1988

Le studio endormi

Description de cette image, également commentée ci-après
Choupette, vedette de quatre films La Coccinelle produits durant cette période
Début 1973
Fin 1988
Studios Walt Disney Studios Burbank (1941-)
Périodes
1922-1937 Premières productions
1937-1941 Premiers longs métrages d'animation
1941-1950 Première grève, Seconde Guerre mondiale
1950-1973 Télévision, films et décès de Walt Disney
1973-1988 Le studio endormi, guerre financière et Touchstone
1989-1995 Renaissance et Second âge d'or
1995-2005 Animation de synthèse et suites et Pixar
2006-2018 Pixar aux commandes
2019-aujourd'hui Disney+ et 20th Century
Franchises
XXIe siècle Liste au XXIe siècle

L'histoire des Studios Disney de 1973 à 1988 est marquée par un sommeil apparent, conséquence de la maladie puis de la mort de Walt Disney en 1966. Walt lançait toujours sa société sur plusieurs projets de front que ce soit pour les films ou le reste. Ainsi jusqu'à quatre films d'animation étaient en production dans les années 1940 et au moins une demi-douzaine dans les années 1950. Selon Danny Miller, « en 1982, la plus grande réussite commerciale du studio Disney était encore Mary Poppins sorti en 1964 » et « la division films ne survivait qu'avec les ressorties » des longs métrages classiques d'animations[1]. Miller précise qu'entre 1977 et 1981, 50 % des recettes du studio provenaient de ces ressorties alors que les studios concurrents proposaient des nouveautés[1]. Cette accalmie semble avoir poussé un groupe d'investisseurs à prendre le contrôle de la société au début des années 1980. Divers changements arrivent à cette période... dont les premiers sont, avant même le renommage de Walt Disney Productions en The Walt Disney Company, la création de filiales indépendantes pour assurer les différentes productions.

Toutefois le service animation se lance dans la création de plusieurs studios en dehors du siège de Burbank : voir Walt Disney Animation Studios.

Historique

Réplique du bureau de Walt Disney.

Le début des années 1970 est marquées par l'absence de projets d'envergure pour la branche cinématographique de la société Walt Disney Productions à la suite de la mort en 1966 de Walt Disney. La société se voue essentiellement à réaliser les dernières volontés de son fondateur en construisant le parc Walt Disney World Resort en Floride[2]. On peut quand même noter la sortie de quelques films importants dont :

Ce dernier film est devenu l'une des principales franchises des studios Disney et de la société entière.

Clôturant en quelque sorte cette période et en hommage au travail du studio considéré comme un art, une rétrospective Disney a eu lieu à l'été 1973 au Lincoln Center de New York[3].

1973-1979 : Qu'aurait fait Walt ?

Mark Arnold considère l'année 1971 comme la première durant laquelle s'est posée la question « Qu'aurait fait Walt ? » avec la fin du mandat de Roy Disney au cours duquel les dernières idées et concepts de Walt Disney ont été développés[4]. La situation ne s'est pas améliorée par la suite.

Une société sans Walt Disney

Le film Peter et Elliott le dragon (1977) est caractéristique de la période. Leonard Maltin écrit que malgré des recettes honorables en salles, le film est un effort décourageant pour les studios Disney en raison de la comparaison avec Mary Poppins (1964), un énorme succès financier et artistique[5]. Le rôle principal donné à une chanteuse et la campagne publicitaire "à la" Mary Poppins ont joué en défaveur du film en invitant à une comparaison et confirme un sentiment général au sein de l'industrie cinématographique que toutes les décisions au sein des Studios Disney étaient sur la base de Qu'aurait fait Walt ?[5]. Et la réponse aurait été « quelque chose de mieux » car comme le rappelle Ward Kimball, Walt Disney, bien que critiqué par les banques et les empires financiers pendant des années, parvenait à innover en prenant des risques[5].

Leonard Maltin ajoute qu'il est difficile de considérer des films comme Charley et l'Ange (1973) et La Coccinelle à Monte-Carlo (1977) comme des films des années 1970 en raison des acteurs identiques pour les personnages principaux ou seconds rôles à ceux des années 1960, voir 1950, jouant des rôles similaires[5]. Le studio est selon Maltin devenu un havre pour les vieux acteurs reprenant leurs anciens rôles[5]. Mark Arnold mentionne pour plusieurs films des décors eux aussi similaires comme dans la plage des Walt Disney Studios Burbank dans Le Gang des chaussons aux pommes (1976) utilisée depuis le tournage des Trois Caballeros (1944)[6] ou le Medfield College dans Un candidat au poil (1976)[7] présent dans la série lancée avec Monte là-d'ssus (1961). Arnold mentionne aussi le projet Merveilles de la nature (1975) comme une tentative de faire revenir le succès des True-Life Adventures[8].

Le studio repose sur les mêmes équipes, acteurs mais aussi réalisateurs, producteurs, scénaristes[5],...

Nouvelle génération d'animateurs

L'Animation Building historique
Le laboratoire des Walt Disney Studios Burbank

Au début des années 1970, les Neuf Sages de Disney deviennent de plus en plus vieux et sont ne plus actifs sur les productions tout comme leurs collègues aussi méritants qui ont permis de construire le catalogue du studio Disney[9]. Le studio lance alors un programme de formation d'une nouvelle génération qui sera par la suite fusionné avec le California Institute of the Arts[9]. Quelques animateurs et artistes d'animation sont appelés pour former une nouvelle génération d'animateurs, Melvin Shaw est ainsi recruté en 1974[10]. Le film Les Aventures de Bernard et Bianca est produit avec les trois derniers Neuf Sages encore actifs, Frank Thomas, Ollie Johnston et Milt Kahl[9]. Bernard et Bianca modifie les pratiques du studio Disney dans l'animation[11]. La personnalisation des personnages par rapport à l'acteur qui leur donne leur voix décriée dans les production des années 1960 ou les chansons s'insérant de manière intrusives dans l'action[11]. Selon John Grant, Bernard et Bianca ajoute une nouvelle pratique, celle d'une forte conception des personnages reprise dans les productions suivantes des années 1980 comme Rox et Rouky (1981), Taram et le Chaudron magique (1985) et Basil, détective privé (1986)[11]. Steve Hulett mentionne un film inachevé Catfish Bend[12], prévu pour 1981 d'après les ouvrages de Ben Lucien Burman.

Taram et le Chaudron magique est un projet d'adaptation du livre de quête Fantasy Les Chroniques de Prydain de Lloyd Alexander autorisé par Ron Miller à condition que la nouvelle génération fasse ses preuves sur des projets plus classiques[9]. En août 1978, Aljean Harmetz du New York Times évoque la sortie de Taram et le Chaudron magique initialement prévue pour 1980 dont le coût de production est déjà de 15 millions d'USD[13]. Il annonce un retard de quatre ans minimum avec une sortie en salle pas avant Noël 1984 car le nouveau groupe d'animateurs a besoin de 6 ans pour appréhender les complexes techniques d'animation, non acquises en 1978[13].

Parmi la nouvelle génération d'animateurs, le plus remarqué est Don Bluth qui se voit accorder la réalisation du moyen métrage Le Petit Âne de Bethléem (1978) avec seulement de jeunes animateurs[9]. Ce sera le cas avec Les Aventures de Bernard et Bianca (1977) puis Le Petit Âne de Bethléem (1978)[9].

Changement d'équipes au cinéma

Choupette, vedette des films de Walt Disney Pictures.

John West rappelle que la majorité des productions des années 1970 est issue de droits détenus par le studio depuis longtemps, certains projets avaient été planifiés par Walt Disney mais suspendus à la fin des années 1960 et d'autres attendaient d'être mis en production[14]. Il cite pour ceux déjà entamés prévus en 1968 et 1969 mais sortis plus tard Superdad (1973), Un cowboy à Hawaï (1974), L'Île sur le toit du monde (1974), Le Trésor de Matacumba (1976), et pour ceux dont la mise en production a débuté ensuite Peter et Elliott le dragon (1977) et La Course au trésor (1978)[14]. Les droits pour le film The North Avenue Irregulars (1978) ont été achetés en 1969[14]. Le studio cherche avant tout à reproduire des succès passés comme Mary Poppins avec L'Apprentie sorcière (1971) et Peter et Elliott le dragon (1977) ou avec des suites de films Le Nouvel Amour de Coccinelle (1974) ou Un candidat au poil (1976), voir en réutilisant les recettes gagnantes de Walt Disney Television, les comédies animalières comme Mes amis les ours (1974)[15].

Toutefois quelques changements surviennent. Le réalisateur John Hough a été engagé par Walt Disney Productions pour dynamiser les films du studio et travaille sur La Montagne ensorcelée (1975)[16]. Hough explique qu'en 1974, Walt Disney Productions fonctionnait comme Walt Disney le faisait, le Disney qu'on avait l'habitude d'avoir, les employés portaient des costumes et tout était réalisé en interne, planifié dans les moindres détails, sans improvisation[17]. Le chef décorateur John A. Kuri explique que les décors des Walt Disney Studios Burbank que Walt Disney avait connus étaient encore utilisés comme la plage artificielle ou la zone Zorro[6]. Ils seront détruits dans les années 1980 pour faire place à des parking et des bureaux.

Avec le départ à la retraite de Robert Stevenson vers 1976, d'autres réalisateurs s'occupent des comédies comme Vincent McEveety qui réalise Gus (1976)[18]. Jodie Foster explique à propos du film Un vendredi dingue, dingue, dingue (1976) que l'on peut se rendre compte que la société Disney était en décalage avec son époque mais qu'elle allait changer[19].

Encore des succès mais une image qui se dégrade

Le plus important succès financier du studio pour les années 1970 est Le Gang des chaussons aux pommes (1975) qui récolte 37 millions d'USD[20]. À l'opposé le studio sort Merveilles de la nature en 1975, une compilation composée d'extraits des 13 longs et courts True-Life Adventures primés d'un Oscar[21], donc pour un coût de production relativement faible[8]. Mark Arnold explique que lors de sa sortie en salle, peu de publicité semble avoir été fait hormis dans le magazine Disney News[8]. De plus dans les années 1970, les films sur la nature n'étaient plus à l'ordre du jour et il faudra attendre 2005 et La Marche de l'empereur de Luc Jacquet pour les revoir sur le devant de la scène[8]. Mark Arnold considère les sorties des Merveilles de la nature et du Justicier aux deux visages en 1975 comme un complément de ressources à moindre coût pour le studio comme les ressorties de Blanche-Neige et les Sept Nains (1937) et L'Île au trésor (1950) et vu le succès des autres productions de l'année[22]. Il précise qu'il faudra attendre dix ans pour que le studio réalise une année aussi faste[22].

Un article intitulé Working for Mickey Mouse est publié dans le numéro 2 du magazine Inside Comics évoque les conditions de travail au sein du studio[23]. C'est dans cet article qu'apparait la première fois selon Mark Arnold la question « How Would Walt have done it? » (Qu'aurait fait Walt ?)[23]. L'article évoque comment le brillant de Disney s'est terni et comment malgré de bon résultat financier l'entreprise Disney s'érode. L'article se concentre sur la personnalité de David Marlow, un monteur ayant démissionné au bout de trois mois de l'antenne de New York à cause du rejet de ses propositions de films[23]. Cette agence compte cinq monteurs mais considérés comme des boucs émissaires et sans respect de la part du siège californien[23]. Lors de son entretien d'embauche, Marlow n'avait pas fait assez bonne impression par son manque de connaissance des productions récentes du studio et il a du visionner 54 films pour y trouver la formule Disney[23]. Grâce à cela il a pu relever quelques thèmes récurrents comme la chasse et les armes, les comédies de situation, les femmes reléguées en cuisine après le mariage, les héros universitaires ou veufs et les comédies musicales[23].

Les grosses productions comme L'Île sur le toit du monde en 1974 ou Le Trou noir en 1979 ont chacune été accompagnées d'une importante campagne publicitaire mais le résultat au box-office ne fut pas celui attendu[24]. Pour l'année 1978, seules deux productions du studio se hissent dans le top 25 des films et dans le bas du tableau, Peter et Elliott le dragon et Tête brûlée et pied tendre[25]. Pour Mark Arnold, ces productions ont tué Walt Disney Productions dans sa forme d'alors[24]. John Hough explique qu'avec Les Visiteurs d'un autre monde (1978) c'est le début de la fin pour les films traditionnels de Disney et que lors de son film suivant pour le studio Les Yeux de la forêt (1980) il a eu plus de liberté avec un sujet plus mature[26].

Autres productions

Le Roy O. Disney Building, ouvert en 1976

En dehors du cinéma, la société poursuit plusieurs projets liés aux parcs de loisirs et lieux de séjours, initiés par Walt Disney ou proche avec plus ou moins de succès comme le parc Epcot, profondément remanié, ou comme les projets de stations de ski de Disney's Mineral King Ski Resort, stoppée en 1975[27] ou d'Independence Lake annulée en 1978[28]. À partir de 1971, la société Disney crée une filiale nommée Walt Disney Distributing Company pour vendre des licences de biens de consommations à des sociétés tierces mais elle stoppe ses activités en 1977 afin de vendre ses propres concepts[29].

En 1974, Jimmy Johnson directeur de Buena Vista Records est autorisé à contacter Gene Aberbach pour négocier le rachat des droits de Mélodie du Sud (1946) et Danny, le petit mouton noir (1948), et les droits ont été récupérés par la Walt Disney Music Company[30] courant 1974 ou au début 1975. En 1975, Jimmy Johnson quitte son poste de président du label Disneyland Records et est remplacé par Merrill Dean[31]. Johnson meurt en 1976. La même année, la production des Aventures de Bernard et Bianca se poursuit, le studio Disney règne sur le milieu de l'animation, les concurrents s'étant tourné vers la production de séries télévisées d'animation[32]. Le studio n'est pas pour autant absent du média et la programmation de The Wonderful World of Disney change pour un créneau de deux heures permettant de diffuser des films plus long sans les découper sur plusieurs semaines[32]. La première sortie pour la société d'une production sur support vidéodisque/Laserdisc a eu lieu le [33].

Durant la décennie plusieurs projets d'attractions liés à des films sont envisagés mais les mauvais résultats des films en question mettent un terme à ces projets[34]. David Koenig évoque Robin des Bois (1973), L'Île sur le toit du monde (1974), Le Trou noir (1979) mais aussi Tron (1982)[34]. Pour Le Trou noir, Tony Baxter explique que Disneyland est un lieu où réside les mythes américains et ne peut pas contenir un film dont seuls les parents se souviennent, comme le serait un parc sur le bal musette[35].

En 1978, les revenues de Disney pour le cinéma atteignent un nouveau record de 152 millions d'USD[36].

1979 : Une année charnière avec le Trou Noir

Durant la production de Les Aventures de Bernard et Bianca, un groupe d'animateurs se voit confier la production de Rox et Rouky (1981)[37]. Don Bluth en charge du film prend cela pour un camouflet dans son ascension hiérarchique et convainc ses proches collaborateurs dont John Pomeroy de démissionner à partir 13 septembre 1979[37].

Charles Schreger du Los Angeles Times développe un autre exemple de reliquat d'anciennes pratiques en 1979 au sujet du scénariste Don Tait[38]. Tait signe en 1973 un contrat exclusif avec le studio Disney pour trois ans, une position très inhabituelle pour un scénariste d'Hollywood, obtenue à la suite d'une offre de Ron Miller[38]. Ce type de poste exclusif à un studio est même exceptionnel pour l'époque mais était la norme dans les années 1940 quand les studios produisaient deux fois plus de films[38]. Les scénaristes sont déjà devenu des travailleurs indépendants avec des salaires à cinq ou six chiffres[38]. En 1979, il est crédité pour le scénario de quatre des six films de Disney[38].

Le studio cherche en parallèle à se diversifier. En 1979, le studio achète les droits de distribution d'un film qu'il n'a pas produit Take Down qui ressort quelques mois après l'achat sous le label Buena Vista Distribution[39],[40]. Ce label a été créé en 1953 comme une filiale assurant la distribution des productions Disney par Walt Disney afin de ne plus être lié à d'autres groupes cinématographiques[41]. C'est la première production achetée depuis la mort de Walt Disney en 1966[40]. Variety mentionne toutefois la distribution en 1969 du film français La Grande Vadrouille (1966)[42].

Le principal projet du studio en 1979 est Le Trou noir. Dès le début, le studio prévoit d'en faire une super-production et lève tous les obstacles (internes) allant jusqu'à embaucher des talents de premier ordre comme Maximilian Schell, Anthony Perkins ou Ernest Borgnine[43]. Le film est officiellement produit comme une réponse à la déferlante Star Wars et démontrer que les studios Disney peuvent rivaliser avec une nouvelle génération techniquement compétente et malgré ses techniques et ressources de la vieille école[44].

Terry Lawson du Dayton Journal Herald explique que si le film est un succès il pourrait sortir le studio du marasme dans lequel il est à la fin des années 1970 et repositionner le studio comme une Major du cinéma[45]. Dans le cas contraire, la machine à rêve devra se contenter d'une ressortie de ses classiques d'animation deux fois par an et quelques nouveaux films comme ceux avec Don Knotts[45]. Le film ne présente pas le logo de Walt Disney Productions mais celui de Buena Vista Distribution, à la suite d'une proposition du réalisateur Gary Nelson[44]. Accompagnée d'une importante production promotionnelle[24]. Le studio fait par exemple adaptée le scénario en comic strip par Carl Fallberg au scénario, Jack Kirby au crayon et Mike Royer à l'encrage[46]. Jack Kirby est le célèbre auteur de comics[47] qui a créé pour l'éditeur Marvel Comics, de nombreux super-héros comme les Quatre Fantastiques, L'Incroyable Hulk, Thor, les Vengeurs ou les X-Men.

1980-1984 : Recherche d'un nouveau public

En mars 1980, plusieurs sociétés se lancent sur le marché des vidéodisques et parmi les différents contrats, la presse mentionne Zenith Radio utilisant une technologie RCA, Universal filiale de MCA associé a Philips, 20th Century-Fox avec Magnetic Video[48]. De son côté, le studio Disney s'est associé à Fotomat pour la location de vidéocassettes dans quatre villes tests et un catalogue de 13 films, contrat officialisé le 4 mars[48],[49]. Parmi les films louables pour 5 jours au prix de 8 $ à 14 $, il y a Un amour de Coccinelle, Monte là-d'ssus, La Montagne ensorcelée disponibles dès mars 1980[50] puis à partir de septembre 1980 Le Trou noir, Davy Crockett, Vingt Mille Lieues sous les mers[51]. En octobre 1980, la société édite ses premiers films à la fois sur support VHS et betamax[52]. En plus de quelques compilations de courts métrages d'animation, dix films sont édités sous ces formats dont Le Trou noir et Un amour de Coccinelle[52]. Le premier long métrage d'animation Disney à sortir en vidéo est Dumbo, édité en juin 1981 mais en location seulement[33]. Alice au pays des merveilles est lui édité de la même façon en octobre 1981 puis les deux titres sont mis en vente libre à partir de 1982[33]. Le contrat avec Fotomat s'interrompt en mars 1982, avec l'arrêt de son service de location de vidéocassettes au profit d'un service de vente par correspondance en raison du développement du marché des vidéo-clubs[53].

Le , Walt Disney Productions crée à partir du département « animation et films » (Pictures) une société à part entière mais filiale à 100 %, Walt Disney Pictures[54]. Début février 1984, le New York Times revient sur les années précédentes à l'occasion de la création du nouveau label cinématographique Touchstone Films[55]. Le quotidien mentionne des pertes de 27 millions d'USD pour l'année 1982 et 33 millions d'USD pour 1983[55]. Pour l'année 1982, le quotidien cumule les mauvais résultats des films Les Yeux de la forêt (1981), un film à suspense surnaturel, La Nuit de l'évasion (1981), une échappée en ballon depuis l'Allemagne de l'Est et Tron (1982)[55]. Pour 1983, la majorité consiste au mauvais résultat de La Foire des ténèbres (1983) qui portait le label Disney tandis que le film Un homme parmi les loups pour lequel la relation avec Disney avait été cachée recevait un bon accueil[55]. Pour résoudre ce problème, la société Walt Disney Productions décide de crée un nouveau label cinématographique plus adulte[55]. Le studio Walt Disney Pictures qui produisait auparavant tous les films de Disney se recentre sur les productions pour la famille. La marque devient un synonyme du studio d'animation Disney. Les ressorties des films d'animation, presque tous les sept ans, permettent au studio d'avoir un revenu réguliers[55]. La ressortie de Blanche-Neige et les Sept Nains durant l'été 1983 a récolté 30 millions d'USD dont la moitié directement versée dans les caisses de Disney[55]. La ressortie en 1979 du Livre de la jungle en Allemagne a établi un record récoltant plus que Star Wars[55].

Pour le cinéma en prise de vue réelle, un changement bien visible est la destruction des décors des Walt Disney Studios Burbank de la Zorro Street, la Residential Street et la Western Street détruits en 1984 pour y placer des caravanes et bureaux mobiles pour les producteurs indépendants engagés par le studio[56].

1984-1988 : Changement de direction et réorganisation du studio

Michael Eisner en octobre 2010

À partir de mai 1984, la société Walt Disney Productions est la cible d'une tentative d'OPA de la part de groupes financiers spécialisés dans la vente en lots[57] menée par Saul Steinberg[58]. À la suite de nombreuses tractations, le directoire de la société accepte l'entrée de groupes financiers dans son capital et nomme le , Michael Eisner PDG et Frank Wells, directeur général financier[54].

En novembre 1984, une division-filiale est créée spécialement pour les séries télévisées : Walt Disney Television Animation[59]. De plus, Walt Disney Productions prend le nom de Walt Disney Company. La nouvelle direction lance de nouveaux projets que ce soit pour les films et les autres secteurs de la société. Différents projets pour rebondir sur la principe de film musical entamée avec Fantasia ont émergé dont l'un évoqué par André Previn dans son mémoire No Minor Chords et proposé par Jeffrey Katzenberg de faire un Fantasia consacré à la musique des Beatles[60]. John Grant indique que l'un des projets fut baptisé Musicana mais qu'en raison du non-renouvellement des animateurs à la suite de plusieurs années de réduction des productions, ce projet de haute qualité n'a pas pu voir le jour[61].

En mars 1985, Disney achète les droits d'adaptation d’Oz, un monde extraordinaire pour 12 ans au travers de sa filiale britannique Walt Disney Productions Limited[62]. À partir de juillet 1985, Pinocchio est à son tour édité en vidéo et inaugure le système pour les sorties vidéo Disney[33] : un « titre est édité, disponible en temps limité, retiré ensuite de la vente afin de permettre une période moratoire et une réédition quelques années plus tard »[33]. Ce système a été baptisé « The Vault » (« le coffre-fort) »[63]. C'est aussi en 1985 qu'est sorti la première tentative d'édition directe en vidéo avec Breakin' Through[33] de Peter Medak. Le système n'a été relancé qu'en 1994 avec le premier long métrage d'animation en direct-to-video, Le Retour de Jafar puis d'autres productions[33].

En 1986, Walt Disney Pictures est « amputée » de sa division principale, celle des films d'animation longs métrages, qui devint une filiale sous le nom de Walt Disney Feature Animation. En octobre 1987, Disney édite La Belle et le Clochard en cassette vidéo avec 2 millions d'exemplaires en pré-commande mais le succès du support vidéo va forcer le studio à changer de politique commerciale arrêtant les ressorties au cinéma[64].

En 1988, David Hobermann est nommé président de Touchstone Pictures et de Walt Disney puis en 1994 de la division Motion Pictures avant de partir début 1995 pour devenir un producteur indépendant[65].

Productions

Courts métrages d'animation

Moyens métrages d'animation

Longs métrages d'animation

Longs métrages en prises de vue réelle

Voir aussi Touchstone Pictures pour la période 1984-1988

Autres métrages

Productions télévisuelles

À partir de 1983, Disney Channel développe ses propres productions au travers de Walt Disney Television pour les séries et films en prises de vues réelles et Walt Disney Television Animation pour les séries d'animations.

Voir aussi les listes suivantes :

Analyse

Disney domine les effets spéciaux

Bien que semblant désormais primitifs, les effets spéciaux du film La Montagne ensorcelée (1975) démontrent l'avance technologique des Studios Disney, deux ans avant la sortie de La Guerre des étoiles (1977)[66]. Les effets spéciaux ont été réalisé avec des objets physiques et des techniques optiques, comme le révèle l'artiste d'effets spéciaux Danny Lee[66]. Selon Arnold, les effets spéciaux de ce film sont comparables à certains effets numériques des années 2000, et ont été testés plusieurs mois avant le tournage[17]. Harrison Ellenshaw explique dans un documentaire que lui et son père Peter Ellenshaw ont conçu de nombreux effets spéciaux grâce au matte painting, technique utilisée jusqu'à Dick Tracy (1990), après quoi le numérique prédomine[17].

Le studio utilise depuis de nombreuses décennies la méthode d'incrustation du fond bleu développée sur la série Out of the Inkwell du Fleischer Studios et utilisée par Disney sur les Alice Comedies (1923-1927) , elle est aussi présente dans Les Trois Caballeros ('1945), Mélodie du Sud (1946), Mary Poppins (1964) ou L'Apprentie sorcière (1971), mais aussi les publicités Kellogg's de Tony le tigre (en) pour les Frosties[67]. Elle l'utilise à nouveau sur Peter et Elliott le dragon (1977) et Qui veut la peau de Roger Rabbit (1988)[67].

Depuis le début des années 1960, le studio fait usage de la méthode d'incrustation du procédé à la vapeur de sodium avec Donald et la Roue (1961)[68] ou Mary Poppins (1964) pour lequel Ub Iwerks et Petro Vlahos ont reçu un Oscar en 1965[69],[70],[71],[72]. Mark Arnold note que le film Tête brûlée et pied tendre sorti en juillet 1978 permet de constater l'évolution des effets spéciaux depuis La Fiancée de papa (1961) si l'on compare les apparitions de Jim Dale jouant trois personnages interagissant à celles des jumelles jouées par Hayley Mills, se faisant souvent face[73].

Notes et références

  1. a et b Danny Miller (trad. Rosemarie Bélisle), Le paradoxe d'Icare : comment les grandes entreprises se tuent à réussir [« The Icarus paradox »], Laval, Presses Université Laval, , 470 p. (ISBN 2-7637-7274-9, lire en ligne) p. 60.
  2. (en) Jeff Kurtti, Since the World began: Walt Disney World, the first 25 years, p. 20 et 34
  3. (en) Christopher Finch, The Art Of Walt Disney, p. 120.
  4. (en) Mark Arnold, Frozen in Ice : The Story of Walt Disney Productions, 1966-1985, p. 79.
  5. a b c d e et f (en) Leonard Maltin, The Disney Films : 3rd Edition, p. 268.
  6. a et b (en) Mark Arnold, Frozen in Ice : The Story of Walt Disney Productions, 1966-1985, p. 197.
  7. (en) Mark Arnold, Frozen in Ice : The Story of Walt Disney Productions, 1966-1985, p. 236.
  8. a b c et d (en) Mark Arnold, Frozen in Ice : The Story of Walt Disney Productions, 1966-1985, p. 206.
  9. a b c d e et f (en) Leonard Maltin, The Disney Films : 3rd Edition, p. 265
  10. (en) Valerie J. Nelson, « Mel Shaw dies at 97; Disney design artist », sur Los Angeles Times
  11. a b et c (en) John Grant, The Encyclopedia of Walt Disney's Animated Characters, p. 290.
  12. (en) Steve Hulett, Mouse in Transition, p. 23.
  13. a et b (en) Aljean Harmetz, « Disney film far behind schedule », The New York Times, Eugene Register-Guard,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. a b et c (en) John G. West, The Disney Live-Action Productions, p. 237.
  15. (en) J. P. Telotte, The Mouse Machine: Disney and Technology, p. 142
  16. (en) Mark Arnold, Frozen in Ice : The Story of Walt Disney Productions, 1966-1985, p. 189.
  17. a b et c (en) Mark Arnold, Frozen in Ice : The Story of Walt Disney Productions, 1966-1985, p. 191.
  18. (en) Mark Arnold, Frozen in Ice : The Story of Walt Disney Productions, 1966-1985, p. 229.
  19. (en) Mark Arnold, Frozen in Ice : The Story of Walt Disney Productions, 1966-1985, p. 243.
  20. (en) Mark Arnold, Frozen in Ice : The Story of Walt Disney Productions, 1966-1985, p. 198.
  21. (en) Mark Arnold, Frozen in Ice : The Story of Walt Disney Productions, 1966-1985, p. 204.
  22. a et b (en) Mark Arnold, Frozen in Ice : The Story of Walt Disney Productions, 1966-1985, p. 211.
  23. a b c d e et f (en) Mark Arnold, Frozen in Ice : The Story of Walt Disney Productions, 1966-1985, p. 157.
  24. a b et c (en) Mark Arnold, Frozen in Ice : The Story of Walt Disney Productions, 1966-1985, p. 176.
  25. (en) John G. West, The Disney Live-Action Productions, p. 241-242.
  26. (en) Mark Arnold, Frozen in Ice : The Story of Walt Disney Productions, 1966-1985, p. 288.
  27. (en) Mark Arnold, Frozen in Ice : The Story of Walt Disney Productions, 1966-1985, p. 178.
  28. (en) Jim Korkis, « The Independence Lake Ski Resort », sur mouseplanet.com, (consulté le )
  29. (en) Mark Arnold, Frozen in Ice : The Story of Walt Disney Productions, 1966-1985, p. 245.
  30. (en) Jimmy Johnson, Inside the Whimsy Works, p. 59
  31. (en) Tim Hollis & Greg Ehrbar, Mouse Tracks : The Story of Walt Disney Records, p. 141
  32. a et b (en) Mark Arnold, Frozen in Ice : The Story of Walt Disney Productions, 1966-1985, p. 177.
  33. a b c d e f et g (en) Dave Smith, Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia, p. 587
  34. a et b (en) David Koenig, Mouse Under Glass - Secrets of Disney Animation & Theme parks, p. 139
  35. (en) David Koenig, Mouse Under Glass - Secrets of Disney Animation & Theme parks, p. 140
  36. (en) Mark Arnold, Frozen in Ice : The Story of Walt Disney Productions, 1966-1985, p. 281.
  37. a et b (en) Ross Anderson, Pulling a Rabbit Out of a Hat, p. 215
  38. a b c d et e (en) Charles Schreger, « Getting on the Disney Wagon », Los Angeles Times,‎ , Part I p. 13 (54) (lire en ligne, consulté le )
  39. (en) Phil Whitesell, « Disney plans show for 'older' viewers », Boca Raton News (Knight Ridder), vol. 25, no 206,‎ , p. 4B (lire en ligne, consulté le )
  40. a et b (en) Mark Arnold, Frozen in Ice : The Story of Walt Disney Productions, 1966-1985, p. 304.
  41. (en) Dave Smith, Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia, p. 80
  42. (en) « Buena Vista To Continue Pic Pickups Despite 'Take Down' », Daily Variety,‎ , p. 4
  43. (en) Mark Arnold, Frozen in Ice : The Story of Walt Disney Productions, 1966-1985, p. 323.
  44. a et b (en) David Wiener, « “We Never Had an Ending:” How Disney’s ‘Black Hole’ Tried to Match ‘Star Wars’ », sur The Hollywood Reporter, (consulté le )
  45. a et b (en) Terry Lawson, « The Good Ship Disney rockets into the space war », Dayton Journal Herald, vol. 172, no 300,‎ , p. 25 (lire en ligne, consulté le )
  46. (en) Base INDUCKS : ZT 104The Black Hole
  47. (en) Mark Arnold, Frozen in Ice : The Story of Walt Disney Productions, 1966-1985, p. 324.
  48. a et b (en) Bill Sing, « Zenith To Enter Videodisc Market Using RCA Technology », Los Angeles Times,‎ , Part IV p. 1 (37) (lire en ligne, consulté le )
  49. (en) Ron Stepneski, « Disney licences Fotomat to rent videotapes », The Record,‎ , A-11 (lire en ligne, consulté le )
  50. (en) Bill Sing, « Zenith To Enter Videodisc Market Using RCA Technology », Los Angeles Times,‎ , Part IV p. 10 (46) (lire en ligne, consulté le )
  51. (en) « Movies: Disney on cassettes », The Philadelphia Inquirer, vol. 302, no 176,‎ , p. 2-C (30) (lire en ligne, consulté le )
  52. a et b (en) Dave Smith, Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia, p. 586
  53. (en) Jim Wright, « Foto-Mat's new game plan », The Record,‎ , B-4 (24) (lire en ligne, consulté le )
  54. a et b (en) Walt Disney Company, « Disney Factbook 1997 - Disney Through the Decades », (consulté le ), p. 3
  55. a b c d e f g et h (en) Aljean Harmetz, « Touchstone Label to Replace Disney Name on Some Films », The New York Times,‎ , Section C, Page 19 (lire en ligne, consulté le )
  56. (en) John G. West, The Disney Live-Action Productions, p. 91.
  57. Pour le principe voir dans le film Pretty Woman
  58. (en) Dave Smith, Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia, p. 35
  59. (en) Dave Smith, Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia, p. 594
  60. (en) Leonard Maltin, The Disney Films: 3rd Edition, p. 45
  61. (en) John Grant, The Encyclopedia of Walt Disney's Animated Characters, p. 170.
  62. (en) Walt Disney Company Ltd, « Walt Disney Company Ltd - Full group accounts made up to 30 September 1993 » [PDF], sur Companies House, (consulté le )
  63. (en) Charlie Hall, « Disney’s new streaming service will include ‘the entire Disney motion picture library’ », sur polygon.com, (consulté le )
  64. (en) Eric Loren Smoodin, Disney discourse, p. 81.
  65. (en) Dave Smith, Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia, p. 265
  66. a et b (en) Mark Arnold, Frozen in Ice : The Story of Walt Disney Productions, 1966-1985, p. 190.
  67. a et b (en) Ross Anderson, Pulling a Rabbit Out of a Hat, p. 128
  68. Walt Disney's “Donald and The Wheel” (1961) | Cartoon Research
  69. John Brosnan, Movie Magic, New American Library, (lire en ligne), p. 111
  70. Smith, Alvy Ray, « Alpha and the History of Digital Compositing », (consulté le )
  71. « Academy Awards Database » [archive du ] (consulté le )
  72. John Jackman, Bluescreen compositing: a practical guide for video & moviemaking, Focal Press, (ISBN 978-1-57820-283-6), p. 13
  73. (en) Mark Arnold, Frozen in Ice : The Story of Walt Disney Productions, 1966-1985, p. 298.

Bibliographie