Al-Waqi'a

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56e sourate du Coran
L’Événement
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Informations sur cette sourate
Titre original سُورَةُ ٱلْوَاقِعَةِ, Al-Waqia
Titre français L’Événement
Ordre traditionnel 56e sourate
Ordre chronologique 46e sourate
Période de proclamation Période mecquoise
Nombre de versets (ayat) 96
Ordre traditionnel
Ordre chronologique

Al-Waqi'a (arabe : سُورَةُ ٱلْوَاقِعَةِ, français : L'Événement) est le nom traditionnellement donné à la 56e sourate du Coran, le livre sacré de l'islam. Elle comporte 96 versets. Rédigée en arabe comme l'ensemble de l'œuvre religieuse, elle fut proclamée, selon la tradition musulmane, durant la période mecquoise.

Origine du nom[modifier | modifier le code]

Bien que le titre ne fasse pas directement partie du texte coranique[1], la tradition musulmane a donné comme nom à cette sourate L’Événement[2], en référence au contenu des deux premiers versets : « 1. Quand l'Événement (le Jugement) arrivera, 2. nul ne traitera sa venue de mensonge. ».

Historique[modifier | modifier le code]

Il n'existe à ce jour pas de sources ou documents historiques permettant de s'assurer de l'ordre chronologique des sourates du Coran. Néanmoins selon une chronologie musulmane attribuée à Ǧaʿfar al-Ṣādiq (VIIIe siècle) et largement diffusée en 1924 sous l’autorité d’al-Azhar[3],[4], cette sourate occupe la 46e place. Elle aurait été proclamée pendant la période mecquoise, c'est-à-dire schématiquement durant la première partie de l'histoire de Mahomet avant de quitter La Mecque[5]. Contestée dès le XIXe par des recherches universitaires[6], cette chronologie a été revue par Nöldeke[7],[8], pour qui cette sourate est la 41e.

D’un avis unanime des islamologues, cette sourate est très composite. Si Nöldeke[Note 1] et Schwally ont d’abord défendu une sourate homogène, ils ont remarqué par la suite qu’elle possédait plusieurs sections. Le v.75 commence ainsi un nouveau passage[9].

Interprétations[modifier | modifier le code]

Versets 75-96 : Conclusion[modifier | modifier le code]

Cette dernière partie est un passage indépendant, voire une nouvelle sourate. En effet, le verset 74 est formé comme une doxologie finale et le verset 75 un serment comme au début de plusieurs sourates[9].

Selon les versets 77-82, le quran serait dans un « écrit caché ». Pour les exégètes musulmans, cela évoque un prototype céleste du Coran. Pour Bell, suivi par de nombreux auteurs, cela évoque plus matériellement les Écritures gardées par les « purifiés », rabbins et prêtres[9].

Les versets 82-95 évoque la mort et la rétribution. Tor Andrae compare le premier verset avec une description d’Éphrem de Nisibe. Les versets suivant récapitulent la sourate, et seraient pour Schwally et Bell un ajout postérieur[9].

Le dernier verset est une doxologie finale identique au v.74 et trouvant des échos au début de la sourate suivante. Ceux-ci sont une trace d’un travail éditorial cherchant à les associer[9].


Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • P. Neuenkirchen, "Sourate 56", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1647 et suiv.
  • R. Paret, Der Koran. Kommentar und konkordanz, 1980[Note 2].

Liens externes[modifier | modifier le code]


Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Les islamologues ont utilisé plusieurs approches pour tenter de dater les différentes sourates du Coran. Paret et Neuwirth appartiennent à l’« école allemande » qui, à la suite de Nöldeke, s’appuie sur la chronologie traditionnelle et sur un récit « laïcisé » des traditions musulmanes. Autrefois dominant dans les études islamologiques, ce paradigme nöldekien n'est plus qu'« en partie présent ». Les auteurs du Coran des historiens appartiennent davantage à l’autre courant (dit « sceptique ») qui prend davantage en compte une critique des sources traditionnelles. Voir : Historiographie de l'islam et du Coran
  2. En 2019, seuls deux ouvrages peuvent être considérés comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit du Commentary on the Qur'an de Richard Bell publié en 1991 (aujourd'hui daté) et du Coran des historiens publié en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux de Blachère, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avec apparat critique. Voir : Sourate

Références[modifier | modifier le code]

  1. A. Chouraqui, Le Coran, traduction et commentaires, 1990, p. 15.
  2. A. Chouraqui, Le Coran : L'appel, France, Robert Laffont, , 625 p. (ISBN 2221069641)
  3. G.S. Reynolds, « Le problème de la chronologie du Coran », Arabica 58, 2011, p. 477-502.
  4. R. Blachère, Introduction au Coran, p. 244.
  5. R. Blachère, Le Coran, 1966, p. 103.
  6. M. Azaiez, « Chronologie de la Révélation »
  7. G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianus no 95, 2011, p. 247-270.
  8. E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorâns' Chronological Reordering », Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008, p. 13.
  9. a b c d et e P. Neuenkirchen, "Sourate 56", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1647 et suiv.