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* H. D. Saffrey, in ''Dictionnaire des philosophes antiques'', 1989 ss., t. III, {{p.|814-817}}.
* H. D. Saffrey, in ''Dictionnaire des philosophes antiques'', 1989 ss., t. III, {{p.|814-817}}.
* [[Maurice Sartre]], ''Histoires grecques'', Points Seuil, 2009.
* [[Maurice Sartre]], ''Histoires grecques'', Points Seuil, 2009.

* {{Ouvrage |auteur=Margaret Alic |titre=Hypatia's Heritage: A History of Women in Science from Antiquity through the Nineteenth Century |année=1986 |éditeur=Beacon Press |location=Boston |isbn=0-8070-6731-8}}
* {{Ouvrage |auteur = J. L. Berggren| date = 2009 | doi = 10.1007/s11016-009-9256-z |éditeur= Metascience|pages = 93–97 | titre = The life and death of Hypatia | volume = 18}}
* {{Ouvrage | last = Bernardi | first = Gabriella | contribution = Hypatia of Alexandria (355 or 370 ca. to 415) | doi = 10.1007/978-3-319-26127-0_5 | isbn = 9783319261270 | pages = 27–36 | publisher = Springer Praxis Books | title = The Unforgotten Sisters: Female Astronomers and Scientists before Caroline Herschel | year = 2016}}
* {{Ouvrage |last=Cain | first = Kathleen | year = 1986 | title = Hypatia, the Alexandrian Library, and M.L.S. (Martyr-Librarian Syndrome) | journal = Community & Junior College Libraries | volume = 4 | issue = 3 | date = Spring 1986 | pages = 35–39 | doi = 10.1300/J107V04N03_05}}
* {{Ouvrage | first = Alan | last = Cameron | title = Isadore of Miletus and Hypatia: On the editing of mathematical texts | journal = Greek, Roman and Byzantine Studies | year = 1990 | url = http://grbs.library.duke.edu/article/view/4171 | pages = 103–127 | volume = 31 | issue = 1 }}
* {{Ouvrage |last=Donovan |first=Sandy |title=Hypatia: Mathematician, Inventor, and Philosopher (Signature Lives: Ancient World) |year=2008 |publisher= Compass Point Books |isbn=978-0756537609}}
* {{Ouvrage |last=Knorr |first=Wilbur | authorlink = Wilbur Knorr |title=Textual Studies in Ancient and Medieval Geometry |publisher=Boston: Birkhäuser |year=1989 |location= |isbn=0-8176-3387-1 | chapter = Chapter 11. On Hypatia of Alexandria | pages = 753–804 | doi = 10.1007/978-1-4612-3690-0_27}}
* {{Ouvrage |last=Molinaro |first=Ursule | authorlink = Ursule Molinaro |title=A Full Moon of Women: 29 Word Portraits of Notable Women From Different Times and Places + 1 Void of Course |year=1990 |publisher=Dutton |location=New York |isbn=0-525-24848-X |chapter=A Christian Martyr in Reverse: Hypatia}}
*{{Ouvrage | last = Nietupski | first = Nancy | journal = Alexandria | pages = 45–56 | publisher = Phanes Press | title = Hypatia of Alexandria: Mathematician, astronomer and philosopher | url = https://books.google.com/books?id=sboJPPCBpuQC&pg=PA45 | volume = 2 | year = 1993| isbn = 9780933999978 }}. See also ''The Life of Hypatia from The Suda'' (Jeremiah Reedy, trans.), pp. 57–58, ''The Life of Hypatia by Socrates Scholasticus from his Ecclesiastical History 7.13'', pp. 59–60, and ''The Life of Hypatia by John, Bishop of Nikiu, from his Chronicle 84.87–103'', pp. 61–63.
* {{Ouvrage |last=Osen |first=Lynn M. |title=Women in Mathematics |year=1990 |publisher=MIT Press |location=Cambridge, MA |isbn=0-262-15014-X|contribution-url=https://books.google.com/books?id=81kQ9VtTal4C&pg=PA21|pages=21–32|contribution=Hypatia, 370–415}}
* {{Ouvrage | authorlink = Reuben Parsons (priest)| last = Parsons | first = Reuben | year = 1892 | url = https://archive.org/stream/somelieserrorsof00parsuoft#page/44/mode/2up | contribution = St. Cyril of Alexandria and the Murder of Hypatia | title = Some Lies and Errors of History | location = Notre Dame, Indiana | publisher = Office of the "Ave Maria" | pages = 44–53}}
* {{Ouvrage | last = Richeson | first = A. W. | year = 1940 | url = http://jnsilva.ludicum.org/Sherlock/hypatia1.pdf | title = Hypatia of Alexandria | journal = National Mathematics Magazine | volume = 15 | issue = 2 | pages = 74–82 | doi = 10.2307/3028426| jstor = 3028426 }}
* {{Ouvrage | last = Rist | first = J. M. | authorlink = John Rist | doi = 10.2307/1086284 | issue = 3 | journal = Phoenix | pages = 214–225 | title = [[Phoenix (classics journal)|Hypatia]] | volume = 19 | year = 1965| jstor = 1086284 }}
* {{Ouvrage | last = Schaefer | first = Francis | year = 1902 | url = http://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=mdp.39015022676665;view=1up;seq=449 | title = St. Cyril of Alexandria and the Murder of Hypatia | journal = The Catholic University Bulletin | volume = 8 | pages = 441–453}}.
* {{Ouvrage |last=Teruel |first=Pedro Jesús |title=Filosofía y Ciencia en Hipatia |publisher=Gredos |year=2011 |location=Madrid |isbn=978-84-249-1939-9 |language=Spanish}}
* {{Ouvrage | last = Vogt | first = Kari | authorlink = Kari Vogt | editor1-last = Børresen | editor1-first = Kari Elisabeth | editor2-last = Vogt | editor2-first = Kari | contribution = 'The Hierophant of Philosophy' – Hypatia of Alexandria | doi = 10.1007/978-94-011-1664-0_3 | isbn = 9789401116640 | location = Dordrecht | pages = 155–175 | publisher = Kluwer Academic Publishers | title = Women's Studies of the Christian and Islamic Traditions: Ancient, Medieval and Renaissance Foremothers | year = 1993}}
* {{Ouvrage|url=http://www.smithsonianmag.com/specialsections/womens-history/Hypatia-Ancient-Alexandrias-Great-Female-Scholar.html|title=Hypatia, Alexandria's Great Female Scholar|magazine=[[Smithsonian (magazine)|Smithsonian]]|first=Sarah|last=Zielinski|date=March 14, 2010}}
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==== Ouvrages littéraires faisant référence à Hypatie ====
==== Ouvrages littéraires faisant référence à Hypatie ====

Version du 26 mars 2018 à 21:04

Hypatie
Représentation imaginaire d'Hypatie
d'Alexandrie par Alfred Seifert.
Naissance
Entre 355 et 370
AlexandrieVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
École/tradition
Principaux intérêts
Influencée par
Père

Hypatia[note 1] (née entre 355 et 370 selon les sources et assassinée par des chrétiens en 415)[1] est une philosophe néoplatonicienne, astronome et mathématicienne grecque d'Alexandrie[2]. Grande femme de lettres et de sciences, elle est à la tête de l'école néoplatonicienne d'Alexandrie, au sein de laquelle elle enseigne la philosophie et l'astronomie[3],[4]. Elle est la première femme mathématicienne dont la vie est bien documentée[5].

Hypatie était reconnue de son vivant pour être une professeure de renom et une sage conseillère. Bien qu'aucun écrit directement rédigé de sa main n'ait pu être retrouvé, il est probable qu'elle a été à l'origine de l'édition et de la diffusion des textes d'Euclide, notamment des Éléments, et de l'Almageste de Ptolémée. Elle aurait par ailleurs co-rédigé les textes de son père, Théon d'Alexandrie, mais aussi rédigé une revue documentée de 13 volumes sur les Arithmétiques de Diophante d'Alexandrie, qui aurait partiellement survécu en se mélangeant au texte original de Diophante parvenu jusqu'à nous, et rédigé un ouvrage de vulgarisation scientifique de huit volumes sur le traité d'Apollonios de Perga portant sur les sections coniques. Elle est aussi célèbre pour avoir construit des astrolabes et des hydromètres.

Bien que de religion hellénistique, Hypatie était connue pour sa tolérance à l'égard des premiers chrétiens, et a enseigné à de nombreux étudiants chrétiens, dont Synésios de Cyrène, futur évêque de Ptolémaïs. Jusqu'à la fin de sa vie, Hypatie conseille le préfet Oreste, alors préfet d'Égypte, qui était en conflit ouvert avec Cyrille d'Alexandrie, évêque d'Alexandrie. Des rumeurs indiquant qu'elle entretiendrait le conflit entre Oreste et Cyrille poussent une foule de moines chrétiens, en mars 415, à l'assassiner, à la démembrer et à la brûler. Ces moines chrétiens parabolani ont notamment été incités à tuer Hypatie par un meneur spirituel nommé Pierre[6],[7], sous l'influence de l'évêque Cyrille d'Alexandrie.

La mort d'Hypatie sous les coups des chrétiens choque l'Empire et fait d'elle une martyre de la philosophie, menant les futurs néoplatoniciens comme Damascios à devenir de fervents opposants au christianisme. Pendant le Moyen-âge, le symbole d'Hypatie est récupéré et déformé pour en faire une incarnation des vertus chrétiennes ; elle pourrait être à l'origine de la légende de Catherine d'Alexandrie. Pendant le Siècle des Lumières, elle redevient un symbole de l'opposition au catholicisme. Elle intègre la littérature européenne sous l'impulsion de Charles Kingsley en 1853, qui rédige un ouvrage romancé sur la vie de la mathématicienne, puis, au XXe siècle, devient une icône du mouvement pour les droits des femmes et du féminisme. Bien que plusieurs descriptions aient associé son histoire avec l'incendie volontaire de la grande Bibliothèque d'Alexandrie par les premiers chrétiens, les faits historiques démontrent que les deux attaques sont distinctes[8].

Biographie

Éducation

D'après la Souda, Hypatie connaît la célébrité durant le règne de l'empereur Flavius Arcadius[9] (représenté sur ce solidus).

Hypatie était la fille du mathématicien Théon d'Alexandrie (env. 335 - env. 405)[10]. Rien n'est actuellement connu au sujet de la mère d'Hypatie, qui n'est jamais mentionnée dans les sources existantes[11],[12],[13]. Concernant l'existence éventuelle de frères ou de sœurs à Hypatie, Théon a écrit sur son commentaire de l'Almageste de Ptolémée, au livre IV, que son travail était dédié à un individu nommé Epiphanius, auquel il s'adresse par la formule « mon cher fils »[13], laissant supposer que ce dernier pourrait être le frère d'Hypatie[13]. Toutefois, le mot grec qu'utilise Théon (teknon) ne signifie pas uniquement « fils » au sens biologique du terme, mais peut aussi s'utiliser dans le cadre d'une relation intime, semblable à une relation père-fils[13].

La date exacte de la naissance d'Hypatie est encore débattue, mais les sources s'accordent sur la possibilité qu'elle soit née entre 350 et 370[14],[13]. De nombreux universitaires se rangent à l'avis de Richard Hoche, qui suggère qu'Hypatie est née aux alentours de 370. D'après la Souda, elle vécut sous le règle de l'empereur Flavius Arcadius. Richard Hoche précise que la description faite par Damascios, qui souligne sa beauté physique, correspond à celle d'une femme d'une trentaine d'années, et arrive de ce fait à remonter à la date de naissance approximative d'Hypatie[9],[15]. À contrario, les théories qui privilégient une naissance au début des années 350 s'appuient sur les écrits de Jean Malalas, qui indique qu'elle était âgée lors de sa mort en 415[16],[17]. Robert Penella indique que les théories sur sa date de naissance ne reposent que sur des indices faibles, et que sa date de naissance devrait être considérée comme inconnue[9].

Théon, son père, était à la tête d'une école dénommée « Mouseion », dont le nom est un hommage à l'ancien Mouseîon d'Alexandrie de l'époque hellénistique[18]. L'école dirigée par Théon était jugée sélective, de haute renommée, et de doctrine conservatrice[18]. Ainsi, Théon rejetait les enseignements de Jamblique[18] et s'attachait à enseigner un néoplatonisme plotinien pur[18]. Il souhaitait faire de sa fille « un être humain parfait »[19],[20] et à ce titre lui enseigna les mathématiques, la philosophie, l'astronomie[19],[20], l'entraîna aux arts de la rhétorique[20], à la lecture de la littérature grecque antique[20], ainsi qu'à divers sports et activités physiques parmi lesquels la course à pied, la randonnée, l'équitation, la natation et les sports d'eau afin de développer sa forme physique[20]. Pour ses études, il l'envoya en Italie et à Athènes[19], où elle étudia auprès de Plutarque d'Athènes et de sa sœur Asclépigénie[21].

Carrière

Texte original grec d'une des sept lettres existantes de Synésios à Hypatie (photo d'une édition imprimée de 1553 par Adrian Turnèbe, Archives du MIT).

À son retour à Alexandrie, Hypatie s'adonna à la lecture et commença à rédiger des écrits sur des sujets variés tels que les mathématiques, l'astronomie, la philosophie ou la mécanique. Néoplatonicienne comme son père[18], elle décida de rejeter elle aussi les enseignements de Jamblique et privilégia le néoplatonisme original formulé par Plotin[18]. Elle enseigna d'abord en tant que professeure de mathématiques et de philosophie au sein de l'école néoplatonicienne d'Alexandrie, puis, aux environs de l'an 400, assuma les fonctions de directrice de l'école[22],[23]. L'école néoplatonicienne d'Alexandrie était alors renommée, à cette époque, pour sa qualité d'enseignement en philosophie[14] et Alexandrie était perçue comme la deuxième capitale philosophique mondiale du monde gréco-romain après Athènes[14]. Hypatie enseigna à des étudiants de toute la zone méditerranéenne[24], dont des païens, des chrétiens et des étrangers, pour lesquels elle conçoit notamment des manuels à but pédagogique[25]. D'après l'historien et néoplatonicien Damascios (né vers l'an 460 et mort après 537), elle donna des conférences sur les écrits de Platon et d'Aristote[26],[27]. Il précise par ailleurs qu'elle arpentait les rues d'Alexandrie vêtue d'un himation, et donnait des conférences publiques improvisées[22],[28].

Deux formes principales du néoplatonisme étaient enseignées à Alexandrie à la fin du quatrième siècle[18]. La première était le néoplatonisme religieux enseigné au Sérapéum d'Alexandrie, qui a été fortement influencé par les enseignements de Jamblique[18]. La seconde forme de néoplatonisme était plus modérée et moins polémique, et reposait sur les écrits de Plotin ; c'est ce type d'enseignement qui avait les préférences d'Hypatie et de son père Théon[18],[18]. Bien qu'Hypatie ne soit pas de religion chrétienne, elle montrait un grand esprit de tolérance envers ces derniers[26],[27]. Ses étudiants les plus célèbres étaient d'ailleurs chrétiens[27], à l'image de Synésios de Cyrène[12],[14],[29],[30], qui devint par la suite évêque de Ptolémaïs (actuellement situé dans l'est de la Lybie) en 410[12],[30]. Après avoir suivi les enseignements d'Hypatie, il continue à échanger des lettres avec son ancienne professeure[31],[29],[30]. Ces lettres sont les principales sources d'informations concernant la carrière d'Hypatie[29],[32],[12],[30],[20]. Sept lettres d'échange entre Synésios et Hypatie ont survécu[30], mais toutes sont des lettres adressées par l'évêque à Hypatie[30].

Personnalité

Damascios décrit Hypatie comme une femme « excessivement belle et gracieuse »[11],[13] mais rien de plus n'est connu de son apparence physique[11] et aucune description de la philosophe n'a survécu[11]. L'historien chrétien Socrate le Scolastique, contemporain d'Hypatie, ne s'intéresse pas à ses traits physiques mais offre une description de sa personnalité dans son Histoire Ecclésiastique[11] :

« Il y avait dans Alexandrie une femme nommée Hypatie, fille du Philosophe Théon, qui avait fait un si grand progrès dans les sciences qu'elle surpassait tous les Philosophes de son temps, et enseignait dans l'école de Platon et de Plotin, un nombre presque infini de personnes, qui accouraient en foule pour l'écouter. Grâce à son contrôle d'elle-même et à la facilité avec laquelle elle avait développé la culture de son esprit, elle n'hésitait pas à fréquemment apparaître en public, en présence des magistrats. Elle ne se sentait pas non plus décontenancée à l'idée de se rendre à une assemblée d'hommes, ce qu'elle faisait toujours, sans perdre sa pudeur, ni sa modestie, qui lui attiraient le respect de tout le monde. »

Damascios note qu'Hypatie est restée vierge toute sa vie[11],[12] et que, lorsque l'un des hommes venu pour entendre ses enseignements tentait de la séduire, elle s'efforçait d'apaiser sa convoitise en lui jouant de la lyre[11],[12],[13]. L'usage de la musique pour soulager les pulsions sexuelles était un « remède » décrit par Pythagore[12], ce dernier affirmant que, lorsqu'il rencontrait des jeunes hommes ivres essayant de pénétrer dans la maison d'une femme vertueuse, il chantait une mélodie solennelle avec de longs spondées et qu'alors la rage virile des garçons était réprimée[33]. Quand l'homme continuait malgré tout ses avances, elle le rejetait catégoriquement[11],[12],[13], lui montrant du sang qu'elle disait venir de ses règles menstruelles et déclarait « « Voilà ce que tu aimes, ce n'est pas beau » (trad. Christian Lacombrade[34])[11],[12],[13] ». Damascios relate ensuite que les jeunes hommes étaient alors si traumatisés par cette expérience qu'ils abandonnaient leurs avances immédiatement[11],[12],[13]. Michael A. B. Deakin émet l'hypothèse que les règles d'Hypatie était une preuve de son célibat[13], puisqu'à cette époque, la ménarche arrivait généralement à l'âge où les femmes se mariaient[13] et qu'en l'absence de méthode fiable de contrôle des naissances[13], les menstruations étaient rares chez les femmes qui n'avaient pas fait du célibat une règle de vie[13].

Assassinat

Contexte

Représentation datée de 391 représentant Théophile d'Alexandrie, évangile à la main, se dressant triomphalement au-dessus du Sérapéum d'Alexandrie

Entre l'an 382 et l'an 412, l'évêque d'Alexandrie était Théophile d'Alexandrie[18]. Ce dernier était farouchement opposé à l'enseignement du néoplatonisme de Jamblique[18] et, en 391, il ordonna de faire démolir le Serapeum[35]. Dans le même temps, il n'agira pas à l'encontre de l'école dirigée par Hypatie et sembla la considérer dans un premier temps comme une alliée[11],[13],[18]. Effectivement, Théophile s'était assuré du soutien d'un des principaux élèves d'Hypatie, Synésios de Cyrène[12],[11], qui décrit dans ses lettres l'amour et l'admiration qu'il porte à Théophile[28],[13]. Théophile n'intervint donc pas dans les relations étroites établies entre Hypatie et les préfets romains ou d'autres hommes politiques de premier plan[18]. Il en résulta qu'Hypatie, très populaire auprès du peuple d'Alexandrie[18], pouvait disposer d'une influence politique majeure[18].

Théophile mourut de façon inattendue en 412[18]. Il était alors en train de former son neveu, Cyrille d'Alexandrie[18], mais ne l'avait pas encore nommé officiellement comme successeur[18]. Une violente lutte de pouvoir s'engagea alors pour savoir qui dirigerait le diocèse entre Cyrille et son rival Timothée[18]. Cyrille l'emporta finalement et fit immédiatement punir sévèrement ceux qui avaient pris le parti de Timothée[18]; puis, il fit fermer les églises gérées par les soutiens de Timothée, les Novatianistes, et confisqua toutes leurs propriétés[18]. L'école de Hypatie semble avoir immédiatement attiré une forte méfiance de la part du nouvel évêque[28],[13], notamment du fait que Synésios de Cyrène, l'élève d'Hypatie qui entretenait une large correspondance avec de nombreux acteurs importants à Alexandrie, n'ait écrit qu'une seule lettre à Cyrille, au sein de laquelle il lui indiquait qu'en tant que jeune évêque, il pouvait être inexpérimenté et dans l'erreur[28]. Dans une lettre adressée à Hypatie en 413, Synésios demandait d'intercéder en faveur de deux individus impliqués dans des litiges d'ordre civil à Alexandrie[36],[13], déclarant à propos de la philosophe : « Tu as toujours le pouvoir, et il t'appartient de l'utiliser à bon escient »[36]. Il indiquait aussi dans sa lettre qu'elle lui avait enseigné qu'un philosophe néoplatonicien devait introduire les plus hautes valeurs morales au sein de la vie politique, et qu'elle devait agir pour le bien de ses concitoyens[36].

En 414, l'évêque Cyrille fit fermer toutes les synagogues d'Alexandrie, fit confisquer toutes les propriétés appartenant aux Juifs, et fit chasser ces derniers de la ville[18]. Oreste, préfet romain d'Alexandrie et ami proche d'Hypatie[19],[11], récemment converti au christianisme[35],[11], fut choqué par les actions de Cyrille et envoya un rapport cinglant à l'empereur[18],[35],[11]. Le conflit est alors ouvert entre Cyrille et Oreste, et une émeute éclata en ville, au sein de laquelle les parabalani, un groupe de moines sous l'autorité de Cyrille, tenta d'assassiner Oreste[18]. En représailles, Oreste fait arrêter Ammonius, le moine qui a initié l'émeute, et le torture à mort publiquement[18],[35]. Cyrille tente de proclamer ce moine martyr[18],[35] mais les chrétiens d'Alexandrie sont écœurés du comportement de l'évêque[35], car ils considèrent qu'un martyr est un chrétien qui meurt pour sa foi et non un criminel qui a provoqué une émeute et tenté d'assassiner un gouverneur[35]. Des chrétiens d'Alexandrie ayant un poids politique important interviennent pour forcer Oreste et Cyrille à une trêve[18],[35]. Durant les négociations, Oreste fait fréquemment appel à Hypatie pour bénéficier de ses conseils[18],[37], notamment parce qu'elle entretenait de bonnes relations à la fois avec les chrétiens et avec les non-chrétiens[18], parce qu'elle ne s'était pas impliquée dans les précédentes phases du conflit[18] mais aussi parce qu'elle bénéficiait d'une réputation irréprochable de sage conseillère[18].

Illustration de Louis Figuier dans Vies des savants illustres, depuis l'antiquité jusqu'au dix-neuvième siècle en 1866, représentant l'image que l'auteur se fait de l'assaut subi par Hypatie.
Hypatia, Charles William Mitchell, 1885, Laing Art Gallery (Newcastle-upon-Tyne).

Malgré la forte popularité dont disposait Hypatie, Cyrille et ses alliés ont tenté de la discréditer et de saper sa réputation[18]. Socrate le Scolastique mentionne ainsi que des rumeurs accusent Hypatie d'empêcher Oreste de se réconcilier avec Cyrille[37]. Des traces de rumeurs se diffusant au sein de la population chrétienne d'Alexandrie sont retranscrites aux travers des écrits de l'évêque copte Jean de Nikiou, au VIIe siècle, qui les reprend dans sa Chronique[18], en accusant Hypatie de pratiques « sataniques » et d'avoir intentionnellement entravé l'influence de l'église en manipulant Oreste[38],[39]:

« En ces temps apparut une femme philosophe, une païenne nommée Hypatie, et elle se consacrait à plein temps à la magie [théurgie, selon Michel Tardieu], aux astrolabes et aux instruments de musique, et elle ensorcela beaucoup de gens par ses dons sataniques. Et le gouverneur de la cité l'honorait excessivement ; en effet, elle l'avait ensorcelé par sa magie. Et il cessa d'aller à l'église comme c'était son habitude… Une multitude de croyants s'assembla guidée par Pierre le magistrat — lequel était sous tous aspects un parfait croyant en Jésus-Christ — et ils entreprirent de trouver cette femme païenne qui avait ensorcelé le peuple de la cité et le préfet par ses sortilèges. Et quand ils apprirent où elle était, ils la trouvèrent assise et l'ayant arrachée à son siège, ils la trainèrent jusqu'à la grande église appelée Césarion. On était dans les jours de jeûne. Et ils déchirèrent ses vêtements et la firent traîner (derrière un char) dans les rues de la ville jusqu'à ce qu'elle mourût. Et ils la transportèrent à un endroit nommé Cinaron où ils brûlèrent son corps. Et tous les gens autour du patriarche Cyrille l'appelèrent le nouveau Théophile, car il avait détruit les derniers restes d'idolâtrie dans la cité. »

Description de l'assassinat

En 415, elle est assassinée par les hommes de main de Cyrille, les parabalani[40], incités au meurtre par un religieux chrétien nommé Pierre. Socrate le Scolastique, historiographe chrétien de langue grecque, est l'une des principales sources permettant de décrire l'assassinat d'Hypatie. Il relate les faits ainsi dans son Histoire ecclésiastique[37] (vers 440) :

« Au cours de la fête chrétienne du Carême en mars 415, les parabalani, sous les ordres du Lecteur nommé Pierre, ont attaqué Hypatie alors qu'elle rentrait chez elle[37],[19]. Ils l'ont traînée au sol jusqu'à une église voisine connue sous le nom de Caesareum[37], où ils l'ont déshabillée de force, puis l'ont tuée en utilisant un ostrakois aneilon[37],[28] [ce qui peut être traduit par des « morceaux de tuiles » ou des « coquilles d'huîtres »][37]. Ils ont ensuite découpé son corps en morceaux[37] puis ont traîné ses membres mutilés à travers la ville jusqu'à un endroit appelé Cinarion, où ils ont mis le feu à ses restes. »

Selon Voltaire, elle serait morte lapidée dans l'église nommée la Césarée, à Alexandrie, par une foule fanatisée de moines chrétiens, directement sur ordre de Cyrille, évêque d'Alexandrie, dont Pierre serait un sous-diacre. Ces moines l'auraient assassinée et auraient trainé son corps dans toute la ville en invoquant le fait qu'elle ne croyait pas en Jésus-Christ[41].

Interprétations

Socrate le Scolastique présente le meurtre d'Hypatie comme un assassinat politique[27] et ne mentionne pas de lien de cause à effet entre sa mort et le fait qu'elle ne soit pas chrétienne[27]. Ainsi, il indique qu'Hypatie « a été une victime d'une jalousie politique qui se jouait à cette époque. Du fait de ses fréquents échanges avec Oreste, a été diffusée auprès du peuple chrétien la calomnie selon laquelle elle tentait d'éviter la réconciliation entre Oreste et l'évêque[37] ». Socrate le Scolastique condamne ouvertement les actes des hommes qui ont lynché Hypatie[37] et déclare que « De façon sûre, rien ne peut être plus éloigné de l'esprit du christianisme que la caution des massacres, des combats, et des actions de cette nature[37]. »

Pour les historiens modernes, la mort d'Hypatie est attribuée à la jalousie de l'évêque Cyrille[42]. Elle est considérée comme un dommage collatéral dans la lutte de pouvoir qui oppose Cyrille à Oreste[42], et sa mort est une manifestation violente des tourments qui frappent Alexandrie à cette époque[42]. Le niveau d'implication direct de Cyrille dans cette tuerie est encore l'objet de débats entre historiens [37]. Toutefois, la plupart des historiens considère qu'il était au moins au courant du projet d'assassinat d'Hypatie[37] et seule une petite minorité d'entre eux pense encore qu'il n'était pas du tout impliqué[37].

Conséquences

Le premier concile de Constantinople représenté sur une enluminure d'un manuscrit byzantin du IXe siècle

La mort violente d'Hypatie créa une onde de choc dans tout l'Empire[12],[18] puisque depuis des siècles, les philosophes étaient considérés comme intouchables et détachés des violences qui éclataient dans les cités romaines[12]. Le meurtre sauvage d'une femme philosophe seule par un groupe d'hommes armés était perçu comme « profondément dangereux et déstabilisant »[12]. Bien qu'aucune preuve matérielle concrète reliant directement le meurtre d'Hypatie à Cyrille n'ait pu être découverte[18], il était largement partagé au sein de la population que l'évêque en était à l'origine et avait donné les ordres d'exécution[37],[18]. Parmi ceux qui pensaient que Cyrille n'avait pas donné lui-même l'ordre d'assassinat, il était tout de même évident que la campagne de dénigrement menée à l'encontre d'Hypatie avait largement inspiré les auteurs de la tuerie[18]. Le Conseil d'Alexandrie fut alerté des agissements de Cyrille[18] et envoya un ambassadeur au premier concile de Constantinople, pour prévenir l'ensemble des évêques orientaux[18]. Les conseillers de Théodose II lancèrent une enquête pour déterminer le rôle exact de Cyrille dans le meurtre[12].

Suite à l'enquête, les parabalani ont été retirés de l'autorité directe de Cyrille, et ont été placés sous l'autorité d'Oreste[12],[18],[28]. Cyrille n'a réussi à échapper à une punition plus grave qu'en soudoyant un des fonctionnaires de Théodose II[12]. L'historien Edward J. Watts affirme que le meurtre d'Hypatie est le point de non retour dans la quête de pouvoir politique qui animait Cyrille, en vue de prendre le contrôle d'Alexandrie[18]. Il note par ailleurs qu'Hypatie était un point de convergence qui permettait aux soutiens d'Oreste de s'accorder, notamment dans leur union pour s'opposer à Cyrille[18]. À sa disparition, l'opposition à Cyrille se divisa[18]. Deux ans après les faits, Cyrille contourna la loi plaçant les parabalani sous le contrôle d'Oreste[18] et, au début des années 420, Cyrille obtient le pouvoir dont il rêvait en prenant la tête du Conseil d'Alexandrie[18].

Positionnement de l'Église catholique et de l'Église orthodoxe

Cyrille d'Alexandrie est reconnu comme Saint par les orthodoxes et les catholiques, et il est fêté respectivement les 9[43] et 27 juin[44]. Il a été proclamé docteur de l'Église en 1882 par le pape Léon XIII[44].

Dans une audience du , Benoît XVI rend hommage à Cyrille d'Alexandrie, pour lequel il déclare : « Cyrille encore jeune fut élu Evêque de l'influente Eglise d'Alexandrie en 412, qu'il gouverna avec une grande énergie pendant trente-deux ans, visant toujours à en affirmer le primat dans tout l'Orient [...] Saint Cyrille d'Alexandrie a été un témoin inlassable et ferme de Jésus Christ, Verbe de Dieu incarné[45] ».

Travaux

Hypatie est créditée d'avoir écrit trois traités majeurs en géométrie, en algèbre et en astronomie ; ainsi que pour l'invention d'un hydromètre, un astrolabe et un instrument pour la distillation de l'eau. Les chercheurs modernes s’accordent à attribuer à Hypatie la rédaction de commentaires sur des œuvres de grands mathématiciens, notamment un commentaire sur les Arithmétiques de Diophante et sur les Sections coniques d’Apollonios de Perga.

Écrits

Hypatie a été décrite comme un génie universel[46], mais elle était probablement davantage une enseignante et une commentatrice qu'une innovatrice[14],[13],[11]. Aucune preuve ne permet d’affirmer qu'Hypatie ait publié des travaux indépendants sur la philosophie[36], ou réalisé des découvertes mathématiques importantes[14],[13],[11]. À l'époque d'Hypatie, les érudits préservaient les œuvres mathématiques classiques et les commentaient pour développer leurs arguments, plutôt que de publier des travaux originaux[14],[20]. Il a également été suggéré que la fermeture du Mouseion et la destruction du Serapeum aient pu conduire Hypatie et son père à concentrer leurs efforts sur la préservation des livres mathématiques fondateurs, afin de permettre qu'ils restent accessibles à leurs étudiants[36]. La Souda affirme, de façon erronée, que tous les écrits d'Hypatie ont été perdus [29] mais des recherches modernes ont identifié plusieurs œuvres existantes de sa main[29]. Ce type d'incertitude quant à la paternité de l'œuvre est typique des femmes philosophes de l'Antiquité[47]. Hypatie écrivait en grec, qui était la langue parlée par les personnes les plus instruites en Méditerranée orientale à cette époque[14]. Dans l'Antiquité classique, l'astronomie était considérée comme essentiellement mathématique[48]. Par ailleurs, aucune distinction n'était faite entre les mathématiques et la numérologie ou l'astronomie et l'astrologie[48].

Édition des travaux d'autres auteurs

Hypatie et son père Théon ont édité le texte existant des Éléments d'Euclide[20] montrés ici dans un manuscrit du neuvième siècle.

Il est possible qu'Hypatie ait édité les commentaires de son père sur les Éléments d'Euclide[39]. Son père mentionne le manuscrit comme étant « la recension de ma fille-philosophe Hypatie ». Il n'a toutefois pas été établi clairement si elle était l'éditrice et la correctrice du travail de son père, ou si elle était réellement l'auteure d'une partie des travaux[14]. Théon a également édité le texte existant des Éléments d'Euclide, corrigeant des erreurs scribales apportées durant près de 700 ans de recopiage[20]. Hypatie est supposée l'avoir assisté dans cette tâche[20]. L'édition de Théon et Hypatie des Éléments d'Euclide est devenue l'édition la plus répandue du texte durant des siècles[20] et a presque totalement supplanté toutes les autres éditions[27].

Hypatie pourrait aussi avoir édité la version existante de l'Almageste de Ptolémée[28]. Il a été pensé qu'Hypatie avait simplement révisé le commentaire de Théon sur l'Almageste[28] en se basant sur le titre du commentaire de Théon sur le troisième livre de l'Almageste, qui indique « Commentaire de Théon d'Alexandrie sur le Livre III de l'Almageste de Ptolémée, édition révisée par ma fille Hypatie, la philosophe »[28],[27]. Toutefois, en se basant sur l'analyse des titres des autres commentaires de Théon, et d'autres titres similaires de la même période, des chercheurs ont conclu qu'Hypatie a corrigé, non pas le commentaire de son père, mais le texte de l'Almageste lui-même[28],[27]. Sa contribution est supposée être une méthode améliorée pour les algorithmes de division posée nécessaires pour le calcul astronomique[48]. Le modèle de Ptolémée de l'univers était géocentrique[48]. Dans l'Almageste, Ptolémée propose un problème de division pour calculer le nombre de degrés parcourus par le soleil en un seul jour pendant qu'il tourne autour de la terre[48]. Dans ses premiers commentaires, Théon a essayé d'améliorer le calcul de division de Ptolémée[48]. Dans le texte édité par Hypatie, une méthode tabulaire est détaillée[48]. Cette méthode tabulaire pourrait être la « table astronomique » que les sources historiques attribuent à Hypatie[48]. Elle aurait également participé à l’édition des Canons astronomiques de Ptolémée[25].

Travaux indépendants

Hypatie a écrit un traité en huit volumes vulgarisant le traité d'Apollonios de Perga sur les sections coniques[19].

Hypatie a rédigé un commentaire sur les Arithmétiques en treize volumes de Diophante, qui a été écrit aux environs de l'an 250[19],[49],[50]. Il contient plus de 100 problèmes mathématiques, pour lesquels des solutions sont proposées en utilisant l'algèbre[20],[19]. Ce commentaire a longtemps été cru perdu[29], mais l'historien des sciences français du XIXe siècle Paul Tannery a déduit que des parties avaient en fait survécu, interpolées au sein du texte original de Diophante[29],[51], dont seuls les volumes 1 à 6 ont survécu[50]. Sir Thomas Heath publia la première traduction anglaise de la partie conservée de l'Arithmetica en 1885[50]. Heath défend l'idée que le texte de l'Arithmetica qui a survécu est en fait rédigé par Hypatie, pour aider ses étudiants[50]. Hypatie a utilisé un algorithme inhabituel pour la division (dans le système sexagésimal alors utilisé), permettant aux les historiens de relever les parties du texte écrites par Hypatie[29]. Une partie de son traité Sur le Canon Astronomique de Diophante a été retrouvée dans la bibliothèque du Vatican au XVe siècle[52].

Hypatie a par ailleurs écrit un ouvrage de vulgarisation scientifique en huit volumes du traité d'Apollonios de Perga sur les sections coniques[49],[19] qui a depuis disparu[29]. Elle a également créé un Canon astronomique[49], un ensemble de tables décrivant les mouvements des corps célestes[19]. Il est supposé être soit une nouvelle édition des Tables manuelles de Ptolémée, soit le commentaire susmentionné de son Almageste[53],[7]. Un haut degré d'habileté mathématique est requis pour être capable de commenter les mathématiques avancées d'Apollonius dans son Canon astronomique[14]. Pour cette raison, la plupart des chercheurs aujourd'hui reconnaissent qu'Hypatie a nécessairement été parmi les plus grands mathématiciens de son temps[14].

Inventions et observations

Hypatie est connue pour avoir construit un astrolabe planisphérique[19],[13] semblable à celui ci-dessus, datant du XIe siècle.

Une des lettres de Synésios de Cyrène précise qu'Hypatie lui a enseigné comment construire un astrolabe planisphérique en argent, afin de l'offrir en cadeau à un fonctionnaire[13],[20],[50]. Un astrolabe est un instrument utilisé pour calculer la date et l'heure en se basant sur les positions des étoiles et des planètes[13],[54]. Il peut également être utilisé pour prédire l'emplacement des étoiles et des planètes à n'importe quelle date[13],[54]. Un « petit astrolabe », ou « astrolabe planisphérique », est un modèle d'astrolabe qui utilise une projection stéréographique de la sphère céleste pour représenter les cieux sur une surface plane, à l'opposé d'une sphère armillaire, qui a la forme d'un globe[48].

La déclaration faite dans la lettre de Synésios a parfois été mal interprétée, en affirmant qu'Hypatie avait inventé l'astrolabe planisphérique elle-même[22],[19],[8], mais ce type d'astrolabe est connu depuis au moins 500 ans avant la naissance d'Hypatie[8],[13],[20]. Hypatie a probablement appris à construire un tel astrolabe par son père Théon[48],[50], qui lui a consacré un traité. Ce traité de Théon est maintenant perdu, mais ses traductions sont supposées avoir transmis le concept théorique de ces astrolabes au monde arabe. Certaines parties du traité pourraient avoir été préservées dans les écrits de Sévère Sebôkht[55]. Les textes de Synésios reflètent la croyance néoplatonicienne selon laquelle la connaissance du divin est accessible à travers l'observation des cieux[56].

Dans une autre lettre, Synésios demande à Hypatie de lui construire un « hydroscope », un instrument appelé de nos jours hydromètre, servant à déterminer la densité ou la gravité spécifique d'un liquide[19],[8],[13],[50]. En se basant sur cette demande, il a été affirmé qu'Hypatie avait elle-même inventé l'hydromètre[8], mais le soin minutieux avec lequel Synésios décrit l'instrument semble indiquer qu'elle n'en a jamais entendu parler[13]. Synésios semble toutefois confiant sur le fait qu'elle soit capable de le réaliser à partir d'une description verbale[13]. On a également attribué à Hypatie l'invention d'autres instruments, dont un destiné au dessalement de l'eau de mer[19] et un autre pour mesurer le niveau de l'eau[19], mais ces autres attributions sont largement considérées comme fausses[13].

Ari Belenkiy décrit les travaux astronomiques d'Hypatie comme centraux pour les enjeux de la région, se focalisant sur les controverses relatives aux observations de l'équinoxe et aux dates des fêtes, et permettant au final de mettre en évidence des erreurs dans les travaux de Ptolémée et la nécessité d'observations indépendantes. Dans deux de ses écrits (en 2010 et 2016), Belenkiy propose un paradigme astronomico-calendaire pour le meurtre d'Hypatie. En comparant deux des principales sources sur Hypatie, Socrate le Scolastique et Philostorge, Belenkiy suggère qu'Hypatie a effectué des observations équinoxiales en 414-415, à la demande du gouverneur Oreste. Cela pouvait constituer le test décisif pour déterminer qui avait raison dans les conflits sur le jour de Pâques 414 menés par l'évêque Cyrille contre les communautés locales juives et novatiennes. Le succès d'Hypatie à établir le jour correct de l'équinoxe de printemps pouvait saper l'autorité de l'église d'Alexandrie au moment de Pâques, puisqu'elle utilisait des calculs équinoxiaux basés sur la Syntaxe de Ptolémée (Almageste)[57],[58].

Héritage et postérité

Portrait d'Hypatie d'Alexandrie, par Jules Maurice Gaspard (1908).

Antiquité

Hypatie n'a pas de successeur désigné, ni d'époux, ni de descendance et sa mort subite ne laisse pas seulement son héritage sans protection, mais menace aussi toutes les valeurs et les idéaux qu'elle défendait[12]. Hypatie, qui prônait des valeurs de tolérance à l'égard des étudiants chrétiens, et faisait preuve de volontarisme pour coopérer avec les dirigeants chrétiens, avait espéré que le néoplatonisme et le christianisme puissent co-exister pacifiquement, voire s'enrichir mutuellement[12]. Au lieu de cela, sa mort et la faible réaction du gouvernement chrétien pour punir les assassins mettent à mal toutes ces valeurs et mènent les partisans de la vision néoplatoniste, comme Damascios, à considérer que les évêques sont des personnes « dangereuses, jalouses, et qui sont complètement opposées à la réflexion philosophique »[12]. Hypatie devient ainsi une « martyr de la philosophie », et son meurtre mène les philosophes à adopter des attitudes plus identitaires et moins ouvertes aux chrétiens[12].

Peu après le meurtre sauvage d'Hypatie, une lettre falsifiée anti-chrétienne apparait avec son nom en bas de la lettre[59]. Damascios était « anxieux à l'idée de dénoncer le scandale de la mort d'Hypatie », et d'attribuer la responsabilité de cette mort à l'évêque Cyrille et à ses sympathisants[60],[35]. Un passage rédigé par Damascios dans sa Vie d'Isidore (aussi appelée Histoire philosophique), et préservé dans la Souda, conclut toutefois que le meurtre d'Hypatie est dû à la jalousie de Cyrille qui voyait « sa sagesse [à Hypatie] dépasser toutes les frontières et notamment dans le domaine de l'astronomie »[42],[28]. Le récit de Damascios sur le meurtre d'Hypatie par les chrétiens est la seule source historique directe qui ait survécu, et qui attribue directement la responsabilité de la mort de la philosophe à l'évêque Cyrille[61]. Dans cette même source, Damascios relativise tout de même les qualités d'Hypatie, en la comparant à son propre professeur Isidore d'Alexandrie, pour lequel il emploie une prose louangeuse[35],[27],[28], en notant ainsi que « Isidore éclipsait grandement Hypatie, pas seulement comme un homme sur une femme, mais comme un véritable philosophe le fait sur un simple géomètre »[13].

Moyen Âge

Icône de Catherine d'Alexandrie dans le Monastère Sainte-Catherine du Sinaï en Égypte. La légende de Catherine d'Alexandrie a été partiellement ou complètement inspirée par l'histoire d'Hypatie[13],[62].

L'assassinat d'Hypatie ressemble par certains aspects à ceux des martyrs chrétiens, qui avaient été trainés dans les rues durant la persécution de Dèce en 250[36],[62]. D'autres aspects de la vie d'Hypatie correspondent aussi à l'idéal chrétien, comme sa virginité choisie durant une vie entière[13],[62]. Au Haut Moyen Âge, les chrétiens confondent la mort d'Hypatie avec celles des martyrs de Dèce[13],[62] et son histoire devient le fondement de la légende de Catherine d'Alexandrie, une martyre vierge décrite comme d'une grande sagesse et très savante[13],[62]. Les premiers cultes voués à Sainte Catherine débutent au VIIIe siècle, environ trois siècles après la mort d'Hypatie[62]. L'une des histoires reliée à la légende de cette Sainte raconte qu'elle a été confrontée à cinquante philosophes païens qui ont essayé de la convertir[13], mais que, par son éloquence, elle arriva à tous les convertir au christianisme[13]. Une autre histoire voudrait faire croire qu'elle était une élève de l'évêque Athanase d'Alexandrie[62].

Les informations relatives à un possible mariage d'Hypatie sont discutées à partir du Xe siècle siècle, et on retrouve des traces de ces rumeurs de mariage au sein de la Souda, qui indique qu'elle était la femme d'Isidore le Philosophe (apparemment Isidore d'Alexandrie)[63]. Cependant, Isidore d'Alexandrie est né bien après la mort d'Hypatie, et aucun philosophe contemporain d'Hypatie n'est connu sous ce nom[64]. Le nom d'Hypatie reste une référence évoquant l'intelligence et la sagesse au cours du Moyen Âge. Ainsi, l'intellectuelle Eudocie Makrembolitissa (1021–1096), seconde femme de l'empereur byzantin Constantin X, est décrite par l'historien du XIVe siècle siècle Nicéphore Grégoras comme une seconde Hypatie[65].

Début de l'époque moderne

Frontispice et page de titre du pamphlet anti-catholique où l'érudit déiste du XVIIIe siècle John Toland change des détails du meurtre d'Hypatie afin de dépeindre Cyrille de la pire façon.

L'érudit déiste du XVIIIe siècle John Toland utilise, dans la troisième partie de son Tetradymus (1720), le meurtre d'Hypatie comme base pour son pamphlet anti-catholique, Hypatia: Or the History of a most beautiful, most vertuous, most learned, and every way accomplish'd Lady; who was torn to pieces by the Clergy of Alexandria, to gratify the pride, emulation, and cruelty of their Archbishop, commonly, but undeservedly, stil'd St. Cyril[66],[28],[12]. Afin de dépeindre la mort d'Hypatie de la manière la plus négative, Toland change l'histoire et invente des éléments qui n'apparaissaient dans aucune source antique[28],[12]. En 1721, le controversiste chrétien Thomas Lewis prend la défense de Cyrille au travers d'un ouvrage intitulé The History of Hypatia, a most Impudent School-Mistress of Alexandria: Murder'd and torn to Pieces by the Populace, in Defence of Saint Cyril and the Alexandrian Clergy from the Aspersions of Mr. Toland[28],[12]. Il y rejette le récit de Damascios, qu'il vilipende comme source non digne de confiance, du fait que son auteur est « un païen »[12], puis argumente sur le fait que Socrate le Scolastique est « un puritain », qui a fait preuve à maintes reprises de préjugés contre Cyrille[12].

Hypatie est évoquée dans l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, dans l'Article sur l'Éclectisme. Voltaire, dans son Examen important de Milord Bolingbroke ou le tombeau du fanatisme (1736) indique qu'Hypatie croyait en « les lois de la Nature rationnelle » et dans « les capacités de l'esprit humain libéré des dogmes »[28],[14] et décrit sa mort comme « un meurtre bestial perpétré par les dogues tonsurés de Cyrille, suivis d’une troupe de fanatiques »[67],[28]. Plus tard, dans une entrée de son Dictionnaire philosophique (1772), Voltaire dépeint de nouveau Hypatie, qu'il décrit comme un génie libre-penseur brutalement tué par des chrétiens ignorants[28],[14],[12]. La majeure partie de l'entrée ignore Hypatie elle-même[12] et traite plutôt de la controverse visant à savoir si Cyrille est, ou non, responsable de sa mort[12]. Voltaire conclut avec la remarque sarcastique suivante : « Quand on met les belles dames toutes nues, ce n’est pas pour les massacrer »[28],[12].

Dans son ouvrage Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, l'historien anglais Edward Gibbon s'attarde sur les descriptions de Toland et Voltaire qui feraient de Cyrille l'unique cause de tout mal à Alexandrie au début du Ve siècle[28], et décrivent le meurtre d'Hypatie comme une preuve pour étayer la thèse selon laquelle l'avènement du christianisme serait l'unique cause de la chute de l'Empire romain[28]. Il remarque la vénération continue dont bénéficie Cyrille en tant que saint chrétien, et commente que « la superstition [christianisme] expierait peut-être plus facilement le sang d'une vierge que le bannissement d'un saint »[28]. En réponse à ces accusations, des auteurs catholiques, ainsi que quelques protestants français, ont déclaré avec véhémence que Cyrille n'avait absolument aucune implication dans le meurtre d'Hypatie et que Pierre le Lecteur était l'unique responsable[12]. Au cours de ces débats enflammés, Hypatie elle-même tend à être mise de côté et ignorée, tandis que les débats se focalisent bien plus sur la question de savoir si Pierre le Lecteur a agi seul ou sous les ordres de Cyrille[12].

XIXe siècle

La pièce Hypatia, jouée au Theatre Royal Haymarket en janvier 1893, est basée sur le roman de Charles Kingsley.
La photographie Hypatia de Julia Margaret Cameron en 1867 est également inspirée du roman de Charles Kingsley.

Au XIXe siècle, des auteurs européens s'inspirent de la légende d'Hypatie au sein du mouvement du néo-hellénisme, qui donne une vision romantique de la Grèce antique et ses valeurs[14]. L'intérêt pour la « légende littéraire d'Hypatie » commence à grandir[28]. Dans son poème de 1827 Ipazia ovvero delle Filosofie, Diodata Saluzzo Roero suggère que Cyrille a en fait converti Hypatie au christianisme, et qu'elle a été tuée par un prêtre « traître »[68].

Leconte de Lisle consacre deux poèmes à Hypatie dans son recueil Poèmes antiques, Hypathie en 1852 et Hypathie et Cyrille en 1857. Il y dépeint Hypatie comme l'incarnation de la « vérité et beauté vulnérable »[69]. Le premier poème de Leconte de Lisle dépeint Hypatie comme une femme née après son temps, une victime des lois de l'histoire[28]. Son second poème revient au portait déiste du XVIIIe siècle où Hypatie est la victime de la brutalité chrétienne[28], mais avec le retournement où Hypatie essaie, sans succès, de convaincre Cyrille que le néoplatonisme et le christianisme sont en fait fondamentalement la même chose[28].

Le roman de Charles Kingsley datant de 1853, Hypatia, est à l'origine prévu pour être un traité historique[28], mais, au lieu de cela, il devient une romance typique du milieu de l'époque victorienne, avec un message militant anti-catholique[28], dressant un portrait d'Hypatie comme celle d'« une héroïne désemparée, prétentieuse et érotique »[70] avec « l'esprit de Platon et le corps d'Aphrodite »[28].

Le roman de Kingsley (texte en anglais) est immensément populaire[12],[28]. Il a été traduit dans plusieurs langues européennes[28],[12] et il est demeuré imprimé de façon continue durant le reste du siècle[12]. Il promeut la vision romantique d'Hypatie comme « la dernière des Hellènes »[28] et a rapidement été adapté dans une large variété de productions théâtrales[12], dont la première est une pièce écrite par Elizabeth Bowers, jouée à Philadelphie en 1859, l'auteure jouant elle-même le rôle titre[12]. Le , Hypatia, une adaptation théâtrale plus ambitieuse, écrite par G. Stuart Ogilvie et produite par Herbert Beerbohm Tree, est inaugurée au Theatre Royal Haymarket à Londres[71],[72]. Le rôle titre est initialement joué par Julia Neilson, et elle est accompagnée d'une orchestration musicale élaborée écrite par le compositeur Hubert Parry[71],[72]. Le roman engendre également des œuvres en art visuel[12], dont, en 1867, un portrait d'Hypatie en jeune femme par la photographe pionnière Julia Margaret Cameron[12],[73] et, en 1885, un tableau de Charles William Mitchell montrant une Hypatie nue se tenant devant un autel dans une église[12].

À la même époque, des philosophes et des scientifiques européens décrivent Hypatie comme la dernière représentante de la science et de la recherche libre avant un « long déclin médiéval »[14]. En 1843, les auteurs allemands Soldan et Heppe soutiennent dans leur ouvrage History of the Witchcraft Trials, qui a eu une grande influence, qu'Hypatie pourrait être en effet la première « sorcière » punie sous l'autorité chrétienne[74].

L'astéroïde (238) Hypatia (découvert en 1884) et le cratère lunaire Hypatia ont été baptisés en son honneur. Il est à proximité des cratères portant les noms de Théon de Smyrne ainsi que de Cyrillus et Theophilus. On trouve également à quelque 70 km au nord du cratère un réseau de canaux de 180 km de long nommés Rimae Hypatia, un degré au sud de l'équateur lunaire, le long de la Mer de la Tranquilité[75].

XXe siècle et XXIe siècle

Une actrice, potentiellement Mary Anderson, dans le rôle titre de la pièce Hypatia, c. 1900.

Symbole du mouvement féministe

Au XXe siècle, la vie et la mort d'Hypatie sont vues à la lumière des droits des femmes et elle est adoptée par les féministes[28]. L'auteur Carlo Pascal déclare en 1908 que son meurtre est un acte anti-féministe et a amené un changement dans le traitement des femmes, ainsi que le déclin de la civilisation méditerranéenne en général. Dora Russell, l'épouse de Bertrand Russell, publie un livre sur l'éducation inadéquate des femmes et l'inégalité sous le titre Hypatia or Woman and Knowledge en 1925[11]. Le prologue explique pourquoi elle a choisi ce titre[11] : « Hypatie est une universitaire dénoncée par des dignitaires religieux et mise en pièces par des chrétiens. Ainsi sera probablement le destin de ce livre »[11].

En tant qu'intellectuelle, Hypatia devient un modèle de la femme moderne et intelligente[28] et deux journaux féministes reprennent son nom : le journal grec Hypatie: Études Féministes est lancé à Athènes en 1984[28], et Hypatie: Un Journal de Philosophie Féministe est créé aux États-Unis d'Amérique en 1986[28]. En Grande-Bretagne, l'association Hypatia Trust a mis en place une bibliothèque et un accès à des archives de littérature féminine, mais aussi des travaux artistiques et scientifiques issus de femmes, depuis 1996[11].

Source d'inspiration dans les arts, les sciences et la littérature

Hypatia, peinture à l'huile de Julius Kronberg, 1889.
Les Rimae Hypatia, dans le cratère Moltke (photo prise par Apollo 10).

Au XXe siècle, Hypatie reste une source d'inspiration dans les arts et la littérature mondiale. La télévision la met aussi au premier plan dans le treizième et dernier épisode de la série de Carl Sagan de 1980 sur PBS, Cosmos: A Personal Voyage. Cet épisode relate un résumé fortement fictionnalisé de la mort d'Hypatie, qui résulte de l'incendie de la « Grande Bibliothèque d'Alexandrie » par des activistes chrétiens[8]. En fait, bien que des chrétiens conduits par Théophile aient effectivement mis le feu au Serapeum en 391, la Bibliothèque d'Alexandrie avait déjà cessé d'exister, des siècles avant la naissance d'Hypatie[8].

Hypatie est une des 39 convives référencées dans l'œuvre d’art contemporain The Dinner Party (1979) de Judy Chicago. Elle est la treizième convive de l'aile I de la table, elle y figure à côté de Boadicée[76],[77]. De nombreux auteurs de pièces de théâtre en font le personnage principal de leurs travaux à la fin des années 1980, parmi lesquels Mario Luzi, dans son Livre d’Hypatie (Libro di Ipazia), au théâtre en 1978. En littérature, Alexandra Barriole en fait le personnage principal dans son ouvrage Hypatie, la lionne de l'apocalypse, en 1987 et Andrée Ferretti en fait de même dans Renaissance en Paganie en 1987. Jean Marcel publie Hypatie ou la fin des dieux en 1989[78]. Charlotte Kramer dans son roman de 2006 Holy Murder: the Death of Hypatia of Alexandria dépeint Cyrille comme le prototype même du méchant sans une once de bien[11]. Hypatie est à plusieurs reprises décrite comme brillante et aimée[11] et elle humilie Cyrille en faisant la démonstration qu'elle connaît mieux que lui les textes religieux chrétiens[11]. Ki Longfellow dans son roman de 2009 Flow Down Like Silver invente une toile de fond élaborée expliquant les raisons qui ont poussé Hypatie à enseigner[11]. Paul Levinson met également en scène Hypatie, dans son roman The Plot to Save Socrates (2006) et ses deux suites Unburning Alexandria (2013) et Chronica, mais une Hypatie qui s'avère avoir voyagé dans le temps depuis les États-Unis du XXIe siècle[79]. Le personnage d'Hypatie apparaît dans le roman de l'égyptien Youssef Ziedan ‘Azāzīl (Le Caire, Dar al-Chorouq, 2008), construit comme les mémoires fictifs d'un moine de Haute-Égypte. Le moine Hépa l'a connue durant son séjour à Alexandrie pour y étudier la théologie et la médecine et assiste à son exécution[80],[11]. Ce roman obtient l'International Prize for Arabic Fiction en mars 2009[81].

Des pièces majeures de la littérature du XXe siècle contiennent aussi des références à Hypatie[11], dont les œuvres de Marcel Proust Du côté de chez Swann et À l'ombre des jeunes filles en fleurs de À la recherche du temps perdu, ou encore le roman Le Songe de Scipion de Iain Pears[11]. Umberto Eco dans son roman de 2002 Baudolino, montre une Hypatie belle et intelligente, à la peau pâle et aux cheveux blonds, dont le personnage principal tombe passionnément amoureux et tente de la séduire[11] mais il est surpris de découvrir qu'elle a des pattes de chèvre au lieu de jambes et qu'elle est à moitié satyre[11].

Le film Agora (2009) d'Alejandro Amenábar s'inspire librement de la vie et de la mort d'Hypatie, interprétée par Rachel Weisz, notamment les dernières années de sa vie[8],[12]. Elle y est montrée comme une patricienne, proche du préfet Oreste et de Synésios, deux anciens disciples. Elle se veut l’égale des hommes et enseigne la philosophie et les sciences en faisant face à la violence fanatique et à l’obscurantisme des chrétiens d’Alexandrie, et est érigée en figure de la laïcité. Elle cherche à comprendre, dans le film, comment les planètes, dont la Terre, tournent autour du Soleil, contrairement au système géocentrique comme on le croyait à l'époque. Elle finit par comprendre que le système héliocentrique fonctionne avec des orbites en ellipse et non en cercle. Le film, dont l'intention était de critiquer le fondamentalisme chrétien contemporain[8], a eu un large impact sur la vision populaire d'Hypatie[12]. Contrairement à de précédentes adaptations en fiction, Agora souligne les études astronomiques et mécaniques d'Hypatie plutôt que sa philosophie, la décrivant comme « moins Platon que Copernic »[12]. Ce film souligne également, plus que n'importe quel autre portrait précédent, les restrictions imposées aux femmes par l'église chrétienne à ses débuts[12]. Dans une scène, Hypatie subit une agression sexuelle par un des esclaves de son père, qui s'est récemment converti au christianisme[12], et dans une autre scène, Cyrille lit un verset de la Bible (I Timothée, II, 9-15) interdisant aux femmes d'enseigner[12]. Vers la fin du film, Synesios avertit Oreste qu'il doit abandonner son amitié pour Hypatie pour conserver sa foi chrétienne[12]. Le film dépeint également Cyrille et ses moines comme des hommes barbus, basanés, la tête couverte (selon la tradition chrétienne) de lambeaux de vêtements noirs, [12], les faisant ressembler à l'image des Talibans véhiculée par les médias[12].

Dans les sciences, en 1996, une petite pierre nommée Hypatia, en hommage à Hypatie, a été trouvée dans le désert à la frontière égypto-libyenne. Elle est présumée être le premier spécimen connu d'un noyau cométaire[82],[83]. Quelques années plus tard, une comète entrée en collision avec la Terre il y a 28 millions d'années, dans le désert du Sahara, portera à nouveau le nom d'Hypatie[84]. Hypatia est également le nom donné à Iota Draconis b, une planète extrasolaire (exoplanète) en orbite autour de l'étoile Iota Draconis[85].

Analyses par les historiens

La mort d'Hypatie reste aussi symbolique pour de nombreux historiens et universitaires. Ainsi, l'historienne Kathleen Wider affirme que le meurtre d'Hypatie marque la fin de l'Antiquité classique[86], et l'universitaire américain Stephen Greenblatt fait observer que l'assassinat « marque de façon effective la chute de la vie intellectuelle à Alexandrie »[87].

Pour Michel Tardieu et Pierre Chuvin, nous avons une « image tripartite de la philosophie hypatienne » : philosophie générale (Hypatie n'est pas une cynique parlant dans les rues, elle dispense un enseignement public, aux frais ou au service de l’État, dans les années 390, à Alexandrie. Elle explique « Platon ou Aristote ou tout autre philosophe » (selon Damascios). L'assistance à ses cours est libre. D'autre part, Hypatie donne sans doute des séances privées (hidia), en cénacles, et peut-être chez elle, auxquelles assistaient Synésios et ses condisciples. Cela explique que Cyrille d'Alexandrie, en poste depuis 412, ne se soit rendu compte qu'en 414 ou 415 de la popularité d'Hypatie), sciences (Hypatie connaît les mathématiques, l'astronomie) et vertu pratique (Hypatie porte sur elle « l'anneau de continence » (selon Damascios). Elle pratique la théurgie)[88].

Notes et références

Notes

  1. GrecὙπατία Hypatía, transcrit et prononcé en français : [i.pa.ti].

Références

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Annexes

Bibliographie

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Articles connexes

Liens externes