Charlotte de Savoie

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Charlotte de Savoie
Description de cette image, également commentée ci-après
Charlotte de Savoie.
Détail du volet droit d'un diptyque de dévotion représentant l'Adoration des bergers.
Anonyme, école de Savoie, vers 1472
(Chambéry, musée savoisien).

Titres

Reine de France


(22 ans, 1 mois et 8 jours)

Prédécesseur Marie d'Anjou
Successeur Anne de Bretagne

Dauphine de Viennois


(10 ans, 4 mois et 13 jours)

Prédécesseur Marguerite d'Écosse
Successeur Catherine de Médicis
Biographie
Dynastie Maison de Savoie
Naissance
Décès (à 42 ans)
Amboise (France)
Sépulture Basilique Notre-Dame de Cléry-Saint-André
Père Louis Ier de Savoie
Mère Anne de Lusignan
Conjoint Louis XI
Enfants Louis de France
Joachim de France
Louise de France
Anne de France
Jeanne de France
François de France
Charles VIII
François de France
Religion Catholicisme
Description de cette image, également commentée ci-après

Charlotte de Savoie (1441/3- [1],[2]) est une princesse de la maison de Savoie, fille de Louis Ier, duc de Savoie.

Elle est devenue, par son mariage avec le futur Louis XI, dauphine (1451), puis reine de France (1461).

Biographie[modifier | modifier le code]

Naissance[modifier | modifier le code]

La date de naissance de Charlotte de Savoie paraît mal établie. Le Dictionnaire de Biographie française se contente d'une approximation – « vers 1442 » – mais Pierre de Vaissière[3] va jusqu'à faire naître la reine en 1445. Mère d'un premier enfant en 1458, Charlotte n'aurait pu avoir moins de 16 ou 17 ans, et ne peut donc être née en 1445. En outre, Samuel Guichenon[4] prouve que Charlotte fut d’abord fiancée au duc de Saxe Frédéric, fils aîné de Frédéric II de Saxe, par contrat signé à Lausanne le dans lequel Charlotte est dite « secundogenita illustris principis … Ludovici Dei gratia Ducis Sabaudiæ » : elle était donc déjà née, seconde fille du duc Louis Ier de Savoie et d'Anne de Chypre. Le fiancé était Frédéric de Saxe (1439-1451), fils de Frédéric II le Doux (1412-1464), prince-électeur de Saxe ; or l’âge de la consommation du mariage est fixé pour Frédéric à 15 ans (ce qui nous mène en 1454) et celui de Charlotte, à 12 ans : Charlotte serait donc née en 1442 (ou fin 1441). Refiancée à Louis, dauphin et futur Louis XI, le contrat fut signé le [5] ; elle n’a alors pas encore les 12 ans requis.

Mariage[modifier | modifier le code]

Le dauphin Louis de France, futur Louis XI, révolté contre son père le roi Charles VII et réfugié dans ses États de Dauphiné, négocie en secret avec Louis Ier de Savoie qui accepte de lui donner sa fille en mariage. Le contrat est signé le , à Genève, chez les franciscains[6].

Le mariage est célébré le par procuration, à Chambéry en Savoie puis le 2 avril à Grenoble dans le royaume de France[7]. Charlotte de Savoie a 6 ans (ou plus probablement 9, voir plus haut). Il s'agit d'un mariage par procuration : un engagement de principe qui sera conclu ou non, lorsque les fiancés en auront l'âge légal ce qui n'est pas le cas ici puisque l'âge légal du mariage des filles est fixé par l'Église catholique à 12 ans. Le dauphin Louis n'a probablement pas obtenu la dispense pontificale nécessaire à son union.

Pour fuir la colère de son père, Louis se réfugie avec sa jeune épouse à la cour de Philippe III le Bon, duc de Bourgogne, qui leur octroie le château de Genappe. Le mariage n'ayant pas été dénoncé, il est valide mais le premier des enfants du couple ne naîtra pas avant que la princesse fut nubile, c'est-à-dire à partir de 14 ans à l'époque.

Descendance[modifier | modifier le code]

Elle donne naissance à huit enfants dont seulement trois ont atteint l'âge adulte : Anne de France (future Anne de Beaujeu et régente du royaume), Jeanne de France, future épouse de Louis XII, et le futur Charles VIII. Louis XI veillera à l'éducation de son fils Charles, et Charlotte à l'éducation de ses filles.

Enfants :

  • Louis (-1460)
  • Joachim (-)
  • Louise (-1460)
  • Anne de Beaujeu (-)
  • Jeanne (-)
  • François (-)
  • Charles VIII (-)
  • François (-)

Personnalité[modifier | modifier le code]

Selon les chroniques de l'époque, Charlotte est dotée d'une beauté médiocre[8]. Elle n'a joué aucun rôle politique, car son époux, Louis XI, avait décidé d'éloigner sa résidence au Plessis-du-Parc-lès-Tours de celle de la famille, le château d'Amboise, afin d'éviter l'immixtion des serviteurs de la reine dans les affaires de l'État[9]. Cependant, sa vie était consacrée non seulement à l'éducation de ses filles, mais aussi à une excellente lecture, avec l'acquisition d'un grand nombre de livres. Aussi le château d'Amboise était-il illustré par la richesse de sa bibliothèque[10]. De plus, en dépit de ses faibles ressources, la reine gardait toujours, jusqu'à sa mort, un libraire et un joueur de luth[11]. Enfin, ce château est devenu le berceau de la Bibliothèque nationale de France[12]. Après une vie solitaire et dévouée à son mari, Charlotte, malade, s'éteint le à Amboise, quelques mois seulement après son époux, elle n'était âgée que de 42 ans. La reine désirait être inhumée avec son mari, à la basilique Notre-Dame de Cléry-Saint-André. En conséquence, ce couple, exceptionnellement, ne fut pas enterré à l'abbaye royale de Saint-Denis.

Au contraire de son époux, la reine ne se déplaçait guère. Toutefois, l'année 1470 se distingua par son grand pèlerinage. En effet, à la suite de la naissance du dauphin Charles, seul héritier masculin et viable, elle alla au Puy-en-Velay afin de remercier la Sainte Vierge, en y passant la fête de Toussaint[13].

Iconographie[modifier | modifier le code]

Généalogie simplifiée[modifier | modifier le code]

Ascendance[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Foundation for Medieval Genealogy, qui fait naître la reine le « 11 Nov 1441 ».
  2. Charles VIII fut à Paris le 3 décembre 1483. À partir du lendemain 4 décembre, il séjournait à Cléry-Saint-André.
  3. Pierre de Vaissière, Le château d'Amboise, Paris, 1935, rééd. 1949, p. 21.
  4. Samuel Guichenon, Histoire généalogique de la royale maison de Savoie, Lyon, 1660, p. 531.
  5. Guichenon, op. cit. p. 374-375.
  6. Jacques Heers, Louis XI, p. 43, Perrin, Paris, 2003.
  7. Jean Favier, Louis XI p. 133, Fayard, Paris, 2001, ainsi que, Jacques Heers, Louis XI p. 43, Perrin, Paris, 2003.
  8. « Charlotte de Savoie, épouse de Louis XI », sur monsite.com (consulté le ).
  9. Jean Favier, Louis XI, p. 236, Fayard, Paris, 2001.
  10. Alexandre Tuetey, Inventaire des biens de Charlotte de Savoie, Reine de France, p. 20-33, Imprimerie de AD. Lainé et J. Havard, Paris, 1865.
  11. A. Tuetey, Inventaire des biens de Charlotte de Savoie, Reine de France, p. 5, Imprimerie de AD. Lainé et J. Havard, Paris 1865, ainsi que, Jean-Pierre Babelon, Le château d'Amboise, p. 48, Actes Sud, Arles 2004.
  12. « Frankrijk in Nederland/ La France aux Pays-Bas », sur ambafrance-nl.org (consulté le ).
  13. Etienne Médicis, Le livre De Podio, , 694 p. (lire en ligne), p. 258.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie complémentaire[modifier | modifier le code]

Généralités[modifier | modifier le code]

Enfance[modifier | modifier le code]

  • Nathalie Blancardi, Les petits princes. Enfance noble à la cour de Savoie (XVe siècle), Lausanne, Cahiers lausannois d’histoire médiévale, 2001.

Culture, piété et mécénat[modifier | modifier le code]

  • Françoise Avril, « Un portrait inédit de la reine Charlotte de Savoie », Études sur la Bibliothèque nationale et témoignages réunis en hommage à Thérèse Kleindienst, Paris, Bibliothèque nationale, 1985, p. 255-262.
  • Cynthia Jane Brown, « Parenté royale et livresque : une anthologie manuscrite dans la bibliothèque de Charlotte de Savoie (Paris, BnF, fr. 2222) », dans Cynthia J. Brown et Anne-Marie Legaré, éd., Les Femmes, la culture et les arts en Europe entre Moyen Âge et Renaissance, Turnhout, Brepols Publishers, 2016, p. 367-386 DOI 10.1484/M.TCC-EB.5.107676
  • Yannick Frizet, « Louis XI et le partage familial de la dévotion », dans Familles royales : Vie publique, vie privée aux XIVe et XVe siècles, Presses universitaires de Provence, coll. « Le temps de l'histoire », (ISBN 978-2-8218-8294-2, lire en ligne), p. 145–184.
  • Anne-Marie Legaré, « Charlotte de Savoie’s Library and Illuminators », Journal of the Early Book Society for the Study of Manuscripts and Printing History, vol. 4 : Women and Book Culture in Late Medieval and Early Modern France, 2001, p. 32-67. [Résumé]
  • Anne-Marie Legaré, Le « Pèlerinage de vie humaine » en prose de la reine Charlotte de Savoie, Bibermühle et Rotthalmünster, Tenschert (Illuminationen, 6), 2004.
  • Anne-Marie Legaré, « Charlotte de Savoie (v. 1442-1483) : Aimoit fort la lecture et les livres... », dans Christian Freigang and Jean-Claude Schmitt (éd.), Hofkultur in Frankreich und Europa im Spätmittelalter / La culture de cour en France et en Europe à la fin du Moyen Âge, Berlin, Akademie Verlag, 2005, p. 101-121.
  • Anne-Marie Legaré, « Le mécénat artistique de Charlotte de Savoie à Bourges (1470-1483) : l'exemple de ses livres à caractère religieux », dans Murielle Gaude-Ferragu et Cécile Vincent-Cassy (dir.), « La dame de cœur » : Patronage et mécénat religieux des femmes de pouvoir dans l'Europe des XIVe – XVIIe siècles, Rennes, Presses universitaires de Rennes, (ISBN 978-2-7535-4870-1, lire en ligne), p. 109-122.

Mort, funérailles et sépulture[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]