Claude d'Urfé

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Claude d'Urfé
Image illustrative de l’article Claude d'Urfé
Claude d'Urfé, portrait par Jean Clouet

Titre Gouverneur général et Bailli du Forez
(1535-1558)
Autres titres Seigneur d'Urfé, La Bastie, Miribel, Beauvoir, Saint-Just, Souternon, Entraigues et Rochefort
Prédécesseur Pierre II d'Urfé
Successeur Jacques Ier d'Urfé
Grade militaire Lieutenant général de 100 gentilshommes de la Maison du Roi
Conflits Guerres d'Italie (1521-25)
Distinctions Chevalier de l'Ordre de Saint-Michel
Autres fonctions Gouverneur du Dauphin et des Enfants de France (1550-58)
Biographie
Dynastie Urfé
Naissance
Château de la Bastie d'Urfé, Saint-Étienne-le-Molard (Loire)
Décès (à 57 ans)
Paris
Père Pierre II d'Urfé (1430-1508)
Mère Antoinette de Beauvau (morte en 1539)
Conjoint Jeanne de Balzac d'Entraigues (1516-52)
Enfants Antoinette
Jacques Ier d'Urfé
François
Claude
Louise
Antoine

Blason de Claude d'Urfé

Claude d'Urfé fut au XVIe siècle gouverneur royal et bailli du Forez après le rattachement du comté au domaine royal. Ce gentilhomme du XVIe siècle (1501-1558), élevé à la Cour de France, fut un ami intime et un fidèle serviteur de François Ier, avec qui il combattit durant les guerres d'Italie puis de son fils Henri II. Sa brillante carrière le fit accéder aux plus hautes distinctions, dont celles de gouverneur du Dauphin (le futur François II) et des autres enfants du roi (les futurs Charles IX, Henri III, François d'Alençon et Marguerite de Valois. Il fut aussi le grand artisan de la Renaissance en Forez par l'aménagement à l'italienne de son château de la Bastie d'Urfé, joyau de la Renaissance française. Il est le grand-père d' Honoré d'Urfé, auteur du célèbre roman L'Astrée.

Carrière[modifier | modifier le code]

Un gentilhomme forézien[modifier | modifier le code]

Claude d'Urfé est héritier d'une famille de seigneurs foréziens établis à Saint-Étienne-le-Molard dans la Loire.

Fils de Pierre II d'Urfé et d'Antoinette de Beauvau, il naît au château de la Bâtie d'Urfé en 1501. Selon la légende, alors que le couple n'avait pas d'enfants après cinq ans de mariage, des moniales venues d'Auvergne prièrent pour que soit accordée une descendance au fondateur de leur monastère, ce qui se produisit quelques mois plus tard. C'est à ce propos que Claude d'Urfé fut surnommé « l'enfant du miracle »[1]. Orphelin très tôt (son père meurt alors qu'il a 7 ans), il est élevé à la Cour de France et devient un intime de François Ier avec qui il part guerroyer, à peine âgé de 20 ans, en Italie lors des guerres d'Italie (1521-1525). Chevalier, écuyer ordinaire du roi dès 1522, il fait partie des intimes du jeune monarque[2].

Bailli du Forez[modifier | modifier le code]

En 1535, il est nommé par François Ier comme nouveau gouverneur général et Bailli du Forez dont le comté a été confisqué à Charles III de Bourbon (dont il a été capitaine-châtelain pour Bussy et Souternon) après sa trahison de 1523. C'est à ce titre qu'il reçoit en 1536 à Montbrison (Loire), capitale du Bailliage, François Ier, venu prendre symboliquement possession du comté rattaché au domaine royal.

Une brillante carrière à la Cour de France[modifier | modifier le code]

En 1546, il devient ambassadeur pour le compte du Roi de France et est envoyé comme représentant diplomatique de la France au concile de Trente. La mort de son protecteur, François Ier, en 1547, ne change rien. Henri II, son fils, lui réitère sa confiance et le nomme ambassadeur auprès du Saint-Siège. À la mort du pape Paul III, il est rappelé en France par le Roi afin de devenir gouverneur du dauphin et des Enfants de France. En 1551, il succède ainsi dans cette charge à Jean II d'Humières (décédé en 1550). Il veille à l'éducation de trois futurs souverains, les jeunes François II, Charles IX et Henri III et de leurs frère et sœurs.

Il est alors au sommet de sa carrière, cumulant les titres prestigieux de la Maison du roi, vivant dans l'entourage et l'intimité de la famille royale. Il devient un précieux conseiller du roi et fréquente au Conseil les principales personnalités politiques de son temps, dont le duc Anne de Montmorency, Connétable de France, qui sera le parrain d'un de ses petits-fils (Anne). En 1553, c'est naturellement qu'il siège au Conseil de Régence de la reine Catherine de Médicis, lors du départ en guerre d'Henri II[3]. Il meurt en 1558, un an avant Henri II, alors qu'il était en passe d'être nommé maréchal de France[1]. Il fut inhumé à Bonlieu, nécropole des d'Urfé à Sainte-Agathe-La Bouteresse.

Un mécène de la Renaissance[modifier | modifier le code]

La salle des rocailles du château de La Bastie d'Urfé

Claude d'Urfé est surtout célèbre pour avoir été un des grands artisans de la Renaissance en France et surtout le mécène de la Renaissance en Forez. Ayant été élevé à la Cour de France et ayant participé aux campagnes d'Italie, il est un amoureux des Arts et Belles-Lettres. Intime de François Ier, grand artisan de la Renaissance en France au XVIe siècle grâce notamment à la diffusion de l'art italien du Cinquecento qu'il a encouragé, il fait de même en Forez. À partir de 1547, il fait de son château de la Bastie d'Urfé, un joyau de la Renaissance française dans un style italianisant, notamment dans le décor de la chapelle ainsi que la salle des rocailles, qui sont des chefs-d'œuvre de la Renaissance française ; par ailleurs, il n'oublie pas la vieille forteresse familiale des Cornes d'Urfé, qu'il restaure[4]. Comme d'autres humanistes de son temps, il s'intéresse beaucoup aux Lettres. Sa belle-mère est une poétesse érudite, amie et confidente de Marguerite de Navarre (1492-1549), la sœur de François Ier, elle-même écrivaine, poétesse et protectrice des humanistes français. À la Cour de France, il côtoie aussi les poètes de la Pléiade, dont Joachim du Bellay, qui participent aussi à l'éducation des enfants de la famille royale dont Claude d'Urfé a la charge. Cet entourage explique l'engouement de Claude pour la Littérature. Il constitue ainsi dans son château une riche bibliothèque parmi les plus importantes de son temps, qui comptait à sa mort plus de 4600 volumes dont 200 manuscrits[3].

Ce n'est donc pas sans antécédents favorables qu'un de ses petits-fils, Honoré d'Urfé, s'illustra au XVIIe siècle comme l'un des grands écrivains français avec son roman, L'Astrée, le premier roman-fleuve de la littérature française.

Titres[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Parents[modifier | modifier le code]

La descendance et l'ascendance de Claude d'Urfé sont données par les sources indexées plus bas (dont [6]) et dans l'article Famille d'Urfé. Des ouvrages anciens sont entachés d'un certain nombre d'erreurs pour les générations courant jusqu'au XVe siècle, qui restent mal connues ; La Mure, repris et continué par Anne d’Urfé lui-même, Moréri[7], le Père Anselme[8] — moins par Augustin Bernard — ont colporté des légendes tragiques ou flatteuses, et même inventé de toutes pièces certains personnages de la généalogie des Raybe d'Urfé. Le grand historien du Forez Edouard Perroy (1901-1974), médiéviste de renom, a profondément revisité les généalogies foréziennes médiévales, notamment celle des Raybe d'Urfé, au plus proche des archives[4].

Épouse[modifier | modifier le code]

Il se marie à Nantes, le [9] avec Jeanne de Balzac d'Entraigues, fille de Pierre de Balsac et d'Anne Malet de Graville, et petite-fille de Robert de Balsac et de l'amiral Louis Malet de Graville, héritière d'une famille noble d'Auvergne, qui lui apporte en dot notamment les seigneuries d'Entra(i)gues et de Menetou-Salon.

Enfants et Postérité[modifier | modifier le code]

La postérité de Claude d'Urfé et Jeanne de Balsac est assurée par trois de leurs enfants : Jacques Ier d'Urfé (1534-1574) ; Claude, baron d'Entra(i)gues (1536-1589) ; Louise d'Urfé, dame de Paulhac et de Balzac (née en 1537).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Site sur l'Histoire du Forez et Honoré d'Urfé »
  2. a et b « Site du château de La Bastie d'Urfé »
  3. a et b « Site personnel de Hubert Houdoy »
  4. a et b Edouard Perroy : Les Familles nobles du Forez, t. II : famille Raybe, p. 617-639 ; notamment Claude d'Urfé et sa descendance, p. 627-630, Centre d'Etudes foréziennes, à St-Etienne, et la Diana, à Montbrison, 1977.
  5. Ou pour certains Entraigues, près d'Ennezat et Riom, notamment selon une note des éditeurs (en 1788) des Mémoires d'Achille Gamon, avocat et consul d'Annonay au XVIe siècle, p. 327-328. Voir la note 1 de l'article Robert de Balsac. Mais Egliseneuve-d'Entraigues est bien mieux documentée, fief auvergnat de la famille de sa femme Jeanne, les Balsac/Balzac originaires du Brivadois.
  6. a et b « Maison d'Urfé », sur Racines & Histoire, par Etienne Pattou, 2021 et 2023
  7. « Maison d'Urfé, p. 660-661 », sur Supplément au Grand Dictionnaire de Louis Moréri, t. II, à Amsterdam, La Haye et Utrecht, 1716
  8. « D'Urfé, p. 1288-1292 », sur Histoire généalogique et chronologique de la Maison royale de France, t. II, par le Père Anselme, par la Compagnie des Libraires, à Paris, 1712
  9. La date du mariage est inscrite sur le livre de raison de Jeanne de Balsac consigné sur la page de garde du manuscrit français 25441 de la Bibliothèque Nationale (Palamon et Arcita d'Anne de Granville)
  10. « Histoire de La Bastie d'Urfé et de ses seigneurs, p. 1 à 12 », sur Le château de La Bastie d'Urfé, par le comte Georges Richard de Soultrait et Félix Thiollier, la Diana, à Montbrison, et Théolier, à St-Etienne, 1886
  11. « La débâcle des La Rochefoucauld et Du Chastellet, marquis de Langeac, de Bâgé et d'Urfé, p. 306-312 (suivie de la Belle journée de Langeac, fête donnée au marquis de La Fayette le 13 août 1786, p. 312-320), par Jean-Baptiste Belmont », sur Tablettes historiques du Velay, 2e année, 1871-1872, chez Desbenoît, au Puy, 1872
  12. Achille Gamon, Mémoires (XVIe s.) et notes des éditeurs (XVIIIe s.), (lire en ligne), p. 327-328
  13. « Illiers d'Entragues, p. 117 : Charlotte-Catherine de Balzac d'Entragues, fille de François de Balzac, femme en 1588 de Jacques d'Illier, et mère de Léon d'Illiers d'Entragues », sur Encyclopédie méthodique : Histoire, t. III, chez Panckoucke, à Paris, 1788

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]