Jacques Blamont

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Jacques Émile Blamont, né le à Paris et mort le à Châtillon, est un astrophysicien français, professeur à l'université Paris-VI.

Dès les années 1960, il est un des principaux acteurs du programme spatial français, en liaison notamment avec la NASA, le JPL, les centres spatiaux de l'Union soviétique et l'organisation indienne pour la recherche spatiale. Il a été en 1962 le premier directeur scientifique et technique de l'agence spatiale française, le CNES. Il a joué un rôle majeur dans le développement des premiers satellites français, la création de la base de lancement de Kourou en Guyane française et le développement de certaines sondes spatiales lancées pour explorer le système solaire.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Jacques Blamont est le fils de l'avocat Émile Katz (1905-1983) (connu sous le nom d'Émile Armand Katz Blamont dans la Résistance)[1], qui a été secrétaire général de l’Assemblée consultative d’Alger puis secrétaire général de la Présidence de l’Assemblée nationale pendant la durée de la IVe République et les premières années de la Ve (1945-71)[2].

Il est le frère de François Blamont[1].

Il a partagé l'intérêt de son épouse Claudie (1933-2020), présidente de 1998 à 2005 du Cercle de généalogie juive[3] en écrivant quelques articles sur ce sujet et un ouvrage[4]. Ses recherches montrent que son ancêtre, le rabbin marrane Roque de Leon, avait quitté la Péninsule Ibérique et son Inquisition pour se réfugier à Toulouse au XVIIe siècle mais la jalousie et la haine du crypto-judaïsme entraînent des persécutions contre sa communauté qui, poussée à fuir ces violences, abandonne tous ses biens. Ainsi, Roque de Leon condamné au bûcher pour crypto-judaïsme en 1667 rejoint de la famille à Amsterdam où il se rejudaïse avec ses enfants, fonde une maison de commerce pour finir ses jours en 1715[4],[5].

Études[modifier | modifier le code]

Jacques Blamont est élève de l'École normale supérieure où il entre en 1948. Il y prépare sa thèse sous la direction d'Alfred Kastler[6].

Il obtient l'agrégation de sciences physiques en 1952[7] puis son doctorat en 1956.

Carrière[modifier | modifier le code]

Jacques Blamont commence sa carrière au CNRS comme attaché de recherche de 1952 à 1956[8], puis chargé de recherche de 1956 à 1957.

En 1958, il est nommé sous-directeur du Service d'aéronomie, puis directeur en 1962 (poste qu'il occupe jusqu'en 1985)[8].

De 1962 à 1972, il est directeur scientifique et technique du Centre national d'études spatiales[9],[10]. Il est haut conseiller scientifique du CNES de 1972 à 1982[9] puis conseiller du directeur au CNES à partie de 1982[11].

En 1980, il obtient le statut de Distinguished Visiting Scientist à la NASA. Dès lors, il intervient régulièrement sur plusieurs projets spatiaux, en apportant son expertise[12]. De 1996 à 2007, il est chef d'équipe du système de communication, pour le Jet Propulsion Laboratory pour la sonde spatiale Mars Global Surveyor[13].

Enseignement[modifier | modifier le code]

De 1957 à 1961, Jacques Blamont est professeur sans chaire à la Faculté des sciences de Paris[9], puis il est professeur titulaire à la Faculté des sciences de Paris de 1962 à 1996.

En 1977, il est le premier Vikram Sarabhai Professor de l'université d'Ahmedabad (Inde) et en 1985, il est professeur au California Institute of Technology.

Dans la première moitié des années 1990, il assure un cours d'Histoire des sciences à l'Université-Versailles-Saint-Quentin, dans lequel il soutient, entre autres, que la recherche scientifique et technique est un des moteurs de l'Histoire. Son cours reprend des idées de son ouvrage Le Chiffre et le Songe.

Il est professeur émérite à l'université Pierre-et-Marie-Curie à Paris en 1996[8].

Mort[modifier | modifier le code]

Jacques Blamont meurt le 13 avril 2020 à Châtillon, à l’âge de 93 ans[6],[14],[15].

Autres fonctions[modifier | modifier le code]

Jacques Blamont fut le premier directeur scientifique et technique du CNES (Centre national d’études spatiales), il fut également membre de l’Académie des sciences[18], ainsi que membre fondateur du Club des Vigilants[19].

Œuvre scientifique[modifier | modifier le code]

L’œuvre de Jacques Blamont, consacrée à l'astronautique et à l'astrophysique, comprend des travaux majeurs sur l’atmosphère terrestre, le Soleil et les planètes et accessoirement l'aéronomie. Après sa découverte en 1970 de la turbopause, du vent interstellaire et du nuage d’hydrogène des comètes, Jacques Blamont a participé à la plupart des missions planétaires internationales et a joué un rôle de premier plan dans le développement de la coopération en ce domaine. Il a été le responsable de la mise au point des satellites artificiels lancés par la France. Il a conçu l’idée dès 1962 de construire un champ de tir spatial à Kourou en Guyane française. En plus de ses fonctions de direction au CNES, il n’a jamais cessé d’enseigner et a dirigé personnellement de nombreuses thèses.

Sujets d'étude[modifier | modifier le code]

Ses principaux sujets d'étude ont été les suivants :

  • Découverte en 1956, sous la direction d'Alfred Kastler, du phénomène de cohérence des sous-niveaux atomiques dans un champ de radio-fréquence.
  • Travaux portant sur l'atmosphère du Soleil, de la Terre et des planètes : premières mesures du déplacement Einstein des raies atomiques sur le Soleil, de la température de la haute atmosphère de la Terre, du mécanisme d'évaporation d'hydrogène de la Terre et des planètes.
  • Découverte de la turbopause de l'atmosphère terrestre (1959), du vent interstellaire (1971), de l'enveloppe des comètes (1971).
  • Promoteur de nombreux programmes de recherche tels que la géodésie par échos laser (1964), l'étude de la basse atmosphère par ballons étanches (programme Éole) (1971), le sondage vertical de la haute atmosphère par laser depuis 1967, etc.
  • Impliqué depuis les années 1960 dans les programmes spatiaux soviétiques et européens, Jacques Blamont s’est attaché aux missions planétaires et a participé depuis 1972 à la plupart d’entre elles. Il a mis au point et réussi le lancement, en 1985, de ballons dans l'atmosphère de Vénus par les sondes soviétiques Vega. Il a réalisé les travaux préparatoires au lancement, en 1996, de ballons dans l'atmosphère de Mars.
  • En fournissant le système de compression d’images, Jacques Blamont a joué un rôle important dans la mission du département de la défense des États-Unis pour l’obtention de la première cartographie numérique complète de la Lune à partir de la sonde lunaire Clementine (1994).

Distinctions[modifier | modifier le code]

Prix[modifier | modifier le code]

Sociétés savantes[modifier | modifier le code]

Décorations[modifier | modifier le code]

L'astéroïde (47054) Jacquesblamont a été nommé en son honneur[36].

Associations[modifier | modifier le code]

Jacques Blamont est membre du Club des vigilants et y a dirigé le groupe de travail sur le Cumul des menaces.

Ouvrages[modifier | modifier le code]

Articles de généalogie[modifier | modifier le code]

  • Jacques Blamont, « Moritz, dit Maurice Schlesinger, éditeur de musique (Berlin, 3 octobre 1797-Baden-Baden, 25 février 1871) », Archives juives, revue d’histoire des Juifs de France, nos 31/1,‎ 1er semestre 1998, p. 125-127
  • Jacques Blamont, « Généalogie en chambre (familles du comté de Créhange) », Revue du Cercle de généalogie juive, no 67,‎
  • Claudie et Jacques Blamont, « La famille de Charles Valentin Morhange dit Alkan, pianiste et compositeur français », Revue du Cercle de généalogie juive, no 83,‎

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Un Français Libre parmi 61017. Emile Armand Katz Blamont » (consulté le ).
  2. « Oral history of Europe in space », Interview de Charles Bigot, (consulté le ).
  3. « Plaquette du Cercle de généalogie juive », sur Cercle de généalogie juive
  4. a et b Jacques Blamont, Le lion et le moucheron : histoire des Marranes de Toulouse, Paris, O. Jacob, , 464 p. (ISBN 2-7381-0777-X et 978-2-7381-0777-0, OCLC 48761172, lire en ligne)
  5. Colette Zytnicki, « Jacques Blamont, Le Lion et le moucheron. Histoire des Marranes de Toulouse », Archives de sciences sociales des religions, no 122,‎ , p. 59–157 (ISSN 0335-5985, DOI 10.4000/assr.1191, lire en ligne, consulté le )
  6. a et b Jean-François Augereau, « L’astrophysicien, Jacques Blamont, un des pères de l’aventure spatiale française, est mort », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  7. « Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1960 », sur cnrs.fr (consulté le ).
  8. a b c et d « Jacques Blamont - Académie des technologies », sur www.academie-technologies.fr (consulté le )
  9. a b c et d « Academy of Europe: Blamont Jacques », sur www.ae-info.org (consulté le )
  10. « Le Laboratoire de météorologie dynamique fête ses 50 ans », sur Drupal (consulté le )
  11. a et b https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000563478&categorieLien=id
  12. https://www.hq.nasa.gov/mars/presentations/iacg/iacg.pdf
  13. « Mars Global Surveyor: People », sur mars.jpl.nasa.gov (consulté le )
  14. « Le CNES rend hommage au professeur Jacques-Émile Blamont, père du programme spatial français », sur cnes.fr, (consulté le ).
  15. « Hommage à Jacques Blamont, un des pères du spatial français », sur air-cosmos.com, (consulté le ).
  16. https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000571425
  17. https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000568405&categorieLien=id
  18. « Jacques Blamont, L'action, soeur du rêve, l'autobiographie d'un passionné de l'espace », sur www.canalacademie.com (consulté le )
  19. Jean-Claude Hazera, « Le ciné-portrait de Jacques Blamont - L'action, sœur du rêve », sur Club des vigilants, (consulté le )
  20. « Prix Aimé Cotton - Société Française de Physique », sur www.sfpnet.fr (consulté le )
  21. (en) « Committee on Space Research (COSPAR) » Vikram Sarabhai Medal », sur COSPAR website (consulté le ).
  22. « cosparhq.cnes.fr/awards/space-… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  23. a et b https://searchpub.nssc.nasa.gov/servlet/sm.web.Fetch/Agency_Awards_Historical_Recipient_List.pdf?rhid=1000&did=2120817&type=released
  24. (en) « Astronautics Award to Jacques‐Emile Blamont », sur scitation.org, (consulté le ).
  25. « George W. Goddard Award in Space and Airborne Optics - SPIE », sur spie.org (consulté le )
  26. « Maintenance », sur iaaweb.org via Wikiwix (consulté le ).
  27. http://www.iaaweb.org/iaa/Membership/membershiplist.pdf
  28. « Air & Space Academy - Member Detail: Jacques BLAMONT », sur www.academie-air-espace.com (consulté le )
  29. https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000018802448
  30. Académie des sciences (France), Comptes rendus des séances de l'Académie des sciences. Vie académique, Gauthier-Villars, (lire en ligne)
  31. a et b « Décret du 30 décembre 2016 », sur legiondhonneur.fr (consulté le )
  32. https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000387229
  33. Décret du 13 mai 2011 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier
  34. a et b Décret du 13 mai 2005 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier
  35. Consulat général de France à Bangalore, « Le professeur Jacques Blamont obtient le Padma Shri », (consulté le )
  36. Astéroîde (47054) Jacquesblamont, de Minor Planet Center

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]