Andronic IV Paléologue

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Andronic IV Paléologue
Empereur byzantin
Image illustrative de l’article Andronic IV Paléologue
Portrait d'Andronic IV Paléologue sur un manuscrit byzantin du XVe siècle
Règne
-
2 ans, 10 mois et 19 jours
Période Paléologue
Précédé par Jean V Paléologue
Suivi de Jean V Paléologue
Biographie
Naissance
(Constantinople)
Décès (à 37 ans)
Père Jean V Paléologue
Mère Hélène Cantacuzène
Épouse Marie
Descendance Jean VII

Andronic IV Paléologue (grec byzantin : Ανδρόνικος Δ΄ Παλαιολόγος), né à Constantinople le 11 avril 1348, mort le 25 ou le 28 juin 1385, empereur byzantin de 1376 à 1379, est le fils aîné de Jean V Paléologue, empereur byzantin, et d'Hélène Cantacuzène.

Révoltes contre Jean V Paléologue

Né le 11 avril 1348, Andronic Paléologue était le fils ainé de Jean V Paléologue et d’Hélène Cantacuzène, fille de Jean VI Cantacuzène qui, à la suite d’une longue guerre civile, avait régné à titre de coempereur pendant son enfance[1]. L’empire dont héritait Jean V était réduit à un territoire discontinu comprenant Constantinople et une partie de la Thrace, Thessalonique et ses environs, quelques iles du nord de la mer Égée dont Ténédos, ainsi que le despotat de Morée[2].

Alors qu’il n’avait que cinq ans, Andronic et sa famille avaient été condamnés par Jean VI Cantacuzène à être exilés dans l’ile de Ténédos, par la suite objet de convoitise et de guerres entre Gênes et Venise en raison de son importance stratégique, contrôlant l’entrée du détroit des Dardanelles. Il s’en était échappé toutefois avec son père le 21 novembre 1354 et était rentré à Constantinople où Jean V avait négocié une entente avec Jean Cantacuzène pour reprendre son trône[3].

L’année suivante Jean V, pour inciter le pape Innocent VI à prêcher une nouvelle croisade, écrivit à celui-ci une longue missive dans laquelle, tout en laissant entrevoir l’union des Églises grecque et latine, il proposait qu’Andronic, à titre d’ainé et d’héritier présomptif du trône, reçoive une éducation en langue et littérature latine[4]. Toutefois, les relations entre Jean V et son fils devaient toujours être mauvaises et celui-ci entra à trois reprises en rébellion contre son père.

La première eut lieu en 1366. Après avoir pris Gallipolii en 1354, les Turcs étaient entrés en Europe et s’étaient emparés de Didymotique (appelée en turc Dimetoka) dans le nord-est de la Grèce. Alliés avec le tsar bulgare Jean Alexandre, ils progressaient sur la route menant d’Andrinople à Constantinople. Inquiet de cette progression, Jean V se rendit à Buda en 1366, confiant l’empire à la gestion d’Andronic. Il voulait conclure une entente avec le roi Louis de Hongrie qui s’était déclaré en faveur d’une croisade contre les Turcs et était entré en guerre contre les Bulgares. Louis, qui avait déjà consulté le pape fut formel : d’abord le retour de l’Église orthodoxe à Rome, ensuite une aide militaire [5].

Ayant échoué, Jean V prit la route du retour mais les Bulgares qui avaient vu l’année précédente la province frontalière de Vidin occupée par les Hongrois lui bloquèrent le passage. L’empereur se retrouva ainsi prisonnier pendant quelque six mois dans une petite ville de province, totalement ignoré par le tsar bulgare qui était pourtant le beau-père de son fils Andronic, celui-ci ayant épousé vers 1365 la fille de Jean Alexandre, Marie[6],[7]. Heureusement pour lui, son cousin du côté maternel, Amédée VI de Savoie qui n’avait pu se joindre à la « Sainte Ligue » dirigée par le roi de Chypre dont le but officiel était de conquérir la Terre sainte mais le but réel de défendre les États latins de Grèce et les possessions vénitiennes, lança une expédition contre les Bulgares[8]. Après s’être emparé de Mésembria et assiégé Varna, Amédée força les Bulgares à lui remettre Jean V. Ce dernier, dut alors faire un emprunt qu’Amédée s’engagea à lui restituer si et quand Jean V irait à Rome pour y faire sa soumission au pape Urbain V qui avait quitté Avignon pour rétablir le siège apostolique à Rome[9],[7].

Jean V partit donc pour Rome en 1369 faire sa soumission au pape et abjurer le schisme après avoir nommé Andronic coempereur et lui avoir laissé la garde de Constantinople, celle de Thessalonique étant laissée à son plus jeune fils, Manuel[10]. Ceci fait, il se rendit à Venise où il accepta de céder l’île de Ténédos[N 1], en échange d’une annulation des indemnités réclamées par les Vénitiens pour les dommages subis pendant la guerre des détroits et le prêt de 30 000 ducats consentis à Jeanne de Savoie sur les joyaux de la couronne. Toutefois à Constantinople, Andronic, qui devait toujours favoriser les Génois, refusa d’honorer la promesse de son père qui se trouva sans ressource à Venise. Ce fut son frère, Manuel, qui dut rassembler la somme exigée par les Vénitiens pour laisser partir l’empereur en 1371[11],[N 2].

Une deuxième rébellion eut lieu en 1373.

Jean V ne se faisait plus d’illusion sur une aide possible de l’Europe dans la lutte contre les Turcs. Mais alors que son fils Manuel tentait tant bien que mal de lutter contre les Turcs, Jean V préféra s’entendre avec Murad Ier, devenir son vassal de fait et lui payer tribut. Peut-être jaloux de la faveur grandissante de Manuel, peut-être excédé par la politique passive de son père qui allait d’échec en échec, Andronic s’allia au fils de Murad, Saudži Čelebi dans une révolte commune contre leurs pères respectifs. Jean V était alors en campagne avec Murad, aidant celui-ci à faire passer ses troupes en Roumélie. Andronic fut battu près de la capitale en mai et Saudži près de Didymotique en septembre. Saudži fut aveuglé et mourut peu après de ses blessures. Andronic et son jeune fils Jean (Jean VII) subirent le même châtiment, mais conservèrent partiellement la vue. Andronic perdit son titre d’héritier présomptif et fut emprisonné avec son fils Jean alors que son frère Manuel (Manuel II) prenait sa place comme coempereur et héritier[12],[13].

En 1376, Jean V signa un traité avec Venise qui cédait à la Sérénissime l’île de Ténédos selon des termes presque identiques à ceux qui avaient provoqué le refus d’Andronic six ans plus tôt. Cette cession heurtait les intérêts des Génois de Galata qui aidèrent Andronic à s’enfuir de prison, à s’entendre avec Murad à qui il remit Gallipoli reconquise par Amédée de Savoie dix ans plus tôt et à s’emparer de Constantinople[13],[14].

Andronic empereur

Le règne d’Andronic durait près de trois ans (1376-1379). Dès son retour à Constantinople, Andronic IV emprisonna Jean V et Manuel II, et récompensa ses alliés en livrant Ténédos aux Génois et Gallipoli aux Turcs[15],[16].

La session de Ténédos entraina une guerre avec Venise qui permit à Jean V et Manuel II de s’enfuir et d’aller chercher refuge auprès de Murad en 1379 contre la promesse de lui livrer Philadelphie. Avec l’aide des Vénitiens, les Turcs attaquèrent Constantinople et remirent Jean V sur le trône alors qu’Andronic s’enfuyait auprès des Génois à Galata, prenant avec lui comme otages sa mère Hélène Cantacuzène et le père de celle-ci, l’ancien Jean VI. Il devait y rester près de deux ans[13],[16].

En 1382 intervint toutefois un accord entre Jean V d’une part, Andronic IV et Jean VII d’autre part. Ces deux derniers étaient reconnus comme les successeurs de Jean V et recevaient en apanage un territoire sur la côte thrace allant de Rhaidestos à Sélymbrie, alors que leur frère Théodore devenait gouverneur du Péloponnèse byzantin. Génois et Vénitiens s’entendirent pour neutraliser Ténédos, raser ses forts et déporter sa population, tout en promettant d’unir leurs efforts pour convertir les Byzantins à la foi catholique et réconcilier les empereurs. Les Génois devenaient ainsi les arbitres des querelles dynastiques de Byzance pendant que les Turcs s’enfonçaient dans les Balkans, occupant ce qui restait de la Serbie, de la Bulgarie et de l’Albanie. L’empire byzantin pour sa part comptait maintenant quatre empereurs : Jean V à Constantinople; Andronic IV dans les villes riveraines de Marmara; Manuel II à Thessalonique et Théodore Ier en Morée[17].

Andronic devait se rebeller une dernière fois en 1385 avant de mourir peu après à Sélymbrie, redonnant ainsi à Manuel son titre d’héritier présomptif[18].

Notes et références

Notes

  1. Les Vénitiens voulaient faire de cette ile qui commande l’entrée des Dardanelles le quartier général d’une ligue antiturque qui aurait compris Gêne et Byzance (Treadgold (1997), p. 779.
  2. Selon Bréhier toutefois, il s’agirait d’une légende basée sur des chroniques du XVe siècle. En réalité Manuel se serait trouvé à Venise avec son père; il y aurait été laissé comme garant des dépenses de Jean V et aurait été récompensé par la suite par l’obtention en apanage de Thessalonique et de la Macédoine. (Bréhier (1969), p. 370.)

Références

  1. Kazhdan (1991), « John V Paleologos », vol. 2, p. 1050; Laiou (2011), p. 36-42.
  2. Laiou (2011), p. 43.
  3. Jones (1996), p. 319-322.
  4. Norwich (1996), p. 326.
  5. Treadgold (1997), p. 778-779; Mantran (1989), p. 38; Norwich (1996), p. 329.
  6. Bréhier (1969), p. 370.
  7. a et b Norwich (1996), p. 330
  8. Mantran (1989), p. 38.
  9. Treadgold (1997), p. 779; Laiou (2011), p. 44; Ostrogorski (1983), p. 560-561.
  10. Norwich (1966), p. 333.
  11. Treadgold (1997), p. 778 à 780; Mantran (1989), p. 41; Laiou (2011), p. 45; Ostrogorski (1983), p. 561; Norwich (1995), p. 334-335.
  12. Treadgold (1997), p. 780; Mantran (1989), p. 41; ;Ostrogorsky (1983), p. 562-563; Norwich (1996), p. 337.
  13. a b et c Laiou (2011), p. 46
  14. Ostrogorsky (1983), p. 563 et 564; Norwich (1996), p. 337-338.
  15. Treadgold (1997), p. 780; Mantran (1989), p. 42,
  16. a et b Norwich (1996), p. 338
  17. Treadgold (1997), p. 781; Laiou (2011), p. 46-47; Ostrogorsky (1983), p. 564-565, Norwich (1996), p. 339.
  18. Treadgold (1997), p. 782; Ostrogorsky (1983), p. 565; Norwich (1996) p. 340.

Bibliographie

Sources primaires

• Dèmètrios Cydonès. Correspondance, texte et traduction française par G. Cammelli, Les Belles Lettres (Budé), 1930 (50 lettres, et index de l'ensemble)

• Laonicos Chalkokondylès. (en) (Livres 1 à 3) Nikos Nikoloudis (trad.), Laonikos Chalkokondyles : a translation and commentary of the « Demonstrations of Histories » (Books I-III), coll. « Ιστορικές Μονογραφίες », no 16, Athènes, Historical Publications St. D. Basilopoulos, 1996 (ISBN 9607100972 et 9789607100979).

Sources secondaires

• Bréhier, Louis. Vie et mort de Byzance. Paris, Albin Michel, 1946 et 1969, coll. L’évolution de l’humanité.

• Kazhdan, Alexander P. (ed.). The Oxford Dictionary of Byzantium. Oxford and New York. Oxford University Press. 3 vol. 1991. ISBN 0-19-504652-8.

• Lalou, Angeliki et Cécile Morrisson (dir.). Le Monde byzantin III, L’Empire grec et ses voisins, XIIIe siècle. Paris, PUF, 2011. Coll. L’histoire et ses problèmes. ISBN 978-2-13-052008-5.

• Mantran, Robert (éd.). Histoire de l’Empire ottoman. Paris, Fayard, 1989. ISBN 978-2-213-01956-7.

• Norwich, John Julius. Byzantium. The Decline and Fall. New York, Alfred A. Knopf, 1996. ISBN 0-679-41650-1.

• Ostrogorsky, Georges. Histoire de l’État byzantin, Paris, Payot, Première édition 1956, présente édition, 1983. ISBN 2-228-07061-0.

• Treadgold, Warren. A History of the Byzantine State and Society. Stanford, Stanford University Press, 1997. ISBN 0-8047-2630-2.