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Jacques le Juste.

Jacques surnommé le Juste par Hégésippe et Clément d'Alexandrie (hé: Ya'akov haTsadik יעקב הצדיק ), frère du Seigneur par Paul et frère de Jésus par Flavius Josèphe, mort en 62, est un juif de Galilée, et l'un des quatre « frères » de Jésus cités dans les Évangiles (cf. Mt 13, 55). C'est probablement le même que Jacques frère de Jude (cf. Ju v. 1 et Mt 13, 55), appelé « Juda le Zélote » et lui aussi qualifié de « frère » de Jésus, dans de nombreux textes chrétiens jusqu'au VIe siècle. Ils sont tous deux donnés comme frères de Simon le Zélote. Tous trois sont mentionnés comme membres du groupe des douze dans les traditions orientales et environ jusqu'au Ve siècle dans les traditions occidentales. Ils figurent d'ailleurs dans cet ordre dans les listes des douze mentionnés dans les Évangiles synoptiques et dans des évangiles qualifiés d'apocryphes comme l'évangile de Thomas.

Son personnage a été quelque peu occulté par la tradition chrétienne, notamment dans l'Église latine d'occident, parce que son état de frère de Jésus devenait incompatible avec la doctrine de la virginité perpétuelle de Marie, la mère de Jésus. Il a alors été considéré comme un demi-frère (par Joseph) ou un cousin de Jésus.

Au IVe siècle, après le concile de Nicée, saint Jérôme a proposé d'en faire le fils de Marie de Clopas (ou Cléophas) et de ce même Cléophas. Marie de Clopas étant une demi-sœur de la vierge Marie, elle aussi appelée Marie que Anne avec un autre mari que Joachim, le père de la vierge-marie. Cette proposition de Jérôme de Stridon n'a été adoptée par l'Église catholique que 80 ans plus tard, alors que Jérôme était mort et n'a jamais été adoptée par les églises orientales. Il est donc souvent identifié à Jacques le Mineur

L'occultation de son personnage en Occident a été favorisée par la promotion de l'autre apôtre Jacques, « le Majeur », fils de Zébédée, dont le pèlerinage à Compostelle s'est développé à partir du Xe siècle et a connu une grande vogue durant tout le Moyen Âge. Selon la tradition, celui-ci est enterré à Compostelle, alors que les textes chrétiens, dont les Actes des Apôtres (Nouveau Testament), indiquent qu'il est mort en Palestine « par l'épée », sur l'ordre d'un Hérode qui est probablement un des deux rois Agrippa. Même l'appellation de « Mineur », par opposition à celle de Jacques le Majeur vise à minorer son rôle, alors que dans les évangiles le fils de Marie de Cléophas est appelé « Jacques le petit » — et pas Jacques le Mineur — ce qui devait simplement indiquer qu'il était plus jeune que Jacques de Zébédée.

La Tradition lui attribue la première épître « catholique » (c'est-à-dire qui ne s'adresse pas à une personne ou une communauté particulière) du Nouveau Testament. Dans celle-ci, il exalte les pauvres (ebyon en hébreu) et annonce que « les riches vont trembler ».

À ajouter[modifier | modifier le code]

Jacques blessé lors des incidents de 37[modifier | modifier le code]

Dans les Reconnaissances (I, 70, 1s), alors que Caïphe est encore grand-prêtre (donc avant la pâques 37) et juste avant que Paul se voit confier la mission d'aller arrêter les membres du mouvement réfugiés à Damas, Paul est présenté comme étant très actif contre le mouvement et entraînant derrière lui un groupe de gens violents qui alors que Jacques débattait publiquement avec Caïphe dans le Temple, agressent les membres de l'église de Jérusalem et jettent Jacques au bas des marches du Temple[1]. L'action de Paul — uniquement appelé du nom codé de « homme ennemi » — correspond bien à la figure de persécuteur qui lui est donné dans les Actes des Apôtres. Toutefois, les rédacteurs des Actes insistent sur le martyr d'Étienne — un helléniste — alors que l'auteur des Reconnaissances se contente de dire que « le sang coule à flot[1] » et insiste sur le fait qu'à la suite de l'action de « l'homme ennemi » et de ses partisans, Jacques est laissé pour mort après sa chute[1] et que l'église de Jérusalem part se réfugier à Jéricho, avec environ cinq milles adeptes[2]. Toutefois, contrairement à ce qui est parfois écrit Jacques n'est pas tué dans cette attaque, il aurait seulement eu une jambe cassée, ou peut-être les deux, comme l'indique par la suite saint Jérôme ou le suggère les Reconnaisances[3] (Rec, 73, 1). Alors qu'ils sont encore à Jéricho, Jacques ayant reçu depuis Césarée une lettre de Zacchée lui signalant que Simon le Magicien séduisait un grand nombre des fidèles, envoie Pierre en Samarie[4]. On retrouve à nouveau dans ce récit ce qui est raconté dans les Actes des Apôtres.

Les deux Jacques[modifier | modifier le code]

« Il reçut l’Église avec les apôtres[5] »: cette formule générale correspond au témoignage de Clément d’Alexandrie (cité par Eusèbe de Césarée, HE 2.1.5), qui affirme que « le Seigneur, après sa résurrection, confia à Jacques le Juste, Jean et Pierre un enseignement supérieur » [...] « Il y avait deux Jacques : le Juste jeté par-dessus le parapet [du Temple] et battu à mort avec un bâton du fouleur, et celui qui fut décapité (Jacques de Zébédée cf. Ac 12,2) »[6]. »

Le raisonnement de Nodet: « « Il reçut l’Église avec les apôtres[7] » : cette formule générale correspond au témoignage de Clément d’Alexandrie (cité par Eusèbe, HE 2.1.5), qui affirme que« le Seigneur, après sa résurrection, confia à Jacques le Juste, Jean et Pierre un enseignement supérieur […] Il y avait deux Jacques : le Juste jeté par-dessus le parapet et battu à mort avec un bâton de cardeur (cf. ci-dessus § 18) , et celui qui fut décapité (cf. Ac 12,2) ». Selon ce passage, il faudrait conclure que le Juste est Jacques fils d’Alphée[8] (cf. Ac 1,13), ce qui contredit la qualité de « frère du Seigneur ». Cependant, Eusèbe a cité juste auparavant une autre tradition rapportée par le même auteur, selon laquelle après l’Ascension, Pierre, Jacques et Jean ne se prévalurent pas de leur proximité avec Jésus et choisirent Jacques le Juste comme évêque de Jérusalem (HE 1.12.3). Il faut comprendre que pour Clément Jacques leJuste est bien le fils d’Alphée, mais Eusèbe a introduit les deux citations en rappelant que Jacques le Juste est « frère du Seigneur » ; il se réfère à l’indication explicite de Ga 1,19 et précise qu’il est fils de Joseph. Selon sa coutume, il ne fait pas la synthèse (!!!!), car son souci est seulement de montrer la légitimité de l’autorité de Jacques à Jérusalem, et de son arbitrage en Ac 15,13-21[9]. »

La totalité des arguments de Nodet repose sur le fait qu'il lit Jacques [fils] d'Alphée, là où est écrit Jacques Alphée, allant même jusqu'à prétendre que puisque Eusèbe écrit des choses qui dans ce cas sont contradictoires, c'est parce qu'il ne fait pas la synthèse !!! Eusèbe le nomme « Jacques (fils) de Joseph » en (HE 2.1.2-3), ce qui rend peur vraisemblable qu'il le pense fils d'un Alphée inconnu par ailleurs.

Il ne prenait pas de bain[modifier | modifier le code]

« « Il ne prenait pas de bain » : il n’y a aucune raison de conclure qu’il restait à l’écart des thermes[10], et il serait absurde de supposer qu’il ignorait toute purification. Il faut plutôt voir Jacques mis en contraste implicite avec Jean le Baptiste : il n’était pas baptiste (ni essénien). Cependant, une telle conclusion est peut-être exagérément historique : le contraste vise peut-être Paul, étant donnéel’importance du baptême pour celui-ci. Il suffit alors d’admettre une élaboration traditionnelle soulignant que Jacques était à l’écart des milieux pauliniens. »

Il ne s'enduisait pas d'huile[modifier | modifier le code]

« « Il ne s’enduisait pas d’huile » : à nouveau, il est hors de propos de supposer queJacques ne fréquente pas les gymnases et refuse l’hellénisation comme au temps desMaccabées (cf. 2 M 4,13-14). Il est plus instructif d’observer que les esséniens« considèrent l’huile comme une souillure » ce qui doit être rapproché de leur engagement à s’abstenir d’activité zélote (G 2:123 et 142) (??). »

Il ne mangeait pas de viande[modifier | modifier le code]

« Il ne mangeait pas de viande » : la préparation légale de la viande est difficile, car le sang doit être soigneusement ôté (cf. Gn 9,4). En outre, la viande immolée aux idoles est interdite. Ces deux aspects sont explicites dans la décision de Jacques à l’assemblée de Jérusalem (Ac 15,20). Paul lui-même est attentif aux troubles de conscience que peut susciter la consommation de la viande issue de sacrifices païens,et il est même prêt à renoncer à toute viande (1 Co 8,13) ; en tout cas, il refuse toute compromission avec des repas idolâtres (1 Co 10,21-22). Dans ces conditions, il est plausible que la tradition ait crédité Jacques d’une abstention complète, même si l’on ne peut assurer qu’il en était bien ainsi[11]. Irénée, Adv. haereses 1.24.2, rattache cette abstention à des sectes juives. Épiphane, Panarion 30.15.1, la signale chez les ébyonites, et ajoute ailleurs (Panarion 29.34 et 78.7-14) à l’ascétisme de Jacques qu’il allait pieds nus et n’était pas marié, mais ce dernier point paraît contraire à l’allusion de Paul en 1 Co 9,5.

Jacques grand prêtre[modifier | modifier le code]

Le vêtement de lin et le droit exclusif d’entrer au sanctuaire campent Jacques comme grand prêtre pouvant entrer dans le Saint des Saints. Épiphane, Panarion 29.6.3, le qualifie expressément de grand prêtre et affirme qu’il portait la coiffe avec la feuille d’or (petalon) portant le nom divin (cf. Ex 28,36 ; AJ 3:172) ; ainsi, il entrait une fois par an au Saint des Saints. Épiphane, un converti, paraît être mieux au fait des réalités juives, ou peut-être dépendre d’une forme plus explicite de la source d’Hégésippe. En effet, celui-ci présente comme durable l’intercession de Jacques pour le peuple (cf. § 16), mais en rapprochant ce trait de sa qualité de grand prêtre, on voit apparaître des traces du rite typique du jour de l’Expiation (Kippour), déformé par une piété détachée du judaïsme. Jérôme, dans un passage inspiré d’Hégésippe (Comm. In Gal. 1:19), dit expressément que Jacques entrait au Saint des Saints ; c’est probablement sa propre déduction. Le vêtement de lin du grand prêtre est propre à ce jour (Lv 16,4 ; G 5:237 ; m.Yoma 3:7), et une fois entré dans le Saint des Saints le grand prêtre invoque le nom de Dieu (tétragramme, Si 50,20 ; m.Yoma 6:2). On peut même ajouter que la tradition d’Épiphane sur les pieds nus de Jacques,en signe de pénitence, convient à ce jour (cf. m.Yoma 8:1). Cependant, il est clair que Jacques n’a aucune place dans la succession des grands prêtres telle qu’établie par Josèphe, et l’on en a déduit qu’Hégésippe était mal informé des affaires du Temple. Il en était certainement éloigné dans le temps, mais au-delà de toute légende, il ne faut pas perdre de vue la condamnation concrète de Jacques par Anân, pour blasphème et/ou dévoiement. Il y a donc lieu de supposer que pour certains milieux Jacques était reconnu ou promu comme grand prêtre, même sans être d’origine sacerdotale, et qu’il a voulu agir comme tel en prononçant le nom de Dieu. Quant à la tradition d’intercession permanente de Jacques, elle prend sens dans le contexte très perturbé du gouvernorat inepte de Félix (env. 52-60 ; cf. Tacite, Hist. 5.9), pendant lequel il y eut des violences zélotes permanentes, ainsi que de graves conflits au sein du clergé (AJ 20:160-181).

Le rempart[modifier | modifier le code]

« Oblias » : Hégésippe combine deux traditions sur les noms de Jacques. Le terme« Oblias » ne signifie certainement pas « rempart du peuple », mais deux détails peuvent être relevés. D’une part, en HE 3.7.7-9, Eusèbe explique que la ruine de Jérusalem eut pour cause la mort de Jésus, mais seulement après quarante ans, parce que les apôtres et disciples, incluant Jacques, constituaient un rempart protégeant Jérusalem ; en HE 3.5.3 il indique que les notables de Jérusalem reçurent peu avant la guerre une prophétie leur demandant de quitter la Judée pour s’installer à Pella :avec leur départ, le « rempart » disparaissait[12]. D’autre part, l’allusion aux« prophètes » peut être interprétée : selon Ab 1,1 LXX, le prophète Abdias est envoyé vers les nations comme rempart (perioxh/n). Le TM a ryc, normalement compris « messager » (cf. Jr 49,14), et la LXX a lu rwc « roc, forteresse ». Il suffit alors de voirOBLIAS comme une légère altération de OBDIAS (L pour D),transcription normale de hydb(; la LXX metABDIOU et la Vulgate Abdiae (gén.).Par conséquent, il apparaît qu’Hégésippe atteste une tradition hébraïque sur Jacques[13]. Sur le fond, l’attente eschatologique de Jacques est centrée sur Jérusalem,avec la prophétie de Za 14,16 sur l’arrivée des nations.

Pour sa part, Robert Eisenman estime que Oblias pourrait être une déformation d'Onias branche à laquelle semble appartenir tous les Maîtres de Justice.

Les écoles juives[modifier | modifier le code]

« Sept écoles » : Eusèbe cite plus loin le passage auquel renvoie Hégésippe (HE 4.22.7). Il y mentionne parmi les Israélites des « opinions différentes » contre latribu de Juda et contre le Christ. Il donne une liste : esséniens, Galiléens,hémérobaptistes, masbothéens, Samaritains, sadducéens, pharisiens.

Hégésippe déclare que ces écoles ne croient ni à la résurrection, ni à la Providence. C’est exactement la définition que Josèphe donne des sadducéens : selon AJ 13:172-173, ils affirment que ce qui arrive à l’homme ne dépend que de lui-même. La tradition d’Hégésippe est donc brouillée, car elle mélange une évocation des diverses écoles avec un souvenir que le grand adversaire de Jacques, Anân, était un sadducéen.

Porte de Jésus[modifier | modifier le code]

« Porte de Jésus » : l’expression, qui revient plus loin (§ 12), n’est pas claire ici,et de même la réponse, sauf à admettre que Jésus est lui-même la porte, au sens de Jn10,9 : « Je suis la porte ; si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé. » La suite du passage suggère que c’est bien ainsi qu’a compris l’auteur de cette tradition, maiscela n’explique pas bien la question, qui paraît artificielle.

Passage manquant[modifier | modifier le code]

  • (Eusèbe, HE 2.23.19-21).

(19) Voilà ce que raconte longuement Hégésippe, en accord du reste avec Clément (d'Alexandrie). Jacques était un homme si admirable et il était si renommé chez tous les autres pour sa justice que même les Juifs raisonnables virent dans son martyre la cause du siège de Jérusalem qui le suivit immédiatement et qui, d’après eux,n’eut d’autre motif que le sacrilège osé contre lui. (20) Josèphe n’a pas hésité à témoigner de cela par écrit, et dit en ces mots : « Cela arriva aux Juifs en punition pour Jacques le Juste, qui était frère de Jésus appelé Christ, et que les Juifs tuèrent bien qu’il soit très juste. » (21) Le même (auteur) rapporte aussi sa mort au vingtième (livre) des Antiquités en ces termes. (Puis Eusèbe cite ici de larges extraits de AJ 20:197-203.)

Le roi sage[modifier | modifier le code]

Une lettre d’un certain Mara bar Sérapion à son fils[14], écrite peu après la mise à sac par les Romains de Séleucie-Ktésiphon en 162-165. En voici un extrait.

« Que pouvons-nous dire d’autre, quand les sages sont systématiquement éliminés par des tyrans, que leur sagesse ne rencontre que l’insulte, et leurs pensées sont attaquées et sans défense ? Quel avantage les Athéniens retirèrent-ils d’avoir mis à mort Socrate, qui leur valut famine et peste ? Ou le peuple de Samos pour avoir brûlé Pythagore, alors que leurs pays fut recouvert de sable en une seule heure ? Ou les Juifs d’avoir [tué] leur roi sage, car leur royaume fut emporté juste à cette époque ? Dieu a sanctionné la sagesse de ces trois hommes :les Athéniens moururent de famine. Les Saméens furent submergés par la mer. Les Juifs, déchus et chassés de leur propre royaume, sont dispersés parmi toutes les nations. Mais Socrate n’est pas mort, à cause de Platon ; ni Pythagore, à cause de la statue de Junon ; ni le roi sage, à cause des lois nouvelles qu’il institua. »

À noter que roi sage renvoie à l'Épître aux Hébreux où Jésus est qualifié de grand prêtre à jamais en référence à Melchisedech dont la traduction est roi sage (malka sedek). La même référence à Melchisédech, vu comme un roi sage est faite par le mouvement auteur des manuscrits pour le Maître unique dont ils attendent le retour dans moins de 40 ans.

Maître de Justice[modifier | modifier le code]

Une seconde raison est que la mention des écoles (pharisiens, sadducéens,esséniens) que met Josèphe au temps de Jonathan (AJ 13:171-173) n’est qu’un artifice littéraire pour introduire le banquet d’Hyrcan44. Enfin, la lacune du pontificat à Jérusalem pendant sept ans ne correspond pas à un grand prêtre légitime« oublié », mais à un transfert temporaire du centre cultuel au temple d’Onias, en Égypte. Dans sa synthèse sur les grands prêtres, Josèphe dit très clairement ( AJ 20:236-237) : le roi lagide Ptolémée VI permit au neveu d’Onias d’ériger un temple, puis l’institua grand prêtre « et la ville (Jérusalem) resta sept ans sans grand prêtre », jusqu’à l’élévation de Jonathan par le roi séleucide Alexandre Balas. Josèphe donne d’autres détails sur ce temple d’Héliopolis, et on voit que l’affaire du temple n’est qu’un épisode de la rivalité durable entre lagides et séleucides : Ptolémée a tenté de se rallier l’ensemble des Juifs, alors que la Judée était sous domination séleucide. En résumé, on ne trouve aucun lien littéraire entre la crise maccabéenne et un Maître de Justice ou des esséniens. On peut même ajouter que l’occupation essénienne du site de Qumrân, qu’on avait cru pouvoir situer au IIe siècle, est postérieure au début du règne d’Alexandre Jannée45 (103 av. J.-C.).

L’étape suivante est de se demander si ce Maître de Justice, manifestement campé comme fondateur, est unique. Le passage de CD cité l’introduit sans article défini, et en omettant tout nom propre. Un midrash[15] de Ps 102,17 dit (MidPs 216a) : « Les exilés n’avaient ni prophète, ni prêtre maître de justice, ni temple pour leurs expiations », avec une expression qui figure dans 1 QpPs 37 3:15. Par ailleurs, des considérations chronologiques ainsi que l’examen de différences notables entre les divers documents dans leurs allusions au contexte ont conduit à supposer qu’il y eut plusieurs Maîtres de Justice[16] ; par exemple CD 8:10-13 (commentant Dt 32,33) explique que la séduction des rois grecs a fait de graves dégâts en Israël, mais qu’un prince étranger, quoique païen, va tirer vengeance de ces rois ; il ne peut s’agir que de l’arrivée de Pompée en 63, qui mit fin à une guerre civile – et à l’ère hellénistique. Selon 4 QpNah 1:2-4, il n’y a pas eu de domination étrangère en Judée depuis Antiochus IV Épiphane jusqu’à la venue des maîtres des Kittim, c’est-à-dire des Romains. Ceux-ci ne sont pas vus avec terreur, contrairement à ce qu’on lit dans pHab[17]. Par ailleurs, CD 6:11 annonce qu’à la fin des temps « se tiendra un Maître de Justice[18] », mais il n’est nullement dit que ce soit une résurrection du fondateur.

Quant à la qualité de prêtre, elle n’est pas définie par la généalogie[19] : CD 14,3-6distingue, après les prêtres, les lévites et Israël, une quatrième catégorie bien séparée,les prosélytes (Myrg). Ces derniers sont simplement les candidats, qui même circoncis sont considérés comme extérieurs à l’Alliance[20].

Dans la Règle de communauté, les nouveaux membres doivent « accepter l’autorité des fils de Sadoq, les prêtres qui gardent l’Alliance », ou encore jurer « derevenir à la loi de Moïse […] en accord avec ce qui en a été révélé aux fils de Sadoq,les prêtres qui gardent l’Alliance ». L’expression « fils de Sadoq » est donc un sémitisme désignant ceux qui enseignent la loi de Moïse. En Ez 44,15, les « prêtres lévites fils de Sadoq » désignent les fidèles, par opposition aux Israélites dévoyés. Ce même verset apparaît sous une forme différente52 en CD 3:18-4:4, avec une interprétation qui reprend les trois catégories ci-dessus (sans les « prosélytes »), en superposant « fils de Sadoq » et « Israël », si bien que le « prêtre fils de Sadoq » est celui qui a d’abord été « fils de Sadoq », c’est-à-dire initié :

Jacques « le Juste », évêque de Jérusalem[modifier | modifier le code]

Compte tenu de la documentation existante, on va montrer que pour rendrecompte à la fois de ces deux qualifications de Jacques, la meilleure hypothèse est dereconnaître en Jacques le Maître de Justice particulier dont un texte de Qumrân évoque la mise à mort, le pesher Habaquq[21] (1 QpHab, abrégé en pHab).

1. Excursus sur le Maître de Justice[modifier | modifier le code]

Avant d’examiner pHab, deux questions préliminaires doivent être situées : d’une part, la datation absolue du manuscrit, qui n’est connu qu’en un exemplaire, de manière à avoir un terminus ad quem, et d’autre part l’identité du « Maître de Justice » (qdc hrwm), qui passe pour avoir été unique, comme fondateur des esséniens peu après la crise maccabéenne. Il est possible que le titre soit d’origine biblique, cf. Os 10,12 : « Il est temps de rechercher Yhwh, jusqu’à ce qu’il vienne et qu’il vous enseigne la justice[22]. »

Sur la datation[modifier | modifier le code]

Les datations des manuscrits de la mer Morte est malaisée, car la paléographie hébraïque de l’époque manque de repères clairement datés, en dehors de certains documents du W. Murabbaat, datés de la révolte de Bar Kokhba (135 ap. J.-C.) ; même la destruction des installations de Qumrân en 70 ne prouve pas que les grottes n’ont pas reçu de manuscrits par la suite. Cependant, après divers tâtonnements en relation avec l’histoire du site, une notion générale d’écriture hérodienne a émergé37,couvrant le dernier tiers ou la seconde moitié du Ier s. av. J.-C. Comme des doutes subsistaient, on a cherché des confirmations par l’analyse d’échantillons de carbone radioactif organique (C14). Après divers essais, un résultat d’ensemble pour les principaux documents de Qumrân fut publié en 1995. Pour pHab, l’âge paléographique admis était l’intervalle entre 30 et 1 av. J.-C. (écriture hérodienne), et l’âge C14 donnait un intervalle 88-2 (après avoir été estimé auparavant à 104-43). La notion d’intervalle, liée à la méthode, est un écart-type (ou standard deviation, noté σ1) autour de la date calculée : par définition, il inclut la date réelle cherchée avec une probabilité de 68%. Cependant, un autre document, 4 QpPs 37, qui est d’une écriture semblable et mentionne les mêmes personnages, a le même âge paléographique, mais l’intervalle de datation donné par le C14 était 5-111 ap. J.-C., ce qui inspire quelques doutes soit sur la qualité des échantillons recueillis soit sur la précision à attendre de la méthode employée. En outre, si l’on cherche à obtenir une probabilité de 95% d’encadrer la date réelle, l’intervalle calculé (σ2) est allongé de plusieurs dizaines d’années dans chaque sens. Dans ce cas, les datations C14 des deux documents peuvent se recouper, mais ce n’est plus très significatif. Par ailleurs, un examen récent des conditions expérimentales du recueil des échantillons et de leur traitement indiquent que l’écart-type σ1 doit probablement être doublé[23]. En résumé, ni la paléographie ni les tests de C14 ne s’opposent à une datation de pHab et pPs 37 largement dans le Ier siècle ap. J.-C., si d’autres raisons y invitent, en particulier un rattachement du contenu des documents à des événements extérieurs.

Sur le Maître de Justice[modifier | modifier le code]

Quant au Maître de Justice, il convient d’examiner les textes qui en parlent (surtout pHab39 et le Document de Damas40, noté CD), car il passe pour être unique,comme fondateur des esséniens juste après la crise maccabéenne. Les éléments utilisés sont les suivants : selon CD 1:9-11, 390 ans après l’Exil et après 20 ans de tâtonnement, Dieu suscita un Maître de Justice pour les guider dans la voie de son cœur. En partant de la chute de Jérusalem en 587, on arrive à 177 av. J.-C., c’est-à-dire vers le début du règne d’Antiochus IV (175), le persécuteur, qui fait disparaîtrele grand prêtre légitime Onias, puis de 175 à 159 installe une série d’autres avant et après la crise de l’hellénisme (Jason, Ménélas, Alkime). Il y a ensuite une lacune de sept ans avant l’élévation au pontificat de Jonathan (152), le premier de la nouvelle dynastie asmonéenne (illégitime). C’est à ce point que commencent les hypothèses : comme il y a nécessairement eu un grand prêtre à Jérusalem pendant cette période, on conjecture que ce fut celui qui devint le Maître de Justice. Il était héritier légitime, et face à Jonathan il se sépara et fonda les esséniens dans le désert. Ensuite,sa mémoire fut bannie de 1 Maccabées, livre consacré à l’émergence et à la gloire des asmonéens41. Ces vues sont extrêmement douteuses, pour plusieurs raisons. D’abord, la notion d’héritier sadocide légitime, qui n’apparaît nulle part dans la Bible, n’est pas définie42, et il est impossible d’établir une succession claire de grands prêtres aaronides après David[24]. Notons au passage que Sadoq fils d’Ahitub est un grand prêtre du temps de David et Salomon, mais sauf dans les généalogies difficiles de1 Ch 5,30-41, il n’est pas de lignée sacerdotale. En revanche, CD 5:5 explique que le prêtre Sadoq, qui accompagnait David lorsqu’il introduisit l’arche d’Alliance àJérusalem (cf. 1 Ch 15,1), est celui qui lui révéla la Loi, car elle y était restée cachée depuis Josué. Le nom de Sadoq symbolise donc un retour à l’Écriture, ce qui se retrouve aussi chez les sadducéens.Une seconde raison est que la mention des écoles (pharisiens, sadducéens,esséniens) que met Josèphe au temps de Jonathan (AJ 13:171-173) n’est qu’un artifice littéraire pour introduire le banquet d’Hyrcan44. Enfin, la lacune du pontificat à Jérusalem pendant sept ans ne correspond pas à un grand prêtre légitime « oublié », mais à un transfert temporaire du centre cultuel au temple d’Onias, en Égypte. Dans sa synthèse sur les grands prêtres, Josèphe dit très clairement (AJ 20:236-237) : le roi lagide Ptolémée VI permit au neveu d’Onias d’ériger un temple, puis l’institua grand prêtre « et la ville (Jérusalem) resta sept ans sans grand prêtre », jusqu’à l’élévation de Jonathan par le roi séleucide Alexandre Balas. Josèphe donne d’autres détails sur ce temple d’Héliopolis, et on voit que l’affaire du temple n’est qu’un épisode de la rivalité durable entre lagides et séleucides : Ptolémée a tenté de se rallier l’ensemble des Juifs, alors que la Judée était sous domination séleucide. Enrésumé, on ne trouve aucun lien littéraire entre la crise maccabéenne et un Maître deJustice ou des esséniens. On peut même ajouter que l’occupation essénienne du site de Qumrân, qu’on avait cru pouvoir situer au IIe siècle, est postérieure au début durègne d’Alexandre Jannée45 (103 av. J.-C.).L’étape suivante est de se demander si ce Maître de Justice, manifestement campé comme fondateur, est unique. Le passage de CD cité l’introduit sans article défini, et en omettant tout nom propre. Un midrash46 de Ps 102,17 dit (MidPs 216a) : « Le sexilés n’avaient ni prophète, ni prêtre maître de justice, ni temple pour leurs expiations », avec une expression qui figure dans 1 QpPs 37 3:15. Par ailleurs, des considérations chronologiques ainsi que l’examen de différences notables entre lesdivers documents dans leurs allusions au contexte ont conduit à supposer qu’il y eut plusieurs Maîtres de Justice47 ; par exemple CD 8:10-13 (commentant Dt 32,33)explique que la séduction des rois grecs a fait de graves dégâts en Israël, mais qu’un prince étranger, quoique païen, va tirer vengeance de ces rois ; il ne peut s’agir que de l’arrivée de Pompée en 63, qui mit fin à une guerre civile – et à l’ère hellénistique. Selon 4 Q pNah 1:2-4, il n’y a pas eu de domination étrangère en Judée depuis Antiochus IV Épiphane jusqu’à la venue des maîtres des Kittiim, c’est-à-dire des Romains. Ceux-ci ne sont pas vus avec terreur, contrairement à ce qu’on lit dans pHab48. Par ailleurs, CD 6:11 annonce qu’à la fin des temps « se tiendra un Maître de Justice49 », mais il n’est nullement dit que ce soit une résurrection du fondateur Quant à la qualité de prêtre, elle n’est pas définie par la généalogie50 : CD 14,3-6distingue, après les prêtres, les lévites et Israël, une quatrième catégorie bien séparée,les prosélytes (Myrg). Ces derniers sont simplement les candidats, qui même circoncis sont considérés comme extérieurs à l’Alliance51. Josèphe parle aussi de quatre classes d’esséniens selon l’ancienneté, la dernière étant les néophytes (G 2:150) ; étant lui-même très sensible à la généalogie (CAp 1:31), il évite de les qualifier davantage, car il n’est certainement pas prêt à admettre que le sacerdoce soit une promotion.Pourtant, il se trahit, car il indique que les néophytes sont de même impureté que les païens : ce sont bien des « prosélytes », sans privilège de naissance ni de circoncision.Dans la Règle de communauté, les nouveaux membres doivent « accepter l’autorité des fils de Sadoq, les prêtres qui gardent l’Alliance », ou encore jurer « derevenir à la loi de Moïse […] en accord avec ce qui en a été révélé aux fils de Sadoq,les prêtres qui gardent l’Alliance ». L’expression « fils de Sadoq » est donc un sémitisme désignant ceux qui enseignent la loi de Moïse. En Ez 44,15, les « prêtres lévites fils de Sadoq » désignent les fidèles, par opposition aux Israélites dévoyés. Ce même verset apparaît sous une forme différente52 en CD 3:18-4:4, avec une interprétation qui reprend les trois catégories ci-dessus (sans les « prosélytes »), en superposant « fils de Sadoq » et « Israël », si bien que le « prêtre fils de Sadoq » est celui qui a d’abord été « fils de Sadoq », c’est-à-dire initié : Comme Dieu l’a établi pour eux par la main d’Ézéchiel le prophète, disant (Ez 44,15) : Les prêtres et les lévites et les fils de Sadoq, qui ont assuré le service de mon sanctuaire quand les Israélites s’égaraient loin de moi […]. Les prêtres sont les repentants d’Israël qui sont sortis hors du pays de Juda, et (les lévites)ceux qui les accompagnent, et les fils de Sadoq sont les élus d’Israël, appelés par leur nom, qui se tiennent à la fin des jours.

Une confirmation est fournie par le ms. B de Ben Sira de la geniza du Caire,copie dont la source provient des grottes de Qumrân. Il ajoute après Si 51,1253 un psaume inconnu des versions anciennes, qui inclut le stique Nhkl qwdc ynbb rxwbl wdwh « Louez celui qui choisit les fils de Sadoq pour officier

Sources[modifier | modifier le code]

De très nombreux documents chrétiens parlent de Jacques le Juste. En premier lieu des lettres de saint Paul. Il est aussi mentionné dans l'épître de Jude. Une lettre qui lui est attribuée figure dans le canon du Nouveau Testament. Les évangiles synoptiques parlent aussi de lui dans les listes de frères de Jésus et probablement dans d'autres passages. Toutefois, il y a débat chez les historiens pour savoir quel Jacques des évangiles désigne Jacques le Juste[25]. Il est en revanche parfaitement identifié dans l'évangile selon Thomas[26]. Les Actes des Apôtres parlent trois fois de Jacques (12, 37 ; 15 ; 13 ; 21, 18)[27].

L'exécution de « Jacques, frère de Jésus, appelé Christ » est mentionnée dans les Antiquités judaïques par Flavius Josèphe[28], mais aussi par les sources chrétiennes transmises par Eusèbe de Césarée[29] (Hégésippe et Clément d'Alexandrie) ou indépendantes de lui, notamment les Ascensions de Jacques, texte de provenance ébionite transmis dans les Reconnaissances pseudo-clémentines[30],[31].

Outre sa relation de la mort de Jacques, Hégésippe, un chrétien, peut-être d'origine juive qui vivait dans la deuxième moitié du IIe siècle, a rassemblé dans ses Mémoires plusieurs traditions le concernant[32]. Origène et Eusèbe de Césarée transmettent aussi des traditions indépendantes d'Hégésippe et Clément d'Alexandrie[32].

Il est un des personnages principaux de l'Épître apocryphe de Jacques, un texte du IIe siècle, présentant des traits gnostiques[26]. Il en est de même dans les deux Apocalypses de Jacques du codex V retrouvé à Nag Hammadi[26].

Il est mentionné comme premier « évêque » de Jérusalem dans toutes les listes ecclésiastiques[33],[34].

Épiphane de Salamine parle de Jacques dans son traité sur les hérésies (Panarion)[32]. Jérôme de Stridon lui consacre la deuxième notice, après celle de Simon-Pierre, dans son recueil sur les « Hommes illustres » (De viris illustribus)[32]. « La notice de Jacques est la plus longue, après celle de Paul[32]. »

Jacques et la communauté de Jérusalem[modifier | modifier le code]

« Jacques fut le représentant le plus éminent d'une Église primitive profondément enracinée dans la tradition juive. Il considérait son frère Jésus comme l'agent eschatologique choisi par YHWH pour annoncer l'arrivée imminente du Royaume de Dieu, et demander le repentir des fils d'Israël[35]. » Il attendait le retour de Jésus, « exalté à la droite de Dieu après sa résurrection[35] » qui « signalerait la résurrection des morts, le jugement de Dieu et l'instauration de son royaume[35]. » Connu pour son observance fidèle de la Torah, il ne pouvait concevoir que le rôle et l'importance de la Loi aient pu changer, comme le clamait Paul de Tarse[35]. Il s'opposa à ce dernier et à son message qui impliquait une redéfinition de l'identité d'Israël et du rôle de la Loi[36].

« Presque tous les textes chrétiens datant des trois dernières décennies du Ier siècle et une bonne partie de ceux composés au début du IIe siècle montrent l'influence massive des concepts et du mode de pensée juifs[37]. »

Pour François Blanchetière, le proto-nazaréisme, en Palestine principalement, est composé de prêtre (Ac 6, 7) à qui aurait pu être adressé l'Épître aux Hébreux, de lévites comme Barnabé (Ac 4, 36) et surtout du peuple d'Israël selon la triple division de la société juive[38]. Elle semble être constituée de personnes aisées tout comme de personnes de condition modeste pour lesquels on n'hésite pas à mettre tout en commun[38]. Les spécialistes notent que certaines idées et certaines pratiques esséniennes ressemblent à celle de la communauté primitive de Jérusalem telle qu'elle est décrite dans les Actes des Apôtres[39]. La plus marquante de ces similarités concerne la communauté des biens pratiquée selon les Actes (2,44-45 ; 4, 32-35 et 36-37 ; 5, 1-11) par l'Église primitive de Jérusalem et celle qui caractérisait le mouvement essénien[39]. Il existe beaucoup d'autres parallèles entre les esséniens[40] — ou la communauté du Yahad qui est souvent assimilée aux esséniens ou qui est assimilé à l'une de leurs quatre tendances — Certains sont pertinents à souligner dans la mesure où ils ne concernent pas des croyances ou des pratiques largement répandues à l'époque[40]. Ainsi, les esséniens, tout comme les nazôréens méprisaient-ils les richesses et valorisaient la pauvreté. L'appellation les pauvres ('ebyônîm) qui désignaient parfois les membres du Yahad, était peut-être utilisée dans la communauté de Jérusalem[40].


Il en est ainsi de l'expression la Voie

Premier chef de l'Église[modifier | modifier le code]

Si l'on en croit les plus anciennes sources chrétiennes, l'épître aux Galates (1, 19) de Paul de Tarse (saint Paul), les Actes des Apôtres (12, 17 ; 15, 13 ; 21, 18), Jacques a été le premier dirigeant du mouvement créé par Jésus. Il est d'ailleurs donné comme premier « évêque » de Jérusalem dans toutes les listes ecclésiastiques à commencer par celle fournie par Eusèbe de Césarée[41]. L'une d'entre elles contient des indications chronologiques qui semblent avoir été ajoutées par Jérôme de Stridon (saint Jérôme), elle situe le début du ministère de Jacques en 32[34]. Dans les lettres de Paul ou les Actes des Apôtres, Jacques joue de façon évidente un rôle prééminent. « Dans la version du Concile de Jérusalem donnée dans les Actes des Apôtres, Jacques préside la réunion et prend la décision finale (15, 6-29)[27]. »

Il n'y a pas lieu de donner au terme episkopos (surveillant), utilisé dans les listes ecclésiastiques, un sens trop précis pour l'époque considérée[42]. Sa compréhension avec le sens d'évêque est anachronique[42]. Il faut le comprendre avec le sens qu'il a dans certaines lettres de Paul de Tarse (1 Tm 3, 2; Tt 1,7)[42] ; « c'est donc l'intendant d'une communauté agissant seul ou en collège[43]. » La critique estime généralement que la charge d'episkopos dans les communautés chrétiennes a dû correspondre à celle du mebaqer (inspecteur) pour le mouvement du Yahad — souvent identifié aux Esséniens — décrit dans certains Manuscrits de la mer Morte[44]. Celui-ci « veille aussi par des inspections périodiques à la réalisation de l'idéal communautaire[44]. »

La littérature pseudo-clémentine, composée au IVe siècle, mais incorporant des sources judéo-chrétiennes datant du IIe siècle, met en avant la primauté de Jacques, qualifié d'évêque des évêques[45]. Pour Pierre-Antoine Bernheim, « anachronisme mis à part[45] », cela le désigne comme « premier pape[45]. » Le récit de Flavius Josèphe qui indique que l'exécution de « Jacques, frère de Jésus que l'on appelle Christ » provoque le renvoi du grand-prêtre à la demande du procurateur romain Albinus, confirme l'importance de Jacques qui s'étend même à la société juive.

Cyrille de Jérusalem dans une de ses catéchèses au Ve siècle déclare encore: « [Jésus] est apparu à Jacques son propre frère (τω εαυτου μεν αδελπηω) et le premier évêque de cette paroisse (Catéchèse 14, 21 ; PG 32, 923 ; In 1 Co 15, 7 ; PG 33, 852)[46]. » Par la suite, Jacques est encore le premier « évêque » de Jérusalem dans les écrits du cycle sur l'invention de la sainte croix[47].

Toutefois, cette primauté de Jacques heurte la tradition catholique pour qui c'est à l'apôtre Pierre que Jésus aurait confié « l'Église ». Celui_ci aurait dirigé l'Église apostolique pendant toute sa vie et l'aurait transmise à ses successeurs comme évêque de Rome[48]. C'est sur cette primauté de Pierre que se fonde la suprématie du Pape, évêque de Rome[48]. Ce schéma très traditionaliste est encore défendu par certains exégètes[49].

Un autre schéma est beaucoup plus fréquemment proposé[49]. Après la mort de Jésus, Pierre, Jacques et l'apôtre Jean auraient exercé une direction collégiale sous la suprématie de Pierre, jusqu'à l'arrestation de ce dernier[50]. Après son évasion, Pierre « s'étant mis en route vers une autre destination (Ac 12, 17) »[50], Jacques l'aurait remplacé « non seulement comme chef de la communauté de Jérusalem, mais aussi comme autorité suprême du mouvement chrétien[51]. »


« La dernière mention de Jacques survient lors de la visite de Paul à Jérusalem, vers 56 ou 57, qui conduit à son arrestation. Il y apparaît de nouveau comme le chef de l'église de Jérusalem[27]. »

Pendant les trois ou quatre décennies qui ont suivi la crucifixion de Jésus, « la très grande majorité des chrétiens étaient de fait des judéo-chrétiens. Ils auraient certainement été surpris si on leur avait dit qu'ils n'étaient pas juifs[45]. » Ils observaient probablement « la totalité ou la plus grande partie des préceptes de la Loi mosaïque tout en croyant que Jésus était le Messie, un prophète comme Moïse, ou une figure exaltée[45]. »


« Les judéo-chrétiens ont vu leur influence se réduire progressivement avant de devenir très marginale, jusqu'à se voir taxer d'hérésie vers le IIIe siècle[45]. »

Prestige de Jacques dans l'Église primitive[modifier | modifier le code]

« Pendant les deux ou trois premiers siècles de l'Église chrétienne, Jacques a joui d'une réputation considérable, quasi mythique[45]. » Les traditions transmises par Hégésippe « soulignent la très grande piété de Jacques et sa prééminence dans l'Église primitive[32]. » Selon lui, il « aurait été sanctifié dès le sein de sa mère[32] » et il le présente comme un nazir à vie, assurant les fonctions de grand prêtre puisqu'il entrait seul dans le saint des saints et passant ses jours dans le Temple à intercéder pour son peuple[46]. Toutefois, la critique estime en général qu'il ne faut pas prendre au pied de la lettre ces descriptions édifiantes, sans oublier toutefois que par sa mère Marie, cousine d'Élisabeth et de Zacharie, Jacques est de famille sacerdotale, c'est donc un prêtre (un cohen Lc 1, 31-36)[52]. « Dans l'évangile selon les Hébreux (v. P. 131-132) [...] le Christ ressuscité offre à Jacques le privilège de sa première apparition[45]. »

Jacques, le frère du Seigneur reste pourtant largement inconnu du grand public et « de la plupart des chrétiens[53]. » L'égal de Pierre voire son supérieur « est aujourd'hui doublement éclipsé par celui que les catholiques considèrent comme le premier pape[53] » et par Paul de Tarse « unanimement qualifié de prince des théologiens[53] » par ses homologues modernes.

Identifié à Jacques le Mineur, il est même nettement distancé dans la dévotion des chrétiens par son homonyme, Jacques fils de Zébédée, « rehaussé du qualificatif de Majeur[53]. » L'occultation de son personnage en Occident a été favorisée par la promotion de l'autre apôtre Jacques, « le Majeur », dont le pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle s'est développé à partir du Xe siècle et a connu une grande vogue durant tout le Moyen Âge. Même l'appellation de « Mineur », par opposition à celle de Jacques le Majeur vise à minorer son rôle, alors que dans les évangiles le fils de Marie la femme de Clopas est appelé « Jacques le petit » — et pas Jacques le Mineur — ce qui devait simplement indiquer qu'il était plus jeune que les autres Jacques des évangiles.

L'extrême pauvreté de son iconographie est le meilleur indice de l'oubli dans lequel est tombé ce personnage si célèbre dans les premiers siècles du christianisme[53]. Pour le théologien chrétien Burnett Hillman Streeter « c'est une des ironies de l'histoire que son nom n'apparaisse pas dans le calendrier des saints de l'Église d'Occident, du fait de son identification erronée avec Jacques le Mineur[54]. » Cette identification n'a toutefois jamais été acceptée par les Églises orientales qui distinguent Jacques le Mineur et Jacques frère du Seigneur et les fêtent séparément[26].

Pierre-Antoine Bernheim estime que de nombreuses questions se posent lorsque l'on compare les sources antiques qui parlent de Jacques et ce que la tradition chrétienne d'aujourd'hui en dit. Pour lui, la principale d'entre-elle est: « comment expliquer l'oubli dans lequel est tombé Jacques dans la tradition chrétienne[55] ? »

« Inconnu du grand public, parfois confondu avec le fils de Zébédée, le frère du Seigneur, n'est certainement pas ignoré des exégètes et historiens[53] » qu'ils soient chrétiens ou non. Depuis les années 1960, Jacques et les Judéo-chrétiens suscitent un engouement croissant dans les milieux académiques[53].}} Cela participe du mouvement qui vise à mieux rendre compte de la totale intégration de Jésus et du mouvement qu'il a créé dans le judaïsme de son temps, comme il en est des douze apôtres, des septantes disciples et même de Paul de Tarse.

Éléments biographiques[modifier | modifier le code]

Selon le Nouveau Testament, le mouvement de Jésus naît dans la mouvance de Jean le Baptiste dans les années 30 dans la région Palestine. Le nazoréisme puise sa source en Judée dans deux groupes de disciples de Jésus présents à Jérusalem avant la destruction du Temple en 70, d'une part les « jacobiens », communauté liée à la figure de Jacques le Juste et, d'autre part, les « pétriniens », qui se réfèrent à la figure de Pierre. Les nazôréens seraient ainsi le premier groupe à avoir envisagé la messianité de Jésus[56]. La genèse du mouvement se confond avec la communauté chrétienne de Jérusalem[57].

Selon Simon Claude Mimouni, cette perspective a quelque peu été faussée par Épiphane de Salamine qui, le premier, a considéré les nazôréens comme hérétiques en les insérant dans sa liste hérésiologique[57]. Un point de vue contesté par J. Munck et R. A. Pritz[58].

Sur les sources[modifier | modifier le code]

L'auteur des Actes des Apôtres n'est guère favorable à Jacques et lui consacre très peu de place dans son œuvre.

En Constitution apostolique VIII, 32, il est rapporté que Jacques a été institué par le Christ et les apôtres[59]. De même selon Eusèbe de Césarée (HE, VII, 19) et Épiphane de Salamine (panarion 78, 7) c'est Jésus lui même qui a désigné Jacques, même si Eusèbe précise qu'il l'a fait « avec les apôtres » {[59].

Visiblement, dans l'une des listes le personnage surnommé Justus (le 3° de la liste) est surnommé Barsabas[60].

Le conflit d'Antioche et la réunion de Jérusalem[modifier | modifier le code]

« Le conflit d'Antioche et la réunion de Jérusalem, que l'on date des années 48-50, peuvent être considérés comme les deux premiers épisodes connus de la longue saga de l'opposition, qui s'est développée à l'intérieur même du mouvement des disciples de Jésus, entre deux tendances : l'une maximalisant la portée de l'observance de la Torah, avec Jacques et Pierre comme figures principales, et l'autre la valeur de la croyance au Messie, avec Paul essentiellement – les autres péripéties ont été conservées dans les lettres de Paul en Ph 3 et en 2Co 10-13[61]. »

Paul rapporte de façon assez détaillée, mais naturellement de son point de vue, ce conflit et la réunion de Jérusalem dans une lettre écrite aux communautés de Galatie, probablement la communauté d'Éphèse, dans les années 54-55[62] », alors que le « document paulinien » qui a servi à rédiger la partie relative à cet épisode dans les Actes des Apôtres daterait d'une trentaine d'années après les faits.

La réunion de Jérusalem[modifier | modifier le code]

Reconstitution de la ville de Jérusalem à l'époque de Jésus. Vue de l'enceinte fortifiée dans le secteur de l'Ophel.

Le conflit d'Antioche, ne vient pas à proprement parler de divergences avec ce que l'on peut appeler la théologie de saint Paul, qui semble se développer ultérieurement, mais d'un phénomène nouveau, qui est l'apparition d'adeptes du mouvement de Jésus venant directement du paganisme et donc appelés « païens[N 1] » dans les lettres de Paul et les Actes des Apôtres. Il est facile de comprendre que l'observance de la Torah par ces chrétiens d'origine polythéiste et notamment la question de la circoncision, déjà problématique médicalement pour un adulte à l'époque, mais en plus interdite pour un non-juif dans la société romaine puisque considérée comme une mutilation, soit devenue une question épineuse.

Lors de la réunion de Jérusalem, l'observance de la Torah par les chrétiens d'origine polythéiste est examinée[62]. Selon Simon Claude Mimouni, « la question de la circoncision, notamment, est posée par des pharisiens devenus chrétiens. Elle est examinée par les apôtres et les anciens (presbytres) en présence de la communauté. Elle est résolue par Pierre qui adopte le principe suivant : Dieu ayant purifié le cœur des païens par la croyance en la messianité de Jésus, il ne faut plus leur imposer le « joug » de la Torah. Jacques accepte la proposition de Pierre[63]. »

Toutefois, Jacques est inquiété par des problèmes pratiques, qui naîtront dans les communautés[63] comportant à la fois des « adeptes de la Voie » (« juifs ») et ce que l'on pourrait appeler des « adeptes de Chrestos » d'origine polythéiste[N 1], souvent appelées « communautés mixtes » par les spécialistes.

Pour respecter l'obligatoire « pureté » exigée par l'orthopraxie juive, « il ne faut pas que les chrétiens d'origine juive aient à craindre de souillure légale lorsqu'ils fréquentent les chrétiens d'origine polythéiste[N 1]. Il propose par conséquent sa décision à l'assemblée de la communauté et enjoint de la notifier aux chrétiens d'origine païenne par lettre : il faut que ces derniers observent un minimum de préceptes en s'abstenant des souillures de l’idolâtrie, de l'immoralité, de la viande étouffée et du sang[63]. »

Le conflit d'Antioche[modifier | modifier le code]

Dans les Actes des Apôtres[S 1], à la suite de cette réunion, une lettre écrite par les « colonnes » – c'est-à-dire Jacques, Pierre et Jean – et les anciens et de la communauté de Jérusalem est envoyée aux communautés d'Antioche, de Syrie et de Cilicie et probablement portée par ceux qu'une épitre de Paul appelle les « envoyés (apostoloi, apôtres) de Jacques »[64]. Il y est demandé aux destinataires d'observer le compromis défini par Jacques. Cette lettre contient probablement les quatre clauses que la tradition chrétienne appelle « décret apostolique »[65], et dont voici l'une des versions :

« L'Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas vous imposer d'autres charges que celles-ci, qui sont indispensables : vous abstenir des viandes immolées aux idoles, du sang, des chairs étouffées et des unions illégitimes. Vous ferez bien de vous en garder. Adieu[S 2]. »

Selon Simon Claude Mimouni, ce décret « pose de nombreux problèmes d'ordre littéraire et historique[65] ». Il semble, au vu de la narration de l'incident d'Antioche contenue dans une lettre de Paul[64], que « l'observance de ces quatre clauses a pour objectif de résoudre la question de la communauté de table entre les chrétiens d'origine juive et les chrétiens d'origine païenne[65] », même s'il n'en est fait aucune mention dans le décret tel que nous le connaissons[N 2].

Les envoyés de Jacques sont Silas et Judas Barsabbas[N 3], un personnage important puisqu'il est probablement le frère de Joseph Barsabbas, du même rang que ceux du « groupe des douze » ; le tirage au sort lui a simplement préféré Matthias lorsqu'il a fallu remplacer le « traître » Judas. La tradition chrétienne a retenu le surnom de Joseph, Barnabé, formé à partir d'un jeu de mot sur son nom : bar sabbas donnant bar nabbas (Barnabé), ce qui veut dire « fils d'encouragement ».

La venue de ces « envoyés de Jacques » à Antioche, avec probablement des directives orales, provoque un bouleversement dans les habitudes des communautés chrétiennes de la ville. En effet, les judéo-chrétiens et les « pagano-chrétiens » avaient pris l'habitude de prendre les repas symbolisant l'eucharistie en commun. Ce à quoi met fin la venue de Barnabé et Silas, munis des directives de Jacques. Cela ne se passe pas sans émoi, et Paul prend même violemment à partie l'apôtre Pierre, allant jusqu'à le traiter d'hypocrite.

« Les événements d'Antioche et de Jérusalem représentent les premières traces connues d'un débat sur l'interprétation de la Torah en fonction de la reconnaissance du Messie – débat qui ne va cesser de se développer, de manière parfois très vive, durant plus d'une décennie entre Paul et ses opposants[65]. »

Le conflit d'Antioche et la réunion de Jérusalem ont eu une incidence considérable sur les rapports entre les deux tendances principales – les jacobiens et pétriniens d'une part, et les pauliniens d'autre part –, qui donneront par la suite naissance au judéo-christianisme et au « pagano-christianisme »[66].

Par ailleurs, l'attitude tranchante et véhémente de Paul dans certaines de ses lettres à la suite de ces divers événements et de bien d'autres qui se sont produits en Asie et en Grèce a peut-être fourni à ceux qui sont demeurés insatisfaits de l'accord de 48-49 ou de 49-50, une raison de considérer ce dernier comme rompu par lui, précipitant Paul, lors de sa visite à Jérusalem en 58, dans un cycle de procès et d'emprisonnements qui vont le conduire de Jérusalem à Rome – du moins si l'on en croit Ac 21. 27-31[67].

La dernière rencontre de Jacques le Juste et de Paul à Jérusalem[modifier | modifier le code]

Dans les Actes des Apôtres[S 3], il est rapporté que, lors de son dernier séjour à Jérusalem, Paul a été accueilli très froidement par Jacques le Juste, le chef de la communauté, et les anciens. Ceux-ci lui font savoir que, selon des rumeurs, il a enseigné aux juifs de la diaspora l'« apostasie » vis-à-vis de Moïse, c'est-à-dire le refus de la circoncision de leurs enfants et l'abandon des règles alimentaires juives. Une « rumeur » confirmée par le contenu de ses épitres, telles qu'elles figurent dans le Nouveau Testament. Jacques et les anciens suggèrent à Paul un expédient qui doit montrer aux fidèles son attachement à la Loi, puis lui citent les clauses du « décret apostolique » émis pour les chrétiens d'origine païenne, que Paul n'a pas remplies[67].

Un mouvement de contestation houleux, soulevé par des juifs d'Asie, entraîne l'arrestation de Paul alors qu'il se trouve dans le Temple[S 4],[31]. « Apparemment, Jacques et les anciens ne font rien pour lui venir en aide, ni pour lui éviter son transfert à Césarée puis à Rome[31]. » Cet incident montre un certain durcissement du groupe de Jacques le Juste en matière d'observance[31], probablement lié à la crise provoquée par les zélotes, qui aboutira, en 66, « à une révolte armée des Juifs contre les Romains[31] ».

La dernière rencontre de Jacques le Juste et de Paul à Jérusalem[modifier | modifier le code]

Dans les Actes des Apôtres[S 5], il est rapporté que, lors de son dernier séjour à Jérusalem, Paul a été accueilli très froidement par Jacques le Juste, le chef de la communauté, et les anciens. Ceux-ci lui font savoir que, selon des rumeurs, il a enseigné aux juifs de la diaspora l'« apostasie » vis-à-vis de Moïse, c'est-à-dire l'abandon des coutumes ancestrales[68] et notamment de la circoncision de leurs enfants. Une « rumeur » confirmée par le contenu de ses épîtres, telles qu'elles figurent dans le Nouveau Testament. Jacques et les anciens suggèrent à Paul un expédient qui doit montrer aux fidèles son attachement à la Loi, puis lui citent les clauses du « décret apostolique » émis pour les chrétiens d'origine païenne, que Paul n'a pas remplies[67].

Un mouvement de contestation houleux, soulevé par des juifs d'Asie, entraîne l'arrestation de Paul alors qu'il se trouve dans le Temple[S 6],[31]. « Apparemment, Jacques et les anciens ne font rien pour lui venir en aide, ni pour lui éviter son transfert à Césarée puis à Rome[31]. » Cet incident montre un certain durcissement du groupe de Jacques le Juste en matière d'observance[31], probablement lié à la crise provoquée par les zélotes, qui aboutira, en 66, « à une révolte armée des Juifs contre les Romains[31] ».

L'exécution de Jacques le Juste[modifier | modifier le code]

Peinture représentant un homme frappant avec un bâton un homme agenouillé portant un habit religieux
Martyr de Jacques le Juste dans le Ménologe de Basile II, un manuscrit daté de la fin du Xe, ou du début du XIe siècle.

Jacques a été exécuté par lapidation en 61/62[44] sur ordre du grand prêtre Ananius ben Anân (le beau-frère de Joseph Caïphe) « pendant la période d'anarchie qui a régné à Jérusalem après la mort du procurateur romain Festus (60 – 62) et avant l'arrivée de son successeur Albinus (62 – 64)[31] ». Elle intervient, alors que depuis plusieurs années, « la Palestine s'enfonçait inexorablement dans le chaos et l'anarchie[69] ».

L'exécution de « Jacques, frère de Jésus, appelé Christ » est mentionnée « par Flavius Josèphe[S 7], mais aussi par de nombreuses sources chrétiennes transmises par Eusèbe de Césarée[S 8] ou indépendantes de lui[31] ». Pour Pierre-Antoine Bernheim, « Il est possible que Jacques, en tant qu'autorité suprême de l'Église, ait été tenu pour responsable des transgressions de la Loi dont Paul fut accusé[70] ».

« Ananius, qui appartient au courant sadducéen, a sans doute pensé rendre service à Rome en supprimant Jacques, car il a dû estimer qu'il est alors sous influence des Zélotes — son initiative a été mal appréciée, et lui a valu d'être destitué de sa charge de grand prêtre[71] » à la demande du nouveau procurateur romain sitôt entré en fonction[71]. Pierre-Antoine Bernheim se pose la question : « qui était donc Jacques », dans la société de Jérusalem ? En effet, si cette exécution provoque le renvoi du Grand-Prêtre aussi puissant qu'Anan, appartenant à une famille qui compta huit Grands prêtres en 60 ans et qui venait à peine d'être nommé, cela ne signifie-t-il pas que Jacques était un personnage important, bénéficiant d'alliés puissants à Jérusalem[72] ?

« L'exécution de Jacques montre l'influence du mouvement nazaréen à cette époque, et sa perception comme un danger par les autorités du Temple de Jérusalem qui sont saducéennes[71]. » Robert H. Eisenman note qu'Agrippa II a profité du vide provoqué par la mort du procurateur Porcius Festus avant l'arrivée de son remplaçant Albinus pour démettre Joseph Cabi et nommer Ananius ben Anân comme grand-prêtre. Celui-ci a immédiatement arrêté Jacques et quelques-uns de ses partisans. Il en conclut qu'Agrippa a probablement « saisi la première opportunité après l'affaire du mur du Temple pour se débarrasser de Jacques[73] ».

Un texte tronqué[modifier | modifier le code]

Il est possible que Flavius Josèphe ait lui-même fourni davantage d'informations sur Jacques ou sur sa mort[74]. En effet, selon Origène, Flavius Josèphe aurait considéré la chute de Jérusalem et de la ruine du Temple « comme le châtiment mérité des Juifs pour la mort injuste de Jacques[74] » :

« Et le même auteur, bien que ne considérant pas que Jésus fut le Christ, cherche la cause de la chute de Jérusalem et de la ruine du Temple. Il aurait dû dire que l'attentat contre Jésus avait été la cause de ces malheurs pour le peuple, parce qu'on avait mis à mort le Christ annoncé par les prophètes. Mais, comme malgré lui, il n'est pas loin de la vérité quand il affirme que ces catastrophes arrivèrent aux juifs pour venger Jacques le Juste, le frère de Jésus appelé le Christ, parce qu'ils l'avaient tué en dépit de son éclatante justice[75]. »

À deux autres reprises, Origène se réfère à ce jugement de Flavius Josèphe, une fois à nouveau dans Contre Celse (2, 13) et une fois dans son Commentaire sur Matthieu (10, 17)[74]. Eusèbe de Césarée et Jérôme de Stridon (Sur les hommes illustres 2) semblaient lire le même passage dans la Guerre des Juifs[76]. Au XIIIe siècle, Jacques de Voragine lisait encore ce même passage dans le livre VII de la Guerre des Juifs[77]. « Étrangement, le passage cité par Origène ne se rencontre plus dans les versions de Flavius Josèphe à notre disposition[74]. »

Cela pose deux questions difficiles : « pourquoi Flavius Josèphe qui n'était pas chrétien, a-t-il attribué la chute de Jérusalem au châtiment de Dieu pour la mort d'un homme aussi juste que Jacques ? Ensuite, pourquoi un copiste probablement chrétien a-t-il ultérieurement supprimé une référence aussi flatteuse pour Jacques[78] ? »

Le témoignage d'Hégésippe[modifier | modifier le code]

Selon Étienne Nodet, « Le vêtement de lin et le droit exclusif d’entrer au sanctuaire campent Jacques comme grand prêtre pouvant entrer dans le Saint des Saints. Épiphane (Panarion 29.6.3) le qualifie expressément de grand prêtre et affirme qu’il portait la coiffe avec la feuille d’or (petalon) portant le nom divin (cf. Ex 28,36 ; AJ 3:172) ; ainsi, il entrait une fois par an au Saint des Saints[79]. » Jérôme de Stridon, « dans un passage inspiré d’Hégésippe (Comm. In Gal. 1:19), dit expressément que Jacques entrait au Saint des Saints[79]. » Épiphane de Salamine mentionne plus complétement qu'Eusèbe de Césarée la notice d'Hégésippe de Jérusalem racontant la lapidation de Jacques le Juste[80]. Il « présente comme durable l’intercession de Jacques pour le peuple (cf. § 16), mais en rapprochant ce trait de sa qualité de grand prêtre, on voit apparaître des traces du rite typique du jour de l’Expiation (Kippour)[79]. » « D'autres détails donnés par Épiphane, comme les pieds nus de Jacques, en signe de pénitence, renvoient à ce jour (cf. m.Yoma 8:1)[79]. »


Épiphane, un converti, paraît être mieux au fait des réalités juives, ou peut-être dépendre d’une forme plus explicite de la source d’Hégésippe. En effet, celui-ci présente comme durable l’intercession de Jacques pour le peuple (cf. § 16), mais en rapprochant ce trait de sa qualité de grand prêtre, on voit apparaître des traces du rite typique du jour de l’Expiation (Kippour), déformé par une piété détachée du judaïsme. Jérôme, dans un passage inspiré d’Hégésippe (Comm. In Gal. 1:19), dit expressément que Jacques entrait au Saint des Saints ; c’est probablement sa propre déduction. Le vêtement de lin du grand prêtre est propre à ce jour (Lv 16,4 ; G 5:237 ; m.Yoma 3:7), et une fois entré dans le Saint des Saints le grand prêtre invoque le nom de Dieu (tétragramme, Si 50,20 ; m.Yoma 6:2). On peut même ajouter que la tradition d’Épiphane sur les pieds nus de Jacques,en signe de pénitence, convient à ce jour (cf. m.Yoma 8:1). Cependant, il est clair que Jacques n’a aucune place dans la succession des grands prêtres telle qu’établie par Josèphe, et l’on en a déduit qu’Hégésippe était mal informé des affaires du Temple. Il en était certainement éloigné dans le temps, mais au-delà de toute légende, il ne faut pas perdre de vue la condamnation concrète de Jacques par Anân, pour blasphème et/ou dévoiement. Il y a donc lieu de supposer que pour certains milieux Jacques était reconnu ou promu comme grand prêtre, même sans être d’origine sacerdotale, et qu’il a voulu agir comme tel en prononçant le nom de Dieu. Quant à la tradition d’intercession permanente de Jacques, elle prend sens dans le contexte très perturbé du gouvernorat inepte de Félix (env. 52-60 ; cf. Tacite, Hist. 5.9), pendant lequel il y eut des violences zélotes permanentes, ainsi que de graves conflits au sein du clergé (AJ 20:160-181).

Un prêtre rékabite intervient (qui se révèle être son cousin Siméon de Clopas)[modifier | modifier le code]

Épiphane de Salamine mentionne plus complétement qu'Eusèbe de Césarée la notice d'Hégésippe de Jérusalem racontant la lapidation de Jacques le Juste[80]. Selon cette notice, Siméon qui aurait assisté à l'exécution de son cousin était « l'un des prêtres des fils de Rechab, l'un des Réchabites[80]. »

§ 17. Un prêtre rékabite intervient.

Les Rékabites ne sont connus que par Jr 35,1-11 : suivant le précepte de leur ancêtre Yonadab fils de Rékab (cf. 2 R 10,15), ils sont nomades et ne boivent pas de vin ; selon 1 Ch 2,55 ils sont apparentés aux Qénites. Rien n’est connu directement de ce groupe après l’Exil, mais on peut supposer que par analogie le nom a désigné ceux qui s’abstenaient de boisson fermentée, comme Jacques ou Jean-Baptiste, ou même qui vivaient en marge de la société rurale ou citadine. Ici, l’intervention du prêtre « rékabite » est liée à l’intercession de Jacques ; il se veut fidèle à Jacques, mais sans suggérer que celui-ci appartienne à son groupe. « Fils de Rèkab, fils de Rakabim » υίών Ρηχαβ υίον Ραχαβειμ : dédoublement accidentel. En effet, on lit en Jr 35,2 Mybkrh[81] « Rékabites », que la LXX (42,2) transcrit Αχαβιν ; au v. 6 bkr[81], père de Yonadab, est transcrit Ρηχαβ. La genèse du passage peut s’exprimer ainsi : il y a eu à l’origine une tradition hébraïque, d’où Ραχαβειμ, puis une correction issue de la LXX, et finalement l’insertion fautive de υίον.
Épiphane, Panarion 78.14.56, suit largement le récit d’Hégésippe, mais il attribue ici l’intervention à Syméon bar Cléophas, cousin de Jacques. Celui-ci doit être identifié avec Syméon fils de Clopas, qui selon HE 3.11.1 fut nommé successeur de Jacques à Jérusalem ; Clopas étant frère de Joseph, Syméon était cousin de Jésus – et donc aussi de Jacques.

Qui fait le siège de Jérusalem : Vespasien ou Titus ?[modifier | modifier le code]

« Et aussitôt Vespasien les assiégea » : la traduction latine de Rufin, plus conforme aux faits, atténue : « et pas longtemps après. » [...] Il est notable que la tradition rabbinique commet la même confusion, en attribuant à Vespasien le siège de Jérusalem.

Si c'est Vespasien le siège commence à la pâque 69, si c'est Titus il peut commencer à la pâque 70. Est-ce une nouvelle manip, cette fois ordonnée par Titus après la mort de son père en 79, pour à la fois brouiller les pistes sur les soucis obsessionnels des Flaviens et par la même occasion s'attribuer des mérites militaires bien plus grands que ceux qui découlent de son rôle réel, puisqu'il n'aurait dirigé le siège qu'à partir de la fin juin 69, mais secondé par des gens comme Tibérius Alexander qui d'ailleurs n'est mentionné qu'une seule fois au cours du siège pour ne pas faire d'ombre au vrai chef au moment où Josèphe (et ses secrétaires omniscients) écri[ven]t : Titus.

Dans ces conditions toutes les sources juives qui sont écartées comme légendaires à cause de l’incompatibilité de date ou parce qu'on mentionne Vespasien présent lors du siège peuvent être réintégré à commencer par le Seder Olam Zouta. Il en est de même des sources chrétiennes ou païennes qui sont écartées avec le même motif. Le changement sur les monnaies en 69 trouve son explication, les chroniques juives qui place la prise de Jérusalem en 69 ont raison et Simon le Séparateur peut être exécuté le 9 Tevet.

« Frère » de Jésus[modifier | modifier le code]

De très nombreux documents chrétiens attestent de l'appellation « frère du Seigneur » ou « frère de Jésus » donnée à Jacques et Flavius Josèphe parle de « Jacques, frère de Jésus, appelé Christ », lorsqu'il relate son exécution. Évidemment, cela pose problème puisque non seulement Jésus n'a pas de frère dans la tradition chrétienne, mais sa mère Marie est une vierge perpétuelle, ce qui peut difficilement être compatible avec le fait d'avoir eu plusieurs enfants[82]. De plus, l'affirmation de sa virginité perpétuelle — qui apparaît pour la première fois en 374 — a été faite dans des déclarations solennelles, lors de plusieurs conciles à partir du VIe siècle, ce qui lui confère une très haute autorité[82]. La question de savoir si Jacques était frère de Jésus est intimement liée à la question de savoir si Jésus avait des frères.

Dans son épître aux Galates (1, 19), saint Paul[83] appelle Jacques « le frère du Seigneur »[84]. Dans la première épître aux Corinthiens (9, 4-5), il mentionne d'autres frères du Seigneur qui ont le droit d'emmener leur femme pendant leur mission apostolique[84]. Il apparaît clairement dans la formulation de Paul qui compare ses droits avec « les autres apôtres, et les frères du Seigneur et Céphas (c'est-à-dire l'apôtre Pierre) » qu'il n'attribue le qualificatif de frère du Seigneur qu'à quelques individus spécifiques. Il ne s'agit absolument pas d'un synonyme de disciple[85]. Pierre-Antoine Bernheim fait remarquer que de plus « Paul ne qualifie jamais Pierre, Jean ou Barnabé de frère du Seigneur[85]. »

Tous, les évangiles qu'ils soient canoniques ou apocryphes font aussi référence aux frères et parfois aussi aux sœurs de Jésus[85]. Les trois évangiles synoptiques donnent une liste des frères de Jésus: « Jacques, Joseph (parfois appelé du diminutif Joset[86]), Jude et Simon » dans lesquelles Jacques est toujours cité en premier. Ils mentionnent aussi à plusieurs reprises que Marie était accompagnée des frères de Jésus. Outre la liste de frères, les évangiles synoptiques mentionnent les frères (et sœurs) de Jésus à l'occasion de deux épisodes[85]. Dans chacun des deux, ses frères sont associés à Marie, la mère de Jésus[85]. Ils apparaissent aussi à deux reprises dans l'évangile attribué à Jean. Dans une des deux mentions, ils sont associés à la mère de Jésus[87].Dans les Actes des Apôtres (1, 14), Marie et les frères de Jésus sont « assidus à la prière » avec les autres disciples juste après la résurrection[87].

Hégésippe indique que « Le frère du Seigneur, Jacques reçut [l'administration de] l'Église avec les apôtres »[32]. Dans les Constitutions apostoliques (VIII, 35, 1), Jacques est « frère du Christ selon la chair »[88]. Cyrille de Jérusalem dans une de ses catéchèses au Ve siècle déclare encore: « [Jésus] est apparu à Jacques son propre frère (τω εαυτου μεν αδελπηω) et le premier évêque de cette paroisse[46]. »

« Il apparaît clairement que le mot « frère » ne peut avoir le sens figuré de compagnon ou de coreligionnaire puisque, dans certains passages, les frères de Jésus sont explicitement opposés à ses disciples, c'est à dire à sa famille spirituelle[87]. » Les Constitutions apostoliques parlent même de « frère du Christ selon la chair. » « En second lieu, dans la plupart des références provenant des Évangiles et des Actes des Apôtres, les frères de Jésus sont associés avec Marie, sa mère[87]. »

« La très grande majorité des exégètes et des historiens estiment que Jacques était le fils de Joseph avec Marie[89]. »

Identification[modifier | modifier le code]

Cette qualité de frères, de demi-frères ou de cousins de Jésus induit un sérieux problème d'identification, toujours non résolu, malgré les nombreux historiens qui se sont penchés sur la question.

Dans les premiers siècles[modifier | modifier le code]

Au IVe siècle, trois hypothèses sont en présence :

  • Soit il est un « frère » de Jésus au sens occidental actuel du terme : Jacques et Jésus ont la même mère. C'est une thèse acceptée par Helvidius, un auteur hérétique chrétien de la fin du IVe siècle[90], et qui a été redécouverte par certains commentateurs modernes à l'appui de leurs thèses anti-chrétiennes.
  • Soit il est un « frère » au sens large et oriental du terme, c'est-à-dire un « cousin ». C'est la thèse de saint Jérôme permettant de préserver la virginité de Marie, et incidemment, de Joseph. Cette thèse est toujours celle de l'Église catholique[90] depuis l'origine et reprise par certains dans la tradition orthodoxe.
  • Soit il est un « frère » par alliance : Jacques serait le fils d'un premier mariage de Joseph: il serait alors le demi-frère de Jésus. Cette thèse a d'abord été présentée par le Protévangile de Jacques, un récit apocryphe du IIe siècle, puis a été reprise ensuite par d'autres auteurs, comme Épiphane de Salamine[90]. C'est la thèse retenue par certains dans la tradition orthodoxe.

Paul, dans Ga 2. 9, décrit Jacques ainsi : « ... Jacques, Cephas, et Jean, qui apparaissaient comme des piliers... ». Il est décrit dans le Nouveau Testament comme un « frère de Jésus » et « dans la liturgie de saint Jacques, le frère de Jésus est élevé à la dignité du frère de Dieu lui-même (Adelphotheos) » (Philip Schaff : History of the Christian Church, chapitre 4, section 29). Jacques est cité par Matthieu | Mt 13. 55, par Marc | Mc 6. 3 et Mc 15. 40, par l'Épître de Jude (1), par Flavius Josèphe.

Dans son Épître aux Galates | Ga 1. 19, Paul de Tarse signale que Jacques est un apôtre, ce qui explique l'identification parfois proposée avec Jacques fils d'Alphée[réf. souhaitée].

La proposition de saint Jérôme[modifier | modifier le code]

Vers 380, un certain Helvidius publie un livre dans lequel il soutient, preuves scripturaires à l'appui, que Jacques et ses frères étaient des fils de Joseph et de Marie[91]. Pour réfuter cet avis Jérôme de Stridon lui répond quelques années plus tard[92]. Nous ne connaissons que cette réponse, le texte d'Helvidius étant perdu. Pour Jérôme, le Christ venu, d'après lui, enseigner la virginité, ne pouvait avoir été élevé que par des vierges. Il propose donc à cette occasion une nouvelle théorie qui préservait la virginité de Joseph, en faisant de Jacques et de ses frères des cousins germains de Jésus. « Pour comprendre la théorie élaborée par Jérôme, il faut se rappeler que les évangiles mentionnent de nombreux Jacques et Marie[92]. » Rien d'étonnant à cela puisqu'il s'agit de noms très répandus à l'époque en Palestine[92]. Pour ce faire, il se saisit d'une des affirmations d'Helvidius qui, visiblement embarrassé par le fait que les évangiles synoptiques ne mentionnent pas la mère de Jésus parmi les trois Marie qui se trouvaient au pied de la croix de Jésus, semblait l'identifier à la femme appelée « Marie la mère de Jacques le Mineur et de Joset ». Dans sa réponse, Jérôme affirme que cette Marie n'est pas la mère de Jésus, mais une de ses demi-sœurs mariées non avec Joseph, mais avec son frère appelé Clopas[93]. En revanche, il suit Helvidius et identifie Jacques le Mineur avec « Jacques le frère du Seigneur ». Pour ce faire, il propose de voir dans le mot Alphée qui suit le nom de Jacques dans la liste des apôtres, un autre nom pour Clopas. Il semble qu'une telle proposition n'avait jamais été faite avant cet échange d'arguments.

Pierre-Antoine Bernheim note toutefois que Jérôme « ne défend pas avec acharnement l'identification de Marie de Clopas avec Marie, la mère de Jacques et de Joset. L'important selon lui, est de distinguer cette Marie de la mère de Jésus[94]. » D'ailleurs, trente ans plus tard, dans sa Lettre à Hebidia, « Jérôme admettra que Marie de Clopas et la mère de Jacques et de Joset sont deux personnes différentes, bien que, écrit-il certains les identifient[94]. »

Les exégètes ultérieurs n'ont plus les mêmes doutes, c'est avec enthousiasme qu'ils adoptent son interprétation, « trop content de trouver une solution apparente[94] » au problème épineux que posait ces « frères » de Jésus[94] au regard de la croyance de la virginité perpétuelle de Marie[95]. Celle-ci était devenue fondamentale dans l'Église catholique romaine depuis 374, dans le Symbole d'Epiphane qui développe le Symbole de Nicée[82] (réaffirmée au Deuxième concile de Constantinople en 553)[95]. Des variantes sont toutefois proposées afin de tenter de résoudre certaines contradictions, sans remettre en cause la proposition qui dit que Jacques et ses frères étaient en réalité des cousins de Jésus[94]. De plus, beaucoup d'auteurs ont abandonné dans les siècles suivants l'identification entre « Jacques Alphée » et le « frère du Seigneur »[94]. Déjà fortement minoré, Jacques a alors perdu sa qualité d'apôtre, membre du groupe des douze.

Les Jacques des évangiles canoniques[modifier | modifier le code]

Dans les évangiles synoptiques figurent plusieurs personnages appelés Jacques, qui tous sont des disciples ou des frères de Jésus. Certains d'entre-eux ne posent aucun problème d'identification.

  • Jacques, fils de Zébédée, un des douze apôtres[92] : apparaît à plusieurs reprises dans les évangiles synoptiques parmi les apôtres les plus proches de Jésus[92],[96]. La tradition chrétienne l'a surnommé plus tard « Jacques le Majeur » par opposition à un autre Jacques qui dans les évangiles est appelé Jacques le Petit (traduit aussi par le Mineur). Son identification dans les évangiles est facilitée par le fait qu'il est souvent associé à son frère Jean et qu'ils agissent souvent ensemble[N 4]. Il est clairement distinct de « Jacques le frère du Seigneur » puisque ce dernier est tué par lapidation en 62 à la suite de l'action du grand prêtre Anan, alors que selon la tradition chrétienne et les Actes des apôtres Jacques de Zébédée est exécuté[31] « par l'épée[S 9] », plus de dix ans auparavant, sur l'ordre « d'Hérode » — c'est-à-dire probablement un des deux rois Agrippa[N 5] — Selon la tradition chrétienne, il aurait évangélisé des régions d'Espagne avant de revenir en Palestine, après un bref passage à Rome, alors que le « frère du Seigneur » est resté en Palestine pour diriger l'église de Jérusalem et le mouvement tout entier. Il est le fils d'une autre demi-sœur de la mère de Jésus, elle aussi appelée Marie : Marie Salomé (souvent appelée seulement Salomé pour la distinguer de ses deux autres demi-sœurs) mariée avec Zébédée.
  • Il y a naturellement un consensus chez les historiens pour considérer que « Jacques frère du Seigneur » sujet de cet article est le même que celui qui est cité en tête des listes de frères de Jésus des évangiles synoptiques, dont voici la version de l'évangile attribué à Matthieu : « N'est-ce pas le fils du charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de Joses, de Jude et de Simon ? et ses sœurs ne sont-elles pas ici parmi nous ? »[S 10]. Il y a aussi consensus chez les historiens pour considérer qu'il est le Jacques qui dans la liste des douze apôtres de l'évangile attribué à Luc[S 11] et les Actes des apôtres[S 12] est appelé Jude de Jacques, que Jude soit frère de Jacques et donc le frère de Jésus appelé Jude ou qu'il soit le fils de Jacques. « Jacques frère du Seigneur » est aussi considéré comme le frère de l'auteur de l'épître de Jude dont celui-ci se réclame au début de sa lettre[S 13].

Comme cela a déjà été dit il y a consensus chez les historiens pour considérer que le frère de Jésus n'est pas Jacques le Mineur mentionné dans le seul évangile attribué à Marc[S 14] comme un des fils de Marie la femme de Clopas. Il demeure une seule question « Jacques le frère du Seigneur » est-il l'apôtre mentionné sous le nom de Jacques Alphée[S 15] dans les listes d'apôtres ?

L'apôtre Jacques Alphée[modifier | modifier le code]

Pour savoir si Jacques le frère du Seigneur est l'apôtre Jacques Alphée le débat se concentre sur une phrase que Paul de Tarse écrit dans son épître aux Galates (1, 19)[97]. Paul nous apprend, que lors de sa première visite à Jérusalem il passa quinze jours avec Pierre et qu'il ne vit « pas d'autres apôtres si ce n'est/seulement Jacques le frère du Seigneur[S 16],[98]. » Les historiens qui pensent que « le frère du Seigneur » et l'apôtre Jacques Alphée sont le même personnage estiment que cette phrase montre que Jacques le Juste était un des douze apôtres[99]. Ceux qui ont l'opinion contraire privilégient la seconde traduction. Surtout, ils font remarquer que ce « passage est fort ambigu[99] », Paul de Tarse parlant souvent d'apôtre au sens large, attribuant ce titre à Barnabé et le revendiquant pour lui même, alors que cela semble lui être contesté. Ils estiment donc qu'on ne peut rien conclure à l'aide de cette phrase.

Les historiens qui pensent que Jacques le Juste est Jacques Alphée font remarquer que dans les nombreux textes chrétiens qui relatent comment les pays à évangéliser ont été répartis entre les douze apôtres, tous reçoivent des pays éloignés, seul Jacques Alphée reçoit le territoire de la région Palestine. Or cela correspond à la fonction et à l'action de Jacques le Juste, « évêque[N 6] » de Jérusalem, qui n'est jamais décrit comme exerçant une mission d'évangélisation à l'étranger. Alphée pourrait alors simplement signifier que bien que cité en neuvième position — ce qui devait refléter à peu près l'ordre d'appel de ses disciples par Jésus — il est en fait le premier, le chef du groupe. Ce point de vue ne fait toutefois pas consensus et bon nombre d'exégètes considèrent que Jacques Alphée veut en fait dire Jacques [fils d']Alphée qui serait un synonyme de Clopas, comme le soutenait Jérôme de Stridon. Dans ces conditions, le frère de Jésus appelé Jude n'est pas non plus l'apôtre Jude et l'apôtre Simon le Zélote n'est pas un réel frère de Jésus, mais lui aussi est un fils de Clopas, ce qui conduit certains auteurs chrétiens à l'identifier avec Siméon de Clopas, le deuxième « évêque » de Jérusalem.

Pour certains historiens, ce sont les trois « frères » de Jésus appelé Jacques, Jude et Simon qui étaient membres du groupe des douze apôtres et sont mentionnés souvent dans cet ordre[100] dans les listes d'apôtres à partir de la neuvième place[101]. De nombreuses sources chrétiennes indiquent en effet que Simon le Zélote était un « frère » de Jésus, que celui-ci soit considéré comme un demi-frère ou un cousin[101]. D'autre part, l'apôtre Judas de Jacques (qu'il faut alors comprendre comme Judas [frère] de Jacques), appelé Judas Thaddée dans de nombreuses sources, est aussi donné comme un frère de Simon le Zélote[101]. C'est d'ailleurs ce que professent les Églises chrétiennes orientales, pour qui simplement ces « frères » sont des demi-frères de Jésus, mais sont bien les apôtres, Simon le Zélote et Judas Thaddée. Pour Robert Eisenman, c'est en raison du caractère embarrassant de ces personnages que leur appartenance au groupe des douze apôtres a été peu à peu oublié[101]. Aux raisons classiquement invoqués, il en ajoute une : ils étaient des Zélotes. En effet, le frère de Jésus, auteur de l'épître de Jude est lui aussi surnommé Jude (ou Judas) le Zélote, dans plusieurs sources chrétiennes[101].

Selon la Conférence des évêques de France[modifier | modifier le code]

Voici ce que dit à son propos le sanctoral de la Conférence des évêques de France : « Les exégètes distinguent plusieurs Jacques autour du Seigneur. Jacques le Majeur, fils de Zébédée et frère de Jean. Jacques fils d'Alphée dont on sait seulement qu'il fut apôtre, et celui-ci, Jacques, frère du Seigneur, de sa parenté et originaire de Nazareth. » La notion de frère devrait être comprise au sens large sans doute utilisé à l'époque. Celle-ci pouvait signifier une parenté plus éloignée, comme celle de cousin germain, ou bien indiquer une double parenté (des deux souches).

Une autre hypothèse est inventée par l'historien James Tabor dans son livre "La véritable vie de Jésus; une enquête scientifique" qui dit que Jacques est le "frère" par alliance : Jacques serait le fils du deuxième mariage de Marie (mère de Jésus) Joseph étant décédé, celle-ci se serait mariée avec Cléophas, le frère de Joseph, coutume courante chez les juifs de l'époque. De cette union seraient aussi nés Simon, Joseph et Jude (Matthieu 13,55-56 Marc 6,3 ). Cette hypothèse personnelle n'est justifiée par aucun texte et même est contradictoire avec celui de Jn 19. 25 dans lequel la mère de Jésus et Marie de Cléophas sont deux personnes différentes qui se trouvaient toutes deux près de la Croix.


Identification[modifier | modifier le code]

Une affaire de famille[modifier | modifier le code]

C'est Siméon de Clopas, un cousin germain de Jésus qui succède à Jacques le Juste à la tête de la communauté de Jérusalem vers 73 et c'est, semble-t-il, un fils de Jacques, appelé Judas, mais plus connu sous le nom de Justus (le Juste) qui en est le troisième « évêque[N 6] »[44]. Le mouvement de Jésus était né dans la mouvance de celui d'un autre de ses cousins Jean le Baptiste. Jacques a été le premier dirigeant de l'Église dès l'année 32 si on en croit les indications chronologiques qui ont probablement été ajoutés par Jérôme de Stridon[34]. Même si la qualité d'apôtres est débattue pour ce qui concerne Jude, ainsi que l'identification avec Simon le Zélote comme quatrième frère de Jésus, les épîtres de Paul de Tarse témoignent que les frères de Jésus jouaient un rôle important dans la prédication et qu'ils disposaient d'un statut élevé dans le mouvement, puisque comme l'apôtre Pierre, ils avaient le droit d'emmener leur femme avec eux[84]. Les apôtres Jacques et Jean de Zébédée étaient aussi des cousins germains de Jésus, puisque leur mère, Marie Salomé, était une demi-sœur de la mère de Jésus. Un extrait d'Hégésippe cité par Eusèbe de Césarée témoigne que les petit-fils du frère de Jésus appelé Jude « dirigèrent les Églises à la fois comme martyr et comme parents du Sauveur » à l'époque de Domitien[102] (81-96).

L'important rôle joué par de nombreux membres de la famille de Jésus et surtout la succession de différents frères et cousins à la tête du mouvement a conduit certains critiques à parler d'une sorte de « Califat » ou de succession dynastique[103]. François Blanchetière estime qu'on « pourrait comparer cette succession sur la base de l'appartenance à la parenté avec le Seigneur, à la qualité de « Davidique » dans la famille de Hillel fondant la transmission de la charge de Nassi-chef du judaïsme palestinien au sein de cette même famille jusqu'à son extinction en 425[104]. »

Jacques et la communauté de Jérusalem[modifier | modifier le code]

« Jacques fut le représentant le plus éminent d'une Église primitive profondément enraciné dans la tradition juive. Il considérait son frère Jésus comme l'agent eschatologique choisi par YHWH pour annoncer l'arrivée imminente du Royaume de Dieu, et demander le repentir des fils d'Israël[35]. » Il attendait le retour de Jésus, « exalté à la droite de Dieu après sa résurrection[35] » qui « signalerait la résurrection des morts, le jugement de Dieu et l'instauration de son royaume[35]. » Connu pour son observance fidèle de la Torah, il ne pouvait concevoir que le rôle et l'importance de la Loi aient pu changer, comme le clamait Paul de Tarse[35]. Il s'opposa à ce dernier et à son message qui impliquait une redéfinition de l'identité d'Israël et du rôle de la Loi[36].

Un personnage embarrassant[modifier | modifier le code]

« L'image et le prestige de Jacques ont, dans une large mesure, suivi les vicissitudes du judéo-christianisme[105]. » Dans les Homélies clémentines, Pierre reconnaît la suprématie de Jacques qu'il appelle « le seigneur et évêque de la sainte Église »[105]. Il conclut une lettre contenant ses recommandations par la phrase: « Je viens de te signaler clairement ce qui m'a paru bon : pour moi, mon seigneur, prends, comme il convient, les mesures que tu jugeras opportunes »[105]. Il proclame que tout enseignement devra être approuvé par Jacques et que « tout apôtre, docteur ou prophète » doit auparavant soumettre « exactement sa prédication à Jacques, le frère de mon Seigneur »[105]. Jacques a aussi été l'objet d'une grande vénération dans certaines communautés gnostiques[105].

« Mais pour les maîtres à penser de la Grande Église, Jacques devint une source d'embarras, une sorte d'anomalie dans l'histoire de l'Église telle qu'ils souhaitaient la reconstituer[105]. » D'abord, Jacques était appelé partout le frère du Seigneur alors que Jésus n'était plus supposé avoir eu des frères[106].

Ensuite, le rôle de Jacques dans l'Église primitive remettait en cause le schéma selon lequel c'est à Pierre que Jésus a transmis la responsabilité de l'Église et contredit aussi la primauté que la Grand église lui accorde[106]. Défendre la primauté de Jacques « ne pouvait que déplaire à l'Église de Rome[106] » qui justifiait sa prééminence sur les autres églises « par celle de Pierre, son fondateur présumé[106]. » Arnold Ehrhardt a montré que cela a eu lieu dès la deuxième partie du IIe siècle, comme en témoigne l’œuvre d'Irénée de Lyon qui écarte les traditions sur la primauté de Jacques, transmise notamment par Hégésippe[107].

En dernier lieu, Jacques partisan du maintien de l'observance des règles de la Torah et de la séparation entre chrétiens d'origine juive et pagano-chrétiens, « ne pouvait guère plaire à une Église d'origine surtout païenne et détachée de la Loi (Torah)[108]. »

L'existence des frères et sœurs de Jésus contredit une croyance fondamentale de l'Église catholique romaine, à savoir la virginité perpétuelle de Marie[95]. « La première mention officielle de la virginité perpétuelle apparaît en 374, dans le Symbole d'Epiphane qui développe le Symbole de Nicée[82]. » Cette notion, réaffirmée à Constantinople (553) et au Concile du Latran (649), est un enseignement fondamental de l'Église catholique[95]. Même s'il n'a jamais fait l'objet d'une déclaration extraordinaire de l'Église, il est réputé appartenir au « magistère » de l'Église, ce qui veut dire que théoriquement un catholique s'excommunie s'il le contredit explicitement.

Saint Jérôme[modifier | modifier le code]

Vers 380, un certain Helvidius publie un livre dans lequel il soutient, preuves scripturaires à l'appui, que Jacques et ses frères étaient des fils de Joseph et de Marie[91]. Pour réfuter cet avis Jérôme de Stridon lui répond quelques années plus tard[92]. Nous ne connaissons que cette réponse, le texte d'Helvidius étant perdu. Pour Jérôme, le Christ venu, d'après lui, enseigner la virginité, ne pouvait avoir été élevé que par des vierges. Il propose donc à cette occasion une nouvelle théorie qui préservait la virginité de Joseph, en faisant de Jacques et de ses frères des cousins germains de Jésus. « Pour comprendre la théorie élaborée par Jérôme, il faut se rappeler que les évangiles mentionnent de nombreux Jacques et Marie[92]. » Rien d'étonnant à cela puisqu'il s'agit de noms très répandus à l'époque en Palestine[92]. Pour ce faire, il se saisit d'une des affirmations d'Helvidius qui, visiblement embarrassé par le fait que les évangiles synoptiques ne mentionnent pas la mère de Jésus parmi les trois Marie qui se trouvaient au pied de la croix de Jésus, semblait l'identifier à la femme appelée « Marie la mère de Jacques le Mineur et de Joset ». Dans sa réponse, Jérôme affirme que cette Marie n'est pas la mère de Jésus, mais une de ses demi-sœurs mariées non avec Joseph, mais avec son frère appelé Clopas[109]. En revanche, il suit Helvidius et identifie Jacques le Mineur avec « Jacques le frère du Seigneur ». Pour ce faire, il propose de voir dans le mot Alphée qui suit le nom de Jacques dans la liste des apôtres, un autre nom pour Clopas. Il semble qu'une telle proposition n'avait jamais été faite avant cet échange d'arguments. La confusion est d'autant plus aisée que Ἰάκωβος Ἁλφαίου peut se comprendre comme Jacques [fils d']Alphée ou alors Alphée peut être un qualificatif ou un titre donné à Jacques. Par ailleurs, Jérôme semble aussi faire une confusion entre de le père de « Marie la mère de Jacques le Mineur et de Joset » (Cléophas) et son époux (Clopas).

Les Jacques des évangiles canoniques[modifier | modifier le code]

Dans les évangiles synoptiques figurent plusieurs personnages appelés Jacques, qui tous sont des disciples ou des frères de Jésus. Certains d'entre-eux ne posent aucun problème d'identification.

  • Jacques, fils de Zébédée, un des douze apôtres[92] : apparaît à plusieurs reprises dans les évangiles synoptiques parmi les apôtres les plus proches de Jésus[92],[96]. La tradition chrétienne l'a surnommé plus tard « Jacques le Majeur » par opposition à un autre Jacques qui dans les évangiles est appelé Jacques le Petit (traduit aussi par le Mineur). Son identification dans les évangiles est facilitée par le fait qu'il est souvent associé à son frère Jean et qu'ils agissent souvent ensemble[N 7]. Il est clairement distinct de « Jacques le frère du Seigneur » puisque ce dernier est tué par lapidation en 62 à la suite de l'action du grand prêtre Anan, alors que selon la tradition chrétienne et les Actes des apôtres Jacques de Zébédée est exécuté[31] « par l'épée[S 17] », plus de dix ans auparavant, sur l'ordre « d'Hérode » — c'est-à-dire probablement un des deux rois Agrippa[N 8] — Selon la tradition chrétienne, il aurait évangélisé des régions d'Espagne avant de revenir en Palestine, après un bref passage à Rome, alors que le « frère du Seigneur » est resté en Palestine pour diriger l'église de Jérusalem et le mouvement tout entier. Il est le fils d'une autre demi-sœur de la mère de Jésus, elle aussi appelée Marie : Marie Salomé (souvent appelée seulement Salomé pour la distinguer de ses deux autres demi-sœurs) mariée avec Zébédée.
  • Il y a naturellement un consensus chez les historiens pour considérer que « Jacques frère du Seigneur » sujet de cet article est le même que celui qui est cité en tête des listes de frères de Jésus des évangiles synoptiques, dont voici la version de l'évangile attribué à Matthieu : « N'est-ce pas le fils du charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de Joses, de Jude et de Simon ? et ses sœurs ne sont-elles pas ici parmi nous ? »[S 18]. Il y a aussi consensus chez les historiens pour considérer qu'il est le Jacques qui dans la liste des douze apôtres de l'évangile attribué à Luc[S 19] et les Actes des apôtres[S 20] est appelé Jude de Jacques, que Jude soit frère de Jacques et donc le frère de Jésus appelé Jude ou qu'il soit le fils de Jacques. « Jacques frère du Seigneur » est aussi considéré comme le frère de l'auteur de l'épître de Jude dont celui-ci se réclame au début de sa lettre[S 21].

Comme cela a déjà été dit il y a consensus chez les historiens pour considérer que le frère de Jésus n'est pas Jacques le Mineur mentionné dans le seul évangile attribué à Marc[S 22] comme un des fils de Marie la femme de Clopas. Il demeure une seule question « Jacques le frère du Seigneur » est-il l'apôtre mentionné sous le nom de Jacques Alphée[S 23] dans les listes d'apôtres ?


Si ce Jacques est en retrait dans les Évangiles canoniques, comme les autres membres de la famille de Jésus, les Actes des apôtres et les lettres de saint Paul lui donnent un rôle important au sein de la communauté des disciples durant les premières décennies qui suivent la mort de Jésus.


En apparence, quatre Jacques sont cités dans les écrits néotestamentaires, dont deux Jacques parmi les listes « des douze » des trois évangiles synoptiques (Mc 3. 16-19 et ses parallèles Mt 10. 2-4 et Lc 6. 13-16, l'évangile selon Jean ne donne pas de liste, et ne cite aucun Jacques[96] :

  • Jacques, fils de Zébédée (apôtre, surnommé plus tard le Majeur), frère de Jean, qui apparaît à plusieurs reprises dans les synoptiques parmi les apôtres les plus proches de Jésus[96] : quand Jésus rassemble ses disciples : (Mc 1. 19-20 et ses parallèles Mt 4. 21-22 et Lc 5. 10), lors de la résurrection de la fille de Jaïre (Mc 5. 37 et Lc 8. 51-60), de la Transfiguration (Mc 9. 1-13, parallèles Mt 17. 1-13) et Lc 9. 28-36). Il demande avec son frère Jean à siéger à la droite et à la gauche du seigneur (Mc 10. 35-45 et Mt 20. 23), et propose à Jésus de faire tomber le feu du ciel sur des Samaritains qui refusent de les accueillir (Lc 9. 51-56). Avec Pierre, sur le mont des oliviers, ils demandent à Jésus quels seront les signes de la fin des temps (Mc 13. 3-4), et ils s'endorment pendant que Jésus fait sa dernière prière (Mc 13. 33-43). D'après les Actes des apôtres il est exécuté sur l'ordre du roi Hérode Agrippa Ier[S 24], en 43 ou 44[110].
  • Jacques le fils d'Alphée (apôtre, surnommé plus tard le Mineur), qui apparaît dans les listes des apôtres et dont on ne sait rien d'autre (cf. Mt 10, 3; Mc 3, 18; Lc 6, 13; Ac 1, 13).
  • Jacques, fils de Marie, la mère de Jacques et de Joseph, une des femmes citées dans les Évangiles de Marc et Matthieu, qui assistent à la mort de Jésus : « Parmi elles étaient Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques le Mineur [ou le Jeune] et de Joses [ou Joseph], et Salomé » (Mc 15. 40-41, sans le surnom Mt 27. 55-56 et mère de Joses sans Jacques Mc 15. 46-47). Marie, mère de Jacques, est également dans les synoptiques, une des femmes au Sépulcre Mc 16. 1,LC 24. 10,Mt 27. 61,Mt 28. 1[111]. À la confusion sur les différents Jacques s'ajoute celle sur les Marie du Nouveau Testament, car pour la scène du Calvaire l'Évangile de Jean dit : « Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala » Jn 19. 25.
  • Jacques, frère de Jésus, cité parmi les frères et sœurs de Jésus dans les évangiles de Marc et Matthieu : « N'est-ce pas le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de Joses, de Jude et de Simon ? et ses sœurs ne sont-elles pas ici parmi nous ? »[S 25]. Si ce Jacques est en retrait dans les Évangiles canoniques, comme les autres membres de la famille de Jésus, les Actes des apôtres et les lettres de saint Paul lui donnent un rôle important au sein de la communauté des disciples durant les premières décennies qui suivent la mort de Jésus.

L'auteur de l'Évangile selon Luc et des Actes, précise par ailleurs que le père d'un des douze, Jude, s'appelait également Jacques (Lc 6. 16 et Ac 1. 13. Il « est inconnu par ailleurs et la tradition [chrétienne] ne s'y est pas intéressé »[96]

Jacques, frère de Jésus[modifier | modifier le code]

Il fut un personnage important de l’Église primitive[112] qui a dirigé la première communauté chrétienne de Jérusalem.

Jacques est également cité dans l'Évangile selon Thomas, retrouvé en 1945 en Égypte. Il est mentionné ainsi au verset 12 : « Les disciples dirent à Jésus : nous savons que tu nous quitteras ; qui se fera grand sur nous ? Jésus leur dit : Au point où vous en serez, vous irez vers Jacques le Juste : Ce qui concerne le ciel et la terre lui revient ».

Selon une tradition ancienne interprétant Paul (I Co 15:7), il serait le compagnon anonyme de Cléophas qui, le soir de la Résurrection, en quittant Jérusalem fut rejoint sur la route par Jésus. Témoin de la Cène dite d'Emmaüs il fut investi, de fait, d'un rôle particulier au sein de la première assemblée.

Il était fortement ancré dans le judaïsme de son temps et restait fidèle à la loi de Moïse, s'opposant au point de vue de saint Paul qui pensait nécessaire de propager auprès des non-juifs la foi en la messianité de Jésus sans imposer l'observance de la loi de Moïse.

Flavius Josèphe (Antiquités judaïques, XX, 197-203) et Hégésippe ont rapporté deux versions de la mort de Jacques, en 62, décidée par le grand-prêtre Anan le Jeune, inflexible en matière de respect de la loi juive. Anan profita de la vacance du poste de procurateur romain pour traduire Jacques devant le Sanhédrin, l'accusant d'avoir transgressé la loi. Jacques fut condamné à la lapidation.

Il fut remplacé dans sa charge de chef de la communauté de Jérusalem par Siméon, fils de Cléophas, cousin de Jésus (Eusèbe de Césarée, 3, 11, 32).

Pour les chrétiens orthodoxes, Jacques « frère du Christ » compte au nombre des Septante disciples (Luc, X, 1).


Réponse à Helvidius[modifier | modifier le code]

Voilà comment Jérôme lisait l'évangile de Marc: ... N'est-ce pas le fils du charpentier ? (Mc 6, 3)...

Près de sa croix de Jésus, se tenaient sa mère, la sœur de sa mère 'Marie de Cléophas et Marie de Magdala alors que les versions actuelles disent:

Près de sa croix de Jésus, se tenaient sa mère, la sœur de sa mère Marie la femme de Clopas et Marie la Magdaléenne

La version de Jérôme distingue cette Marie par le nom de son père, alors que les versions actuelles donnent le nom de son époux : deux noms très proches.

Sur les hommes illustres[modifier | modifier le code]

I

SIMON PIERRE, fils de Jean, frère d'André apôtre, et prince des apôtres, naquit à Bethsaïdeen Galilée. Après avoir fondé l'Eglise d'Antioche, dont il fut l’évêque, et après avoir prêché l'Évangile aux Juifs convertis qui étaient dispersés dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l'Asie-Mineure et la Bithynie, il vint à Rome la deuxième année du règne de l'empereur Claude, pour confondre Simon-le Magicien. Il y occupa pendant vingt-cinq ans la chaire pontificale, jusqu'à la quatorzième et dernière année du règne de Néron, époque à laquelle il reçut la palme du martyre. Il fut mis en croix la tête en bas, se jugeant indigne de mourir de la même manière que son divin maître. il a écrit deux épîtres appelées catholiques : la plupart des auteurs prétendent que la seconde n'est pas de lui, parce qu'elle fait disparate avec le style de la première; mais Marc l'évangéliste, qui avait été son disciple et son interprète, la lui attribue. Les ouvrages intitulés Evangile, Prédication, Apocalypse, Jugement, Actes de Pierre sont tous les cinq rejetés comme livres apocryphes. Il fut enterré à Rome dans le Vatican, près de la voie Triomphale. Le monde entier vénère et célèbre sa mémoire.

II.

JACQUES, surnommé le juste et appelé aussi le frère du Seigneur, était selon les uns issu de Joseph par un premier mariage, ou bien, ce qui me semble plus probable, était fils de Marie, cette soeur de la mère de Jésus-Christ dont Jean parle dans son évangile. Après la Passion du Sauveur, les apôtres l'instituèrent évêque de Jérusalem. Il a écrit une seule épître qui fait partie des sept Épîtres catholiques ; on prétend même qu’elle fut publiée sous son nom par un autre auteur, quoiqu'il se soit écoulé peu de temps avant qu'elle commençât à faire autorité. Hégésippe, qui vivait dans des temps rapprochés des apôtres, parlant de Jacques dans le cinquième livre de ses commentaires, s'exprime ainsi : « Jacques, le frère du Sauveur, surnommé le juste, reçut des mains des apôtres la direction de l'Eglise de Jérusalem. Plusieurs ont porté le nom de Jacques; celui dont nous parlons fut saint pour ainsi dire avant de naître. Il ne but jamais de vin ou d'autres liqueurs spiritueuses, et ne mangea jamais de chair; jamais il ne coupa ses cheveux, et il ne connut point l'usage des parfums et des bains. Il n'était permis qu'à lui seul de pénétrer dans le sanctuaire. Ses vêtements étaient faits de lin et non de laine. Il entrait seu1 dans le temple et se prosternait devant le peuple pour prier. Ses genoux avaient fini par devenir aussi durs que la peau du chameau. » Hégésippe ajoute une foule de détails qu'il serait trop long de rapporter.

Joseph, dans le vingtième livre de ses Antiquités, et Clément dans sa septième Hypotypose, racontent qu'à la mort de Festus, gouverneur de Judée, Néron envoya Albinus pour le remplacer. Or Ananus, fils d'Ananas et issu de la famille sacerdotale, grand-prêtre quoique très jeune, prit. le temps qu'Albinus n'était pas arrivé pour assembler un conseil devant lequel il fit venir publiquement Jacques, pour le forcer à renier lé Christ, fils de Dieu. Comme ce saint homme s'y refusait, il le condamna à être lapidé. Jacques, précipité de la plate-forme du temple, se brisa les jambes dans sa chute. Alors levant les mains vers le ciel, il s'écria à demi mort: « Pardonnez-leur, mon Dieu, ils ne savent ce qu'ils font. » Un foulon l’acheva en lui assénant sur la tête un coup de levier doux il se servait pour fouler ses draps.

Le même Joseph rapporte que sa piété était si grande et si vénérée du peuple, que sa mort avait, pensait-on, attiré la ruine de Jérusalem. Paul, dans son épître aux Galates, fait mention 3 de ce saint homme. « Je n'ai vu, dit-il, aucun autre apôtre que Jacques, le frère du Seigneur. » Les Actes des apôtres le citent fréquemment. L'évangile intitulé selon les Hébreux, que j'ai traduit depuis peu en grec et en latin, et dont Origène s'est servi, ajoute le passage suivant au récit de la résurrection de Jésus-Christ : « Le Seigneur, après avoir donné son suaire au serviteur du prêtre, alla vers Jacques et lui apparut. Or Jacques, depuis qu'il avait bu dans la coupe du Sauveur, avait juré de ne plus manger de pain jusqu'à ce qu'il l'eût vu ressuscité d'entre les morts. Le Seigneur dit alors : « Apportez-moi une table et du pain; » et quand on lui eut donné ce qu'il demandait, il prit le pain, le bénit, le rompit et le donna à Jacques en lui disant : « Mon frère, mangez ce pain, parce que le fils de l'homme est ressuscité d'entre les morts. » Jacques gouverna l'Église de Jérusalem pendant trente ans, c'est-à-dire jusqu'à la septième année du règne de Néron. Il fut enterré contre le temple, dans l'endroit où il avait été précipité. Quelques auteurs ont pensé, mais à tort, qu'il avait été enseveli dans le jardin des Olives.

III.

MATHIEU, aussi nommé Lévi, était publicain avant de devenir apôtre. Il fut le premier en Judée qui mit par écrit l'Évangile de notre seigneur Jésus-Christ, et il le rédigea en hébreu à l'usage des Juifs convertis. On ne connaît pas au juste celui qui l'a traduit en grec. On en a conservé jusqu'à nos jours, dans la bibliothèque de Césarée, un exemplaire hébreu que Pamphile le martyr avait écrit avec le plus grand soin. Les chrétiens de Béroa en Syrie se servent aussi du texte hébreu, et je me le suis fait copier par eux. Toutes les fois que. l'évangéliste invoque, soit en son nom, soit au nom du Seigneur, le témoignage de l'Ancien-Testament, il recourt non point à la traduction des Septante, mais à l'original lui-même. Par exemple, ces deux prophéties : « J'ai appelé mon fils de l'Égypte; il sera appelé le Nazaréen, » sont tirées du texte hébreu.

IV.

JUDAS, frère de Jacques, a laissé une petite épître qui fait partie des sept catholiques. Il s'appuie dans cette épître du livre apocryphe d'Enoch ; c'est ce qui la fait rejeter par quelques auteurs. Toutefois le temps et l'usage lui ont assuré de l'autorité, et elle est rangée parmi les saintes Écritures.

V.

PAUL, apôtre, s'appelait Saul avant de s'adjoindre aux douze apôtres. Il était de la tribu de Benjamin et il naquit à Giscale en Judée. Cette ville ayant été prise par les Romains, il émigra à Tharse en Cilicie avec sa famille. Ses parents l'envoyèrent ensuite à Jérusalem pour y étudier les lois. Là il suivit les leçons de Gamaliel, homme très érudit dont Luc fait mention. Après avoir assisté et contribué à la mort d'Étienne, il accepta du grand-prêtre la mission de persécuter les chrétiens. Il se rendait à Damas dans ce dessein, quand il fut ramené à la foi par cette révélation dont on peut voir le récit dans les Actes des apôtres, et de persécuteur qu'il était, il devint un vase d'élection. Le premier à qui sa prédication fit embrasser 1a vraie croyance fut Paul Sergius, proconsul de Chypre; et ce dernier, reconnaissait de lui devoir sa conversion, donna son nom à l'apôtre. S'étant adjoint Barnabé, il parcourut plusieurs villes ; puis il revint à Jérusalem, où Pierre, Jacques et Jean lui conférèrent l'apostolat.

Nous ajouterons peu de choses au récit détaillé que les Actes des apôtres font de sa vie. La vingt-deuxième année après la Passion de Jésus-Christ, c'est-à-dire la deuxième du règne de Néron, à l'époque où Festus succéda à Félix dans le gouvernement de la Judée, Paul fut conduit à Rome chargé de fers. Il y resta deux ans sous la surveillance seulement d'un gardien, et il employa ce temps en controverses avec les Juifs sur l'arrivée du Messie. Il fut mis en liberté par Néron, dont la domination n'était pas affermie, et qui ne s'était pas encore livré à ces crimes effrénés que l'histoire lui reproche. Si Paul échappa à cette première persécution, ce fut pour qu'il pût prêcher l'Évangile dans les pays d'Occident, comme il le déclare lui-même dans l'épître qu'il écrivit du fond de sa prison à Timothée, Vannée de sa mort : « Lors de ma première persécution, personne ne me vint en aide, mais tous m'abandonnèrent ; que le ciel le leur pardonne ! mais le Seigneur me secourut et me rendit ma force, afin que par moi son nom fût annoncé en tous lieux et que toutes les nations l'entendissent. J'ai été délivré de la gueule du lion. » Ces der- 4 niers mots font évidemment allusion à Néron, dont ils peignent la férocité. Il ajoute plus loin « Dieu m'a délivré de toute embûche et m'a sauvé dans son céleste royaume. » On voit qu'il sentait approcher son martyre: il avait dit plus haut dans la même épître : « Je suis une victime déjà sacrifiée, et l’heure de ma mort est arrivée. »

Paul reçut le martyre le même jour que Pierre : il eut la tète tranchée à Rome, fan trente-sept de la Passion de Jésus-Christ; on l'enterra sur la voie d'Ostie. Il a laissé neuf épîtres adressées aux sept Eglises de Rome, de Corinthe, de Galatie, d'Ephèse, de Philippes, de Colosses et de Thessalonique; il en a en outre composé quatre autres pour ses disciples Timothée, Tite et Philémon. Quant à l'épître aux Hébreux, l'authenticité en est contestée à cause de la discordance du style et des idées. Tertullien l'attribue à Barnabé; suivant d'autres, elle serait l'ouvrage de Luc l'évangéliste, ou bien de Clément, depuis évêque de Rome, qui passe pour s'être approprié les pensées de Paul et les avoir mises en ordre et revêtues de son style. On peut supposer encore que Paul est l'auteur de cette épître, et qu'il a retranché au commencement la formule de salut à cause de la haine que les Juifs avaient vouée à son nom. Hébreu lui-même et écrivant à des Hébreux, il employa la langue nationale avec tant d'élégance que les beautés de l'original passèrent dans la traduction grecque. Voilà d'où provient la différence qui semble exister entre cette épître et les antres ouvrages de Paul. Quelques auteurs ont mis sous son nom une épître aux Laodicéens, mais elle est généralement rejetée.

VI.

BARNABÉ, nommé d'abord Joseph, était de la tribu de Lévi et natif de Chypre. Il fut créé apôtre des gentils avec Paul, et écrivit en faveur de l'établissement de l'Eglise une épître qui est rangée au nombre des livres apocryphes. Après s'être séparé de Paul pour suivre le disciple Jean-Marc, il n'en remplit pas moins la mission qui lui était imposée de prêcher l'Evangile.

VII.

Luc, médecin d'Antioche, comme l'indiquent ses ouvrages, était très versé dans la littérature grecque. Disciple de Paul, il l'accompagna dans tous ses voyages. Il a publié l'évangile qui lui a valu cet éloge de ce grand apôtre : « Nous envoyons le frère que la publication de son évangile a couvert de gloire, et dont le nom est célèbre dans toutes les Eglises. » Dans l’épître aux Colossiens Paul s'exprime ainsi : « Luc, le médecin bien-aimé, vous salue; » et dans celle à Timothée : « Luc est seul avec moi. » Ce dernier a encore composé un excellent ouvrage intitulé Actes des apôtres. Cette relation historique va jusqu'au séjour de Paul à Rome, c'est-à-dire à la quatrième année du règne de Néron. On peut conjecturer par là que l’ouvrage a été écrit dans cette ville.

Nous rejetons parmi les livres apocryphes les Voyages de Paul et de Thécla et toute la fable du Baptême du Lion; car comment se pourrait-il qu'unique compagnon de l’apôtre, Luc eût ignoré cette particularité parmi ses autres aventures ? Tertullien, voisin de ces temps, prétend qu un prêtre d'Asie, ayant été convaincu par Jean d'être l'auteur de ce livre et ayant avoué qu'il l’avait fait par amour pour Paul, fut chassé de son Eglise.

Quelques auteurs pensent que, toutes les fois que Paul se sert dans ses épîtres de ces expressions: « suivant mon évangile, » il entend parler de l'ouvragé de Luc; et que c'est non-seulement de Paul, qui n'avait pas vécu avec le Seigneur, mais encore des autres apôtres que l'évangéliste tient les faits qu'il raconte. Il le déclare lui-même en ces termes au commencement de son livre : « Ces choses nous ont été transmises par ceux qui les avaient vues dans le principe, et qui furent les ministres de la parole. » Il écrivit donc l'évangile d'après ce qu'il avait entendu; mais quant aux Actes des apôtres, il les rédigea d'après ce qu'il avait vu. Son tombeau est à Constantinople, où ses os furent transportés avec les reliques de l'apôtre André, la vingtième année du règne de Constantin.

VIII.

MARC, disciple et interprète de Pierre, écrivit, à la demande de ses frères de Rome, un évangile résumé d'après ce qu'il avait recueil. li de la bouche de Pierre lui-même. Cet apôtre l'ayant lu, l'approuva, le fit publier, et ordonna qu'il fût lu dans les églises. Ces faits son attestés par Clément dans le sixième livre de ses Hypotyposes. Pappias, évêque d'Hiéropolis, a fait mention de Marc, et Pierre, dans première épître, s'exprime ainsi : « Vos confrères de Babylone et Marc, mon fils chéri 5 vous saluent. » Par le mot de Babylone il désigne figurément l'Eglise de Rome. Marc alla ensuite en Egypte, emportant avec lui l'évangile qu'il avait rédigé. Il commença par prêcher la religion chrétienne à Alexandrie, y fonda une Eglise, et obtint tant d'influence par sa science et par la pureté de ses moeurs que les sectateurs de Jésus-Christ le prirent pour modèle. Comme les membres de cette première Eglise suivaient encore quelques pratiques judaïques, Philon, le plus grand des écrivains juifs, composa un traité sur le genre de vie des néophytes d'Alexandrie, croyant faire le panégyrique de sa nation. Les chrétiens de Jérusalem mettaient, au rapport de Luc, tous leurs biens en commun: Philon prétend qu'il en était de même à Alexandrie sous les enseignements de Marc. Cet évangéliste mourut la huitième année du règne de Néron, et fut enterré dans cette ville. Il eut, pour successeur Anianus.

IX.

JEAN, l'apôtre que Jésus-Christ aimait le plus, était fils de Zébédée et frère de Jacques, apôtre, à qui Hérode fit trancher la tête après la Passion du Seigneur. A la demande des évêques d'Asie, il écrivit le dernier son évangile, pour combattre Cerinthus et la secte naissante des ébionites, qui soutenait que le Christ n'existait pas avant Marie. Ce fut le motif qui le détermina à proclamer hautement la naissance divine du Sauveur. Quelques auteurs expliquent différemment la cause de cet ouvrage : selon eux, Jean, ayant lu les trois évangiles de Mathieu, de Marc et de Luc, approuva le fond de leur récit et reconnut qu'ils avaient toujours respecté la vérité; mais il observa qu'ils n'avaient guère relaté que les faits accomplis l’année de la Passion de Jésus-Christ, c'est-à-dire postérieurement à l'emprisonnement de Jean-Baptiste. Quant à lui, omettant l'année dont ses trois prédécesseurs avaient fait l'histoire, il s’attacha surtout à raconter les événements antérieurs à l'emprisonnement de Jean le précurseur. On peut s'en convaincre en lisant attentivement les quatre évangiles. Cette explication sauvé les discordances qui existent entre Jean et les autres évangélistes. Cet apôtre a aussi écrit une épître qui commence ainsi: « La parole de vie qui fut dès le commencement, que nous avons ouïe, que nous avons contemplée, que nous avons vue de nos yeux et touchée de nos mains. » Cet ouvrage est reconnu par toutes les Eglises et par tous les gens instruits. Quant aux deux autres épîtres qui commencent, la première par ces mots: « L'ancien à la femme élue et à ses fils, » et la seconde par ceux-ci: « L'ancien à son cher et bien-aimé Caïus, » on les attribue au prêtre Jean, dont on voit encore le tombeau à Ephèse. Plusieurs savants ont prétendu que ce tombeau était un double monument élevé à la mémoire de ce dernier et à celle de Jean l'évangéliste : nous examinerons ce point quand nous en serons arrivés à Pappias, son disciple. La persécution commencée par Néron ayant été renouvelée la quatorzième année du règne de Domitien, Jean fut relégué dans l'île de Pathmos, et il v écrivit son Apocalypse, qui fut commenté depuis par Justin le martyr et par Irénée A la mort de Domitien, le sénat annula, a cause de leur excessive cruauté, les actes qui émanaient du tyran.

Jean revint sous Nerva à Ephèse, où il demeura jusqu'au règne de Trajan. Il employa ce temps à fonder et à diriger les Eglises d'Asie. Ce saint apôtre mourut, accablé de vieillesse, l'an 78 après la Passion de Jésus-Christ, et fut enterré près d'Ephèse.

X.

HERMAN, dont Paul a fait mention en ces termes dans son épître aux Romains: « Saluez Herman, Patrobe, Phlégon et les frères qui sont avec eux, » passe pour être l'auteur du livre intitulé le Pasteur, qui se lit publiquement dans quelques Eglises grecques. Cet ouvrage est en effet rempli d'enseignements utiles, et plusieurs anciens écrivains en ont invoqué le témoignage. Il est resté presque inconnu aux Latins.

XI.

PHILON le Juif était issu de la race sacerdotale et natif d'Alexandrie. Nous le rangeons su nombre des écrivains ecclésiastiques parce que, dans son livre sur la première Eglise d'Alexandrie fondée par Marc l'évangéliste, il fait l'éloge de nos frères. Il atteste que les chrétiens remplissaient non-seulement cette ville, mais qu'ils étaient encore répandus dans plusieurs provinces et qu'ils habitaient les monastères. Le même ouvrage nous apprend encore que ces fidèles menaient primitivement un genre de vie semblable à celui auquel les moines aspirent de nos jours : ils ne possédaient 6 rien en propre; parmi eux point de riches, point de pauvres; les biens se distribuaient aux indigents; leur temps était consacré à la prière et aux chants des Psaumes; ils ne s'attachaient qu'à acquérir de la science et à vivre purement. Ils étaient tels, en un mot, que Luc nous dépeint les premiers chrétiens de Jérusalem.

On a dit qu'ayant été envoyé par sa nation en ambassade près de Caligula, il courut beaucoup de dangers à Rome. Il fit un second voyage dans cette ville sous le règne de Claude, et il y connut l’apôtre Pierre, dont il gagna l’amitié. C'est ce qui l'engagea à faire, de retour à Alexandrie, l'apologie des sectateurs de Marc, disciple lui-même de Pierre.

Il a laissé de nombreux et remarquables ouvrages dont voici les titres : Sur les cinq livres de Moise; De la confusion des langues; De la nature et de l'art, un livre; Des craintes et des aversions instinctives, un livre; De l'érudition, un livre; De l'héritage des choses divines, un livre; De la séparation des semblables et des contraires, un livre; Des trois vertus, un livre; Examen des raisons pour lesquelles plusieurs personnages ont changé de nom dans tes saintes Ecritures, un livre; Des pactes, deux livres; La vie du sage, un livre; Sur les géants, un livre; Les songes nous sont envoyés par Dieu, traité en cinq livres; Questions et solutions sur l'Exode, cinq livres; Sur le Tabernacle et le Décalogue, quatre livres; Des victimes et des réprouvés ; De la Providence ; Sur la nation juive ; Sur les usages de la vie, Sur Alexandre; Traité sur l’intelligence des animaux; La perte de la sagesse entraîne celle de la liberté; un traité sur la vie des hommes apostoliques, ouvrage dont nous -avons déjà parlé et qui est intitulé: Vie contemplative des suppliants (il nous peint ces saints personnages toujours en prières et en contemplation des choses célestes) ; De l'agriculture; De l'ivresse. Ces deux derniers ouvrages n'ont pas été publiés sous ces titres. Il existe encore plusieurs autres productions du génie de Philon que nous n'avons pas entre les mains. Les Grecs disent proverbialement en parlant de lui: «Ou Platon philonise, ou Philon platonise; » jeu de mots qui exprime la parfaite conformité que ces deux grands écrivains ont entre eux sous le rapport du style et des idées,

Jacques dans les évangiles canoniques[modifier | modifier le code]

Un Apôtre[modifier | modifier le code]

Pour savoir si Jacques le frère du Seigneur est l'apôtre Jacques Alphée le débat se concentre sur une que Paul de Tarse écrit dans son épître aux Galates (1, 19)[97].

Dans son Épître aux Galates | Ga 1. 19, Paul de Tarse signale que Jacques est un apôtre, ce qui explique l'identification parfois proposée avec Jacques fils d'Alphée[réf. souhaitée].


Paul, dans Ga 2. 9, décrit Jacques ainsi : « ... Jacques, Cephas, et Jean, qui apparaissaient comme des piliers... ». Il est décrit dans le Nouveau Testament comme un « frère de Jésus » et « dans la liturgie de saint Jacques, le frère de Jésus est élevé à la dignité du frère de Dieu lui-même (Adelphotheos) » (Philip Schaff : History of the Christian Church, chapitre 4, section 29). Jacques est cité par Matthieu | Mt 13. 55, par Marc | Mc 6. 3 et Mc 15. 40, par l'Épître de Jude (1), par Flavius Josèphe.

Rapport avec son frère célèbre[modifier | modifier le code]

La conception traditionnelle des relations entre Jésus et ses frères, basée sur l'interprétation des évangiles canoniques apparaît sujette à caution. « L'Évangile des Hébreux et l'Évangile selon Thomas suggèrent une version alternative selon laquelle Jacques aurait été un disciple de Jésus avant la crucifixion[113]. »

L'épître de Jacques[modifier | modifier le code]

L'auteur de cette épître faisant partie du Nouveau Testament se présente comme « Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus Christ »[114]. Elle est traditionnellement attribué à Jacques le Juste, bien qu'il soit difficile de savoir si cette lettre est de lui ou si elle a été écrite par un de ses disciples. Une partie non-négligeable de la critique estime que ce texte est pseudépigraphe et pourrait être antérieure aux années 90. Cette question est débattue. Tout comme son frère Jude dans son épître, Jacques se présente comme « serviteur du Seigneur Jésus Christ » sans revendiquer être son frère. Il s'agit probablement de marquer la différence avec Jésus qui lui est Fils de Dieu. Toutefois, malgré sa modestie apparente, l'expression « Jacques, serviteur de Dieu » désigne dans la Bible hébraïque, des personnages considérables[114].

L'épître s'adresse « aux douze tribus de la dispersion », ce qui lui vaut le classement parmi les épîtres catholiques (épîtres universelles), c'est-à-dire une épître qui ne s'adresse pas à une personne ou une communauté particulière.

un auteur cultivé
malheur aux riches
Jacques et la Loi
Jacques et Paul
Un témoignage judéo-chrétien

Jacob l'hérétique[modifier | modifier le code]

Dans le Talmud un personnage appelé Jacob le min (Jacques l'hérétique) ou Jacob de Kfar Sikhnaya est identifié par plusieurs auteurs comme étant Jacques le Juste[115]. Il est tour à tour présenté comme un guérisseur et un missionnaire qui agit au nom de Jésus de Nazareth[116], mais aussi comme un polémiste[117]. « Dans un cas comme dans l'autre, il ne fait que se conduire comme un missionnaire chrétien utilisant toutes ses capacités[117]. » Le fait que Jésus a donné autorité à ses disciples pour soigner les maladies et que ses premiers disciples ont guéri des malades en son nom est en effet bien connu[118]. Mis à part Jacob de Kfar Sikhnaya, les personnages qui s'affrontent dans ces passages parallèles du Talmud « sont assez connus: rabbi Elazar ben Dama est le neveu de rabbi Ishmaël, un contemporain de rabbi Aqiba[119]. » Rabbi Eliézer ben Hyrcanos « est un personnage très connu dans la littérature rabbinique[120]. » C'est un élève de rabbi Yoḥanan ben Zakkaï (mort vers 75), il aurait donc pu connaître Jacques « frère du Seigneur » (mort en 62), « puisqu'il était encore jeune lors de la révolte de 66-73[121]. » Sa comparution devant la justice romaine pourrait s'être déroulée sous le règne de Trajan[121] ou lors de la répression ayant eu lieu sous Domitien[122] (vers 95). Toutefois Simon Claude Mimouni, tout comme François Blanchetière, estiment qu'on « doit se résoudre à laisser [Jacob l'hérétique] dans un certain anonymat[123] » car « l'identifier à « Jacques frère du Seigneur » est sans doute trop déduire de prémices imprécises[124]. »

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • Épître de Jacques : bien que publiée dans les années 80 et 90, celle-ci aurait été rédigée selon ses indications et avec son approbation (c'est une des hypothèses débattues sur l'auteur de l'épître).

Culte[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Jésus citations[modifier | modifier le code]

« Plus les chercheurs s'interrogent, plus ils s'aperçoivent que l'on sait peu de l'homme qui a été à l'origine du christianisme[125]. »

Mimouni Maraval dénoncent comme une illusion le fait « de penser pouvoir reconstruire la biographie de Jésus - peine perdue puisque le scénario évangélique est une construction des années 60, due à l'évangéliste Marc, à laquelle Matthieu, Luc et Jean apporteront chacun, dans les années 75-95, leurs variantes[126]. »

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Polythéiste
  2. Selon Simon Claude Mimouni, on admet en général que ce décret a été émis après la réunion de Jérusalem en l'absence de Paul qui paraît l'ignorer (1Co 8. 10) et n'en apprendre son existence que par Jacques lors de son dernier voyage à Jérusalem en 58 (Ac 21. 25). Cfr. Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Paris, Albin Michel, 2004, p. 135.
  3. « Nous vous avons donc envoyé Judas Barsabbas et Silas, qui vous transmettront de vive voix le même message (Nouveau Testament, Actes des Apôtres) ».
  4. Dans les évangiles, les frères Jacques et Jean fils de Zébédée sont souvent associés et agissent souvent ensemble, ce qui facilite l'identification de Jacques de Zébédée. Il est en général admis que c'est de lui dans différents épisodes évangéliques: quand Jésus rassemble ses disciples (Mc 1. 19-20 et ses parallèles Mt 4. 21-22 et Lc 5. 10) ; lors de la résurrection de la fille de Jaïre (Mc 5. 37 et Lc 8. 51-60) ; de la Transfiguration (Mc 9. 1-13, parallèles Mt 17. 1-13) et Lc 9. 28-36). Il demande avec son frère Jean à siéger à la droite et à la gauche du seigneur (Mc 10. 35-45 et Mt 20. 23), et propose à Jésus de faire tomber le feu du ciel sur des Samaritains qui refusent de les accueillir (Lc 9. 51-56). Avec Pierre, sur le mont des oliviers, ils demandent à Jésus quels seront les signes de la fin des temps (Mc 13. 3-4), et ils s'endorment pendant que Jésus fait sa dernière prière (Mc 13. 33-43).
  5. L'exécution de Jacques de Zébédée est souvent située en 43-44, dernière année du règne du roi Hérode Agrippa Ier (cf. Paul-Hubert Poirier, Jacques, le frère de Jésus, dans trois livres récents, in Laval théologique et philosophique, vol.56, n°3, 2000, p. 531-541 en ligne). Il convient d'être prudent sur cette datation, car cette partie des Actes des apôtres est particulièrement confuse et contient des épisodes qui semblent racontés deux fois. De plus, au moins un passage a été déplacé. Enfin, le discours de Gamaliel l'Ancien situé dans le récit bien avant la mort d'Agrippa Ier, raconte la mort de Theudas qui a eu lieu alors que le procurateur de Judée est Tiberius Julius Alexander, c'est-à-dire en 46-48.
  6. a et b Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées évêque
  7. Dans les évangiles, les frères Jacques et Jean fils de Zébédée sont souvent associés et agissent souvent ensemble, ce qui facilite l'identification de Jacques de Zébédée. Il est en général admis que c'est de lui dans différents épisodes évangéliques: quand Jésus rassemble ses disciples (Mc 1. 19-20 et ses parallèles Mt 4. 21-22 et Lc 5. 10) ; lors de la résurrection de la fille de Jaïre (Mc 5. 37 et Lc 8. 51-60) ; de la Transfiguration (Mc 9. 1-13, parallèles Mt 17. 1-13) et Lc 9. 28-36). Il demande avec son frère Jean à siéger à la droite et à la gauche du seigneur (Mc 10. 35-45 et Mt 20. 23), et propose à Jésus de faire tomber le feu du ciel sur des Samaritains qui refusent de les accueillir (Lc 9. 51-56). Avec Pierre, sur le mont des oliviers, ils demandent à Jésus quels seront les signes de la fin des temps (Mc 13. 3-4), et ils s'endorment pendant que Jésus fait sa dernière prière (Mc 13. 33-43).
  8. L'exécution de Jacques de Zébédée est souvent située en 43-44, dernière année du règne du roi Hérode Agrippa Ier (cf. Paul-Hubert Poirier, Jacques, le frère de Jésus, dans trois livres récents, in Laval théologique et philosophique, vol.56, n°3, 2000, p. 531-541 en ligne). Il convient d'être prudent sur cette datation, car cette partie des Actes des apôtres est particulièrement confuse et contient des épisodes qui semblent racontés deux fois. De plus, au moins un passage a été déplacé. Enfin, le discours de Gamaliel l'Ancien situé dans le récit bien avant la mort d'Agrippa Ier, raconte la mort de Theudas qui a eu lieu alors que le procurateur de Judée est Tiberius Julius Alexander, c'est-à-dire en 46-48.

Sources antiques[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Collectif, Écrits apocryphes chrétiens, Pierre Geoltrain (Dir.), Bibliothèque de la Pléiade, Reconnaissances, I, 70s, Tome II, 1997, p. 1680.
  2. Collectif, Écrits apocryphes chrétiens, Pierre Geoltrain (Dir.), Bibliothèque de la Pléiade, Reconnaissances, I, 71s, Tome II, 1997, p. 1681.
  3. Robert Eisenman, James the Brother of Jesus And The Dead Sea Scrolls, tome II, éd. GDP, Nashville, 2012, Introduction p. XIX.
  4. Collectif, Écrits apocryphes chrétiens, Pierre Geoltrain (Dir.), Bibliothèque de la Pléiade, Reconnaissances, I, 72s, Tome II, 1997, p. 1681-1682.
  5. Hégésippe de Jérusalem, cité par Étienne Nodet, Jacques le juste et son épître, p. 7.
  6. Clément d’Alexandrie, Hypotypos, VII ; cité par Reza Aslan, Le Zélote, § 15 : Le Juste.
  7. Gerd LÜDEMANN, Opposition to Paul in Jewish Christianity, Minneapolis, Fortress Press, 1989, p. 162-164 juge que « avec les apôtres » est une glose d’Eusèbe, mais elle ne coïncide pas avec le résumé qu’il a donné juste auparavant, où Jacques est élu évêque de Jérusalem (cf. ci-après).
  8. Cette conclusion fut développée plus tard par Jérôme (Adv. Helvidium), qui s’efforça de reconstruire une généalogie des « frères » de Jésus, compris comme « cousins ».
  9. Étienne Nodet, Jacques le juste et son épître, p. 9.
  10. R. Gamaliel II, le principal fondateur du judaïsme rabbinique après 70, ne craignait pas d’utiliser une piscine d’eau courante proche d’une statue d’Aphrodite (m.Ab Zara 3:4).
  11. Selon l’addition du slavon (cf. n. 24) à G 2:167, Jean-Baptiste s’abstenait aussi de toute viande.
  12. Cf. Joseph VERHEYDEN, « The Flight of the Christians to Pella », EThLa 66 (1990), p. 368-384.
  13. Une autre interprétation d’Oblias comme « rempart du peuple » est d’y voir une déformation de M(lp(« tumulus du peuple », cf. Hans-J. SCHOEPS, « Jacobus O DIKAIOS KAI OBLIAS. Neuer Lösungsvorschlag in einer schwierigen Frage », dans : Aus frühchristlicher Zeit. Religions- geschichtliche Untersuchungen, Tübingen, 1950, p. 120-125. On pourrait admettre une allusion à Is32,14 TM sur la destruction de l’Ophel (ville de David), mais c’est peu précis, et l’importantecorrection proposée sur l’hébreu est plus improbable qu’une petite altération du grec.
  14. Ce texte n’est connu que par un ms. duVIIe siècle, publié en 1855, cf. Robert E. VAN VOORST, Jesus Outside the New Testament , Grand Rapids, Eerdmans, 2000, p. 53-58.
  15. Signalé par George W. BUCHANAN, « The Priestly Teacher of Righteousness », RQ 6 (1969), p.553-558.
  16. Cf. Jean STARCKY, « Les Maîtres de Justice et la chronologie de Qumrân », dans : Mathias DELCOR (éd.), Qumrân. Sa piété, sa théologie et son milieu (BETL, 46), Paris-Gembloux, Duculot,1978, p. 249-256.
  17. Il en est de même en Dn 11,30, où les Kittim sont les Romains, vus favorablement. En 1 M 1,1le même terme désigne les Grecs comme ennemis (alors que 1 M 8,1-16 fait l’éloge des institutions romaines).
  18. La formule est légèrement différente (qdc hrwy), mais à la ligne précédente se trouve une erreur (corrigée par le même scribe), où sont confondues les formes hrwm et hrwy, ce qui suggère qu’elles sont de sens très voisin. Cf. Jean STARCKY, « Les quatre étapes du messianisme à Qumrân », RB 70(1963), p. 481-505.
  19. Sans lien avec Sadoq, on peut signaler aussi l’importance que 11QMelch donne à Melchisédech,le prêtre sans généalogie qui précède l’alliance de la circoncision avec Abraham.
  20. Daniel R. SCHWARTZ, « On Two Aspects of a Priestly View of Descent at Qumran », dans :Lawrence H. SCHIFFMAN, Archaeology and History in the Dead Sea Scrolls, Sheffield AcademicPress, 1990, p. 157-179, juge au contraire que la généalogie prime : le prosélyte reste indéfiniment séparé, n’étant pas d’origine juive ; de même, juge-t-il, prêtres et lévites ont leur identité par naissance. Il n’envisage pas que rg puisse désigner un état temporaire, et que les trois autres états puissent être acquis.
  21. L’hypothèse, lancée à la suite de R. EISLER (cf. n. 23) par Robert EISENMAN, Maccabees, Zadokites, Christians and Qumran : A New Hypothesi, Leiden, Brill, 1983, est reprise et développée dans ID., James the Brother of Jesus. The Key to Unlocking the Secrets of EarlyChristianity and the Dead Sea Scrolls, New York, Penguin Books, 1996. Elle est reprise ici, dans lecadre d’une argumentation différente, mais on le suit pour le rapprochement qu’il opère entre les témoignages sur Jacques de Josèphe et Hégésippe.
  22. Souvent compris « jusqu’à ce qu’il vienne et fasse pleuvoir la justice (qdc hrwy) », à cause de Jl2,23 « Car il vous a donné la pluie pour justice (hqdcl hrwmh) », qu’on peut comprendre aussi « le maître pour la justice », cf. Cecil ROTH, « The Teacher of Righteousness and the Prophecy of Joel », VT 13 (1963), p. 91-95.
  23. Cf. Joseph A TWILL & Steve BRAUNHEIM, « Redating the Radiocarbon Dating of the Dead SeaScrolls », Dead Sea Discoveries 11 (2004), p. 143-157, qui discutent les résultats de A. Tim JULL, Douglas DONAHUE, Magen BROSHI & Emanuel TOV, « Radiocarbon Dating of Scrolls and LinenFragments from the Judean Desert », Atiqot (Eng.) 28 (1996), p. 85-91.
  24. Cf. Étienne NODET, La crise maccabéenne, Paris, Éd. du Cerf, 2005, p. 243-254 et 272-289. Iln’y a aucune raison de rapprocher esséniens des assidéens de 1 M 2,42 ; 7,13. Il est plus efficace desuivre G. VERMES, qui propose de dériver le nom « essénien » de l’araméen )ys) « guérisseurs », cequi permet de les apparenter aux thérapeutes décrits par Philon, cf. Étienne NODET, « De Josué à Jésus, via Qumrân et le “pain quotidien” », RB 114 (2007), p. 208-236.
  25. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 23-46.
  26. a b c et d Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 17.
  27. a b et c Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 14.
  28. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques XX, § 197-203.
  29. Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, II, 1, 4-5 et II, 23, 4-18.
  30. Ascensions de Jacques, Littérature pseudo-clémentine, Reconnaissances pseudo-clémentines, I, 70, 1-8 ; 71, 1.
  31. a b c d e f g h i j k l et m Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Paris, Albin Michel, 2004, p. 137 Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Mimouni137 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  32. a b c d e f g et h Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 16.
  33. François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 257.
  34. a b et c Simon Claude Mimouni, La tradition des évêques chrétiens d'origine juive de Jérusalem, in Studia patristica vol. XL, publié par Frances Margaret Young, Mark J. Edwards, Paul M. Parvis, éd. Peeters, Louvain, 2006, p. 448. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Mimouni_Évêques_448 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  35. a b c d e f g et h Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 339.
  36. a et b Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 340.
  37. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 341.
  38. a et b François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 187.
  39. a et b Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 275.
  40. a b et c Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 276.
  41. Simon Claude Mimouni, La tradition des évêques chrétiens d'origine juive de Jérusalem], in Studia patristica vol. XL, publié par Frances Margaret Young, Mark J. Edwards, Paul M. Parvis, éd. Peeters, Louvain, 2006, p. 448-451.
  42. a b et c Simon Claude Mimouni, La tradition des évêques chrétiens d'origine juive de Jérusalem, in Studia patristica vol. XL, publié par Frances Margaret Young, Mark J. Edwards, Paul M. Parvis, éd. Peeters, Louvain, 2006, p. 454.
  43. Simon Claude Mimouni, La tradition des évêques chrétiens d'origine juive de Jérusalem, in Studia patristica vol. XL, publié par Frances Margaret Young, Mark J. Edwards, Paul M. Parvis, éd. Peeters, Louvain, 2006, p. 454-455.
  44. a b c et d Simon Claude Mimouni, La tradition des évêques chrétiens d'origine juive de Jérusalem, in Studia patristica vol. XL, publié par Frances Margaret Young, Mark J. Edwards, Paul M. Parvis, éd. Peeters, Louvain, 2006, p. 455.
  45. a b c d e f g et h Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 15.
  46. a b et c François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, éd. du Cerf, 2001, Paris, p. 195.
  47. Simon Claude Mimouni, La tradition des évêques chrétiens d'origine juive de Jérusalem], in Studia patristica vol. XL, publié par Frances Margaret Young, Mark J. Edwards, Paul M. Parvis, éd. Peeters, Louvain, 2006, p. 451.
  48. a et b Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 251.
  49. a et b Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 252.
  50. a et b François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, éd. du Cerf, 2001, Paris, p. 196.
  51. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 253.
  52. François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, éd. du Cerf, 2001, Paris, p. 195-196.
  53. a b c d e f et g Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 18.
  54. Burnett Hillman Streeter, The Primitive Church, Londres, Mac-Millan, 1929, p. 39, cité par Pierre-Antoine Bernheim, op. cit., p. 18.
  55. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 20.
  56. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Mimouni Christianisme Constantin
  57. a et b Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Paris, Albin Michel, 2004, p. 133.
  58. Voir supra, « Nazôréens du IVe siècle héritiers des nazôréens du Ier siècle ? »
  59. a et b Simon Claude Mimouni, La tradition des évêques chrétiens d'origine juive de Jérusalem, in Studia patristica vol. XL, publié par Frances Margaret Young, Mark J. Edwards, Paul M. Parvis, éd. Peeters, Louvain, 2006, p. 462.
  60. Simon Claude Mimouni, La tradition des évêques chrétiens d'origine juive de Jérusalem, in Studia patristica vol. XL, publié par Frances Margaret Young, Mark J. Edwards, Paul M. Parvis, éd. Peeters, Louvain, 2006, p. 464.
  61. Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Paris, Albin Michel, 2004, p. 133-134.
  62. a et b Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Mimouni134
  63. a b et c Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Paris, Albin Michel, 2004, p. 134-135.
  64. a et b Nouveau Testament, Épître aux Galates (Ga ).
  65. a b c et d Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Paris, Albin Michel, 2004, p. 135
  66. Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Paris, Albin Michel, 2004, p. 135-136.
  67. a b et c Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Paris, Albin Michel, 2004, p. 136. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Mimouni136 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  68. Bernheim 2003, p. 336.
  69. Bernheim 2003, p. 324.
  70. Bernheim 2003, p. 337.
  71. a b et c Mimouni 2004, p. 138.
  72. Bernheim 2003, p. 13.
  73. (en) Robert Eisenman, James the Just in the Habakkuk Pesher, p. 14, note n° 32.
  74. a b c et d Bernheim 2003, p. 328.
  75. Origène, Contre Celse, (I, 47), cité par Pierre-Antoine Bernheim, op. cit., p. 328.
  76. Eisenman 2012 vol. I, p. 135.
  77. Jacques de Voragine, La Légende dorée, Notice sur saint Jacques, Apôtre, Volume 1, 1967, Paris, Garnier-Flamarion, p. 336.
  78. Bernheim 2003, p. 329.
  79. a b c et d Étienne Nodet, Jacques le juste et son épître, p. 11.
  80. a b et c Eisenman 2012 vol. I, p. 83.
  81. a et b Translittéré de l'hébreu.
  82. a b c et d Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 23-24.
  83. Dans le début des années 50, Paul de Tarse écrtit « je n'ai pas vu d'autres apôtres, si ce n'est Jacques le frère du Seigneur », Nouveau Testament, épître aux Galates 1, 19.
  84. a b et c Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 24.
  85. a b c d et e Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 25.
  86. Marc 6, 1-6.
  87. a b c et d Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 26.
  88. Simon Claude Mimouni, La tradition des évêques chrétiens d'origine juive de Jérusalem, in Studia patristica vol. XL, publié par Frances Margaret Young, Mark J. Edwards, Paul M. Parvis, éd. Peeters, Louvain, 2006, p. 450.
  89. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 10.
  90. a b et c Gérard Mordillat et Jérôme Prieur, Jésus après Jésus, Éditions du Seuil, mars 2004, pages 59-60, (ISBN 2020512491).
  91. a et b Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 34.
  92. a b c d e f g h i et j Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 35.
  93. cf. Eusèbe de Césarée (Hist. eccl. 3, 11) qui cite Hégésippe : « Tous, d'une seule pensée, décidèrent que Siméon, fils de Clopas, qui est mentionné dans le livre de l'Évangile, était digne du siège de cette Église : il était, dit-on, cousin du Sauveur. Hégésippe raconte en effet que Clopas était le frère de Joseph. »
  94. a b c d e et f Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 38.
  95. a b c et d Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 23.
  96. a b c d et e André Benoit, « Les personnages de l'Évangile nommé Jacques » in Aux origines du christianisme, textes présentés par Pierre Geoltrain, Gallimard et Le Monde de la Bible, coll. Folio/Histoire, 2000, pp. 246-250
  97. a et b Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 36.
  98. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 36 et 39.
  99. a et b Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 39.
  100. La liste d'apôtres de l'évangile attribué à Luc intervertit Simon et Jude et écrit donc : « Jacques d'Alphée, Simon appelé le Zélote, Judas de Jacques (Lc 6:15-16) ».
  101. a b c d et e Robert Eisenman, James the Brother of Jesus: The Key to Unlocking the Secrets of Early Christianity and the Dead Sea Scrolls, éd. GDP, Nashville, 2012, p. 376-388.
  102. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 285.
  103. En particulier Von Campenhausen, cité par François Blanchetière, op. cit., p. 204-205.
  104. François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 205.
  105. a b c d e et f Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 353.
  106. a b c et d Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 354.
  107. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 354-355.
  108. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 355.
  109. cf. Eusèbe de Césarée (Hist. eccl. 3, 11) qui cite Hégésippe : « Tous, d'une seule pensée, décidèrent que Siméon, fils de Clopas, qui est mentionné dans le livre de l'Évangile, était digne du siège de cette Église : il était, dit-on, cousin du Sauveur. Hégésippe raconte en effet que Clopas était le frère de Joseph. »
  110. Paul-Hubert Poirier, Jacques, le frère de Jésus, dans trois livres récents, in Laval théologique et philosophique, vol.56, n°3, 2000, pp. 531-541 en ligne
  111. Dans ces deux derniers passages, elle est appelée « l'autre Marie » en référence à Mt 27,56.
  112. André Lemaire, Jacques et les chrétiens de Jérusalem in Les premiers temps de l'Église, Folio histoire, Gallimard, 2004
  113. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 135.
  114. a et b Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 293.
  115. François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, éd. du Cerf, Paris, 2001, p. 199.
  116. Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 117.
  117. a et b Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 103.
  118. Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 107.
  119. Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 105.
  120. Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 114-115.
  121. a et b François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, éd. du Cerf, Paris, 2001, p. 200.
  122. Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 115.
  123. Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 102.
  124. François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, éd. du Cerf, Paris, 2001, p. 201.
  125. Simon Claude Mimouni, Pierre Maraval, Le christianisme des origines à Constantin, p. 47.
  126. Simon Claude Mimouni, Pierre Maraval, Le christianisme des origines à Constantin, p. 49.