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Centre d'extermination de Chełmno

Fosse commune à Chełmno.
Fosse commune à Chełmno.

Le centre d'extermination de Chełmno (en allemand Kulmhoff) est le premier camp d'extermination nazi destiné à l'assassinat de Juifs au moyen de gaz asphyxiants.

Situé dans le village polonais de Chełmno nad Nerem à 60 kilomètres au nord-ouest de Łódź dans le Warthegau, partie de la Pologne annexée au Reich, il est utilisé de à , puis en et , faisant plus de 150 000 victimes, essentiellement des Juifs originaires du Warthegau. Caractérisée par l'emploi de camions à gaz, sa première phase d'activité est dans la continuité des meurtres commis dans le cadre du programme Aktion T4 ou par les Einsatzgruppen et constitue une étape vers la mise en place des grands centres d'extermination, comme Sobibor, Treblinka, Maidanek, Belzec et Auschwitz. « Plus qu'un « laboratoire », Chełmno fut une « école » formant le personnel des autres centres de mise à mort ».

Outre le caractère précoce du début de ses activités, Chełmno se distingue des autres camps d'extermination par l'absence de chambre à gaz et par son indépendance à l'égard de l'Office central SS pour l'économie et l'administration et de l’Aktion Reinhard.

Centre d'extermination de Bełżec

Vue en 2011 de l'emplacement où se trouvait le camp.
Vue en 2011 de l'emplacement où se trouvait le camp.

Le camp d'extermination de Bełżec (en polonais : [ˈbɛu̯ʐɛt͡s], prononcé « Béoujets ») a été le premier des trois centres destinés à l'extermination des Juifs d'Europe dans le cadre de l’Aktion Reinhard, avant la mise en service de Sobibor et Treblinka, dont il constitua le prototype. Il fut aussi le premier à être doté de chambres à gaz fixes construites à cet effet. En activité de à , soit pendant dix mois, il est le théâtre du gazage de 450 000 à 500 000 personnes, quasiment toutes juives. Il se situe à côté de la petite ville de Bełżec en Pologne, dans le département de Lublin, au nord-ouest de Lwów.

Dirigé d'une main de fer par Christian Wirh, qui met en place une culture et des pratiques fondées sur une extrême violence, il permet de tester, puis de roder le travail forcé de certains déportés, les Arbeitsjuden au cœur même du processus d'extermination, et de compenser la faiblesse de l'effectif SS par l'appel à des gardiens supplétifs formés à Trawniki. Preuve de la redoutable efficacité mortifère du camp, moins d'une dizaine de survivants sont identifiés après-guerre.

Nuit de Cristal

Un magasin juif saccagé lors de la nuit de Cristal.
Un magasin juif saccagé lors de la nuit de Cristal.

La nuit de Cristal (en allemand Reichskristallnacht) est le nom donné au pogrom contre les Juifs du Troisième Reich qui se déroula dans la nuit du 9 novembre au et dans la journée qui suivit. Présenté par les responsables nazis comme une réaction spontanée de la population suite à l’assassinat, le , de Ernst vom Rath, un secrétaire de l’ambassade allemande à Paris par un jeune Juif polonais d’origine allemande, Herschel Grynszpan, le pogrom fut en réalité ordonné par le chancelier du Reich, Adolf Hitler, organisé par Joseph Goebbels, et commis par des membres de la Sturmabteilung (SA), de la Schutzstaffel (SS) et de la Jeunesse hitlérienne, soutenus par le Sicherheitsdienst (SD), la Gestapo et d’autres forces de police.

Sur tout le territoire du Reich, plusieurs centaines de synagogues et lieux de culte furent détruits, 7 500 commerces et entreprises exploités par des Juifs saccagés ; une centaine de Juifs furent assassinés, des centaines d’autres se suicidèrent ou moururent suite à leurs blessures et près de 30 000 furent déportés en camp de concentration : au total, le pogrom et les déportations qui le suivirent causèrent la mort de 2 000 à 2 500 personnes. Point culminant de la vague antisémite qui submergea l’Allemagne dès l’arrivée des nazis au pouvoir en janvier 1933, la « nuit de Cristal » fut l’une des prémices de la Shoah.

En provoquant cette première grande manifestation de violence antisémite, les nazis voulurent accélérer l’émigration des Juifs, jugée trop lente, en dépit de la politique de persécution et d’exclusion mise en œuvre depuis février 1933. L’objectif fut atteint : le nombre de candidats à l’émigration crût considérablement, mais au-delà de l’indignation que l’évènement suscita dans le monde, les frontières des autres pays restèrent fermées.

Marquant une rupture avec la politique nazie de 1933 à 1937, ainsi qu’une étape dans la violence et la persécution antisémites, cet évènement fut également révélateur de l’indifférence des nations au sort des Juifs d’Allemagne et d’Autriche, et de l’incapacité des États démocratiques à contrecarrer les coups de force menés par l’Allemagne de Hitler.

Theodor Eicke

Eicke en tenue de SS-Obergruppenführer (après avril 1942).
Eicke en tenue de SS-Obergruppenführer (après avril 1942).

Theodor Eicke est un officier nazi, membre de la SS ayant atteint le grade de Obergruppenführer lors de la Seconde Guerre mondiale, né le à Hudingen en Lorraine Allemande (Empire allemand) et mort en opération militaire le près de Artelnoje en Ukraine.

Commandant du camp de concentration de Dachau, il joue un rôle essentiel dans l’assassinat d’Ernst Röhm au cours de la nuit des Longs Couteaux au début du mois de . Peu après, il est nommé inspecteur des camps de concentration et commandant des unités « Totenkopf ». Ces fonctions lui donnent un rôle majeur dans la création et l’organisation des camps de concentration.

Il prend le commandement de la division SS Totenkopf au début de la Seconde Guerre mondiale. Cette unité participe activement à la première phase de la Shoah et au massacre systématique de civils en Pologne, notamment de Juifs polonais. Elle est ensuite engagée dans la campagne de France, avant de combattre sur le Front de l'Est. Eicke meurt au cours d’une opération de reconnaissance aérienne en Ukraine.

Hungerplan

Extrait des 12 commandements du secrétaire d'État Backe, le 1er juin 1941.
Extrait des 12 commandements du secrétaire d'État Backe, le 1er juin 1941.

Le Hungerplan (en français « Plan de la faim ») fait référence à la stratégie mise en place en 1941 par l'Allemagne nazie et son secrétaire d'État au ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation, Herbert Backe, dans le cadre de la guerre contre l'Union soviétique. Elle prévoit que toute la nourriture produite dans les régions occupées par la Wehrmacht soit livrée aux troupes d'occupation et à la population du Troisième Reich. Les concepteurs de cette politique estiment que cette privation de nourriture aura pour conséquence une famine touchant 30 millions de personnes en Union soviétique. Ce plan est conçu et porté par un grand nombre de responsables de l'économie de guerre nazie. Même si son exécution échoue partiellement à cause de l'échec du Blitzkrieg sur le front soviétique, des dizaines de millions de Soviétiques souffriront de la famine et plusieurs millions en mourront.

Le Hungerplan a suscité un débat historiographique : s'agissait-il, dans le cadre du Plan de quatre ans développé par Hermann Goering, d'une planification détaillée de la famine découlant de la politique officielle du régime nazi et de son idéologie, ou plutôt du calcul économique des conséquences d'un approvisionnement de la Wehrmacht aux dépens des populations locales ? La plupart des historiens considèrent le plan comme la conséquence du racisme et de l'économie de guerre. À mesure de l'élaboration du plan, l'économie de guerre du Reich est dédiée tout entière aux impératifs de la Wehrmacht et du Reich allemand et rejoint ainsi, dans ses conséquences formulées explicitement et systématiquement justifiées par ses acteurs, la politique nazie d'extermination qui comprend l'élimination d'une grande partie de la population slave et la destruction de la totalité de la population juive.

Police juive du ghetto

Police juive dans le ghetto de Varsovie, en mai 1941.
Police juive dans le ghetto de Varsovie, en mai 1941.

La police juive du ghetto (Jüdische Ghetto-Polizei en allemand) ou service d’ordre juif (Jüdischer Ordnungsdienst), communément appelée police juive par les Juifs, est une unité de police mise en place dans les ghettos juifs de l’Europe sous domination nazie, pendant la Seconde Guerre mondiale. Les services d’ordre juifs sont créés dans les ghettos à la suite des Judenräte — les conseils juifs locaux —, auxquels ils sont formellement rattachés ; ils sont dans les faits soumis aux forces allemandes, dont ils appliquent les ordres au sein des ghettos.

Dans un premier temps chargés pour l’essentiel de tâches bénéficiant aux habitants des ghettos (gestion de la circulation, règlement des conflits, surveillance de l’hygiène publique, etc.), ils se voient progressivement confier la responsabilité de mettre en œuvre le travail forcé, de confisquer les biens des Juifs et de surveiller l’enceinte des ghettos, désormais séparés du reste de la ville. Dans ce cadre, corruption et extorsions sont omniprésentes, si bien que les polices juives sont rapidement perçues avec hostilité par la population.

L’année 1942, durant laquelle les déportations vers les centres d’extermination se multiplient dans le cadre de la Solution finale, marque un tournant pour les polices juives : sous les ordres des nazis, les agents du Jüdischer Ordnungsdienst participent aux rafles et aux déportations, souvent en échange de la promesse d’avoir, ainsi que leur famille, la vie sauve. Néanmoins, la liquidation des ghettos, jusqu’en 1944, est suivie de celle des polices juives : pour la plupart, leurs membres sont in fine exécutés sur place ou déportés, comme les autres Juifs.

Si les services d’ordre juifs ont très majoritairement participé aux exactions et aux déportations, quelques-uns ont collectivement refusé d’y participer, certains policiers ont démissionné, ont aidé leurs pairs juifs, voire ont rejoint la résistance, souvent au prix de leur vie.

À l’issue de la guerre, les services d’ordre juifs sont haïs par les survivants de la Shoah pour leur participation aux déportations. Certains de leurs membres — et dans une moindre mesure des conseillers juifs locaux — encore vivants sont convoqués devant des tribunaux d’honneur juifs organisés en Europe ou devant des tribunaux civils, notamment en Pologne et en Israël. Les polices juives sont dans un premier temps dépeintes comme coupables de collaboration avec les nazis. Le regard ultérieur des historiens, en particulier à partir des années 1990, est davantage nuancé ; ils s’attachent moins à les qualifier moralement (victimes, coupables ou dans une zone grise) qu’à comprendre et décrire leur réalité.

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Juste parmi les nations

Diplôme de Yad Vashem pour Auguste et Jeanne Bieber.
Diplôme de Yad Vashem pour Auguste et Jeanne Bieber.

« Juste parmi les nations » (en hébreu : חסיד אומות העולם, Hasid Ummot Ha-'Olam, littéralement « généreux des nations du monde ») est une expression du judaïsme tirée du Talmud (traité Baba Batra, 15 b).

En 1953, la Knesset (parlement d'Israël), en même temps qu’elle créait à Jérusalem le mémorial de Yad Vashem consacré aux victimes de la Shoah, décida d’honorer « les Justes parmi les nations qui ont mis leur vie en danger pour sauver des Juifs ». Le titre de Juste est décerné au nom de l’État d’Israël par le mémorial de Yad Vashem. Au , 27 712 Justes parmi les nations de 51 pays ont été honorés ; la Pologne, les Pays-Bas et la France sont les pays dont les citoyens ont été le plus médaillés. En tout, les Justes ont sauvé des centaines de milliers de personnes.

Il s’agit actuellement de la plus haute distinction honorifique délivrée par l'État d'Israël à des civils.

Anne Frank

Statue d'Anne Frank à Utrecht, par Pieter d'Hont, faite en 1959.
Statue d'Anne Frank à Utrecht, par Pieter d'Hont, faite en 1959.

Annelies Marie Frank, plus connue sous le nom d’Anne Frank, née le à Francfort-sur-le-Main, en Allemagne, sous la République de Weimar, ayant vécu la majeure partie de sa vie aux Pays-Bas et morte en ou (environ deux mois avant la capitulation allemande) à Bergen-Belsen en Allemagne nazie, fut une adolescente allemande juive ayant écrit un journal intime, rapporté dans le livre Le Journal d'Anne Frank, alors qu'elle se cachait avec sa famille et quatre amis à Amsterdam pendant l'occupation allemande durant la Seconde Guerre mondiale dans le but d'éviter la Shoah.

La famille quitte Francfort pour Amsterdam à la fin de l’année 1933 afin d'échapper aux persécutions nazies à l'encontre des Juifs qui se multiplient depuis l’arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler en janvier. Alors que les dangers s'intensifient à Amsterdam occupé par les Allemands depuis mai 1940, les Frank se cachent en juillet 1942 dans un appartement secret aménagé dans l'Annexe de l'entreprise Opekta d'Otto Frank, le père. Anne a alors treize ans environ. Après deux ans passés dans ce refuge, le groupe est trahi et déporté vers les camps d'extermination nazis. Sept mois après son arrestation, Anne meurt du typhus dans le camp de Bergen-Belsen quelques jours après le décès de sa sœur Margot.

Son père Otto, l'unique survivant du groupe, revient à Amsterdam à la fin de la guerre et apprend que le journal d'Anne dans lequel elle relate sa vision des événements depuis le 12 juin 1942 jusqu'au 1er août 1944 a été préservé. Convaincu du caractère unique de l'œuvre de sa fille, Otto décide de la faire éditer et le texte original en néerlandais est publié en 1947 sous le titre Het Achterhuis : Dagboekbrieven van 12 Juni 1942 – 1 Augustus 1944 (L'arrière-cour : notes du journal du au 1er août 1944).

Décrit comme le travail d'un esprit mûr et perspicace, l'œuvre donne un point de vue intime et particulier sur la vie quotidienne pendant l'occupation par les nazis et ce journal d'une adolescente au destin tragique a fait d'Anne Frank l'une des victimes emblématiques de la Shoah.

En effet ce journal a été traduit du néerlandais en de nombreuses langues ; il est devenu l'un des livres les plus lus dans le monde et plusieurs films, téléfilms, pièces de théâtre et opéras en ont été tirés.

Les Bienveillantes

Jonathan Littell en 2007.

Les Bienveillantes est un roman en langue française de l’écrivain français d’origine américaine Jonathan Littell, paru en . Il s’agit des mémoires d’un personnage fictif, Maximilien Aue, qui a participé aux massacres de masse nazis comme officier SS.

Le livre est l’un des principaux ouvrages de la rentrée littéraire de 2006 : le , il obtient le grand prix du roman de l'Académie française, suivi du prix Goncourt dix jours plus tard. À la fin 2007, le livre avait été vendu à plus de sept cent mille exemplaires. C'était sans compter la réédition du roman, revu par l'auteur, dans la collection « Folio » (no 4685) en et les éditions en langues étrangères.

Maus

Maus est une bande dessinée de l'Américain Art Spiegelman publiée de 1980 à 1991 aux États-Unis. L'œuvre se fonde sur les entretiens entre l'auteur et son père, rescapé des camps de la mort : c'est le récit de la transmission de la Shoah, en particulier les persécutions et l'extermination des Juifs en Pologne dans les années 1930 et 1940.

La trame narrative se développe à deux époques : d'une part le présent d'Art Spiegelman quand débute le reportage, en 1978 à New York et d'autre part le récit de son père, Vladek, qui commence à Częstochowa dans le milieu des années 1930 et se termine à la Libération par les Américains en 1945. Le livre présente donc deux narrations entremêlées : Vladek racontant sa déportation et Art Spiegelman racontant ses relations difficiles avec son père.

L'œuvre comporte 292 planches et quelque 1 500 cases en noir et blanc. Art Spiegelman recourt aux techniques post-modernes et transpose les deux récits dans un univers animalier, où les Polonais prennent l'apparence de cochons, les nazis sont représentés en chats et les Juifs en souris (Maus en allemand). Pour les critiques, Maus correspond à plusieurs catégories : biographie, autobiographie, mémoires, témoignage historique, récit de fiction, ou une association de plusieurs genres.

Après une première esquisse de trois planches dans Funny Aminals (sic) en 1972, la version développée de Maus paraît sous forme de série entre 1980 et 1991 dans RAW, revue avant-gardiste de comics et d'illustration dirigée par Art Spiegelman et sa femme Françoise Mouly. Par la suite, les chapitres rassemblés ont été publiés en deux tomes en 1986 et 1991 ; en anglais chez l'éditeur Pantheon Books puis en français par Flammarion.

L'œuvre a été saluée par la critique aux États-Unis et à l'étranger. Elle a reçu plusieurs récompenses culturelles, dont un prix Pulitzer spécial en 1992, évènement sans précédent pour une bande dessinée. Des dessins originaux sont exposés dans divers musées du monde et le livre a été traduit en trente langues. Maus est aussi l'un des premiers romans graphiques qui retiennent l'attention des universitaires anglophones.

Discours de Posen

Heinrich Himmler en 1942.
Heinrich Himmler en 1942.

Les discours de Posen sont deux allocutions prononcées par Heinrich Himmler les 4 et 6 octobre 1943, à Posen, chef-lieu du Reichsgau Wartheland, Gau « modèle » dirigé par un proche de Himmler, Arthur Greiser. À cette époque, Himmler est l'un des hommes les plus puissants du Troisième Reich : Reichsführer-SS, il est aussi commissaire du Reich pour le renforcement de la race allemande et, depuis août 1943 ministre de l'Intérieur du Reich.

Ces discours, tenus devant de hauts responsables de la SS, puis à l'intention de Gauleiter et de Reichsstatthalter, n'ont pas pour thème central l'extermination des Juifs d'Europe. Ils sont cependant importants pour l'histoire de la Shoah.

D'après les sources disponibles, ces deux exposés marquent une rupture radicale dans la sémantique nazie : contrairement au langage codé adopté jusqu'alors, notamment lors de la conférence de Wannsee (« Solution finale de la question juive » , « déportations à l'Est »), Himmler évoque ouvertement la politique d'extermination des Juifs, en utilisant des termes directs, sans la moindre périphrase.

Conférence de Wannsee

La villa Marlier à Wannsee où s'est déroulée la conférence en janvier 1942.
La villa Marlier à Wannsee où s'est déroulée la conférence en janvier 1942.

La conférence de Wannsee réunit dans la villa Marlier de Berlin, le , quinze hauts responsables du Troisième Reich, délégués des ministères, du parti ou de la SS, pour mettre au point l'organisation administrative, technique et économique de la « solution finale de la question juive », voulue par Adolf Hitler et ensuite mise en œuvre, sur ses instructions, par Hermann Göring, Heinrich Himmler, Reinhard Heydrich et l'un des collaborateurs de ce dernier, Adolf Eichmann.

Au moment où la conférence se tient, la Shoah a débuté depuis déjà plusieurs mois : la déportation des Juifs du Reich a commencé ; après le déclenchement de l'invasion de l'URSS, les Einsatzgruppen exécutent les Juifs par centaines de milliers depuis  ; le centre d'extermination de Chełmno est en activité dès et d'autres centres d'extermination nazis sont en construction ou en projet.

Présidée par Reinhard Heydrich, la conférence, dont le secrétariat est assuré par Adolf Eichmann, dure moins de deux heures. Si elle est brève et n'est pas marquée par des décisions fondamentales, elle constitue, pour la plupart des historiens de la Shoah, une étape décisive dans la réalisation de la Shoah, en entérinant d'une part le contrôle total de la SS sur la mise en œuvre de l'extermination du peuple juif, d'autre part le rôle de Heydrich en tant que maître d'œuvre dans le processus destructeur, puis en obtenant la collaboration sans entraves et le soutien sans faille de l'ensemble de l'appareil de l'État et du parti nazi. Son importance est confirmée par l'existence de plusieurs monographies. Son historiographie fait toujours l'objet de vigoureux débats.

La villa Marlier où eut lieu la conférence est depuis 1992 un lieu de mémoire.

Camp de concentration de Mühldorf

Le camp de concentration de Mühldorf (sous-camp de Waldlager).
Le camp de concentration de Mühldorf (sous-camp de Waldlager).

Le camp de concentration de Mühldorf (en allemand : KZ-Außenlagerkomplex Mühldorf) est un camp satellite du camp de concentration de Dachau situé près de Mühldorf am Inn en Bavière, établi au milieu de l'année puis dirigé par la Schutzstaffel (SS). Le camp, d'une superficie de 20 km2, est créé pour fournir de la main-d'œuvre à une installation souterraine pour la production du Messerschmitt Me 262. Il est composé de plusieurs sous-camps.

En un réseau de 140 annexes est construit à proximité des sites de production d'armement et d'avions où sont employés près de 30 000 détenus.

Alors que l'offensive aérienne alliée contre l'Allemagne nazie s'intensifie après , les dirigeants nazis décident de construire des installations souterraines afin de produire des armes et du matériel de guerre. Le camp de Mühldorf s'inscrit dans ce contexte pour répondre à cette demande. Cette construction nécessite le transfert de nombreux prisonniers du camp de concentration d'Auschwitz vers Mühldorf. Les personnes handicapées sont envoyées dans des chambres à gaz dès leur arrivée, considérées comme inutiles. Des femmes sont parfois violées. En automne, 20 à 30 prisonniers meurent chaque jour, parfois 40 pendant l'hiver.

Lorsque la guerre atteint Mühldorf puis que des bombardement aériens alliés sont ordonnés, les détenus sont transférés dans les sous-camps ; ils doivent évacuer la zone dans des wagons. Les prisonniers sont libérés au début du mois de par l'armée américaine. Après la guerre, une fosse commune contenant les restes de 2 200 personnes est découverte.

Depuis , une association, créée par Franz Langstein, œuvre activement pour qu'un mémorial témoigne des violences subies par les déportés. En , ce mémorial est inauguré par la commune de Mühldorf am Inn à la mémoire des prisonniers du camp. Au XXIe siècle l'emplacement du camp est repérable par des arbres coupés et un peu plus loin, par les ruines d'une immense voûte de béton et de pierre, vestige probable du bunker.

Procès de Nuremberg

Procès de Nuremberg. De gauche à droite : premier rang : Göring, Hess, von Ribbentrop, Keitel ; second rang : Dönitz, Raeder, von Schirach, Sauckel.
Procès de Nuremberg. De gauche à droite : premier rang : Göring, Hess, von Ribbentrop, Keitel ; second rang : Dönitz, Raeder, von Schirach, Sauckel.

Le procès de Nuremberg fut intenté contre 24 des principaux responsables du régime nazi, accusés de complot, crime contre la paix, crime de guerre et crime contre l’humanité. Il se tint à Nuremberg du au .

Ce procès se déroula sous la juridiction du Tribunal militaire international de Nuremberg, créé en exécution de l’accord signé le par les gouvernements des États-Unis d’Amérique, du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, de l’Union des républiques socialistes soviétiques et par le gouvernement provisoire de la République française, afin de juger pour leurs actes les dirigeants du IIIe Reich

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Sauvetage des Juifs du Danemark

Mémorial au square du Danemark à Jérusalem.

Le sauvetage des Juifs du Danemark eut lieu pendant l'occupation du Danemark par le Troisième Reich lors de la Seconde Guerre mondiale. Le , Adolf Hitler ordonna l'arrestation et la déportation des Juifs du Danemark. Malgré de grands risques pour leur vie, la Résistance danoise, avec l'aide de nombreux citoyens danois, parvint à faire évacuer 7 220 des 7 800 Juifs du pays, ainsi que 686 conjoints non-juifs, via la mer à destination de la Suède alors neutre.

Le sauvetage permit à la grande majorité de la population juive du Danemark d'éviter sa capture par les nazis. Il est considéré comme l'une des plus grandes actions de résistance collective dans les pays occupés par l'Allemagne nazie. Grâce à ce sauvetage, et à l'intercession ultérieure des Danois en faveur de 464 autres Juifs danois capturés et déportés au camp de concentration de Theresienstadt en Bohême, plus de 99 % de la population juive du Danemark survécut à l'Holocauste.

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Mémoire de la Shoah

Mémorial aux Juifs assassinés d'Europe à Berlin (2005).

La mémoire de la Shoah est l'ensemble des représentations de la Shoah, à travers le temps et l'espace.

Dès l'occupation allemande, des Juifs ont pensé qu'ils ne survivraient pas à la Seconde Guerre mondiale et qu'il fallait garder une trace de leur annihilation. C'est le cas d'Emanuel Ringelblum à Varsovie, fondateur de l'Oyneg Shabbos, d'Isaac Schneersohn du CDJC et de Mordechaï Shenhaby dans le futur État d'Israël. Après-guerre, jusqu'au procès d'Eichmann en 1961, la mémoire des victimes a largement été occultée. La reconnaissance et la commémoration du génocide juif diffèrent dans le temps, d'un pays à l'autre. Aujourd'hui, le génocide des Juifs ou Shoah est devenu central dans la commémoration internationale des victimes de la Seconde Guerre mondiale.

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Centres d'extermination nazis

Localisation des centres d'extermination nazis.

Les centres d’extermination nazis (auparavant souvent appelés camps d'extermination) étaient des centres de mise à mort à grande échelle, dont « les opérations s'apparentaient par certains égards aux méthodes de production complexes d'une usine moderne ». Créés et organisés par le régime nazi d'Adolf Hitler, sous la responsabilité opérationnelle d'Heinrich Himmler et de son adjoint Reinhard Heydrich dans le seul but d'exterminer un maximum de victimes dans un minimum de temps, ils firent près de trois millions de victimes, juives dans leur énorme majorité. Maillon essentiel de la Shoah, ils prirent le relais des fusillades de masse perpétrées par les Einsatzgruppen.

L'objectif des centres d'extermination est la mise en œuvre d'une politique systématique, industrielle et à grande échelle d'assassinat des Juifs, hommes, femmes et enfants. À côté de ce caractère mortifère essentiel et fondamental, un volet économique est également mis en place dès l'origine via la confiscation et la récupération des biens des victimes.

Comme souvent sous le régime nazi, les processus de décision sont multiples, parfois contradictoires, voire concurrents, et dépendent de divers niveaux de pouvoir, souvent imbriqués entre eux.

Les historiens s'accordent majoritairement sur une liste de six centres d'extermination : Chełmno, Bełżec, Sobibór, Treblinka, Auschwitz–Birkenau et Majdanek, les deux derniers étant intégrés à des camps de concentration nazis préexistants.

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Si c'est un homme

Poème Shema sur une plaque commémorative posée sur la façade de l'hôtel de ville de Livourne le 27 janvier 2014 en hommage aux victimes de la Shoah, qui a donné son titre au livre.

Si c'est un homme (italien : Se questo è un uomo prononcé : [se ˈkwɛsto ˈɛ un ˈwɔːmo]) est un témoignage autobiographique de Primo Levi sur sa survie dans le camp d’extermination nazi d’Auschwitz, où il est détenu de février 1944 à la libération du camp, le .

Chimiste juif italien, il est arrêté en tant que membre de la résistance italienne au fascisme et déporté à Auschwitz en raison de la politique raciale nazie. Ayant survécu au processus de Selektion, il est transféré au camp auxiliaire de Monowitz-Buna et affecté au kommando de chimie de la Buna Werke, une filiale d’IG Farben chargée de produire un ersatz de caoutchouc pour soutenir l’effort de guerre allemand.


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Auschwitz

Entrée de Birkenau (Auschwitz II), vue depuis l'intérieur du camp.

Auschwitz (en allemand : Konzentrationslager Auschwitz Écouter, « camp de concentration d'Auschwitz ») est le plus grand complexe concentrationnaire du Troisième Reich, à la fois camp de concentration et centre d'extermination. Faisant auparavant office de camp militaire, il est situé dans la province de Silésie, à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Cracovie, sur le territoire des localités d'Oświęcim (Auschwitz en allemand) et de Brzezinka (Birkenau en allemand), annexées au Reich après l'invasion de la Pologne en .

Le camp de concentration, dirigé par les SS, est créé le à l'initiative de Heinrich Himmler ; il est complété par un centre d’extermination (dont la construction démarre à la fin de 1941) et par un second camp de concentration destiné au travail forcé (créé au printemps 1942). Ces camps sont libérés par l'Armée rouge le .

L'ensemble du camp et divers terrains annexes, dont le terrain avec une partie de voie ferrée de l'époque, a une superficie d’environ 55 km2 dont environ 10 km2 pour le camp à lui seul. C'est une enclave mémorielle perpétuelle sur le territoire polonais.

En cinq ans, plus de 1 100 000 hommes, femmes et enfants meurent à Auschwitz, dont 900 000 le jour de leur arrivée, en général par train. 90 % des victimes étaient juives. Les victimes, de ce que les nazis appelèrent la « Solution finale », furent assassinées dans les chambres à gaz ou parfois exécutés par arme à feu, mais elles moururent aussi de maladies, de malnutrition, de mauvais traitements ou d'expériences médicales.

Comme les autres camps de concentration nazis, Auschwitz était placé sous les ordres de Heinrich Himmler et de la SS. Le responsable du camp fut le SS-Obersturmbannführer Rudolf Höss (du au , puis de nouveau entre et ), remplacé entre-temps par Arthur Liebehenschel, et ensuite par Richard Baer.

En raison de sa taille, Auschwitz est considéré comme le symbole des meurtres de masse commis par les nazis et plus particulièrement comme celui de la Shoah, au cours de laquelle près de six millions de Juifs furent assassinés.

Monument historique et culturel majeur contribuant au « devoir de mémoire », Auschwitz est, depuis 1979, inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco.

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Centre d'extermination de Treblinka

Blocs de béton marquant l'ancienne voie de chemin de fer menant à Treblinka.

Le centre d'extermination de Treblinka est l'un des centres d'extermination nazis de l’Aktion Reinhard, situé à proximité du village du même nom, à 80 km au nord-est de Varsovie, non loin de la ville de Malkinia.

Un des symboles de la Shoah à partir de l'occupation allemande, le site de Treblinka voit d'abord en 1941 l'ouverture d'un camp de travail pour les prisonniers polonais ayant porté atteinte aux troupes d’occupation (Treblinka I). Un peu moins d’un an plus tard, le centre d'extermination (Treblinka II) est créé à deux kilomètres du camp I.

Construit sur le modèle des centres de Sobibór et Bełżec, ce centre d’extermination a l'apparence d'une gare de transit où les juifs devaient se présenter à la désinfection avant de repartir pour un hypothétique camp de travail. Cependant, sous la direction du premier commandant, Irmfried Eberl, la capacité des chambres à gaz est rapidement dépassée et la véritable nature du camp devient apparente dès son approche. La réorganisation du camp est confiée à Franz Stangl, ancien commandant de Sobibor, et les déportés, issus pour la plupart du ghetto de Varsovie, sont menés aux chambres à gaz avec une grande brutalité administrée par les SS et leurs auxiliaires, les Trawnikis. Après une révolte des détenus en 1943, suivie de leur évasion, le camp de Treblinka est démantelé sous la direction de Kurt Franz, puis « camouflé » en ferme. Au cours de sa période d’activité, entre 700 000 et 900 000 déportés, pour la plupart juifs, y ont été exterminés : ceci fait de Treblinka le plus important centre d’extermination après celui d'Auschwitz.

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Ghettos juifs pendant la Seconde Guerre mondiale

Place principale du ghetto de Radom.

Les ghettos juifs de la Seconde Guerre mondiale sont des ghettos mis en place en Europe occupée par le régime nazi dès l'invasion de la Pologne en 1939, afin de confiner, contrôler et exploiter les Juifs, et parfois les Roms, dans des quartiers de taille variable. Dans les documents allemands et la signalisation à l'entrée des ghettos, les nazis les appelaient généralement Jüdischer Wohnbezirk ou Wohngebiet der Juden, qui se traduisent tous deux par « quartier juif ». Il existait plusieurs types de ghettos distincts, notamment les ghettos ouverts, fermés, de travail, de transit et de destruction, tels que définis par les historiens de l'Holocauste. Dans un certain nombre de cas, ils furent le lieu de la résistance souterraine juive contre l'oppression nazie, connue collectivement sous le nom de soulèvements de ghettos.

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Camps de concentration nazis

Carte des camps de concentration nazis.

Les camps de concentration nazis sont des centres de détention de grande taille créés par le Troisième Reich à partir de 1933 et jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, pour interner, exploiter la force de travail et tuer des opposants politiques, des résidents d'un pays conquis, des groupes ethniques ou religieux spécifiques, etc. Ce sont les détenus qui sont forcés de construire ces camps, les victimes travaillant dans des conditions inhumaines, y laissant souvent leur vie. Le Troisième Reich utilisa les camps de concentration (en allemand : Konzentrationslager, abrégé en KL ou KZ), comme ceux de Dachau ou Buchenwald pour éloigner et terroriser les opposants politiques au régime, puis pour y interner les Juifs, les Tziganes, les prêtres et prélats catholiques, les Témoins de Jéhovah, les homosexuels et les « éléments asociaux » comme les criminels, vagabonds, etc.

Après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, ces camps se multiplient pour y enfermer les résistants et opposants au nazisme, de toute l'Europe occupée, mais aussi pour constituer un réservoir de main-d'œuvre servile, louée à de grandes entreprises allemandes comme IG Farben ou Siemens. Le travail y était épuisant, la nourriture insuffisante, les soins pratiquement inexistants, les mauvais traitements réguliers et le taux de mortalité très élevé. Tout visait à déshumaniser les victimes et à les conduire à une mort rapide.

Dans le cadre de la destruction des Juifs d'Europe, sont également créés, à partir de 1941, six centres d'extermination, dont la nature et les objectifs sont distincts de ceux du système concentrationnaire.

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Centre d'extermination de Sobibór

Mémorial du centre d'extermination de Sobibór.

Le centre d'extermination de Sobibór est un centre d'extermination nazi situé dans le gouvernement général de Pologne. L'emplacement de cet ancien centre se trouve aujourd’hui dans le quart sud-est de la Pologne, à proximité des frontières actuelles avec l'Ukraine et la Biélorussie, à environ 250 km à l'est-sud-est de Varsovie.

De même que le centre d'extermination de Bełżec et celui de Treblinka, Sobibór entre en fonction dans le cadre de l'opération Reinhard. De à l'été 1943, les autorités allemandes y font assassiner environ 250 000 Juifs.

Sobibór est ensuite transformé en camp de concentration, puis liquidé fin 1943 après la révolte du lors de laquelle environ 320 prisonniers réussissent à s'évader, dont une cinquantaine a survécu.

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Aktion Reinhard

Aktion Reinhard (ou opération Reinhard ou encore action Reinhard en français) est un nom de code qui désigne l'extermination systématique des Juifs, des Roms et des Sintés du « Gouvernement général de Pologne » pendant la Seconde Guerre mondiale par les allemands nazi.

C'est dans le cadre de l'action Reinhard qu'ont été exterminés environ 1 600 000 Juifs entre et ainsi que près de 50 000 Roms des cinq districts du « Gouvernement général » (Varsovie, Lublin, Radom, Cracovie et en Galicie) dans trois centres d'extermination nazis : Bełżec, Sobibór et Treblinka.

Cette opération a été baptisée « Aktion Reinhard » peu après l'assassinat en à Prague de Reinhard Heydrich, vice-gouverneur du protectorat de Bohême-Moravie et directeur de l'Office central de la sécurité du Reich (le RSHA), également chargé de l'organisation de la mise en œuvre de la Solution finale.

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Einsatzgruppen

Exécution de civils soviétiques par des membres d’un Einsatzkommando en 1941.

Les Einsatzgruppen (pluriel de Einsatzgruppe, littéralement « groupes d'intervention ») étaient les unités mobiles d'extermination du IIIe Reich allemand. Créés dès l’Anschluss, à partir de l'invasion de la Pologne ces unités de police politique militarisées étaient chargées de l'assassinat systématique des opposants réels ou supposés au régime nazi, particulièrement des Juifs. Les Einsatzgruppen ont été l'instrument de ce qu'on nomme également la « Shoah par balles ».

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Travail forcé sous domination nazie pendant la Seconde Guerre mondiale

Travailleuses forcées à Riga (Lettonie) le 11 juillet 1941.

Le recours au travail forcé sous domination nazie pendant la Seconde Guerre mondiale fut d'une ampleur sans précédent. Ce fut une part importante, considérée comme vitale, de l'exploitation économique allemande des territoires conquis, contribuant également à l'extermination massive des populations en Europe occupée par les Allemands. Les Allemands ont mobilisé environ 12 millions de personnes dans près de vingt pays européens ; les deux tiers environ venaient d'Europe centrale et d'Europe de l'Est. De nombreux travailleurs succombèrent en raison de leurs conditions de vie : mauvais traitements, une malnutrition sévère, ou sous la torture, ce qui étaient les principales causes de décès.

De nombreux autres devinrent des victimes civiles des bombardements ennemis sur leurs lieux de travail (notamment les usines) tout au long de la guerre. À son apogée, les travailleurs forcés représentaient 20 % de la main-d'œuvre allemande. En comptant les décès et le renouvellement des effectifs, environ 15 millions d'hommes et de femmes furent travailleurs forcés à un moment donné pendant la guerre.

La défaite de l'Allemagne nazie en 1945 fit libérer environ 11 millions d'étrangers (classés comme « personnes déplacées »), dont la plupart étaient des travailleurs forcés et des prisonniers de guerre. En temps de guerre, les forces allemandes déportèrent dans le Reich 6,5 millions de civils en plus des prisonniers de guerre soviétiques pour du travail forcé dans les usines ; les renvoyer chez eux fut une priorité pour les Alliés. Cependant, concernant les citoyens de l'URSS, le retour signifiait souvent des soupçons de collaboration et donc une déportation vers le Goulag. L'Administration des Nations unies pour le secours et la reconstruction (UNRRA), la Croix-Rouge et les opérations militaires ont fourni de la nourriture, des vêtements, un abri et une assistance pour leur retour chez eux. En tout, 5,2 millions de travailleurs étrangers et de prisonniers de guerre ont été rapatriés en Union soviétique, 1,6 million en Pologne, 1,5 million en France et 900 000 en Italie, ainsi que 300 000 à 400 000 en Yougoslavie, en Tchécoslovaquie, aux Pays-Bas, en Hongrie et en Belgique.

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Extermination par le travail

Victimes juives, la pelle sur l'épaule, emmenées en travaux forcés. Mogilev, 1941.

Dans les camps de concentration nazis, l'extermination par le travail (de l'allemand Vernichtung durch Arbeit) était une méthode pour tuer les détenus par les travaux forcés. Dans le cadre de la Shoah, les travaux forcés correspondaient à deux objectifs : à la fois fournir une main-d'œuvre aux nazis et exterminer des prisonniers, qui auraient succombé par d'autres procédés. Cette pratique relève d'une ironie cruelle au regard de l'expression « Arbeit macht frei » (« Le travail rend libre »), qui figurait sur le portail d'entrée de nombreux camps de concentration. Ces travaux imposés étaient, à dessein, de nature à abattre les prisonniers. Les détenus travaillaient jusqu'à douze heures par jour, tout en recevant très peu de nourriture, de vêtements et de soins médicaux. En moyenne, un travailleur succombait en quatre mois.

Certains historiens, notamment Alexandre Soljenitsyne, considèrent que le système des goulags soviétiques relevait de l'extermination par le travail. Des auteurs ont également proposé un parallèle avec les laogai sous Mao Zedong.

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Littérature de la Shoah

La littérature de la Shoah est constituée par les ouvrages littéraires qui témoignent directement ou évoquent l'anéantissement des Juifs par le nazisme entre 1939 et 1945. Cet événement, qui est souvent considéré comme une marque distinctive du XXe siècle, a reçu différents noms (« génocide juif », « Holocauste ») avant que le terme Shoah ne s'impose dans le monde et plus particulièrement en France à travers le film de Claude Lanzmann datant de 1985.

La littérature de la Shoah commence, avant même l'anéantissement dans les camps de concentration et d'extermination, dans les ghettos où sont entassés les Juifs de toute l'Europe allemande. « Tout le monde écrivait » dans les ghettos, note l'historien Ringelblum. Ce dernier crée d'ailleurs l’Oyneg Shabbos, organisation clandestine, suscitant et recueillant les archives du ghetto de Varsovie, un ensemble de témoignages, d'œuvres littéraires et d'analyses sur les conditions de vie, d'alimentation et de création.

Après la guerre, la Shoah est devenu un objet littéraire et philosophique de premier plan, en particulier avec l’œuvre de l’École de Francfort. Ariane Kalfa, philosophe du judaïsme et héritière de cette école, demande dans ses ouvrages si philosopher est encore possible après la Shoah. Les textes de la Shoah se heurtent ainsi à la difficulté de penser et de raconter un événement sans précédent, avec des actes parfois tellement horribles qu'ils instillent chez les auteurs la peur de ne pas trouver les mots pour décrire et faire comprendre leur vraie nature. Mais les survivants ressentent l'impératif de dire ce qui s'est passé, de témoigner, de garder vivante la mémoire des disparus. En fait, la diversité de la production littéraire, du témoignage à l'essai philosophique et à la poésie a permis de rendre palpable l'horreur de la Shoah, la souffrance et le désespoir des victimes. De Primo Levi, qui narre le plus sobrement possible son combat quotidien pour survivre dans un camp de travail d'Auschwitz, au lyrisme désespéré de Katzenelson, le lecteur peut appréhender une part du vécu et des sentiments des victimes et des témoins de la Shoah. Depuis 1945, témoignages, romans, poèmes, essais continuent à être publiés rencontrant des succès divers auprès du public.

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Étoile jaune

Modèle utilisé en France.

L’étoile jaune (allemand : Judenstern « étoile des Juifs », hébreu : הטלאי הצהוב hatlaï hatsahov « le chiffon jaune ») est un dispositif de discrimination et de marquage imposé par l’Allemagne nazie aux Juifs résidant dans les zones conquises au cours de la Seconde Guerre mondiale, avec peu d’exemptions.

Pièce de tissu en forme d’étoile de David, de couleur jaune comme son ancêtre la rouelle, et portant généralement l’appellation locale (Jude en Allemagne, Juif en France, Jood aux Pays-Bas, « J » pour Jood\Juif en Belgique, « HŽ » en Slovaquie, etc.) en caractères imitant la calligraphie hébraïque, elle devait être cousue sur les vêtements de façon inamovible, en évidence, soit sur le côté gauche, soit à l'avant et à l'arrière, selon les directives locales. Le refus d’arborer ce dispositif qui rendait les Juifs identifiables en tant que tels a permis la sauvegarde de quelques-uns mais il entraînait la déportation immédiate.

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Survivant de la Shoah

Janvier 1945 : enfants libérés à Auschwitz.

Les survivants de la Shoah, ou rescapés de la Shoah, sont les personnes qui ont survécu à la Shoah, c'est-à-dire la persécution et la tentative d'extermination du peuple juif perpétrées par le Troisième Reich et ses alliés avant et pendant la Seconde Guerre mondiale en Europe et en Afrique du Nord. Il n'existe pas de consensus universel sur la définition de « survivant de la Shoah » ; sa portée peut varier et concerner les Juifs qui ont survécu à la guerre en Europe sous domination nazie ou dans d'autres territoires collaborationnistes, ainsi que ceux qui ont fui vers les territoires des Alliés et des pays neutres avant ou pendant la guerre. Dans certains cas, des personnes non juives, qui ont également subi des persécutions collectives sous le régime nazi, sont aussi considérées comme des survivantes de la Shoah. La définition évolue au fil du temps.

Les survivants de la Shoah comprennent les civils persécutés qui étaient encore en vie à la libération des camps de concentration nazis à la fin de la guerre et ceux qui avaient survécu dans la résistance ou qui ont vécu cachés avec l'aide de personnes non juives ou qui se sont échappés vers des territoires hors de portée des nazis avant la mise à exécution de la « solution finale ».

À la fin de la guerre, les survivants de la Shoah ont dû affronter plusieurs problèmes immédiats : rétablissement physique et psychique après la famine, les sévices et les souffrances qu'ils avaient endurées ; la nécessité de chercher leurs proches pour savoir si certains étaient encore vivants ; rebâtir leur vie en revenant dans leur patrie ou, plus souvent, en migrant vers des lieux nouveaux où ils seraient à l'abri, en raison de la destruction ayant frappé leurs logements et leurs communautés ou en raison de flambées de violences antisémites.

Une fois réglés les problèmes immédiats, les survivants ont dû traiter de nouvelles questions. Celles-ci étaient relatives aux aides sociales et aux soins psychologiques, aux réparations et restitutions en dédommagement des persécutions, des travaux forcés et des pertes matérielles subies, des œuvres d'art pillées à leurs propriétaires légitimes, ainsi qu'à la compilation des récits des témoins et des survivants, au recensement des proches assassinés et des communautés détruites et aux soins à offrir aux survivants devenus âgés ou handicapés.

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Travailleuses forcées à Riga (Lettonie) le 11 juillet 1941.

Le recours au travail forcé sous domination nazie pendant la Seconde Guerre mondiale fut d'une ampleur sans précédent. Ce fut une part importante, considérée comme vitale, de l'exploitation économique allemande des territoires conquis, contribuant également à l'extermination massive des populations en Europe occupée par les Allemands. Les Allemands ont mobilisé environ 12 millions de personnes dans près de vingt pays européens ; les deux tiers environ venaient d'Europe centrale et d'Europe de l'Est. De nombreux travailleurs succombèrent en raison de leurs conditions de vie : mauvais traitements, une malnutrition sévère, ou sous la torture, ce qui étaient les principales causes de décès.

De nombreux autres devinrent des victimes civiles des bombardements ennemis sur leurs lieux de travail (notamment les usines) tout au long de la guerre. À son apogée, les travailleurs forcés représentaient 20 % de la main-d'œuvre allemande. En comptant les décès et le renouvellement des effectifs, environ 15 millions d'hommes et de femmes furent travailleurs forcés à un moment donné pendant la guerre.

La défaite de l'Allemagne nazie en 1945 fit libérer environ 11 millions d'étrangers (classés comme « personnes déplacées »), dont la plupart étaient des travailleurs forcés et des prisonniers de guerre. En temps de guerre, les forces allemandes déportèrent dans le Reich 6,5 millions de civils en plus des prisonniers de guerre soviétiques pour du travail forcé dans les usines ; les renvoyer chez eux fut une priorité pour les Alliés. Cependant, concernant les citoyens de l'URSS, le retour signifiait souvent des soupçons de collaboration et donc une déportation vers le Goulag. L'Administration des Nations unies pour le secours et la reconstruction (UNRRA), la Croix-Rouge et les opérations militaires ont fourni de la nourriture, des vêtements, un abri et une assistance pour leur retour chez eux. En tout, 5,2 millions de travailleurs étrangers et de prisonniers de guerre ont été rapatriés en Union soviétique, 1,6 million en Pologne, 1,5 million en France et 900 000 en Italie, ainsi que 300 000 à 400 000 en Yougoslavie, en Tchécoslovaquie, aux Pays-Bas, en Hongrie et en Belgique.

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