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Basilique Saint-Quentin de Saint-Quentin

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Basilique Saint-Quentin
Côté sud.
Côté sud.
Présentation
Culte Catholique romain
Dédicataire Saint Quentin
Type Basilique mineure
Rattachement Diocèse de Soissons
Début de la construction XIIe siècle
Fin des travaux XVIe siècle
Style dominant Gothique
Protection Logo monument historique Classé MH (1840)
Site web Paroisse Saint-Quentin Notre Dame
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Hauts-de-France
Province Picardie Picardie
Département Aisne
Ville Saint-Quentin
Coordonnées 49° 50′ 52″ nord, 3° 17′ 24″ est
Géolocalisation sur la carte : Aisne
(Voir situation sur carte : Aisne)
Basilique Saint-Quentin
Géolocalisation sur la carte : Hauts-de-France
(Voir situation sur carte : Hauts-de-France)
Basilique Saint-Quentin
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Basilique Saint-Quentin
Façade sud et arrière vue depuis le parc d'Isle.

La basilique Saint-Quentin est une basilique mineure catholique française située dans la ville de Saint-Quentin dans le département de l'Aisne.

Cette basilique, dédiée à saint Quentin, martyr du IIIe siècle est un édifice original appartenant tout entier au style gothique dont il réunit les évolutions successives. Il est lié à l'histoire de la dévotion à saint Quentin, dont il contient les reliques objet d'un culte important au Moyen Âge.

Sa construction est contemporaine de celle de Notre-Dame de Paris et de la cathédrale de Soissons.

L'édifice, protégé en tant que monument historique, fut classé sur la première liste de 1840[1].

Histoire

Le martyre de Quentin

Quentin aurait été, selon les sources hagiographiques, le fils d'un sénateur romain, converti au christianisme et chargé d'une mission évangélisatrice en Gaule belgique au début du IVe siècle (~303). Arrivé à Ambianorum (Amiens) avec plusieurs compagnons, il aurait été arrêté et torturé parce que refusant d'abjurer sa foi chrétienne. Il fut envoyé à Reims pour y être exécuté mais arrivé à Augusta Viromanduorum, il fut de nouveau torturé puis décapité et son corps jeté dans les marais de la Somme. La ville prit par la suite le nom de Saint-Quentin (la première mention écrite qui nous soit parvenue est datée de 842).

Une cinquantaine d'années plus tard, une femme aveugle, Eusébie, après un songe, fit remonter le corps et le chef de Quentin et recouvra la vue. Elle décida d'inhumer la dépouille de Quentin et un premier oratoire fut construit, de nombreux miracles se produisirent, si l'on en croit Grégoire de Tours[2].

Bas-relief du chœur représentant l'invention et le culte des reliques de saint Quentin.

La collégiale carolingienne

Ce serait saint Éloi qui vers 651 aurait redécouvert la sépulture de Quentin depuis longtemps oubliée. Les reliques furent placées dans une châsse. L'église devint collégiale car dotée d'un chapitre canonial.

Fulrad, proche parent de Charlemagne, fut de 813 à 826 comte-abbé de Saint-Quentin. Il fit édifier une église dont des vestiges de l'abside en demi-cercle et le pavement de mosaïque ont été mis au jour lors de fouilles archéologiques, sous l'actuel chœur de la basilique. Après la mort de Fulrad, Hugues, demi-frère de l'empereur Louis le Pieux, devint abbé de Saint-Quentin et de Saint-Bertin de Saint-Omer dans l'actuel Pas-de-Calais. C'est à cette époque que naquit le pèlerinage.

En 845 et 893, la crypte fut élargie pour accueillir les corps de Saint Cassien, évêque d'Autun, et de Saint Victorice, compagnon de Saint Quentin.

Incendiée par les Vikings en 883, l'église fut reconstruite par l'abbé Thierry et entourée de fortifications.

Au Xe siècle, les chanoines constitués en chapitre ou collège remplacèrent les moines. La vénération pour le saint allant croissant, une communauté de clercs s'établit dès le VIIIe siècle autour de la chapelle qui devint le noyau primitif de la ville de Saint-Quentin.

Du Xe au XIIe siècle, avec l'effacement du pouvoir royal, ce furent les comtes de Vermandois qui contrôlèrent le pèlerinage jusqu'à ce que le roi Philippe Auguste hérite du comté de Vermandois, en 1214. Le roi de France devint premier chanoine et abbé laïc de Saint-Quentin, le pèlerinage fut dès lors placé sous protection royale.

La basilique actuelle

Un début de construction rapide de la fin XIIe au milieu du XIIIe siècle

Vers 1170, afin d'accueillir des pèlerins de plus en plus nombreux, le collège de chanoines décida la construction d'une imposante collégiale. La construction de la basilique de Saint-Quentin débutée à la fin du XIIe siècle fut achevée trois siècles plus tard. Les guerres, les épidémies et les difficultés financières expliquent la lenteur inhabituelle des travaux qui laissera l'édifice inachevé, la façade n'ayant jamais été construite.

L'édifice témoigne d'une époque fervente et prestigieuse lorsque la ville était à la fois foyer religieux et position stratégique aux confins nord du royaume.

Commencé vers 1170 par la tour-porche, le chantier se déplaça très tôt dans le chevet et évolua, semble-t-il, à un rythme plutôt chaotique. En 1257, Saint Louis assista à la translation des reliques de saint Quentin dans le chœur. En raison de problèmes techniques et financiers, les travaux progressèrent plus lentement par la suite jusqu'à l'achèvement de la nef dans la seconde moitié du XVe siècle.

Consolidation, destruction et reconstruction aux XIVe, XVe, XVIe et XVIIe siècles

L'édifice montra dès le début du XIVe siècle des signes de faiblesse, l'instabilité du chœur fut stoppée par le maître-maçon Jean Le Bel qui fit construire le mur de clôture terminé en 1342. Les voûtes du chœur furent reprises par le maître-maçon Gilles Largent, en 1394.

Le bras sud du transept de chœur, qui menaçait de s'effondrer, fut entièrement reconstruit entre 1477 et 1487 par Colard Noël, architecte du roi Louis XI, grâce à un don royal de 1 100 écus d'or. En 1509, le chapitre jeta les fondations d'un massif de façade à deux tours, qui aurait dû remplacer la tour actuelle; faute de moyens, le projet fut rapidement abandonné. La collégiale, incendiée à deux reprises (en 1545 et 1669), nécessita de lourdes interventions parmi lesquelles il faut signaler la réalisation, en 1682, d'un couronnement d'inspiration baroque au sommet de la tour-porche.

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La collégiale devient basilique au XIXe siècle

Pendant la Révolution, l'église servit de magasin à fourrage et d'écurie. La flèche de son clocher central (le campanile), construite en 1723, au-dessus de la croisée du transept, fut abattue. En 1793, elle devint lieu de culte de la Raison, un buste de Marat fut déposé sur l'autel. En 1794, elle fut transformée en temple de l'Être suprême[4].

L'édifice fut classé monument historique sur la première liste de 1840 et c'est en 1876 avec le pape Pie IX qu'elle acquiert le titre de basilique mineure.

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La basilique meurtrie pendant la Première Guerre mondiale

De mars à mai 1917, dans le cadre de l'évacuation de la ville, le commandement allemand décida de démonter et transporter à Mauberge les œuvres les plus précieuses de la basilique. Furent ainsi préservés le tombeau de saint Quentin, les verrières de la chapelle de la Sainte Vierge ainsi que les verrières de sainte Catherine et de sainte Barbe.

Dans les mois qui suivent, elle fut durement touchée par des tirs d'artillerie du qui détruisent la charpente, les toitures, une grande partie des voûtes s’effondrèrent. [2].

Des vitraux du XIIIe siècle et de la Renaissance ont été épargnés.

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Restaurations de la basilique depuis 1919

La reconstruction de la basilique est menée dans l'Entre-deux-guerres par Emile Brunet, architecte en chef du service des Monuments historiques. Sur le modèle de la cathédrale de Reims, on crée une ossature de béton pour remplacer la charpente en bois détruite durant la guerre. L'église n'est rendue au culte qu'en 1956. Modèle:Message galerie

Des vitraux Art déco de Georges Bourgeot ont été ajoutés pendant l'entre-deux-guerres puis, après 1945, par Pierre Choutet. Enfin, en 1974, un legs permet à la ville de Saint-Quentin de commander des verrières décoratives pour le déambulatoire et des verrières figuratives pour la chapelle Saint-Quentin aux vitraillistes Jacques Le Chevallier et Jean-Jacques Gruber.


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Les travaux se sont poursuivis entre 1975 et 1983, sous la direction de l'architecte en chef des Monuments historiques Maurice Berry, par la construction d'une nouvelle flèche, appelée localement « le campanile », au-dessus de la croisée du grand transept et de la nef. Elle culmine à 82 mètres.

La flèche de la basilique de Saint-Quentin en 2021.


Les restaurations entreprises à l'automne 2006 ont pour objectif d'assainir les parements et de rétablir les niveaux supérieurs de la tour-porche tels qu'ils étaient à la fin du XVIIe siècle.


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Rosace du croisillon nord du grand transept après sa restauration en 2018.

En février 2022 débute la campagne de restauration du croisillon sud du grand transept.

Plan et élévation

Façade nord de la basilique vue du square Winston Churchill. Les croisillons nord des deux transepts sont visibles de part et d'autre du conifère au centre de la photo.

Le monument construit en pierre grise est coiffé d'un toit recouvert d'ardoise aux dimensions d'une cathédrale domine la ville et se voit de loin. Le plan de la basilique est celui d'une croix de Lorraine, ce qui est rare. En effet, la basilique est dotée de deux transepts de même hauteur et de même longueur. Le transept de chœur étant plus étroit que l'autre. La nef est pourvue de deux bas-côté, un déambulatoire entoure le chœur et l'abside est formée de chapelles rayonnantes


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Dimensions

La basilique de Saint-Quentin est le plus vaste édifice gothique de Picardie après la cathédrale d'Amiens

  • longueur : 123 m (Amiens : 145 m)
  • longueur du chœur : 41 m (Amiens : 64 m)
  • largeur : 47 m / 52 m[Note 1] (Amiens : 70 m)
  • hauteur au sommet des combles : 47 m (Amiens : 56 m)
  • hauteur au sommet de la flèche : 83 m (Amiens : 112 m)
  • hauteur de la tour-porche : 50 m
  • hauteur sous voûtes de la nef et du chœur : 34 mètres (Amiens : 42,30 m).
  • largeur des travées de la nef et du chœur : 14 m (Amiens : 14,60 m)

Architecture extérieure

La construction rapide du chœur et de l'abside

Le chœur, construit dans la première moitié du XIIIe siècle est la partie la plus ancienne de l'édifice. Les parties basses : chapelles absidiales, déambulatoire, premier niveau du transept de chœur ont été construits lors de la première campagne de travaux (1205-1220), elles ont un style comparable à celui de la cathédrale de Soissons. Les chapelles absidiales couvertes d'un toit en terrasse sont éclairées par des baies en lancette. Le déambulatoire à cinq travées est percé de baies en arc en plein cintre ornés de roses.

Les parties hautes de l'abside du chœur et des bas-côtés édifiées lors d'une deuxième campagne de travaux (1224-1257) s'élèvent hardiment et sont soutenues extérieurement par des culées cruciformes avec trois volées d'arc-boutants[5]. La décoration sculptée des arcades, niches, pinacles est très dégradée.

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La construction de la nef et du grand transept

Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, les travaux se ralentirent. À la fin du XIVe siècle, on édifia le grand transept sous la conduite du maître-maçon Gilles Largent. La nef fut achevée au XVe siècle et les fondations d'une façade à trois porches débutèrent en 1509 sans que jamais la façade ne fut construite. Le portail latéral de la nef date du XVe siècle.

La construction du grand transept fut achevée vers 1400[6].

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La construction du petit transept

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La tour-porche

La massive tour-porche offre un aspect disparate. La base date de la fin du XIIe siècle. Le porche abrite un grand portail au décor mutilé. Au deuxième niveau, deux fenêtres jumelles éclairent la tribune de la nef. Au troisième niveau se trouve le clocher construit au XIIIe siècle mais la façade ouest a été reconstruite en style classique avec niches, pilastres, médaillon, après l'incendie de 1669.

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Les cloches

La tour-porche abritait, avant la Première Guerre mondiale, cinq cloches qui ont toutes disparu au cours du conflit. Elles ont été remplacées à partir de 1920. Les cloches de la basilique sont les suivantes :

  • « Jeannette », fondue en 1920, elle pèse 250 kg et sonne le do ;
  • « Andrée, Cyrille », fondue en 1922, avec un diamètre de 95 cm, elle pèse 520 kg et sonne le la ;
  • « Geneviève », fondue en 1922, avec un diamètre d'1 m, elle pèse 630 kg et sonne le la ;
  • « Marie-Louise », fondue en 1922, avec un diamètre d'1,10 m, elle pèse 960 kg et sonne le fa ;
  • « Jeanne, Quentine, Léone, Renée », fondue en 1922, avec un diamètre d'1,25 m, elle pèse 1,25 tonne et sonne le mi bémol[7].

Architecture intérieure

La chapelle Saint-Michel de la tour-porche

Respectant la tradition architecturale carolingienne, une chapelle à étage fut aménagée à l'intérieur de la tour-porche. Elle est aujourd'hui une tribune ouverte sur la nef[6].

Chapelle Saint-Michel au-dessus du portail occidental de la nef.

Le chœur et les chapelles rayonnantes

L'abside, le déambulatoire et ses cinq chapelles s'organisent sur un plan radio-concentrique. Le déambulatoire est formé de cinq travées à six pans. Les chapelles sont couvertes de voûtes à dix compartiments reposant sur des colonnes à chapiteaux. Le maître-maçon Jean Le Bel fit construire, dans le chœur, un massif de maçonnerie et d'un mur de clôture qui fut achevé en 1342 pour renforcer.

Les baies à six ou sept lancettes sont en partie garnies de vitraux du XIIIe et du XVIe siècle[2].

Le chœur, dont la construction débuta au début du XIIIe siècle, est d'une longueur inhabituelle sans doute en raison du nombre important de chanoines. Au rond-point, des piliers monocylindriques flanqués d’une colonnette soutiennent la voûte. La construction du chœur n’était pas achevée lors de la translation des reliques du martyr Quentin effectuée en présence de saint Louis, en 1257.

L'instabilité de la construction entraîna le déversement des piliers qui provoqua la chute des voûtes. Des travaux de consolidation furent alors entrepris au XIVe siècle. En 1316, les chanoines firent construire, pour consolider la construction, les deux murs de clôture du chœur. Certains arcs furent repris et on posa des tirants en bois et en métal. Enfin, en 1298, les voûtes du chœur furent reprises.

Sur les murs nord et sud de clôture du chœur figurent une partition musicale de grande taille datant de la fin du XVe siècle. Elle surmontait à l'époque les stalles des chanoines. Jusqu'en 1917, elle était cachée par des boiseries. Notes et paroles reproduisent, selon toute vraisemblance, une ancienne antienne de Noël[8].

La construction du petit transept débuta au XIIIe siècle. Interrompus, les travaux reprirent avec l’édification de la claire-voie.

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Le petit transept

Le croisillon nord du transept de chœur a conservé deux verrières du XVIe siècle représentant sainte Catherine et sainte Barbe. Le croisillon sud a été construit au XVe siècle en style gothique flamboyant[2].

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Le grand transept

La façade du croisillon nord est percée de baies sur trois niveaux : en bas des fenêtres de style gothique flamboyant, la claire-voie du triforium, et enfin les grandes verrières. Contre le mur se trouvent deux statues en marbre d'Edmé Bouchardon représentant, une Vierge à l'Enfant pour l'une et saint Quentin pour l'autre. Une autre statue de la Vierge à l'Enfant, en albâtre du XVIIe siècle, est fixée sur un pilier du mur est.

Le croisillon sud a sa façade décorée par un réseau de colonnettes et d'arcatures jusqu'à la rose. La partie basse aveugle est percée de dix niches abritant les statues des dix saints patrons des paroisses médiévales de la ville. La peinture date du XIXe siècle. Au niveau supérieur est situé le scriptorium de l'ancienne collégiale. [2].

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La nef

Composée de six travées construites à la fin du XIVe et dans la première moitié du XVe siècle. Ses deux collatéraux sont prolongés par des chapelles latérales. Les piliers du XIIIe siècle sont ici remplacés par des piliers garnis de quatre demi-colonnes et quatre minces colonnes descendant jusqu'au sol. Le style gothique flamboyant apparaît dans le remplage des baies et dans la voûte de la chapelle Saint-Sulpice.

Le labyrinthe situé à l'entrée de la nef est de forme octogonale. Dallé de noir et blanc, il est daté de 1495. Son rayon est de 11,60 m et son développement de 260 mètres[2].

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Labyrinthe de 1495

Les vitraux [9]

Les vitraux médiévaux [10]

À cause des intempéries, des incendies et des guerres – en particulier le siège de 1557 et la Grande Guerre –, très peu de vitraux médiévaux ont traversé les siècles et sont parvenus jusqu'à nous. Ils se concentrent essentiellement dans les chapelles absidiales.

Ainsi, dans la chapelle d'axe dédiée à la Vierge, plusieurs vitraux originels datés du XIIe siècle sont encore visibles. Représentant des épisodes de la vie de la Vierge et du martyre de saint Étienne, ils sont parfois attribués au maître de Saint-Eustache, ayant œuvré sur les verrières de la cathédrale de Chartres.

Chapelle de la Vierge avec ses vitraux de la fin du XIIe siècle

Par ailleurs, une partie des vitraux des fenêtres hautes du chœur – restaurés par Hector de Pétigny et Auguste Labouret après la Grande Guerre – datent du XIIIe siècle.

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Les vitraux modernes

Dès le XVIe siècle, en raison d'intempéries et de la qualité jugée insuffisante de certains vitraux médiévaux, le chapitre des chanoines fait appel aux dons pour renouveler une partie des verrières de la collégiale.

Principal bienfaiteur, Charles de Bovelles, humaniste et chanoine au chapitre de Noyon, offre à la collégiale des vitraux pour décorer le croisillon nord du petit transept et la chapelle absidiale Saint-Jacques. Seules nous sont parvenues, sur la façade nord du petit transept, les verrières représentant la vie et le martyre de sainte Catherine et de sainte Barbe réalisées par le maître verrier Mathieu Bléville en 1521 et 1533[11],[12].

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Les vitraux du XIXe siècle

À partir du Second Empire, une restauration des verrières de la collégiale est décidée par la Ville en raison de leur état avancé de délabrement.

En 1869, le maître verrier Louis Ottin, aidé par le jeune peintre verrier Auguste Tallon, procède ainsi à la restauration des verrières du XIXe siècle consacrées à sainte Barbe et sainte Catherine.

Les vitraux du XXe siècle

En raison des destructions très importantes occasionnées par la Grande Guerre, la majorité des verrières actuellement visibles datent du XXe siècle.

Dès le début des années 1930, en pleine reconstruction de l'édifice, le maître verrier parisien Georges Bourgeot reçoit commande de deux grandes verrières.

La première, offerte par la famille Lefevre-Tronqui et réalisée en 1931, est placée dans la chapelle du Saint-Sépulcre, sur la façade méridionale de la nef. Conçue dans le style Art déco avec des tons chauds, elle a pour thème la communion.

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La seconde, offerte par Mme Legrand Guilbaud et réalisée en 1932, est placée dans la chapelle Sainte-Thérèse, sur la façade septentrionale de la nef. Conçue, comme sa devancière, dans le style Art déco, elle représente sainte Thérèse de Lisieux, patronne des missionnaires et des soldats.

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Après la Seconde Guerre mondiale, le peintre-verrier Pierre Choutet, successeur de Georges Bourgeot, poursuit la réfection des verrières de l'édifice. En 1958, il réalise la grande verrière du croisillon nord du grand transept.

Les Saintes réalisées par Pierre Choutet en 1958.

Les vitraux les plus récents ont été posés dans les années 1980. Grâce à un legs, la ville de Saint-Quentin passe commande au maître-verrier Jean-Jacques Gruber d'une verrière figurative pour la chapelle Saint-Quentin. S'inspirant des vitraux médiévaux, cette verrière aux teintes bleutées retrace le martyre du saint-patron de la ville.

Le martyre de saint Quentin réalisé par Grüber en 1982.

Dans le même temps, la ville demande au vitrailliste Jacques Le Chevallier de réaliser des verrières figuratives pour améliorer la luminosité du déambulatoire. Les vitraux sont posés en 1985.

Les peintures

La Déploration du Christ

La Déploration du Christ, Grégoire Guérard, vers 1530

Parmi les peintures conservées à la basilique de Saint-Quentin, l'une des plus remarquables est La Déploration du Christ, peinte vers 1530 par Grégoire Guérard. Offerte en 1920 par le mécène suisse Émile Duval-Foulc, l’œuvre a bénéficié d'une restauration en 2017 pour être prêtée au musée du Louvre dans le cadre de l'exposition «François Ier et l'art des Pays Bas».

La peinture est désormais conservée dans la chapelle Saint-Eloi, à proximité du croisillon sud du petit transept.

Les peintures murales

Quelques chapelles de la basilique ont conservé leurs peintures originelles, blanchies par les chanoines au XVIIIe siècle et redécouvertes au XIXe siècle.

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L'arbre de Jessé [13]

La basilique conserve dans la chapelle Sainte-Anne, à proximité de la tour-porche, un arbre de Jessé daté de la seconde moitié du XVe siècle. Dégradé sous la Révolution française, il fut restauré et repeint en 1891.

Une restauration menée en 2004 a permis de rétablir une partie des couleurs médiévales.

Arbre de Jessé de la chapelle Sainte-Anne

L'orgue de tribune

L'orgue de la collégiale ayant été détruit dans un incendie en 1669, le chapitre collégial, grâce au soutien du roi de France, fit réaliser un nouvel instrument à Robert Clicquot.

La partie instrumentale fut achevée par Robert Clicquot en 1703. Il traversa la Révolution en ne perdant que son emblème royal.

Lors de la Première Guerre mondiale, en 1917, le grand corps de l’orgue fut vidé de l’ensemble de ses tuyaux réquisitionnés par les Allemands, la mécanique fut détruite et le buffet sérieusement endommagé. Il fallut attendre l'après Seconde Guerre mondiale pour que la restauration du buffet fut achevée en , de nombreuses ornementations furent reconstituées[14].

Grâce à une souscription publique, la reconstruction de la partie instrumentale fut confiée en 1961 à la manufacture Haerpfer-Erman, de Boulay-Moselle. L'inauguration du nouvel orgue par Jean-Jacques Grünenwald et Henri Doyen se déroula les 27 et 28 mai 1967[15].

L’orgue de la basilique de Saint-Quentin, d’esthétique néo-classique, est un instrument de 75 jeux répartis sur quatre claviers manuels et un pédalier, capable de mettre en fonction quelque 6 400 tuyaux. C'est le plus imposant orgue de Picardie. Les organistes titulaires sont Bertrand Delmarle et Jean-Michel Bachelet.

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Composition de l'orgue

Avec ses 4 claviers composés de 61 notes chacun, son pédalier de 32 notes, ses 74 jeux et ses 6 500 tuyaux, le grand orgue de Saint-Quentin est le 6e plus grand orgue de France après celui de Saint-Eustache, de Notre-Dame et de Saint-Sulpice à Paris, celui de la cathédrale de Lille et celui de la cathédrale de Reims. Il est le 2e plus grand au nord de Paris après celui de l'orgue de Notre-Dame-de-la-Treille à Lille.

La traction est mécanique pour les notes et électrique pour les jeux.

I. Positif II. Grand-Orgue III. Récit expressif IV. Écho Pédale
Montre 8'

Bourdon 8'

Gemshorn 8'

Prestant 4'

Nazard 2 2/3'

Doublette 2'

Blockflöte 2'

Tierce 1 3/5'

Larigot 1 1/3'

Fourniture V

Cymbale IV

Cromorne 8'

Trompette 8'

Clairon 4

Montre 16'

Bourdon 16'

Montre 8'

Bourdon 8'

Spillflöte 8'

Gros Nazard 5 1/3'

Prestant 4'

Flûte à cheminée 4'

Grosse Tierce 3 1/5'

Doublette 2'

Quate de nazard 2'

Cornet V

Grande Fourniture VIII

Petite Fourniture IV

Cymbale IV

Bombarde 16'

Trompette 8'

Clairon 4'

Quintaton 16'

Principal 8'

Flûte harmonique 8'

Cor de nuit 8'

Dulciane 8'

Unda Maris 8'

Prestant 4'

Flûte 4'

Doublette 2'

Cornet III

Fourniture IV

Cymbale IV

Bombarde 16'

Trompette 8'

Hautbois 8'

Voix humaine 8'

Clairon 4'

Tremblant

Cor de nuit 8'

Flûte à fuseau 4'

Quarte de nazard 2'

Sifflet 1'

Sesquialtera II

Cymbale IV

Chalumeau 8'

Principal 32'

Principal 16'

Soubasse 16'

Principal 8'

Flûte 8'

Bourdon 8'

Principal 4'

Flûte 4'

Principal 2'

Flûte 2'

Cornet III

Fourniture VI

Bombarde 32'

Bombarde 16'

Ranquette 16'

Trompette 8'

Clairon 4'

Clairon 2'

Accouplements : Positif/GO, Récit/GO, Écho/GO, Écho/Récit, Écho/Positif

Tirasses GO, Positif, Récit, Écho.

Annulations anches et annulations mixtures pour chaque plan sonore.

Trémolo Récit.

Restauration au XXIe siècle

Depuis 2006, la ville de Saint-Quentin a entrepris des travaux de restauration de la basilique[16]. Le montant des travaux s'élève à 4,663 millions d'euros (financés par l'État, le conseil général de l'Aisne, la ville de Saint-Quentin et le mécénat GDF-Suez). Ces travaux se sont achevés en 2014 pour la tour occidentale. Viendra ensuite la restauration du grand transept[17].

Notes et références

Notes

  1. Les sources divergent sur ce point.

Références

  1. Notice no PA00115910, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. a b c d e et f André Fiette, La Basilique de Saint-Quentin, Colmar, Imprimerie S.A.E.P., 1976
  3. Tavernier de Jonquières, « Vue de la cathédrale de Saint-Quentin », sur gallica.fr
  4. René Prouveau, « La basilique de Saint-Quentin » in Picardie, revue mensuelle, 1947-1948 n° 2
  5. Pierre Héliot, La Basilique de Saint-Quentin, Picard, 1967
  6. a et b Jean-Charles Capronnier, Christian Corvisier, Bertrand Fournier, Anne-Françoise Le Guilliez, Dany Sandron, Picardie gothique, Tournai, Casterman, 1995 (ISBN 2 - 203 - 62 004 - 8)
  7. « Cloches de la basilique Saint-Quentin de Saint-Quentin (Aisne) » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).
  8. http://www.encyclopedie.picardie.fr/Basilique-de-Saint-Quentin.html
  9. « Ensemble des verrières de la basilique », sur inventaire.hautsdefrance.fr
  10. François Crépin, « Les vitraux du clair-étage du chœur de la collégiale de Saint-Quentin et l’œuvre d’Hector de Pétigny lors de la reconstruction », Mémoires de la Fédération des Sociétés d'histoire et d'archéologie de l'Aisne, vol. 37,‎ , p. 89-112 (lire en ligne)
  11. « Verrière légendaire (verrière hagiographique) : vie et martyre de sainte Catherine (baie 39) »
  12. « Verrière légendaire (verrière hagiographique) : vie et martyre de sainte Barbe (baie 37) »
  13. Francis Crépin, « L'Arbre de Jessé de la basilique de Saint-Quentin », Revue des Amis de la Basilique de Saint-Quentin, t. 25,‎ , p. 86 (lire en ligne)
  14. https://www.fondation-patrimoine.org/les-projets/orgue-de-la-basilique-de-saint-quentin
  15. « Saint-Quentin - Basilique », sur Les orgues de Picardie (consulté le ).
  16. Fiche sur le site de la ville de Saint-Quentin
  17. Plan de réalisation de la restauration de la basilique

Bibliographie

  • Jean-Charles Capronnier, Christian Corvisier, Bertrand Fournier, Anne-Françoise Le Guilliez, Dany Sandron, Picardie gothique, Tournai, Casterman, 1995 (ISBN 2 - 203 - 62 004 - 8)
  • Francis Crépin, « Les vitraux du clair-étage du chœur de la collégiale de Saint-Quentin et l’œuvre d'Hector de Pétigny lors de la reconstruction » in Mémoires de la Fédération des Sociétés d'Histoire et d'Archéologie de l'Aisne, revue, 1992 n° 37, pp. 89-112
  • Bernard Lebrun, La Basilique de Saint-Quentin, Lille, Éditions du Quesne, 2019.
  • André Fiette, La Basilique de Saint-Quentin, Colmar, S.A.E.P., 1976
  • Pierre Héliot, La Basilique de Saint-Quentin, Picard, 1967
  • René Prouveau, « La Basilique de Saint-Quentin » in Picardie, revue mensuelle, 1947-1948 n° 2

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