Claude de France (1499-1524)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Claude de France
Illustration.
Portrait de Claude de France réalisé trente ans après sa mort dans le Livre d'heures de Catherine de Médicis[Note 1].
Fonctions
Reine de France

(9 ans, 6 mois et 19 jours)
Couronnement
en la cathédrale Notre-Dame de Reims
Prédécesseur Marie Tudor
Successeur Éléonore de Habsbourg
Duchesse de Bretagne

(10 ans, 6 mois et 11 jours)
Prédécesseur Anne
Successeur François III
Biographie
Dynastie Maison de Valois-Orléans
Date de naissance
Lieu de naissance Romorantin (France)
Date de décès (à 24 ans)
Lieu de décès Blois (France)
Sépulture Basilique de Saint-Denis
Père Louis XII
Mère Anne de Bretagne
Conjoint François Ier de France
Enfants Louise de France
Charlotte de France
François de France
Henri II Red crown.png
Madeleine de France
Charles de France
Marguerite de France
Religion Catholicisme
Résidence Château de Blois
Château d'Amboise

Claude de France (1499-1524)
Ducs de Bretagne

Claude de France (Romorantin, - Blois, ), duchesse de Bretagne (1514), devint reine de France en 1515 en épousant François Ier, roi de France.

Elle est la fille du roi Louis XII et d'Anne de Bretagne. Elle meurt à 24 ans après avoir mis au monde sept enfants[1].

Son nom est resté pour désigner une variété de prunes, la reine-claude, dont un plant avait été apporté par l'ambassadeur du royaume de France auprès de la Sublime Porte, de la part de Soliman le Magnifique.

Elle est la seule a avoir été à la fois fille, épouse et mère (on peut également ajouter grand-mère) de rois de France.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Claude naît le à Romorantin[2]. Elle est duchesse de Bretagne en 1514, reine de France en 1515, comtesse de Soissons, de Blois, de Coucy, d'Étampes, de Montfort, et duchesse de Milan.

Fille du roi Louis XII et de la duchesse Anne de Bretagne, elle reçoit son prénom en hommage à saint Claude, que sa mère avait invoqué lors d'un pèlerinage afin de pouvoir donner le jour à un enfant viable. En effet, des quatorze enfants que celle-ci mit au monde, seuls deux lui survécurent.

Cependant, si elle peut succéder à sa mère sur le trône de Bretagne, elle ne peut comme fille succéder à son père sur le trône de France du fait de la loi salique.

Projet de mariage avec Charles de Habsbourg[modifier | modifier le code]

Héritière du duché de Bretagne, elle est fiancée en 1501 à Charles de Habsbourg (futur Charles Quint), duc de Luxembourg, fils aîné du duc de Bourgogne Philippe le Beau (1479-1506).

Philippe le Beau (Philippe IV de Bourgogne) est l'héritier de quatre dynasties, en tant que petit-fils du duc de Bourgogne Charles le Téméraire (Pays-Bas bourguignons, comté de Bourgogne), que fils de Maximilien d'Autriche, empereur et chef de la maison de Habsbourg, premier mari, par procuration, d'Anne de Bretagne en 1490 (ce mariage ayant été cassé par Charles VIII en 1491), et qu'époux de Jeanne de Castille, héritière présomptive[3] des Rois catholiques d'Espagne (de Castille et d'Aragon). Successeur de Philippe le Beau, Charles de Habsbourg est (potentiellement) le plus puissant prince en Europe occidentale.

Cette union est soutenue par Anne de Bretagne et par le cardinal d'Amboise. Amboise cherche essentiellement à faire pièce au maréchal de Gié, qui est partisan d'un mariage de Claude avec François d'Angoulême, duc de Valois, premier prince du sang, donc héritier présomptif du royaume si Louis XII n'a pas de fils. La reine veut s'assurer que son duché reste en dehors du domaine royal français[4] et éviter, au minimum, que la Bretagne tombe entre les mains du duc de Valois qu'elle déteste. Louis XII accepte parce qu'il a besoin du soutien de l'empereur dans la guerre qu'il mène en Italie, notamment pour recevoir l'investiture du duché de Milan[5].

Le contrat de mariage est signé le à Lyon par François de Busleyden, archevêque de Besançon, Guillaume de Croÿ, Nicolas de Rutter et Pierre Lesseman, ambassadeurs de Philippe le Beau, qui n'est alors que duc de Bourgogne (en titre). Il est prévu qu'à la mort d'Anne de Bretagne, le duché passera à sa fille Claude et à son époux.

Le dispositif est précisé par les trois traités de Blois de 1504, entre Louis XII, Maximilien d'Autriche et Philippe le Beau : ils assurent à Claude une dot considérable en cas d'absence d'héritier mâle pour Louis XII : en plus du duché de Bretagne, le duché de Milan, , le comté de Blois et le comté d'Asti, et surtout le duché de Bourgogne[6], ce qui revient à rétablir l'État bourguignon de Charles le Téméraire. Si le mariage avait eu lieu, dans ces conditions, toutes les causes de la rivalité à venir entre Charles Quint et François Ier auraient été tranchées avant même l'avènement de ces deux princes.[réf. nécessaire][7]

En 1505, Louis XII, malade et craignant pour sa vie, ne souhaitant pas obérer le règne de son héritier présomptif, fait annuler ces fiançailles par les États généraux de Tours de mai 1506, au profit de François d'Angoulême, dont la mère, Louise de Savoie, avait obtenu du roi la promesse (secrète) que Claude serait mariée avec lui[8]. Philippe le Beau est alors très occupé en Castille pour se faire reconnaître comme roi consort (juin 1506). Sa mort peu de temps après (25 septembre) permet d'éviter que la rupture du contrat ait des conséquences trop graves.

Anne de Bretagne, furieuse de voir Gié triompher, va tout faire pour obtenir sa condamnation pour crime de lèse-majesté par le Parlement de Paris[9][pas clair][10]

Reine de France[modifier | modifier le code]

Fiançailles de François d'Angoulême et Claude de France par Guillaume II Le Roy, Chroniques de Louis XII, BNF, Fr.5083, fo 1 vo.

Claude épouse donc le son cousin le comte d'Angoulême, le futur roi François Ier, dans la chapelle du château vieux de Saint-Germain-en-Laye, lui assurant la Bretagne au moins, au cas où Louis XII et sa nouvelle reine, Marie Tudor, auraient conçu un dauphin. La duchesse Claude ne gouverna jamais la Bretagne et en céda l'usufruit à son mari, puis à titre perpétuel[réf. nécessaire] en 1515. Au contraire de sa sœur cadette Renée, qui était la véritable héritière du duché de Bretagne selon le contrat de mariage d'Anne et de Louis XII, elle semble ne s'être jamais intéressée à son héritage maternel et n'avoir montré aucune disposition à la politique, tandis qu'elle préférait se dévouer à la religion, sous l'influence, d'après certaines sources, de Cristoforo Numai, qui avait été le confesseur de Louise de Savoie, mère de François Ier. Néanmoins, Renée fera plus tard un procès à son petit-neveu Charles IX afin de récupérer ses droits sur le duché, sans succès mais avec de belles compensations[11].

Gabriel Miron sera Chancelier de la Reine Claude et premier médecin ; il écrivit un livre intitulé : de Regimine infantium tractatus tres[12].

Claude de France a une vie très effacée de la politique et de la Cour. Elle est couronnée le à la Basilique Saint-Denis. Dès le début de son règne et de son mariage, elle tombe enceinte et de là enchaîne les grossesses. Elle est littéralement réduite au rôle primitif de la reine : assurer une descendance au roi. Elle met au monde un enfant, puis, après quelques mois de repos, enchaîne une autre grossesse. Les nouveau-nés sont pris en main par des nourrices, et Louise de Savoie, mère de François Ier, s'occupe en partie de leur éducation[réf. nécessaire].

Son fils aîné, le dauphin François, lui succéda sur le trône de Bretagne sous le nom de François III, son père le roi conservant l'usufruit du duché.

À propos de la reine Claude de France, Brantôme a écrit :

« Il faut parler de madame Claude de France, qui fust très bonne et très charitable, et fort douce à tout le monde, et ne fist jamais desplaisir ny mal à aucun de sa court ny de son royaume. Elle fust aussy fort aymée du roy Louys, et de la royne Anne, ses pere & mere, et estoit leur bonne fille et la bien-aymée, comme ilz luy monstrarent bien; car amprès que le roy fust paisible duc de Milan, ilz la firent déclarer et proclamer en sa court de parlement de Paris, à huys ouverts, duchesse des deux plus belles duchez de la chrestienté, qui estoient Milan et Bretaigne, l'une venant du pere et l'autre de la mere. Quelle heritiere! s'il vous plaist. Ces deux duchez joinctes ensemble eussent bien faict un beau royaume[13] »

Apparence[modifier | modifier le code]

Autant François était grand et athlétique, autant Claude était petite. Ses maternités successives la faisaient paraître continuellement bien en chair aux dires de la Cour, qui en faisait un sujet de moquerie. Les ambassadeurs étrangers notent sa « forte corpulence », sa claudication, le strabisme de son œil gauche, sa très petite taille, sa laideur et son effacement, pour ne souligner que ses qualités de cœur[14]. Elle fut peu aimée à la cour après la mort de ses parents. Brantôme témoignera

« que le roy son mary luy donna la vérolle, qui lui advança ses jours. Et madame la régente (Louise de Savoie) la rudoyait fort […]. »

Le roi a pléthore de maîtresses, dont la plus connue est la duchesse d'Estampes. Mais il est toujours très discret et respectueux envers Claude de France, pour qui il éprouve une certaine tendresse. Cette discrétion est en partie due à la présence de la reine-mère, Louise de Savoie, qui exige un comportement exemplaire à la Cour[réf. nécessaire].

Enfants[modifier | modifier le code]

À l'âge de 15 ans et demi, elle met au monde son premier enfant et en aura sept en seulement 10 ans de mariage :

Décès[modifier | modifier le code]

Tombeau de François Ier et de Claude de France dans la Basilique de Saint-Denis.

La reine Claude ne meurt pas vraiment en couche. Elle meurt d'épuisement, affaiblie par ses grossesses successives dont la première a été portée alors qu'elle n'a pas quinze ans. Au fil des grossesses elle perd sa vitalité, sa force de vivre. Elle reste de plus en plus dans son lit, jusqu'à ne plus pouvoir se lever. Elle n'est plus que l'ombre d'elle-même[réf. nécessaire], et est affaiblie par une tuberculose osseuse (comme sa mère) et par la syphilis que lui a probablement donnée son mari[15].

Postérité[modifier | modifier le code]

On a suggéré qu'elle était peut-être représentée sur la fameuse tapisserie de La Dame à la licorne[Note 2].

La variété de prunes appelée reine-claude lui doit son nom[16].

Le livre de prières de Claude de France est un joyau d'enluminure manuscrit, de 49 sur 69 mm, qu'elle fit réaliser vers 1517, année de son couronnement. Le livre est un enchaînement continu de 132 riches illustrations des passages de la Bible et de la vie des saints. Toutes les pages sont encadrées par la Cordelière, à la mémoire de sa mère. Son blason apparaît sur trois folios différents. Ce manuscrit ainsi qu'un livre d'heures ont été enluminés par un artiste qui a reçu le nom de convention de Maître de Claude de France. Il a été remis à la Pierpont Morgan Library à New York en 2008 par Madame Alexandre Rosenberg Paul à la mémoire de son époux[17].

Ascendance[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Claude de France entourée de ses quatre filles, Louise et Charlotte au premier plan, Marguerite et Madeleine au deuxième plan, avec Éléonore de Habsbourg au dernier plan.
  2. La thèse de M. André Arnaud, exposée dans la Revue de l'Art no 209 d', numéro spécial Magie de la tapisserie, soutient que la mystérieuse Dame de La Dame à la licorne du musée de Cluny serait Mary Tudor, troisième épouse de Louis XII et sœur d'Henri VIII, qui fut reine de France d' à . Les tapisseries de La Dame à la licorne auraient été tissées pour Antoine Le Viste, peut-être à Bruxelles, Tournai ou Bruges. Elles pourraient être l'œuvre du peintre Jean Perréal, dit Jehan de Paris. La Suivante serait Claude de France, épouse de François 1er. Les six tapisseries actuellement visibles au Musée du Moyen Âge et des Thermes de Cluny à Paris, rescapées d'une série de huit tapisseries, raconteraient divers épisodes de la vie de Mary en France. Cette interprétation est développée et à discuter sur le site [1].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Voir sur univ-lyon2.fr..
  2. Site de Romorantin..
  3. La succession de Castille a lieu en 1504 ; Philippe le Beau est reconnu par les Cortes comme roi consort en 1506, mais meurt quelques semaines après.
  4. Joël Blanchard, Philippe de Commynes, Paris, Fayard, 2006, p. 299-300.
  5. Jean Pierre Bois,La Paix, histoire politique et militaire, Paris, Perrin, 2012, p. 87-89.
  6. Yves Bottineau, Georges Ier d'Amboise (1460-1510): un prélat normand de la Renaissance, Rouen, PTC, p. 67-68.
  7. Cette assertion doit impérativement être étayée par un historien universitaire. Il est évident que le duché de Bourgogne aurait représenté un casus belli permanent s'il était revenu aux mains des Habsbourg !
  8. Philippe Tourault, Anne de Bretagne, Perrin, Paris, 1990, p. 255 : une déclaration datée du à Lyon, et non publiée, déclarait nulle toute union de Claude de France avec un autre prince que le futur François Ier.
  9. Joël Blanchard, Philippe de Commynes, Paris, Fayard, 2006, p. 299.
  10. La page Pierre de Rohan-Gié indique qu'il a été condamné par le Parlement de Toulouse, mais en février 1506, avant les Etats généraux de Tours.
  11. Auguste de (1815-1883) Auteur du texte Girardot, Procès de Renée de France, dame de Montargis, contre Charles IX, par le Bon de Girardot, (lire en ligne)
  12. WICKERSHEIMER (Ernest), JACQUART (Danielle) Dictionnaire biographique des médecins en France au Moyen Âge (1979), t. 1) p. 161-162.
  13. Saisie empruntée au Corpus historique étampois.
  14. Michel Géoris, François Ier. Le Magnifique, Éditions France-Empire, , p. 20.
  15. Francis Hackett, Francois Ier, Payot, 1984, p. 510.
  16. Gonzague Saint Bris, François Ier, éditions France Loisirs, p. 138.
  17. (en) « The Prayer Book of Claude de France », sur The Morgan Library & Museum, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Ouvrages principaux[modifier | modifier le code]

Bibliographie complémentaire[modifier | modifier le code]

  • (en) Cynthia J. Brown, « Like Mother, Like Daughter: The Blurring of Royal Imagery in Books for Anne de Bretagne and Claude de France », dans Cynthia J. Brown (éd.), The Cultural and Political Legacy of Anne de Bretagne : Negotiating Convention in Books and Documents, Cambridge, Boydell & Brewer, (ISBN 9781843842231), p. 101-121.
  • (en) Cynthia J. Brown, « Books for a Queen: The Literary Patronage of Claude de France » [« Des livres pour une reine : le patronage littéraire de Claude de France »], Bulletin du bibliophile, no 2,‎ , p. 257-276 (ISSN 0399-9742, résumé).
  • Audrey Pelée de Saint-Maurice, « Les funérailles d'une reine de France au temps de François Ier », Année François Ier, sur Rihvage, .
  • (en) Kathleen Wilson-Chevalier, « Claude de France : In Her Mother's Likeness, a Queen with Symbolic Clout? », dans Cynthia J. Brown (éd.), The Cultural and Political Legacy of Anne de Bretagne : Negotiating Convention in Books and Documents, Cambridge, Boydell & Brewer, (ISBN 9781843842231, lire en ligne), p. 123-144.
  • (en) Kathleen Wilson-Chevalier, « Claude of France: Justice, Power, and the Queen as Advocate for Her People », dans Rosalind Brown-Grant, Bernard Ribémont et Anne D. Hedeman, éditeurs, Textual and Visual Representations of Power and Justice in Medieval France : Manuscripts and Early Printed Books, Ashgate, (ISBN 978-1-4724-1570-7, lire en ligne), p. 241-271.
  • Kathleen Wilson-Chevalier, « Denis Briconnet et Claude de France: l'évêque, les arts et une relation (fabriste) occultée », Seizième Siècle, vol. 11 « Les évêques, les lettres et les arts »,‎ , p. 95-118 (ISSN 1774-4466, lire en ligne).
  • Kathleen Wilson-Chevalier, « "Trinités royales" et "quadrangle d'amour": Claude de France, Marguerite de Navarre, François Ier, Louise de Savoie et la réforme fabriste de l'Eglise », dans Murielle Gaude-Ferragu et Cécile Vincent-Cassy (dir.), « La dame de cœur ». Patronage et mécénat religieux des femmes de pouvoir dans l'Europe des XIVe – XVIIe siècles, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2016, p. 123-136 (ISBN 978-2-7535-4870-1). [lire en ligne].
  • Kathleen Wilson-Chevalier, « Claude de France. La vertu de la littérature et l’imaginaire d’une princesse vertueuse », dans Pascale Chiron et Lidia Radi, Valeur des lettres à la Renaissance. Débats et réflexions sur la vertu de la littérature, Paris, Classiques Garnier, 2016, pp. 43-81. [lire en ligne].

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bases de données et dictionnaires[modifier | modifier le code]