Charles VI (empereur du Saint-Empire)
Charles VI du Saint-Empire, connu aussi sous le nom de Charles III de Habsbourg, en allemand Karl von Habsburg (né le à Vienne – mort le dans la même ville), est empereur du Saint-Empire romain germanique ainsi que souverain d'Autriche, roi de Hongrie et de Bohême de 1711 à sa mort en 1740. Il fut également prétendant au trône du royaume d'Espagne pendant la guerre de Succession (1703 – 1714), mais également roi de Sardaigne de 1708 à 1720, roi de Naples de 1713 à 1734, roi de Sicile de 1720 à 1735 sous le nom de Charles IV et duc souverain de Parme et Plaisance de 1735 à sa mort sous le nom de Charles II. Son règne fut marqué par les questions liées aux querelles de succession des dynasties européennes tandis que la sienne allait ouvrir un conflit généralisé.
En 1713, il signe la Pragmatique Sanction, permettant ainsi à sa fille aînée, Marie-Thérèse, de lui succéder à la tête des États héréditaires des Habsbourg, ce qui provoque à sa mort, en 1740, la guerre de Succession d'Autriche.
Biographie
Un prince mélomane et chasseur
À l'instar de son père, l'empereur fut un grand mélomane. Il était comme ses pairs passionné par la chasse, activité à laquelle s'adonnait son gendre le grand-duc de Toscane François-Étienne de Lorraine. C'est au cours d'une chasse en 1732 que l'empereur tua accidentellement le prince de Schwarzenberg.
Succession d'Espagne
Second fils de l'empereur Léopold Ier et d'Éléonore de Neubourg, il eut pour gouverneur le prince Antoine-Florian de Liechtenstein dont il fit plus tard son Premier ministre et pour qui il créa la principauté souveraine de Liechtenstein.
Avant cela, il fut désigné par son père pour succéder au dernier des Habsbourg d'Espagne, Charles II.
À la mort de ce dernier en 1700, Charles est âgé de 15 ans et tente de monter sur le trône d'Espagne, mais le défunt roi avait déjà désigné son petit-neveu Philippe, duc d'Anjou, petit-fils de Louis XIV, pour lui succéder. Cela déclencha un conflit européen : la guerre de Succession d'Espagne.
Charles fut couronné roi d'Espagne à Vienne en 1703, et se rendit dans ce royaume en 1704. Il se trouva confronté au parti du duc d'Anjou, et ne put réussir à s'imposer. Cependant les royaumes péninsulaires de la Couronne d'Aragon (Catalogne et Valence) le reconnurent comme roi, sous le nom de Charles III ; il fut également reconnu roi de Naples (1707).
Dernier des Habsbourg
La branche espagnole des Habsbourg s'était éteinte en 1700 en la personne de Charles II. L'empereur Léopold Ier mourut en 1705 et son successeur, l'empereur Joseph Ier du Saint-Empire, frère aîné de Charles, avait deux filles (son seul garçon, Léopold Joseph, mourut à l'âge de six mois) et ne semblait pas devoir avoir d'autres enfants. Charles était le seul héritier mâle de la dynastie. Lorsque son frère aîné Joseph Ier mourut sans descendance masculine en 1711, Charles fut élu empereur, rassemblant sur sa tête l'ensemble de l'empire de Charles Quint (possessions autrichiennes et espagnoles), au grand dam des puissances européennes.
Cette situation hâta la conclusion de la paix. Si Charles dut renoncer à ses prétentions au trône d'Espagne et à l'empire colonial espagnol en 1714 par le traité de Rastatt, il parvint néanmoins à conserver les possessions Européennes : royaume de Naples (1714), royaume de Sardaigne (qu'il échangea contre le royaume de Sicile en 1720) — possessions qu'il échangea en 1738 contre le duché de Parme et le grand-duché de Toscane (il confia alors le grand-duché à son gendre François de Lorraine) — ainsi que les Pays-Bas espagnols dont il confia la régence à sa sœur Marie-Élisabeth.
Il ne désirait pas qu'à son décès ses États patrimoniaux fussent démembrés au profit des maris de ses nièces, l'électeur de Bavière et l'électeur de Saxe, mais qu'ils restent au sein de la Maison de Habsbourg. Au début de son règne (1711), il mit fin à la révolte menée par François II Rákóczi.
N'obtenant pas de successeur mâle par son mariage, il édicta en 1713 la Pragmatique Sanction autorisant ses filles à lui succéder dans ses domaines patrimoniaux, écartant de fait les prétentions de ses nièces. Les électeurs, époux de celles-ci, y acquiescèrent, et les différentes puissances européennes finirent par donner leur accord[1].
Charles fut inauguré, à Mons, comte de Hainaut le , représenté par le prince de Rubempré.
Victoires et revanche
Sous son règne, les troupes impériales, conduites par le prince Eugène, remportèrent sur les Turcs les victoires de Peterwaradin (1716) et de Belgrade (1717), et les forcèrent à signer la paix de Passarowitz (1718). C'est à cette époque qu'il crée la première école de génie militaire de Vienne, l'Académie impériale des techniques militaires.
Charles VI s'engagea ensuite dans une nouvelle guerre contre le roi d'Espagne Philippe V, après être entré dans la Quadruple Alliance formée contre ce prince (et surtout sa trop ambitieuse épouse, Élisabeth Farnèse) par la Grande-Bretagne, la France et les États de Hollande (1718). Ces différends furent arrangés par le Traité de La Haye (1720)
Successions européennes
La guerre se ralluma en 1733 à l'occasion de la succession au trône de Pologne. L'électeur de Saxe Frédéric-Auguste, fils du précédent roi et neveu par alliance de l'empereur Charles VI, fut élu roi de Pologne avec le soutien de l'empereur, tandis que la France soutenait les ambitions de Stanislas Leszczyński, détrôné en 1709, et qui vivait en exil en France aux frais de son gendre Louis XV. Le traité de Vienne termina cette guerre en 1735, donnant la Lorraine et le Barrois à Stanislas en dédommagement de sa couronne polonaise, tandis que la Toscane où mourait le dernier des Médicis et le duché de Parme et de Plaisance où régnait l'infant Charles d'Espagne, successeur du dernier des Farnèse, revenaient à François III de Lorraine et de Bar qui renonçait à ses duchés héréditaires ; il était enfin autorisé à épouser l'archiduchesse héritière Marie-Thérèse, concrétisation d'une longue aspiration des deux fiancés. L'infant Charles épousa la fille d'Auguste III de Pologne, le vainqueur de Stanislas, et alla régner sur le royaume de Sicile et de Naples. En dernier lieu, la France, ennemi héréditaire, acceptait enfin de garantir la Pragmatique Sanction, victoire diplomatique et morale (mais illusoire) de l'empereur vieillissant.
Revers, fin du règne et crise de succession
Peu avant la signature du traité de paix mourut le vieux prince Eugène de Savoie, un des plus grands généraux de son temps et principal conseiller de l'empereur.
Attaqué peu après par les Turcs soutenus par la France, Charles VI dut leur abandonner par le traité de Belgrade en 1739 la Petite-Valachie, la Serbie et Belgrade.
Mélomane et musicien passionné au point d'accompagner lui-même au clavecin le castrat Farinelli et d'entretenir de longues conversations avec Antonio Vivaldi lors d'un voyage en Vénétie, il mourut en octobre 1740, laissant une succession difficile à sa fille Marie-Thérèse et à son gendre François-Étienne de Lorraine, grand-duc de Toscane.
Il a laissé des Commentaires sur sa propre vie, qui ont été publiés à Bruxelles en 1862.
Décès
Charles VI souffrit d'une indigestion après avoir mangé un plat de champignons sautés, ce désagrément mua en une maladie qui provoqua, dix jours plus tard, la mort du souverain. Ces symptômes semblent correspondre à un syndrome phalloïdien. Fort conscient de sa dignité, entrant en agonie, il tança un valet parce que le nombre de cierges entourant son lit n'était pas le nombre fixé par l'étiquette. La mort de l'empereur sans descendance mâle excita les appétits de ses voisins et alliés et déclencha la guerre de Succession d'Autriche. Voltaire nota : « Ce plat de champignons changea la destinée de l’Europe. »
Ascendance
Union et postérité
Le , Charles VI épouse Élisabeth-Christine de Brunswick-Wolfenbüttel (1691-1750). Princesse protestante d'une grande beauté et d'un caractère affirmé, celle-ci s'oppose d'abord à ce mariage pour ne pas avoir à se convertir au catholicisme, menaçant même de se suicider, avant de se raviser. Dès lors le couple est très uni, et bien qu'elle n'ait pas même 20 ans, Charles lui cède la régence de ses possessions espagnoles tandis qu'il mène ses troupes au combat. Pendant 8 ans, leur union demeure stérile, puis naissent quatre enfants :
- Léopold (1716-1716) ;
- Marie-Thérèse (1717-1780), mariée en 1736 à François III, duc de Lorraine et de Bar et grand-duc de Toscane, élu empereur en 1745 ;
- Marie-Anne (1718-1744), mariée en 1744 à Charles-Alexandre de Lorraine (1712-1780), gouverneur des Pays-Bas ;
- Marie-Amélie (1724-1730).
Titulature complète
- Empereur des Romains (1711-1740)
- Archiduc d'Autriche (1711-1740)
- Roi de Hongrie, de Bohême et de Naples (1713-1738)
- Roi de Sardaigne (1713-1720)
- Roi de Sicile (insulaire) (1720-1738)
- Duc de Parme et de Plaisance (1735-1740)
Bibliographie
- Bernd Rill, Karl VI. Habsburg als barocke Großmacht, Graz : Verlag Styria, 1992.
- Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Charles VI (empereur du Saint-Empire) » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, (lire sur Wikisource).
Notes et références
- Pour autant, l'application de la Pragmatique à la mort de Charles déclencha la guerre de Succession d'Autriche.
Annexes
Articles connexes
Liens externes
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