Félix Faure

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Félix Faure
Illustration.
Portrait officiel du président Félix Faure.
Fonctions
7e président de la République française

(4 ans et 30 jours)
Élection 17 janvier 1895
Président du Conseil Alexandre Ribot
Léon Bourgeois
Jules Méline
Henri Brisson
Charles Dupuy
Prédécesseur Jean Casimir-Perier
Successeur Émile Loubet
Ministre de la Marine

(7 mois et 18 jours)
Président Sadi Carnot
Jean Casimir-Perier
Gouvernement Charles Dupuy II
Charles Dupuy III
Prédécesseur Auguste Lefèvre
Successeur Armand Besnard
Biographie
Nom de naissance François-Félix Faure
Date de naissance
Lieu de naissance Paris (10e)
Date de décès (à 58 ans)
Lieu de décès Palais de l'Élysée, Paris (8e)
Nature du décès Accident vasculaire cérébral
Parti politique Républicain modéré
Conjoint Berthe Belluot
Enfants Lucie Faure, ép. Goyau
Antoinette Faure, ép. Berge
Profession Tanneur, négociant en cuirs, juge au tribunal de commerce
Religion Catholicisme

Félix Faure
Présidents de la République française

Félix Faure, né à Paris le et mort le dans la même ville, est un homme d'État français.

Ministre de la Marine de 1894 à 1895, il est élu la même année président de la République française. Il meurt soudainement, quatre ans après son élection, dans des circonstances passées à la postérité.

Biographie

Des origines familiales

(Voir plus bas le paragraphe Généalogie).

Félix Faure est issu d'une famille rhodanienne modeste de menuisiers et d'ébénistes, par son père Jean-Marie Faure[1] (1809-1889), comme par la première épouse de celui-ci, sa mère Rose Cuissard (1819-1852). Du remariage de son père, il aura un demi-frère germain, Constantin Faure, qui sera officier de marine (1860 - disparu en mer, 1884)[2].

Le futur président passe les trois premières années de sa vie rue du Faubourg-Saint-Denis, à Paris. En 1844, la famille déménage au faubourg Saint-Antoine, où son père crée une petite fabrique de meubles.

Il suit sa scolarité au collège communal de Beauvais en (1852-1854), puis à l'école Pompée (1854-1857), internat privé d'Ivry-sur-Seine, où ses résultats sont en nette amélioration. Un lycée de Beauvais porte aujourd'hui son nom.

Alors que Félix Faure n'est âgé que de onze ans, sa mère décède de la tuberculose.

Afin de parfaire sa formation, il part deux ans pour l'Angleterre, où il apprend l'anglais et les notions du commerce. Par la suite, engagé dans les chasseurs d'Afrique, Félix Faure envisage une carrière militaire, mais la campagne d'Italie de 1859 l'en dissuade. En 1861, il effectue un stage de 18 mois à la tannerie d'Amboise.

Le mariage avec Berthe

Il épouse, le à Amboise, Marie-Mathilde Berthe Belluot[3], de laquelle il aura deux filles :

Toutes deux seront amies de jeunesse de Marcel Proust.

Les premiers travaux

En 1863, Félix Faure est employé dans une maison de peausserie du Havre (Seine-Inférieure). En , devenu négociant en cuir, il fonde sa première société, « Félix Faure et Cie » : il est ainsi l'un des premiers à acheter des cargaisons avant leur accostage en Europe. Lorsqu'il sera élu président de la République, c'est son cousin germain Marius Cremer qui le remplacera à la tête de la société.

Un franc-maçon notable

Félix Faure est franc-maçon, la ville du Havre et sa loge « Aménité » lui délivre le grade d'apprenti en 1865, puis de maître à partir de 1869. Il y tient des conférences en 1883 et 1885 en compagnie de Paul Doumer, autre futur président de la République (élu en 1931).

Sa carrière politique

Débuts

Premier acte de son engagement en politique, Félix Faure signe avec des opposants à Napoléon III, en 1865, le programme de Nancy en faveur de la décentralisation.

Républicain modéré, de plus en plus enraciné au Havre, il fait pour la première fois acte de candidature aux élections municipales des 6 et , en pleine guerre franco-allemande. Benjamin, de la « liste démocratique » qui remporte tous les sièges au conseil municipal, Félix Faure est élu au 22e rang.

Le , à la suite de la bataille de Sedan, Léon Gambetta prononce la déchéance du Second Empire : la IIIe République est proclamée au balcon de l'hôtel de ville de Paris et un gouvernement provisoire est formé. Le lendemain, sur ordre du préfet, le conseil municipal du Havre est remanié et Félix Faure, ardent défenseur du nouveau régime, devient le 3e premier adjoint, à l'âge de 29 ans. Chargé de la défense de la ville, proie facile pour les Prussiens, il négocie notamment l'achat d'armes et munitions, réquisitionne plusieurs milliers de Havrais, supervise l'installation d'une ligne de défense…

À la Chambre des députés

Félix Faure fut élu député de la Seine-Inférieure de 1881 à 1885, de 1885 à 1889, de 1889 à 1893 et enfin de 1893 à 1895.

Au gouvernement

Il est sous-secrétaire d'État aux Colonies dans plusieurs cabinets successifs, puis sous-secrétaire d'État à la Marine et enfin ministre de la Marine.

La présidence de la République

À la suite de la démission de Casimir-Perier, il est élu président de la IIIe République par 430 voix sur 801 votants contre Henri Brisson 361 voix le .

Le Président Faure contribue au rapprochement franco-russe, recevant le tsar Nicolas II dans le cadre de l'Alliance franco-russe et faisant une visite officielle en Russie, en 1897. Il participe à l'expansion coloniale, notamment avec la conquête de Madagascar. Mais les relations avec le Royaume-Uni seront tendues avec la crise de Fachoda.

Le mandat présidentiel de Félix Faure est marqué par l'affaire Dreyfus. Félix Faure demeure, par « légalisme commode », hostile à une révision du procès bien que son journal[4] montre que progressivement il est convaincu de l'innocence du capitaine. La presse grinçante le surnomme « Président Soleil » à cause de son goût du faste[5].

Détail des mandats et fonctions

Décorations

Décès

La mort de Félix Faure, au palais de l'Élysée (illustration parue dans Le Petit Journal en 1899).

Circonstances

Félix Faure, dont on a dit qu'il était plus célèbre par sa mort que par sa vie, mourut au palais de l'Élysée le , à l'âge de 58 ans. Des quatre présidents morts en fonction, il est le seul à être décédé dans le palais présidentiel[6].

En 1897, il avait rencontré à Chamonix, Marguerite Steinheil dite « Meg », épouse volage du peintre Adolphe Steinheil, auquel fut confiée la commande officielle d'une toile monumentale intitulée « La remise des décorations par le président de la République aux survivants de la redoute brûlée. ». De ce fait, Félix Faure se rendit souvent à la villa « Le vert logis », au no 6 de l'impasse Ronsin à Paris, où résidait le couple Steinheil. Marguerite devint rapidement sa maîtresse et le rejoignait régulièrement dans le « salon bleu » du palais de l'Élysée[7].

Le , Félix Faure téléphona à Marguerite et lui demanda de passer le voir pour 17 heures après son conseil des ministres consacré à l'affaire Dreyfus. Bien qu'elle fût arrivée, les entretiens du président avec l’archevêque de Paris François-Marie-Benjamin Richard et Albert Ier de Monaco, venus intercéder en faveur du capitaine Dreyfus, se prolongèrent, aussi absorba-t-il probablement une trop forte dose de cantharide officinale, puissant aphrodisiaque mais aux effets secondaires importants (à moins qu'il ne s'agît de l'aphrodisiaque à base de quinine qu'il se faisait apporter par son huissier comme à son habitude[8], afin de se montrer à la hauteur avec sa maîtresse). Peu de temps après que le couple se fut installé dans le « salon bleu » de l'Élysée (ou le « Salon d'Argent » selon d'autres versions[7]), le chef du cabinet Le Gall, alerté par des cris, se précipita et découvrit le président sans autre vêtement qu'un gilet de flanelle, râlant, allongé sur un divan et la main crispée dans la chevelure de sa maîtresse[9], tandis que Marguerite Steinheil déshabillée réajustait ses vêtements en désordre. Félix Faure mourut vers 22 heures d'une congestion cérébrale comme on disait à l'époque[10].

Selon Pierre Darmon, historien de la médecine, il s’agirait d’une légende : Félix Faure présentait des signes de tachycardie. Une rencontre houleuse avec le prince de Monaco (dreyfusard demandant que l'Allemagne se portât caution pour l'innocent capitaine) aurait aggravé l'état du président. Celui-ci aurait ensuite passé quelques minutes avec sa maîtresse avant de défaillir et de rejoindre son bureau. C'est entouré de sa famille et de son médecin qu'il serait mort. Mais la presse aurait surenchéri[11].

Cause du décès

La nouvelle que le président était mort dans les bras de sa maîtresse se répandit rapidement. Si certains journaux affirmèrent, tel le Journal du Peuple du 18 février, qu'il était mort d'avoir « trop sacrifié à Vénus », c'est-à-dire d'avoir abusé de ses forces durant une relation sexuelle, d'autres, tel La Presse du 22 février, se demandèrent s'il « …n'avait pas été victime des dangers inhérents à sa haute fonction, si pour être plus catégorique, il est bien mort de mort naturelle. »[12]. Ce journal évoquait l'hostilité à son égard provoquée par son attitude dans l'Affaire Dreyfus, thèse qui fut reprise par Édouard Drumont dans son journal La Libre Parole, où il affirmait qu'un cachet empoisonné avait été placé par des « Dreyfusards » parmi ceux que prenait le président.

Plaisanteries, rumeurs et quolibets

Les circonstances croustillantes du décès prirent rapidement le pas sur la tragédie d'une mort subite. La légende rapporta que l'abbé Herzog, curé de la Madeleine, fut mandé par Mme Félix Faure pour lui administrer les derniers sacrements[7] mais, sans attendre son arrivée, il fut remplacé par un prêtre de passage devant l'Élysée qui, en demandant à son arrivée : « Le président a-t-il toujours sa connaissance ? » se serait entendu répondre : « Non, elle est sortie par l'escalier de service ! ». Mme Félix Faure habitant l'Élysée et pour éviter le scandale, la maîtresse dut en effet s'éclipser tellement vite qu'elle en oublia son corset - que le chef de cabinet Le Gall gardera en souvenir[13],[14].

Gisant de Félix Faure au Père-Lachaise.

La rumeur populaire colporta que c'était une fellation prodiguée par sa maîtresse qui avait provoqué un orgasme fatal[15],[16], ce qui valut à Marguerite Steinheil le surnom de « la pompe funèbre »[17]. Les chansonniers de l'époque affirmèrent[18] : « Il voulait être César, il ne fut que Pompée »[19] allusion au goût du président pour le faste et à la fellation qui provoqua prétendument sa mort. Cette phrase a été attribuée également à Georges Clemenceau, qui ne l'aimait guère[20],[21]. Ce dernier aurait également déclaré à cette occasion : « En entrant dans le néant, il a dû se sentir chez lui. » et « Ça ne fait pas un Français en moins, mais une place à prendre. ».

Obsèques mouvementées

Le président eut droit à des obsèques nationales, célébrées le 23 février 1899. Elles furent marquées par une tentative de coup d'État de la Ligue des patriotes fomenté par Paul Déroulède, qui essaiera en vain de faire prendre d'assaut le palais présidentiel[22]. Félix Faure est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris, 4e division. Son gisant en bronze, réalisé par le sculpteur René de Saint-Marceaux, le représente couché sous les plis des drapeaux français et russe, pour rappeler son rôle dans l'Alliance franco-russe[23].

Iconographie

Une médaille à l'effigie de Félix Faure a été réalisée par le graveur polonais Wincenty Trojanowski en 1898. Un exemplaire en est conservé au musée Carnavalet (ND 0249).

Filmographie

En avril 1897, il est le premier président de la République française à être filmé en voyage officiel. Charles Moisson, des studios Lumière, suit Félix Faure lors de son déplacement de La Roche-sur-Yon à Niort[24].

En 2009, Félix Faure et Marguerite Steinheil sont au cœur du téléfilm La Maîtresse du président, de Jean-Pierre Sinapi, avec Didier Bezace dans le rôle du président Faure et Cristiana Reali dans le rôle de Marguerite Steinheil.

Hommage

Un lycée porte son nom à Beauvais (Picardie)[25].

De nombreuses rues ou avenues portent son nom, par exemple à Paris, Lyon, Nanterre, Nice, Menton ou Rambouillet, mais aussi ailleurs qu'en France, dans des pays francophones, notamment au Sénégal[réf. souhaitée].

Généalogie

Sources

Les papiers personnels de Félix Faure sont conservés aux Archives nationales sous la cote 460AP[27].

Notes et références

  1. Le patronyme Faure désigne celui qui était forgeron, de faure, favre, fabre, du latin faber : « forgeron ». C'est l'un des patronymes les plus courants en Europe, sous ses diverses formes (Faivre, Lefèvre, Faure, Favreau, etc.). C'est dans le Rouergue que le nom est le plus répandu, mais on le trouve dans tout le Languedoc et en Catalogne (Sources : Généanet.org/onomastique).
  2. a et b Michel Sementéry, Les Présidents de la République française et leur famille, éditions Christian.
  3. Tables décennales des mariages à Amboise 1863-1871
  4. Félix Faure, « Journal à l'Élysée (1895-1899) », Éditions des Équateurs, 2009, 407 p. ISBN 2-84990-073-7
  5. Jacques de Saint Victor, « Les vérités du « président Soleil » », sur lefigaro.fr,
  6. Sadi Carnot et Paul Doumer ont été assassinés (en 1894 à Lyon pour le premier, et en 1932 à l'hôpital Beaujon, alors situé rue du Faubourg-Saint-Honoré à Paris, pour le second), tandis que Georges Pompidou est décédé dans son appartement de l'île Saint-Louis à Paris.
  7. a b et c Christophe Deloire, Christophe Dubois, Sexus Politicus, Albin Michel, (ISBN 2226172556), p. 56
  8. Dilitri Casali, « Sexe, pouvoir et dépendance », sur lefigaro.fr,
  9. Il faudra même lui couper quelques mèches de cheveux.
  10. Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos, « 1899 : une fellation présidentielle à l'Élysée », sur Le Point,
  11. Pierre Darmon, « Les dernières heures de Félix Faure  , L'Histoire numéro 398, avril 2014.
  12. Christian Delporte, Michael Palmer, Denis Ruellan Presse à scandale, scandale de presse, p. 51
  13. Patrick Baudry, Claude Sorbets, André Vitalis, La Vie privée à l'heure des médias, Presses universitaires de Bordeaux, 2002, 197 pages, p. 24 (ISBN 2867812941).
  14. Émotion à l'Élysée. Le président de la République est mort dans les bras de sa maîtresse, sur Google Groupes/fr.soc. politique.
  15. 16 février 1899. Le président Félix Faure succombe à une fellation au palais de l'Élysée., éphéméride du Point, 16 février 2012
  16. Cette rumeur continue d'être couramment évoquée. On la retrouve par exemple dans un des dialogues dans le film Les Invasions barbares (2003), ou dans le roman Neiges artificielles, de Florian Zeller (Flammarion, 2002, p. 59).
  17. Philippe Valode, Histoire des campagnes présidentielles : de Louis-Napoléon Bonaparte à nos jours, HC Éditions, 2006, p. 46
  18. Le mot d'esprit est rapporté sous diverses formes
  19. Jean-Michel Renault, Censure et caricatures : les images interdites et de combat de l'histoire de la presse en France et dans le monde, Pat à Pan, 2006, 238 pages (ISBN 2952405034).
  20. Laurent Bourdelas, Le Paris de Nestor Burma : l'occupation et les « Trente glorieuses » de Léo Malet : essai, Éditions L'Harmattan, 2007, 189 pages, p. 164 (ISBN 2296024629).
  21. C'est le thème d'un dialogue dans le film Les Invasions barbares
  22. Cérémonies publiques, funérailles nationales et obsèques aux frais de l’État (1899-1943)
  23. Cimetière du Père-Lachaise
  24. Mystère d'archives. 1897. Le président Félix Faure en voyage. 22 septembre 2012, Arte.
  25. http://faure.lyc.ac-amiens.fr/historique-du-lycee-2/
  26. Généastar : Ascendants de Félix François FAURE
  27. Archives nationales.


Annexes

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Bibliographique

  • F. Martin-Ginouvier, Félix Faure devant l'Histoire, Imprimerie Schneider et Bouillet, 1895
  • Paul Bluysen, Félix Faure intime, Félix Juven éditeur 10 rue St Joseph à Paris, 1898
  • Louis Brindeau, Les Évènements de 1870-1871 au Havre, Société du Journal du Havre, 1909
  • Jean Legoy, Le Peuple du Havre et son histoire, EDIP, 1984
  • Thierry Billard, Félix Faure, Éditions Julliard, 1995
  • Félix Faure, Journal à l'Éysée (1895-1899), Éditions des Équateurs, 2009

Articles connexes

Lien externe