Jean-Pierre Jaussaud

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Jean-Pierre Jaussaud
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Jean-Pierre Jaussaud lors du Caen Rétro Festival 2009.
Biographie
Surnom Papy Jaussaud
Date de naissance (86 ans)
Lieu de naissance Caen (Calvados)
Nationalité Drapeau de la France France

Carrière
Qualité Pilote automobile

L'Alpine Renault A442 B avec laquelle Didier Pironi et Jean-Pierre Jaussaud ont remporté les 24 Heures du Mans 1978.
L'Alpine Renault A442 B pilotée par René Arnoux au Festival de Goodwood en 2014.
La Rondeau M379B avec laquelle Jean Rondeau et Jean-Pierre Jaussaud ont remporté les 24 Heures du Mans 1980.

Jean-Pierre Jaussaud, né le à Caen, est un pilote automobile français. Il a notamment remporté à deux reprises les 24 heures du Mans, la première, en 1978 avec Didier Pironi, au volant d’une Renault Alpine A442. La seconde victoire remonte à 1980, avec Jean Rondeau et la Rondeau M379.

Biographie

Jean-Pierre Jaussaud, fils d'un épicier caennais (directeur de l'entreprise Dumond-Jaussaud, négociant en vin et épicier en gros), a eu très vite le virus de la conduite. Il devait avoir 10 ans quand il a commencé à conduire sur la Citroën 5 CV "Trèfle" de son père, celui-ci lui apprenant à conduire très jeune sur les pistes de l'aéroport de Caen-Carpiquet. Dans les années 1950, le circuit de la Prairie à Caen avait une belle renommée. Les bolides et des pilotes prestigieux se succédaient comme Stirling Moss, son pilote fétiche. Le gamin allait donc voir ces voitures de près mais sans plus. Cependant, l'idée de piloter était tenace et Jean-Pierre Jaussaud se défoulait sur un karting, apprenant les ficelles du métier qui lui serviront plus tard. Il avait la mécanique dans la peau et obtint de son père, à 20 ans, la responsabilité du parc camions de l'entreprise. Il gérait également la fabrication des bouchons pour les bouteilles de vin de retour de consigne. Une occasion s'est présentée et a conforté sa passion naissante. On demanda, un jour, à son père un camion et une remorque pour aller chercher une voiture de course à l'aéroport de Saint-Gatien près de Deauville. C'était une AC Bristol, une monoplace de l'époque. Jean-Pierre Jaussaud se porta bien sûr volontaire. Il l'a remorquée à la sortie de l'avion mais, sur le chemin du retour vers Caen, il n'a pas pu s'empêcher de s'arrêter et de se mettre au volant. C'était une voiture du pilote Horace Gould qui, lui, courait sur une Maserati.

En 1962, Jean-Pierre Jaussaud tombe par hasard sur la toute nouvelle revue spécialisée Sport Auto, ce qui le replonge aussitôt dans ses rêves. Dans les pages du magazine, il découvre que le pilote anglais Jim Russell proposait des stages de pilotage. L'occasion était trop belle pour la manquer, alors il emprunta de l'argent à son frère et à sa secrétaire pour pouvoir s'inscrire. Jean-Pierre Jaussaud part donc en Angleterre avec son ami de karting, Jean-Claude Pallis, et découvre l'objet de ses rêves les plus fous, une monoplace Lotus 18 qu'il peut alors piloter.

Ainsi, Jean-Pierre Jaussaud commence le sport automobile à 25 ans. Il a suivi les cours de pilotage de l'école de Jim Russell sur le circuit de Snetterton, dans le Norfolk. Après une brève prise en main, il se trouve être plus rapide que les moniteurs sur le circuit anglais. À la même époque, à l’initiative de Jean Bernigaud, créateur du premier circuit de Magny-Cours dans la Nièvre, l’école de Jim Russell crée une filière française, dotée du Volant Shell. Sur ce nouveau tracé, Jean-Pierre Jaussaud est là aussi le plus rapide des 300 prétendants au Volant Shell qu'il remporte en 1963. Il gagne ainsi une monoplace Cooper BMC, le "must" en 1964 (voiture qu'il détruira rapidement sur le circuit de Monaco), et sa place en championnat de France de Formule 3[1].

Jean-Pierre Jaussaud rejoint ensuite l'équipe Matra en 1965, et commence alors la tournée des circuits en Europe et en Amérique du sud en compagnie de Jean-Pierre Beltoise, Henri Pescarolo et Johnny Servoz-Gavin. Tous deviendront pilotes de Formule 1 sauf Jaussaud. Il en était tout à fait capable, mais était trop gentil et a laissé sa place à d'autres. Finalement, il aura eu cinq occasions d'accéder à la catégorie reine mais qui, hélas, ne se sont jamais concrétisées. Cela restera, pour Jean-Pierre Jaussaud, un regret éternel.

Ainsi, ils étaient quatre fines lames chez Matra. Le , lors des essais préliminaires des 24 Heures du Mans, Jean-Pierre Jaussaud est témoin de l'accident mortel de son équipier Roby Weber, qui venait de lui emprunter sa Matra 630 à moteur BRM. Jean-Pierre Jaussaud restera trois ans dans la prestigieuse écurie de Jean-Luc Lagardère avant de la quitter. En effet, Matra, qui lance son programme F1 en 1968, décide de renoncer à la F3 mais aussi de "dégraisser" ses effectifs. Dans un premier temps, Johnny Servoz Gavin, décevant en 1967 et un peu trop fantasque, est écarté de l'équipe. Henri Pescarolo rejoint Jean-Pierre Beltoise en F2, alors qu'un simple programme de mise au point du prototype 630 est proposé à Jean-Pierre Jaussaud. Frustré, il décide de quitter Matra. Ce sera le tournant de sa carrière. Entre-temps, Johnny Servoz Gavin, qui s'est racheté une conduite en assurant la mise au point du proto 630 et en remportant quelques succès à son volant, est appelé à remplacer Jackie Stewart, blessé, pour le GP de Monaco. Déjà en 1967, à l'issue d'une course de F2 à Crystal Palace au volant d'une Matra de Ken Tyrrell, le pilote grenoblois avait été approché par Bruce McLaren. Celui-ci, lui proposait le volant d'une de ses Formule 1 pour 1968 si Denny Hulme ne pouvait casser son contrat avec Brabham.

De son côté, toujours en 1968, Jean-Pierre Jaussaud remporte magistralement le Grand Prix de Monaco de Formule 3 au volant d'une Tecno, devant Peter Gethin, Ronnie Peterson et François Cevert. Injustement, et contrairement à la coutume, cette victoire ne lui a pas ouvert les portes de la Formule 1 par la suite. Quelques mois plus tard, à Monza, il est victime d'un grave accident où il est éjecté de sa Formule 2 qui part en tonneaux et s’enflamme. À noter que de 1968 à 1970, Jean-Pierre Jaussaud a remporté trois fois consécutivement la Coupe de Pâques, à Nogaro, avec sa Tecno 68-3 Ford. En 1970, il décroche enfin le titre de champion de France de Formule 3, toujours au volant d'une Tecno avec un nouveau venu dans le sport auto, le "Meubles Arnold Team", du nom d'un fabricant de meubles de Phalsbourg.

En 1971, Jean-Pierre Jaussaud effectue une saison complète en Formule 2 au sein du "Shell Arnold team" qui engageait des March. L'année suivante, il pilote une Brabham privée et se bat avec Mike Hailwood pour le titre européen de Formule 2, ce dernier finissant par l'emporter. En 1973, Jean-Pierre Jaussaud arrête les courses de monoplaces et se lance en endurance. À partir de 1976, il pilote pour Renault Sport. Après deux ans, Jean-Pierre Jaussaud et son équipier Didier Pironi remportent les 24 Heures du Mans, en ayant parcouru 5 044,530 km à une vitesse moyenne de plus de 210 km/h. Lorsque Jean-Pierre Jaussaud s'est retrouvé en tête devant la Porsche 936 de Jacky Ickx, beaucoup de responsabilités reposait sur ses épaules. Initialement, c'était Jean-Pierre Jabouille et Patrick Depailler qui devait gagner la course. Leur Alpine Renault A443 était plus puissante. C'était une victoire d’équipe et Jean-Pierre Jaussaud ne pouvais pas casser le rêve des 300 personnes qui étaient derrière lui. Alors il écoutait son moteur et tous les bruits. Il était prévu qu'il prenne le dernier relais mais il trouvait que la boîte de vitesses craquait. Il était tellement inquiet qu'il en parla à Gérard Larrousse, le directeur de Renault Sport. Celui-ci demanda alors à Didier Pironi s’il avait entendu ces craquements. Le pilote francilien lui répondit que non et reprit le volant, ce qu'il n’aurait jamais dû faire car il était extrêmement fatigué et avait perdu 8 kg. Cela aurait pu être grave. 

En 1979, Jean-Pierre Jaussaud remporte le titre de champion de France des voitures de production avec une Triumph Dolomite. "Sa course préférée" reste celle de Pau en , avec la Triumph Dolomite du Team Elvia Air Inter qu'il formait avec René Metge. Course qu'il finissait seulement deuxième mais après avoir réalisé une remontée incroyable et tout en glisse, ce qui faisait se lever tous les spectateurs de la tribune Foch à chacun de ses passages. Cette même année, Jean-Pierre Jaussaud disputa à Nogaro, au volant d'une Surtees TS20, la manche française du Championnat de Grande-Bretagne de Formule 1 AFX qui mettait aux prises des Formule 1 de seconde main. Tel un lot de consolation, cette course de F1, hors championnat du monde, fut la seule à laquelle il prit part au cours de sa carrière.

En 1980, Jean-Pierre Jaussaud est pilote d'essais pour Renault en Formule 1. Cette année-là, faisant équipe avec le pilote-constructeur manceau Jean Rondeau, il a gagne de nouveau les 24 Heures du Mans. En 1982, il prendra part au rallye Paris-Dakar à bord d'une Mercedes Classe G et finira sur le podium pour sa première participation.

Jean-Pierre Jaussaud a continué la compétition jusqu'en 1992, pour devenir ensuite instructeur de course. Il est resté cependant actif en rallye ou en démonstration jusqu'en 2005. Au début de sa carrière, il a donc collectionné les premières places aux Championnats de France de Formule 3 dans les années 1960. Il a notamment gagné le Grand Prix de Monaco de Formule 3 en 1968. Ses heures de gloire sont bien sûr ses deux victoires aux 24 Heures du Mans en 1978 avec Didier Pironi sur Renault Alpine A442 et en 1980, avec Jean Rondeau sur Rondeau-Ford.

Aujourd'hui, le nom de Jean-Pierre Jaussaud reste toujours associé à la course automobile. En effet, sa March 712M de F2 du Team Arnold (1971) continue de gagner aux mains du pilote Robert Simac, plusieurs fois champion d'Europe de Formule 2 historique (titré quatre fois de suite, de 2013 à 2016), plus de 45 ans après sa construction. Jean-Pierre Jaussaud reste néanmoins présent lors de manifestations automobiles, comme les 24 Heures du Mans, Le Mans Classic, et Les Grandes Heures automobiles sur l'Autodrome de Linas-Montlhéry, par exemple. Son fils, Éric Jaussaud, est organisateur d'événements karting et de courses de prototypes Fun'Boost, avec sa société Jaussaud Events, sur le circuit de Mer [2].

Carrière en F1

Palmarès

Résultats aux 24 Heures du Mans

Années Équipes Équipiers Voitures Classes Tours Pos. Class
Pos.
1966 Drapeau de la France Matra Sports Drapeau de la France Henri Pescarolo Matra MS630-BRM P 2.0 38 Abd. Abd.
1967 Drapeau de la France Matra Sports Drapeau de la France Henri Pescarolo Matra MS630-BRM P 2.0 55 Abd. Abd.
1973 Drapeau de la France Équipe Matra Simca Shell Drapeau de la France Jean-Pierre Jabouille Matra-Simca MS670B S 3.0 331 3e 3e
1974 Drapeau de la France Équipe Matra Simca Gitanes Drapeau de la France Bob Wollek
Drapeau de la France José Dolhem
Matra-Simca MS670B S 3.0 Abd. Abd.
1975 Drapeau du Royaume-Uni Gulf Research Racing Co. Drapeau de l'Australie Vern Schuppan Mirage GR8-Ford S 3.0 330 3e 3e
1976 Drapeau de la France Inaltera Drapeau de la Belgique Christine Beckers
Drapeau de la France Jean Rondeau
Inaltera LM76-Ford GTP 264 21e 3e
1977 Drapeau de la France Renault Elf Drapeau de la France Patrick Tambay Renault Alpine A442 S 3.0 158 Abd. Abd.
1978 Drapeau de la France Renault Elf Drapeau de la France Didier Pironi Renault Alpine A442B S 3.0 369 1er 1er
1979 Drapeau des États-Unis Grand Touring Cars Ltd.
Drapeau de la France Ford Concessionaires France
Drapeau de l'Australie Vern Schuppan
Drapeau du Royaume-Uni David Hobbs
Mirage M10 S 3.0 121 Nc. Nc.
1980 Drapeau de la France Le Point Jean Rondeau Drapeau de la France Jean Rondeau Rondeau M379 S 3.0 338 1er 1er
1981 Drapeau de la France Otis Jean Rondeau Drapeau de la France Jean Rondeau Rondeau M379 S 3.0 58 Abd. Abd.
1982 Drapeau de la France Otis Jean Rondeau Drapeau de la France Jean Rondeau Rondeau M382 C 111 Abd. Abd.
1983 Drapeau de la France Otis Jean Rondeau Drapeau de la France Philippe Streiff Rondeau M482 C 12 Abd. Abd.

Notes et références

Livres

Jean-Pierre Jaussaud « Ma Vie de Pilote » écrit par Patrice Moinet aux Éditions l’Autodrome.  

  1. [1] Jean-Pierre Jaussaud : Et courir de plaisir, caradisiac.com
  2. https://jaussaud-events.com/

Liens externes