François Guizot

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François Guizot
Illustration.
Gravure représentant François Guizot.
Fonctions
22e président du Conseil des ministres français
et Ministre des Affaires étrangères
(23e chef du gouvernement)

(5 mois et 6 jours)
Monarque Louis-Philippe Ier
Gouvernement Guizot
Législature VIIe législature
Prédécesseur Nicolas Jean-de-Dieu Soult
Successeur Mathieu Molé
Ministre des Affaires étrangères

(7 ans, 3 mois et 25 jours)
Monarque Louis-Philippe Ier
Président du Conseil Maréchal Soult (1840-1847)
Lui même (1847-1848)
Gouvernement Soult
Prédécesseur Adolphe Thiers
Successeur Alphonse de Lamartine
Ministre de l'Intérieur

(3 mois et 1 jour)
Monarque Louis-Philippe Ier
Président du Conseil Jacques Laffite
Gouvernement Louis-Philippe Ier
Prédécesseur Victor de Broglie
Successeur Camille de Montalivet
Ministre de l'Instruction publique

(2 ans et 30 jours)
Président du Conseil Maréchal Soult
Gouvernement Soult
Prédécesseur Amédée Girod de l'Ain
Successeur Jean-Baptiste Teste

(1 an, 3 mois et 4 jours)
Président du Conseil Adolphe Édouard Casimir Joseph Mortier
Victor de Broglie
Gouvernement Mortier (1834-1835)
Broglie (1835-1836)
Prédécesseur Jean-Baptiste Teste
Successeur Joseph Pelet de la Lozère

(7 mois et 9 jours)
Président du Conseil Louis-Mathieu Molé
Gouvernement Molé
Prédécesseur Joseph Pelet de la Lozère
Successeur Narcisse-Achille de Salvandy
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Nîmes,
Drapeau du royaume de France Royaume de France
Date de décès (à 86 ans)
Lieu de décès Saint-Ouen-le-Pin,
Drapeau de la France France
Nationalité française
Parti politique Orléaniste
Profession Historien
Religion Protestant

François Guizot
Présidents du Conseil des ministres français

François Guizot, pour l'état civil François Pierre Guillaume Guizot, né le à Nîmes, mort le à Saint-Ouen-le-Pin (Calvados), est un historien et homme politique français, membre de l'Académie française à partir de 1836, plusieurs fois ministre sous la Monarchie de Juillet, en particulier des Affaires étrangères de 1840 à 1848, devenant président du Conseil en 1847, peu avant d'être renversé par la révolution de février 1848.

Il a aussi joué un rôle important dans l'histoire de l'école en France, en tant que ministre de l'Instruction publique, par la loi de 1833, demandant la création d'une école primaire par commune et d'une école normale primaire par département.

Biographie

Origines familiales, mariages et descendance

Il est né à Nîmes dans une famille protestante, alors que l'Édit de Fontainebleau (1685) est toujours en vigueur : l'édit de Versailles rétablissant la tolérance du culte protestant date de novembre 1787.

Son père, André, avocat, est le fils de Jean Guizot, « pasteur au Désert » (dans la clandestinité)[1]. En décembre 1786, André Guizot épouse à Nîmes Elisabeth Sophie Bonicel[2], née en 1765 dans une famille originaire du Pont-de-Montvert (Lozère). Après François, ils ont eu un autre fils, Jean-Jacques (1789-1835).

Durant la Terreur, André Guizot, partisan des Girondins et accusé de fédéralisme, est exécuté le .

À partir de ce moment, sa mère, une femme frêle, aux manières simples, mais d'une grande force de caractère, prend en charge son éducation. C'est une huguenote typique du XVIIIe siècle, dont les principes et le sens du devoir sont inébranlables. Elle a formé le caractère de son fils et partagé par la suite toutes les vicissitudes de sa vie, présente auprès de lui au temps de sa puissance comme durant son exil (après 1848), à Londres, où elle est enterrée au cimetière de Kensal Green.

Venu à Paris étudier le droit en 1805, Guizot s'est marié en 1812 avec une femme écrivain, Pauline de Meulan, qui est morte en 1827 ; leur fils, François (1819-1837) est mort jeune, de la tuberculose.

Guizot s'est remarié en 1828 avec une nièce de Pauline, Elisa Dillon, dont il a eu deux filles, Henriette et Pauline, et un fils, Guillaume (né en 1833). Elisa Dillon meurt peu après cette naissance.

Jeunesse

Genève (1794-1805)

Chassés de Nîmes par la Révolution, Madame Guizot et son fils partirent pour Genève, où il reçut son éducation. En dépit de ses opinions calvinistes, les théories de Jean-Jacques Rousseau influencèrent Madame Guizot. Elle était fermement libérale et elle adopta même l'idée, inculquée dans l’Émile, que tout homme devait connaître un métier manuel. Guizot apprit la menuiserie et réussit à construire une table de ses propres mains, qu’il conserva. Cependant, dans l'ouvrage qu’il intitula Mémoires de mon temps, Guizot omet tous les détails de son enfance.

Physiquement fort, Guizot, bon cavalier, avait une puissance de travail considérable.

Son arrivée à Paris

Ses talents littéraires devaient être considérables, car lorsqu’il arriva à Paris en 1805, à 18 ans, pour poursuivre ses études à la faculté de droit, il entra comme tuteur dans la maison de Philippe Alfred Stapfer, ancien ministre suisse. Il se mit bientôt à écrire dans un journal édité par Suard, le Publiciste, ce qui l’introduisit dans le milieu littéraire parisien.

En octobre 1809, à 22 ans, sa critique sur Les Martyrs de François-René de Chateaubriand reçut l’approbation et les remerciements de l’auteur et il continua à contribuer à des périodiques. Chez Suard, il fit la connaissance de Pauline de Meulan, une femme de 14 ans son aînée, aristocrate libérale de l’Ancien Régime, contrainte par les épreuves de la Révolution de gagner sa vie dans la littérature et engagée pour la rédaction d’une série d’articles dans le Publiciste. Ces contributions furent interrompues par sa maladie, mais immédiatement reprises par un rédacteur inconnu. On découvrit que c’était Francois Guizot qui la remplaçait. Cette collaboration se transforma en amitié, puis en amour et, en 1812, Mademoiselle de Meulan, auteur de nombreux travaux sur l’éducation féminine, épousa le jeune homme. Elle mourut en 1827. Ils eurent un fils unique, né en 1819 et mort en 1837 de phtisie. En 1828, Guizot épousa Elisa Dillon, nièce de sa première femme et également auteur. Elle mourut en 1833, laissant un fils, Guillaume (1833-1892), qui acquit une réputation comme savant et auteur.

Ses débuts professionnels et politiques (1809-1830)

Pendant l’Empire, Guizot, entièrement absorbé par ses travaux littéraires, publia une collection de synonymes (1809), un essai sur les beaux-arts (1811) et une traduction des travaux d’Edward Gibbon, accompagné de notes (1812). Ces écrits le firent remarquer par Louis de Fontanes, grand maître de l’Université, qui lui octroya la chaire d’histoire moderne à la Sorbonne en 1812. Son premier cours magistral (réimprimé dans ses mémoires) fut donné le 11 décembre. Il omit le compliment à l’Empereur, en dépit des conseils de son maître, mais son cours marqua le début du renouveau dans la recherche historique en France au XIXe siècle. Il avait alors acquis une position considérable dans la société parisienne et s'était lié d'amitié avec Royer-Collard et les leaders du parti libéral, dont le duc de Broglie. Absent de Paris à la chute de Napoléon en 1814, il fut choisi, sur la recommandation de Royer-Collard, pour servir le gouvernement de Louis XVIII, en tant que secrétaire général au ministère de l'Intérieur, sous l’abbé de Montesquiou. Au retour de Napoléon de l’île d'Elbe, il démissionna immédiatement, le , et retourna à ses études littéraires.

À la fin des Cent-Jours, au nom du parti libéral, il se rendit à Gand pour porter un message à Louis XVIII. Il lui indiqua que seule l'adoption d’une politique libérale pourrait assurer la pérennité de la Restauration, avis qui fut mal reçu par les conseillers du roi. La question était alors de savoir si le retour à la monarchie se ferait sur des bases libérales ou par un retour à l’Ancien Régime d’avant 1789 prôné par les ultras. Dans ces circonstances remarquables, ce fut ce jeune professeur de 27 ans, sans nom et sans expérience politique, qui fut choisi pour porter ce message au roi, preuve que la Révolution, comme Guizot le disait, avait « fait son œuvre ». Sa visite à Gand, alors que la France était l’objet d’une seconde invasion, fut le sujet d’amers reproches faits à Guizot au cours de sa vie par ses opposants politiques, pour son manque de patriotisme. L'« Homme de Gand » était l’un des termes peu flatteurs utilisés contre lui pendant sa puissance.

François Guizot – Portrait par Jehan Georges VibertChâteau de Versailles

Pendant la Seconde Restauration, Guizot fut secrétaire général au ministère de la Justice sous Barbé-Marbois, mais il démissionna avec son chef en 1816. De nouveau, en 1819, il fut directeur général des communes et départements au ministère de l’Intérieur, mais perdit son emploi avec la chute de Decazes en 1820. Guizot était alors un membre influent, avec Royer-Collard, des « doctrinaires », un petit parti fermement attaché à la Charte et à la couronne, et plaidant pour une politique du juste milieu entre l’absolutisme et un gouvernement héritier de la période révolutionnaire. Leurs opinions évoquaient davantage la rigueur d’une secte que l’élasticité d’un parti politique. Adhérant aux grands principes de liberté et de tolérance, ils étaient fermement opposés aux traditions anarchiques de la Révolution. Les éléments d’instabilité sociale étaient toujours actifs ; ils espéraient les soumettre, non par des mesures réactionnaires, mais par l’application ferme du pouvoir dans le cadre d’une constitution, basé sur le suffrage de la classe moyenne et défendu par les plus grands talents littéraires du moment. Ils étaient opposés de la même façon à l’esprit démocratique de l’époque, aux traditions militaires de l’Empire, et aux sectarisme et absolutisme de la cour. Ils sont plus connus pour leur opposition constante aux demandes populaires que pour les services que sans aucun doute ils rendirent à la cause de la liberté tempérée. Le sort d’un tel parti fut de vivre par une politique de résistance, et de périr par une autre révolution (1830).

En 1820, quand la réaction était à son apogée après l’assassinat du duc de Berry et la chute du ministère Decazes, Guizot fut démis de ses fonctions et suspendu en 1822. Il joua ensuite un rôle important parmi les chefs de l’opposition libérale au gouvernement de Charles X, sans toutefois entrer au parlement. Il collabora en particulier au Globe. Ce fut également sa période littéraire la plus active. En 1822, il publia ses cours sous le titre Histoire des origines du gouvernement représentatif, 1821-1822, ainsi qu’un ouvrage sur la peine de mort pour délit politique et plusieurs pamphlets politiques importants. De 1822 à 1830, il publia deux importantes collections de sources historiques, les Mémoires de l’histoire d’Angleterre en 26 volumes, et les Mémoires sur l’histoire de France en 31 volumes, revisita les traductions de Shakespeare, et fit paraître un volume d’essais sur l’Histoire de France. Le travail le plus remarquable fut la première partie de son Histoire de la révolution d’Angleterre de Charles I à Charles II en deux volumes (1826-1827), livre de grand mérite et impartial, qu’il résuma et compléta en 1848 pendant son exil au Royaume-Uni. L’administration Martignac rétablit Guizot à sa chaire de professeur en 1828 et au conseil d’État. C’est alors qu’il donna ses célèbres cours, qui augmentèrent sa réputation d’historien au plus haut point, et le placèrent parmi les meilleurs écrivains de France et d’Europe. Ces cours furent la base de l'Histoire de la civilisation en Europe (1828) et de son Histoire de la civilisation en France (1830), et sont considérés comme des classiques de l’histoire moderne.

Sa carrière ministérielle (1830-1848)

Son entrée au gouvernement

Guizot caricaturé par Honoré Daumier.

La renommée de Guizot reposait sur ses qualités d’écrivain sur les affaires publiques et de conférencier sur l’histoire moderne. Ce n'est qu'à l'âge de quarante-trois ans qu’il montra ses talents d’orateur. En janvier 1830, il fut élu à la chambre des députés par la ville de Lisieux, siège qu’il conserva durant toute sa vie politique. Guizot assuma immédiatement une position importante à l’Assemblée, et son premier discours fut pour défendre la célèbre Adresse des 221, en réponse au discours menaçant du trône, qui fut suivi par la dissolution de la chambre et fut un évènement précurseur d’une autre révolution. À son retour de Nîmes le 27 juillet, la chute de Charles X était imminente. Guizot fut appelé par ses amis Casimir Perier, Jacques Laffitte, Villemain et Dupin pour établir la protestation des députés libéraux contre les ordonnances de Saint-Cloud du 25 juillet. Il s’appliqua avec eux à en contrôler le caractère révolutionnaire. Guizot était convaincu que c’était une malchance pour un gouvernement parlementaire en France et que la fatuité et la stupidité de Charles X et du prince de Polignac rendaient un changement de ligne héréditaire inévitable. Il devint néanmoins l'un des plus ardents supporters de Louis-Philippe Ier. En août 1830, Guizot fut nommé ministre de l’Intérieur, mais il démissionna en novembre. Il avait maintenant rejoint les bancs du parti de la résistance, et pendant les dix-huit années suivantes il fut un ennemi déterminé de la démocratie universelle et du suffrage direct, l’inflexible champion de « la monarchie limitée par un nombre limité de bourgeois »

En 1831, Casimir Perier forma une administration plus vigoureuse et compacte, qui s’acheva par sa mort en 1832. Les mois qui suivirent furent marqués par l'agitation carliste et républicaine, et ce ne fut que le 11 octobre 1832 qu’un gouvernement stable fut formé, dans lequel le maréchal Soult était président du Conseil, le duc de Broglie prenait les Affaires étrangères, Adolphe Thiers le ministère de l’Intérieur, et Guizot le ministère de l’Instruction publique. Il avait dû sa nomination, malgré l'hostilité de Thiers et les réticences du roi[3], à l'insistance du duc de Broglie qui avait déclaré qu'il n'accepterait d'entrer au gouvernement qu'à la condition que son ami Guizot en fût également. Thiers obtint qu'il ne reçût qu'un ministère technique, pour lequel l'ancien professeur à la Sorbonne avait au demeurant toutes les compétences requises. Guizot accepta sans faire de difficultés, convaincu que la supériorité de son talent oratoire lui permettrait malgré tout de jouer un grand rôle au Parlement, et donc sur la scène politique.

Guizot, cependant, était déjà impopulaire auprès du parti libéral le plus avancé. Il resta impopulaire toute sa vie. « Je ne recherche pas l’impopularité, je n’en pense rien », disait-il. C'est lorsqu’il occupa cette fonction au ministère de l’Instruction publique, de second rang mais de première importance, que ses grandes compétences furent le plus utiles au pays. Les devoirs que ce poste lui imposaient convenaient parfaitement à ses goûts littéraires, et il maîtrisait le sujet. Il s’appliqua en premier à faire passer la loi du (les communes de plus de 500 habitants doivent avoir une école de garçons) et les trois années suivantes à la mettre en application. En créant et en organisant l’éducation primaire en France, cette loi marqua une période de l’histoire nationale.

En quinze ans, sous son influence, le nombre de ces écoles primaires grimpa de dix mille à vingt-trois mille ; les écoles normales pour les maîtres, et le système d’inspection, furent introduits ; et des conseils d’éducation, sous l’autorité partagée des laïques et des religieux, furent créés. Les enseignements secondaires et universitaires furent également l’objet de sa protection éclairée et de ses soins, et une prodigieuse impulsion fut donnée aux études philosophiques et à la recherche historique. L’une des compagnies de l’Institut de France, l'Académie des sciences morales et politiques, qui avait été supprimée par Napoléon, fut relancée par Guizot le 26 octobre 1832[4]. Certains anciens membres de la compagnie, Talleyrand, Sieyès, Roederer et Lakanal, reprirent leur siège et de nouvelles célébrités y firent leur entrée par élection, pour débattre des grands problèmes politiques et sociaux. La Société de l'histoire de France fut fondée pour la publication de travaux historiques et une vaste entreprise de publication des chroniques médiévales et de documents diplomatiques fut lancée aux frais de l’État, ainsi qu'une Inspection générale des monuments historiques.

L’objectif du cabinet d’octobre 1832 était d’organiser un parti conservateur et de mettre en œuvre une politique de résistance au parti républicain, qui menaçait l’existence de la monarchie. À sa grande fierté, ses mesures ne dépassèrent jamais les limites de la loi et c'est par l’exercice légal du pouvoir qu'il réprima l’insurrection à l'origine de la guerre civile de Lyon et de la révolte de Paris. La force du ministère ne reposait pas sur ses membres, mais seulement sur le fait que Guizot et Thiers travaillaient en cordiale coopération. Les deux grands rivaux au Parlement suivaient le même chemin ; mais aucun des deux ne pouvait se soumettre à la suprématie de l’autre, et les circonstances rejetèrent presque toujours Thiers dans l’opposition, tandis que Guizot assumait la responsabilité du pouvoir.

Ils ne furent unis qu'une seule fois, en 1839, mais c’était dans l’opposition à Mathieu Molé, qui avait formé un gouvernement intermédiaire. Cette coalition entre Guizot et les leaders du centre gauche et de la gauche, Thiers et Odilon Barrot, née de son ambition et de sa jalousie envers Molé, est considérée comme l’une des principales erreurs de sa vie. La victoire fut obtenue au prix des principes, et l’attaque du gouvernement par Guizot aggrava la crise et l’insurrection républicaine. Aucun des trois chefs de cette alliance ne prit de poste ministériel, et Guizot ne fut pas mécontent d'accepter le poste d’ambassadeur à Londres, ce qui l’écarta du combat parlementaire pour un temps. C’était au printemps 1840, et Thiers remporta peu de temps après le ministère des Affaires étrangères.

Guizot fut reçu avec honneur par la reine Victoria et par la société londonienne. Ses travaux littéraires étaient très estimés, sa personne respectée, et la France représentée à l’étranger par l’un de ses principaux orateurs. Il était réputé être versé dans l’histoire britannique et la littérature anglaise, et sincèrement attaché à l’alliance des deux nations et à la cause de la paix. Comme il le remarqua lui-même, il était étranger au Royaume-Uni et novice en diplomatie ; l’état de confusion de la question syrienne, où le gouvernement français s’était démarqué de la politique commune de l’Europe, et peut-être l’absence totale de confiance entre l’ambassadeur et le ministre des Affaires étrangères, le plaça dans une position embarrassante et fausse. Les avertissements qu’il transmit à Thiers n’étaient pas crus. Le traité du 15 juillet fut signé sans qu’il en fût avisé et exécuté contre son avis. Pendant quelques semaines, l’Europe sembla être au bord de la guerre, jusqu’à ce que le roi mît fin à la crise en refusant son consentement aux préparatifs de Thiers et en rappelant Guizot de Londres pour former un ministère et pour aider sa Majesté dans ce qu’il appelait « ma lutte tenace contre l’anarchie ».

Chef du gouvernement de facto

Sur ce tableau de 1844 représentant le Conseil des ministres du 15 août 1842, le peintre Claudius Jacquand a représenté Guizot debout, à gauche, derrière le roi auquel Soult présente la loi de Régence.

Ainsi commença, dans des circonstances sombres et défavorables, le 29 octobre 1840, le gouvernement dont Guizot demeura la tête pensante pendant près de huit ans, dans l’ombre du premier ministre, le maréchal Soult. Son premier souci fut de maintenir la paix et de restaurer les relations amicales avec les autres puissances européennes. Il réussit à calmer les éléments agités et à panser les blessures d’amour-propre de la France grâce surtout au courage indomptable et à la splendide éloquence avec laquelle il affrontait l’opposition, réunifiant et renforçant le parti conservateur, qui sentait la présence d'un grand leader à sa tête, appelant à l’épargne et à la prudence de la nation plutôt qu’à la vanité et à l’ambition. Dans sa tâche pacificatrice, il fut heureusement secondé par le gouvernement de Sir Robert Peel au Royaume-Uni à l’automne 1841. Entre Lord Palmerston et Guizot existait une dangereuse incompatibilité de caractères.

Avec le gouvernement Palmerston, Guizot sentait dans chaque agent britannique de par le monde un adversaire amer et actif ; de sa grande combativité résultait un conflit perpétuel et des contre-intrigues. Lord Palmerston écrivit que la guerre entre le Royaume-Uni et la France était, tôt ou tard, inévitable. Guizot pensait qu’une telle guerre serait une calamité des plus grandes et ne l’envisagea jamais. En Lord Aberdeen, secrétaire aux Affaires étrangères de Sir Robert Peel, Guizot trouva un ami et un allié sympathique. Leur rencontre à Londres avait été courte, mais elle se transforma rapidement en respect mutuel et en confiance. Tous deux étaient hommes de grands principes et d’honneur ; le presbytérianisme écossais qui avait moulé la foi d’Aberdeen se retrouvait chez le ministre huguenot de la France ; tous deux étaient des hommes aux goûts simples, cherchant le perfectionnement du système scolaire et la culture ; tous deux avaient une profonde aversion pour la guerre et se sentaient peu qualifiés pour mener ce genre d'opérations aventureuses qui enflammaient l’imagination de leurs opposants respectifs. Du point de vue de Lord Palmerston et de Thiers, leur politique était mesquine et pitoyable ; mais c’était une politique qui assurait la paix dans le monde et unifiait les deux grandes nations libres de l’ouest de l’Europe dans ce qu’on appelle l’entente cordiale. Aucun des deux ne se serait abaissé à saisir un avantage aux dépens de l’autre ; ils maintenaient cet intérêt commun pour la paix comme primordial ; et quand des différences surgissaient, dans des parties éloignées du monde (à Tahiti avec Affaire Pritchard, au Maroc, sur la Côte-de-l'Or, actuel Ghana), ils les résolvaient en les ramenant à leur insignifiance. L’opposition dénonçait la politique étrangère de Guizot comme bassement servile envers le Royaume-Uni. « Vous aurez beau amonceler vos calomnies, vous n’arriverez jamais à la hauteur de mon dédain ! » répondait-il avec mépris. De même, l’opposition britannique attaquait sur ce thème Lord Aberdeen, mais en vain ; le roi Louis Philippe visita le château de Windsor et la reine Victoria, en 1843, séjourna au Château d’Eu. En 1845, les troupes britanniques et françaises combattirent côte à côte au début de l’expédition du Río de la Plata. La même année, Guizot signe avec la Belgique un traité remplaçant l'Union douanière (qui liait jusque-là les deux pays) par des tarifs mutuels. Il expulse de Paris Marx, qui doit se réfugier à Bruxelles[5].

La chute du gouvernement Peel en 1846 modifia le climat des relations ; et le retour de Palmerston aux affaires étrangères conduisit Guizot à penser qu’il était à nouveau exposé à la rivalité du cabinet britannique. Une entente amicale avait été établie à Eu entre les deux cours au sujet du mariage de la jeune reine en Espagne, mais le langage de Lord Palmerston et la conduite de Sir Henry Bulwer (futur Lord Dalling) à Madrid laissait penser à Guizot que cette entente était rompue, et qu’il était prévu de mettre un Saxe-Cobourg sur le trône espagnol. Déterminé à résister à une telle intrigue, Guizot et le Roi plongèrent la tête la première dans une contre-intrigue, complètement contraire à leur engagement avec le Royaume-Uni, et fatal au bonheur de la reine d’Espagne. Par leur influence, elle fut poussée à se marier avec un rejeton de la maison des Bourbon, et sa sœur mariée au plus jeune fils du roi des français, en violation des promesses de Louis Philippe. Bien que cette action se soit réalisée à une époque de triomphe de la politique française, elle fut en vérité fatale à la monarchie d'autant qu'elle discrédita le ministre. Ce fut réalisé avec un mélange de secret et de violence, masqué par un subterfuge. Son effet immédiat fut la rupture de l’alliance franco-britannique, jetant Guizot dans une coopération plus étroite avec Metternich et les cours du nord de l’Europe.

En 1847 il devint Président du conseil.

Bilan de son action politique

L’histoire du gouvernement Guizot, le plus long et le dernier de la monarchie de Juillet, porte l'empreinte des grandes qualités et défauts du caractère politique de son initiateur et maître à penser. Son premier objectif fut de réunifier et de discipliner le parti conservateur qui avait été divisé par les dissensions et les changements de ministère. Il y parvint pleinement grâce à son courage et à son éloquence qui firent de lui le leader au parlement, ainsi que par le recours à tous les moyens d’influence que la France donne trop généreusement à un ministre dominant. Personne ne douta jamais de la pureté et du désintéressement de Guizot dans ses comportements personnels. Il méprisait l’argent, vécut et mourut pauvre. Même s'il favorisa l'envie de gagner de l'argent dans la nation française, ses habitudes conservèrent leur simplicité primitive. Mais il ne se privait pas d'exploiter chez les autres les basses passions dont il était lui-même exempt : certains de ses instruments étaient retors ; il les utilisait pour éliminer ce qu'il considérait comme retors chez les autres. Des abus et des manquements graves furent dévoilés même dans les rangs du gouvernement, et la corruption de l’administration fut dénoncée sous un ministre incorruptible. Licet uti alieno vitio (il est permis d'utiliser les vices des autres) est une proposition aussi fausse en politique qu’en théologie.

Son éloquence parlementaire était brusque, austère, démonstrative et impérieuse. Sans persuasion ni humour, rarement ornée, elle condensait en quelques mots avec la force d’une autorité suprême. Guizot était plus à l'aise et énergique comme orateur ministériel défendant ses positions que comme tribun de l’opposition. Comme Pitt, il était le type d'autorité que les charges, l’esprit, la gaîté, l’ironie et les discours de ses adversaires laissaient de marbre. Il n’était pas non plus un fin tacticien du jeu parlementaire capable de changer le cours d'une bataille par de brusques interventions en cours de débat. Sa confiance en lui-même et dans la majorité du Parlement, qu’il avait façonnée selon sa volonté, était illimitée et ce long exercice du pouvoir lui fit oublier que dans un pays comme la France, il y avait, hors du Parlement élu par un petit corps électoral, un peuple devant lequel le ministre et le roi lui-même devaient répondre de leurs actes.

Un gouvernement basé sur le principe de résistance et de répression et marqué par la méfiance et la crainte du pouvoir populaire, un système diplomatique qui cherche à raviver les traditions de l’Ancien Régime, un souverain qui dépasse largement les bornes de ses pouvoirs constitutionnels et les accroît chaque année, un ministre qui, bien qu’éloigné de la servilité d’un courtisan, était trop obséquieux envers le roi, singulièrement en désaccord avec les promesses de la révolution de juillet, limitait la politique de l’administration. Les vues de Guizot sur la politique étaient essentiellement historiques et philosophiques. Ses goûts et ses compétences lui donnaient peu de perspicacité dans l’administration du gouvernement. Il ne connaissait rien aux finances ; les affaires et le commerce lui étaient étrangers ; il était peu familier des affaires militaires et navales ; tous ces sujets étaient traités par l’intermédiaire de ses amis Pierre Sylvain Dumon (1797-1870), Charles Marie Tanneguy, Comte Duchâtel (1803-1867) ou le maréchal Bugeaud. La conséquence en fut le peu de mesures conduisant à des améliorations menées par son administration. Son gouvernement prêta encore moins l’oreille à sa demande de réforme du Parlement.

À ce sujet, les préjugés du roi étaient insurmontables et ses ministres avaient la faiblesse d’y céder. Il était impossible de défendre un système qui reposait sur le suffrage de 200 000 citoyens et dans lequel la moitié des membres étaient nommés. Rien n’eût été plus facile que de renforcer le parti conservateur en accordant le droit de vote aux propriétaires, mais la résistance fut la seule réponse du gouvernement aux demandes modérées de l’opposition. Les avertissements répétés par leurs amis ou ennemis furent ignorés ; et ils restèrent totalement inconscients du danger jusqu’au moment où il les écrasa. Il est étrange de constater que Guizot ne reconnut jamais, que ce soit dans le moment ou sur sa fin, la nature de son erreur ; il se décrivait comme le champion du parti libéral et de la constitution. Il échoua complètement à percevoir qu’une vision plus large de la destinée libérale de la France et qu'une confiance moins absolue dans ses théories personnelles auraient préservé la monarchie constitutionnelle et empêché les désastres, qui furent finalement fatals à tous les principes qu’il défendait. Mais avec la conviction têtue de la vérité absolue, il adhéra à ses propres doctrines jusqu’à la fin.

La chute

En 1847, Guizot refusa à nouveau des réformes électorales à l’opposition qui menait alors la campagne de Banquets, que Guizot tenta d’interdire.

La dernière scène de sa vie politique fut singulièrement caractéristique de sa foi dans une cause perdue. L’après-midi du , le roi convoqua son ministre, qui siégeait à la Chambre, pour l’informer de la situation à Paris et dans le pays. Les banquets poussaient à la réforme et les opinions divisées, mais passionnées, au sein de la famille royale conduisaient le roi à douter du maintien de Guizot au ministère. Ce doute, répondit Guizot, est décisif. Il démissionna instantanément, ne retournant à la Chambre que pour annoncer que le gouvernement était dissous et que Mole avait été appelé par le roi. Mole échoua à former un gouvernement et, entre minuit et une heure du matin, Guizot, qui à son habitude s’était couché tôt, fut de nouveau appelé aux Tuileries. Le roi lui demandant conseil, Guizot répondit : « Nous ne sommes plus les ministres de Sa Majesté, c'est à d'autres de décider du cap à suivre. Mais une chose est évidente : la révolte de la rue doit être stoppée ; ces barricades prises ; et pour ce travail il me semble que le maréchal Bugeaud doit être investi des pleins pouvoirs, et ordonner de prendre les mesures militaires, et comme votre Majesté n’a pas de ministère en ce moment, je suis prêt à rédiger et à contre-signer un tel ordre » . Le maréchal, qui était présent, assuma la tâche, disant « Je n’ai encore jamais été battu, et je ne le serai pas demain. Les barricades doivent être prises avant l’aube ». Devant cette manifestation d’énergie, le roi hésita et ajouta bientôt : « Je dois vous prévenir que Monsieur Thiers et ses amis sont dans la pièce à côté en train de former un gouvernement ! ». Guizot répliqua : « Alors c’est leur rôle de prendre les dispositions qui conviennent » et il quitta les lieux. Thiers et Barrot décidèrent de retirer les troupes. Le roi et Guizot se rencontrèrent à nouveau à Clarmont. Ce fut la situation la plus difficile de la vie de Guizot, mais heureusement il trouva refuge à Paris pour quelques jours dans le meublé d’un humble peintre en miniatures qu’il avait pris en amitié. Peu de temps après, il s’échappa à travers la Belgique et de là à Londres, où il arriva le 3 mars. Sa mère et ses filles l’avaient précédé et il fut rapidement installé dans une modeste maison de Pelham Crescent à Brompton.

L'exil et la retraite (1848-1874)

La société anglaise, malgré la désapprobation de nombreuses personnes vis-à-vis de sa politique récente, reçut l’homme politique déchu avec autant de distinction et de respect qu’elle en avait montré huit ans auparavant pour l’ambassadeur du roi. Des sommes d’argent furent mises à sa disposition, ce qu’il refusa. On parla aussi d’un poste de professeur à Oxford, ce qu’il était incapable d’accepter. Il resta environ une année au Royaume-Uni, se consacrant à l’histoire. Il publia deux volumes supplémentaires sur la révolution anglaise, et en 1854 son Histoire de la république d’Angleterre et de Cromwell (1649-1658). Il traduisit aussi de nombreuses œuvres de Shakespeare.

Guizot survécut à la chute de la monarchie et du gouvernement qu’il avait servi vingt-six années. Il passa soudainement de la position d’un des hommes d’État les plus puissants et les plus actifs en Europe à la position d'un philosophe et d'un citoyen spectateur des affaires humaines. Il était conscient que la fracture entre lui et la vie publique était définitive ; aucun murmure d’ambition déçue ne passa ses lèvres ; il semble que la fièvre d’orateur et la puissance ministérielle l'avaient quitté et le laissaient plus grand encore qu’avant, occupé par son courrier, les conversations avec ses amis, et à la tête d’un cercle patriarcal qu’il aimait. La plus grande partie du temps, il résidait au Val-Richer, une ancienne abbaye cistercienne, près de Lisieux en Normandie, qui avait été vendu pendant la Révolution. Ses deux filles, qui étaient mariées à deux descendants de la famille hollandaise de Witt, si agréable à la foi et aux manières des huguenots français, tinrent sa maison. Un de ses gendres cultiva la propriété. Et Guizot dévoua ses dernières années avec une énergie constante à son travail d’écriture, qui était en fait son principal moyen de subsistance. Il resta fier, indépendant, simple et combatif jusqu’à la fin; et ses années de retraite furent peut-être les plus heureuses et les plus sereines de sa vie.

Deux institutions conservèrent leur liberté même sous le Second Empire l’Institut de France et le Consistoire protestant. Dans les deux, Guizot continua jusqu’à la fin à prendre une part active. Il était membre de trois des cinq académies : L’Académie des sciences morales et politiques qui lui devait sa restauration, et dont il devint un des premiers membres en 1832 ; l’Académie des inscriptions et belles-lettres l’élut en 1833 à la succession d’André Dacier; et en 1836 il devint membre de l’Académie française. Dans ces compagnies savantes, Guizot continua près de quarante ans à prendre un intérêt actif et à avoir une influence. Il était le champion jaloux de leur indépendance. Sa voix avait un poids considérable dans le choix des nouveaux candidats ; et son but constant était de conserver la dignité et la pureté de la littérature.

Dans le Consistoire protestant de Paris, Guizot exerça la même influence. Son éducation et son expérience de la vie contribuaient à renforcer les convictions d’un tempérament religieux. Il resta, sa vie durant, un croyant dans les vérités de la révélation, et l’un de ses derniers écrits porte sur la religion chrétienne. Mais bien qu’il adhérât inflexiblement à l’église de ses pères et combattit les tendances rationalistes de son temps, ce qui semblait le menacer de destruction, il ne retint aucune nuance de l’intolérance du calvinisme. Il respectait l’Église catholique[6], religion de la majorité ; et les écrits des grands prélats, Bossuet et Bourdaloue, lui étaient aussi familiers que ceux de sa religion, et étaient utilisés dans les exercices religieux de la famille.

Dans ces activités littéraires et dans la retraite de Val Richer les années s’écoulèrent calmement et rapidement. Ses petits-enfants grandissant autour de lui, il commença à orienter leur attention vers l’histoire. Ces leçons devinrent son dernier ouvrage « Histoire de France racontée à mes petits-enfants », qui bien qu’ayant une forme simple, populaire et attrayante n’en est pas moins complet et profond. Cette histoire s’achève en 1798, et fut continuée jusqu’en 1870 par sa fille Madame Guizot de Witt à partir des notes de son père.

Jusqu’à l’été 1874, la vigueur mentale de Guizot et son activité furent intactes. Il mourut tranquillement, et on dit qu’il récitait des vers de Corneille et des textes des Saintes Écritures sur son lit de mort.

Sa petite fille Marguerite ayant épousé Paul Schlumberger, François Guizot est donc l'ancêtre des frères Schlumberger et des entrepreneurs Jérôme Seydoux, Nicolas Seydoux et Michel Seydoux.

Les papiers personnels de François Guizot sont conservés aux Archives nationales sous la cote 42AP[7].

« Enrichissez-vous... »

Rares sont les hommes d'État qui restent dans l'histoire pour une formule rhétorique. Guizot fait partie de ceux-là. Et la formule qu'on lui prête, « Enrichissez-vous... », est devenue un enjeu de confrontations, voire de caricature.

Les historiens ne sont pas certains de l'origine exacte de cette sentence. Mais la plupart s'entendent pour confirmer que cette citation, retenue par l'opinion publique et les détracteurs politiques de Guizot, est tronquée.

Pour certains, c'est en 1840, peu après que Guizot est devenu le chef effectif du gouvernement, qu'il prononça ces mots : [...]« Éclairez-vous, enrichissez-vous, améliorez la condition morale et matérielle de notre France »[8]

Pour d'autres, Guizot aurait formulé la phrase ainsi : « Enrichissez-vous par le travail et par l’épargne et vous deviendrez électeurs » (pour répliquer aux détracteurs qui demandaient l'abaissement de la barre des 200 Francs du suffrage censitaire). Son dernier biographe, Gabriel de Broglie, n'a pu retrouver exactement la citation et la considère comme apocryphe. Au cours de banquets électoraux, Guizot a beaucoup tourné autour de thèmes similaires, mais il n'a jamais eu cette expression synthétique qui sera, finalement, forgée contre lui par ses adversaires politiques. Cependant, elle correspond assez bien à son état d'esprit et illustre l'une des causes du naufrage de la Monarchie de Juillet : le refus d'élargir le suffrage censitaire.

Œuvres

  • Dictionnaire des synonymes de la langue française, 1809.
  • De l’état des beaux-arts en France, 1810.
  • Annales de l’éducation, 1811-1815, 6 vol.
  • Vie des poètes français du siècle de Louis XIV, 1813.
  • Quelques idées sur la liberté de la presse, 1814.
  • Du gouvernement représentatif de l’état actuel de la France, 1816.
  • Essai sur l’état actuel de l’instruction publique en France, 1817.
  • Du gouvernement de la France depuis la Restauration. Des conspirations et de la justice politique, 1820.
  • Des moyens de gouvernement et d’opposition dans l’état actuel de la France. Du gouvernement de la France et du ministère actuel. Histoire du gouvernement représentatif en Europe, 1821, 2 vol.
  • De la souveraineté, 1822.
  • De la peine de mort en matière politique, 1822.
  • Essai sur l’histoire de France du Ve au Xe siècle, 1823.
  • Histoire de Charles Ier, 1827, 2 vol.
  • Histoire générale de la civilisation en Europe, 1828.
  • Histoire de la civilisation en France, 1830, 4 vol.
  • Le presbytère au bord de la mer, 1831.
  • Rome et ses papes, 1832.
  • Le ministère de la réforme et le parlement réformé, 1833.
  • Essais sur l’histoire de France, 1836.
  • Monk, étude historique, 1837.
  • De la religion dans les sociétés modernes, 1838.
  • Vie, correspondance et écrits de Washington, 1839-1840.
  • Washington, 1841.
  • Madame de Rumfort, 1842.
  • Des conspirations et de la justice politiques, 1845.
  • Des moyens de gouvernement et d’opposition dans l’état actuel de la France, 1846.
  • Histoire de la révolution d'Angleterre depuis l'avènement de Charles Ier jusqu'à sa mort, 1846.
  • M. Guizot et ses amis. De la démocratie en France, 1849.
  • Pourquoi la révolution d’Angleterre a-t-elle réussi ? Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, 1850.
  • Études biographiques sur la révolution d’Angleterre. Études sur les beaux-arts en général, 1851.
  • Shakespeare et son temps. Corneille et son temps, 1852.
  • Abélard et Héloïse, 1853.
  • Édouard III et les bourgeois de Calais, 1854.
  • Histoire de la république d’Angleterre, 1855, 2 vol., Sir Robert Peel.
  • Histoire du protectorat de Cromwell et du rétablissement des Stuarts, 1856, 2 vol.
  • Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps, 1858-1867, 8 vol.
  • L’Amour dans le mariage, 1860.
  • L’Église et la société chrétienne en 1861, Discours académique, 1861.
  • Un projet de mariage royal, 1862.
  • Histoire parlementaire de France, recueil de discours, , 1863, 5 vol. Trois générations
  • Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, 1864.
  • Guillaume le Conquérant, 1865.
  • Méditations sur l’état actuel de la religion chrétienne, 1866.
  • La France et la Prusse responsables devant l’Europe, 1868.
  • Méditations sur la religion chrétienne dans ses rapports avec l’état actuel des sociétés et des esprits. Mélanges biographiques et littéraires, 1868.
  • Mélanges politiques et historiques, 1869.
  • L’histoire de France depuis les temps les plus reculés jusqu’en 1789, 1870-1875, 5 vol.
  • Le duc de Broglie, 1872.
  • Les vies de quatre grands chrétiens français, 1873.

Honneurs

L'Académie française

François Guizot fut élu à l’Académie française, le , au fauteuil 40, succédant au comte Destutt de Tracy, mort le . Sa réception officielle eut lieu le . Après sa disparition, survenue le , il fut remplacé, le , par Jean-Baptiste Dumas.

Distinctions et décorations

Généalogie

Sources et bibliographie

  • Broglie G. de, Guizot, Paris, Perrin, 1991.
  • Colloque François Guizot, 1976.
  • Jacques Billard, De l'école à la république, Guizot, Victor Cousin, Paris, PUF, 1998.
  • Craiutu A., Le Centre introuvable. La pensée politique des Doctrinaires sous la Restauration, Paris, Plon, 2006.
  • François Guizot et la culture politique de son temps, Paris, Gallimard/Seuil, 1991.
  • Guizot, les doctrinaires et la presse, 1820-1830, 1994.
  • Yvert Benoît (dir.), Premiers ministres et présidents du Conseil. Histoire et dictionnaire raisonné des chefs du gouvernement en France (1815-2007), Paris, Perrin, 2007, 916 p.

Voir aussi

Articles connexes

Iconographie

Liens externes

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Notes et références

  1. cf. site Musée virtuel protestant
  2. Cf. site François Guizot
  3. qui n'a pas oublié que Guizot a été l'un des derniers à rallier sa candidature pendant les Trois Glorieuses
  4. Gabriel de Broglie, « François Guizot, refondateur de l’Académie des sciences morales et politiques », www.canalacademie.com, 4 septembre 2006.
  5. La sociologie de Marx, Jean-Pierre Durand, p. 4.
  6. Annie Bruter « THEIS (Laurent), François Guizot », Histoire de l’éducation 2/2009 (no 122), p. 148-150.
  7. https://www.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/pog/consultationPogN3.action?nopId=c614y13tm4t-1the2zmnx79yv&pogId=FRAN_POG_06&search=
  8. <[...]« Il y a eu un temps, temps glorieux parmi nous, où la conquête des droits sociaux et politiques a été la grande affaire de la nation ; la conquête des droits sociaux et politiques sur le pouvoir et sur les classes qui les possédaient seules. Cette affaire-là est faite, la conquête est accomplie ; passons à d'autres. Vous voulez avancer à votre tour ; vous voulez faire des choses que n'aient pas faites vos pères. Vous avez raison ; ne poursuivez donc plus, pour le moment, la conquête des droits politiques ; vous la tenez d'eux, c'est leur héritage. À présent, usez de ces droits ; fondez votre gouvernement, affermissez vos institutions, éclairez-vous, enrichissez-vous, améliorez la condition morale et matérielle de notre France : voilà les vraies innovations ; voilà ce qui donnera satisfaction à cette ardeur de mouvement, à ce besoin de progrès qui caractérise cette nation. », Chambre des députés, séance du 1er mars 1843, réponse à Dufaure./[...]>
  9. Généastar : Ascendants de François Guizot

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