« Risques d'effondrements environnementaux et sociétaux » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Ydecreux (discuter | contributions)
m Forme
→‎2016 : Ajouts éléments sur extinction massive en cours
Ligne 82 : Ligne 82 :
* Renaud Duterme (agrégé belge en sciences du développement à l'[[université libre de Bruxelles]]) publie ''De quoi l'effondrement est-il le nom ?'', retenant le côté politique de la notion d'effondrement en pointant {{Citation|l'écrasante responsabilité des classes dirigeantes<ref>Renaud Duterme, ''De quoi l'effondrement est-il le nom ?'', Utopia éditions, 2016, page 133.</ref>}}. Cette possibilité est aussi clairement évoquée par l'économiste en chef de l'Agence française de développement, [[Gaël Giraud]]<ref>{{YouTube|his9Ep00ZAY|Effondrement financier, économique, écologique, démographique, énergétique...}}.</ref>.
* Renaud Duterme (agrégé belge en sciences du développement à l'[[université libre de Bruxelles]]) publie ''De quoi l'effondrement est-il le nom ?'', retenant le côté politique de la notion d'effondrement en pointant {{Citation|l'écrasante responsabilité des classes dirigeantes<ref>Renaud Duterme, ''De quoi l'effondrement est-il le nom ?'', Utopia éditions, 2016, page 133.</ref>}}. Cette possibilité est aussi clairement évoquée par l'économiste en chef de l'Agence française de développement, [[Gaël Giraud]]<ref>{{YouTube|his9Ep00ZAY|Effondrement financier, économique, écologique, démographique, énergétique...}}.</ref>.
* [[Paul Jorion]] (anthropologue, sociologue et économiste belge, docteur de l'[[université libre de Bruxelles]]) publie ''Le dernier qui s'en va éteint la lumière : Essai sur l'extinction de l'humanité '' (mars 2016), montrant que {{Citation|notre monde est sous l'impact de trois pertes de contrôle majeures}} : 1) environnementale, (en utilisant 1,6 planète pour notre activité économique avec les conséquences qui en découlent : [[réchauffement climatique]], [[Ressource non renouvelable|épuisement des ressources]]{{etc}}), 2) économique et 3) financier ; avec une trop grande complexité, et l'émergence de l'intelligence artificielle<ref>[http://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/extinction-de-l-humanite-une-181120 Voir sur ''agoravox.fr''.]</ref>. Il évoque la fin probable de l'humanité dans trois générations<ref>[https://www.franceinter.fr/emissions/le-7-9/le-7-9-25-mars-2016 Voir sur ''franceinter.fr''.]</ref>.
* [[Paul Jorion]] (anthropologue, sociologue et économiste belge, docteur de l'[[université libre de Bruxelles]]) publie ''Le dernier qui s'en va éteint la lumière : Essai sur l'extinction de l'humanité '' (mars 2016), montrant que {{Citation|notre monde est sous l'impact de trois pertes de contrôle majeures}} : 1) environnementale, (en utilisant 1,6 planète pour notre activité économique avec les conséquences qui en découlent : [[réchauffement climatique]], [[Ressource non renouvelable|épuisement des ressources]]{{etc}}), 2) économique et 3) financier ; avec une trop grande complexité, et l'émergence de l'intelligence artificielle<ref>[http://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/extinction-de-l-humanite-une-181120 Voir sur ''agoravox.fr''.]</ref>. Il évoque la fin probable de l'humanité dans trois générations<ref>[https://www.franceinter.fr/emissions/le-7-9/le-7-9-25-mars-2016 Voir sur ''franceinter.fr''.]</ref>.
*En octobre 2016, le [[Fonds mondial pour la nature]] (en anglais '''WWF''' : World Wide Fund) dans son rapport ''Planète vivante 2016'' indique entre 1970 et 2012 une « réduction de 58 % de l’abondance des populations de vertébrés » et un « déclin moyen annuel de 2 % ne montrant aucun signe de ralentissement de cette dynamique »<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Rapport Planète Vivante 2016 {{!}} Rapport Planète Vivante 2016|url=https://www.wwf.fr/rapport-planete-vivante-2016|site=WWF France|consulté le=2019-01-16}}</ref>


==== 2017 ====
==== 2017 ====


* {{Nombre|15364|scientifiques}} de 184 pays signent et publient un manifeste (le 13 novembre dans la revue [[BioScience]] et le journal [[Le Monde]]) : constatant que depuis l'appel « World Scientists' Warning to Humanity » lancé en 1992 par l'[[Union of Concerned Scientists]] et plus de {{Nombre|1700|scientifiques}} indépendants, dont la majorité des lauréats de [[prix Nobel]] de sciences alors en vie, {{Citation|non seulement l'humanité a échoué à accomplir des progrès suffisants pour résoudre ces défis environnementaux annoncés, mais il est très inquiétant de constater que la plupart d'entre eux se sont considérablement aggravés}}. Ils concluent : {{Citation|Pour éviter une misère généralisée et une perte catastrophique de biodiversité, l'humanité doit adopter une alternative plus durable écologiquement que la pratique qui est la sienne aujourd’hui. Bien que cette recommandation ait été déjà clairement formulée il y a vingt-cinq ans par les plus grands scientifiques du monde, nous n'avons, dans la plupart des domaines, pas entendu leur mise en garde. Il sera bientôt trop tard pour dévier de notre trajectoire vouée à l'échec, car le temps presse}}<ref>[https://www.lemonde.fr/planete/article/2017/11/13/le-cri-d-alarme-de-quinze-mille-scientifiques-sur-l-etat-de-la-planete_5214185_3244.html Le cri d'alarme de quinze mille scientifiques sur l'état de la planète], [[Le Monde]], 13 novembre 2017.</ref>.
* {{Nombre|15364|scientifiques}} de 184 pays signent et publient un manifeste (le 13 novembre dans la revue [[BioScience]] et le journal [[Le Monde]]) : constatant que depuis l'appel « World Scientists' Warning to Humanity » lancé en 1992 par l'[[Union of Concerned Scientists]] et plus de {{Nombre|1700|scientifiques}} indépendants, dont la majorité des lauréats de [[prix Nobel]] de sciences alors en vie, {{Citation|non seulement l'humanité a échoué à accomplir des progrès suffisants pour résoudre ces défis environnementaux annoncés, mais il est très inquiétant de constater que la plupart d'entre eux se sont considérablement aggravés}}. Ils concluent : {{Citation|Pour éviter une misère généralisée et une perte catastrophique de biodiversité, l'humanité doit adopter une alternative plus durable écologiquement que la pratique qui est la sienne aujourd’hui. Bien que cette recommandation ait été déjà clairement formulée il y a vingt-cinq ans par les plus grands scientifiques du monde, nous n'avons, dans la plupart des domaines, pas entendu leur mise en garde. Il sera bientôt trop tard pour dévier de notre trajectoire vouée à l'échec, car le temps presse}}<ref>[https://www.lemonde.fr/planete/article/2017/11/13/le-cri-d-alarme-de-quinze-mille-scientifiques-sur-l-etat-de-la-planete_5214185_3244.html Le cri d'alarme de quinze mille scientifiques sur l'état de la planète], [[Le Monde]], 13 novembre 2017.</ref>.
*Mai 2017 : Une étude a montré que 40 % des 177 [[Espèce (biologie)|espèces]] de [[Mammifère|mammifères]] étudiées a subi des pertes de population supérieures à 80 %.<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Rodolfo|nom1=Dirzo|prénom2=Paul R.|nom2=Ehrlich|prénom3=Gerardo|nom3=Ceballos|titre=Biological annihilation via the ongoing sixth mass extinction signaled by vertebrate population losses and declines|périodique=Proceedings of the National Academy of Sciences|volume=114|numéro=30|date=2017-07-25|issn=0027-8424|issn2=1091-6490|pmid=28696295|doi=10.1073/pnas.1704949114|lire en ligne=https://www.pnas.org/content/114/30/E6089|consulté le=2019-01-16|pages=E6089–E6096}}</ref>
* Octobre 2017 : en moins de 30 ans, les populations d’insectes ont chuté de 80 % en Europe selon une étude internationale par la revue ''PLoS One'', qui a analysé des données de captures d’insectes réalisées depuis 1989 en Allemagne dans plus de deux cents réserves naturelles, ce qui va avoir des impacts certains en termes de rendements agricoles (pollinisation) et de biodiversité (base de la chaîne trophique). Les néonicotinoïdes sont suspectées, à côté d'autres pratiques agricoles comme l'utilisation de produits toxiques pour les insectes et conduisant à la destruction de leurs habitats.
* Octobre 2017 : en moins de 30 ans, les populations d’insectes ont chuté de 80 % en Europe selon une étude internationale par la revue ''PLoS One'', qui a analysé des données de captures d’insectes réalisées depuis 1989 en Allemagne dans plus de deux cents réserves naturelles, ce qui va avoir des impacts certains en termes de rendements agricoles (pollinisation) et de biodiversité (base de la chaîne trophique). Les néonicotinoïdes sont suspectées, à côté d'autres pratiques agricoles comme l'utilisation de produits toxiques pour les insectes et conduisant à la destruction de leurs habitats.



Version du 16 janvier 2019 à 03:21

Les théories sur les risques d'effondrement de la civilisation industrielle sont des théories relatives aux risques de déclin imminent du monde industriel contemporain qui incluent l'extinction de nombreuses espèces vivantes, dont l'espèce humaine, et qui s'inscrivent dans un processus d'effondrement global envisageable. Ces conceptions décrivent un risque systémique de catastrophes planétaires provoqué directement par le mode de fonctionnement anthropique contemporain[1],[2]. Ces théories de l'effondrement s'appuient sur des indices mesurables et des études documentées[3],[4],[5].

Les avertissements apocalyptiques (ou de fin du monde) s'inscrivent dans une tradition ancienne[6], mais l'originalité des théories actuelles est qu'elles s'appuient sur des faits scientifiques dont la réalité est reconnue par des rapports et expertises scientifiques et institutionnels, tels que ceux du Club de Rome, du GIEC[7],[8], d'autorités militaires internationales[9],[10], de la Banque mondiale[11] et du Forum de Davos[12]. Par ailleurs, les risques mis en avant ont désormais pour origine l'activité humaine et à la différence des effondrements de civilisations du passé (qui ont été régionaux, îliens, ou n'ont concerné qu'une partie d'un continent), l'effondrement en question pourrait conjointement concerner tous les pays et tous les continents à la fois.

Définitions et causes d'un risque d'effondrement de la civilisation industrielle

Il y a plusieurs définitions de l'effondrement.

Les archéologues voient l'effondrement comme une réduction rapide de la population mondiale et/ou de la complexité politique/économique/sociale/institutionnelle, sur une zone significativement étendue et pour une durée importante. L'anthropologue américain Joseph Tainter, dans son ouvrage L’Effondrement des sociétés complexes (The Collapse of Complex Societies), complète cette définition principalement par trois points :

  1. Plus une société est complexe, plus elle requiert de l'énergie (obtenue autrefois à partir de la biomasse) ;
  2. Après avoir épuisé l'énergie bon marché et la dette abordable, elle perd sa capacité à résoudre ses problèmes (économiques et autres) ;
  3. L'effondrement est la simplification rapide d'une société[13],[14].

Une autre définition, plus sociale, relative à la conjoncture actuelle, est celle du mathématicien et homme politique Yves Cochet :

« [une situation dans laquelle] les besoins de base (eau, alimentation, logement, habillement, énergie, mobilité, sécurité) ne sont plus fournis à une majorité de la population par des services encadrés par la loi[15]. »

Selon Dennis Meadows, professeur émérite américain de l'université du New Hampshire en gestion des systèmes, l'effondrement est « un processus qui implique ce que l'on appelle une « boucle de rétroaction positive », c'est-à-dire un phénomène qui renforce ce qui le provoque ». Par exemple : si la population perd sa confiance en la monnaie, elle retire ses fonds des banques, ce qui les fragilise, inquiète les clients qui retirent encore plus leur argent des banques, et ainsi de suite. « Ce genre de processus mène à l'effondrement[16]. ».

Pour les collapsologues et autres défenseurs de ces théories, les facteurs qui contribuent à l'effondrement de la civilisation industrielle ont la particularité d'être interdépendants et globaux, d'où un risque de perturbations systémiques mondialisées et en cascade. Ces facteurs sont étudiés dans les champs environnementaux, économiques, sociaux et culturels, en se basant sur :

  1. La disponibilité des ressources : par exemple, l'épuisement des ressources énergétiques[17] ou minérales, comme le pic pétrolier, le pic de production de phosphate[18] ou d'autres surexploitations de matières premières critiques.
  2. Le risque d'une transformation radicale de l'écosystème mondial dans l'Anthropocène. Ainsi, Anthony D. Barnosky, spécialiste américain de biologie évolutive de l'université de Berkeley[19] analyse, dans la revue Nature, la possibilité du changement brusque et irréversible de l'écosystème mondial[3]. Johan Rockström, professeur suédois en gestion des ressources naturelles au Centre de Résilience de Stockholm (en) établit en préambule de son article sur les limites planétaires que « les pressions anthropiques sur le système terrestre ont atteint une échelle où le changement environnemental mondial brusque ne peut plus être exclu[5]. » Will Steffen, chimiste américain de l'université nationale australienne, conclut, dans la revue Sciences, que « La transgression des limites planétaires crée […] le risque substantiel de déstabiliser l'état Holocène du système Terre. »[4] ; la destruction des écosystèmes et de la biodiversité ayant elle-même plusieurs origines : besoin d'espace pour l'industrie agroalimentaire de masse, l'élevage intensif, les mines et l'industrie qui induisent des déforestation massive, surpêche et pollution marine, déclin des pollinisateurs, fragmentation et dégradation des habitats naturelsetc. Ceci conduit – en un temps très rapide mais difficile à évaluer (entre 5 et 75 ans) – à un effondrement global dont la forme exacte reste à déterminer.
  3. La dynamique propre du système : elle inclut l'effondrement financier par effondrement du système économique dominant, à échelle planétaire, à cause d'un dépassement des limites d'équilibre du système[20], par exemple via un enchainement de phénomènes de crise de confiance, récession, inflation, déflation,dépression économique, stagflation, effondrement boursieretc. Selon Thomas Jeitschko et Curtis Taylor, dans un système où l'information circule vite, des cascades de comportements individuels peuvent aussi avoir une importance[21].
  4. La croissance démographique exponentielle entraînant la surpopulation redoutée par Thomas Malthus, qui prônait la restriction démographique[22].

Tous ces paramètres convergent et sont autant de causes d'un possible effondrement[23]. Ces facteurs ne provoquent pas les mêmes effets : la fin du pétrole affectera d'abord le monde industriel et les transports alors que le changement climatique affecte potentiellement toutes les espèces vivantes. C'est l'interconnexion de tous ces facteurs qui rend possible un effondrement systémique global.

Historique

Origines de la notion d'effondrement

L'effondrement a mis fin à de nombreuses sociétés et civilisations. Et dès le XIXe siècle des scientifiques ont douté de la pérennité de la civilisation industrielle (Jean-Baptiste de Lamarck par exemple[24]).

Cependant les premières études rigoureuses et vérifiables n'apparaissent qu'après les années 1970. La notion d'effondrement a été appliquée à la civilisation industrielle par le Club de Rome[25] (— composé entre autres de scientifiques, d'économistes, ainsi que d'industriels de 52 nations —), qui a commandé au professeur Dennis Meadows du MIT une étude sur l'état des ressources naturelles dans le monde[26]. Le « rapport Meadows » publié par le Club de Rome en 1972 sous le titre : The Limits To Growth, traduit en français par Les Limites à la croissance[27] est basé sur la « méthode de la dynamique des systèmes » et sur des modèles de simulation informatiques[28]. Le modèle World3 montrait que, sans inversion de tendance, un effondrement aurait lieu durant la première moitié du XXIe siècle. Les révisions du rapport, en 1993 et en 2004, confirment ce pronostic[29]. En 2012, le chercheur australien Graham Turner du CSIRO, en compilant 40 ans de données de l'ONU, a montré que le modèle s'était avéré précis et robuste, confirmant ainsi l'imminence d'un effondrement, ainsi que l'apparition des premiers signes[30].

En mars 2014, une étude parrainée par le Goddard Space Flight Center (NASA) a montré que les fortes inégalités économiques et une forte prédation des ressources naturelles étaient deux causes-clés de l'effondrement d'une civilisation[31],[32].

1970-2000

Dès 1973, l'agronome français René Dumont développe les conséquences du rapport Club de Rome[33]. Dans son ouvrage L'Utopie ou la mort !, évoquant selon ses propres termes une « fin de la civilisation » pour le début du XXIe siècle. Afin d'y échapper il propose comme pistes : le contrôle démographique ; les économies d'énergie ; la coopération internationale avec les pays en voie de développement ; la protection et la remédiation des sols. Il défend ses idées et les fait découvrir aux Français en se présentant à l'élection présidentielle française de 1974[34] ; il est le premier candidat écologiste à se présenter à cette élection.

En 1979 le philosophe allemand Hans Jonas, dans son œuvre majeure Le Principe responsabilité, met en garde contre les dérives technologiques et leurs conséquences fatales probables sur la nature et l'humanité, développant le principe d'obligation qui nous incombe de protéger les générations futures[35],[36].

En 1986, Ulrich Beck (sociologue allemand) publie un essai qui a fait date[37], La société du risque. Il y critique « les acteurs qui sont censés garantir la sécurité et la rationalité – l'État, la science et l'industrie – » dans la mesure où « ils exhortent la population à monter à bord d'un avion pour lequel aucune piste d'atterrissage n'a été construite à ce jour. »[38].

2001-2010

En 2003 Hubert Reeves (astrophysicien franco-canadien) publie Mal de terre[39], sur les multiples menaces pesant sur la planète et ses habitants. « Son diagnostic est alarmant : si la vie sur Terre est robuste, c'est l'avenir de l'espèce humaine qui est en cause. Le sort de l'aventure humaine, entamée il y a des millions d'années, va-t-il se jouer en l'espace de quelques décennies[40] ? »

En 2005 le biologiste évolutionniste américain Jared Diamond popularise le mot « effondrement » par son essai Effondrement : Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie[41]. Il insiste sur le fait que les déclins de civilisations naissent de la rencontre de plusieurs paramètres dont les plus importants, selon lui, sont « des dommages environnementaux, un changement climatique, des voisins hostiles, des rapports de dépendance avec des partenaires commerciaux, et les réponses apportées par une société »[42], auxquels s'ajoutent la surpopulation et l'épuisement des ressources naturelles.

Dès 2005, Yves Cochet (ancien ministre français de l'environnement, président de l'Institut Momentum) est l'un des fers de lance en France de cette nouvelle vague d'alertes sur le risque d'effondrement[43],[44], en particulier dans son livre Pétrole apocalypse (2005). Il reste aujourd'hui particulièrement vigilant et alarmiste comme le souligne sa tribune dans le journal Libération d'août 2017[45]. Il estime dans un ouvrage publié en 2017 que l'effondrement aura lieu avant 2030[46].

En 2007 James Lovelock, scientifique britannique et auteur de l'hypothèse Gaïa, déclarait devant la Royal Society que le changement climatique est plus rapide que prévu, et que ses conséquences pourraient être tragiques pour la survie de la civilisation au XXIe siècle du fait du probable chaos qu'il va causer en termes de famines, sécheresses et migrations de masse :

« Nous sommes dans l'étrange situation de vivre sur une planète où le climat et l'évolution de la composition (de l'atmosphère) est maintenant si rapide qu'il s'avère trop rapide pour que nous puissions réagir[47]. »

Il a par la suite (en 2012) reconnu avoir été trop alarmiste lorsqu'il prévoyait la mort de milliards d'humains[48]. En 2015, bien que plus prudent sur la date de la catastrophe climatique, il reste convaincu que les conséquences du réchauffement climatique finiront par nous rattraper, car pense-t-il les humains sont incapables d'inverser la tendance : l'essentiel n'est pas même la survie de l'humanité, mais la continuation de la vie elle-même ; si la population et sa consommation dépassent les capacités de la planète, la Terre trouvera, par elle-même, un moyen de se débarrasser, d'une façon ou d'une autre, de l'excédent et de poursuivre sa perpétuation :

« Je considère avec beaucoup de sérénité un genre d'évènement, pas trop rapide, qui réduirait notre population à environ un milliard ; je pense que la Terre serait plus heureuse[49]. »

Jean-Marc Jancovici, ingénieur polytechnicien français et ancien collaborateur de l'ADEME concernant notamment la mise au point du bilan carbone ; participant en 2007 au Grenelle de l'environnement) alerte régulièrement, depuis 2001[50], sur les menaces directes pour l'humanité que pose la conjonction de l'effondrement des ressources énergétiques et des effets du réchauffement accéléré du climat[51],[52].

Cette crise est présentée comme un scénario de plus en plus crédible à moyen terme, voire à relativement court terme, par de nombreux lanceurs d'alerte dont John Beddington, scientifique britannique, spécialiste de la gestion durable des ressources naturelles et conseiller scientifique en chef du gouvernement du Royaume-Uni. En mars 2009[53] il estimait prospectivement que le monde – sans profonds et rapides changements de comportements individuels et collectifs – va vers un effondrement écologique et économique global qu'il compare à un ouragan parfait (économique, social et environnemental), qui se concrétisera selon lui vers 2030. Ce scénario associe conjointement une crise alimentaire, sanitaire et sociale, une crise énergétique et une crise écologique majeure caractérisées par un effondrement brutal des écosystèmes, à l'échelle de la biosphère, (c'est-à-dire de la planète tout entière), et dépassant ses capacités de résilience écologique (à court, moyen ou long terme). Dans ce scénario, dans le pire des cas, la capacité de la biosphère à s'auto-entretenir est détruite pour un temps plus ou moins long, voire définitivement[54].

Selon Jonathon Porritt(conseiller du gouvernement britannique et du monde économique) la prospective de John Beddington est encore trop optimiste. Il partage son analyse des causes, mais juge que la situation est plus grave encore et que la date du collapsus planétaire redouté des écologues est plus proche de 2020 que de 2030.

En 2008, Theodore Kaczynski parvient à faire publier, depuis sa prison, l'essai L'Effondrement du système technologique, dans lequel il développe l'idée que l'effondrement de la civilisation industrielle est nécessaire pour éviter un désastre écologique.

En 2008, Denis Dupré et Michel Griffon, publient La planète, ses crises et nous, montrant les liens entre crises financières, climatiques, alimentaires et de l'énergie. Ils détaillent les changements possibles pour assurer un monde durable pour 2050. Dix ans plus tard (en 2018) Denis Dupré estime qu'il est maintenant trop tard pour éviter l'effondrement : selon lui, « la planète Titanic va couler et les riches sont en train de se ruer sur les canots de sauvetage »[55].

Clive Hamilton (philosophe australien) publie en 2010 Requiem for a Species[56], ouvrage qui prend acte des menaces qui pèsent sur nos civilisations[57]. Selon lui,

« Le monde est en train de basculer dans un avenir hostile. Notre obstination à tirer profit de la planète au-delà des limites supportables par son écosystème a déclenché des effets indirects si dramatiques que la crise climatique menace désormais notre existence[58]. »

Depuis 2011

2012

Pour Dennis Meadows le développement durable n'est plus possible ; le scénario de croissance rapide avec dépassement des limites naturelles et en cours, il sera suivi d'une baisse rapide de l'activité à une date encore indéterminé[59],[60].

2013

  • les biologistes américains Paul R. Ehrlich et Anne Ehrlich, de l'université Stanford, dans un article (comptes-rendus de la Royal Society) montrent qu'un effondrement de notre civilisation est difficilement évitable[61].
  • un livre Du risque à la menace est co-écrit par un groupe des « meilleurs spécialistes de la question des risques dans les domaines de l'histoire, de l'économie, de la sociologie, du droit, de l'environnement et de la médecine, [qui] montre comment les sociétés technologiquement avancées progressent, inexorablement semble-t-il, vers un horizon obscurci par la menace »[62],[63].
  • Dmitry Orlov publie The Five Stages of Collapse (Les cinq stades de l'effondrement), en y détaillant surtout les trois premiers (effondrements financier, commercial et politique) et abordant les deux suivants (social et culturel) dans les derniers chapitres[64].

2015

  • le livre Comment tout peut s'effondrer[65], de Pablo Servigne et Raphaël Stevens[66] synthétise les principaux paramètres pouvant conduire notre civilisation à l'effondrement[67]. Ils créent le néologisme « collapsologie »[68] qu'ils définissent comme « l'exercice transdisciplinaire d'étude de l'effondrement de notre civilisation industrielle […] ». Selon les auteurs, les principaux facteurs d'effondrement sont l'approche des limites physiques (manque de ressources et énergie), le dépassement de seuils de basculement irréversibles (des systèmes climatiques et écosystémiques), l'inertie de notre société (phénomène de verrouillage socio-technique) et la vulnérabilité des réseaux (financiers, d'approvisionnement, d'information, etc.).
  • Ugo Bardi (chimiste universitaire italien) écrit le nouveau rapport du Club de Rome : Le Grand Pillage – Comment nous épuisons les ressources de la planète[69], insistant sur la surexploitation des métaux et minerais (cuivre, zinc, or, uranium...) devenue telle que le risque de pénurie approche, par raréfaction, ou suite à un coût prohibitif de leur exploitation[70],[71].
  • En novembre, avant la Conférence de Paris de 2015 sur les changements climatiques (COP21), le Collège de France s'empare du sujet du climat, de l'énergie et de la société, via trois colloques pointant la gravité alarmante des enjeux[72],[73].
  • Dans le monde religieux le pape François s'émeut de l'avenir de la planète et de l'humanité. Il publie le 18 juin 2015 une encyclique (Laudato si’) dont le sous-titre est Sur la sauvegarde de la maison commune consacrée aux questions environnementales et à l'écologie humaine[74], ce qui est une première dans l'histoire de la papauté[75]. Le pape y « critique le consumérisme et le développement irresponsable tout en dénonçant la dégradation environnementale et le réchauffement climatique »[76]. Selon lui, « il ne suffit pas de concilier, en un juste milieu, la protection de la nature et le profit financier, ou la préservation de l'environnement et le progrès. Sur ces questions, les justes milieux retardent seulement un peu l'effondrement[77]. »
  • François Morin (professeur émérite de sciences économiques à l'université Toulouse-I-Capitole) publie L'Hydre mondiale : L'Oligopole bancaire, montrant que le total des bilans des 28 banques de l'oligopole (plus de 50 000 milliards de dollars) est supérieur en 2012 à la dette publique mondiale (près de 49 000 milliards de dollars)[78]. Ces 28 banques, dites « systémiques », ont une puissance telle que la défaillance d'une seule entraînerait tout le système monétaire et financier mondial dans un gouffre[79]. 14 banques constituent à elles seules un oligopole détenant des produits dérivés d'une valeur assurée de 710 000 milliards de dollars, (plus de dix fois le PIB mondial)[80].

2016

  • Renaud Duterme (agrégé belge en sciences du développement à l'université libre de Bruxelles) publie De quoi l'effondrement est-il le nom ?, retenant le côté politique de la notion d'effondrement en pointant « l'écrasante responsabilité des classes dirigeantes[81] ». Cette possibilité est aussi clairement évoquée par l'économiste en chef de l'Agence française de développement, Gaël Giraud[82].
  • Paul Jorion (anthropologue, sociologue et économiste belge, docteur de l'université libre de Bruxelles) publie Le dernier qui s'en va éteint la lumière : Essai sur l'extinction de l'humanité (mars 2016), montrant que « notre monde est sous l'impact de trois pertes de contrôle majeures » : 1) environnementale, (en utilisant 1,6 planète pour notre activité économique avec les conséquences qui en découlent : réchauffement climatique, épuisement des ressourcesetc.), 2) économique et 3) financier ; avec une trop grande complexité, et l'émergence de l'intelligence artificielle[83]. Il évoque la fin probable de l'humanité dans trois générations[84].
  • En octobre 2016, le Fonds mondial pour la nature (en anglais WWF : World Wide Fund) dans son rapport Planète vivante 2016 indique entre 1970 et 2012 une « réduction de 58 % de l’abondance des populations de vertébrés » et un « déclin moyen annuel de 2 % ne montrant aucun signe de ralentissement de cette dynamique »[85]

2017

  • 15 364 scientifiques de 184 pays signent et publient un manifeste (le 13 novembre dans la revue BioScience et le journal Le Monde) : constatant que depuis l'appel « World Scientists' Warning to Humanity » lancé en 1992 par l'Union of Concerned Scientists et plus de 1 700 scientifiques indépendants, dont la majorité des lauréats de prix Nobel de sciences alors en vie, « non seulement l'humanité a échoué à accomplir des progrès suffisants pour résoudre ces défis environnementaux annoncés, mais il est très inquiétant de constater que la plupart d'entre eux se sont considérablement aggravés ». Ils concluent : « Pour éviter une misère généralisée et une perte catastrophique de biodiversité, l'humanité doit adopter une alternative plus durable écologiquement que la pratique qui est la sienne aujourd’hui. Bien que cette recommandation ait été déjà clairement formulée il y a vingt-cinq ans par les plus grands scientifiques du monde, nous n'avons, dans la plupart des domaines, pas entendu leur mise en garde. Il sera bientôt trop tard pour dévier de notre trajectoire vouée à l'échec, car le temps presse »[86].
  • Mai 2017 : Une étude a montré que 40 % des 177 espèces de mammifères étudiées a subi des pertes de population supérieures à 80 %.[87]
  • Octobre 2017 : en moins de 30 ans, les populations d’insectes ont chuté de 80 % en Europe selon une étude internationale par la revue PLoS One, qui a analysé des données de captures d’insectes réalisées depuis 1989 en Allemagne dans plus de deux cents réserves naturelles, ce qui va avoir des impacts certains en termes de rendements agricoles (pollinisation) et de biodiversité (base de la chaîne trophique). Les néonicotinoïdes sont suspectées, à côté d'autres pratiques agricoles comme l'utilisation de produits toxiques pour les insectes et conduisant à la destruction de leurs habitats.

2018

  • Le Premier ministre français Édouard Philippe évoque à plusieurs reprises en 2017 et 2018 l'importance qu'il accorde au livre Effondrement de Jared Diamond. Le 2 juillet 2018 il déclare : « Si on ne prend pas les bonnes décisions, c'est une société entière qui s'effondre (...) qui disparait »[88].
  • Le secrétaire général des Nations unies António Guterres, dans un discours devant l'Assemblée générale des Nations unies, évoque un « risque existentiel direct » et précise « Si nous ne changeons pas de trajectoire d’ici 2020, nous risquons de rater le moment où nous pouvons encore éviter un changement climatique incontrôlable, avec des conséquences désastreuses pour les individus et tous les systèmes naturels qui nous soutiennent. »[89],[90].
  • En mars 2018, le Muséum national d'histoire naturelle et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) évoquent une « disparition massive » des populations d'oiseaux en Europe, « proche de la catastrophe écologique » de l'ordre d’un tiers en quinze ans.
  • Dans son rapport 2018, le World Wildlife Fund (WWF) estime que 60 % des populations de vertébrés (mammifères, oiseaux, poissons, reptiles, amphibiens ont disparu depuis 1970.
  • Un film sur l'effondrement est en cours de production en 2018 mais sortira en 2019 : Once You Know (Quand on sait), d'Emmanuel Cappellin[91].
  • Un documentaire est publié en décembre sur C8, qui révèle la proximité d'un effondrement auprès du grand public[92]. Cette vidéo de David Mutaner diffusée le 12 décembre 2018 a été suivie d'un débat animé par Carole Rousseau avec Yann Arthus-Bertrand, Corinne Lepage, Aurélien Barrau et Aline Aurias.

Réactions face au risque d'effondrement

La première réaction, normale et fréquente face à cette perspective est le déni (selon les tenants des théories de l'effondrement)[93],[94] auquel succéderait, pour ceux dépassant ce stade, la colère, le marchandage, la dépression puis l'acceptation et la recherche de solutions (la résilience) selon les « cinq phases du deuil » d'après Elisabeth Kübler-Ross[95].

En France, des personnes réfléchissent et échangent autour de ce sujet, notamment autour de l'« Institut Momentum », fondé par Agnès Sinaï et présidé par Yves Cochet[96], de l'association « Comité Adrastia »[97] et du groupe Facebook « Transition 2030 »[98], créé par Vincent Mignerot et Joëlle Leconte, deux des fondateurs d'Adrastia.

En Belgique francophone, le groupe de réflexion « Construire un déclin » propose depuis 2015 une docuthèque sur les notions de collapsologie, d'effondrement et de résilience[99].

Le mouvement Deep Green Resistance né aux États-Unis postule que l'effondrement de la civilisation industrielle est souhaitable et doit même être provoqué, pour laisser la possibilité à une société humaine plus respectueuse de l'environnement de (re)naître[100].

Dans le monde un nombre inconnu de personnes se préparent à l'éventualité d'un collapsus, dans un mouvement très diversifié dit survivalisme de solutions individuelles à collaboratives[101],[102]. Et en réponse au changement climatique qui n'est qu'un des volets de l'effondrement, la géo-ingénierie propose des solutions qui font polémique[103][à développer].

Les modèles politiques et économiques du développement durable et de la croissance verte[104] postulent que déployer des technologies et comportements plus sobres permettraient d'éviter l'effondrement de la civilisation et de stabiliser ou maintenir une croissance économique globale (ce qui implique un découplage entre consommation de ressources et production de richesses).

Certains pensent que la fusion nucléaire pourrait apporter d'ici quelques décennies une solution aux problèmes d'énergie[105],[106].

D'autres prônent une décroissance de la consommation[107] afin de garantir la durabilité de la société humaine[108], via une simplicité volontaire ou sobriété heureuse[109]. Ces trois comportements impliquent une consommation modérée, raisonnée et responsable, qui inclut une perte de confort, respectueuse de la planète et en accord avec nos propres besoins réels[110].

Le film documentaire Demain réalisé en 2015 par Cyril Dion et Mélanie Laurent[111] est basé sur la possibilité d'un effondrement imminent et montre des propositions alternatives[112] grâce notamment à la permaculture, l'agroécologie, la monnaie locale, la démocratie participative, le recyclage et la récupérationetc..

En 2013 une initiative citoyenne européenne (End Ecocide in Europe) vise à faire reconnaître le crime d'écocide en droit européen[113] pour freiner la destruction des écosystèmes et la mise en péril des conditions de vie des générations présentes et futures. L'initiative devient mondiale en 2014 (alors renommée End Ecocide on Earth)[114]. Elle plaide pour que la Cour pénale internationale reconnaisse l'écocide comme un crime contre la paix et la sécurité humaine[115],[116].

En 2014 Philippe Bihouix (ingénieur centralien), « face aux signaux alarmants de la crise globale », préconise les low-tech (contraire des high-tech), moins énergivores et moins polluantes qui permettraient, selon lui, de « conserver un niveau de confort tout en évitant les chocs des pénuries à venir »[117]. la pénurie de métaux stratégiques condamnera une civilisation technologique dépendante des métaux rares[118],[119],[120]. Selon lui les énergies fossiles polluantes et destructrices des écosystèmes seront, de toute façon, bientôt inexploitables. Il faut donc utiliser les énergies et ressources naturelles sans danger et durables, ne nécessitant pas ou peu de matériaux rares pour fonctionner : l'air, l'eau, le sol et le compost[121],[122],[123]...

En 2018, l'« Appel des coquelicots » organise chaque premier vendredi du mois des rassemblements contre l'usage de produits chimiques dans l'agriculture en France[124].

La même année, un mouvement citoyen « il est encore temps » organise des évènements dans toute la France : marches citoyennes, concerts et pétition en ligne et plainte déposée, baptisée l'« Affaire du siècle », contre l'État français, accusé de ne pas tenir ses engagements pour lutter contre le réchauffement climatique[125].

Au-delà de cet aspect de boucle de rétroaction[126], certains, comme les membres du « Comité Adrastia », considèrent que l'effondrement n'est plus évitable et qu'il ne reste désormais qu'à préparer et aménager le déclin, pour qu'il soit moins massif et moins douloureux[127]. Selon une étude publiée en 2017, un degré Celsius réduit les rendements agricoles des principales cultures alimentaires (blé, riz, maïs et soja) de 0 % (soja) à plus de 7 % (maïs) à l'échelle mondiale[128], dans un contexte où la population mondiale doit encore croitre significativement d'ici la fin du siècle.

Opposition aux théories prédisant un possible effondrement de la civilisation

Théories en faveur d'une croissance continue

Plusieurs auteurs s'opposent à l'idée que la civilisation industrielle pourrait s'effondrer, considèrent que la croissance peut se prolonger indéfiniment.

Au rapport Les Limites à la croissance (de 1972 par le Club de Rome) le président Ronald Reagan a répondu lors d'un discours à l'université de Caroline du Sud en 1983 : « Il n'y a pas de limite à la croissance, car il n'y a pas de limite à l'intelligence humaine, à son imagination et à ses prodiges »[129]. Au Sommet de la Terre en 1992, Georges Bush père déclare que « Le mode de vie des Américains n'est pas négociable ». Le « prix Nobel » d'économie Friedrich Hayek « représentant de l'école autrichienne d'économie à tendance libérale »[130] ; le docteur en économie et professeur au Balliol College, à Oxford, Wilfred Beckerman dans son ouvrage In Defence of Economic Growth ; et enfin l'économiste proche de l'école autrichienne d'économie, professeur d'université à Vienne puis Harvard, Gottfried Haberler dans son livre Economic Growth and Stability[130] ont tous trois contesté la méthode de calcul du rapport Meadows (dit rapport du club de Rome)[131]. Pour l'anglais David Deutsch (physicien) « il n'existe pas de barrière fondamentale, aucune loi de la nature ou décret surnaturel, empêchant le progrès. » à partir du moment où celui-ci ne s'oppose pas aux lois de la physique[132],[133].

Le transhumanisme[134] propose également, en s'appuyant sur la notion d'extropie[135], de penser un progrès perpétuel, par le développement illimité des sciences et des techniques[136], quitte à ce que seule une élite survive.

Risques liés au réchauffement climatique

Certains acteurs de la controverse sur le réchauffement climatique dont le représentant le plus célèbre en France est le géochimiste et politicien Claude Allègre[137], estiment enfin que, si l'humanité modifie bien le climat, cela pourrait ne pas avoir d'impact négatif sur les sociétés humaines, et pourrait même avoir certains aspects positifs pour leur développement[138],[139]. Selon le géologue américain Don Easterbrook, professeur à l'université Western Washington, le réchauffement est passager ; il prévoit un refroidissement « dû au passage de l'oscillation décennale du Pacifique (ODP) » pour bientôt et jusqu'en 2035, suivi d'une période de faible réchauffement pour arriver à +0,3 °C en 2100[140].

Le philosophe et ancien ministre de l'éducation Luc Ferry, pour sa part, ne conçoit pas de risque spécial à moyen terme lié au réchauffement climatique mais reste beaucoup plus pessimiste quant à l'épuisement des matières premières non renouvelables et prêche non pas pour une décroissance, mais pour une croissance non polluante[141].

Plus généralement, si les experts du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) expriment de graves préoccupations quant à l'intensité du réchauffement climatique et à ses effets, ils n'évoquent pas explicitement, sans l'exclure pour autant, un risque d'effondrement de la civilisation dans leurs rapports[142],[143].

Bibliographie

Par ordre chronologique de parution.

Bibliographie contradictoire

Par ordre chronologique de parution.

Notes et références

  1. Michel Rocard, Dominique Bourg et Floran Augagneur, « Le genre humain, menacé », sur Le Monde, (consulté le ).
  2. Jean-Claude Guillebaud, « Oui, tout peut s'effondrer », sur nouvelobs.com, (consulté le ).
  3. a et b (en) Approaching a state shift in Earth's biosphere, Nature, 7 juin 2012.
  4. a et b (en)Planetary boundaries: Guiding human development on a changing planet, Science, 13 février 2015.
  5. a et b (en)Planetary Boundaries: Exploring the Safe Operating Space for Humanity, Ecology and society, vol. 14, no 2, art. 32 (2009).
  6. « L'apocalypse qui vient », sur laviedesidees.fr (consulté le ).
  7. Voir sur developpementdurable.gouv.fr.
  8. « Impact, adaptation et vulnérabilité - Le 5e rapport du GIEC décrypté », sur leclimatchange.fr (consulté le ).
  9. « Rapport Hirsch - Oleowiki », sur oleocene.org (consulté le ).
  10. Matthieu Auzanneau, « “Peak Oil” : rapport cinglant de l'armée allemande révélé par Der Spiegel », sur Le Monde (consulté le ).
  11. Olivier Dumont, « Rapport de la Banque Mondiale sur le réchauffement climatique : un constat accablant », sur 23dd.fr, (consulté le ).
  12. « 10 menaces pour l'Humanité selon Davos », sur sciencesetavenir.fr (consulté le ).
  13. (en) Axel Kristinsson, Expansions : Competition and Conquest in Europe Since the Bronze Age, ReykjavíkurAkademían, , 371 p. (ISBN 9789979992219, lire en ligne), p. 43
  14. (en) John Urry (en), Societies beyond Oil : Oil Dregs and Social Futures, Zed Books Ltd., , 304 p. (lire en ligne)
  15. « Faire société face à l'effondrement - Institut Momentum », sur institutmomentum.org, (consulté le ).
  16. Stéphane Foucart et Hervé Kempf, « La croissance mondiale va s'arrêter », sur Le Monde, .
  17. [vidéo] Jancovici : À quand la rupture énergétique ? - Cité des Sciences - 21/11/2017 sur YouTube.
  18. Le pic de phosphate est prévu entre 2030 et 2040, Techniques de l'ingénieur, 6 août 2009.
  19. biographie - Anthony D. Barnosky
  20. Meadows D.H, Meadows D.L & RandersJ. (1991). Beyond the limits : confronting global collapse envisioning a sustainable future ; Post Mills, Vermont, Chelsea Green Publishing Company, 1992. XIX, 300 p
  21. Thomas Jeitschko et Curtis Taylor, Local Discouragement and Global Collapse: A Theory of Coordination Avalanches, The American Economic Review, (lire en ligne), p. 208-224.
  22. Thomas Robert Malthus, Essai sur le principe de population, (lire en ligne [PDF]).
  23. « Pourquoi la Nasa prévoit la disparition de notre civilisation », sur L'Obs, .
  24. Voir sur Wikiquote.
  25. (en) « The Limits to Growth », sur Club de Rome (consulté le ).
  26. « Publication du rapport Meadows », sur Perspective monde.
  27. Robert Barbault, « Halte à la croissance ?, Club de Rome », sur Encyclopædia Universalis (consulté le ).
  28. [vidéo] Le rapport Meadows (1972) sur YouTube.
  29. Jean-Paul Baquiast, « 1972-2012 : le Club de Rome confirme la date de la catastrophe », sur Mediapart, (consulté le ).
  30. (en) Graham Turner et Cathy Alexander, « Limits to Growth was right. New research shows we're nearing collapse », sur The Guardian, (consulté le ).
  31. (en)« A Minimal Model for Human and Nature Interaction ».
  32. « Notre civilisation touche à sa fin, assure la Nasa », sur Le Point, (consulté le ).
  33. « René Dumont : les quarante ans d'une Utopie », sur laviedesidees.fr (consulté le ).
  34. « René Dumont - Campagne électorale officielle : élection présidentielle 1er tour » [vidéo], sur ina.fr, (consulté le ).
  35. Hervé Kempf, « Rétrolecture 1991 : « Le Principe responsabilité » », (consulté le )
  36. Collectif Sarka-SPIP, « Hans Jonas : éthique de l'environnement et principe de responsabilité - Revue Critique d'Ecologie Politique », sur ecorev.org (consulté le )
  37. « Mort du sociologue Ulrich Beck, théoricien du «risque» », sur liberation.fr (consulté le )
  38. « Le danger nucléaire escamoté »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), 6 août 2008 (la tribune a aussi été publiée dans Le Monde, 7 août 2008). En anglais, All aboard the nuclear power superjet. Just don't ask about the landing strip, The Guardian, 17 juillet 2008
  39. Hubert Reeves et Frédéric Lenoir, Mal de terre, Paris, Les Éditions du Seuil, coll. « Science ouverte », , 272 p., 14 × 21 cm, broché (ISBN 2-02-053639-0).
  40. Présentation sur hubertreeves.info.
  41. Frédéric Joignot, « L'homme, cet animal suicidaire peint par Jared Diamond », sur Le Monde, (consulté le ).
  42. Jared Diamond, « Effondrement : Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie », Éditions Gallimard.
  43. [vidéo] Yves Cochet et l'effondrement sur YouTube, 25 mai 2015 (consulté le 13 août 2016).
  44. [vidéo] Yves Cochet et l'effondrement économique à venir sur YouTube, 27 mars 2013 (consulté le 13 août 2016).
  45. Voir sur liberation.fr.
  46. Yves Cochet, « Chapitre 1, Ce que l'effondrement révèle de la nature humaine », dans Agnès Sinaï, Mathilde Szuba, Gouverner la décroissance : Politiques de l'Anthropocène III (lire en ligne).
  47. (en)« Rapid global warming will create famine and drought, Lovelock warns », The Independent, 29 octobre 2007.
  48. (en) « 'Gaia' scientist James Lovelock: I was 'alarmist' about climate change », sur NBC News, (consulté le ).
  49. (en)« James Lovelock : 'Saving the planet is a foolish, romantic extravagance' », Newsweek, 31 mai 2015.
  50. « Energie et choix de société – Mai 2001 – Jean-Marc Jancovici », sur manicore.com (consulté le )
  51. « Manicore - Accueil », sur manicore.com (consulté le )
  52. Charles Jaigu, « Il n'y a de richesses que d'énergies », sur Le Figaro, (consulté le ).
  53. (en) Ian Sample, « World faces 'perfect storm' of problems by 2030, chief scientist to warn », sur The Guardian,  ; publié, la veille d'une grande conférence gouvernementale sur le développement durable « Il est temps de changer ».
  54. Voir sur populationinstitute.org.
  55. Denis Dupré, « La planète Titanic va couler et les riches sont en train de se ruer sur les canots de sauvetage », sur Le HuffPost, (consulté le ).
  56. Traduit en 2013 sous le titre Requiem pour l'espèce humaine.
  57. « Climat : le catastrophisme peut-il être efficace ? », sur France Culture, (consulté le ).
  58. Texte de 4e de couverture Requiem pour l'espèce humaine.
  59. « Perspectives on Limits to Growth: Challenges to Building a Sustainable Planet », sur Smithsonian Institution, (consulté le ).
  60. (en) [vidéo] 5. Dennis Meadows - Perspectives on the Limits of Growth: It is too late for sustainable development sur YouTube.
  61. Voir sur rspb.royalsocietypublishing.org.
  62. « Du risque à la menace », sur puf.com (consulté le ).
  63. « La France trop frileuse », sur lexpress.fr (consulté le ).
  64. (en) Charlie Smith, « The Five Stages of Collapse by Dmitry Orlov provides a beacon to those who fear the end is nigh », The Georgia Straight (en),‎ (lire en ligne)
  65. « Effondrement : le catastrophisme positif de Pablo Servigne par Le Yéti », sur politis.fr (consulté le ).
  66. « Ces pénuries en série qui nous menacent », sur Les Échos, (consulté le ).
  67. Marie-Sandrine Sgherri, « Collapsologie : désastre mode d'emploi », Le Point, (consulté le ).
  68. « Collapsologie [nom] : du latin, collapsus, « tombé d'un seul bloc » », Libération (consulté le ).
  69. Présentation sur lespetitsmatins.fr.
  70. Voir sur pm22100.net.
  71. Voir sur rfi.fr.
  72. Allocution du président de la République François Hollande lors du colloque « Climat, énergie et société » : le Collège de France et la COP 21.]
  73. « Ouverture », sur college-de-france.fr (consulté le ).
  74. « Laudato si’ (24 mai 2015) », sur vatican.va (consulté le ).
  75. « Les Papes et l'écologie », Éditions Artège (consulté le ).
  76. Jean-Marie Guénois, « Les dix citations clés de l'encyclique du Pape », Le Figaro, (consulté le ).
  77. Pape François, Lettre Encyclique « Laudato si’ » du Saint-Père François sur la sauvegarde de la maison commune, Vatican, , 192 p. (lire en ligne [PDF]), p. 148, paragraphe 194.
  78. Voir « L'hydre mondiale : L'oligopole bancaire », Lux, 2015 page 36 dans le tableau
  79. Voir sur agoravox.tv.
  80. Voir « L'hydre mondiale : L'oligopole bancaire », note 8, page 38.
  81. Renaud Duterme, De quoi l'effondrement est-il le nom ?, Utopia éditions, 2016, page 133.
  82. [vidéo] Effondrement financier, économique, écologique, démographique, énergétique... sur YouTube.
  83. Voir sur agoravox.fr.
  84. Voir sur franceinter.fr.
  85. « Rapport Planète Vivante 2016 | Rapport Planète Vivante 2016 », sur WWF France (consulté le )
  86. Le cri d'alarme de quinze mille scientifiques sur l'état de la planète, Le Monde, 13 novembre 2017.
  87. (en) Rodolfo Dirzo, Paul R. Ehrlich et Gerardo Ceballos, « Biological annihilation via the ongoing sixth mass extinction signaled by vertebrate population losses and declines », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 114, no 30,‎ , E6089–E6096 (ISSN 0027-8424 et 1091-6490, PMID 28696295, DOI 10.1073/pnas.1704949114, lire en ligne, consulté le )
  88. [vidéo] Édouard Philippe et Nicolas Hulot parlent d'effondrement 02 07 2018 sur YouTube.
  89. (en) « Secretary-General's remarks on Climate Change [as delivered] », sur www.un.org (consulté le ).
  90. « Climat : plus que deux ans pour agir selon le secrétaire général de l'ONU », Konbini News,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  91. Axel Leclercq, « « Quand on sait » : le film qui annonce et anticipe l'effondrement à venir », sur POSITIVR, (consulté le ).
  92. [vidéo] La planète est elle (vraiment) foutue ? sur YouTube.
  93. Voir sur institutmomentum.org.
  94. [vidéo] Et si tout s'effondrait ? Pablo Servigne & Vincent Wattelet sur YouTube, plus spécialement à 33 min 20 s.
  95. Voir sur ekr.france.free.fr.
  96. « Qui sommes nous ? », sur Institut Momentum (consulté le ).
  97. « Qui somme nous ? », sur Adrastia (consulté le ).
  98. « Groupe Transition 2030 », sur Facebook (consulté le ).
  99. Construire un déclin.
  100. Voir sur deepgreenresistance.fr.
  101. [vidéo] Piero San Giorgio - Reportage sur France2 sur YouTube.
  102. Voir sur agoravox.tv.
  103. Voir sur courrierinternational.com.
  104. voir sur oecd.org.
  105. « En France, une nouvelle étape franchie pour la recherche en fusion nucléaire », sur RTL Futur, .
  106. « L'énergie de la fusion nucléaire reproduite par des lasers », Science et Vie,
  107. Voir sur lemonde.fr.
  108. Voir sur ses.webclass.fr.
  109. Voir sur vivremieuxavecmoins.wordpress.com.
  110. Voir sur ge.ch/agenda21.
  111. César du meilleur film documentaire 2015.
  112. [vidéo] Demain (2015) film documentaire de Cyril Dion et Mélanie Laurent 1/2 sur Dailymotion, 24 juin 2016.
  113. Voir sur lemonde.fr.
  114. https://www.endecocide.org/fr/
  115. Voir sur franceculture.fr.
  116. Voir sur infogm.org.
  117. « L'Âge des low tech, Philippe Bihouix, Documents - Seuil », sur seuil.com (consulté le ).
  118. [vidéo] Face à la raréfaction des métaux : croissance verte ou low tech ? Réponses de Philippe Bihouix sur YouTube.
  119. « La high-tech nous envoie dans le mur », Libération (consulté le )
  120. « Low-tech : « Il va falloir apprendre à s'appauvrir » - Rue89 - L'Obs », sur nouvelobs.com (consulté le )
  121. https://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/de-l-energie-verte-avec-du-compost-173231
  122. http://www.irstea.fr/toutes-les-actualites/departement-ecotechnologies/innovation-brevet-compostage-recuperation-chaleur-energie
  123. http://www.lefigaro.fr/matieres-premieres/2011/05/13/04012-20110513ARTFIG00658-l-humanite-epuise-les-ressources-naturelles.php
  124. « Appel des coquelicots : 375 rassemblements vendredi contre les pesticides », Ouest-France, .
  125. Anne-Charlotte Dusseaulx, « « Il est encore temps » : qui est à l'origine de l'appel à manifester aujourd'hui pour le climat ? », Le Journal du dimanche, .
  126. http://www.matierevolution.fr/spip.php?article570
  127. http://adrastia.org/qui-sommes-nous/deontologie/ Adrastia
  128. « Le changement climatique réduira les rendements agricoles selon une étude », sur RTS, .
  129. https://www.reaganlibrary.archives.gov/archives/speeches/1983/92083c.htm
  130. a et b http://9k.9941.yi.org/wiki/Halte_%C3%A0_la_croissance_%3F
  131. [vidéo] Le rapport Meadows (1972) sur YouTube.
  132. http://www.internetactu.net/2016/01/07/contre-leffondrement-17-de-la-place-pour-loptimisme/
  133. [vidéo] RSA Replay: Optimism, Knowledge and the Future of Enlightenment sur YouTube.
  134. https://www.huffingtonpost.fr/jeanmichel-besnier/place-du-transhumanisme-societe_b_9009444.html
  135. https://www.humanite.fr/tribunes/l-extropie-559955
  136. https://iatranshumanisme.com/a-propos/transhumanistes-extropiens/
  137. https://tem.revues.org/2486
  138. http://rmc.bfmtv.com/emission/philippe-verdier-dans-les-gg-il-y-a-des-effets-positifs-au-rechauffement-climatique-919503.html
  139. https://echogeo.revues.org/11816
  140. Don Easterbrook, « The Cause of Global Warming and Predictions for the Coming Century », en ligne sur le site de la Société américaine de géologie.
  141. [vidéo] Synthèse du débat avec M. Luc Ferry sur le changement climatique sur YouTube.
  142. « Changements climatiques 2014, rapport de synthèse », (consulté le ).
  143. Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, « Communiqué de presse du GIEC », .

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes