Sélune

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la Sélune
Illustration
La Sélune à Ducey.
Carte.
Cours de la Sélune.
Caractéristiques
Longueur 84,7 km [1]
Bassin 1 038 km2 [1]
Bassin collecteur la Sélune
Débit moyen 9,4 m3/s (Site hydrométrique - I922 1020 : La Sélune à Saint-Aubin-de-Terregatte) https://www.hydro.eaufrance.fr/sitehydro/I9221020/synthese
Régime pluvial océanique
Cours
Source La Luardière
· Localisation Saint-Cyr-du-Bailleul
· Altitude 180 m
· Coordonnées 48° 33′ 41″ N, 0° 46′ 37″ O
Embouchure la Manche
· Localisation Baie du Mont-Saint-Michel
· Altitude m
· Coordonnées 48° 38′ 50″ N, 1° 24′ 00″ O
Géographie
Principaux affluents
· Rive gauche Airon, Lair, Beuvron
· Rive droite Cance, Gueuche, Argonce, Oir
Pays traversés Drapeau de la France France
Département Manche
Régions traversées Normandie
Principales localités Saint-Hilaire-du-Harcouët, Ducey

Sources : SANDRE:« I9--0200 », Géoportail, OpenStreetMap

La Sélune est un fleuve côtier français coulant dans le département de la Manche, en région Normandie.

Il prend sa source à Saint-Cyr-du-Bailleul et se jette dans la baie du Mont-Saint-Michel.

Hydronymie[modifier | modifier le code]

L'origine celte de l'hydronyme a été décrite dans une étude d'une société savante d'Avranches : « […] jadis appelée Se-onna ou Seunna, de sée-on, l'eau des eaux ou la réunion de plusieurs eaux. »[2].

Géographie[modifier | modifier le code]

Topographie[modifier | modifier le code]

La longueur de son cours est de 84,7 km[1] ou 68 km[3].

La Sélune prend sa source à environ 175 mètres d’altitude à la limite sud-est de la commune de Saint-Cyr-du-Bailleul et à l’ouest du Parc naturel régional Normandie-Maine. Elle coule librement vers l’ouest jusqu’à Saint-Hilaire-du-Harcouët à une altitude de 64 mètres. Avant la destruction des barrages, elle formait ensuite deux lacs artificiels : le Grand lac et le Petit Lac. Après la Roche-qui-boit, elle se trouve à une altitude de 19 mètres. Elle se dirige alors vers le nord-ouest et passe au pied du bourg de Ducey où elle se sépare en plusieurs bras. Elle termine sa course à Pontaubault avant de se jeter dans la baie du mont Saint-Michel.

Communes et cantons traversés[modifier | modifier le code]

Bassin versant[modifier | modifier le code]

Le bassin versant de la Sélune s’étend sur une superficie de 1 009 km2. Bien que la Sélune elle-même coule uniquement dans le département de la Manche (Normandie), son bassin versant s’étend sur 13 communes d’Ille-et-Vilaine (région Bretagne) et 9 de Mayenne (région Pays de la Loire), en plus de 57 communes de la Manche[3]. Ce bassin avoisine celui de la Sée au nord, celui de la Loire (par ses sous-affluents la Varenne, la Colmont et l'Ernée) à l'est et au sud-est et le bassin du Couesnon au sud-ouest.

Organisme gestionnaire[modifier | modifier le code]

Affluents[modifier | modifier le code]

Les principaux affluents de la Sélune sont, d'amont en aval :

La Sélune est régulièrement remontée par un mascaret[31].

Hydrologie[modifier | modifier le code]

Le régime hydrologique de la Sélune est dit pluvial océanique.

Histoire[modifier | modifier le code]

Ce fleuve eut le statut de frontière entre le royaume de Bretagne et le duché de Normandie jusqu'en 1009. À cette date, la frontière fut déplacée de quelques kilomètres vers le sud-ouest, jusqu'au Couesnon[32].

Le , les troupes américaines débarquées sur les plages de Normandie découvrent un pont sur la Sélune qui n'a pas été détruit[33]. Les Américains protègent le pont des contre-attaques allemandes. D'importantes troupes US sous le commandement du général Patton le franchissent pendant les trois jours qui suivent.

Aménagements et écologie[modifier | modifier le code]

Barrages hydroélectriques[modifier | modifier le code]

Le lac de retenue du barrage de Vezins.

Deux barrages hydroélectriques ont été construits sur la Sélune dans la première moitié du XXe siècle : le barrage de la Roche-qui-boit et le barrage de Vezins.

Ils arrivent en fin de concession dans les années 2010, avec trois options envisagées : continuité de la production d'énergie hydroélectrique telle qu'elle se fait ; arrêt de la production d'énergie hydroélectrique et maintien des barrages pour préserver les deux lacs artificiels ; destruction et remise en état d'avant construction pour permettre à plusieurs espèces de poissons migrateurs (saumons, truites, aloses, lamproies, anguilles, épinoches) de remonter vers la source et d'effecteur leur dévalaison, sans nécessité d'aménagements lourds. Une étude économique rendue le par l'État dans le cadre de choix nouveaux d'aménagement et de développement économique pour la vallée de la Sélune une fois les barrages de Vezins et la Roche-qui-Boit effacés, dont la taille et le positionnement faisaient deux obstacles à la remontée des migrateurs. Peu avant le rendu de cette étude, le WWF-France a demandé[34] à la Ministre de l'écologie de rapidement confirmer la fin des concessions annoncée par Chantal Jouanno alors secrétaire d'État chargée de l’Écologie (le [35]).

Quatre 4 millions d'euros ont été provisionnés pour le traitement de 2009 à mi-2013 des sédiments accumulés. La dernière vidange datait de 1993.

La Sélune doit reprendre de sa valeur écologique, et pour l'aménagement du territoire dans le cadre du Schéma de cohérence territoriale du Pays de la Baie et de la trame verte et bleue régionale et donc du futur Schéma SRCE qui la préfigure en 2012.[style à revoir]

La décision de détruire les deux barrages date de 2009, présentée comme devant "mettre le site en conformité avec le droit européen" puis en 2014, la ministre Ségolène Royal demande qu'on étudie des solutions alternatives pour permettre la circulation des poissons migrateurs sur 90 km de cours d'eau (saumon et l'anguille)[36].

Les opérations de vidange, de gestion des boues et d'arasement des ouvrages étaient prévues de 2015 à 2018[37].

Toutefois, l'opposition locale à la destruction des barrages reste forte. Les maires des communes riveraines ainsi que le député de la circonscription d'Avranches refusent la démolition, afin de préserver l'emploi touristique, la pêche carnassière et la beauté du site. Le lac artificiel de Vezins est le seul lac de grande envergure dans la région du Sud-Manche. Une association, Les Amis du barrage de Vezins, fédère les actions citoyennes contre le projet gouvernemental[38].

En 2016, la société Valorem est candidate à la reprise du barrage de Vezins à la suite de la recherche d'une alternative à l'arasement par la ministre de l'Environnement Ségolène Royal[39]. En 2017, le ministre de la transition écologique Nicolas Hulot relance le projet de restauration de la biodiversité, avec des travaux d'arasement devant commencer au printemps 2018[40]. En , la destruction des deux barrages est presque terminée[41].

Le barrage de Vezins[modifier | modifier le code]

Le barrage de Vezins en 2005.

Ce barrage, construit sur la limite des communes de Vezins (associée à Isigny-le-Buat) et de Saint-Laurent-de-Terregatte, est à voûtes multiples, avec des contreforts en béton armé et mesure 35 mètres de haut et 278 de long[42].

Huit fois plus puissant que celui de la Roche-qui-boit, il appartient au groupe d'exploitation hydraulique Ouest[43] avec le barrage de Guerlédan, le barrage de Saint-Adrien[Où ?], l'usine marémotrice de la Rance et le barrage de Rabodanges.

Son potentiel a été identifié lors de l'intense spéculation boursière des années 1920 sur l'hydroélectricité. Il a ensuite été construit de 1929 à 1932 par la société des forces motrices de la Sélune. Les ingénieurs étaient Louis Pelnard-Considère[44] et Albert Caquot[45].

Durant la Seconde Guerre mondiale, il alimentait l'arsenal de Cherbourg et le chantier du mur de l'Atlantique. Un sabotage détruisit deux transformateurs, ce qui retarda la construction d'une partie de ces fortifications.

Au début du XXIe siècle, la base de loisirs de la Mazure est installée au bord du lac. On y pratique la pêche, le kayak, l'aviron, le canotage, etc.

Le barrage devait être détruit en 2018, à la suite des décisions de Chantal Jouanno et de Nathalie Kosciusko-Morizet. Une opposition s'organise pour protéger « 800 emplois directs ou induits »[46]. De plus, la vidange du barrage de Vezins (mai - ) a mis au jour près de 500 000 m3 de sédiments suspectés d'être pollués car la vidange précédente, en 1993, avait causé une pollution importante de la baie du Mont-Saint-Michel[réf. nécessaire]. Ces sédiments ont été traités in situ, ce qui a coûté environ 20 millions [36].

L'arrêté d'autorisation de destruction ainsi que celui de la Roche-qui-Boit ont été signés fin [36]. Les travaux de destruction du barrage débutent en .

Le percement de la voûte est effectif en . Le chantier s'étale jusqu'en pour un coût de 4,25 millions  TTC[47].

Alors que le démantèlement est commencé, l'affaire n'est pas définitivement tranchée par la justice[48].

Le barrage de la Roche-qui-boit[modifier | modifier le code]

Le barrage de la Roche-qui-boit vu du ciel en 2013.
Le barrage de la Roche-qui-boit.
Barrage de la Roche-qui-boit au début du XXe siècle.

Situé en aval du barrage de Vezins, dont il est devenu un ouvrage de compensation après la construction de celui-ci, ce barrage produit annuellement 4 millions de kilowatt-heures. Il restitue à la rivière un débit minimum de 2 m3/s. Le lac de retenue est long de 5 km, 40 hectares et 4 millions de mètres cubes d'eau.

L'autorisation de la construction du barrage a été accordée par arrêté préfectoral en août 1914. Les travaux ont commencé durant la Première Guerre mondiale, en 1916 pour s'achever en 1919. Le barrage fait 129 mètres de long et 16 mètres de hauteur[49]. Il relie les territoires de Ducey et Saint-Laurent-de-Terregatte, mais la quasi-totalité du lac de retenue est partagée entre les territoires de Vezins et de Saint-Laurent.

Sa vidange s'est faite à partir de 2020/2021, comme décidé en 2017[36].

La destruction du barrage de la Roche-qui-boit a débuté le lundi et s'est terminée en au terme de dix mois de chantier. Après cette destruction et celle du barrage de Vezins, la Sélune a retrouvé son espace naturel[50].

Pêche[modifier | modifier le code]

Les eaux de la Sélune sont riches en saumons. La Sélune est classée par les pêcheurs en première catégorie. Elle est également peuplée de truites de mer, d'anguilles, de truites fario ou arc-en-ciel, de brochets, de tanches, de gardons, de sandres, de perches et de carpes.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Installations hydro-électriques de la Société des forces de la Selune. Barrage et usine de la "Roche qui boit"... à Ducey, près Avranches, Manche, Rennes, 14 p., in-8o (BNF 33432222)
  • Henri Moulin, Considérations sur un chemin de fer d'Orléans à la mer suivant la vallée de la Sélune, , 20 p., in-8o (BNF 30987884)
  • Romain Provost de la Fardinière, Les pêcheries sur la Sélune sous l’Ancien Régime, Revue de l’Avranchin et du Pays de Granville, t.89, sept. 2012, p. 293-307
  • Sage de la Sélune / Association Bassin de la Sélune de l'Amont à l'aval, De la Sélune à la baie, (ISSN 1761-1083, BNF 38990030)
  • Bulletin d'information semestriel du Schéma d'aménagement et de gestion des eaux de la Sélune

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Voir aussi[modifier | modifier le code]

wikilien alternatif2

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Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. rd pour rive droite et rg pour rive gauche

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Sandre, « Fiche cours d'eau - Fleuve la Sélune (I9--0200) » (consulté le )
  2. Etude sur les étymologies des noms de lieux et des noms de familles dans l'Avranchin / par un membre titulaire de la Société d'archéologie, littérature, sciences et arts des arrondissements d'Avranches et de Mortain [signé L. C.], (lire en ligne)
  3. a et b SAGE Sélune sur Gest'Eau, le site des outils de gestion intégrée de l’eau.
  4. Sandre, « Fiche cours d'eau - Cours d’eau de la Grandière (I9001500) ».
  5. Sandre, « Fiche cours d'eau - Ruisseau du Moulin Richard (I9008000) ».
  6. Sandre, « Fiche cours d'eau - Ruisseau de la Franciere (I9010600) ».
  7. Sandre, « Fiche cours d'eau - Ruisseau de Chenilly (I9028000) ».
  8. Sandre, « Fiche cours d'eau - Ruisseau du Moulin de Pontorsier (I9029000) ».
  9. Sandre, « Fiche cours d'eau - Ruisseau de Mesnelle (I9039000) ».
  10. Sandre, « Fiche cours d'eau - Rivière de Saint-Jean (I9041000) ».
  11. Sandre, « Fiche cours d'eau - La Cance (I90-0400) ».
  12. Sandre, « Fiche cours d'eau - Ruisseau du Val (I9071000) ».
  13. Sandre, « Fiche cours d'eau - Ruisseau du Marignon (I9072000) ».
  14. Sandre, « Fiche cours d'eau - La Gueuche (I9080600) ».
  15. Sandre, « Fiche cours d'eau - La Roulante (I9091000) ».
  16. Sandre, « Fiche cours d'eau - Ruisseau de Bahan (I9098000) ».
  17. Sandre, « Fiche cours d'eau - L’Argonce (I9100600) ».
  18. Sandre, « Fiche cours d'eau - La Douenne (I9120600) ».
  19. Sandre, « Fiche cours d'eau - L’Airon (I91-0400) ».
  20. Sandre, « Fiche cours d'eau - Ruisseau de Vaux Roux (I9201000) ».
  21. Sandre, « Fiche cours d'eau - L’Yvrande (I9206000) ».
  22. Sandre, « Fiche cours d'eau - Le Lair (I92-0400) »
  23. Sandre, « Fiche cours d'eau - L’Isolant (I9231000) ».
  24. Sandre, « Fiche cours d'eau - Ruisseau de Livet (I9233000) ».
  25. Sandre, « Fiche cours d'eau - Le Beuvron (I92-0420) »
  26. Sandre, « Fiche cours d'eau - Le Beuvron (I9265001) ».
  27. Sandre, « Fiche cours d'eau - L’Oir (I9280600) ».
  28. Sandre, « Fiche cours d'eau - Ruisseau de Guyot (I9292000) ».
  29. Sandre, « Fiche cours d'eau - Ruisseau du Moulinet (I9294000) ».
  30. Sandre, « Fiche cours d'eau - La Douve (I9295000) ».
  31. (en) Mouazé D., Chanson H., Simon B. (2010) Field Measurements in the Tidal Bore of the Sélune River in the Bay of Mont Saint Michel (Sept. 2010). Hydraulic Model Report CH81/10, School of Civil Engineering, Univ. Queensland, Brisbane, Australia, 72 p.
  32. Dom Jacques Hourlier, « Les sources écrites de l’histoire montoise avant 966 », in Millénaire monastique du Mont-Saint-Michel, Raymonde Foreville (éd.), t. 2, Vie montoise et rayonnement intellectuel, Paris, Lethielleux, 1966, p. 13-28.
  33. Paul Carell (trad. de l'allemand), Ils arrivent : le débarquement vécu du côté allemand, Paris, collection J'ai lu, éditions Robert Laffont, , pages 436 à 439 (ISBN 2-290-05092-X).
  34. Universal Press Agency, Effacement des barrages de Vezins et la Roche-qui-Boit : une porte s'ouvre enfin pour la renaissance de la vallée de la Sélune, selon le WWF. Le 9 janvier prochain, une étude économique devrait enfin être rendue par l'État, consulté 2012-01-03.
  35. « Site du ministère de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de la Mer - 13.11.09 - À l'occasion de la signature du premier contrat d'objectifs de l'ONEMA, Chantal Jouanno annonce le lancement d'un plan d'action national pour la restauration des cours d'eau » (consulté le ).
  36. a b c et d AFP (2018) Feu vert à la destruction controversée de barrages près du Mont Saint-Michel, 31 octobre 2018.
  37. « Ouest-france.fr - Les barrages de la Sélune seront détruits en 2018 - Louvigné-du-Désert » (consulté le ).
  38. « Ouest-france.fr - Les saumons vont-ils vaincre les barrages de la Sélune ? - Normandie » (consulté le ).
  39. « Barrages de la Sélune : le démantèlement n'est plus d'actualité », sur actu-environnement.com, Actu-Environnement (consulté le ).
  40. Philippe Collet, « Continuité écologique : Nicolas Hulot relance la restauration de la vallée de la Sélune », sur actu-environnement.com, (consulté le ).
  41. « Barrages sur la Sélune supprimés : trois anciens élus jugent la décision et les conséquences "déraisonnables" », sur actu.fr (consulté le )
  42. Préfecture de la Manche.
  43. Groupe d'exploitation hydraulique Ouest.
  44. Louis Pelnard est le gendre d'Armand Considère, père du béton fretté.
  45. Barrage de Vezins (1932) sur Structurae, consulté le 2 novembre 2023..
  46. Wikimanche.
  47. Le premier trou percé … sur actu.fr le 12 juin 2019.
  48. « Les requêtes des Amis du barrage rejetées par le tribunal administratif », Ouest-France, site internet, 20 août 2019 (lire en ligne).
  49. Barrage de la Roche-qui-boit sur Structurae, consulté le 2 novembre 2023..
  50. Gilles Patry, « Manche. Après le démantèlement de ces barrages, la nature reprend ses droits » Accès libre, sur actu.fr, (consulté le ).