Alsace-Lorraine

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Terre d'Empire d'Alsace-Lorraine
de Reichsland Elsaß-Lothringen

1871–1919

Drapeau Blason
Description de cette image, également commentée ci-après
Position du Reichsland Elsaß-Lothringen au sein de l'Empire allemand
Informations générales
Statut Monarchie constitutionnelle, territoire de l'Empire allemand
Capitale Strasbourg
Langue(s) Allemand, comme seule langue officielle, avec minorités linguistiques non officielles : français, italien, polonais.
Monnaie Goldmark
Démographie
Population 1 874 014 habitants (est. 1910)
Superficie
Superficie 14 522 km2 (1910)
Histoire et événements
18 janvier 1871 Proclamation de l'unité allemande
10 mai 1871 Traité de Francfort
31 mai 1911 Adoption de la Constitution d’Alsace-Lorraine
novembre 1918 Troubles de Novembre 1918
courant novembre 1918 Armistice de 1918, entrée des troupes françaises
28 juin 1919 Traité de Versailles, rétrocession à la France

Entités précédentes :

Entités suivantes :

L’Alsace-Lorraine (en allemand Elsaß-Lothringen[1]) est le territoire cédé par la France à l'Empire allemand en application du traité de Francfort, signé le après la défaite française. Si le traité ne concerne pas l'intégralité des territoires lorrain et alsacien, il ampute la France des trois quarts du département de la Moselle, d'un quart de celui de la Meurthe, de quelques communes situées dans l'est du département des Vosges, de cinq sixièmes du département du Haut-Rhin et de l'intégralité du Bas-Rhin (divisions administratives de l'époque). Au sens strict, l'entité politique qui a été couramment appelée Alsace-Lorraine, et qui portait le nom officiel de Reichsland Elsaß-Lothringen, correspond au territoire d'Alsace-Moselle.

Bien qu'une petite partie de l'Alsace (l'arrondissement devenu Territoire de Belfort) et la plus grande partie de la Lorraine soient restées françaises, un grand nombre de rues, avenues, boulevards, places et cours ont été baptisés du nom « d'Alsace-Lorraine » dans la France entière dès 1871, en mémoire des régions perdues. La défaite française sera suivie de l'insurrection parisienne proclamant la Commune de Paris jusqu'à son écrasement lors de la Semaine sanglante. Sur la place de la Concorde à Paris, la statue représentant la ville de Strasbourg fut fleurie et voilée d'un drap noir jusqu'à l'armistice de 1918.

Introduction

Répartition géographique des dialectes parlés en Alsace-Lorraine au XIXe siècle. Depuis, le welche a presque complètement disparu, le francique est en déclin, voire en danger, et la pratique de l'alsacien a beaucoup diminué.
La proclamation de l’Empire allemand (au château de Versailles, le ) : sur l'estrade le Kaiser Guillaume Ier, à sa droite le Kronprinz Frédéric-Guillaume, au pied de l'estrade, en blanc, le chancelier de l'Empire, prince de Bismarck.

Intégré au sein de l'Empire allemand dans un ensemble pangermanique, le Reichsland Elsaß-Lothringen bénéficie d'un statut particulier : il est régi d'abord « directement » par l'Empereur, puis par les organes de l'Empire.

Les lois qui concernent cette nouvelle province doivent être votées par le Conseil fédéral.

Théoriquement, il s'agit d'une propriété commune de tous les États allemands et certains souverains ne manquent pas de faire remarquer au gouverneur de l'Alsace-Lorraine qu'ils le considèrent comme leur représentant à eux aussi ; dans les faits, l'influence des princes est nulle, et seule la volonté de l'Empereur compte.

En décembre 1871, l'Alsace-Lorraine compte 1 549 738 habitants (1 874 014 en 1910[2]) pour une superficie de 14 511 km2.

Ce territoire (en allemand Reichsland, terre d'empire) recouvre les actuels départements de l'Alsace : le Haut-Rhin et le Bas-Rhin, plus celui de la Moselle. En fait du point de vue des départements de 1870, il comporte celui du Bas-Rhin, celui du Haut-Rhin moins l'arrondissement de Belfort qui — resté français — devint le Territoire de Belfort, celui de la Moselle moins l'arrondissement de Briey qui inclut Longwy et des parties des arrondissements de Château-Salins et de Sarrebourg appartenant au département de la Meurthe d'alors. Il n'a jamais inclus les départements actuels de Meurthe-et-Moselle (issu de la fusion des parties non annexées de la Meurthe et de la Moselle), de la Meuse ni des Vosges (hormis les cantons de Schirmeck et de Saales, annexés en 1870, et rattachés au Bas-Rhin lors de leur retour à la France en 1918). Pour éviter la confusion avec la Lorraine actuelle, les textes administratifs français contemporains (surtout quand il s'agit du droit spécifique hérité de la période 1871-1918) parlent de l'Alsace-Moselle ; en dehors du cadre administratif ou judiciaire, cette dénomination est rarement évoquée même si celle-ci est plus pertinente.

Le territoire ne comportait pas que des pays de langue ou de dialecte germanique. En effet la frontière linguistique passait au nord de la frontière territoriale dans une ville que les uns appelaient Thionville et les autres Diedenhofen. Des villes comme Metz (cité natale du poète Verlaine), Château-Salins, Vic-sur-Seille (cité natale du peintre Georges de La Tour) et Dieuze (cité natale du compositeur Gustave Charpentier, du mathématicien Charles Hermite, du peintre Émile Friant et du critique d'art Edmond About) étaient à l'époque complètement francophones. Les hautes vallées de la Weiss (Orbey) et de la Liepvrette (Sainte-Marie-aux-Mines) forment le pays welche d'Alsace et sont d'ancienne tradition francophone.

L'annexion allemande (1871 à 1918)

Drapeau officieux du Reichsland, utilisé par le Parlement d'Alsace-Lorraine de 1912. Il reprend les couleurs de l’Alsace et la croix de Lorraine.

Le Reichsland Elsaß-Lothringen était la nouvelle terre d’empire, ou territoire impérial d’Alsace-Lorraine, cédée par la France par le traité de Francfort du [note 1]. La capitale du Land était Strasbourg (Straßburg à l’époque). Le land dépendait directement de l’empereur, représenté par un Reichsstatthalter (gouverneur).

Le Land fut une partie intégrante de l’Empire allemand de 1871 à 1918. Sa superficie était de 14 522 km2. Il comptait 1 874 014 habitants en 1910 et la densité démographique était de 129 habitants au km². Formé à partir des territoires français correspondant aujourd’hui à la Moselle, au Bas-Rhin et au Haut-Rhin, le Reichsland disposa de trois voix au Bundesrat à partir de 1911. Il fut supprimé en 1919 par le traité de Versailles. Quelques semaines avant l'Armistice, en octobre 1918, le Reichsland devint un état fédéral qui s'effondra lors du retour du Land à la France[3].

Organisation administrative du Reichsland

Poteau-frontière présent, à l'époque, à la frontière franco-allemande (franco-alsacienne).

Le Reichsland Elsaß-Lothringen est divisée en trois districts (Bezirke) :

Carte de l'Alsace-Lorraine, extrait du livre scolaire "La deuxième année de géographie" de Pierre Foncin, publié en 1888.

À la tête de chaque district se trouve un président (Bezirkspräsident) équivalent à un préfet français. Après la loi du un gouverneur (Statthalter) est nommé par l'empereur. En son nom, il gouverne et administre l'Alsace-Lorraine depuis sa résidence de Strasbourg. L'Alsace-Lorraine envoie 15 députés au Reichstag.

Organisation institutionnelle

En 1874 est créée la « Délégation » (Landesausschuß), une sorte de parlement provincial. Après la loi du 4 juillet 1879, un Statthalter, ou gouverneur provincial, est nommé par l’empereur. En son nom, il gouverne et administre le Reichsland depuis sa résidence de Strasbourg. À la tête de chaque district du Reichsland, un Bezirkspräsident, équivalent à un préfet français, est également nommé par Berlin. Le Reichsland envoie 15 députés au Reichstag.

Armes du Reichland Elsaß-Lothringen.

Le blason de l’Alsace-Lorraine est défini par un décret impérial du .

Une nouvelle constitution votée par le Reichstag le accorde une plus grande autonomie au territoire. Bien que l'Alsace-Lorraine soit institutionnellement encore très dépendante de Berlin, elle est dès lors considérée comme un Land à part entière. Chacun des trois Bezirke d'Alsace-Lorraine possédait en outre un Bezirkstag, une assemblée délibérante, constituée par des élus locaux. Mais c'est l'armée impériale allemande qui exerce en réalité l'essentiel pouvoir en Alsace-Lorraine, comme le montre l'affaire de Saverne. La nouvelle administration entreprend une germanisation des toponymes lorrains et des toponymes alsaciens.

Le Landtag d'Alsace-Lorraine (ou parlement régional) était une assemblée législative crée en 1874, seule organe représentatif de l'ensemble du Reichsland. Il gagnera en importance au fil des années malgré ses ambitions indépendantistes, mais restera tout de même soumis à l'approbation de l'Empire dans chacune de ses décisions. En 1912, il affiche son identité Alsacienne-Lorraine en créant son propre drapeau, allant à l'encontre de l'insigne officiel donné par l'Empire. C'est en novembre 1918, cette institution qui militera en faveur de l'indépendance de l'Alsace-Lorraine, jusqu'à diriger son territoire de façon autonome le 10 novembre avec l'annexion par la France.

Population du Reichsland

Comme le montrent les statistiques de 1900[4], la population du Reichsland était majoritairement germanophone et de confession catholique. Lors du recensement de 1900, on dénombrait 1 492 347 locuteurs natifs parlant allemand (86,8 % de la population), 198 318 le français (11,5 %), 18 750 l'italien (1,1 %), 1 410 le polonais (0,1 %) et 7 485 bilingues allemand-autre langue (0,4 %)[2].

Langue maternelle :

  • allemand : 1 492 347 habitants (86,8 %) (Il s'agit très majoritairement des dialectes alémaniques et franciques locaux ; progressivement, notamment à Strasbourg, une immigration "vieille allemande" principalement constituée de fonctionnaires, allait installer une population s'exprimant naturellement en "hochdeutsch").
  • allemand et autres langues : 7 485 (0,4 %) ;
  • français : 198 318 (11,5 %) ; (la déclaration de langue maternelle française avait double valeur : manifestation d'un sentiment pro-français et démonstration de son appartenance à la bourgeoisie locale ; de fait, la quasi-totalité des locuteurs du français s'exprimaient très aisément en alsacien, continuum que seuls les "immigrés allemands" et les résidents des communes francophones et "welches" du piémont des Vosges ignoraient quasi universellement).
  • italien : 18 750 (1,1 %) ;
  • polonais : 1 410 (0,1 %).

Confession :

  • catholiques : 1 310 450 (76,21 %) ;
  • protestants : 372 078 (21,64 %) ;
  • autres chrétiens : 4 416 (0,26 %) ;
  • juifs : 32 264 (1,88 %) ;
  • sans confession : 262 (0,02 %).

Oberpräsidenten et Reichsstatthalter 1871–1918

Oberpräsident des Reichslandes Elsaß-Lothringen
Numéro Nom Prise de fonction Fin de mandat
1er Eduard von Möller 1871 1879
Reichsstatthalter des Reichslandes Elsaß-Lothringen
Numéros Noms Prise de fonction Fin de mandat
1er Edwin von Manteuffel 1879 1885
2e Chlodwig Fürst zu Hohenlohe-Schillingsfürst 1885 1894
3e Hermann Fürst zu Hohenlohe-Langenburg 1894 1907
4e Karl Graf von Wedel 1907 1914
5e Nikolaus Michael Louis Hans von Dallwitz 1914 1918
6e Rudolf Schwander 1918 1918

L'esprit de revanche français

La perte des deux provinces vu par la France : Le Souvenir, statue à Nancy.

Deux provinces écartelées ;
Strasbourg en croix, Metz au cachot ;
Sedan, déserteurs des mêlées,
Marquant la France d'un fer chaud ;

Victor Hugo, Avant la conclusion du traité

Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine
Et, malgré vous, nous resterons français
Vous avez pu germaniser la plaine
Mais notre cœur, vous ne l'aurez jamais.

Alsace et Lorraine, chanson populaire chantée par Amiati (1871).

Va, passe ton chemin !
Ma mamelle est française !
Remporte ton enfant !
N'entre pas sous mon toit !
Mes garçons chanteront
Plus tard la Marseillaise !
Je ne vends pas mon lait au fils de l'Allemand.

Le Fils de l'Allemand, chanson populaire chantée par Amiati (1882)

L'émigration des optants

Carte du nord-est de la France montrant la frontière de l'Empire germanique séparant le Haut-Rhin de l'actuel Territoire-de-Belfort, rajoutant deux cantons vosgiens au Bas-Rhin, coupant l'ancien département de la Meurthe en son tiers nord-est et l'ancien département de la Moselle en son quart ouest. Les deux territoires nord-est ont formé le département actuel de la Moselle et ceux du sud-ouest l'actuel département de la Meurthe-et-Moselle.
Redécoupage des frontières départementales à la suite de l'annexion

Une clause du traité de Francfort permet aux Alsaciens-Lorrains la possibilité de conserver la nationalité française s'ils quittent la région avant le 1er octobre 1872. Ils sont moins de 18 000 à pouvoir en bénéficier et à opter pour la France[5]. Beaucoup de ces migrants s'installent autour de Belfort, ou près de Nancy en Lorraine restée française ; d'autres vont dans les départements français d'Algérie ou s'exilent à l'étranger en Argentine ou encore au Québec. L'Alsace-Lorraine perd des entrepreneurs comme l'éditeur Berger-Levrault, des universitaires comme Fustel de Coulanges, Hippolyte Bernheim ou Albin Haller qui quittent l’université de Strasbourg : tandis que le premier va à Paris, les deux autres rejoignent l'université de Nancy. De même, des acteurs de l'École de Nancy comme Jacques Grüber, les frères Daum, Émile Friant ou encore Louis Hestaux (collaborateur d'Émile Gallé) viennent des territoires perdus ; ils introduisent dans cette ville, l'Art nouveau. La ville de Nancy voit sa population s'accroître notablement et son université bénéficier grandement de ces arrivées, sources de développement et de dynamisme. Par le traité de Francfort, les militaires ne pouvaient rester dans les territoires annexés.

L’immigration allemande en Alsace-Lorraine

L'Alsace-Lorraine au sein de l'Empire Allemand

L'Alsace et la Moselle n'ont pas été, après la période historique appelée les « Grandes invasions » en français et Völkerwanderung en allemand c'est-à-dire les « migrations des peuples », des terres d'immigration et de mélange des peuples, du moins pas plus que d'autres provinces françaises. Certes après des moments troublés comme la guerre de Trente Ans, des nouveaux venus ont pu chercher fortune là où la population avait diminué : en Alsace, le père venu d'outre-Vosges s'appelait Gérardin, le fils signait déjà Schirardin, écrit avec l'alphabet allemand ancien (deutsche Schrift). Dans le même temps, dans les Vosges les Waldner orthographiaient leur nom Valdenaire. Une fois la paix revenue, la natalité comblait les vides et, dès le XVIIIe siècle, réapparaissait dans les campagnes une forte pression démographique.

Après les guerres napoléoniennes et le retour des soldats démobilisés la crise devint aiguë, aggravée par de mauvaises récoltes ; 1817 est l'année de la faim (en allemand le Hungersjahr[6], conséquence à l'échelle planétaire de l'éruption cataclysmique du volcan indonésien Tambora) ; les Alsaciens fuient, que ce soit vers l'Amérique ou vers la Russie, où les tsars s'efforcent d'attirer des colons germanophones pour aller grossir les rangs des Allemands de la Volga. Ils doivent donner l'exemple aux moujiks, mais surtout Catherine II, elle-même d'origine allemande, leur donne le droit d'exercer leurs libertés religieuses. Une partie quittera la Russie quand les tsars tenteront de les enrôler dans l'armée et de les russifier, tandis que les autres seront quasiment exterminés par Staline.

En 1827 le nouveau Code forestier restreint de façon draconienne les anciens droits d'usage et c'est un nouvel exode de gens affamés qui espèrent trouver du pain ailleurs. Autre saignée en 1846 avec la maladie de la pomme de terre. Dans le même temps, des immigrants, essentiellement germanophones, sont venus régulièrement en Alsace et on voit comment l'immigration massive d'Allemands en Alsace-Lorraine après 1871 représente un bouleversement complet. Autant les Français répugnaient à s'installer dans ces régions, autant les Allemands y voient un pays de cocagne. À la fois séduits et inquiets devant la culture des Welsches[7], si différente de la leur. L'impression est moins nette au début quand ils sont à Metz, mais la ville connaît alors, du fait d'une émigration vers la France et d'une immigration allemande massive, un bouleversement complet de son peuplement : rapidement les germanophones y deviennent majoritaires tandis qu'un urbanisme d'outre-Rhin donne à la ville un caractère prussien.

Portail de la gare de Metz (1908)

Comme avant 1870, on ne voit pas de colonisation agricole : toutes les terres sont occupées. C'est seulement vers la fin de la Première Guerre mondiale que les germanisateurs de la « marche occidentale » (en allemand Westmark) songeront à morceler les grandes propriétés agricoles pour y installer des paysans d'outre-Rhin. Ouvriers et fonctionnaires déferlent en revanche sur le territoire annexé, à la fois pour l'administrer et pour lui procurer la main-d'œuvre que réclame l'industrialisation qui s'accélère (car elle avait déjà commencé sous le régime français) et qui est caractérisée par sa dissémination à travers les zones rurales. Les populations rurales, qu'un trop maigre lopin ne serait pas arrivé à faire vivre, trouvent ainsi le complément indispensable qui leur permet de ne pas abandonner la terre.

C'est surtout en Lorraine allemande (c'est-à-dire la partie nord de la Lorraine annexée) que l'immigration est massive et aussi qu'elle se voit. En Alsace, le fils d'immigré badois se distinguait à peine de l'autochtone, et même Hansi le reconnaissait dans un album écrit vers la fin de sa vie. Au contraire toute la région francophone située entre le charbon de la Sarre et le fer de Briey voit se multiplier les usines alors que la population est déjà minée par la dénatalité ; il faut faire appel à l'immigration, ce sont des Italiens et des Polonais (choisis parce que, comme la population locale, ils étaient catholiques et pouvaient s'assimiler plus facilement).

L'Alsace-Lorraine dans l'empire

Frontière franco-allemande à Foussemagne.
Les bezirk d'Alsace-Lorraine, incluant la frontière linguistique.

L'opposition au régime prussien était largement répandue[réf. nécessaire], mais reposait sur des motifs très différents et parfois contradictoires. La haute bourgeoisie d'affaires, majoritairement protestante et libérale, voyait d'un mauvais œil cet Empire autoritaire où l'influence des junkers (aristocrates terriens d'origine prussienne) était encore considérable ; le clergé catholique, qui tenait en main sa paysannerie, redoutait le mauvais exemple, le periculum perversionis, que l'existence d'un souverain protestant pouvait donner à ses fidèles (au début de la guerre de 1870, des curés badois faisaient prier pour le succès des armées françaises). Au total, le régime prussien pouvait compter surtout sur la paysannerie des villages protestants homogènes, comme dans le Kochersberg, l'Alsace Bossue et l'outre-Forêt, autour de Wissembourg.

Un flot d'immigrants allemands, souvent patriotes envers leur pays d'origine, vint s'établir dans ce qu'ils pensaient être un pays frère enfin libéré. Les nouveaux venus trouvaient très facilement à se marier, d'autant plus qu'il s'agissait souvent de fonctionnaires occupant des postes relativement élevés et donc de partis intéressants.

Pour autant, cette immigration n'eut pas l'effet assimilateur escompté par l'occupant : malgré leur patriotisme, ces Allemands n'en privilégiaient pas moins chez les candidates au mariage celles qui possédaient une bonne culture française. Il en résulta que dans nombre de ménages mixtes les enfants parlaient allemand avec leur père et français avec leur mère, si bien qu'il leur était difficile de haïr la culture française et ils n'auraient pas chanté le Lied du poète nationaliste Ernst Moritz Arndt qui comprend ces vers :

«  Das ist des Deutschen Vaterland,
Wo Zorn vertilgt den welschen Tand,
Wo jeder Franzmann heißet Feind,
Wo jeder Deutsche heißet Freund.  »

traduction libre :

«  La patrie de l'Allemand, c'est là
Où l'on se débarrasse de la futilité romane,
Où l'on donne le nom d'ennemi à tout Français,
Où l'on donne le nom d'ami à tout Allemand.  »

Malgré les efforts d’assimilation et l’entregent du conseiller culturel Friedrich Althoff, le sentiment français resta encore très fort, au moins pendant les quinze premières années d'annexion. Lors des élections au Reichstag, les 15 députés de 1874, 1881, 1884 (sauf un) et 1887 furent dits députés protestataires car exprimant au Parlement leur opposition à l'annexion par la motion de 1874 « Plaise au Reichstag décider que les populations d'Alsace-Lorraine qui, sans avoir été consultées, ont été annexés à l'Empire germanique par le traité de Francfort, soient appelées à se prononcer spécialement sur cette annexion[8]. »

Résultat des élections au Reichstag depuis le Reichsland Elsaß-Lothringen[9]
1874 1877 1878 1881 1884 1887 1890 1893 1898 1903 1907 1912
Milliers d'habitants 1550 1532 1567 1564 1604 1641 1719 1815 1874
Electeurs (%) 20,6 21,6 21,0 19,9 19,5 20,1 20,3 20,3 21,0 21,7 21,9 22,3
Votants (%) 76,5 64,2 64,1 54,2 54,7 83,3 60,4 76,4 67,8 77,3 87,3 84,9
Parti conservateur prussien (K) 0,0 0,2 2,8 0,0 12,5 14,7 10,0 4,8
Parti conservateur libre (R) 0,2 12,0 0,8 1,5 6,6 7,6 6,1 4,1 3,5 2,7 2,1
Parti national-libéral (N) 2,1 0,0 1,9 0,7 11,5 8,5 3,6 10,3
Parti libéral 0,2
Union libérale (FVg) 0,0 0,1 6,2 6,4
Parti progressiste allemand 1,4 0,0 1,8 0,5 14,0
Parti centriste allemand (Z) 0,0 0,6 7,1 31,1 5,4
SPD Elsaß-Lothringen (S) 0,3 0,1 0,4 1,8 0,3 10,7 19,3 22,7 24,2 23,7 31,8
Partis régionalistes (EL) 96,9 97,8 87,5 93,3 95,9 92,2 56,6 47,7 46,9 36,1 30,2 46,5
Autres 0,7 0,6 0,2 0,6 0,8 0,2 1,1 1,9 12,0 7,0 5,9 0,2
1874 1877 1878 1881 1884 1887 1890 1893 1898 1903 1907 1912
Répartition des sièges EL : 15 EL : 15 EL : 15 EL : 15 EL : 15 EL : 15 K : 1
EL : 10
R : 1
N : 2
S : 1
K : 3
EL : 8
R : 1
S : 2
FVg : 1
K : 1
EL : 10
R : 2
S : 1
FVg : 1
K : 1
EL : 9
R : 1
N : 1
FVg : 1
VP : 1
U : 1
R : 1
EL : 7
Z : 5
S : 2
FVg : 1
EL : 9
S : 5

Nota : les sièges VP et U du scrutin de 1903 correspondent respectivement à Volkspartei (parti populaire) et Unabhängig (indépendant).

La situation à la veille de la Guerre et son évolution

L'empereur Guillaume II en manœuvres en Lorraine, 1908.

Quand éclate la guerre de 1914, l'image de l'Allemand dans l'opinion française est bien loin de ce qu'elle deviendra au bout de quelques mois. Dans les lycées de garçons, plus de la moitié des élèves étudient la langue allemande contre à peine de plus de 40 % pour l'anglais. Après le désastre de 1870 qu’on attribue à l'incompétence des généraux, mais aussi à l'ignorance linguistique des Français, c’est désormais la langue à connaître pour eux. Parlant des écrivains qui possédaient bien l'allemand entre 1871 et 1914, le linguiste Paul Lévy écrit : « Si autrefois il fallait péniblement rechercher quelques personnages parlant l'allemand, désormais toute énumération devient impossible parce que trop longue et forcément incomplète. » Et après avoir cité de nombreux écrivains il ajoute: « Mais pour connaître l'ampleur véritable des connaissances allemandes des savants français, il faudrait fouiller les bibliographies de toutes les publications de l'époque, quelle qu'en soit la branche. Enfin, il faudrait aussi nommer tous ceux qui ont traduit en français des œuvres allemandes ».

Avec ses cours souveraines et ses princes, l'Empire allemand et son voisin l'Empire austro-hongrois sont des réservoirs de bons partis pour la noblesse de France ou d'Angleterre et vice-versa. Avoir des fils qui, en cas de guerre, porteront l'uniforme bavarois, autrichien, saxon, voire prussien.

En Alsace la situation de la langue française est paradoxale : officiellement elle est combattue et on la pourchasse dans les inscriptions publiques mais, victimes de l'illusion romantique, les dirigeants s'imaginent qu'il suffit que le peuple reste fidèle au parler germanique. Le français devient alors la langue chic, celle que parlent entre eux tous ceux qui ont les moyens de la faire apprendre à leurs enfants, et même parmi eux des Allemands.

Quant à la "Lorraine Allemande", en 1908 un député au Landesausschuss parle de familles allemandes d'Audun-le-Tiche qui envoient leurs enfants à l'école au Luxembourg voisin pour qu'ils puissent y apprendre le français.

Une loi de mars 1872 décrète que la langue commerciale officielle est l'allemand. Cependant dans les secteurs où la population est principalement francophone les annonces et décrets publics doivent fournir une traduction française. Dans une autre loi de 1873, l'utilisation du français comme langue commerciale a été autorisée pour les administrations de Lorraine et les administrations des arrondissements partiellement ou totalement de langue française. Une loi sur l'enseignement de 1873, demande à ce que dans les secteurs germanophones l'enseignement soit fait exclusivement en allemand tandis que dans les secteurs francophones, l'enseignement soit fait en français.

Dans nombre de familles on parle allemand avec son père et français avec sa mère: Robert Ernst, qui fut le dernier maire allemand de Strasbourg et qui était nazi, avait reçu une éducation de ce genre.

Cet attrait du français chez les Allemands, cette estime de l’allemand en France vont être balayés par la guerre de 1914-18. Ce sont quatre années d'un conflit qui ont créé une véritable haine ethnique : à défaut de voir les troupes avancer, on essayait de compenser sa frustration par une surenchère d'agressivité verbale.

En France, la langue allemande se vit la cible d'attaques. « Dans la Revue de l'enseignement des langues vivantes des années 1915 à 1918, écrit Paul Lévy il y a eu des controverses passionnées pour et contre l'enseignement de l'allemand. ». Dans son numéro du 1er mai 1915, en pleine guerre, l'Illustration voit dans l'allemand « l'idiome de la force brutale, excellemment approprié aux besognes viles et dégradantes, aux ordres de meurtres, d'incendie et de pillage… » On lit encore : « Sous la bière qui l'empâtait, le sang qu'elle aime et dont elle a la soif est revenu la teinter ». La conclusion était sans équivoque : « Cette langue n'est plus tolérable pour nous. La voir écrite nous outrage et nous exaspère. L'entendre et la parler sont un cruel supplice. Aussi le serment a-t-il été déjà prononcé par quelques-uns de bannir après la guerre la langue allemande non seulement du programme de nos études, mais de partout. Qu'elle soit chassée de France, de nos cerveaux et de nos bouches comme le pire des fléaux ! ».

Pendant la Grande Guerre

Plaque rappelant à Gertwiller l'exécution sommaire de trois paysans de Belmont

Si 3 000 Alsaciens-Lorrains incorporables fuient le territoire allemand avant la mobilisation, pour s’engager dans l’armée française, des milliers d’autres se portent volontaires dans l’armée allemande. L’écrasante majorité des Alsaciens-Lorrains répond sans état d’âme à l’ordre de mobilisation du Kaiser[10]. Dès le début de la Première Guerre mondiale, Français et Allemands multiplièrent maladresses et vexations à l'égard des Alsaciens-Lorrains. Le 11 août 1918, Charles Spindler (v. Bibliographie) raconte dans son journal un incident. Invité à un repas, il entend un des convives adresser de violents reproches à la France : Alsacien francophile il avait été arrêté comme fonctionnaire allemand lors d'une incursion française et relâché au bout de trois ans de mauvais traitements en entendant seulement bredouiller des excuses. Les autres convives l'écoutent mais n'en trinquent pas moins à la victoire de la France : après quatre années de tyrannie militaire et d'avanies de toutes sortes, ils ne veulent plus rien savoir de l'Allemagne. Le 22 août 1918, dans son journal, il parle encore d'Alsaciens qui ont subi en France de mauvais traitements et qui s'en plaignent, mais il ajoute : « Ces incidents sont regrettables, certes, mais chez nous l'opinion publique est tellement acquise aux Français qu'elle ne s'en émeut pas ». Des Alsaciens vivant en France se virent arrêtés et traînés dans des camps sous les crachats de la population ; dans les villages où les Français pénétraient on arrêtait d'ailleurs à tort et à travers, raflant parfois de vieux combattants médaillés de 1870. Dès 1914, Albert Schweitzer et son épouse furent mis en résidence surveillée à Lambaréné (Gabon, alors en Afrique-Équatoriale française) ; épuisés et malades en 1917, ils furent ramenés et internés en France jusqu'en juillet 1918. L'incident de Saverne avait persuadé le Haut-Commandement de l'Armée impériale allemande que la population tout entière était violemment hostile à l'Allemagne et qu'il fallait la terroriser pour la faire tenir tranquille pendant le temps des hostilités.

Des brutalités, largement amplifiées par la presse française de l'époque, furent à déplorer. Charles Spindler rapporte que, dès le 22 août[11], eut lieu « l'exécution de trois pauvres paysans de Belmont, qu'on avait arrêtés et condamnés comme espions et qui, avant d'être fusillés, avaient dû, de leurs propres mains, creuser leurs fosses. Tout le village de Gertwiller fut révolté de cet acte de sauvagerie. » Spindler ajoute[12] qu'un jeune Alsacien, habitant Berlin, avait été mobilisé dans un régiment prussien ; avant de franchir la frontière alsacienne il entendit le colonel adresser à la troupe l'avertissement suivant : « Vous arrivez maintenant dans un pays de s.., et je vous prie d'agir en conséquence ! » À Bergheim, au témoignage de Wittich on conduisit à pied un simple d'esprit originaire d'une vallée francophone et qui n'avait pu s'expliquer en allemand ; on le contraignit à creuser sa tombe puis on le fusilla devant une population révoltée et impuissante[13].

Du fait de la proximité du front, on fut amené à loger l'armée chez l'habitant. Tous ceux qui étaient suspects de francophilie, furent les mieux servis sous ce rapport. L'interdiction de parler français en public accrut encore l'exaspération des autochtones, depuis longtemps habitués à mêler de français la conversation ; or un seul mot, fût-il aussi innocent que « Bonjour », valait une amende[14]

Les Allemands immigrés dénonçaient à la police tout ce qu'ils entendaient dans la langue interdite. On peut voir dans L'Alsace pendant la guerre comment l'exaspération de la population s'accroît peu à peu, mais dès le 29 septembre 1914, Spindler entend une phrase caractéristique : «… Le tapissier H., qui remet en état les matelas de la maison Ott me disait ce matin: « Si seulement c'était la volonté de Dieu que nous redevenions français et que ces damnés Schwowebittel soient f… hors du pays ! Et puis, vous savez, il y a des chances que cela arrive. » C'est la première fois depuis la guerre que j'entends un homme du peuple exprimer franchement ce vœu ».

Pour soulager leur colère les Allemands de souche en arrivaient parfois à prononcer contre les Alsaciens de telles menaces qu'ils en faisaient des ennemis irréductibles de l'Allemagne. Un chef de gare aurait déclaré à Charles Spindler[15] : « Et puis, vous savez, après la guerre, il faudra qu'on emploie ici une autre méthode. On a eu beaucoup trop d'égards pour ces gens. Je suis né Hessois et j'ai fait la guerre en 66 contre les Prussiens. Ils nous ont battus et annexés. Ce qui n'empêche pas que quatre ans plus tard nous avons marché avec les Prussiens contre la France, et pas un de nous ne s'est rappelé avoir jamais été Hessois. Il faut qu'on en fasse autant ici. On posera aux gens cette simple question: Vous voulez être Français? Bien, alors allez en France. Vous voulez être Allemand? Alors qu'on les envoie à l'autre bout de l'Allemagne, à Koenigsberg ou Posen, afin que l'assimilation soit complète. Mais, continuer comme jusqu'à présent, c'est perdre son temps. Plus de Terre d'Empire, une province prussienne tout simplement, et ceux qui ne voudront pas, seront expulsés. » C'était dire aux autochtones : « Quoi qu'il arrive vous serez chassés d'ici, soit vers l'Ouest soit vers l'Est » ; c'était leur faire comprendre que leur seul salut était dans une victoire de la France.

Le 10 avril 1917 les Alsaciens peuvent lire une menace tout aussi violente dans la Strasburger Post, organe officieux de l'administration allemande en Alsace. Sous le titre « Wer zaudert noch? » (« Qui hésite encore? »), elle écrit :

« Ceux qui, partant du point de vue que l'Alsace, quel que soit le résultat de la guerre, sera du côté du vainqueur, et qui paient pour les valeurs alsaciennes des prix beaucoup plus élevés que pour les valeurs similaires allemandes, ne réfléchissent pas que la belle Alsace, avant d'être livrée à l'ennemi, serait mise dans le même état que les territoires de la Somme après la retraite, et que, par conséquent, il n'y a aucune raison pour coter les valeurs alsaciennes à des prix exagérés[16]. »

Et Spindler de conclure dans son journal : « Voilà, imprimé en toutes lettres et dans un journal archi-officieux, ce que le peuple raconte depuis longtemps. »

18 000 Alsaciens-Lorrains s'engagèrent dans l'armée française, 380 000 furent incorporés dans l'armée allemande[17]. Considéré comme suspect[18], le soldat alsacien ou lorrain était envoyé sur le front russe, où l'attendaient les missions les plus dangereuses[19]. Les permissions lui étaient accordées plus difficilement qu’aux autres soldats[20] Même s’il obtenait sa permission, le soldat alsacien-lorrain devait attendre trois semaines pour que la gendarmerie locale fît une enquête sur sa famille. En juin 1918 le député Boehle protesta contre la façon dont on s'y prenait : « À Strasbourg, ce fut longtemps un sergent de ville quelconque qui fut désigné pour faire cette enquête. Ce dernier tenait compte de tous les démêlés que l'intéressé avait pu avoir dans le passé avec la police, et tout fut interprété dans un sens politique. » S’il habitait trop près de la frontière suisse, on craignait qu'il tentât de déserter et il devait rester au Pays de Bade, où l'on donnait à sa famille le droit de venir le voir (Mülhäuser Volkszeitung du 8 juin 1918).

Dès 1917 l'Allemand Wittich se désespérait devant les résultats de cette politique: « Je suis outré de la manière dont on traite les Alsaciens. Notre gouvernement ne se rend pas compte de la haine qu'il provoque dans le peuple par des mesures aussi iniques qu'idiotes ». Et le résultat d'une telle conduite apparaît bien dans l'aveu du germanophile Philippe Husser quand il se rend compte que tout espoir est perdu et que l'Allemagne devra bientôt signer la paix[21] :

« J'éprouve le besoin de noter ici ce que je pense de la manière dont on traite l'Alsace-Lorraine. On sait bien que les régions frontalières sont toujours les plus exposées... Ceux de l'intérieur n'en ont aucune idée. Mais ce qui est impardonnable, c'est d'avoir traité l'Alsace en pays ennemi[22]. À qui la faute si la sympathie pour l'Allemagne, qui était indéniable en Alsace-Lorraine au départ, s'est muée en son contraire pendant la guerre, sinon au manque d'égards des autorités militaires ? Quand les habitants de la zone évacuée du sud-ouest de l'Alsace vont rentrer chez eux, ils maudiront les soldats allemands à qui mieux mieux. Il paraît que les dégâts sont épouvantables. »

Le prince Alexandre de Hohenlohe, fils du Statthalter Clovis de Hohenlohe-Schillingsfürst et ancien Bezirkspräsident de Colmar, lui fait écho à un niveau plus élevé. Voyant comment avait été saccagé son travail patient pour rapprocher l'Alsace et l'Allemagne, il écrivait désespéré :

« Les militaires allemands et en particulier les militaires prussiens[23] n'avaient-ils pas tout fait dans les quatre années de guerre pour provoquer un état d'esprit de ce genre dans la population de ce malheureux pays ? Si l'on avait voulu systématiquement extirper le dernier reste de sympathie et de sentiment de parenté qui pouvait subsister à l'égard du peuple allemand, si l'on s'était donné pour tâche de susciter la haine contre la domination allemande dans certains milieux, comme par exemple la population rurale, qui avant la guerre s'adaptaient peu à peu à la situation aussi bien en Alsace qu'en Lorraine, on n'aurait pu procéder autrement que les chefs militaires allemands qui pendant la guerre ont été chargés de l'administration du pays[24]. »

La plupart des soldats Alsaciens-Lorrains servirent pourtant l'Allemagne jusqu'à la fin de la guerre, parfois jusqu'à l'ultime sacrifice, mais il leur aurait été souvent difficile de faire autrement ; Jean-Noël Grandhomme, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Strasbourg, écrit : « Il existe déjà des pouponnières et des Kindergarten. Des structures sont créées pendant la guerre. Surtout, les femmes reçoivent une nouvelle allocation. Les aides de l’État et des communes se développent [...] En revanche, lorsque le mari déserte, on supprime l’allocation »[25]. Ce poids de l'histoire explique la spécificité des monuments aux morts d'Alsace-Moselle qui ne portent souvent que l'inscription lapidaire « À nos morts » en lieu et place du traditionnel « Morts pour la France ». Ce voile pudique, imposé par la défaite de 1918, recouvre le sacrifice de ces combattants, tombés pendant quatre ans pour un drapeau et une patrie qui n'étaient plus les leurs[26].

Proclamation de la République des conseils d'Alsace-Lorraine le 10 novembre, place Kleber à Strasbourg

La toute fin de la guerre verra de nombreuses manifestations dans la région, tout d'abord à Strasbourg le 9 novembre, puis dans le reste du Reichsland. Des conseils composés d'ouvriers et de soldats se forment dès le 10 novembre. À l'image de la première république des conseils de Bavière, un régime éphémère d'inspiration communiste est mis en place à Strasbourg, profitant du délitement de l'Empire allemand et des débuts de la révolution allemande de 1918-1919. Se basant sur l'organe du parlement d'Alsace-Lorraine, cette république autonome fait hisser le drapeau rouge sur la cathédrale Notre-Dame le 13 novembre, pendant que les autres grandes villes de la région suivent le mouvement initié à Strasbourg en formant chacune des soviets : ce fut le cas de Colmar, Mulhouse et Metz. L'insigne officieuse de l'ancien organe parlementaire, témoignant d'une identité politique propre, est désormais utilisée officiellement par rapport à l'ancien drapeau marquant l'appartenance à l'Empire, symboliquement le territoire se démarque de l'Empire allemand. Cependant, dès le 17 novembre, l'armée française entre sur le territoire alsacien et reprend Mulhouse, les autres villes alsaciennes suivent dès le lendemain, c'est ensuite au tour de Metz en Lorraine, jusqu'au contrôle complet de l'Alsace-Lorraine par l'armée française avec la fin de la reprise de Strasbourg le 22 novembre.

Après 1918

Investie par les troupes françaises dès la fin de la Première Guerre mondiale, l'Alsace-Lorraine est officiellement restituée à la France par le traité de Versailles. Environ 200 000 Allemands résidant dans le territoire, tandis que des Alsaciens et des Lorrains, dont les familles avaient fui leurs régions natales lors de l'annexion de 1871, effectuent le mouvement inverse. La moitié des Allemands expulsés parvient ensuite à revenir à la demande des États-Unis[27]. L'enseignement en Alsace-Lorraine est francisé avec succès, mais parvient cependant à résister aux tentatives de laïcisation du gouvernement français, notamment celle du cartel des gauches en 1924 : la loi de séparation des Églises et de l'État de 1905 n'ayant pas concerné l'Alsace-Lorraine annexée, un avis du Conseil d'État établit en 1925 que la loi du 18 germinal an X appliquant le concordat de 1801 est toujours en vigueur. Le concordat en Alsace-Moselle est donc maintenu, ce qui constitue en France une exception au système d'enseignement laïc[28]. L'usage du nom d'« Alsace-Lorraine » est quant à lui interdit en 1920 par une directive du gouvernement[29]. Les textes administratifs français contemporains, notamment pour aborder les questions liées au droit local, utilisent l'expression Alsace-Moselle, ce qui permet d'éviter une confusion avec la région Lorraine.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'ancien territoire d'Alsace-Lorraine est, comme le reste de la France, occupé par l'Allemagne nazie. La question de ce territoire n'est pas abordée par l'armistice du 22 juin 1940 : le territoire reste donc juridiquement français durant toute la durée de la guerre. Il subit néanmoins, de part du régime nazi, une annexion officieuse[30].

L'ex-Alsace-Lorraine conserve encore aujourd'hui des spécificités en matière de droit local, héritées de la période de l'annexion allemande.

Sources d'archives

Durant l'entre-deux guerre, le ministère de la Justice a conduit un important travail législatif concernant l'Alsace-Moselle. Voir la fiche de présentation sur le site du ministère de la Justice[31]

Notes et références

Notes

  1. Après la signature du traité, reconnu de jure par les autres nations, il ne fut juridiquement plus question de parler d'annexion pour ces territoires.

Références

  1. en allemand actuel, le nom serait plutôt écrit Elsass-Lothringen, à la suite de la réforme orthographique.
  2. a et b Verwaltungsgeschichte Reichlands Elsass-Lothringen
  3. Henri Hiegel: Un projet allemand de partage de la Lorraine entre la Prusse et la Bavière en 1917, In Cahiers Lorrains, 1967 (p. 119-122)
  4. Statistiques sur verwaltungsgeschichte.de
  5. D'après la Verwaltungsgeschichte Reichlands Elsass-Lothringen, la population totale a chuté de moins de 18 000 habitants entre 1871 et 1875.
  6. Graphie attestée dans Friedrich Hecker, Die Stadt Barr von der Französischen Revolution bis auf unsere Tage, Strassburger Druckerei und Verlagsanstalt, 1911. La graphie Johr pour Jahr n'est attestée en Alsace qu'en 1899 dans Wörterbuch der elsässischen Mundarten, bearb. von E. Martin und H. Lienhart. Im Auftrage der Landesverwaltung von Elsass-Lothringen (Strassburg: Trübner) et pour les autres dialectes allemands pour la première fois qu'en 1827 dans Bayerisches Wörterbuch… geordnet von J. Andreas Schmeller (Stuttgart: Cotta). La graphie "Johr" est dans les dialectes allemands, y compris l'alsacien, la plus répandue des graphies pour allemand "Jahr" et le "o" y représente la voyelle "a postérieur" telle qu'on la retrouve dans la prononciation de "â" dans "pâté" en français québécois.
  7. Expression du dialecte alsacien servant à désigner les francophones.
  8. Assemblée nationale
  9. Volkszählung vom 1. Dezember 1910, veröffentlicht in: Vierteljahreshefte und Monatshefte sowie Ergänzungshefte zur Statistik des Deutschen Reiches. Zusammengefasst in: Gerhard A. Ritter, unter Mitarbeit von M. Niehuss (Hrsg.): Wahlgeschichtliches Arbeitsbuch – Materialien zur Statistik des Kaiserreichs 1871–1918. Verlag C.H. Beck München (ISBN 3-406-07610-6)
  10. Jean-Noël Grandhomme ; Francis Grandhomme:« Les Alsaciens-Lorrains dans la Grande Guerre », La Nuée Bleue, 2013.[1]
  11. Spindler, L'Alsace pendant la Guerre, 6 septembre 1914.
  12. L'Alsace pendant la Guerre, 11 septembre 1915.
  13. Charles Spindler, L'Alsace pendant la Guerre, 7 juin 1917
  14. On lit dans le journal de Spindler dès le 26 octobre 1914 : « Puis il me recommande de ne pas parler français. Les rues sont infestées de mouchards, hommes et femmes, qui touchent des primes et font arrêter les passants pour un simple merci dit en français. Il va sans dire que ces mesures excitent l'esprit blagueur du peuple. Une femme du marché, qui probablement ignorait jusqu'à ce jour que bonchour et merci étaient français, est prise à partie par une dame allemande parce qu'elle a répondu à son Guten Tag par un bonchour ! Alors la bonne femme, les poings sur les hanches, interpelle sa cliente: « Maintenant j'en ai plein le dos de vos bêtes d'histoires ! Savez-vous quoi?...ici, une invite très ordurière… Et ça, est-ce aussi du français? » (Jetz grad genua mit dene dauwe Plän! Wisse Sie was? Leeke Sie mich… ! Esch des am End au franzêsch?)
  15. Charles Spindler, L'Alsace pendant la Guerre, 2 février 1915
  16. Wenn für die elsässischen Wertpapiere gegenwärtig sehr viel höhere Kurse bezahlt werden als für die gleichartigen Papiere des übrigen Deutschland, aus dem Gedanken heraus: uns kann nichts passieren, wir bleiben beim Sieger, so wird nicht bedacht, dass das schöne Elsass dem Rückzugsgebiet an. der Somme gleichsehen würde, bevor es in feindliche Hände fiele und damit der Grund zur Ueberwertung der elsässischen Papiere hinfällig würde...
  17. 1914-18 : La Grande guerre sur memorial-alsace-moselle.com
  18. À la date du 4 décembre 1914 Spindler écrit dans son journal au sujet du général Gaede qui commandait les troupes allemandes en Alsace du sud : « Son orgueil n'a d'égal que la haine qu'il porte à tout ce qui est alsacien. « Il n'y a que deux catégories d'Alsaciens », dit-il récemment, « les prudents et les imprudents. »
  19. « Les autorités impériales, confrontées dès 1914 aux désertions et aux actes d’insubordination d’une part non négligeable des recrues alsaciennes ou lorraines, jugeaient plus sage de les affecter à des fronts lointains ou à la Kriegsmarine » in Jean-Noël Grandhomme, « Du vignoble au désert. Un Alsacien sur le front de Palestine pendant la Grande-Guerre (1917-1918) », Société d’Histoire et d’Archéologie de Dambach-la-Ville, Barr et Obernai, 1999, p. 123.
  20. En mai 1918 les députés Peirotes, Boehle et Fuchs posèrent cette question au chancelier : « Malgré les ordres émanant du Ministère de la Guerre, levant la suspension générale des permissions pour les soldats de l'armée allemande, les soldats alsaciens-lorrains n'obtiennent que très rarement les permissions auxquelles ils ont droit. M. le Chancelier a-t-il connaissance de cet état de choses et est-il prêt à faire le nécessaire pour que les soldats d'origine alsacienne-lorraine soient traités de la même façon que le sont les soldats des autres provinces de l'Empire ? »
  21. Philippe Husser, Un Instituteur alsacien, 27 octobre 1918, Hachette, 1989.
  22. Souligné par l'auteur lui-même.
  23. Alexandre de Hohenlohe, étant bavarois, rejette instinctivement la responsabilité sur les Allemands du Nord. Dans L’Alsace pendant la Guerre, Charles Spindler ne cesse au contraire de parler de la brutalité des Bavarois (par exemple le 9 avril 1915).
  24. Alexandre de Hohenlohe, Souvenirs, 1929, p. 51.
  25. Dernières Nouvelles d'Alsace du 15 octobre 2014, « La Grande Guerre des femmes »
  26. Le Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge (Association allemande pour l'entretien des tombes de guerre), veille aujourd'hui sur les tombes des Alsaciens-Lorrains morts pour l'Allemagne au cours des deux guerres mondiales.
  27. Émile Hinzelin, L'Alsace, la Lorraine et la Paix, Les Éditions de la Marche de France, Villemombre, s.d. (vers 1929) p. 211-212
  28. Gérard Bouchet, Chantal Forestal, La laïcité par les textes, documents fondamentaux et matériaux d'enseignement, Éditions L'Harmattan, , p. 173
  29. Directive du 14 août 1920 du sous-secrétaire d'État à la présidence du Conseil, adressée au commissaire général de la République à Strasbourg
  30. Eberhard Jäckel, Frankreich in Hitlers Europa – Die deutsche Frankreichpolitik im Zweiten Weltkrieg, Deutsche Verlag-Anstalg GmbH, Stuttgart, 1966 ; traduction : La France dans l'Europe de Hitler (préface de Alfred Grosser, traduction de Denise Meunier), éd. Fayard, coll. « Les grandes études contemporaines », 1968, 554 p., chap. « L'annexion déguisée », p. 123-124
  31. Ministère de la Justice - archives-judiciaires : Quand l'Alsace-Lorraine redevint française

Voir aussi

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Bibliographie

Dictionnaires et encyclopédies

  • Édouard Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l'Alsace, éditions F. Sutter Rixhei 1909-1910 réédité en 1973.
  • Collectif, Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, Fédération des sociétés d'Histoire et d'Archéologie d'Alsace 1982.

Langues et cultures

  • Paul Lévy, Histoire linguistique d'Alsace et de Lorraine
    • La langue allemande en France.

Ouvrages d'histoire

  • (de) Ansbert Baumann, « Die Erfindung des Grenzlandes Elsass-Lothringen » dans Burkhard Olschowsky (ed.), Geteilte Regionen - geteilte Geschichtskulturen? Muster der Identitätsbildung im europäischen Vergleich, Munich 2013, ISBN 978-3-486-71210-0, p. 163–183.
  • (de) Ernst Bruck, Das Verfassungs- und Verwaltungsrecht von Elsaß-Lothringen, Trübner, Strasbourg, 3 vol., 1908–1910. (ouvrage en ligne).
  • (de) Stefan Fisch, « Das Elsaß im deutschen Kaiserreich (1870/71–1918) » dans Michael Erbe (Hg.), Das Elsass. Historische Landschaft im Wandel der Zeit, Stuttgart, 2003, p. 123–46.
  • Frédéric Hoffet, Psychanalyse de l'Alsace, éditions Alsatia, Colmar, 1973.
  • Alfred Wahl, Confession et comportement dans les campagnes d'Alsace et de Bade, 1871-1939 éditions Coprur, Strasbourg 1980.
  • Alfred Wahl, Petites haines ordinaires : histoire des conflits entre catholiques et protestants en Alsace éditions La Nuée Bleue 2004
  • Alfred Wahl et Jean-Claude Richez, La vie quotidienne en Alsace entre France et Allemagne, 1850-1950 1993.
  • Bernard Klein, La Vie politique en Alsace bossue et dans le pays de la Petite Pierre Société savante d'Alsace et des régions de l'Est 1991.
  • François Igersheim L'Alsace des notables, éditions Budderflade, Strasbourg, 1981 On trouve à la fin de l'ouvrage, sous forme d'index, des notices biographiques.
  • Bernard Fischbach et Roland Oberlé, Les Loups noirs; autonomisme & terrorisme en Alsace, Alsatia-Union 1990, décrit la survivance du séparatisme dans les années 1970, avec la tentative avortée d'une campagne de terrorisme. La deuxième partie du livre, « Aspects de l'autonomisme alsacien » contient de nombreux documents.
  • Raymond Fischer L'Alsace de Bismarck 1870-1918, Éditions Muller, 2007, fait vivre cette annexion d'un demi-siècle par trois mouvements du texte, qui présentent une vision historique, la vie des Alsaciens d'un hameau annexé et la guerre par l'engagement d'un Alsacien sur le front russe.
  • Eugène Riedweg, Les Malgré-Nous, éditions du Rhin, 1995
  • Jean-Laurent Vonau Les Malgré-Nous et le drame d'Oradour, Le procès de Bordeaux, éditions du Rhin, Strasbourg, 2003.
  • Geneviève Baas Le Malaise alsacien 1919-1924, éditions Alsagraphic ; Strasbourg 1972.
  • Jean Haubenestel, Les Malgré-Nous d'Ernolsheim
    • L'Oncle d'Amérique
    • Active, propre, honnête, sur les bonnes alsaciennes de Paris.
  • Pierri Zind dans Elsass-Lothringen, nation interdite, publié en 1979. Point de vue autonomiste, et même séparatiste.
  • Émile Hinzelin, Contes et Légendes d'Alsace, tels qu'ils ont paru en 1913, présentent des différences avec les éditions parues dès 1915.
  • Émile Hinzelin, L'Alsace, la Lorraine et la Paix ; Ce livre, publié est en 1929 l'année où Strasbourg et Colmar portaient à leur tête des municipalités autonomistes.
  • Alsace et Lorraine, terres françaises, Éditions du Témoignage Chrétien, (1943), explique l'annexion "de fait" de l'Alsace-Lorraine entre 1940 et 1945.
    • Alexandre Millerand, Le retour de l'Alsace-Lorraine à la France, (1923), décrit avec le retour de l'Alsace-Lorraine à la France.
  • L'Alsace dans la guerre 1939-1945, Édition Horvath, permet de se rentre compte de l'intégration "de fait" de l'Alsace-Lorraine au sein du IIIe Reich.
  • Georges Delahache Alsace-Lorraine, la carte au liséré vert, (1918),
  • Les débuts de l'administration française en Alsace et en Lorraine, (1921), Librairie Hachette
  • Témoignage pour les alsaciens-lorrains, (1925), Librairie Plon
  • Laurence Turetti, Quand la France pleurait l'Alsace-Lorraine (1870-1914 : Les "provinces perdues" aux sources du patriotisme républicain), La Nuée Bleue, 2008. Analyse documentée de la perception au cours de cette période, côté français, de la perte de l'Alsace-Lorraine.
  • François Roth, Alsace-Lorraine : histoire d'un "pays perdu" : de 1870 à nos jours, Nancy, Place Stanislas, , 199 p. (ISBN 978-2-3557-8050-9, OCLC 717676815)

Mémoires et témoignages

  • Joël Forthoffer, Les ateliers ferroviaires de Bischheim : 1939-1948, Saint-Cyr-sur-Loire, Sutton, coll. « Mémoires et Images », (ISBN 978-2-8138-0363-4, OCLC 847984802)

À partir de clichés inédits pris sous l'annexion, l'auteur nous livre la vie au quotidien au cœur d'une entreprise. Avec plus d'une centaine de photographie de propagande soustrait à l'occupant lors de son retrait, c'est un témoignage rare pour cette période.

  • Pierre Schlund, Marie-Odile Schlund et Jean-Marie Schlund., Souvenirs de guerre d'un Alsacien, 1914-1918, 1939-1945, Montréal, Éditions Mille et une vies, , 257 p. (ISBN 978-2-923-69218-0, OCLC 782100561)
  • Philippe Husser, Journal d'un Instituteur alsacien tenu entre 1914 et 1951 . Préface et notes d'Alfred Wahl.
  • Charles Spindler. L'Alsace pendant la guerre: 1914-1918, éditeur Place Stanislas, 2008. Husser considère que l'auteur, ayant disposé de relations plus étendues, a écrit un livre plus intéressant que le sien. Il ajoute que l'ouvrage n'est pas d'une totale franchise, l'auteur l'ayant rédigé en vue de sa publication : c'est l'insistance de son ami André Hallays qui a d'abord fait publier quelques extraits dans la Revue des Deux-Mondes puis, en livre indépendant, la partie allant de 1914 à 1919. Le reste est toujours inédit et entre les mains de sa famille.
  • Marie-Joseph Bopp, Ma ville à l'heure nazie, 2004, éditions de la Nuée Bleue.
  • Prince Alexandre de Hohenlohe, Souvenirs, .Fut haut fonctionnaire en Alsace. On tirera peu, des Denkwürdigkeiten écrits par son père.
  • Hans-Otto Meissner : Straßburg, o Straßburg
  • Elly Heuss-Knapp : Ausblick vom Muensterturm: Erlebtes aus d. Elsass u. d. Reich
  • Jean Egen : Les Tilleuls de Lautenbach
  • Jean Schlumberger : Éveils
  • Pierre Durand : En passant par la Lorraine, s.d. (1945).
  • Anne-Marie de Grazia: "Madeleine en Marianne, " récit de la Seconde Guerre Mondiale

Ouvrages romancés et fictions

  • Alphonse Daudet, « La dernière classe » (in Contes du lundi)
  • Friedrich Lienhard : Westmark, montre sous une forme romancée l'état d'esprit des Allemands et des Alsaciens germanophiles aux derniers temps de la Première Guerre mondiale. Publié à l'origine en caractères fraktur, l'ouvrage a été récemment réimprimé en caractères romains.
  • La lecture des albums de Hansi offre un certain éclairage sur la question, en particulier Le Professeur Knatschke dont l'influence a été considérable sur les idées que les Français se sont forgées de l'Alsace-Lorraine.

Filmographie

Articles connexes

Liens externes