Utilisateur:O. Morand/Histoire de la Norvège

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Préhistoire[modifier | modifier le code]

Le peuplement de la Scandinavie commence à la fin de la glaciation de Würm, vers -10000, avec des populations de chasseurs-cueilleurs, également pêcheurs, qui peu à peu, vers -7000 peuplent toute la péninsule, sauf les montagnes[1]. La sédentarisation commence vers -4000 mais elle ne concerne que certains groupes, en particulier ceux qui peuvent s'installer dans les fjords[2]. Les Samis ou Lapons parlent des langues de la famille finno-ougrienne, comme l'est le finnois. Ils s'installent dans le nord de la péninsule scandinave où ils pratiquent des migrations saisonnières[3]. C'est alors l'âge de la pierre qui dure, en Scandinavie, jusque vers -1800 et laisse des outils sculptés de têtes d'animaux[4]. Il laisse aussi les premiers pétroglyphes, les plus célèbres étant ceux de l'Altafjord (Finnmark), dont le site d'art rupestre d'Alta[5].

Les Indo-Européens, plus précisément les Germains, arrivent ensuite, vers -1500 et apportent l'agriculture et l'élevage, en particulier le cheval[6].

L'âge du bronze, de -1800 à -450 environ, produit des statuettes et des casques, mais est surtout connue par de nombreux pétroglyphes, surtout dans le Bohuslän, région de Suède à la frontière norvégienne. Connue sous le nom d'âge du bronze danois, cette période est marquée par le développement d'Échanges commerciaux avec l'Europe du Sud grâce à la route de l'ambre : les premiers objets de métal sont importés en Scandinavie en l'échange d'ambre[6]. À cette période, surtout au sud de Trondheim, les peuplements ont laissé des bijoux et des armes ornés, mais aussi, dans les sépultures, des vêtements et des sceaux.

L'âge du fer s'étend de -400 environ à 800 après Jésus-Christ, avec le développement de forges à haute température pour le fer. Cet âge se divise en quatre phases, d'après l'influence artistique et technique dominante[4]. À la fin de l'âge du bronze, le climat se refroidit, conduisant à une rarification de l'agriculture et de l'élevage, surtout au Nord. Toutefois, la côte norvégienne est moins durement touchée, les apports de la pêche ne diminuant pas[7]. La première phase, dite « celtique », dure jusqu'au début de l'ère commune. Elle est marquée par la présence des Celtes en Europe centrale, ce qui désorganise les routes commerciales et interrompt presque la route de l'ambre[8]. La double pression du refroidissement et de l'absence de commerce pousse les Samis à migrer vers le Sud, ce qui entraîne des conflits avec les Finnois et les Scandinaves. Le sud de la Norvège est alors un des lieux où résident les populations à l'origine des Burgondes et des Lombards.

La phase « romaine », commençant vers le début de l'ère commune, dure jusque vers 400. Elle est marquée par l'influence indirecte de la Rome antique, dont les produits pénètrent en Scandinavie[9]. La région autour d'Oslo est alors occupée par les Gautars, futurs Goths. Les Scandinaves vendent aux Romains et aux autres peuples du Sud de l'ambre, des fourrures et du cuir, leur achetant des objets en métal et en verre, mais aussi des esclaves. À partir du IIIe siècle, la répartition géographique des populations se précise[10], et c'est à cette époque là que l'on commence à parler de « Norvégiens » pour désigner les Gautars qui vivent à l'ouest.

La phase dite « germanique ancienne » dure de 400 à 600 environ. Cette période est connue par des sources souvent d'origine orale mises par écrit ultérieurement, notamment dans les sagas comme la saga des Ynglingar et celle de Beowulf[11]. Derrière ces récits, l'histoire réelle est difficile à décrypter, mais cette période est marquée par de nombreux conflits entre de petits groupes de population, notamment dans le Sud de la Scandinavie.

Enfin, à l'époque dite « germanique récente » (600-800, la situation se stabilise quelque peu avec un arrêt des grandes migrations, mais la situation interne de la période précédente perdure[12]. La Norvège reste alors très fragmentée mais ses différents peuples pratiquent intensément le commerce. Les épées d'origine franque y font leur apparition.


L'âge viking[modifier | modifier le code]

Le bateau viking[13] est un élément essentiel de la puissance viking : il sert aussi bien à l'exploration et au commerce qu'aux incursions violentes dans différents territoires[14]. Dès le IVe siècle, des bateaux plus longs sont construits, dont la forme s'affine, tandis que vers 700 les accessoires comme le gouvernail se développent.

Parmi ces routes, l'une des routes du Nord suivait les côtes de la Norvège sous forme de cabotage et pouvait aller, au-delà du cap Nord, jusqu'à la mer Blanche[15]. Vers l'ouest, des routes permettaient de rejoindre les îles Britanniques, mais aussi l'Europe du Sud et au-delà vers la mer Méditerranée. C'est également en partant vers l'ouest que les Norvégiens découvrent les îles Féroé (vers 800), l'Islande (en 874), le Groenland et enfin, sans doute, l'Amérique du Nord (camp de L'Anse aux Meadows)[16].

Les Îles Britanniques attirent aussi bien les Danois que les Norvégiens, et les sources ne permettent pas toujours de distinguer les auteurs des attaques et des implantations. Ce sont surtout les Danois qui interviennent en Angleterre[17]. En revanche, l'Écosse est la cible des Norvégiens. Les Orcades sont colonisées par les Norvégiens au cours du IXe siècle et soumises par la famille de Møre, d'où sont issus les comtes des Orcades[18]. De même, les Shetland passent rapidement sous domination norvégienne[19]. Inversement, dans les Hébrides, la présence nordique est moins forte et les Norvégiens sont assimilés par les populations locales.

L'Irlande est attaquée également par les Norvégiens, connus localement sous le nom de Finn-gall (« pâles étrangers »)[20], les Danois arrivant plus tardivement sur ces côtes. Aux raids succèdent l'installation de groupes vikings. En particulier Olaf et Ivar fondent un petit royaume près de Dublin, qui subsiste jusqu'en 1052[21]. Les Norvégiens qui s'installent font rapidement alliance avec les populations locales, formant un peuple connu sous le nom de Norvégiens-Gaëls dits aussi Ostmen. Ivar est qualifié de « Rex Nordmannorum totius Hiberniæ et Britanniæ » (« roi des Normands de toute l'Irlande et la Bretagne » en latin).

Le Pays de Galles constitue moins une terre d'installation pour les Vikings[22]. Cependant, au cours du XIe siècle, le royaume de Gwynedd s'allie aux Norvégiens de Dublin et de l'île de Man.

L'origine exacte de Rollon, fondateur du duché de Normandie est discutée, l'une des hypothèses avancée étant une origine norvégienne[23], mais ses troupes se composaient pour la plupart de Danois.

Eric le Rouge (vers 950-1003), né en Islande, fonde vers 985 les colonies norvégiennes du Groenland[24]. Son fils Leif Ericson, dit « le Chanceux » lance une expédition plus à l'ouest et s'installe dans le Vinland, correspondant sans doute au futur Canada, mais sans que cela donne lieu à une colonie durable.

Si les Vikings ont été très vite en contact avec des populations chrétiennes, ils commencent à s'intéresser à cette nouvelle religion au IXe siècle. En Norvège, ce sont surtout des missionnaires anglo-saxons qui interviennent[25]. L'adoption du christianisme semble s'être faite rapidement et sans heurts, l'Église s'employant à « christianiser » les lieux de cultes traditionnels. La Norvège devient officiellement chrétienne en 1000 avec Olaf Tryggvason.

L'époque moderne[modifier | modifier le code]

Annexions temporaires et définitives de la Suède, notamment aux dépends de la Norvège

Tandis que l'union de Kalmar est formellement dissoute par le départ de la Suède, la Norvège se trouve plus étroitement unie au Danemark. En effet, le roi Christian III annonce en octobre 1536 que « la Norvège ne sera plus jamais un royaume indépendant[26] », mais qu'elle sera intégrée comme une province du Danemark. Mais cette décision n'est pas entérinée par le Conseil du royaume danois qui s'estime incompétent pour cela, et la Norvège reste un royaume distinct au sein de l'union personnelle. Toutefois, à partir de 1536, elle est soumise à l'administration danoise puisque ce sont des Danois qui occupent les principales fonctions dans le pays.

La Réforme[modifier | modifier le code]

Le roi Christian II de Danemark met en place une Église nationale en 1520-1521, en limitant les droits des évêques et en autorisant les prêtres à se marier[27]. Cette réforme échoue après le renversement de Christian II en 1523.

La Norvège reçoit ses premiers prédicateurs réformés vers 1526, notamment à Bergen, ce qui suscite de vigoureuses critiques de l'archevêque Olav Engelbrektsson[28]. La prédication se renforce en 1529 avec la bienveillance du roi Frédéric Ier. C'est surtout son successeur Christian III qui, à partir de 1536, se donne pour objectif de faire passer le pays à la Réforme[29]. L'archevêque Olav Engelbrektsson prend la tête d'un mouvement de protestation, mais il est contraint à l'exil en avril 1537. Christian III impose alors au pays l'ordonnance ecclésiastique du 2 septembre 1537. Les domaines épiscopaux sont sécularisés, la part de dîme qui revenait précédemment aux évêques est attribuée à la Couronne, et une partie des terres monastique est donnée à des nobles, notamment danois. En revanche, les prêtres locaux qui acceptent d'appliquer l'ordonnance ecclésiastique sont laissés en place. La langue de la liturgie devient le danois.

Développement économique[modifier | modifier le code]

Après le marasme de la fin du Moyen Âge, l'économie redémarre au XVIe siècle. La pêche continue de se développer, avec en particulier le hareng[30]. Son exportation se fait jusqu'en Italie et au Portugal. Mais c'est surtout le bois, plus encore à partir de 1550, qui fait la prospérité de la Norvège. Cet essor tient à une forte croissance de la demande, en particulier depuis l'Europe occidentale, mais aussi à des améliorations techniques avec la généralisation de la scie hydraulique, ce qui facilite la constitution de petites exploitations de bois très rentables. Vers 1620, le système se modernise avec des modèles à plusieurs lames[31]. Les villes norvégiennes croissent encore lentement, et vers 1650 la plus peuplée des villes norvégiennes, Bergen, ne compte que 8 000 habitants[32]. Quelques villes nouvelles sont créées à cette époque, essentiellement autour d'une activité économique, comme à Kongsberg et à Røros[33]. La fondation de Christiana, à côté d'Oslo, incendiée en 1624, répond à une autre logique. En Norvège, la plupart des terres agricoles est détenue par les paysans eux-mêmes, mais les prix restent fixés par les commerçants. L'essor de la Norvège au XVIIe siècle touche aussi les industries extractives de cuivre, d'argent et de surtout de fer[34]. Le commerce international se développe aussi dans la seconde moitié du siècle[35]. Le commerce du bois reste florissant au XVIIIe siècle même si certaines forêts commencent à s'épuiser[36]. La création de manufacture touche moins la Norvège que ses voisines, mais la Norvège développe la pelleterie et l'armement[37]. L'urbanisation de la Norvège reste faible au XVIIIe siècle, le pays n'arrivant pas à suivre les progressions suédoises[38]. Bergen atteint les 14 000 habitants environ dès 1770, alors qu'Oslo reste à moins de 10 000.

Autres conquêtes[modifier | modifier le code]

La Norvège est partiellement envahie par l'armée suédoise pendant la guerre nordique de Sept Ans (1563-1570), avec la prise de Trondheim en 1564 et l'invasion du sud du pays en 1567[39], mais le Traité de Stettin signé en 1570 n'a pas d'incidence sur le pays[40].

Dans les années 1600, le Nord de la Scandinavie est le nouvel enjeu de la rivalité dano-suédoise[41]. Dans cette zone où les frontières sont moins clairement fixées, et notamment dans le Finnmark, le roi de Suède Charles IX installe des hommes à lui et prend en 1607 le titre de « roi des Lapons du Nord ». En réaction, le roi Christian IV de Danemark affirme également son autorité dans ces territoires et n'hésite pas à y affronter les troupes suédoises.

La Suède et le Danemark s'affrontent à nouveau pendant la Guerre de Trente Ans. En 1645, par le traité de Brömsebro, le Danemark doit céder la province norvégienne de Jämtland qui se trouve dès lors définitivement incorporée à la Suède. Après une nouvelle guerre en 1657-1658, le Danemark est contraint de signer le traité de Roskilde (26 février 1658), par lequel il cède à la Suède la province de Bohuslän et surtout celle de Trondheim, ce qui donne à la Suède un débouché sur la mer de Norvège tandis que le royaume est coupé en deux[42]. Cependant, le Danemark reprend les hostilités dès le mois d'août et la Suède, affaiblie par les attaques de la Russie et la mort de Charles X abandonne, par le traité de Copenhague du 6 juin 1660, la province de Trondheim, ce qui rétablit la continuité territoriale de la Norvège. En revanche, la province de Bohuslän demeure à la Suède. Depuis 1660, la frontière entre les deux pays est stable.

En 1660, à la suite d'un conflit entre le roi, la noblesse et la bourgeoisie, le roi Frédéric III instaure une monarchie héréditaire absolue, qu'il fait approuver par l'assemblée des états de Norvège. Il réorganise également l'administration locale avec l'instauration de gouverneurs nommés à la tête de chaque comté et de baillis urbains dans les villes. Des fonctionnaires sont également mis en place pour rendre la justice[43]. En 1687, le successeur de Frédéric III, Christian V impose à la Norvège un nouveau code de lois qui s'inspire fortement du droit danois, tout en maintenant les spécificités sur le droit foncier et les droits des paysans locaux[44].

À partir des années 1760 se développe un courant patriotique, qui s'appuie sur des dimensions culturelles mais aussi économiques. Ce mouvement se traduit par la création d'organes culturels spécifiquement norvégiens, comme l'Académie norvégienne des sciences fondée en 1767[45]. Un comité est créé pour demander une université norvégienne, revendication qui n'aboutit qu'en 1811 avec la création de l'université d'Oslo. Sur le plan économique, les revendications viennent de ceux qui souhaiteraient mettre en place des investissements de type capitaliste, et qui critiquent la législation commerciale danoise tout en revendiquant une banque centrale propre à la Norvège. L'idée d'une séparation avec le Danemark et d'une union avec la Suède commencent à se manifester, notamment auprès des maîtres de forges.

Le Danemark est neutre pendant les guerres de la Révolution française[46], mais des navires danois et norvégiens sont interceptés par les Britanniques qui les soupçonnent de se livrer à la contrebande. En octobre 1805 le roi Gustave IV de Suède s'engage dans la guerre contre la France dans l'espoir de s'approprier la Norvège en cas de succès[47]. Le Danemark se rapproche, lui, de la France, qu'il rejoint après le bombardement de Copenhague par les Britanniques en 1807[48]. La Suède, qui a dû entre temps céder la Finlande à la Russie, soutient l'idée que la Norvège pourrait être une contrepartie à la perte de la Finlande, position soutenue par la Russie. Or, entre temps, la Norvège vit durement le blocus continental et considère dès lors que ses intérêts et ceux du Danemark divergent. Les Norvégiens sont favorables à la paix avec la Suède, pas nécessairement à une union avec ce dernier.

Le XIXe siècle (1814-1905)[modifier | modifier le code]

À la fin des Guerres napoléoniennes, Charles-Jean de Suède s'attaque au Danemark, forçant Frédéric VI de Danemark, à signer le traité de Kiel (14 janvier 1814). Ce traité transfère le royaume de Norvège du Danemark à la Suède, à l'exception du Groenland, de l'Islande et des îles Féroé, qui sont laissées au Danemark[49]. Cependant le gouverneur général de Norvège au nom du Danemark, Christian Frédéric proclame l'indépendance de la Norvège le 15 février. Il réunit à partir du 10 avril une assemblée constituante à Eidsvoll. Cette assemblée de 112 délégués adopte le 17 mai la Constitution de Norvège, fortement inspirée par la Constitution française de 1791, le pouvoir législatif étant confié au Storting tandis que le roi se voit attribuer un veto suspensif. En revanche, le suffrage censitaire est assez large puisqu'il permet à 45 % de la population masculine en âge de voter de le faire[50].

Pour faire appliquer le traité de Kiel, le prince héritier de Suède tente d'obtenir l'abdication de Christian Frédéric qui a été proclamé roi. Devant son refus, Charles-Jean de Suède engage des opérations militaires qui dure du 26 juillet au 14 août. Cependant, dès le 7 août commencent les pourparlers qui conduisent à la convention de Moss le 14 août. Cette convention prévoit l'abdication de Christian Frédéric et l'union des deux royaumes sous le même souverain. Toutefois, chaque royaume conserve son indépendance et la Constitution du 17 mai n'est pas remise en cause[51]. De 1814 à 1905, les deux pays gardent le même souverain, mais chacun a son gouvernement et ses lois. Le souverain dispose d'un veto suspensif de deux sessions : au troisième vote d'une loi, le roi devait s'incliner. Toutefois, les sessions du Storting n'avaient lieu que tous les trois ans jusqu'en 1869, donc jusqu'à cette date une loi à laquelle le roi s'opposait n'était validée qu'au bout de neuf ans[52].

Jusque dans les années 1870, le Storting est dominé par des personnalités de tendance conservatrice avec un libéralisme économique tempéré, dont Frederik Stang est la personnalité la plus emblématique[53]. Comme ailleurs en Europe, les idées socialistes gagnent du terrain dans les couches les plus défavorisées de la population, et, en 1849, Marcus Thrane crée le « mouvement socialiste norvégien »[54]. La fin des années 1860 marque l'avènement d'une vie politique moderne, marquée par un bipartisme entre deux tendances appelées Venstre (la gauche) et Høyre (la droite)[55]. L'un des objectifs de Venstre était l'évolution du régime vers une monarchie constitutionnelle dont les ministres soient responsables devant le Storting[56]. Formellement approuvée en 1880, cette nouveauté constitutionnelle n'est toutefois pas acceptée par le gouvernement en place. La crise dure jusqu'aux élections législatives de 1882, qui voient une large victoire de Venstre. Forte de sa majorité, elle provoque la mise en accusation des ministres devant le Riksretten, où ils sont jugés en 1884 et presque tous révoqués. Après deux mois pendant lesquels Oscar II tente de maintenir un gouvernement de centre-droit, le roi s'incline, ce qui conduit à accepter officiellement le régime parlementaire[57]. Les deux groupements Høyre et Venstre deviennent alors de véritables partis politique avec une base militante. Dès 1885, le cens est abaissé afin d'élargir le corps électoral[58], et le Suffrage universel masculin est instauré en 1898.

Séparation d'avec la Suède[modifier | modifier le code]

L'Union entre la Suède et la Norvège fonctionnait sans trop de mal, mais les Norvégiens gardaient tout de même le sentiment d'être gouvernés par un roi étranger[59]. Il y avait cependant eu des tensions en 1851, où la Suède avait engagé une guerre douanière envers la Norvège pour le sucre, ce qui avait entraîné la Norvège à des mesures de rétorsions, les unes et les autres signées par le même roi. D'autre part, le norvégien est de plus en plus utilisé y compris en littérature, ce qui renforce le sentiment d'appartenance nationale.

La crise culmine dans la question des consulats. Les affaires étrangères restant gérées par la Suède, les deux pays avaient un réseau consulaire commun. [60]. Or, dans les années 1880, la Suède met en place une politique protectionniste qui n'arrange pas la Norvège qui dispose d'une flotte marchande importante. En 1892, le Storting adopte une résolution sur la constitution d'un réseau consulaire propre à la Norvège[61], mais Oscar II refuse de le sanctionner. La situation reste bloquée pendant trois ans et un comité mixte, convoqué en 1895, échoue à proposer une solution acceptée par les deux parties. La Suède envisage même une intervention militaire contre la Norvège. Le Storting retire alors sa résolution, au mécontentement de la population. Lancées en 1902, de nouvelles négociations semblent aboutir en 1903 avec l'accord sur le fait que chaque État ait ses propres consulats[62], mais la position suédoise se raidit l'année suivante, le gouvernement suédois souhaitant garder un droit de regard sur les consulats norvégiens.

La crise se dénoue durant l'année 1905. Le nouveau gouvernement norvégien de coalition fait adopter le 27 mai une loi portant la création de consulats norvégiens[63]. Oscar II ayant opposé son veto, le gouvernement démissionne, démission refusée par le roi au motif qu'il n'y a pas de majorité alternative. Le Storting déclare alors le 7 juin que le roi a cessé de régner car il est incapable de désigner un gouvernement. Comme en 1895, des préparatifs militaires sont engagés des deux côtés, mais une commission est également nommée pour trouver une solution[64]. Une large majorité de la commission estime que la dissolution de l'Union peut être prononcée si le peuple norvégien l'approuve par référendum. Le scrutin se tient le 13 août et donne des résultats très nets avec 368 208 oui pour 184 non.

Cependant il faut encore de longues et difficiles discussions sur les modalités précises de la séparation, en particulier pour les clauses militaires (destruction des forts situés auprès des frontières)[65]. La fin de l'union est finalement proclamée le 26 octobre. Il restait encore à régler la question du régime car il existait en Norvège une tendance républicaine. Le prince pressenti, Charles de Danemark, n'accepte qu'à condition qu'un deuxième référendum, sur le maintien de la monarchie, soit organisé[66]. Le 13 novembre, le peuple norvégien approuve à près de 79 % la monarchie et le nouveau prince est déclaré roi le 18 novembre sous le nom d'Haakon VII.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Valérie Berth et Emmanuel Saint-Christophe, La Laponie et le Spitzberg, Les Éditions de l'Adret, Paris, s.d. (2007 ?), p. 30.
  2. Laponie et Spitzberg, p. 21.
  3. Mériot, p. 16.
  4. a et b Régis Boyer, « L'or, l'argent, la bête », dans L'Europe des Vikings, p. 54-63.
  5. Laponie et Spitzberg, p. 22.
  6. a et b Laponie et Spitzberg, p. 31.
  7. Laponie et Spitzberg, p. 32.
  8. Laponie et Spitzberg, p. 33.
  9. Laponie et Spitzberg, p. 34.
  10. Laponie et Spitzberg, p. 35.
  11. Laponie et Spitzberg, p. 36.
  12. Laponie et Spitzberg, p. 37.
  13. Le terme drakkar est considéré comme impropre par les historiens.
  14. Yves Cohat, « Des hommes et des bateaux » dans L'Europe des Vikings, sous la direction de Claudine Glot et Michel Le Bris, éditions Hoëbeke, 2004, 192 p. (ISBN 2-84230-202-8) catalogue de l'exposition à l'abbaye Notre-Dame de Daoulas, 2004.
  15. Régis Boyer, « Pour l'ambre et l'argent, sur les routes du monde », dans L'Europe des Vikings, p. 72-75.
  16. « Pour l'ambre et l'argent », p. 73.
  17. Neil Price, « Angleterre : de la violence à la royauté », dans L'Europe des Vikings, p. 76-82.
  18. James Graham Campbell, « Jarls des îles d'Écosse », dans L'Europe des Vikings, p. 84-86.
  19. « Jarls des îles d'Écosse », p. 86.
  20. Pierre Jounnon, « Finn-gall et Dubh-gall : les Ostmen d'Irlande », dans L'Europe des Vikings, p. 89-93.
  21. « Finn-gall et Dubh-gall : les Ostmen d'Irlande », p. 90.
  22. Mark Redknap, « Vikings en Pays de Galles », dans L'Europe des Vikings, p. 94-95.
  23. Jean Renaud, « Et ils fondèrent la Normandie », dans L'Europe des Vikings, p. 106-110, spécialement p. 108.
  24. Marc Nagels, « Vers le grand inconnu », dans L'Europe des Vikings, p. 141-143.
  25. Régis Boyer, « De la hache à la croix », dans L'Europe des Vikings, p. 145-147.
  26. Jean-Marie Maillefer, Éric Schnakenbourg, La Scandinavie à l'époque moderne (fin XVe-début XIXe siècle), Belin, coll. « BelinSup », Paris, 2010, 267 p. (ISBN 978-2-7011-4676-8), p. 42.
  27. Marc Lienhard, « La diffusion du message luthérien », dans Histoire du christianisme, sous la dir. de J.-M. Mayeur, Ch. et L. Pietri, A. Vauchez et M. Venard, tome 7, De la réforme à la Réformation (1450-1530), p. 723-769, spécialement p. 753.
  28. Lienhard, p. 755.
  29. Maillefer et Schnakenbourg, p. 56.
  30. Maillefer et Schnakenbourg, p. 72.
  31. Maillefer et Schnakenbourg, p. 73.
  32. Maillefer et Schnakenbourg, p. 130.
  33. Maillefer et Schnakenbourg, p. 133.
  34. Maillefer et Schnakenbourg, p. 139.
  35. Maillefer et Schnakenbourg, p. 140-141.
  36. Maillefer et Schnakenbourg, p. 201.
  37. Maillefer et Schnakenbourg, p. 202.
  38. Maillefer et Schnakenbourg, p. 214.
  39. Maillefer et Schnakenbourg, p. 78-79.
  40. Maillefer et Schnakenbourg, p. 80.
  41. Maillefer et Schnakenbourg, p. 85.
  42. Maillefer et Schnakenbourg, p. 106.
  43. Maillefer et Schnakenbourg, p. 119-120.
  44. Maillefer et Schnakenbourg, p. 121-122.
  45. Maillefer et Schnakenbourg, p. 221.
  46. Maillefer et Schnakenbourg, p. 235.
  47. Maillefer et Schnakenbourg, p. 241.
  48. Maillefer et Schnakenbourg, p. 240.
  49. Battail, p. 28-29.
  50. Battail, p. 30.
  51. Battail, p. 31-32.
  52. Battail, p. 33.
  53. Battail, p. 43-44.
  54. Battail, p. 48.
  55. Battail, p. 49.
  56. Battail, p. 69.
  57. Battail, p. 67.
  58. Battail, p. 68.
  59. Battail, p. 104.
  60. Battail, p. 91.
  61. Battail, p. 92.
  62. Battail, p. 93.
  63. Battail, p. 94.
  64. Battail, p. 95.
  65. Battail, p. 96.
  66. Battail, p. 97.