Trouble schizo-affectif

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Trouble schizo-affectif
Description de cette image, également commentée ci-après
Ayant souffert d'hallucinations sonores et de dépression, Francisco Goya a créé l'œuvre intitulée Cour avec des fous (en) (1793-1794).

Traitement
Médicament Olanzapine, quétiapine, lithium, halopéridol, carbonate de lithium, aripiprazole, rispéridone, brexpiprazole, Asénapine, paliperidone, ziprasidone (en), lurasidone et clozapineVoir et modifier les données sur Wikidata
Spécialité PsychiatrieVoir et modifier les données sur Wikidata
Classification et ressources externes
CIM-10 F25
CIM-9 295.70
OMIM 181500
DiseasesDB 33444
MedlinePlus 000930
MeSH D011618
Patient UK Schizoaffective-Disorder

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Le trouble schizo-affectif, schizophrénie dysthymique ou la psychose aiguë schizo-affective[1], est un terme psychiatrique désignant un trouble mental caractérisé par plusieurs épisodes dépressifs ou la présence simultanée d'épisodes dépressifs et de manie.

La schizophrénie dysthymique affecte plus particulièrement la cognition et l'émotion. Les anomalies auditives, la paranoïa, des délires, ou un langage et pensée désorganisés avec dysfonctions sociales et personnelles sont fréquents. Les symptômes apparaissent habituellement au début de l'âge adulte.

La schizophrénie dysthymique appartient aux « troubles psychotiques et au spectre de la schizophrénie[2] », d'après le comité du DSM-5. Le spectre de la schizophrénie comprend la schizophrénie, le trouble de la personnalité schizotypique, le trouble schizophréniforme, le trouble psychotique bref, le trouble délirant, le trouble psychotique lié à des substances et les troubles catatoniques. Ces troubles sont associés à une condition médicale généralisée[3]. Ce spectre des troubles psychotiques est comparable au spectre bipolaire du trouble bipolaire.

Symptômes

Le trouble schizo-affectif se distingue de la « psychose liée à l'humeur » dans le contexte d'un trouble psychotique ou de l'humeur à long terme[4]. La psychose doit rencontrer le critère A de la schizophrénie ce qui implique délires, hallucinations, pensées, paroles et comportement désorganisés et autres symptômes négatifs[5]. Les délires et les hallucinations sont les symptômes classiques de la psychose[6]. Les délires se caractérisent par de fausses croyances perçues par le patient[6]. Ces croyances ne doivent pas être considérées comme délirantes. Les hallucinations, elles, sont un dysfonctionnement de la perception impliquant les cinq sens, les hallucinations sonores (le fait d'entendre des voix) étant les plus répandues[6]. Des troubles de l'humeur sont également présents : manie, hypomanie, état mixte ou dépression, et sont habituellement épisodiques plutôt que continus. Un état mixte représente un mélange de symptômes maniaques et dépressifs survenant en même temps. Les symptômes de la manie impliquent des troubles mégalomaniaques, une irritabilité, de l'agitation, un comportement à haut risque, de l'insomnie, une mauvaise concentration, un langage rapide, et des pensées rapides[5]. Les symptômes de la dépression impliquent une baisse de moral, de l'apathie, des changements des habitudes alimentaires et gain de poids, dysfonctions du sommeil, de la fatigue, de la culpabilité et des pensées suicidaires.

Diagnostic

Le diagnostic se base sur l'observation de cliniciens concernant le comportement du patient lorsque celui souffre de ces symptômes. Il se base également sur des symptômes rapportés par l'entourage du patient. Le critère diagnostique dépend de la durée, des signes cliniques et des symptômes[7],[8].

Causes

Bien que les causes de la schizophrénie dysthymique restent encore méconnues, il existerait un diagnostic valide concernant un groupe hétérogène d'individus, certains atteints de formes sévères de schizophrénie, et d'autres de très sévères formes de troubles de l'humeur. Il existe certaines indications que la schizophrénie dysthymique serait une maladie psychotique. Différents gènes seraient à l'origine de cette maladie, agissant en interaction avec différents facteurs biologiques et environnementaux. L'état physiologique des patients diagnostiqués semble similaire, mais non identique, à celui des patients atteints de schizophrénie et d'une sérieuse forme de trouble bipolaire, mais les études menées sur ces états physiologiques n'ont pas été concluantes[9].

Une nette association entre les prises de drogues et les troubles du spectre de la schizophrénie, dont la schizophrénie dysthymique, a été remarquée, mais le lien de cause à effet reste difficile à prouver, sauf dans le cas du cannabis, dont le rôle important dans le développement de symptômes liés aux troubles psychotiques, dont la schizophrénie dysthymique, a été démontré[10],[11]. Par exemple, une méta-analyse de 2007 montre que la prise de cannabis est statistiquement associée à un risque élevé de dose-effet dans le développement de la schizophrénie dysthymique[10]. Une autre méta-analyse de 2005 montre que le cannabis est un énorme facteur de risque indépendant dans le développement de symptômes psychotiques et de psychose[11].

Prévalence

La prévalence de ce trouble se situe entre 0,5 et 0,8 pour cent[12]. Le diagnostic se base sur les expériences vécues par le patient et sur l'observation de son comportement. Il n'existe actuellement aucun test clinique effectué sur les troubles schizo-affectifs, bien que certaines anomalies dans le métabolisme du tétrahydrobioptérine (BH4), de la dopamine, et du glutamate subsistent chez les patients atteint de schizophrénie ou de schizophrénie dysthymique. En groupe, les individus atteints de schizophrénie dysthimique ont un pronostic plus favorable que ceux atteints de schizophrénie, mais un pronostic moins favorable que les patients atteints de troubles de l'humeur[13]. Des facteurs génétiques, environnementaux, neurobiologiques, psychologiques et sociaux jouent un rôle important dans le développement des symptômes. Certaines prises médicamenteuses peuvent causer voire empirer les symptômes.

Traitement

Le traitement le plus efficace inclut la prise de neuroleptiques associées à des stabilisateurs d'humeur et/ou antidépresseurs. La psychothérapie et la réhabilitation psychologique/sociale jouent également un rôle important dans la guérison. Dans le cas où des risques subsistent chez le patient ou dans son entourage, une hospitalisation est nécessaire[14]. Les individus souffrant de schizophrénie dysthymique peuvent également souffrir d'autres symptômes liés incluant troubles anxieux et abus substantiels. Des problèmes sociaux comme le chômage à long-terme et la précarité peuvent également survenir. L'espérance de vie moyenne des individus souffrant de ce trouble est plus courte, à cause de problèmes de santé physique et de fortes tendances suicidaires.

Histoire

Le diagnostic est intronisé en 1933[15] et sera de nouveau revu[16],[17][réf. incomplète] dans la cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-V) de l'Association américaine de psychiatrie. Le terme de « psychose schizo-affective » est intronisé par le psychiatre Américain Jacob Kasanin en 1933[18] pour décrire une maladie psychotique épisodique avec symptômes affectifs prédominants, pensée être un pronostic de la schizophrénie[19]. Selon Kasanin, le concept a été influencé par les explications psychanalytiques d'Adolf Meyer. Kasanin explique que la « psychose schizo-affective » est causée par des « conflits émotionnels ». Une analyse « aiderait à prévenir la récurrence de tels troubles[20]. » Il s'est basé sur l'étude de neuf individus[20].

Notes et références

  1. « La créativité en musicothérapie auprès de personnes schizophrènes comme re-création de soi d'un point de vue phénoménologique », sur Mémoire Online (consulté le ).
  2. (en) http://www.schres-journal.com/article/S0920-9964%2801%2900349-8/abstract
  3. (en) « DSM-5 » (consulté le ).
  4. (en) Carpenter W et al. (Mai 2013). Schizoaffective disorder in the DSM-5. Schizophrenia Research.
  5. a et b (en) American Psychiatric Association, Diagnostic and statistical manual of mental disorders (4th ed., text revision), Washington DC, American Psychiatric Association, (ISBN 978-0890420256).
  6. a b et c (en) Hales E et Yudofsky JA, eds, The American Psychiatric Press Textbook of Psychiatry, Washington, DC: American Psychiatric Publishing, Inc., 2003.
  7. (en) Nordqvist, Christian, What Is Schizoaffective Disorder? What Causes Schizoaffective Disorder?, (lire en ligne).
  8. (en) « Schizophrenia Diagnosis », sur News-Medical.net (consulté le ).
  9. (en) Martin LF, Hall MH, Ross RG, Zerbe G, Freedman R, Olincy A, Physiology of schizophrenia, bipolar disorder, and schizoaffective disorder, vol. 164, (PMID 18056246, DOI 10.1176/appi.ajp.2007.06010017), p. 1900–1906.
  10. a et b (en) Moore TH, Zammit S, Lingford-Hughes A et al., Cannabis use and risk of psychotic or affective mental health outcomes: a systematic review, vol. 370, (PMID 17662880, DOI 10.1016/S0140-6736(07)61162-3), p. 187–194.
  11. a et b (en) Semple DM, McIntosh AM, Lawrie SM, Cannabis as a risk factor for psychosis: systematic review, vol. 19, (PMID 15871146, DOI 10.1177/0269881105049040), p. 187–194.
  12. (en) Kaplan & Saddock. p. 501-502.
  13. (en) Kaplan & Saddock. p. 502.
  14. (en) Becker T, Kilian R, Psychiatric services for people with severe mental illness across western Europe: what can be generalized from current knowledge about differences in provision, costs and outcomes of mental health care?, vol. 113, (PMID 16445476, DOI 10.1111/j.1600-0447.2005.00711.x), p. 9–16.
  15. (en) Lake CR, Hurwitz N, Schizoaffective disorder merges schizophrenia and bipolar disorders as one disease - there is no schizoaffective disorder, vol. 20, (PMID 17551352, DOI 10.1097/YCO.0b013e3281a305ab), p. 365–379.
  16. (en) « Proposed version DSM-V » (consulté le ).
  17. (en) « Medscape.com Log In ».[réf. incomplète]
  18. (en) Lake CR, Hurwitz N, Schizoaffective disorders are psychotic mood disorders; there are no schizoaffective disorders, vol. 143, (PMID 16857267, DOI 10.1016/j.psychres.2005.08.012), p. 255–287.
  19. Goodwin & Jamison. p. 102
  20. a et b (en) A Marneros et Frederick K Goodwin Bipolar disorders : mixed states, rapid cycling, and atypical forms, Cambridge ; New York : Cambridge University Press, 2005 (OCLC 58999133) p. 190.

Ouvrages

  • (en) Marneros A, Akiskal, HS, The Overlap of Schizophrenic and Affective Spectra, New York, Cambridge University Press, (ISBN 0-521-85858-5)
  • (en) Goodwin FK, Jamison KR, Manic-Depressive Illness: Bipolar Disorders and Recurrent Depression, 2nd Edition, New York, Oxford University Press, (ISBN 0-19-513579-2)
  • (en) Kaplan HI, Saddock VA, Synopsis of Psychiatry, New York, Lippincott, Williams & Wilkins, (ISBN 978-0-7817-7327-0)
  • (en) Murray WH, Schizoaffective Disorders: New Research, New York, Nova Science Publishers, Inc, (ISBN 1-60021-030-9)
  • (en) Goodwin FK, Marneros, A, Bipolar Disorders: Mixed States, Rapid Cycling and Atypical Forms, New York, Cambridge University Press, (ISBN 0-521-83517-8)
  • (en) Moore DP, Jefferson JW. Handbook of Medical Psychiatry. 2nd ed. St. Louis, Mo: Mosby; 2004:126-127.
  • (en) Goetz, CG. Textbook of Clinical Neurology. 2nd ed. St. Louis, Mo: WB Saunders; 2003: 48.