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Juliette Gréco

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Juliette Gréco
Description de l'image Juliette gréco.jpg.
Informations générales
Surnom Gréco
Nom de naissance Marie-Juliette Gréco
Naissance (97 ans)
Montpellier, France
Activité principale Chanteuse, actrice
Genre musical Chanson française
Années actives 1946
Labels Universal Music
Disques Meys
Site officiel Juliette Gréco

Juliette Gréco, née le à Montpellier, est une chanteuse et actrice française.

Biographie

Enfance

Juliette Gréco est née d'un père d'origine corse, Gérard Gréco, commissaire de la police des jeux, et d'une mère bordelaise, Juliette Lafeychine. Ses parents étant séparés, ses grands-parents maternels l'élèvent à Bordeaux avec sa sœur aînée Charlotte. Leur mère les rejoint en 1933 et les emmène toutes les deux à Paris. Passionnée de danse, Juliette, en 1939, est petit rat à l'Opéra Garnier. La guerre ayant éclaté, la famille retourne dans le sud-ouest de la France (en Dordogne). C'est là que sa mère s'engage dans la Résistance et est arrêtée en 1943. Les deux sœurs rejoignent Paris mais sont capturées et emprisonnées à maison d'arrêt de Fresnes. Juliette ne sera pas déportée à cause de son jeune âge, contrairement à sa mère et sa sœur aînée Charlotte qui seront envoyées à Ravensbrück. Elles ne reviendront de déportation qu'en 1945, après la libération du camp par l'Armée rouge. Juliette est libérée de Fresnes et, après avoir récupéré ses affaires au siège de la Gestapo française dans le 16e arrondissement de Paris, elle se retrouve seule et sans ressources « sur l'avenue la plus belle du monde, l'avenue Foch » avec un ticket de métro en poche[1]. Elle se rend alors chez la seule personne de sa connaissance résidant dans la capitale, Hélène Duc, qui avait été son professeur de français à Bergerac et une amie de sa mère. Elle sait qu'Hélène habite au 20 rue Servandoni, (là ou vécut jadis Olympe de Gouges), près de l'église Saint-Sulpice. Celle-ci la loge dans la pension où elle-même demeure et la prend en charge.

Saint-Germain-des Prés

Le quartier de Saint-Germain-des-Prés est à deux pas de là et, en 1945, Juliette découvre le bouillonnement intellectuel de la rive gauche et la vie politique à travers les Jeunesses communistes. Hélène Duc l'envoie suivre les cours d'art dramatique dispensés par Solange Sicard[1]. Juliette décroche quelques rôles au théâtre (Victor ou les Enfants au pouvoir en novembre 1946) et travaille sur une émission de radio consacrée à la poésie.

Juliette noue des relations amicales avec de jeunes artistes et intellectuels du quartier de Saint-Germain-des-Prés, dont Anne-Marie Cazalis et Boris Vian. C'est dans l'un des établissements de la rue Dauphine, Le Tabou, qu'elle découvre par hasard grâce à son manteau qu'elle avait posé sur la rampe et qui était tombé en bas d'un escalier, que celui-ci dispose d'une grande cave voûtée inutilisée que le patron appelle « le tunnel ». Juliette et ses copains trouvent l'endroit idéal pour y faire de la musique et danser tout en discutant de philosophie. Il suffit d'une semaine pour que les curieux viennent en nombre pour observer cette nouvelle et bizarre faune baptisée existentialistes. Juliette, devenue la célèbre muse de Saint-Germain-des-Prés sans avoir rien accompli de probant, décide alors de justifier sa célébrité en optant pour la chanson. Jean-Paul Sartre lui confie une sorte de mélopée qu'il a écrite pour sa pièce de théâtre Huis clos et lui conseille d'aller voir le compositeur Joseph Kosma pour que celui-ci en réécrive la musique[Note 1] qu'il ne trouvait pas réussie. C'est ainsi que Juliette interprète la chanson Rue des Blancs-Manteaux, œuvre née de la plume du chantre de l'existentialisme et d'un compositeur rompu à l'art de mise en musique de la poésie (notamment celle de Jacques Prévert)[1].

Carrière

En 1949, disposant d'un riche répertoire (de Jean-Paul Sartre à Boris Vian...), Juliette Gréco participe à la réouverture du cabaret le Bœuf sur le toit. Elle rencontre cette année-là Miles Davis dont elle tombe amoureuse[2]. Il hésite à l'épouser, ce qui est impensable aux États-Unis (à l'époque, les unions entre Noirs et Blancs sont illégales dans de nombreux États américains). Lui ne voulant pas lui imposer une vie aux États-Unis en tant qu'épouse d'un Noir américain, et elle ne voulant pas abandonner sa carrière en France, ils renoncent et Miles rentre à New York à la fin mai.

En 1951, elle reçoit le prix de la SACEM pour Je hais les dimanches. En 1952, elle part en tournée au Brésil et aux États-Unis dans la revue April in Paris. En 1954, elle chante à l'Olympia.

Elle rencontre le comédien Philippe Lemaire, sur le tournage du film Quand tu liras cette lettre de Jean-Pierre Melville et l'épouse le 25 juin 1953. Ils divorcent en 1956 après la naissance de leur fille Laurence-Marie (née le 24 mars 1954).

Elle repart pour New York et ses interprétations des plus grands auteurs français enthousiasment les Américains[réf. nécessaire].

Hollywood la courtise. Elle rencontre le producteur Darryl Zanuck sur le tournage du film Le soleil se lève aussi d'Henry King (1957). Elle entame une liaison amoureuse avec Zanuck[Note 2] et tourne dans quelques-unes de ses productions, notamment dans Les Racines du ciel (John Huston, 1958) et Drame dans un miroir (Richard Fleischer, 1960), films dans lesquels elle partage l'affiche avec Orson Welles. Mais sa relation avec Zanuck est houleuse, car celui-ci, dixit Juliette Gréco, « possessif et passionné. […] A vécu avec moi une aventure exotique, mais finalement douloureuse, malheureusement »[3]. En même temps que s'achève sa relation avec Darryl Zanuck, c'est avec le film d'aventure Le Grand Risque (Richard Fleischer, 1961) que s'achève sa carrière « hollywoodienne » sans qu'elle ait jamais mis les pieds dans les studios de la Fox aux États-Unis[Note 3].

Juliette Gréco (1966)

Au début des années 1960, elle revient à la chanson et ne la quitte plus. Elle chante (notamment), Jacques Brel, Léo Ferré, Guy Béart et aussi Serge Gainsbourg alors un quasi inconnu.

En 1965, elle se produit gratuitement dans les Maisons des jeunes et de la culture de la banlieue parisienne, devant un public constitué d'étudiants et d'ouvriers. Toujours en 1965, elle tient un rôle de premier plan dans le feuilleton télévisé Belphégor ou le Fantôme du Louvre. La même année, lors d'un dîner de têtes d'affiches organisé par un grand magazine populaire, Télé 7 jours, elle se retrouve assise aux côtés de Michel Piccoli... et tombe amoureuse de l'acteur. Ils se marient en 1966. Le couple se sépare en 1977.

Du 16 septembre au , le TNP accueille pour la première fois dans sa grande salle (2 800 places) du palais de Chaillot deux chanteurs : Juliette Gréco et Georges Brassens[4].

En 1968, elle inaugure la formule des concerts de 18 h 30 au théâtre de la Ville à Paris. Elle y interprète l'une de ses plus célèbres chansons, Déshabillez-moi.

Elle enregistre en avril 1969 un titre de Didier Rimaud à la demande de son ami François Rauber, Faudrait aller plus loin, chanson intégrée à l'album Difficile amour de Bernard Geoffroy[Note 4].

Au début des années 1970, Juliette Gréco effectue de nombreuses tournées à l'étranger (notamment en Italie, en Allemagne, au Canada et au Japon), alors qu'en France, son succès semble marquer le pas, car en 1972, elle quitte les productions Philips, chez qui elle enregistrait depuis plus de 20 ans, pour les productions Barclay et, sous ce label, sort deux albums : Juliette Gréco chante Maurice Fanon (1972) et Je vous attends (1974), opus essentiellement écrit par Henri Gougaud, exception faite de Ta jalousie de Jean-Loup Dabadie et de la reprise de L'Enfance, chanson de Jacques Brel (extraite de son film de 1973, Le Far West). Parallèlement, Gérard Jouannest, son pianiste et accompagnateur depuis 1968, devient son compositeur exclusif qu'elle épousera en 1988.

Nouveau changement de maison de disque en 1975. Elle quitte Barclay pour graver ses deux albums suivants chez RCA Victor : Vivre, en 1975 et Gréco chante Jacques Brel, Henri Gougaud, Pierre Seghers, en 1977. Pour ces deux albums, elle reprend sa plume de parolière (exercice auquel elle s'est déjà essayée en 1969) pour écrire successivement : Fleur d'orange, Le Mal du temps et L'Enfant (1975) et Pays de déraison et L'amour trompe la mort (1977). Sa carrière de parolière s'achève avec ces cinq titres[Note 5].

Entre 1982 et 1983, elle semble faire un bilan de sa carrière, car consécutivement à la parution de ses mémoires (Jujube, Éditions Stock, 1982), Juliette Gréco établit sous la direction artistique de Gérard Meys son anthologie discographique telle qu'elle la conçoit à ce moment-là. François Rauber réalise les arrangements et dirige l'orchestre tandis que Gérard Jouannest est au piano. Cette anthologie est commercialisée en trois volumes séparés chez les disques Meys (voir discographie).

Toujours chez les disques Meys, Gréco enregistre un nouvel album : Gréco 83 où, encore une fois, de nouveaux auteurs venus d'horizons divers lui écrivent du sur-mesure, dont Les Années d'autrefois, du journaliste Richard Cannavo, qui devient un titre incontournable de ses tours de chant. Parmi les autres auteurs figurent le dessinateur humoristique Gébé (Bleu sans cocaïne), l'auteur-compositeur-interprète Allain Leprest (Le Pull-over, musique de Jean Ferrat) et le parolier Claude Lemesle (Y'a que les hommes pour s'épouser).

Elle est faite Chevalier de la Légion d'honneur par le Premier ministre Laurent Fabius, le .

Elle retrouve son public de l'Olympia en 1991 et l'album live du concert est édité par Philips.

Elle enregistre en 1993 un album écrit par Étienne Roda-Gil sur des musiques, entre autres, de João Bosco, Julien Clerc, Gérard Jouannest et Caetano Veloso[Note 6].

En octobre de la même année, un nouvel Olympia précède une tournée.

Après une absence discographique de quatre ans, elle enregistre, en 1998, pour les disques Meys un album écrit par Jean-Claude Carrière. Son récital au théâtre de l'Odéon à Paris en mai 1999 est enregistré.

En 2003, elle enregistre chez Polydor un nouvel album sur des textes de Christophe Miossec, Marie Nimier et Jean Rouault, Benjamin Biolay et Gérard Manset. L'ensemble est mis en musique par Gérard Jouannest et François Rauber.

Elle retrouve l'Olympia en 2004.

En 2006 elle part pour New York enregistrer un album avec des musiciens de jazz) qui paraît en France sous le titre Le Temps d'une chanson. Elle le chante sur la scène du théâtre du Châtelet à Paris seulement accompagnée d'un piano et d'un accordéon.

Le , les Victoires de la musique la couronnent d'une « Victoire d'honneur » pour toute sa carrière. Pour la première fois, le , elle donne un concert à la salle Pleyel accompagnée d'une formation réduite.

En novembre 2008, elle enregistre en duo la chanson Roméo et Juliette avec Abd Al Malik (album Dante).

Fin 2008-début 2009, elle prépare un nouvel album réalisé à partir de textes d'Olivia Ruiz et d'Abd Al Malik.

En mars 2010, un nouveau documentaire, Je suis comme je suis de Brigitte Huault-Delannoy, est projeté en son honneur et en sa présence à Montréal (Place des Arts).

Fin mai 2011, le compositeur Louis Siciliano lui propose d'interpréter avec Bichou, chanteur vauclusien, une de ses dernières compositions intitulée Bonjour Paris. Juliette Gréco accepte ; l'enregistrement de la chanson, prévu pour être effectué en septembre 2011, sauf erreur, n'a apparemment jamais été réalisé.

Le elle donne le concert de clôture du festival de Valence sur la scène du parc Jouvet, accompagnée par son pianiste Gérard Jouannest ainsi que d'un accordéoniste. Des centaines de spectateurs l'applaudissent et lui offrent une longue ovation debout.

Elle est membre du comité de parrainage de la Coordination pour l'éducation à la non-violence et à la paix.

Proche de la gauche, elle a cosigné, avec Pierre Arditi, Maxime Le Forestier et Michel Piccoli une lettre ouverte[5], le 4 mai 2009, à l'intention de Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste, appelant les députés socialistes à adopter la loi Création et Internet.

En janvier 2012, elle sort un nouvel album Ça se traverse et c'est beau…, un hommage à Paris et ses ponts. Marie Nimier, Thierry Illouz, Amélie Nothomb, François Morel, Antoine Sahler, Philippe Sollers, Gérard Duguet-Grasser ou encore Jean-Claude Carrière figurent entre autres parmi les auteurs des chansons de cet album. Melody Gardot, Marc Lavoine et Féfé l'accompagnent chacun en duo et Guillaume Gallienne y interprète un texte.

En février 2012, elle est pour trois soirs sur la scène du théâtre du Châtelet de Paris.

Le dimanche , à l'occasion de son 85e anniversaire, elle est la vedette de la soirée sur Arte qui diffuse Juliette Gréco, l'insoumise le film documentaire de Yves Riou et Philippe Pouchain (projeté au Rendez-vous with French Cinéma à New-York) suivi de son concert de 2004 à l'Olympia ; pour les téléspectateurs allemands, les chansons de son concert ont été sous-titrées par des textes allemands dus à la plume de Didier Caesar (Dieter Kaiser).

Le , Juliette Gréco reçoit, des mains du maire Bertrand Delanoë, la Grande médaille de vermeil de la Ville de Paris. Bertrand Delanoë déclare : « Il était temps que sa ville lui dise merci. Juliette Gréco, c'est la Parisienne. La Parisienne d'aujourd’hui et la Parisienne qui incarne le temps de Paris qui ne passe jamais ». La chanteuse, qui a souvent représenté la France et Paris à l'étranger, répond : « Je ne suis pas née à Paris, j'ai vu le jour à Montpellier. Mais j'ai été mise au monde ici. »[6],[7].

En Allemagne, le samedi , elle monte de nouveau sur la scène du Theaterhaus Stuttgart (de) pour un concert donné à guichets fermés, accompagnée par son pianiste et mari Gérard Jouannest, devant un public ravi qui, pour la remercier, se lève pour l'applaudir.

Le , elle est faite « citoyenne d’honneur de la Ville de Montpellier » et inaugure la plaque apposée sur la façade de la maison située au 2, rue Doria (quartier des Arceaux) où elle est née le 7 février 1927 au matin. Elle y a vécu jusqu’à l’âge de trois ans avant d’aller habiter chez sa grand-mère maternelle domiciliée dans le Bordelais[8].

Le 1er octobre 2013, Juliette Gréco n'a pas pu finir son concert sur la scène de l'espace Montgolfier à Davézieux, près d'Annonay : elle a été victime d'un malaise au bout de 45 minutes (source Le Dauphiné/Ardèche).

Le 28 octobre 2013 sort, chez Deutsche Grammophon/Universal Music, l'album Juliette Gréco chante Brel, réunissant 12 chansons de Jacques Brel arrangées par le pianiste Bruno Fontaine et par le mari de la chanteuse, Gérard Jouannest[9]. Deux récitals de la chanteuse sont annoncés pour les 16 et 17 mai 2014 à l'Olympia[9].

Le 24 avril 2015, elle commence sa tournée d’adieu intitulée « Merci » qui durera un an[10]. À la première date de sa tournée, le 24 avril au Printemps de Bourges, elle a été obligée d’écourter son récital, victime d’un coup de chaleur.

Style

Juliette Gréco s'applique à interpréter et révéler de nouveaux auteurs et compositeurs, démarche artistique qui semble l'enthousiasmer davantage que d'écrire elle-même ses chansons. Elle s'essaie néanmoins à l'écriture en commençant par une fantaisie ; elle interprète, lors de l'émission radiophonique À la croisée des chemins diffusée le , accompagnée au piano par Michel Legrand et sur une musique de Marius Constant, une vraie « surprise du chef » : une savoureuse recette de cuisine, le Suprême de volaille aux crevettes (pour le réveillon)[Note 7]. Ensuite, dans ses deux albums enregistrés sous le label RCA Victor, elle interprète notamment et très sensuellement, sur une musique de Gérard Jouannest, Le Mal du temps (1975) et Pays de déraison (1977) tandis qu'elle paraît préférer le titre qu'elle consacre à la maternité, L'Enfant (1975).

L'interprète et ses auteurs

Juliette Gréco (1963)

« Je suis là pour servir, je suis interprète »

« Dans tout ce que je chante et dans ma vie, je suis là quelque part. […] Les mots, c'est très grave, pour moi. […] Je ne peux pas mettre dans ma bouche des mots qui ne me plaisent pas. […] Je suis là pour servir. Il y a une belle phrase dans la Bible, qui dit : « Je suis la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole. » Et moi, mes Seigneurs, ce sont les écrivains et les musiciens. Je suis là pour servir, je suis interprète[11]. […] La chanson est un art particulier, extrêmement difficile (quand c'est bien), contrairement à ce qu'on peut croire. Il faut écrire une pièce de théâtre ou un roman en 2 minutes ½ / 3 minutes et c'est un exercice extraordinaire. C'est grave, une chanson. Ça va dans les oreilles de tout le monde, ça se promène dans la rue, ça traverse la mer, c'est important une chanson, ça accompagne votre vie… […] Les poètes, les musiciens, ils ont besoin d'interprètes. Ils ne sont pas toujours les meilleurs interprètes de leurs œuvres, ce n'est pas vrai[Note 8]. Quelquefois, nous, interprètes, nous trouvons des choses qu'ils n'ont pas entendues, d'eux-mêmes… »

La. La. La. — Émission télé de 1966

Lors de cette émission[12] qui lui est entièrement consacrée, Gréco est entourée de quelques-uns de ses auteurs et compositeurs, un incroyable plateau rempli de légendes de la chanson française, entre autres : Charles Trenet, Joseph Kosma, Françoise Sagan, Serge Gainsbourg et Pierre Louki. Deux d'entre eux témoignent ainsi :

  • Joseph Kosma : « Vous avez changé le visage de la chanson parce que votre choix est toujours la poésie. La chanson n'est pas toujours poétique et puis vous avez vraiment fait quelque chose de très important. Simplement, vous existez, cela suffit. »
  • Serge Gainsbourg (après avoir interprété La Javanaise) : « Cette Javanaise, qui fut si incomprise parce que j'y parle javanais, je l'ai écrite pour Juliette Gréco et je lui ai donnée aussitôt son retour des Amériques (sic) [parution en mai 1963]. Je pense être un auteur privilégié puisqu'elle m'a chanté et je pense qu'il n'y a pas un auteur digne de ce nom ou au moins ayant un tant soit peu de tenue littéraire qui n'ait souhaité écrire pour elle. »

Auprès de Pierre Louki, Gréco se désole que le talent de celui-ci ne soit pas reconnu à sa juste valeur :

  • Gréco : « Moi, ce qui me fait très, très plaisir, c'est que tu as un très large éventail. C'est-à-dire que tu peux aussi bien écrire des chansons comme ça [Les Vrais copains, qu'il vient d’interpréter] ou comme Il y a vingt ans, ou comme Les Sardines, ou comme La Môme aux boutons… »
  • Pierre Louki : « Ça faisait cinq, six ans (ou peut-être même sept ou huit ans) que j'écoutais les chansons de Juliette Gréco et je me disais, enfin, jamais elle ne me chantera… Et puis un vendredi ou un jeudi soir, enfin en tous les cas la veille, j'ai reçu un coup de fil me disant, viens à tel studio à telle heure, on t'enregistre L'Arbre mort. Je n'étais pas du tout au courant et alors j'ai dit, qui est-ce qui m'enregistre L'Arbre mort ? On m'a dit : Juliette Gréco. Et ça, je dois dire que je n'en revenais pas du tout et puis maintenant, je suis bougrement content… » (Gréco chante Sur l'Arbre mort, paroles de Pierre Louki et musique de Colette Mansard, 1963).

Discographie

Aperçu de quelques chansons interprétées par Gréco

En concert le
Ouverture du Festival de Vienne
(Wiener Festwochen 2009)

L'actrice

Filmographie

Théâtre

Distinctions

Témoignages

  • Jean-Paul Sartre[Note 14] : « Gréco a des millions dans la gorge : des millions de poèmes qui ne sont pas encore écrits, dont on écrira quelques-uns. On fait des pièces pour certains acteurs, pourquoi ne ferait-on pas des poèmes pour une voix ? Elle donne des regrets aux prosateurs, des remords. Le travailleur de la plume qui trace sur le papier des signes ternes et noirs finit par oublier que les mots ont une beauté sensuelle. La voix de Gréco le leur rappelle. Douce lumière chaude, elle les frôle en allumant leurs feux. C'est grâce à elle, et pour voir mes mots devenir pierres précieuses, que j'ai écrit des chansons. Il est vrai qu'elle ne les chante pas[Note 15], mais il suffit, pour avoir droit à ma gratitude et à celle de tous, qu'elle chante les chansons des autres. »
  • Pierre Mac Orlan[Note 16] : « Si vous entendez une voix qui est l'appel de l'ombre, c'est Gréco. Si les yeux clos, vous entendez la chanson de votre adolescence…c'est Gréco. C'est Juliette Gréco qui mène la chanson chez qui la lui réclame. »
  • Louis Nucera[Note 17] : « Juliette Gréco est davantage qu'un nom. C'est son prestige. Un mythe. Dans le cœur des foules d'Orient et d'Occident, elle est la plus grande depuis la disparition de Piaf. Elle a la beauté millénaire des chats et aussi leurs superbes silences peuplés de magie. »
  • Alice Sapritch[Note 18] : « Je l'ai connue à Saint-Germain-des-Prés quand elle avait 16 ans. Elle y chantonnait déjà. On l'appelait Toutoute. C'était une période de vaches maigres et les chaussures manquaient comme le reste. Je lui en ai offert une paire en semelles de crêpe, c'était rare à l'époque. Elle en parle encore aujourd'hui avec beaucoup d'émotion. Je pourrais lui en vouloir un peu parce qu'elle n'a rien fait pour m'aider à rentrer au cinéma lorsqu'elle vivait avec Zanuck. C'est une oublieuse personne, mais je ne lui en veux pas de ses manques. Je l'aime bien et j'apprécie la manière dont elle a fait son chemin. »
  • Jean-Pierre Melville (à propos de son film Quand tu liras cette lettre)[15] : « Gréco, c'était le côté pas sage du film. Juliette n'a jamais été du cinéma. Même à l'époque où elle vivait avec Darryl Zanuck, elle n'a jamais fait partie de ce monde […]. J'aimais beaucoup Juliette, une fille intelligente, vraiment très belle. Quand on se souvient de la petite boulotte de 47-48… Pendant le tournage elle était tellement mince que je l'appelais la limande… »
  • Jacques Mercier, lors d'une émission de la RTB[Note 19] : « Le Portrait chinois que lui consacra André Lemoine nous révéla une chatte plutôt qu'une tigresse. « Chez le Chat Juliette Gréco » nous raconta André « le calme n'est qu’apparence, il cache une grande timidité. Réserve serait probablement un mot mieux adapté. La passion marque tout ce qu'elle entreprend, l'excès aussi, mais son charme et sa merveilleuse tolérance font qu'on lui pardonne volontiers ce travers. Elle s'intéresse en profondeur au monde qui entoure son univers personnel, aime vagabonder, faire des voyages, vivre pleinement les choses de la vie. Ce Chat apprécie, comme bien des chats, les réunions amicales, se prête aux réunions mondaines, histoire de briller, mais aussi d'observer les autres. Amie précieuse et dévouée, Juliette Gréco se montre à l'occasion une critique féroce. À noter qu'elle est plus intuitive que psychologue. Son jugement spontané apparaît sans défaut, alors que ses raisonnements sont souvent obscurcis par sa subjectivité ». Elle donna à André une note maximum. »
  • Benjamin Biolay, à propos de leur collaboration[Note 20],[Note 21] : « Gréco, faudrait être con pour refuser. C'était quand même la fille qui se tapait Miles Davis, qui était dans les camps[Note 22]. Elle incarne une France que j'aime, une idéologie forte. »
  • Bernard Lavilliers[11] : « On ne croise pas tous les jours des gens de ce niveau, qui ont cette espèce de sensibilité, d'intelligence et une sorte de classe tout en pouvant n'être jamais vulgaires, mais extrêmement drôles. Et même employer des mots que seuls les hommes emploient parce qu'elle doit faire ça depuis son adolescence. »
  • Anna Mouglalis[Note 23],[Note 24] : « Gréco se fout des conventions avec une grâce inouïe. C'est une femme qui a eu un répertoire d'homme. Elle a cristallisé énormément de fantasmes sans jamais devenir un objet du désir. »

Documentaires

Vidéographie

Spectacles autour de Juliette Gréco

Bibliographie

Mémoires

Biographie

Essais

Dans la fiction

Dans Serge Gainsbourg : vie héroïque (2010) de Joann Sfar, son rôle est interprété par Anna Mouglalis.

Pour approfondir

Liens externes

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Sources, notes et références

Sources

Sources principales pour l'élaboration de l'article :

Notes

  1. Composée par Sartre lui-même.
  2. Ils n'ont jamais vécu « en couple ». Juliette Gréco écrit à ce sujet : « Lorsque Darryl Zanuck est en France, il vit à l'hôtel Plaza Athénée. […] Je crois que je fais partie, sans doute, des « choses » qu'il n'a jamais possédées. […] Je ne demandais jamais rien et j'habitais chez moi. J'ai toujours payé mon gaz, mon électricité. […] Il n'a jamais rien payé pour moi. Il m'a fait des cadeauw, mais ne m'a jamais donné un franc ! ». Page 201 de ses mémoires Je suis faite comme ça.
  3. Tous ses films de cette période ont été tournés dans des studios mexicains et européens. Source : Jujube et Je suis faite comme ça, mémoires de Juliette Gréco.
  4. Album 33 tours sorti en septembre 1971 sous le label Studio SM (réf. 30M-400).
  5. En tournée au Japon en 1986, Juliette Gréco interprète spécialement pour son public japonais la chanson Le Chant de la flamme, adaptation française, dont elle est l'auteur, d'un poème de l'écrivain francophile Makoto Ooka. Mais, lors de son récital, alors qu'elle annonce rituellement les noms des auteurs et compositeurs, elle omet de se citer en tant qu'adaptatrice. Source : volume 19 de son intégrale L'Éternel féminin.
  6. L'année suivante, l'album connait une nouvelle édition, augmenté d'une chanson : Le Temps des cerises — qu'elle a déjà gravé dans Juliette Gréco : Jolie Môme/Accordéon, volume 2 de son anthologie de 1983 — que désormais, elle présente dans tous ses récitals comme « une chanson d'amour donc une chanson révolutionnaire, et une chanson révolutionnaire donc une chanson d'amour »
  7. Michel Legrand joue au piano un extrait de la musique écrite par Marius Constant pour le ballet Cyrano de Bergerac créé par Roland Petit en 1959. Source : volume 25 de son intégrale L'Éternel féminin, 2003, Mercury.
  8. Léo Ferré, invité d'une émission TV du Grand Échiquier de Jacques Chancel où Juliette Gréco interpréta Jolie Môme, déclara qu'il n'avait jamais su comment chanter cette composition.
  9. Fredonnée par Arletty sur une première musique dans le film Les Enfants du paradis, Gréco en fera « sa chanson » sur une nouvelle composition de Joseph Kosma.
  10. Interprétée par Yves Montand dans le film de Carné et créée auparavant par Cora Vaucaire, Gréco contribua à faire de cette chanson un succès et un classique mondial.
  11. D'abord refusée par Édith Piaf, cette chanson déclencha la levée de boucliers d'une certaine presse qui la perçut mal et rétorqua : « Si elle boulonnait un peu, elle saurait ce que c'est ! Elle aimerait les dimanches ! » (dans Juliette Gréco par Michel Grisolia et Françoise Mallet-Joris, voir section bibliographie).
  12. Gréco dut également à cette chanson de remporter le « prix Édith-Piaf d'interprétation » (!) au concours de Deauville le et de s'attirer ainsi les ressentiments d'Édith Piaf qui voulut alors l'enregistrer à son tour (au mois d'octobre de la même année avec la mention « prix Édith-Piaf à Deauville ! »). Cette chanson primée popularisa Gréco auprès du grand public grâce à sa large radiodiffusion (notes extraites de l'intégrale L'Éternel Féminin).
  13. Après avoir longtemps hésité, Gréco l'interpréta pour la première fois sur scène à Tokyo lors de l'hommage rendu à Jacques Brel pour l'anniversaire de sa disparition en 1988. Elle expliqua : « Ce n'était pas une chanson que j'aimais, pour son côté larmoyant. Comme je ne suis pas larmoyante du tout, j'en ai fait une chanson d'une extrême violence, une chanson plutôt vainqueur que vaincu. » – Note extraite de son intégrale L'Éternel Féminin.
  14. Présentation manuscrite de Sartre au verso de la pochette du 1er 33 tours vinyle de Gréco paru en 1952 (voir Article Discographie de Juliette Gréco section « Albums studio »).
  15. À l’exception de la reprise par Gréco de La Rue des Blancs-Manteaux (1950), chanson écrite par Sartre pour sa pièce de théâtre Huis clos. Pour Gréco, Sartre a écrit deux textes de chansons qui seront définitivement perdus : Ne faites pas suer le marin et La Perle de Passy (note de Gréco dans ses mémoires, Jujube).
  16. Extrait d'une dédicace manuscrite de Pierre Mac Orlan datée de 1966 (fac simile) in Jujube, mémoires de Juliette Gréco, Éditions Stock, Paris, 1982 (ISBN 2-234-00816-6).
  17. Extrait de sa présentation de l'album live Juliette Gréco à la Philharmonie de Berlin (1966).
  18. Mémoires inachevés d'Alice Sapritch, Éditions Ramsay, Paris, 1990 (ISBN 2859568271).
  19. Extrait de son récit Totalement confidentiel, Éditions des Archers/RTBF Éditions, Bruxelles, 1988.
  20. Album Aimez-vous les uns les autres ou bien disparaissez... (2003).
  21. Extrait de son interview parue dans Technikart no 114, juillet-août 2007.
  22. Benjamin Biolay fait une confusion, car elle n'a pas été déportée dans les camps, mais incarcérée à la prison de Fresnes. Source : Jujube, autobiographie de Juliette Gréco, pages 64 à 69, Éditions Stock, 1982.
  23. Extrait de son interview publiée par L'Express.com le .
  24. Anna Mouglalis incarne Juliette Gréco dans le film Gainsbourg, vie héroïque réalisé par Joann Sfar.

Références

  1. a b et c Source : émission radiophonique Les Caves du ciel de Luc Bérimont du , rediffusée par France Culture le (Les Nuits de France Culture).
  2. Miles Davis avec Quincy Troupe : Miles, l'autobiographie ; pages 132/133 ; Infolio, 2007 (ISBN 2884749195).
  3. Page 198 et 202 de ses mémoires Je suis faite comme ça.
  4. Source : volume 18 de son intégrale L'Éternel féminin, 2003, Mercury.
  5. http://www.lemonde.fr/politique/article/2009/05/04/loi-sur-le-piratage-des-artistes-de-gauche-denoncent-la-strategie-du-ps_1188363_823448.html
  6. a et b Source : Le Nouvel Observateur du .
  7. a et b Source : actualités de la Mairie de Paris sur Paris.fr du .
  8. Source : reportage France 3 Languedoc-Roussillon du 20 octobre 2012
  9. a et b Véronique Mortaigne, « “C'était le moment de dire à Brel que je l'aimais” », Le Monde, no 21392,‎ , p. 10
    Cet entretien entre la journaliste et Juliette Gréco est précédé d'un paragraphe sur les circonstances de l'entretien et d'un paragraphe de présentation de l'album de reprises de Brel. Dans le même numéro du Monde, un encart publicitaire consacré au nouvel album, et publié en page 12, annonce deux récitals de la chanteuse les 16 et 17 mai 2014 à l'Olympia.
  10. « Juliette Gréco fait ses adieux : « Il faut savoir s’arrêter, par politesse, par courtoisie, par raison », Télérama »,
  11. a et b Extrait du documentaire Je m'appelle Gréco, réalisé par Jaci Judelson (un bonus du DVD Juliette Gréco, Olympia 2004, Polydor).
  12. La. La. La. – Juliette Gréco, diffusée le , sur la 1re chaîne ORTF.
  13. Chancellerie de la Légion d'honneur, Légion d'honneur - Promotion 14 juillet 2012
  14. Nouvel Observateur, Article inventoriant les récipiendaires célèbres
  15. In Juliette Gréco par Michel Grisolia et Françoise Mallet-Joris, Éditions Seghers (voir section bibliographie).
  16. Source : Dossier de presse d'Arte