Jovien

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Jovien
Empereur romain
Image illustrative de l’article Jovien
Pièce de monnaie à l'effigie de Jovien.
Règne
-
7 mois et 21 jours
Période Constantinienne
Précédé par Julien
Suivi de Valentinien Ier et Valens
Biographie
Nom de naissance Flavius Iovianus
Naissance vers 332 - Singidunum (Mésie)
Décès entre le et le (~34 ans)
Dadastane (Bithynie)
Père Flavius (?) Varronianus
Épouse Charito
Descendance Varronianus

Jovien, Flavius Claudius Jovianus, né vers 331 à Singidunum et mort vers le à Dadastane en Bithynie, est un empereur romain qui règne durant huit mois entre 363 à 364. On ne sait quasiment rien de sa vie avant l'expédition de Julien contre l'Empire sassanide.

La guerre contre l'Empire sassanide[modifier | modifier le code]

La mort de Julien[modifier | modifier le code]

La mort de l'empereur Julien, en juin 363 lors de la bataille de Samarra, au milieu de la grande campagne militaire romaine contre les Sassanides laisse l'armée sans chef alors même qu'elle se trouve profondément enfoncée en territoire ennemi. Certes, Julien avait, avant de partir en campagne, désigné son cousin le général Procope comme son successeur potentiel.

Toutefois, celui-ci n'a pas tenu ses engagements : lui et toute l'aile gauche de l'armée sont en effet restés l'arme au pied, dans le royaume d'Arménie ; dès lors, de très lourds soupçons de trahison se répandent au sein des légions impériales. Mais les troupes sont fortement divisées : une grave opposition éclate, entre les officiers des Gaules, comme Nevitta et Dagalaiphus, et les officiers d'Orient comme Victor et Arinthaeus, entre les soldats chrétiens et les soldats païens[1]. Cependant, la reconstitution des forces sassanides incite les officiers à se décider rapidement pour désigner un successeur à Julien, évitant ainsi une situation d'anarchie qui ne pouvait conduire qu'à un désastre militaire.

L'intronisation de Jovien[modifier | modifier le code]

Leur choix se porte finalement sur le commandant de la garde impériale — le général Jovien, officier illyrien né vers 331, à Singidunum[2] — qui, outre ses compétences militaires, a l'avantage d'être un chrétien tolérant. Les mérites de son père jouent également en sa faveur, à l'heure où l'armée cherche un « sauveur ». Il apparaît ainsi susceptible d'apaiser le climat de radicalisation religieuse qui s'est développé sous Julien, entre ceux qui soutiennent le christianisme et ceux qui s'y opposent.

La paix déshonorante[modifier | modifier le code]

Contrairement à l'avis de certains officiers, Jovien refuse de continuer le conflit afin de négocier en position de force. Prenant acte du faible moral des troupes, et après deux escarmouches qui tournent à la défaveur des Romains, il négocie la paix avec l'empereur sassanide Chapour II. Celui-ci, en dépit du quasi-anéantissement de ses troupes, se montre intraitable. Jovien est contraint de signer une paix peu honorable, « nécessaire mais ignoble », en . L'Empire romain doit céder cinq des neuf satrapies acquises en 297, le protectorat d'Arménie, ainsi que quinze places fortes frontalières, s'il veut pouvoir ramener ses armées indemnes. Désormais, la frontière orientale de l'Empire est vulnérable aux potentielles offensives sassanides à venir.

Jovien a au moins permis de sauver les légions romaines de l'encerclement, et a évité de laisser les Sassanides capturer l'empereur comme ils l'avaient fait, un siècle plus tôt, avec l'empereur Valérien. De tels événements auraient plongé l'Empire dans une crise politique terrible. En outre, l'empereur savait qu'il prenait le risque de tenter les usurpateurs potentiels en restant trop longtemps loin des provinces romaines.

La politique de Jovien[modifier | modifier le code]

De retour sur le territoire de l'Empire, Jovien obtient la soumission de Procope qui renonce à la pourpre impériale. Jovien rappelle de sa retraite son beau-père le général Lucillianus et l'envoie à Mediolanum pour établir son autorité sur les provinces occidentales[3],[4].

Chrétien convaincu, Jovien, comme son prédécesseur, promulgue un nouvel édit de tolérance, cette fois bien accepté de chacune des parties. Les chrétiens se satisfont de savoir leur destin entre les mains d'un de leurs co-religionnaires. Quant aux païens, ils sont rassurés du refus du nouvel empereur d'en revenir aux lois de Constance II qui les pénalisaient.

Cependant, Jovien meurt brusquement, « dans la trente-quatrième année de son âge », sur la route de Constantinople, à Dadastane, au cours d'une nuit entre le 16 et le [5]. Il semble qu'il ait péri, soit asphyxié par les émanations d'un brasero, soit des suites d'une indigestion[5]. Selon l'Épitomé de Caesaribus, il serait mort subitement, « étouffé par une indigestion et par l'odeur de la chaux dont on venait de donner une couche à sa chambre. »[6]

Jovien n'aura régné que huit mois.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Héloïse Harmoy-Durofil, « Chefs et officiers barbares dans la militia armata (IVe-VIe siècle) » Accès libre [PDF], sur Université de Tours, (consulté le )
  2. (en) Mario Bartolini, Roman Emperors : A Guide to the Men Who Ruled the Empire, Pen and Sword History, (ISBN 978-1-3990-6370-8), p. 113
  3. Ammien, XXV, 9, 9-10
  4. Zosime, III, 35, 1
  5. a et b Benoît Jeanjean et Bertrand Lançon, Saint Jérôme, Chronique : Continuation de la Chronique d'Eusèbe, années 326-378. Suivie de quatre études sur Les Chroniques et chronographies dans l'Antiquité tardive (IVe – VIe siècles), Presses universitaires de Rennes, (ISBN 978-2-7535-2583-2), p. 99 ; l'Épitomé de Caesaribus donne l'âge de quarante ans environ.
  6. Continuateur d'Aurelius Victor, Épitomé de Caesaribus, XLIV. « Jovien »., sur le site de Philippe Remacle.

Contemporains[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

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Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]