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« Louis-Ferdinand Céline » : différence entre les versions

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Sa pensée pessimiste est teintée de [[nihilisme]]. Controversé en raison de ses pamphlets [[antisémite]]s, c'est un {{Citation|écrivain engagé}}<ref>Sur la nature et le degré de l'«engagement» de Céline, voir Pierre A. G. Astier, ''Écrivains français engagés'', Nouvelles éditions Debresse, 1978 et Paul del Perugia, ''Céline'', Nouvelles Éditions Latines, 1987, p. 167.</ref>, d'une proximité coupable avec les [[collaborationnistes]]<ref>''«Il se tient soigneusement à l'écart de la collaboration officielle.»'', Point de vue de Henri Godard, Le Monde, 24 janvier 2011, "Céline émerge comme un des grands créateurs de son temps"</ref>. Il est cependant, en tant qu'écrivain, considéré comme l'un des plus grands novateurs de la littérature française du {{s-|XX|e}}, introduisant un [[style]] elliptique personnel et très travaillé qui emprunte à l'argot et tend à s'approcher de l'émotion immédiate du langage parlé.
Sa pensée pessimiste est teintée de [[nihilisme]]. Controversé en raison de ses pamphlets [[antisémite]]s, c'est un {{Citation|écrivain engagé}}<ref>Sur la nature et le degré de l'«engagement» de Céline, voir Pierre A. G. Astier, ''Écrivains français engagés'', Nouvelles éditions Debresse, 1978 et Paul del Perugia, ''Céline'', Nouvelles Éditions Latines, 1987, p. 167.</ref>, d'une proximité coupable avec les [[collaborationnistes]]<ref>''«Il se tient soigneusement à l'écart de la collaboration officielle.»'', Point de vue de Henri Godard, Le Monde, 24 janvier 2011, "Céline émerge comme un des grands créateurs de son temps"</ref>. Il est cependant, en tant qu'écrivain, considéré comme l'un des plus grands novateurs de la littérature française du {{s-|XX|e}}, introduisant un [[style]] elliptique personnel et très travaillé qui emprunte à l'argot et tend à s'approcher de l'émotion immédiate du langage parlé.

== Biographie ==

=== Jeunesse en région parisienne ===
Louis Ferdinand Auguste Destouches naît à [[Courbevoie]], au 11, rampe du Pont-de-Neuilly (aujourd'hui chaussée du Président-Paul-Doumer). Il est le fils de Fernand Destouches (Le Havre 1865 - Paris 1932), issu du côté paternel d'une famille de petits commerçants et d'enseignants d'origine normande installés au Havre<ref>Cette famille est issue de la petite noblesse du [[Cotentin]], les Des Touches de Lentillière.</ref>{{, }}<ref name="ChronoPleiade" /> et bretonne du côté maternel, et de Marguerite Guillou (Paris 1868 - Paris 1945), propriétaire d'un magasin de mode, issue d'une famille bretonne venue s'installer en région parisienne pour travailler comme artisans, et de petits commerçants<ref name="ChronoPleiade"/>. Il est baptisé le {{date|28|mai|1894}} avant d'être confié à une nourrice<ref name="MagLitt2011">« Louis-Ferdinand Céline » dans ''[[Le Magazine littéraire]]'', Sophia Publication, Paris, {{numéro}}505, février 2011, {{ISSN|0024-9807}}.</ref>. Son père est employé d'assurances et « correspondancier » selon les propres mots de l'écrivain et a des prétentions nobiliaires (parenté revendiquée plus tard par son fils avec le chevalier [[Jacques Destouches|Destouches]], immortalisé par [[Jules Barbey d'Aurevilly]]), et sa mère est commerçante en dentelles dans une petite boutique du passage Choiseul.

[[Fichier:64, passage Choiseul étages.JPG|vignette|gauche|Le {{numéro}}64 du [[passage Choiseul]] où vécut Louis Destouches enfant.]]
Ses parents déménagent en [[1897]] et s'installent à Paris, d'abord [[rue de Babylone]] puis, un an plus tard, [[rue Ganneron]] et enfin, durant l'été [[1899]], [[passage Choiseul]], dans le quartier de l'Opéra, où Céline passe toute son enfance dans ce qu'il appelle sa « cloche à gaz » en référence à l'éclairage de la galerie par la multitude de becs à gaz au début du {{XXe siècle}}.En [[1900]], il entre à l'école communale du square Louvois. Après cinq ans, il intègre une école catholique durant une année avant de revenir à un enseignement public. Il reçoit une instruction assez sommaire, malgré deux [[Séjour linguistique|séjours linguistiques]] en [[Allemagne]] d'abord, à [[Diepholz]] pendant un an puis à [[Karlsruhe]], et en [[Angleterre]] ensuite. Il occupe de petits emplois durant son adolescence, notamment dans des bijouteries, et s'engage dans l'armée française en [[1912]], à {{unité|18|ans}}, par devancement d'appel.

=== Première Guerre mondiale et Afrique ===

Il rejoint le [[12e régiment de cuirassiers|12{{e}} régiment de cuirassiers]] à [[Rambouillet]]. Il utilisera ses souvenirs d'enfance dans ''[[Mort à crédit]]'' et ses souvenirs d'incorporation dans ''[[Voyage au bout de la nuit]]'' ou encore dans ''[[Casse-pipe]]'' (1949). Il est promu [[brigadier]] en [[1913]], puis [[maréchal des logis]] le {{date|5|mai|1914}}. Quelques semaines avant son vingtième anniversaire, il est ainsi [[sous-officier]].

Trois mois plus tard, son régiment participe aux premiers combats de la [[Première Guerre mondiale]] en [[Flandre-Occidentale]]. Pour avoir accompli une liaison risquée dans le secteur de [[Langemark-Poelkapelle|Poelkapelle]] au cours de laquelle il est grièvement blessé à l'épaule droite – et non à la tête, contrairement à une légende tenace qu'il avait lui-même répandue, affirmant avoir été [[Trépanation|trépané]]<ref name="Brami"/> –, et dès l'automne 1914 avoir eu le tympan abîmé<ref>[http://www.evene.fr/celebre/biographie/louis-ferdinand-celine-333.php Louis-Ferdinand Céline — EVENE<!-- Titre généré automatiquement -->]</ref>, il sera décoré de la [[Croix de guerre 1914-1918 (France)|Croix de guerre]] avec étoile d'argent, ce qui lui conférera la [[Médaille militaire]], le {{date|24|novembre|1914}}. Ce fait d'armes sera relaté dans ''[[L'Illustré national]]''<ref>[http://ettuttiquanti.blogspot.com/2008/07/louis-ferdinand-celine-marechal-des.html Site ''Entre guillemets...''], consulté le 27/10/2011</ref>.

Réopéré en janvier [[1915]], il est déclaré inapte au combat, et est affecté comme auxiliaire au service des visas du consulat français à [[Londres]] (dirigé par l'armée en raison de l'état de siège), puis réformé après avoir été déclaré handicapé à 70 % en raison des séquelles de sa blessure. L'expérience de la guerre jouera un rôle décisif dans la formation de son [[pacifisme]] et de son pessimisme. Il se marie, à Londres, avec Suzanne Nebout, le {{date|19|janvier|1916}}, puis contracte un engagement avec une compagnie de traite qui l'envoie au [[Cameroun]], où il part surveiller des plantations. Malade, il rentre en France en 1917<ref name="MagLitt2011"/>.

Rencontre importante qui complète sa formation intellectuelle : il travaille en 1917-1918 auprès du savant-inventeur-journaliste-conférencier [[Henry de Graffigny]]. Embauchés ensemble par la mission [[Rockefeller]], ils parcourent la [[Bretagne]] en [[1918]] pour une campagne de prévention de la [[tuberculose]].

=== La formation du médecin ===
Après la guerre, Louis-Ferdinand Destouches se fixe à [[Rennes]]. Il épouse [[Édith Follet]], la fille du directeur de l'école de médecine de Rennes, le 10 août 1919 à [[Quintin]] (Côtes-du-Nord). Celle-ci donne naissance à son unique fille, Colette Destouches, le 15 juin 1920. Il prépare alors le [[Baccalauréat (France)|baccalauréat]], qu'il obtiendra en [[1919]], puis poursuit des études de médecine de [[1920]] à [[1924]] en bénéficiant des programmes allégés réservés aux anciens combattants. Sa thèse de doctorat de médecine, « [[La vie et l'œuvre de Philippe Ignace Semmelweis]] » (soutenue en [[1924 en science|1924]]), sera plus tard considérée comme sa première œuvre littéraire. Il publie ''La Quinine en thérapeutique'' ([[1925]]). Après son doctorat, il est embauché à [[Genève]] par la [[fondation Rockefeller]] qui subventionne un poste de l'Institut d'hygiène de la [[Société des Nations|SDN]], fondé et dirigé par le {{Dr}} Rajchman. Sa famille ne l'accompagne pas. Il effectue plusieurs voyages en Afrique et en Amérique avec des médecins. Cela l'amène notamment à visiter les usines [[Ford]] au cours d'un séjour à [[Détroit (Michigan)|Détroit]] qui dure un peu moins de 36 heures, le temps pour lui d'être vivement impressionné par le [[fordisme]] et plus largement par l'industrialisation. Contrairement à la légende souvent reprise, il n'a jamais été conseiller médical de la société des automobiles [[Ford]] à [[Détroit (Michigan)|Détroit]]<ref>Nicholas Hewitt, ''The Life of Céline: a Critical Biography'', Blackwell Publishers, 1998, pp. 64-66.</ref>.

Son contrat à la [[Société des Nations|SDN]] n'ayant pas été renouvelé, il est engagé, après avoir envisagé d'acheter une clinique en banlieue parisienne et un essai d'exercice libéral de la médecine, par le dispensaire de [[Bezons]] ([[1940]]-[[1944]]) où il effectue quatre vacations de deux heures par semaine pour lesquelles il est payé {{unité|2000|F}} par mois{{refnec}}. Il y rencontre Albert Sérouille et lui fera même une fameuse préface à son livre ''Bezons à travers les âges''<ref>''Bezons à travers les âges'', préface de Louis-Ferdinand Céline, éditions Denoël, coll. À la Ronde du grand Paris, {{numéro}}1, 1944, 17 illustrations et 4 plans. Achevé à Bezons en août 1943 et dédié à son épouse, {{Mme}} Sérouille de Meester.</ref>. Pour compléter ses revenus, il occupera un poste polyvalent de concepteur de documents publicitaires, de spécialités pharmaceutiques et même de visiteur médical dans trois laboratoires pharmaceutiques.

=== Elizabeth Craig ===
En 1926, il rencontre à Genève Elizabeth Craig (1902-1989), une danseuse américaine, qui sera la plus grande passion de sa vie. C'est à elle, qu'il surnommera « l'Impératrice », qu'il dédiera ''[[Voyage au bout de la nuit]]''. Elle le suit à Paris, [[rue Lepic]], mais le quitte en 1933, peu après la publication du ''Voyage''. Il partira à sa recherche en Californie, mais ce sera pour apprendre qu'elle a épousé Ben Tankel qui se trouve être Juif ; après quoi on n'entendra plus parler d'elle jusqu'en 1988, date à laquelle l'universitaire américain Alphonse Juilland la retrouvera, quelques jours avant Jean Monnier, qui était sur sa trace également<ref>Voir ''Elizabeth Craig raconte Céline : entretien avec la dédicataire de'' Voyage au bout de la nuit, par Jean Monnier, Paris, Bibliothèque de littérature française contemporaine, 1988 {{OCLC|462165615}} et ''Elizabeth et Louis : Elizabeth Craig parle de Louis-Ferdinand Céline'', propos recueillis et présentés par Alphonse Juilland, Paris, Gallimard, 1994 {{ISBN|978-2-07-072928-9}} {{OCLC|31066140}}.</ref>. Elle affirmera alors dans une interview qu'elle craignait qu'en perdant sa beauté avec l'âge, elle finisse par ne plus rien représenter pour lui<ref name="Brami"/>.

=== La formation de l'écrivain ===
Comme beaucoup d'écrivains, Céline a su habilement bâtir toute une série de mythes sur sa personnalité. En même temps que ''[[Voyage au bout de la nuit]]'', Céline écrivait des articles pour une revue médicale (''La Presse médicale'') qui ne correspondent pas à l'image de libertaire qu'on s'est faite de lui<ref>Si, en 1933, dans une lettre à [[Élie Faure]], Céline s'est déclaré {{guil|anarchiste jusqu'au bout des ongles}}, c'était pour rejeter l'engagement dans l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires (AEAR, organisation antifasciste proche des communistes) que lui proposait son correspondant, ainsi que {{guil|notre dégueulasserie commune de droite et de gauche d'homme}}. Mais il ne s'engagera pas non plus avec les anarchistes, alors même que certains d'entre eux l'y incitaient après la guerre. Dans une lettre à [[Albert Paraz]], il écrira même : {{guil|J'aime bien les anarchistes mais cette idolâtrie des “grandes figures” est niaise. C'est de l'impuissance mentale. Ils remarquent ceux qui ont souffert pour la cause deux siècles “trop tard” et encore “tout de travers” ! Ou pas souffert du tout. On est dans la connerie.}}</ref>. Dans le premier des deux articles publiés dans cette revue en mai 1928, Céline vante les méthodes de l'industriel américain [[Henry Ford]], méthodes consistant à embaucher de préférence « les ouvriers tarés physiquement et mentalement » et que Céline appelle aussi « les déchus de l'existence ». Cette sorte d'ouvriers, remarque Céline, « dépourvus de sens critique et même de vanité élémentaire », forme « une main-d’œuvre stable et qui se résigne mieux qu'une autre ». Céline déplore qu'il n'existe rien encore de semblable en Europe, « sous des prétextes plus ou moins traditionnels, littéraires, toujours futiles et pratiquement désastreux ».

Dans le deuxième article, publié en novembre 1928, Céline propose de créer des médecins-policiers d'entreprise, « vaste police médicale et sanitaire » chargée de convaincre les ouvriers « que la plupart des malades peuvent travailler » et que « l'assuré doit travailler le plus possible avec le moins d'interruption possible pour cause de maladie ». Il s'agit, affirme Céline, d'« une entreprise patiente de correction et de rectification intellectuelle » tout à fait réalisable pourtant car « Le public ne demande pas à comprendre, il demande à croire. » Céline conclut sans équivoque : « L'intérêt populaire ? C'est une substance bien infidèle, impulsive et vague. Nous y renonçons volontiers. Ce qui nous paraît beaucoup plus sérieux, c'est l'intérêt patronal et son intérêt économique, point sentimental. » On peut toutefois s'interroger sur la correspondance entre ces écrits et les réels sentiments de Céline, sur le degré d'ironie de ces commentaires « médicaux » (ou sur une éventuelle évolution) car, quelques années plus tard, plusieurs passages de ''[[Voyage au bout de la nuit]]'' dénonceront clairement l'inhumanité du système capitaliste en général et fordiste en particulier<ref>Citons ces deux passages relevés dans l'édition Folioplus de l'œuvre maîtresse de l'écrivain :

{{guil|On est tous assis sur une grande galère, on rame tous à tour de bras, […] On travaille ! qu'ils disent. C'est ça encore qu'est plus infect que tout le reste, leur travail. On est en bas dans les cales à souffler de la gueule, puants, suintants des rouspignolles, et puis voilà ! En haut sur le pont, au frais, il y a les maîtres [qui s'engraissent] et qui s'en font pas, avec des belles femmes roses et gonflées de parfums sur les genoux.}} (p. 13)

{{citation|Un patron [avare] se trouve toujours rassuré par l'ignominie de son personnel. L'esclave doit être coûte que coûte un peu et même beaucoup méprisable. Un ensemble de petites tares chroniques et physiques justifie le sort qui l'accable. La terre tourne mieux ainsi puisque chacun se trouve dessus à sa place méritée. L'être dont on se sert doit être bas, plat, voué aux déchéances, cela soulage, surtout qu'il nous payait tout à fait mal Baryton. Dans ces cas d'avarices aiguës les employeurs demeurent un peu soupçonneux et inquiets. Raté, débauché, dévoyé, tout s'expliquait, se justifiait et s'harmonisait en somme. Il ne lui aurait pas déplu à Baryton que j'aye été recherché par la police. C'est ça qui rend dévoué.}} (p. 454)</ref>.

C'est toute cette partie de sa vie qu'il relate à travers les aventures de son antihéros Ferdinand Bardamu, dans son roman le plus connu, le premier, ''[[Voyage au bout de la nuit]]'' ([[1932]]), pour lequel il reçoit le [[prix Renaudot]], après avoir manqué de peu le [[prix Goncourt]] (ce qui provoquera la démission de [[Lucien Descaves]] du jury du Goncourt).

Le {{date|1|octobre|1933}}, Céline prononce à [[Médan (Yvelines)|Médan]], sur l'invitation de Lucien Descaves, un discours intitulé « Hommage à Zola » lors de la commémoration annuelle de la mort de l'écrivain<ref>''Chronologie'' du volume I ''Romans'', [[Bibliothèque de la Pléiade]], éditions Gallimard, p. LXIX, {{ISBN|978-2-07-011000-1}}.</ref>, qui demeure la seule allocution publique littéraire de sa carrière<ref>[http://www.scribd.com/doc/6806862/Hommage-a-Zola-Louis-Ferdinand-Celine Texte intégral de l'« Hommage à Zola »] sur le site ''www.scribd.com''</ref>. À cette époque, en raison de la publication du ''Voyage'', Céline est particulièrement apprécié des milieux de gauche qui voient en lui un porte-parole des milieux populaires et un militant anti-militariste.

=== L'époque des pamphlets antisémites ===
À la fin des [[années 1930]], alors qu'il est en contact avec Arthur Pfannstiel<ref name="Godard251">[[#GOD11|Godard (2011)]], p.251-252</ref>, un critique d'art et traducteur travaillant pour le ''Welt-Dienst'' (service mondial de propagande nazi anti-maçonnique et antisémite), organe auprès duquel il se renseigne<ref>[[Pascal Ory]], ''Les Collaborateurs'' coll. Points/Histoire, Le Seuil 1976, p. 25.</ref>{{, }}<ref name="Godard251"/>, Céline publie deux [[pamphlet]]s fortement marqués par un antisémitisme virulent<ref name="larousse">[http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/C%C3%A9line/112296 Notice « Louis-Ferdinand Céline »] sur ''larousse.fr''.</ref>{{, }}<ref name="LP0511"/> : ''Bagatelles pour un massacre'' (1937) et ''L'École des cadavres'' (1938).

Il présente lui-même ces ouvrages ainsi :
:{{Citation|Je viens de publier un livre abominablement antisémite, je vous l'envoie. Je suis l'ennemi n° 1 des juifs}}<ref>Lettre au Docteur W. Strauss, 1937.</ref>.

Dès la fin des années 1930, Céline se rapproche des milieux d'extrême droite français pro-nazis, en particulier de l'équipe du journal de [[Louis Darquier de Pellepoix]], ''La France enchaînée''<ref>[http://lewebceline.free.fr/contreceline/c%C3%A9line_et_lextreme_droite_fran%C3%A7aise.htm Céline et l'extrême droite française].</ref>.


* Voir plus bas : [[#Politique, racisme et antisémitisme|Politique, racisme et antisémitisme]].
* Voir plus bas : [[#Politique, racisme et antisémitisme|Politique, racisme et antisémitisme]].


=== L'Occupation ===
=== }}<ref>Gérard Loiseaux, ''La Littérature de la défaite et de la collaboration'', Fayard, 1995.</ref>.

Sous l'[[Europe sous domination nazie#Occupation allemande de la France|Occupation]], Céline envoie des lettres aux journaux [[Collaborationnisme|collaborationnistes]]<ref>''Cahiers Céline'', N° 7 : « Céline et l'actualité, 1933-1961 / Louis-Ferdinand Céline ». Textes réunis et présentés par Jean-Pierre Dauphin, Pascal Fouché. Préface de François Gibault. Édition augmentée, Gallimard, 1987 ([http://biblio.beaulieu.dfj.vd.ch:8080/English/ListCate.htm?BM_ZOOM=DOCUMENT&BM_GET_DOCUMENT=24038&BM_QUERY=SERIES&BM_ENDUSER_LNG=English&BM_MAX_NB_REC=50&BM_DOC_TYPE=&BM_DOC_ACQUISITION_DAY=&BM_DOC_ACQUISITION_MONTH=&BM_DOC_ACQUISITION_YEAR=&BM_DOC_LANGUAGE=&BM_DOC_SERIES=&BM_DOC_PLACE=^ table des matières).]
</ref>, certaines y sont publiées, d'autres pas<ref>[http://bazartdesmots.over-blog.com/article-23321924.html Emile Brami et Céline par l’INRP].</ref>. Il y fait preuve d'un [[antisémitisme]] violent<ref>« Quatre lettres de Louis-Ferdinand Céline aux journaux de l'Occupation » in Philippe Alméras, ''Sur Céline'', Éditions de Paris.</ref>{{, }}<ref>L'article « lettres aux journaux » dans Philippe Alméras, ''Dictionnaire Céline'', Plon.</ref>. Par exemple, le 4 septembre 1941, le journal collaborateur ''Notre combat pour la nouvelle France socialiste'' publie un article intitulé « Céline nous parle des Juifs » : Céline y déclare
:{{Citation|Pleurer, c'est le triomphe des Juifs ! Réussit admirablement ! Le monde à nous par les larmes ! 20 millions de martyrs bien entrainés c'est une force ! Les persécutés surgissent, hâves, blêmis, de la nuit des temps, des siècles de torture<ref>''Notre combat pour la nouvelle France socialiste'', reproduit dans le site ''Mémoire juive et Éducation'' ; voir aussi le 9 juillet 1943, dans le journal collaborationniste ''[[Je suis partout#L'organe emblématique du collaborationnisme|Je suis partout]]''.</ref>...}}

Visitant l'exposition « [[Le Juif et la France]] », Céline reproche à Sézille d'avoir éliminé de la librairie de l'exposition ''[[Bagatelles pour un massacre]]'' et ''[[L'École des cadavres]]''. Ces ouvrages sont controversés jusque chez les nazis : si [[Karl Epting]], directeur de l'Institut allemand de Paris décrit Céline comme {{Citation|un de ces Français qui ont une relation profonde avec les sources de l'esprit européen}}, Bernard Payr, qui travaille au service de propagande en France occupée se plaint du fait que Céline {{Citation|gâcherait}} son antisémitisme par des {{Citation|obscénités}} et des {{Citation|cris d'hystérique}}<ref>Gérard Loiseaux, ''La Littérature de la défaite et de la collaboration'', Fayard, 1995.</ref>.


Durant cette période, Céline exprime ouvertement son soutien à l'Allemagne nazie. Lorsque celle-ci entre en guerre contre l'Union soviétique, en juin 1941, il déclare :
Durant cette période, Céline exprime ouvertement son soutien à l'Allemagne nazie. Lorsque celle-ci entre en guerre contre l'Union soviétique, en juin 1941, il déclare :
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=== L'exil : Sigmaringen, puis le Danemark ===
=== L'exil : Sigmaringen, puis le Danemark ===


Après le [[Bataille de Normandie|débarquement du 6 juin 1944]], Céline, craignant pour sa vie, quitte la France le {{date|14|juin|1944}} et se retrouve d'abord à [[Baden-Baden]], en Allemagne, avant de partir pour [[Berlin]], puis pour [[Kraenzlin]] (le Zornhof de ''[[Nord (roman)|Nord]]''), d'où il ne peut le ''Docteur L.-F. Destouches, docteur en médecine de la Faculté de Paris'' accroche une plaque professionnelle au grillage qui enclot la propriété, ainsi qu'une plaque pour ''Lucette Almanzor'' qui annonce les cours de ''danse classique et de caractère'' que son épouse donne dans le pavillon<ref>Jean-Louis Cornille, ''Céline, d'un bout à l'autre'', éd. Rodopi, 1999, p. 10, [http://books.google.be/books?id=SZclvAP6o3UC&pg=PA10 extrait en ligne]</ref>. Il vit pendant plusieurs années des avances de Gallimard jusqu'à ce qu'il renoue avec le succès<ref>''Céline à Meudon'', Film documentaire de Nicolas Crapanne, 2009, [http://www.vallee-culture.fr/culture/exposition-92-musee-expositions-sortie-92/Films-documentaires-Un-lieu-un-destin découvrir en ligne]. Intervenants : [[David Alliot]], [[Philippe Almeras]], [[Madeleine Chapsal]], [[Christian Dedet]], Geneviève Freneau, [[François Gibault]], [[Henri Godard]], [[Judith Magre]], [[Frédéric Vitoux]].</ref>, à partir de [[1957]], grâce à sa « Trilogie allemande », dans laquelle il romance son exil.
Après le [[Bataille de Normandie|débarquement du 6 juin 1944]], Céline, craignant pour sa vie, quitte la France le {{date|14|juin|1944}} et se retrouve d'abord à [[Baden-Baden]], en Allemagne, avant de partir pour [[Berlin]], puis pour [[Kraenzlin]] (le Zornhof de ''[[Nord (roman)|Nord]]''), d'où il ne peut rejoindre le [[Danemark]]... Apprenant que le gouvernement français se forme à [[Sigmaringen]], Céline propose alors à [[Fernand de Brinon]], le représentant de Vichy pour la France occupée, d'y exercer la médecine ; celui-ci accepte. Céline gagne par le train Sigmaringen, voyage qu'il relate dans ''[[Rigodon (roman)|Rigodon]]'' ; là-bas, il côtoie le dernier carré des pétainistes et des dignitaires du [[régime de Vichy]] (''[[D'un château l'autre]]''). C'est seulement après, le {{date|22|mars|1945}}, qu'il quitte Sigmaringen pour le Danemark, occupé par les Allemands, afin de récupérer son or, qui y est conservé. Chronologiquement, la « trilogie » allemande commence par ''[[D'un château l'autre]]'', se continue par ''[[Nord (roman)|Nord]]'' et finit par le livre posthume ''[[Rigodon (roman)|Rigodon]]''. Céline, dans ''[[Nord (roman)|Nord]]'', fait plusieurs allusions à ''[[D'un château l'autre]]''. Il atteint enfin le Danemark pour y vivre en captivité : près d'une année et demie de prison, et plus de quatre ans dans une maison au confort rudimentaire près de la [[mer Baltique]].

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Il vit dans un taudis qu'il ne peut chauffer, et est boycotté par le monde littéraire. En [[1950]], dans le cadre de l'[[épuration à la Libération en France|Épuration]], il est condamné, pour collaboration, à une année d'emprisonnement (qu'il a déjà effectuée au Danemark), à {{formatnum:50000}} francs d'amende, à la confiscation de la moitié de ses biens et à l'[[indignité nationale]]<ref name="Brami"/>{{,}}<ref>Pierre Assouline, ''L'épuration des intellectuels'', Ed. Complexe, 1985, 174 p.</ref>{{,}}<ref name="LPC"/>. Raoul Nordling, consul général de Suède à Paris, serait intervenu en sa faveur auprès de Gustav Rasmussen, ministre danois des affaires étrangères, pour retarder son extradition et aurait écrit en sa faveur au président de la Cour de justice qui le jugeait par contumace<ref>''Lettres'' de Céline, [[bibliothèque de la Pléiade]], [[éditions Gallimard]], 2009, {{ISBN|978-2-07-011604-1}}, p.1871-1872 (note 1, lettre 48-90) et p.1888 (note 1, lettre 49-33)</ref> .

=== Retour en France ===

En avril [[1951]], [[Jean-Louis Tixier-Vignancour|Tixier-Vignancour]] son avocat depuis [[1948]], obtient l'amnistie de Céline au titre de « grand invalide de guerre » (depuis [[1914]]) en présentant son dossier sous le nom de Louis-Ferdinand Destouches sans qu'aucun magistrat ne fasse le rapprochement<ref>{{Lien web | url=http://editions-horay.pagesperso-orange.fr/livres/ad_affaire.htm
| titre=L'Affaire Louis-Ferdinand Céline
| auteur = David Alliot
| année = 2007
| éditeur = Éditions Horay
| site = editions-horay.pagesperso-orange.fr
| consulté le =26/10/2011
}}. Article de Dominique Chabrol du 3 octobre 2007.</ref>{{,}}<ref name="LP0511">
{{Lien web | url =http://www.lepoint.fr/actualites-litterature/2009-11-05/celine-lettres-de-la-haine/1038/0/392589
| titre =Céline, lettres de la haine
| auteur = Jacques-Pierre Amette
| année =5/11/2009
| éditeur = Le Point
| site =lepoint.fr
| consulté le =21/07/2010
}}</ref>{{,}}<ref name="LPC">[http://lewebceline.free.fr/contreceline/le_proc%C3%A8s_c%C3%A9line.htm Le procès Céline]</ref>. De retour de Copenhague l'été suivant, Céline et son épouse - ils sont mariés depuis 1943<ref>http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/C%C3%A9line/112296</ref>-, Lucette (née Almanzor, le {{date|20|juillet|1912}} à Paris) s'installent chez des amis à Nice en juillet 1951. Son éditeur [[Robert Denoël]] ayant été assassiné en 1945, il signe le même mois un contrat de cinq millions de francs avec [[Gaston Gallimard]] pour la publication de ''[[Féerie pour une autre fois]]'', la réédition de ''[[Voyage au bout de la nuit]]'', de ''[[Mort à crédit]]'' et d'autres ouvrages<ref>Henri Thyssens, ''Chronologie biographique de Robert Denoël, éditeur'', in site personnel Thyssen.com, 2005-2010, [http://www.thyssens.com/01chrono/chrono_1951.php passage en ligne]</ref>.

En octobre de la même année le couple s'installe dans un pavillon vétuste, route des Gardes, à [[Meudon]], dans les [[Hauts-de-Seine]] (à l'époque, département de la [[Seine-et-Oise]]). Inscrit à l'Ordre des médecins, le ''Docteur L.-F. Destouches, docteur en médecine de la Faculté de Paris'' accroche une plaque professionnelle au grillage qui enclot la propriété, ainsi qu'une plaque pour ''Lucette Almanzor'' qui annonce les cours de ''danse classique et de caractère'' que son épouse donne dans le pavillon<ref>Jean-Louis Cornille, ''Céline, d'un bout à l'autre'', éd. Rodopi, 1999, p. 10, [http://books.google.be/books?id=SZclvAP6o3UC&pg=PA10 extrait en ligne]</ref>. Il vit pendant plusieurs années des avances de Gallimard jusqu'à ce qu'il renoue avec le succès<ref>''Céline à Meudon'', Film documentaire de Nicolas Crapanne, 2009, [http://www.vallee-culture.fr/culture/exposition-92-musee-expositions-sortie-92/Films-documentaires-Un-lieu-un-destin découvrir en ligne]. Intervenants : [[David Alliot]], [[Philippe Almeras]], [[Madeleine Chapsal]], [[Christian Dedet]], Geneviève Freneau, [[François Gibault]], [[Henri Godard]], [[Judith Magre]], [[Frédéric Vitoux]].</ref>, à partir de [[1957]], grâce à sa « Trilogie allemande », dans laquelle il romance son exil.
[[Fichier:Celine Grave.JPG|thumb|right|250px|La tombe de Céline au cimetière de Meudon]]
Publiés successivement et séparément, ''[[D'un château l'autre]]'' ([[1957]]), ''[[Nord (roman)|Nord]]'' (1960) et ''[[Rigodon (roman)|Rigodon]]'' ([[1969]]) forment en réalité trois volets d'un seul roman. Céline s'y met personnellement en scène comme personnage et comme narrateur.

Louis-Ferdinand Destouches décède à son domicile de [[Meudon]] le {{Date|1|juillet|1961|en littérature}}, vraisemblablement des suites d'une [[artériosclérose]] [[cerveau|cérébrale]]<ref>[[Christian Dedet]], ''La condition médicale de L.-F. Céline'', Louis-Ferdinand Céline,'' L'Herne'', n° 3, 1963, pp.312-314 et ''Céline à Meudon'', Film documentaire de Nicolas Crapanne, 2009, [http://www.vallee-culture.fr/culture/exposition-92-musee-expositions-sortie-92/Films-documentaires-Un-lieu-un-destin découvrir en ligne]. Intervenants : [[David Alliot]], [[Philippe Almeras]], [[Madeleine Chapsal]], [[Christian Dedet]], Geneviève Freneau, [[François Gibault]], [[Henri Godard]], [[Judith Magre]], [[Frédéric Vitoux]].</ref> - bien que d'autres pathologies soient parfois évoquées<ref name="Brami">Émile Brami, ''Céline vivant - Entretiens - Biographie'', 2 DVD + livret, Éditions Montparnasse, 2007</ref> -, laissant veuve Lucette Destouches<ref>« Lucette
fut le vrai corps vivant de Céline. Il consacrait toute son énergie à penser, son cerveau
gigantesque débordait de sa carcasse malingre et malade, sa nervosité musicale
parcourait de fibrillations le coffre décharné de cet antique clavecin d'os et de veines.
Lucette lui tenait lieu de réservoir de souplesse et de grâce, elle fut son trésor de
sensualité, son sexe, ses muscles, sa vigueur. » Phrase citée par Stéphane Zagdanski dans ''Mes Moires''[http://parolesdesjours.free.fr/mesmoires.pdf] ( page 130 ).</ref>. Il est enterré au cimetière des Longs Réages, à [[Meudon]] ; le pavillon qu'il occupait brûlera en [[mai 1968]], détruisant alors ses lettres et manuscrits<ref>http://www.ina.fr/art-et-culture/litterature/video/I04216724/michel-audiard-a-propos-de-louis-ferdinand-celine.fr.html</ref>{{,}}<ref name="Brami"/>.


== Le style Céline ==
== Le style Céline ==

Version du 3 février 2012 à 18:16

Louis-Ferdinand Céline
Description de cette image, également commentée ci-après
Louis-Ferdinand Céline.
Nom de naissance Louis Ferdinand Destouches[1]
Naissance
Courbevoie, France
Décès (à 67 ans)
Meudon, France
Distinctions
Auteur
Langue d’écriture Français
Genres

Louis Ferdinand Destouches, né le à Courbevoie, département de la Seine, et mort le à Meudon, plus connu sous son nom de plume Louis-Ferdinand Céline (prénom de sa grand-mère et l'un des prénoms de sa mère), généralement abrégé en Céline, est un médecin et écrivain français, le plus traduit et diffusé dans le monde parmi ceux du XXe siècle après Marcel Proust.

Sa pensée pessimiste est teintée de nihilisme. Controversé en raison de ses pamphlets antisémites, c'est un « écrivain engagé »[2], d'une proximité coupable avec les collaborationnistes[3]. Il est cependant, en tant qu'écrivain, considéré comme l'un des plus grands novateurs de la littérature française du XXe siècle, introduisant un style elliptique personnel et très travaillé qui emprunte à l'argot et tend à s'approcher de l'émotion immédiate du langage parlé.

Biographie

Jeunesse en région parisienne

Louis Ferdinand Auguste Destouches naît à Courbevoie, au 11, rampe du Pont-de-Neuilly (aujourd'hui chaussée du Président-Paul-Doumer). Il est le fils de Fernand Destouches (Le Havre 1865 - Paris 1932), issu du côté paternel d'une famille de petits commerçants et d'enseignants d'origine normande installés au Havre[4],[1] et bretonne du côté maternel, et de Marguerite Guillou (Paris 1868 - Paris 1945), propriétaire d'un magasin de mode, issue d'une famille bretonne venue s'installer en région parisienne pour travailler comme artisans, et de petits commerçants[1]. Il est baptisé le avant d'être confié à une nourrice[5]. Son père est employé d'assurances et « correspondancier » selon les propres mots de l'écrivain et a des prétentions nobiliaires (parenté revendiquée plus tard par son fils avec le chevalier Destouches, immortalisé par Jules Barbey d'Aurevilly), et sa mère est commerçante en dentelles dans une petite boutique du passage Choiseul.

Le no 64 du passage Choiseul où vécut Louis Destouches enfant.

Ses parents déménagent en 1897 et s'installent à Paris, d'abord rue de Babylone puis, un an plus tard, rue Ganneron et enfin, durant l'été 1899, passage Choiseul, dans le quartier de l'Opéra, où Céline passe toute son enfance dans ce qu'il appelle sa « cloche à gaz » en référence à l'éclairage de la galerie par la multitude de becs à gaz au début du XXe siècle.En 1900, il entre à l'école communale du square Louvois. Après cinq ans, il intègre une école catholique durant une année avant de revenir à un enseignement public. Il reçoit une instruction assez sommaire, malgré deux séjours linguistiques en Allemagne d'abord, à Diepholz pendant un an puis à Karlsruhe, et en Angleterre ensuite. Il occupe de petits emplois durant son adolescence, notamment dans des bijouteries, et s'engage dans l'armée française en 1912, à 18 ans, par devancement d'appel.

Première Guerre mondiale et Afrique

Il rejoint le 12e régiment de cuirassiers à Rambouillet. Il utilisera ses souvenirs d'enfance dans Mort à crédit et ses souvenirs d'incorporation dans Voyage au bout de la nuit ou encore dans Casse-pipe (1949). Il est promu brigadier en 1913, puis maréchal des logis le . Quelques semaines avant son vingtième anniversaire, il est ainsi sous-officier.

Trois mois plus tard, son régiment participe aux premiers combats de la Première Guerre mondiale en Flandre-Occidentale. Pour avoir accompli une liaison risquée dans le secteur de Poelkapelle au cours de laquelle il est grièvement blessé à l'épaule droite – et non à la tête, contrairement à une légende tenace qu'il avait lui-même répandue, affirmant avoir été trépané[6] –, et dès l'automne 1914 avoir eu le tympan abîmé[7], il sera décoré de la Croix de guerre avec étoile d'argent, ce qui lui conférera la Médaille militaire, le . Ce fait d'armes sera relaté dans L'Illustré national[8].

Réopéré en janvier 1915, il est déclaré inapte au combat, et est affecté comme auxiliaire au service des visas du consulat français à Londres (dirigé par l'armée en raison de l'état de siège), puis réformé après avoir été déclaré handicapé à 70 % en raison des séquelles de sa blessure. L'expérience de la guerre jouera un rôle décisif dans la formation de son pacifisme et de son pessimisme. Il se marie, à Londres, avec Suzanne Nebout, le , puis contracte un engagement avec une compagnie de traite qui l'envoie au Cameroun, où il part surveiller des plantations. Malade, il rentre en France en 1917[5].

Rencontre importante qui complète sa formation intellectuelle : il travaille en 1917-1918 auprès du savant-inventeur-journaliste-conférencier Henry de Graffigny. Embauchés ensemble par la mission Rockefeller, ils parcourent la Bretagne en 1918 pour une campagne de prévention de la tuberculose.

La formation du médecin

Après la guerre, Louis-Ferdinand Destouches se fixe à Rennes. Il épouse Édith Follet, la fille du directeur de l'école de médecine de Rennes, le 10 août 1919 à Quintin (Côtes-du-Nord). Celle-ci donne naissance à son unique fille, Colette Destouches, le 15 juin 1920. Il prépare alors le baccalauréat, qu'il obtiendra en 1919, puis poursuit des études de médecine de 1920 à 1924 en bénéficiant des programmes allégés réservés aux anciens combattants. Sa thèse de doctorat de médecine, « La vie et l'œuvre de Philippe Ignace Semmelweis » (soutenue en 1924), sera plus tard considérée comme sa première œuvre littéraire. Il publie La Quinine en thérapeutique (1925). Après son doctorat, il est embauché à Genève par la fondation Rockefeller qui subventionne un poste de l'Institut d'hygiène de la SDN, fondé et dirigé par le Dr Rajchman. Sa famille ne l'accompagne pas. Il effectue plusieurs voyages en Afrique et en Amérique avec des médecins. Cela l'amène notamment à visiter les usines Ford au cours d'un séjour à Détroit qui dure un peu moins de 36 heures, le temps pour lui d'être vivement impressionné par le fordisme et plus largement par l'industrialisation. Contrairement à la légende souvent reprise, il n'a jamais été conseiller médical de la société des automobiles Ford à Détroit[9].

Son contrat à la SDN n'ayant pas été renouvelé, il est engagé, après avoir envisagé d'acheter une clinique en banlieue parisienne et un essai d'exercice libéral de la médecine, par le dispensaire de Bezons (1940-1944) où il effectue quatre vacations de deux heures par semaine pour lesquelles il est payé 2 000 F par mois[réf. nécessaire]. Il y rencontre Albert Sérouille et lui fera même une fameuse préface à son livre Bezons à travers les âges[10]. Pour compléter ses revenus, il occupera un poste polyvalent de concepteur de documents publicitaires, de spécialités pharmaceutiques et même de visiteur médical dans trois laboratoires pharmaceutiques.

Elizabeth Craig

En 1926, il rencontre à Genève Elizabeth Craig (1902-1989), une danseuse américaine, qui sera la plus grande passion de sa vie. C'est à elle, qu'il surnommera « l'Impératrice », qu'il dédiera Voyage au bout de la nuit. Elle le suit à Paris, rue Lepic, mais le quitte en 1933, peu après la publication du Voyage. Il partira à sa recherche en Californie, mais ce sera pour apprendre qu'elle a épousé Ben Tankel qui se trouve être Juif ; après quoi on n'entendra plus parler d'elle jusqu'en 1988, date à laquelle l'universitaire américain Alphonse Juilland la retrouvera, quelques jours avant Jean Monnier, qui était sur sa trace également[11]. Elle affirmera alors dans une interview qu'elle craignait qu'en perdant sa beauté avec l'âge, elle finisse par ne plus rien représenter pour lui[6].

La formation de l'écrivain

Comme beaucoup d'écrivains, Céline a su habilement bâtir toute une série de mythes sur sa personnalité. En même temps que Voyage au bout de la nuit, Céline écrivait des articles pour une revue médicale (La Presse médicale) qui ne correspondent pas à l'image de libertaire qu'on s'est faite de lui[12]. Dans le premier des deux articles publiés dans cette revue en mai 1928, Céline vante les méthodes de l'industriel américain Henry Ford, méthodes consistant à embaucher de préférence « les ouvriers tarés physiquement et mentalement » et que Céline appelle aussi « les déchus de l'existence ». Cette sorte d'ouvriers, remarque Céline, « dépourvus de sens critique et même de vanité élémentaire », forme « une main-d’œuvre stable et qui se résigne mieux qu'une autre ». Céline déplore qu'il n'existe rien encore de semblable en Europe, « sous des prétextes plus ou moins traditionnels, littéraires, toujours futiles et pratiquement désastreux ».

Dans le deuxième article, publié en novembre 1928, Céline propose de créer des médecins-policiers d'entreprise, « vaste police médicale et sanitaire » chargée de convaincre les ouvriers « que la plupart des malades peuvent travailler » et que « l'assuré doit travailler le plus possible avec le moins d'interruption possible pour cause de maladie ». Il s'agit, affirme Céline, d'« une entreprise patiente de correction et de rectification intellectuelle » tout à fait réalisable pourtant car « Le public ne demande pas à comprendre, il demande à croire. » Céline conclut sans équivoque : « L'intérêt populaire ? C'est une substance bien infidèle, impulsive et vague. Nous y renonçons volontiers. Ce qui nous paraît beaucoup plus sérieux, c'est l'intérêt patronal et son intérêt économique, point sentimental. » On peut toutefois s'interroger sur la correspondance entre ces écrits et les réels sentiments de Céline, sur le degré d'ironie de ces commentaires « médicaux » (ou sur une éventuelle évolution) car, quelques années plus tard, plusieurs passages de Voyage au bout de la nuit dénonceront clairement l'inhumanité du système capitaliste en général et fordiste en particulier[13].

C'est toute cette partie de sa vie qu'il relate à travers les aventures de son antihéros Ferdinand Bardamu, dans son roman le plus connu, le premier, Voyage au bout de la nuit (1932), pour lequel il reçoit le prix Renaudot, après avoir manqué de peu le prix Goncourt (ce qui provoquera la démission de Lucien Descaves du jury du Goncourt).

Le , Céline prononce à Médan, sur l'invitation de Lucien Descaves, un discours intitulé « Hommage à Zola » lors de la commémoration annuelle de la mort de l'écrivain[14], qui demeure la seule allocution publique littéraire de sa carrière[15]. À cette époque, en raison de la publication du Voyage, Céline est particulièrement apprécié des milieux de gauche qui voient en lui un porte-parole des milieux populaires et un militant anti-militariste.

L'époque des pamphlets antisémites

À la fin des années 1930, alors qu'il est en contact avec Arthur Pfannstiel[16], un critique d'art et traducteur travaillant pour le Welt-Dienst (service mondial de propagande nazi anti-maçonnique et antisémite), organe auprès duquel il se renseigne[17],[16], Céline publie deux pamphlets fortement marqués par un antisémitisme virulent[18],[19] : Bagatelles pour un massacre (1937) et L'École des cadavres (1938).

Il présente lui-même ces ouvrages ainsi :

« Je viens de publier un livre abominablement antisémite, je vous l'envoie. Je suis l'ennemi n° 1 des juifs »[20].

Dès la fin des années 1930, Céline se rapproche des milieux d'extrême droite français pro-nazis, en particulier de l'équipe du journal de Louis Darquier de Pellepoix, La France enchaînée[21].

L'Occupation

Sous l'Occupation, Céline envoie des lettres aux journaux collaborationnistes[22], certaines y sont publiées, d'autres pas[23]. Il y fait preuve d'un antisémitisme violent[24],[25]. Par exemple, le 4 septembre 1941, le journal collaborateur Notre combat pour la nouvelle France socialiste publie un article intitulé « Céline nous parle des Juifs » : Céline y déclare

« Pleurer, c'est le triomphe des Juifs ! Réussit admirablement ! Le monde à nous par les larmes ! 20 millions de martyrs bien entrainés c'est une force ! Les persécutés surgissent, hâves, blêmis, de la nuit des temps, des siècles de torture[26]... »

Visitant l'exposition « Le Juif et la France », Céline reproche à Sézille d'avoir éliminé de la librairie de l'exposition Bagatelles pour un massacre et L'École des cadavres. Ces ouvrages sont controversés jusque chez les nazis : si Karl Epting, directeur de l'Institut allemand de Paris décrit Céline comme « un de ces Français qui ont une relation profonde avec les sources de l'esprit européen », Bernard Payr, qui travaille au service de propagande en France occupée se plaint du fait que Céline « gâcherait » son antisémitisme par des « obscénités » et des « cris d'hystérique »[27].

Durant cette période, Céline exprime ouvertement son soutien à l'Allemagne nazie. Lorsque celle-ci entre en guerre contre l'Union soviétique, en juin 1941, il déclare :

« pour devenir collaborationniste, j’ai pas attendu que la Kommandantur pavoise au Crillon… On n’y pense pas assez à cette protection de la race blanche. C’est maintenant qu’il faut agir, parce que demain il sera trop tard. […] Doriot s’est comporté comme il l’a toujours fait. C’est un homme… il faut travailler, militer avec Doriot. […] Cette légion (la L.V.F.) si calomniée, si critiquée, c'est la preuve de la vie. […] Moi, je vous le dis, la Légion, c'est très bien, c'est tout ce qu'il y a de bien. »[28].

Il publie alors Les Beaux Draps, son troisième et dernier pamphlet antisémite (Nouvelles éditions françaises, 1941), dans lequel il exprime clairement sa sympathie pour l'occupant :

« C’est la présence des Allemands qu’est insupportable. Ils sont bien polis, bien convenables. Ils se tiennent comme des boys scouts. Pourtant on peut pas les piffer… Pourquoi je vous demande ? Ils ont humilié personne… Ils ont repoussé l’armée française qui ne demandait qu’à foutre le camp. Ah, si c’était une armée juive alors comment on l’adulerait [29]! »

En 1943 Hans Grimm membre du SD à Rennes fournira à Louis Ferdinand Céline une autorisation pour se rendre en villégiature à Saint-Malo (zone d'accès limité à cette période du conflit). L’auteur lui offrira un exemplaire d'une première édition d'un de ses romans.

L'exil : Sigmaringen, puis le Danemark

Après le débarquement du 6 juin 1944, Céline, craignant pour sa vie, quitte la France le et se retrouve d'abord à Baden-Baden, en Allemagne, avant de partir pour Berlin, puis pour Kraenzlin (le Zornhof de Nord), d'où il ne peut rejoindre le Danemark... Apprenant que le gouvernement français se forme à Sigmaringen, Céline propose alors à Fernand de Brinon, le représentant de Vichy pour la France occupée, d'y exercer la médecine ; celui-ci accepte. Céline gagne par le train Sigmaringen, voyage qu'il relate dans Rigodon ; là-bas, il côtoie le dernier carré des pétainistes et des dignitaires du régime de Vichy (D'un château l'autre). C'est seulement après, le , qu'il quitte Sigmaringen pour le Danemark, occupé par les Allemands, afin de récupérer son or, qui y est conservé. Chronologiquement, la « trilogie » allemande commence par D'un château l'autre, se continue par Nord et finit par le livre posthume Rigodon. Céline, dans Nord, fait plusieurs allusions à D'un château l'autre. Il atteint enfin le Danemark pour y vivre en captivité : près d'une année et demie de prison, et plus de quatre ans dans une maison au confort rudimentaire près de la mer Baltique.

Il vit dans un taudis qu'il ne peut chauffer, et est boycotté par le monde littéraire. En 1950, dans le cadre de l'Épuration, il est condamné, pour collaboration, à une année d'emprisonnement (qu'il a déjà effectuée au Danemark), à 50 000 francs d'amende, à la confiscation de la moitié de ses biens et à l'indignité nationale[6],[30],[31]. Raoul Nordling, consul général de Suède à Paris, serait intervenu en sa faveur auprès de Gustav Rasmussen, ministre danois des affaires étrangères, pour retarder son extradition et aurait écrit en sa faveur au président de la Cour de justice qui le jugeait par contumace[32] .

Retour en France

En avril 1951, Tixier-Vignancour son avocat depuis 1948, obtient l'amnistie de Céline au titre de « grand invalide de guerre » (depuis 1914) en présentant son dossier sous le nom de Louis-Ferdinand Destouches sans qu'aucun magistrat ne fasse le rapprochement[33],[19],[31]. De retour de Copenhague l'été suivant, Céline et son épouse - ils sont mariés depuis 1943[34]-, Lucette (née Almanzor, le à Paris) s'installent chez des amis à Nice en juillet 1951. Son éditeur Robert Denoël ayant été assassiné en 1945, il signe le même mois un contrat de cinq millions de francs avec Gaston Gallimard pour la publication de Féerie pour une autre fois, la réédition de Voyage au bout de la nuit, de Mort à crédit et d'autres ouvrages[35].

En octobre de la même année le couple s'installe dans un pavillon vétuste, route des Gardes, à Meudon, dans les Hauts-de-Seine (à l'époque, département de la Seine-et-Oise). Inscrit à l'Ordre des médecins, le Docteur L.-F. Destouches, docteur en médecine de la Faculté de Paris accroche une plaque professionnelle au grillage qui enclot la propriété, ainsi qu'une plaque pour Lucette Almanzor qui annonce les cours de danse classique et de caractère que son épouse donne dans le pavillon[36]. Il vit pendant plusieurs années des avances de Gallimard jusqu'à ce qu'il renoue avec le succès[37], à partir de 1957, grâce à sa « Trilogie allemande », dans laquelle il romance son exil.

La tombe de Céline au cimetière de Meudon

Publiés successivement et séparément, D'un château l'autre (1957), Nord (1960) et Rigodon (1969) forment en réalité trois volets d'un seul roman. Céline s'y met personnellement en scène comme personnage et comme narrateur.

Louis-Ferdinand Destouches décède à son domicile de Meudon le , vraisemblablement des suites d'une artériosclérose cérébrale[38] - bien que d'autres pathologies soient parfois évoquées[6] -, laissant veuve Lucette Destouches[39]. Il est enterré au cimetière des Longs Réages, à Meudon ; le pavillon qu'il occupait brûlera en mai 1968, détruisant alors ses lettres et manuscrits[40],[6].

Le style Céline

Le style littéraire de Louis-Ferdinand Céline est souvent décrit comme ayant représenté une « révolution littéraire »[41]. Il renouvelle en son temps le récit romanesque traditionnel, jouant avec les rythmes et les sonorités, dans ce qu'il appelle sa « petite musique »[42]. Le vocabulaire à la fois argotique et scientifique, familier et recherché, est au service d'une terrible lucidité, oscillant entre désespoir et humour, violence et tendresse. Révolution stylistique et réelle révolte (le critique littéraire Gaétan Picon est allé jusqu'à définir le Voyage comme « l'un des cris les plus insoutenables que l'homme ait jamais poussé »). Son vocabulaire original peut donner lieu à des pastiches [43].

C'est en 1936 que, dans Mort à crédit, son style se fait plus radical, notamment par l'utilisation de phrases courtes, très souvent exclamatives, séparées par trois points de suspension. Cette technique d'écriture, conçue pour exprimer et provoquer l'émotion, se retrouvera dans tous les romans qui suivront. Elle décontenancera une bonne partie de la critique à la publication de Mort à crédit. Dans ce roman nourri des souvenirs de son adolescence, Céline présente une vision chaotique et antihéroïque, à la fois burlesque et tragique, de la condition humaine. Le livre, cependant, connaît peu de succès, et se trouve même critiqué par les partisans de Voyage au bout de la nuit. Simone de Beauvoir prétendra (mais longtemps après, en 1960) qu'elle et Jean-Paul Sartre y auraient alors vu « un certain mépris haineux des petites gens qui est une attitude préfasciste[44] », tandis qu'Élie Faure, qui avait encensé le Voyage, juge simplement que Céline « piétine dans la merde[45] ».

Sur le plan stylistique, la progression qui apparaît entre son premier roman et son ultime trilogie est marquée par une correspondance de plus en plus nette entre le temps du récit (ou temps de l'action) et le temps de la narration (ou temps de l'écriture). C'est ainsi que le présent de narration envahit l'espace romanesque au point que l'action ne semble plus se dérouler dans le passé, mais bien au contraire au moment même où le narrateur écrit. Le texte se rapproche ainsi progressivement du genre de la chronique, donnant à son lecteur l'impression que les événements se déroulent « en direct », sous ses yeux.
Il est intéressant de le rapprocher de son contemporain Ramuz, qu'il disait être « l'initiateur du transfert de la langue parlée dans la langue écrite ».

C'est dans son deuxième roman, Mort à crédit, mettant en scène l'enfance de Ferdinand Bardamu, alter ego littéraire de Céline, qu'il développe son véritable style, dont les points de suspension sont caractéristiques, style que l'on retrouve dans les romans suivants. Ces fameux points de suspension ont fait l'objet de nombreuses thèses. Ils peuvent s'expliquer par la volonté de l'auteur de combiner langue écrite et orale afin d'obtenir ce qu'il dénommait lui-même sa « petite musique ».

Politique, racisme et antisémitisme

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Portrait de Louis-Ferdinand Céline.

La violente critique du militarisme, du colonialisme et du capitalisme qui s'exprime dans ses livres, fait apparaître Céline, dans ses débuts, comme un écrivain proche des idées de la gauche. En 1936, il est invité en URSS, notamment sous l'influence d'Elsa Triolet, à valider ses droits d'auteur pour Voyage au bout de la nuit (en Union soviétique les droits d'auteurs étaient bloqués sur un compte en banque qu'on ne pouvait utiliser que dans le pays même). Il écrit à son retour son premier pamphlet, Mea culpa, charge impitoyable contre une Russie soviétique bureaucratique et barbare, la même année que Retour de l'URSS d'André Gide.

Bagatelles pour un massacre

Céline s'exprime alors par une série de pamphlets violemment antisémites[18],[46]. En 1937, quand paraît Bagatelles pour un massacre, André Gide écrira « Quant à la question même du sémitisme, elle n'est pas effleurée. S'il fallait voir dans Bagatelles pour un massacre autre chose qu'un jeu, Céline, en dépit de tout son génie, serait sans excuse de remuer les passions banales avec ce cynisme et cette désinvolte légèreté[47] », puis en 1938, L'École des cadavres. Ces livres connaissent un grand succès : il y étale un racisme et un antisémitisme radicaux, mais aussi le désir de voir se créer une armée franco-allemande et une apologie de Hitler qui n'aurait aucune visée sur la France : « Si demain Hitler me faisait des approches avec ses petites moustaches, je râlerais comme aujourd'hui sous les juifs. Mais si Hitler me disait : “Ferdinand ! c'est le grand partage ! On partage tout !”, il serait mon pote [48]! »

L'École des cadavres

Et dans L'École des cadavres (1938) :

« Les juifs, racialement, sont des monstres, des hybrides, des loupés tiraillés qui doivent disparaître. […] Dans l'élevage humain, ce ne sont, tout bluff à part, que bâtards gangréneux, ravageurs, pourrisseurs. Le juif n'a jamais été persécuté par les aryens. Il s'est persécuté lui-même. Il est le damné des tiraillements de sa viande d'hybride. » (L'École des cadavres, Paris, Denoël, 1938, p. 108).

Ou encore :

« Je me sens très ami d'Hitler, très ami de tous les Allemands, je trouve que ce sont des frères, qu'ils ont bien raison d'être racistes. Ça me ferait énormément de peine si jamais ils étaient battus. Je trouve que nos vrais ennemis c'est les Juifs et les francs-maçons. Que la guerre c'est la guerre des Juifs et des francs-maçons, que c'est pas du tout la nôtre. Que c'est un crime qu'on nous oblige à porter les armes contre des personnes de notre race, qui nous demandent rien, que c'est juste pour faire plaisir aux détrousseurs du ghetto. Que c'est la dégringolade au dernier cran de la dégueulasserie[49]. » (p. 151)

Les Beaux Draps

Après la défaite et l'occupation de la France, Céline rédige un troisième pamphlet : Les Beaux Draps, où il dénonce non seulement les Juifs et les francs-maçons mais aussi la majorité des Français, soupçonnés de métissage. Le pamphlétaire demande également, entre autres considérations, une réduction du temps de travail (à trente-sept heures, pour commencer) et s'en prend assez clairement au maréchal Pétain. Cela déplaît tant au régime de Vichy que, au même titre que Les Décombres de Lucien Rebatet, le livre est mis à l'index (sans pour autant être interdit de publication). L'écrivain adresse ensuite une quarantaine de lettres ouvertes publiées par les organes les plus virulents de la collaboration tout en restant en marge des différents mouvements collaborationnistes créés à la faveur des événements. Dans ces lettres, il se présente comme le pape du racisme et déplore l'insuffisance de la répression contre les Juifs, les francs-maçons, les communistes et les gaullistes. Il écrit en mars 1942 une lettre à Jacques Doriot dans laquelle il déplore le sentiment de communauté des Juifs, qu'il estime responsable de leur « pouvoir exorbitant » : « Le Juif n'est jamais seul en piste ! Un Juif, c'est toute la juiverie. Un Juif seul n'existe pas. Une termite, toute la termitière. Une punaise, toute la maison »[50]. Il publie en 1944 Guignol's band, récit de son séjour de 1915 en Angleterre.

Interprétations

Plusieurs interprétations ont été données de l'antisémitisme célinien, qui se déchaîne dans cet extrait d'une lettre à sa secrétaire littéraire :

« Je veux les [les Juifs] égorger... [...] Lorsque Hitler a décidé de “purifier” Moabit à Berlin (leur quartier de la Villette), il fit surgir à l'improviste dans les réunions habituelles, dans les bistrots, des équipes de mitrailleuses et par salves, indistinctement, tuer tous les occupants ! [...] Voilà la bonne méthode. » (Lettres à Marie Canavaggia, Du Lérôt éd., 1995).

Ainsi, selon l'historien Philippe Burrin : « Ses pamphlets de l'avant-guerre articulaient un racisme cohérent. S'il dénonçait en vrac la gauche, la bourgeoisie, l'Église et l'extrême droite, sans oublier sa tête de Turc, le maréchal Pétain, c'est pour la raison qu'ils ignoraient le problème racial et le rôle belliciste des juifs. La solution ? L'alliance avec l'Allemagne nazie, au nom d'une communauté de race conçue sur les lignes ethnoracistes des séparatistes alsaciens, bretons et flamands. » (La France à l'heure allemande, 1940-1944, Seuil, 1995, p. 63.)

Burrin écrit encore : « Autant qu'antisémite, il [Céline] est raciste : l'élimination des juifs, désirable, indispensable, n'est pas le tout. Il faut redresser la race française, lui imposer une cure d'abstinence, une mise à l'eau, une rééducation corporelle et physique. […] Vichy étant pire que tout, et en attendant qu'une nouvelle éducation ait eu le temps de faire son œuvre, il faut attirer par le “communisme Labiche” ces veaux de Français qui ne pensent qu'à l'argent. Par exemple, en leur distribuant les biens juifs, seul moyen d'éveiller une conscience raciste qui fait désespérément défaut. » (ibid., p. 427.)

L'historien Robert Soucy, professeur émérite au Oberlin College (Ohio, États-Unis), perçoit une dimension sexuelle dans l'antisémitisme de l'auteur : « Selon Céline, les Juifs ne se bornent pas à dominer la France sur les plans politiques, économique, social et culturel ; ils constituent en plus une menace sur le plan sexuel, et plus précisément homosexuel. Selon Céline, les Juifs sont des “enculés” qui prennent de force les Aryens par derrière. Se montrer docile avec les Juifs, c'est courir le risque de se faire violer par eux. [...] Ses envolées contre les Juifs expriment beaucoup de craintes et aussi une jalousie de nature sexuelle. D'après lui, les Aryens sont souvent violés par des Juifs dominateurs ; quant aux Aryennes, elles trouvent les Juifs particulièrement attirants. Les Juifs exercent la même fascination sexuelle sur les femmes que les Noirs : “La femme est une traîtresse chienne née. [...] La femme, surtout la Française, raffole des crépus, des Abyssins, ils vous ont des bites surprenantes.” Ainsi, dans l'univers mental de Céline, la misogynie et le racisme se renforcent mutuellement[51]. »

Postérité

Rééditions et travaux autour de l'œuvre

Ses livres sont réédités et traduits dans de nombreux pays. L'œuvre de Louis-Ferdinand Céline est notamment publiée dans la bibliothèque de la Pléiade. Une sélection de sa correspondance a été également publiée en 2009 dans la Pléiade[52].

Ses pamphlets des années 1930 n'ont pas fait l'objet de rééditions officielles — à l'exception de Mea Culpa — à la demande de Céline puis de sa veuve après sa mort. Ils sont de toutes manières concernés par le décret-loi Marchandeau de 1939 et la loi Pleven de 1972, qui interdisent la provocation à la haine raciale. Les exemplaires d'origine se négocient aux alentours de 180  minimum (2008) pour l'édition originale en mauvais état, dépassant largement les 1 100 € lorsqu'ils sont en parfait état[réf. nécessaire]. Ils font également l'objet de publications pirates.

De nombreux travaux ont été consacrés à la vie et à l'œuvre de Céline. Deux numéros des Cahiers de l'Herne (n° 3 et 5) lui ont été consacrés. François Gibault lui a consacré une biographie en trois tomes. Des auteurs comme Philippe Alméras, Pol Vandromme, Philippe Muray, Frédéric Vitoux, Maurice Bardèche ou Robert Poulet lui ont également consacré études et biographies. L'association Société d'études céliniennes organise échanges et colloques à son sujet, publiant également la revue Études céliniennes. Une autre publication, La Revue célinienne, a existé de 1979 à 1981, pour devenir ensuite une revue mensuelle, Le Bulletin célinien.

Auteurs faisant référence à Céline

  • Charles Bukowski, fait référence à Céline dans son roman Pulp (1994) alors que le personnage de la Grande Faucheuse demande au protagoniste et détective Nick Belane de le retrouver pour pouvoir enfin l'attraper. Comme le mentionne son biographe Howard Sounes, Bukowski était un grand admirateur de l'auteur de Voyage au bout de la nuit, considérant Céline comme le plus grand auteur français de tous les temps[53].
  • Le style de Frédéric Dard est influencé par celui de Céline, auteur pour lequel il éprouvait une grande admiration, ce qu'il a volontiers reconnu à diverses reprises[54],[55].
  • Patrick Modiano ouvre son premier roman, La Place de l'Étoile, sur une reprise du style de Céline, dans un article imaginaire signé par le « docteur Bardamu ».
  • Dans Hygiène de l'assassin d'Amélie Nothomb, le personnage principal, Prétextat Tach, prix Nobel de littérature, est un admirateur de Céline.
  • Le chanteur des Doors Jim Morrison fait référence à Voyage au bout de la nuit dans la chanson End of the night.
  • L'auteur de romans noirs A.D.G., dont le style fait également référence à Céline, cite à plusieurs reprises les titres de ses romans (Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit), notamment dans son polar Pour venger Pépère. Le titre de son roman Cradoque's band est un pastiche de Guignol's band.
  • Michel Audiard, dialoguiste de cinéma et écrivain, éprouvait une immense admiration pour Céline[56] et a à un moment envisagé de porter à l'écran Voyage au bout de la Nuit[57] et Mort à crédit[58].
  • Dans Sur la route, Jack Kerouac fait référence au Voyage au bout de la nuit alors qu'il se trouve dans un tramway de Détroit en compagnie de Neal Cassady.
  • Dans C'était la guerre des tranchées, Tardi présente Céline comme une influence majeure et cite un extrait du Voyage au bout de la nuit.
  • Marc Edouard Nabe qualifie Louis Ferdinand Céline de « génie pur », et affirme son admiration pour cet auteur, notamment dès son passage à Apostrophes[59] le 22 février 1985.

Controverse de 2011

Céline figurait parmi les 500 personnalités et évènements pour lesquels le ministère de la culture souhaitait, en 2011, des célébrations nationales (en l'occurrence, à l'occasion du cinquantenaire de sa mort). Suite à une protestation de Serge Klarsfeld, qui a déclaré « Frédéric Mitterrand doit renoncer à jeter des fleurs sur la mémoire de Céline, comme François Mitterrand a été obligé de ne plus déposer de gerbe sur la tombe de Pétain »[60], le ministre de la culture, Frédéric Mitterrand, a finalement décidé de retirer Céline de cette liste, estimant que « les immondes écrits antisémites » de l'écrivain empêchent que la République lui rende hommage.
Ce retrait a suscité en retour des protestations, particulièrement de la part de Frédéric Vitoux et de Henri Godard[61].

Œuvres

Romans

Pamphlets

Autres textes

Correspondances

  • 1979 : Cahiers Céline 5 : Lettres à des amies, Gallimard
  • 1980 : Vingt lettres : à André Pulicani, Jean-Gabriel Daragnès, Ercole Pirazzoli, Charles Frémanger, Charles de Jonquières et Albert Manouvriez, Tusson, Ed. du Lérot
  • 1981 : Cahiers Céline 6 : Lettres à Albert Paraz 1947-1957, Gallimard
  • 1984 : Lettres à son avocat : 118 lettres inédites à Maître Albert Naud, Paris, La Flûte de Pan
  • 1985 : Lettres à Tixier : 44 lettres inédites à Maître Tixier-Vignancour, Paris, La Flûte de Pan
  • 1987 : Lettres à Joseph Garcin (1929-1938), Paris, Librairie Monnier
  • 1988 : Lettres à Charles Deshayes, 1947-1951, Paris, Bibliothèque de Littérature Française Contemporaine
  • 1989 : Le questionnaire Sandfort, précédé de neuf lettres inédites à J.A. Sandfort, Paris, Librairie Monnier
  • 1991 : Lettres à la NRF 1931-1961, Paris, Gallimard
  • 1991 : Lettres à Marie Bell, Tusson, Ed. du Lérot
  • 1991 : Céline et les éditions Denoël, 1932-1948, Paris, IMEC
  • 1995 : Lettres à Marie Canavaggia, 1 : 1936-1947, Tusson, Ed. du Lérot
  • 1995 : Lettres à Marie Canavaggia, 2 : 1948-1960, Tusson, Ed. du Lérot
  • 1998 : Lettres de prison à Lucette Destouches et à Maître Mikkelsen (1945-1947), Paris, Gallimard
  • 2000 : Au fil de l'eau : Lettres de Louis-Ferdinand Céline à deux amies, Aimée Barancy et Éliane Tayar, et documents annexes, Tusson, Ed. du Lérot
  • 2002 : Lettres à Antonio Zuloaga (1947-1954), texte établi, présenté et annoté par Eric Mazet, préface de Philippe Sollers, La Sirène, Paris, 2002 (imprimerie Du Lérot, Tusson).
  • 2009 : Lettres, édition établie par Henri Godard et Jean-Paul Louis, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard

Chansons

  • 1955 : À nœud coulant et Le règlement. Interprétées par l'auteur et enregistrées par Paul Chambrillon. Accompagnées à l'accordéon par Aimable en rerecording[62].

Annexes

Bibliographie

  • 1938 : H. E. Kaminski, Céline en chemise brune ou le Mal du présent, Les Nouvelles Éditions Excelsior, (rééditions aux éditions Plasma en 1977, puis aux éditions Champ Libre en 1983 et enfin aux éditions Mille et une nuits en 1997 (avec une postface de Jean-Pierre Martin, Kaminsky scandale, et une notice biographique de Joël Gayraud sur Kaminsky, Portrait partiel d'un proscrit).
  • 1958 : Robert Poulet, Entretiens familiers avec L. F. Céline, Paris, Plon, « Tribune libre », (version définitive Mon ami Bardamu, entretiens familiers avec L. F. Céline, Paris, Plon, 1971).
  • 1959 : Interview de Louis-Ferdinand Céline par Francine Bloch retranscrit dans « Céline et l’actualité, 1933-1961 », Cahiers Céline n° 7, Gallimard, 1986.
  • 1970 : Dominique de Roux, Michel Thélia et M. Beaujour (dir.), Cahier Céline, L'Herne, 2006 (ISBN 978-2-85197-156-2)
  • 1976 : Willy A. Szafran, Louis-Ferdinand Céline, Essai psychanalytique, Bruxelles, Éditions de l'Université de Bruxelles.
  • 1976 : Frédéric Vitoux, Bébert, le chat de L.-F. Céline, Grasset, Paris.
  • 1977-1985 : François Gibault, Céline, Mercure de France, Paris (3 tomes).
  • 1977 : Jean-Pierre Dauphin et Jacques Boudillet, Album Céline (iconographie réunie et commentée), Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade ».
  • 1979 : Pierre Monnier, Ferdinand furieux (avec 313 lettres inédites de Louis-Ferdinand Céline), Lettera, L'Âge d'Homme.
  • 1986 : Maurice Bardèche, Louis-Ferdinand Céline, La Table Ronde.
  • 1987 : Alice Kaplan, Relevé des sources et citations dans « Bagatelles pour un massacre », Tusson, Ed. du Lérot.
  • 1987 : Jacques d'Arribehaude, Le cinéma de Céline : avec quatre lettres de Céline à l'auteur, Du Lérot.
  • 1987 : Frédéric Vitoux, Céline, Belfond, Paris.
  • 1988 : François Richard, L'Anarchisme de droite dans la littérature contemporaine, Collection littératures modernes, PUF, Paris.
  • 1988 : Frédéric Vitoux, La Vie de Céline, Grasset.
  • 1992 : Philippe Alméras, Les Idées de Céline, Berg international.
  • 1993 : Stéphane Zagdanski, Céline seul, Gallimard.
  • 1993 : Philippe Alméras, Céline : entre haines et passion, Robert Laffont.
  • 1994 : Henri Godard, Céline, scandale, éditions Gallimard, collection Blanche, (ISBN 978-2070738021).
  • 1995 : Gérard Loiseaux, La littérature de la défaite et de la collaboration, Fayard.
  • 1997 : Jean-Pierre Martin, Contre Céline, ou d'une gêne persistante à l'égard de la fascination exercée par Louis Destouches sur papier bible, José Corti.
  • 1997 : Michel Bounan, L'Art de Céline et son temps, Allia.
  • 1999 : Nicholas Hewitt, The Life of Céline. A Critical Biography, Blackwelll critical biographies, Blackwell, Oxford.
  • 1999 : Milton Hindus, L.-F. Céline tel que je l'ai vu, L'Herne.
  • 1999 : Annick Duraffour, Céline, un antijuif fanatique in L'antisémitisme de plume — 1940-1944, études et documents, Berg International Éditeurs.
  • 2001 : Philippe Muray, Céline, Seuil, Paris, 1981 (réédition chez Gallimard).
  • 2001 : Pol Vandromme, Céline, Éditions Pardès.
  • 2003 : Émile Brami, Céline "Je ne suis pas assez méchant pour me donner en exemple", Ecriture.
  • 2004 : Émile Brami, Céline, Hergé et l'affaire Haddock, Écriture.
  • 2004 : Philippe Alméras, Dictionnaire Céline, Plon.
  • 2004 : Éric Mazet et Pierre Pécastaing : Images d'exil, Louis-Ferdinand Céline 1945-1951, préface de Claude Duneton, Éditions du Lérot.
  • 2004 : André Rossel-Kirschen, Céline et le grand mensonge, Éd. Mille et une nuits.
  • 2004 : David Alliot, Louis-Ferdinand Céline en verve, Éditions Horay.
  • 2005 : Pierre Lainé, Céline, Pardès, collection "Qui suis-je?", 2005, (ISBN 978-2-86714-369-4)
  • 2006 : Sonia Anton, Céline épistolier : écriture épistolaire et écriture littéraire, Kimé.
  • 2006 : David Alliot, Céline, la légende du siècle, Infolio.
  • 2006 : David Alliot, Céline à Meudon, images intimes 1951-1961, préface de François Gibault, Ramsay.
  • 2007 : David Alliot, L'Affaire Louis-Ferdinand Céline, les archives de l'ambassade de France à Copenhague 1945-1951, Éditions Horay.
  • 2008 : David Alliot, Daniel Renard, Céline à Bezons 1940-1944, Éditions du Rocher, (ISBN 978-2-268-06498-7)
  • 2008 : David Alliot, François Marchetti, Céline au Danemark, préface de Claude Duneton, Éditions du Rocher.
  • 2008 : Philippe Alméras, sur Céline, Éditions de Paris, (ISBN 978-2-85162-224-2)
  • 2008 : Henri Godard, Un autre Céline, Textuel, (2 volumes).
  • 2009 : Yves Buin, Céline, Gallimard, coll. « Folio biographies », Paris.
  • 2009 : Philippe Sollers, Céline, Ecriture, coll. « Céline & Cie », Paris.
  • 2010 : Jacqueline Morand, Les idées politiques de Louis-Ferdinand Céline, L'Archipel.
  • 2010 : Yves Pagès, Céline, Fictions du politique, Le Seuil, collection Univers Historique, 1994; réédition augmentée d'une postface, collection Tel, Gallimard.
  • 2011 : D'un Céline l'autre, édition établie par David Alliot, préfacée par François Gibault, R. Laffont, coll. « Bouquins »
  • 2011 : Henri Godard, Céline, édition Gallimard, coll. « collection Biographies », (ISBN 978-2070121922).
  • 2011 : Antoine Peillon, Céline, un antisémite exceptionnel, Essai, éd. Le Bord De L'eau, mai 2011, 74 pages, (ISBN 978-2356871183).

Enregistrements audio

  • Interview (45 minutes) de Louis-Ferdinand Céline par Francine Bloch le 17 juin 1959, édité sous le titre 25 ter, Route des Gardes, Paris, Bibliothèque Nationale, 1987, (cassette audio et livret)[63].
  • Louis-Ferdinand Céline parle, 1 CD de 52 minutes, Éditions Remi Perrin, 1997.
  • Paul Chambrillon, Céline/ Anthologie officielle en 2 CD avec Louis-Ferdinand Céline, Michel Simon, Arletty, Pierre Brasseur, Albert Zbinden et Louis Pauwell. Livret 32 pages avec des textes de Paul Chambrillon, Jean d'Ormesson et Albert Zbinden. Direction artistique : Paul Chambrillon. Label : Fremeaux & Associés, 2000.

Enregistrements vidéo

Articles connexes

Liens externes

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Notes et références

  1. a b et c Chronologie du volume I Romans, Bibliothèque de la Pléiade, éditions Gallimard, (ISBN 978-2-07-011000-1), p.LV-LVI.
  2. Sur la nature et le degré de l'«engagement» de Céline, voir Pierre A. G. Astier, Écrivains français engagés, Nouvelles éditions Debresse, 1978 et Paul del Perugia, Céline, Nouvelles Éditions Latines, 1987, p. 167.
  3. «Il se tient soigneusement à l'écart de la collaboration officielle.», Point de vue de Henri Godard, Le Monde, 24 janvier 2011, "Céline émerge comme un des grands créateurs de son temps"
  4. Cette famille est issue de la petite noblesse du Cotentin, les Des Touches de Lentillière.
  5. a et b « Louis-Ferdinand Céline » dans Le Magazine littéraire, Sophia Publication, Paris, no 505, février 2011, (ISSN 0024-9807).
  6. a b c d et e Émile Brami, Céline vivant - Entretiens - Biographie, 2 DVD + livret, Éditions Montparnasse, 2007
  7. Louis-Ferdinand Céline — EVENE
  8. Site Entre guillemets..., consulté le 27/10/2011
  9. Nicholas Hewitt, The Life of Céline: a Critical Biography, Blackwell Publishers, 1998, pp. 64-66.
  10. Bezons à travers les âges, préface de Louis-Ferdinand Céline, éditions Denoël, coll. À la Ronde du grand Paris, no 1, 1944, 17 illustrations et 4 plans. Achevé à Bezons en août 1943 et dédié à son épouse, Mme Sérouille de Meester.
  11. Voir Elizabeth Craig raconte Céline : entretien avec la dédicataire de Voyage au bout de la nuit, par Jean Monnier, Paris, Bibliothèque de littérature française contemporaine, 1988 (OCLC 462165615) et Elizabeth et Louis : Elizabeth Craig parle de Louis-Ferdinand Céline, propos recueillis et présentés par Alphonse Juilland, Paris, Gallimard, 1994 (ISBN 978-2-07-072928-9) (OCLC 31066140).
  12. Si, en 1933, dans une lettre à Élie Faure, Céline s'est déclaré « anarchiste jusqu'au bout des ongles » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique, c'était pour rejeter l'engagement dans l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires (AEAR, organisation antifasciste proche des communistes) que lui proposait son correspondant, ainsi que « notre dégueulasserie commune de droite et de gauche d'homme » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique. Mais il ne s'engagera pas non plus avec les anarchistes, alors même que certains d'entre eux l'y incitaient après la guerre. Dans une lettre à Albert Paraz, il écrira même : « J'aime bien les anarchistes mais cette idolâtrie des “grandes figures” est niaise. C'est de l'impuissance mentale. Ils remarquent ceux qui ont souffert pour la cause deux siècles “trop tard” et encore “tout de travers” ! Ou pas souffert du tout. On est dans la connerie. » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique
  13. Citons ces deux passages relevés dans l'édition Folioplus de l'œuvre maîtresse de l'écrivain : « On est tous assis sur une grande galère, on rame tous à tour de bras, […] On travaille ! qu'ils disent. C'est ça encore qu'est plus infect que tout le reste, leur travail. On est en bas dans les cales à souffler de la gueule, puants, suintants des rouspignolles, et puis voilà ! En haut sur le pont, au frais, il y a les maîtres [qui s'engraissent] et qui s'en font pas, avec des belles femmes roses et gonflées de parfums sur les genoux. » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique (p. 13) « Un patron [avare] se trouve toujours rassuré par l'ignominie de son personnel. L'esclave doit être coûte que coûte un peu et même beaucoup méprisable. Un ensemble de petites tares chroniques et physiques justifie le sort qui l'accable. La terre tourne mieux ainsi puisque chacun se trouve dessus à sa place méritée. L'être dont on se sert doit être bas, plat, voué aux déchéances, cela soulage, surtout qu'il nous payait tout à fait mal Baryton. Dans ces cas d'avarices aiguës les employeurs demeurent un peu soupçonneux et inquiets. Raté, débauché, dévoyé, tout s'expliquait, se justifiait et s'harmonisait en somme. Il ne lui aurait pas déplu à Baryton que j'aye été recherché par la police. C'est ça qui rend dévoué. » (p. 454)
  14. Chronologie du volume I Romans, Bibliothèque de la Pléiade, éditions Gallimard, p. LXIX, (ISBN 978-2-07-011000-1).
  15. Texte intégral de l'« Hommage à Zola » sur le site www.scribd.com
  16. a et b Godard (2011), p.251-252
  17. Pascal Ory, Les Collaborateurs coll. Points/Histoire, Le Seuil 1976, p. 25.
  18. a et b Notice « Louis-Ferdinand Céline » sur larousse.fr.
  19. a et b Jacques-Pierre Amette, « Céline, lettres de la haine », sur lepoint.fr, Le Point, (consulté le )
  20. Lettre au Docteur W. Strauss, 1937.
  21. Céline et l'extrême droite française.
  22. Cahiers Céline, N° 7 : « Céline et l'actualité, 1933-1961 / Louis-Ferdinand Céline ». Textes réunis et présentés par Jean-Pierre Dauphin, Pascal Fouché. Préface de François Gibault. Édition augmentée, Gallimard, 1987 (table des matières).
  23. Emile Brami et Céline par l’INRP.
  24. « Quatre lettres de Louis-Ferdinand Céline aux journaux de l'Occupation » in Philippe Alméras, Sur Céline, Éditions de Paris.
  25. L'article « lettres aux journaux » dans Philippe Alméras, Dictionnaire Céline, Plon.
  26. Notre combat pour la nouvelle France socialiste, reproduit dans le site Mémoire juive et Éducation ; voir aussi le 9 juillet 1943, dans le journal collaborationniste Je suis partout.
  27. Gérard Loiseaux, La Littérature de la défaite et de la collaboration, Fayard, 1995.
  28. « Entretien avec Céline. Ce que l'auteur du Voyage au bout de la nuit « pense de tout ça »… », L'Émancipation nationale, 21 novembre 1941, in Cahiers Céline, n° 8, pp. 134-135.
  29. Les Beaux Draps, Nouvelles éditions françaises, 1941, p. 40.
  30. Pierre Assouline, L'épuration des intellectuels, Ed. Complexe, 1985, 174 p.
  31. a et b Le procès Céline
  32. Lettres de Céline, bibliothèque de la Pléiade, éditions Gallimard, 2009, (ISBN 978-2-07-011604-1), p.1871-1872 (note 1, lettre 48-90) et p.1888 (note 1, lettre 49-33)
  33. David Alliot, « L'Affaire Louis-Ferdinand Céline », sur editions-horay.pagesperso-orange.fr, Éditions Horay, (consulté le ). Article de Dominique Chabrol du 3 octobre 2007.
  34. http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/C%C3%A9line/112296
  35. Henri Thyssens, Chronologie biographique de Robert Denoël, éditeur, in site personnel Thyssen.com, 2005-2010, passage en ligne
  36. Jean-Louis Cornille, Céline, d'un bout à l'autre, éd. Rodopi, 1999, p. 10, extrait en ligne
  37. Céline à Meudon, Film documentaire de Nicolas Crapanne, 2009, découvrir en ligne. Intervenants : David Alliot, Philippe Almeras, Madeleine Chapsal, Christian Dedet, Geneviève Freneau, François Gibault, Henri Godard, Judith Magre, Frédéric Vitoux.
  38. Christian Dedet, La condition médicale de L.-F. Céline, Louis-Ferdinand Céline, L'Herne, n° 3, 1963, pp.312-314 et Céline à Meudon, Film documentaire de Nicolas Crapanne, 2009, découvrir en ligne. Intervenants : David Alliot, Philippe Almeras, Madeleine Chapsal, Christian Dedet, Geneviève Freneau, François Gibault, Henri Godard, Judith Magre, Frédéric Vitoux.
  39. « Lucette fut le vrai corps vivant de Céline. Il consacrait toute son énergie à penser, son cerveau gigantesque débordait de sa carcasse malingre et malade, sa nervosité musicale parcourait de fibrillations le coffre décharné de cet antique clavecin d'os et de veines. Lucette lui tenait lieu de réservoir de souplesse et de grâce, elle fut son trésor de sensualité, son sexe, ses muscles, sa vigueur. » Phrase citée par Stéphane Zagdanski dans Mes Moires[1] ( page 130 ).
  40. http://www.ina.fr/art-et-culture/litterature/video/I04216724/michel-audiard-a-propos-de-louis-ferdinand-celine.fr.html
  41. Agnès Spiquel, Jean-Yves Guérin, Les révolutions littéraires aux XIXe et XXe sièclesPresses universitaires de Valenciennes, 2006, page 187
  42. Isabelle Chantemerle, Céline, Artefact, 1987, page 78
  43. À la manière de Céline. René Krémer texte intégral
  44. La Force de l'âge, Gallimard, p. 142.
  45. Élie Faure, O. C., Jean-Jacques Pauvert, t. III., p. 1127.
  46. Notice sur L.-F. Céline sur alalettre.com
  47. André Gide, « Les juifs, Céline et Maritain », NRF n° 295, .
  48. (Bagatelles pour un massacre, Denoël, 1937, p. 83)
  49. L'École des cadavres
  50. L'Express n°3045, Céline en toutes lettres, « Un juif, c'est toute la juiverie. », p.130
  51. Robert Soucy, Fascismes français ? 1933-1939, Mouvements antidémocratiques, Collection Mémoires, Éditions Autrement, 2004, pp. 415-420.
  52. Céline en toutes lettres
  53. Howard Sounes, Charles Bukowski. Une vie de fou, traduit de l'anglais par Thierry Beauchamp, Monaco, Éditions du Rocher, coll. Biographie, 2008, p. 315.
  54. Entretien avec Bernard Léchot
  55. Entretien avec François Rivière
  56. Alain Paucard, La France de Michel Audiard, L'Âge d'homme, 2000, page 81
  57. David Alliot, Céline la légende du siècle, Infolio, 2006, page 144
  58. Dominique Chabrol, Michel Audiard:"c'est du brutal", Flammarion, 2001, page 174
  59. http://www.alainzannini.com/index.php?option=com_seyret&Itemid=&task=videodirectlink&id=1
  60. Le maire de Paris, Bertrand Delanoé a également affirmé à la radio que « Céline est un excellent écrivain, mais un parfait salaud » : La Croix, 20 janvier 2011
  61. « Mitterrand retire Céline des célébrations nationales », Le Figaro, 21 janvier 2011
  62. « On sait que c’est à Paul Chambrillon que l’on doit ses [sic] enregistrements. C’est en 1955 qu’il enregistra Céline à son insu alors qu’il venait de lui suggérer d’interpréter ces deux compositions »[2].
  63. Diffusé en février 2011 sur France Culture dans l'émission À voix nue, en réécoute libre : première partie, seconde partie.
  64. Jérome Dupuis, Céline Comédien, L'Express n°3058 du 11 février 2010, p. 16
  65. Séquence vidéo en ligne