Canche (fleuve)

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la Canche
Illustration
La Canche à Montreuil.
Carte.
Carte du Bassin versant de la Canche
Loupe sur carte verte la Canche sur OpenStreetMap.
Caractéristiques
Longueur 100,2 km [1]
Bassin 1 310 km2 [1]
Bassin collecteur la Canche
Débit moyen 15,1 m3/s (Étaples (embouchure)) [2]
Organisme gestionnaire Symcéa - Syndicat Mixte Canche et Affluents[3]
Régime pluvial océanique
Cours
Source au lieu-dit les Pierrettes
· Localisation Gouy-en-Ternois
· Altitude 132 m
· Coordonnées 50° 19′ 35″ N, 2° 24′ 04″ E
Embouchure la Manche
· Localisation entre Étaples et Le Touquet-Paris-Plage
· Altitude m
· Coordonnées 50° 32′ 38″ N, 1° 35′ 25″ E
Géographie
Principaux affluents
· Rive gauche la Grande Tringue
· Rive droite la Ternoise, la Course, la Créquoise
Pays traversés Drapeau de la France France
Département Pas-de-Calais
Arrondissements Arras, Montreuil
Cantons Aubigny-en-Artois, Avesnes-le-Comte, Auxi-le-Château, canton du Parcq, Hesdin, Campagne-lès-Hesdin, Montreuil, Étaples
Régions traversées Hauts-de-France

Sources : SANDRE:« E54-003- », Géoportail, Banque Hydro, OpenStreetMap

La Canche est un fleuve côtier français du Pas-de-Calais, long de 100,2 kilomètres[1],[4]. Bien que la longueur de son cours soit relativement modeste, la Canche bénéficie de l'apport de nombreux affluents et d'un débit élevé. Sa vallée est le témoignage, depuis le Moyen Âge, de la mise en valeur par les hommes d'un milieu humide. Son estuaire, typiquement picard avec son poulier et son musoir, a été transformé, après avoir échappé à l'artificialisation, en milieu protégé, recelant une flore et une faune variées. L'estuaire de la Canche et la baie de Canche pourraient bientôt faire partie d'un des nouveaux Parcs naturels marins de France (projet de Parc naturel marin des estuaires picards et de la côte d'Opale (qui inclut en fait sept estuaires en comptant les estuaires picards, soumis à enquête publique en 2011).

Géographie

La Canche prend sa source à Gouy-en-Ternois, à l'altitude 132 mètres, près du lieu-dit les Pierrettes[5]. Elle passe à Frévent, Hesdin, Montreuil. Après un cours remarquablement rectiligne et d'une pente moyenne de 1,5 , à peu près parallèle à celui de l'Authie et au cours supérieur de la Somme, le fleuve se jette dans la Manche entre Étaples et Le Touquet-Paris-Plage[6].

Communes et cantons traversés

Dans le seul département du Pas-de-Calais, la Canche traverse quarante-quatre communes[1] et huit cantons :

Soit en termes de cantons, la Canche prend sa source dans le canton d'Aubigny-en-Artois, traverse les canton d'Avesnes-le-Comte, canton d'Auxi-le-Château, canton du Parcq, canton de Hesdin, canton de Campagne-lès-Hesdin, canton de Montreuil et a son embouchure dans le canton d'Étaples, donc dans les deux arrondissement d'Arras et arrondissement de Montreuil.

Toponymes

La Canche a donné son hydronyme aux huit communes suivantes de Magnicourt-sur-Canche, Rebreuve-sur-Canche, Bouret-sur-Canche, Ligny-sur-Canche, Boubers-sur-Canche, Monchel-sur-Canche, Conchy-sur-Canche, Marles-sur-Canche.

Bassin versant

Sa vallée, formant une plaine alluviale de un à deux kilomètres de large, à peine encaissée au pied des longs glacis qui forment son bassin, offre un paysage humide et verdoyant : eaux calmes, marais, prés, petits bois. Dans sa partie aval, la faiblesse de la pente conduit à la formation de vastes méandres.

Comme les autres fleuves de la région, la Canche suit un synclinal tout au long de son cours : le synclinal de la Canche, orienté sud-est / nord-ouest, dont la dissymétrie est responsable de celle de son bassin versant. Le flanc sud du bassin, court et en pente rapide, n'est parcouru que par de rares vallons de 3 à 4 kilomètres souvent élémentaires (un seul cours d'eau sans affluent)[7]. En revanche, le flanc Nord, en pente douce mais irrégulière, est largement développé surtout dans sa partie amont et porte de longs affluents qui drainent la majeure partie du haut Boulonnais et du haut Artois (Ternoise, Planquette, Course)[8].

Organisme gestionnaire

Son SAGE, en cours d'élaboration, concerne deux cent trois communes, couvre 1 274 km2 et a nécessité la constitution d'un syndicat mixte Canche et Affluents[3]. Ce fleuve a fait l'objet d'un atlas des zones inondables téléchargeable[9] et d'une carte interactive.

Affluents

La Canche possède quatorze affluents référencés[1] dont un défluent vers la Ternoise. Les principaux affluents de la Canche (de l'amont vers l'aval) sont :

  • Rive droite
  1. la Ternoise (43 km) à Marconnelle ;
  2. la Planquette (12 km) à Contes ;
  3. la Créquoise (15 km) à Beaurainville ;
  4. le Bras de Brosne (11 km) à Marles-sur-Canche ;
  5. la Course (24 km) à l'ouest de Montreuil, entre Attin et La Madelaine-sous-Montreuil ;
  6. la Dordogne (10 km) à Bréxent-Énocq ;
  7. l'Huitrepin (8 km) à Tubersent.
  • Rive gauche
  1. la Grande Tringue (13 km) à Étaples[4]

Hydrologie

La Canche à Brimeux

Dans le cadre d'un régime pluvial océanique, la Canche bénéficie d'un débit élevé, d'une grande régularité, pour un cours d'eau de cette longueur : 12,1 m3/s à Brimeux, quelques kilomètres en amont de Montreuil[2], environ 15 m3/s à l'estuaire[7].

À Brimeux, le débit de la Canche, observé sur 46 années (de 1962 à 2007), atteint en moyenne 12,1 m3/s pour un bassin versant de 894 km2 (soit guère plus de 70 % de sa superficie totale). Le fleuve présente des variations limitées du module, la période des hautes eaux peut être enregistrée à la fin de l'hiver et au début du printemps avec une moyenne mensuelle de 14,5 m3/s, 14,5 m3/s et 14,1 m3/s atteinte respectivement en février, mars et avril. Les basses eaux interviennent à la fin de l'été et au début de l'automne avec des débits compris entre 9,26 m3/s et 9,72 m3/s de septembre à novembre (le mois de septembre voyant le plus bas module de l'année). Les périodes d'étiage, tout comme les crues sont limitées.

Débit moyen mensuel (en m3/s)
Station hydrologique : E5400310 - La Canche à Brimeux pour un bassin versant de 894 km2[2]
(Données calculées sur 47 ans)
Source : Banque Hydro - Ministère de l'écologie et du développement durable

Lame d'eau et débit spécifique

En établissant une comparaison entre le débit et le bassin versant, la Canche présente un module particulièrement abondant ainsi que l'atteste une lame d'eau de 427 mm/an (bien supérieure à celle du bassin de l'Authie de l'ordre de 317 mm/an et surtout à celui du bassin de la Somme qui atteint seulement 196 mm/an, la moyenne nationale étant de 320 mm/an)[10]. Son débit spécifique (ou Qsp) est de 13,5 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin (9,5 l/s/km² pour l'ensemble des cours d'eau français, 10 l/s/km² dans le cas du bassin de l'Authie et 6,9 pour celui de la Somme)[11].

Histoire : l'aménagement d'un milieu humide

La Canche à Frévent au moulin Blondel.
La Canche à Frévent au moulin Blondel.
Un ancien moulin à Montreuil.
Un ancien moulin à Montreuil.

La vallée de la Canche constitue une zone humide occupée depuis longtemps par les hommes qui l'ont exploitée en raison de son caractère productif mais qui l'ont également stigmatisée comme espace malsain, ce qui a amené sa destruction partielle et son artificialisation au nom de l'hygiène.

Dès le XIIe siècle, les principales activités des communautés villageoises occupant cet espace sont représentées par l'élevage, la pêche, le fauchage et la culture des roseaux[12]. L'extraction de la tourbe dans les marais de la partie aval du fleuve est attestée au XVIe siècle ; la tourbe étant à la fois le principal moyen de chauffage et un engrais très recherché[12]. Les plantations d'aulnes se développent également à la même époque, contribuant au maintien des sols, tout en fournissant du bois de coupe. Rapidement, la sylviculture est associée au drainage, puis est adoptée, au XVIIIe siècle, pour l'enclosure des parcelles destinée à séparer le bétail des cultures et à délimiter des propriétés (la plantation de haies et le creusement de fossés contribuant à un renforcement du phénomène)[12]. Le territoire, jusqu'alors exploité de manière collective dans le cadre des communautés villageoises, se morcèle. Le XVIIIe siècle voit émerger également une nouvelle perception des zones humides considérées comme lieux insalubres, foyers d'épidémies. Les autorités administratives encouragent les actions en faveur d'un assèchement des marais tourbeux par des travaux de drainage et de nouvelles plantations d'arbres, la réduction des zones humides permet l'essor des terres labourées et du maraîchage pour faire face à l'augmentation démographique[12].

Au cours du XIXe siècle, les progrès techniques (remplacement des moulins à eau par des moulins à vapeur), l'amélioration de la pratique du drainage contribuent à la multiplication des assèchements (dans la partie de la vallée en aval d'Hesdin)[12]. Malgré tout, la rivière connait encore des périodes où elle provoque des inondations peu communes, comme en mai 1908[13]. Il faut attendre le dernier quart du XXe siècle pour voir les autorités prendre conscience de l'importance des zones humides et chercher à préserver les marais après avoir contribué à leur disparition (classement de l'estuaire de la Canche, acquis dès 1976 par le Conservatoire du littoral, en réserve naturelle nationale depuis 1987[14]).

Hydrobiologie et écologie du fleuve

Les berges naturelles sont typiquement bordées de boisements plus ou moins linéaires à Aulne glutineux et de saulaies, « certains pouvant être rapportés à des fragments d’une forêt rivulaire potentielle d’intérêt communautaire relevant de l’Alnenion glutinoso-incanae ». Elles sont localement bordées de champs, de peupleraies ou de pâtures dont certaines sur substrat calcaire où l'on peut trouver Eryngium campestre et Lathyrus sylvestris. Le Trèfle d'eau encore présent en 1975 semble avoir depuis disparu[15].

Pour le phytosociologue : près de l'eau dans les parties basses et humides de la vallée, jusqu’à Estrée-Wamin persistent quelques taches de mégaphorbiaies méso-eutrophiles du Groupement à Cirsium oleraceum et Filipendula ulmaria avec localement le Scirpe des bois (Scirpus sylvaticus), des saulaies (Alno glutinosae - Salicetum cinereae) et aulnaies marécageuses (Alnion glutinosae, probablement le Cirsio oleracei Alnetum glutinosae le plus souvent) sur les sols les plus engorgés[15].

La végétation amphibie (c'est-à-dire aquatique et immergée) de ce fleuve est dominée principalement par des herbiers de Cresson et de Faux cresson (généralement peu enracinés et proche des berges), et par une végétation aquatique enracinée d'herbiers à callitriches (Veronico beccabungae-Callitrichetum platycarpae, fragmentaire, du point de vue phytosociologique)[15].

L'estuaire de la Canche

Le port d'Étaples situé sur l'estuaire de la Canche.
Le port d'Étaples situé sur l'estuaire de la Canche.

L'estuaire de la Canche a été le premier site français sur lequel intervînt foncièrement le Conservatoire du littoral en 1976[notes 1]. Cette opération avait pour objectif de mettre en échec un projet de barrage en baie de Canche qui avait vu le jour à la fin des années 1960 et que l'on peut considérer comme la dernière tentative, entreprise par les autorités, d'artificialiser ce milieu. La construction de cet ouvrage (associée d'ailleurs à la mise en place d'un port de plaisance et d'une marina), qui intervenait en compensation d'un projet de pompage des eaux de la Canche au niveau d'Hesdin en vue d'alimenter l'agglomération lilloise, menaçait de destruction le milieu estuarien et la riche faune et flore s'y développant. La forte mobilisation des habitants, d'associations, de nombreux scientifiques, permit de faire reculer les politiques pourtant tous favorables au projet[16].

Avec son poulier et son musoir, l'estuaire de la Canche se révèle être le plus caractéristique des estuaires de la côte d'opale[notes 2]. Le milieu naturel est essentiellement représenté par des dunes littorales qui abritent une flore variée (485 espèces) et une riche faune. De nombreux oiseaux sédentaires ou migrateurs (75 espèces) nidifient en ces lieux comme l'engoulevent, l'alouette lulu, plusieurs types de fauvettes, la bécasse, la tadorne de belon qui fait des terriers de lapin son habitat et un redoutable prédateur, le faucon émerillon. Cet espace abrite des mammifères comme le chevreuil, le sanglier, le renard, le blaireau, la fouine, l'écureuil, quelques phoques veau-marin peuvent y être aperçus, mais, contrairement à la baie de Somme, l'estuaire de la Canche ne semble pas posséder de colonie de ces mammifères marins. Tritons, crapauds calamite et autres rainettes représentent les nombreux batraciens[14]. Concernant les poissons, de nombreuses espèces migratrices sont recensées sur le bassin de la Canche, notamment le saumon atlantique, la truite de mer et les lamproies qui remontent le bassin pour s'y reproduire, mais aussi l'anguille qui y effectue sa phase de croissance avant de redescendre vers la mer. L'ensemble de ces espèces fait un retour remarqué ces dernières années, notamment grâce aux travaux engagés en faveur du rétablissement de la continuité écologique qui permet à ces espèces d'accomplir l'ensemble de leur cycle biologique (arasement de barrages, aménagement de passes à poissons...)[17].

Galerie de photographies

Liens externes

Bibliographie

  • J. Longuépée, Les dynamiques territoriales à l’épreuve des risques naturels – l’exemple du risque d’inondation en basse vallée de la Canche, Thèse en sciences économiques, Université du Littoral-Côte d’Opale, décembre 2003

Voir aussi

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Notes

  1. Dans sa partie nord seulement, appelée « les Garennes de Lornel ».
  2. Le terme picard ne correspond pas ici aux limites administratives actuelles. voir aussi Picardie#Débat sur les frontières de la Picardie

Références

  1. a b c d et e Sandre, « Fiche cours d'eau - La Canche (E54-003-) » (consulté le )
  2. a b et c Banque Hydro - MEDDE, « Synthèse de la Banque Hydro - La Canche à Brimeux (E5400310) » (consulté le )
  3. a et b « SYMCéA - Agir ensemble pour la Canche et ses affluents », sur www.symcea.fr (consulté le )
  4. a et b Le SANDRE ne considère pas la Grande Tringue comme un affluent direct de la Canche.
  5. Géoportail - IGN, « Géoportail »
  6. La Canche sur eau-artois-picardie.fr.
  7. a et b Article de Pierre-Jean Thumerelle in Guide des merveilles naturelles de la France, Sélection du Reader's Digest, 1973, p. 145.
  8. Carte du bassin versant de la Canche.
  9. Altlas des zones inondables de la liane (téléchargeable)
  10. Les chiffres délivrés pour le bassin versant de l'Authie correspondent aux données enregistrées à Banque Hydro - MEDDE, « Synthèse de la Banque Hydro - L'Authie à Dompierre-sur-Authie (E5505720) » (consulté le )
  11. Les chiffres délivrés pour le bassin versant de la Somme correspondent aux données enregistrées à Banque Hydro - MEDDE, « Synthèse de la Banque Hydro - La Somme à Abbeville (E6470092) » (consulté le )
  12. a b c d et e Helga Scarwell et Magalie Franchomme, Autour des zones humides : espaces productifs d'hier et conflits d'aujourd'hui, La revue en sciences de l'environnement: Vertigo, 1er mai 2005. Lire en ligne.
  13. Cent ans de vie dans la région, Tome 1 : 1900-1914, éditions la Voix du Nord, 1998, page 53
  14. a et b L'estuaire de la Canche sur le site du Conservatoire du littoral.
  15. a b et c INPN, ZNIEFF 310014123 Haute vallée de la Canche en amont de Conchy-sur-Canche
  16. Le projet de barrage sur le site de la fédération Nord-Nature.
  17. « Site de la Fédération du Pas-de-Calais pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique »