Rue Servandoni

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6e arrt
Rue Servandoni
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La rue Servandoni en direction de la rue de Vaugirard.
Voir la plaque.
Situation
Arrondissement 6e
Quartier Saint-Germain-des-Prés
Odéon
Début 5, rue Palatine
Fin 42, rue de Vaugirard
Morphologie
Longueur 170 m
Largeur 10 m
Historique
Dénomination 1806
Ancien nom Ruelle Saint-Sulpice
rue des Cordiers
rue des Fossoyeurs
Géolocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Rue Servandoni
Géolocalisation sur la carte : 6e arrondissement de Paris
(Voir situation sur carte : 6e arrondissement de Paris)
Rue Servandoni
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La rue Servandoni est une rue de Paris située dans le 6e arrondissement de Paris, à statut de voie publique, à la fois dans le quartier de Saint-Sulpice, de Saint-Germain-des-Prés, de l'Odéon et du jardin du Luxembourg.

Situation et accès[modifier | modifier le code]

Elle commence à hauteur du 5, rue Palatine et se termine au 42, rue de Vaugirard. L'alignement établi par l'ordonnance du n'a pas été retenu en 1977 au plan d'occupation des sols (POS) et n'a pas été repris non plus en 2006 au plan local d'urbanisme (PLU).

La station de métro la plus proche est la station Saint-Sulpice, où circulent les trains de la ligne 4.

Origine du nom[modifier | modifier le code]

Jean-Nicolas Servandoni.

Le nom de cette rue est issu de Jean-Nicolas Servandoni (1695-1766), architecte et peintre français, d'origine italienne. C'est à lui qu'on doit le portail de l'église Saint-Sulpice.

Historique[modifier | modifier le code]

La rue existait depuis 1424. C'était en 1522 une des ruelles de Saint-Sulpice ; en 1548, la « rue Saint-Sulpice » ; en 1595, la « rue des Cordiers » ; à partir de 1620, elle prend le nom de « rue des Fossoyeurs » ou « Fossoyeur » et « rue Servandoni » en 1806[1].

Elle paraît avoir eu pour dénomination vers 1600, « rue du Fer à cheval » entre la rue de Vaugirard et la rue du Canivet et « rue du Pied de Biche » dans la partie vers Saint-Sulpice.

Elle est citée sous le nom de « rue des Fossoieurs », pour une partie, et de « rue du Pied de biche », pour une autre partie, dans un manuscrit de 1636.

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire[modifier | modifier le code]

  • No 5 : façade néo-classique du XVIIIe siècle, comportant trois travées et trois étages carrés sur rez-de-chaussée, sous un étage d'attique. Garde-corps au premier étage à motifs d'ogives. Aux étages supérieurs, les appuis sont soutenus par des consoles très simples. Implantation à l'alignement ancien.
  • No 7 à 7 ter : maisons de rapport, aspect fin du XVIIIe siècle ou début du XXe siècle. Juliette Gréco et Bernard Quentin vécurent au no 7 en 1946[réf. nécessaire]. Au no 7 ter, les façades sont ornées de bossages. Garde-corps dont les appuis de fenêtres sont en fer forgé style Louis XVI. Au no 7, le décor est d'un style inspiré du néo-classicisme, les baies sont encadrées de pilastres, bandeaux à denticules et surélévation octroyée le à monsieur Tronquois, pour trois étages[réf. nécessaire]. Siège des Éditions Fernand Sorlot en 1937, dont le propriétaire éponyme fut obligé de fermer le et de se réfugier à Clermont-Ferrand. Il ne put rouvrir que le [réf. nécessaire]. Aujourd'hui une galerie occupe les lieux.
  • No 8 : maison de rapport du XVIIIe siècle. Façade en pierres de taille, composée de sept travées. Appuis de fenêtres en fer forgé de style Louis XV. Le portail est remarquable en pierres appareillées présentant une arrière-voussure de Montpellier.
  • No 9 : maison d'une travée, du milieu du XVIIe siècle. Façade présentant un fruit important à l'ancien alignement. Porte cochère à vantaux en bois du XVIIe siècle. Les nos 9 et 11 formaient à l'origine un seul lot. Plon, Nourrit et Cie éditeur imprimeur y avaient leurs locaux et obtinrent le un permis pour construire un immeuble de quatre et cinq étages (maître de l’œuvre arch. E. Dailly, 3, rue Léonie)[2].
  • No 10 : maison du XVIIe siècle située à l'angle. Ancien asile d'enfants, selon Félix de Rochegude[3]. Porte cochère à panneaux saillants. Fenêtres feintes. Soubassement en pierre.
  • No 10 bis, à l'angle de la rue du Canivet : maison de style néo-classique d'époque Louis XVI, les angles étant marqués par de puissantes chaînes de refends. Les ferronneries du premier étage sont de 1800 environ. La façade principale qui est rue Servandoni est composée de quatre travées et de deux, dont une aveugle sur la rue Canivet.
  • No 11 : Roland Barthes a habité dans cet immeuble, escalier B, 6e étage, puis au rez-de-chaussée, de 1935 à sa mort, en 1980[4]. Des locaux situés dans l'immeuble relèvent du patrimoine immobilier affecté au Sénat[5].
  • No 12 : ancien hôtel Louis XIV. Portail en pierres appareillées avec vantaux en bois donnant sur une cour. En 1692, les lieux étaient occupés par une communauté religieuse, fondée, comme le note une plaque commémorative sur la façade, par François de Chansiergues en 1666. Les appuis de fenêtres sont d'époque. De 1851 à 1861, le bâtiment fut un presbytère. La veuve Chertier propriétaire obtint la permission de faire des aménagements intérieurs le , par son architecte Ernest Rodier, 28, boulevard des Batignolles[réf. nécessaire].
  • No 13 : maison construite sur des bases datant du XVIIe siècle, à l'alignement ancien. La façade est composée de cinq travées et de quatre étages carrés sur rez-de-chaussée. Aloys Senefelder (1771-1834), acteur et auteur dramatique né à Prague, inventeur de la lithographie, avait ouvert une boutique, contre l'avis de sa femme[réf. nécessaire].
L'entrée du 14, rue Servandoni.
Détail de la porte.
  • No 14 : maison du XVIIe siècle, avec façade composées de trois travées et quatre étages carrés sur rez-de-chaussée avec des éléments du XVIIIe siècle (vantaux de porte, garde-corps). Appuis de fenêtres du 1er étage de formes géométriques de la fin du XVIIIe siècle. La porte charretière sur rue possède des vantaux finement sculptés de deux médaillons représentant, à gauche, Sainte Anne instruisant la Sainte Vierge et, à droite, Jean-Nicolas Servandoni montrant le plan de Saint-Sulpice (inscrite sur l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1926)[6]. L'artiste Caroline Tresca y ouvre une galerie d'art en 2013, la galerie Caroline Tresca[7].
  • No 15 : maison sur une assise ancienne du XVIIe siècle à l'alignement ancien. Quatre travées composent la façade, élévation de trois étages carrés. En 1784, cette maison appartenait au sculpteur Louis-François Vernet, sa veuve y tenait une maison meublée et cacha Condorcet pendant cinq mois en 1793[8]. C'était le 21, rue des Fossoyeurs. Les persiennes et garde-corps sont du XIXe siècle.
  • No 16 : maison du XVIIe siècle, présentant une façade pour partie composée de deux étages carrés sur rez-de-chaussée et de deux travées. Deux lucarnes réunies en pignon. Le soubassement est partiellement remanié. L'abbé Séguin (1748-1843), prêtre de Saint-Sulpice, habita dans cette maison[réf. nécessaire].
  • No 17 : maison du XVIIe siècle, à l'ancien alignement. Façade composée de trois travées et trois étages carrés. La porte piétonne fut surmontée d'un fronton et d'un motif à guirlandes plus tardivement.
  • Nos 18-20 : ancien hôtel de Boutteville, avant la Révolution. Façade composée de six travées et de trois étages carrés sur rez-de-chaussée ; appuis de fenêtres en fer forgé aux deux premiers étages. Double porte cochère avec vantaux en bois Louis XIV. Au no 8, Léon Gischia, peintre, y a vécu des années 1940 aux années 1960[réf. nécessaire]. Escalier ancien au no 20. Olympe de Gouges, femme de lettres, femme politique et polémiste, guillotinée à Paris le , y résida[9], puis plus tard Hélène Duc, qui y accueillit la jeune Juliette Gréco dans une pension de famille pendant la Seconde Guerre mondiale[réf. nécessaire]. Local des Éditions A. E. P.
  • No 21 : maison sur des fondations du XVIIe siècle à l'ancien alignement. Façade de la fin du XVIIIe siècle, cantonnée par deux chaînes et composées de deux travées et trois étages carrés sur rez-de-chaussée. Nicolas de Condorcet a trouvé refuge au 21, rue des fossoyeurs chez Mme Vernet après sa condamnation par la Convention le . Craignant d'être retrouvé par la police, il s'enfuira le . C'est chez Mme Vernet qu'il écrira son Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain[10].
  • No 22 : ancien hôtel particulier avec une façade remaniée à la fin du XVIIIe siècle, avec trois travées principales, d'une demi-croisée et trois étages carrés sur rez-de-chaussée. Les appuis de fenêtres sont de style Louis XVI et montés en tableau. Persiennes. Porte cochère cintrée à vantaux de bois, surmontée d'un auvent soutenu par deux consoles cannelées. Le lot initial comprenait les nos 22 et 24.
  • No 23 : la maison actuelle présente une façade de la fin du XVIIIe siècle, composée de trois travées et de trois étages carrés avec un entresol surmontés d'un étage attique. Rez-de-chaussée et entresol, ornés de refends et qui présente en son centre une arcature en plein cintre englobant les deux niveaux. Baies de l'étage noble surmontées d'un dais soutenu par des consoles encadrant un cartouche (décor Louis-Philippe). Garde-corps simple, néo-classique.
  • No 24 : ancien hôtel particulier d'origine du XVIIe siècle, façade remodelée au XVIIIe siècle, ornées de refends dans l'enduit et composée de trois travées et de trois étages carrés et d'un attique sur rez-de-chaussée. Baies avec appuis Louis XVI en tableau. Corniche à modillons. Porte piétonne Louis-Philippe. Faisait un seul lot à l'origine avec le no 22.
  • No 25 : ancienne maison avec façade de quatre travées et deux étages carrés sur rez-de-chaussée. Le bas a un aspect XVIIIe siècle, mais est certainement plus ancien. Fruit prononcé. Les garde-corps en fer forgé de style Louis XV. Croisées anciennes. Les vitrines des magasins datent de 1840.
  • No 26, à l'angle du 42, rue de Vaugirard : immeuble d'angle vraisemblablement du XVIIe siècle, avec une façade élevée de trois étages carrés sur rez-de-chaussée. Hôtel de voyageurs au XIXe siècle. William Faulkner y résida à l'automne 1925[11], c'était alors le Grand Hôtel des Principautés unies. Il a subi de grandes transformations pendant les années 2000-2001[12]. Un cliché d'Eugène Atget de 1900 et un autre pris en 1998, montrent que la déperdition des modénatures et des garde-corps est antérieure à cette campagne de travaux. Les travées et les proportions des percements sont sauvegardées.

Dans la littérature[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Éditions de Minuit, p. 514.
  2. Paris 1876-1939 « Les permis de construire », parisenconstruction.blogspot.it.
  3. Félix de Rochegude, Guide pratique à travers le vieux Paris : maisons historiques ou curieuses, anciens hôtels pouvant être visités en 33 itinéraires détaillés, Hachette, 1903.
  4. « Le monde selon Roland Barthes », Vanity Fair, no 24, juin 2015, p. 36-37.
  5. « Règlement du Sénat et instruction générale du bureau », Sénat, 1er novembre 2021.
  6. « Photo du portail sculpté du no 14 ».
  7. Site de la galerie, www.galerie-caroline-tresca.fr.
  8. Plaque commémorative sur la façade de la maison.
  9. Plaque commémorative sur la façade de l'hôtel de Boutteville.
  10. Élisabeth Badinter et Robert Badinter, Condorcet, Fayard, p. 581 et suivantes.
  11. Plaque commémorative sur la façade de l'immeuble.
  12. Question de Mme Laure Schneiter, élue du Mouvement écologiste indépendant, à M. le Maire de Paris au sujet de l'alignement des rues de Vaugirard et Servandoni (6e), débat du conseil municipal, février 1998.
  13. Victor Hugo, Les Misérables, t. III, L. 3, chapitres I à VI.

Annexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]