Bataille du Pont-Barré

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 22 mars 2020 à 16:55 et modifiée en dernier par Tan Khaerr (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Bataille du Pont-Barré
Description de cette image, également commentée ci-après
Le Pont-Barré, gravure de Thomas Drake, vers 1850.
Informations générales
Date -
Lieu Beaulieu-sur-Layon et Saint-Lambert-du-Lattay
Issue Victoire vendéenne
Belligérants
France Républicains Drapeau de l'Armée catholique et royale de Vendée Vendéens
Commandants
Charles Duhoux de Hauterive • Pierre Duhoux de Hauterive
• Henri du Verdier de La Sorinière
• Sébastien Cady
Forces en présence
15 000 hommes[1]
33 canons[1]
9 000 hommes[2]
Pertes
1 362 morts[2]
1 000 prisonniers[2]
33 canons capturés[2]
Inconnues

Guerre de Vendée

Coordonnées 47° 18′ 49,8″ nord, 0° 36′ 46,9″ ouest
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Bataille du Pont-Barré
Géolocalisation sur la carte : Pays de la Loire
(Voir situation sur carte : Pays de la Loire)
Bataille du Pont-Barré
Géolocalisation sur la carte : Maine-et-Loire
(Voir situation sur carte : Maine-et-Loire)
Bataille du Pont-Barré

La bataille du Pont-Barré se déroule du au en 1793 lors de la guerre de Vendée.

Prélude

Le , la Convention nationale adopte le décret relatif aux mesures à prendre contre les rebelles de Vendée, qui ordonne notamment le déploiement en Vendée de l'Armée de Mayence.

Le , les généraux et les représentants en mission de l'Armée des côtes de Brest et de l'Armée des côtes de La Rochelle se rassemblent à Saumur pour tenir le conseil de guerre[3],[4]. Le plan de campagne établi le 3 septembre prévoit une offensive générale visant à prendre en tenaille les Vendéens : l'Armée des côtes de Brest, commandée par le général Canclaux et l'Armée de Mayence, commandée par le général Aubert-Dubayet, doit attaquer depuis Nantes, au nord-ouest de la Vendée militaire, tandis que l'Armée des côtes de La Rochelle, commandée par le général Rossignol, doit s'avancer à l'ouest et au sud du territoire insurgé[3],[5],[4]. Le plan prévoit la jonction de ces forces à Cholet et Mortagne-sur-Sèvre après une dizaine de jours de campagne[3],[5],[4].

Le , 12 000 hommes de l'Armée de Mayence arrivent à Nantes[6]. Le 8 septembre, l'avant-garde mayençaise sort de la ville et entre en territoire insurgé[7].

Dans le Maine-et-Loire, deux divisions de l'Armée des côtes de La Rochelle doivent se mettre en mouvement : celle de Saumur, commandée par le général Santerre, et celle d'Angers, commandée par le général Charles Duhoux de Hauterive[4]. La première doit marcher sur Vihiers et la seconde sur le Pont-Barré[3].

Forces en présence

Le 7 septembre, Choudieu et Richard, les représentants en mission auprès de l'Armée des côtes de La Rochelle, ordonnent une levée en masse des citoyens en état de porter les armes dans les districts d'Angers, Saumur, Baugé, Segré, Châteauneuf, Château-Gontier, La Flèche, Sablé, Bourgueil et Chinon, situés dans le nord du département du Maine-et-Loire, le sud du département de la Mayenne, le sud-ouest du département de la Sarthe et l'ouest du département de l'Indre-et-Loire[8]. Ils fixent le début du rassemblement au 12 septembre, à l'appel du tocsin, des citoyens de ces districts et « sous peine d'être emprisonnés comme suspects, de se rendre le lendemain 13, tant à Saumur qu'à Angers, pour s'y réunir à l'armée de la République. Ils s'armeront de fusils, de piques, de fourches, de brocs, de faux à revers, etc. et chacun sera tenu de porter avec lui du pain pour quatre jours »[5]. Les officiers municipaux sont chargés d'assurer la subsistance pour six autres jours[5]. Pour se distinguer des insurgés, les paysans mobilisés arborent de petites bandoulières avec des rubans tricolores[9]. Ces levées viennent renforcer les troupes de Duhoux et Santerre[1]. Le premier dispose alors de 15 000 hommes sous ses ordres, dont 6 000 hommes de troupes de ligne[1] — constitués principalement par les bataillons de volontaires de Jemmapes[1] et des bataillons d'Angers[10], dont le bataillon des Pères de famille[2] — et 9 000 hommes des réquisitions[1].

Du côté des Vendéens, le gros de l'Armée catholique et royale est alors engagé contre l'Armée des côtes de Brest et l'Armée de Mayence. Pour défendre le Pont-Barré, les insurgés n'ont que 3 000 hommes de la division de Chemillé[1], commandés par Pierre Duhoux de Hauterive — le neveu du général républicain —, le chevalier Henri du Verdier de La Sorinière et Sébastien Cady[1],[9].

Déroulement

Vue du vieux Pont-Barré en 2010.

Le 16 septembre, les colonnes de Duhoux et Santerre se mettent en marche[1]. Duhoux traverse le territoire entre Les Ponts-de-Cé, au sud d'Angers, et le Layon, un affluent de la Loire, qui est une zone difficilement défendable étant constamment passée de mains en mains[6]. Le soir, il campe sur les hauteurs de Beaulieu-sur-Layon, sur la rive nord du Layon[1].

Le 17 septembre, les forces de Duhoux lancent l'attaque[11]. Les deux armées sont alors séparées par le Layon, qui peut être franchi par trois ponts : le pont de Bézigon à l'ouest, le Pont-Barré au centre et le pont des Planches à l'est, sous Beaulieu-sur-Layon[1]. Les Vendéens résistent plusieurs heures, mais trop inférieurs en nombre, ils abandonnent les trois ponts le soir du premier jour[11].

Les républicains s'emparent alors de Saint-Lambert-du-Lattay, abandonné par ses habitants[10]. Le 18 septembre, ils poussent jusqu'à Chemillé et La Jumellière, massacrant en chemin 80 civils, hommes et femmes[10]. Renée Bordereau, cavalière dans l'armée vendéenne, affirme dans ses mémoires avoir vu lors de cette bataille un bébé embroché avec deux poulets sur la baïonnette d'un soldat du bataillon des Pères de famille[2]. Seul Cady tente alors de s'opposer à l'avance des patriotes, avec à peine une centaine de combattants[10]. Mais le même jour, à une vingtaine de kilomètres au sud du Pont-Barré, les troupes de Santerre sont totalement mises en déroute à Coron par les forces de Piron de La Varenne[10]. Piron ne s'attarde pas après sa victoire et envoie aussitôt de la cavalerie et plusieurs milliers de fantassins sur Chemillé[10]. Dès le soir du 18 septembre, Duhoux, La Sorinière et Cady sont en mesure de lancer une contre-attaque[10]. Les républicains battent alors en retraite dans la précipitation et repassent le Layon[10]. Le désordre est tel que plusieurs se noient[10]. La nuit tombe ensuite, mais les insurgés continuent de mener des attaques de harcèlement[10].

Le matin du 19 septembre, les deux armées se font à nouveau face de part et d'autre du Layon[10]. Les Vendéens sont désormais 9 000[2]. Vers 11 heures du matin, la bataille s'engage par une canonnade[10]. Les pièces vendéennes sont alors déployées à La Bodière, tandis que celle des républicains sont positionnées sur les pentes du Moulin-Brûlé[10]. Les tirs ont cependant peu d'effets[10]. Les Vendéens envoient ensuite sur leurs flancs quelques centaines d'hommes réparer les ponts de Bézigon et des Planches, qui ont été coupés par les républicains, mais qui ne sont pas défendus[10]. Une fois les planches de bois replacées, 300 hommes commandés par Joseph Bernier et 100 autres menés par Pauvert franchissent la rivière, puis s'en prennent aux républicains sur leurs ailes[10]. Désorganisés par ces attaques, les flancs droit et gauche des républicains reculent et refluent vers le sommet du coteau[10]. Au centre, les bataillons de Jemmapes et d'Angers opposent une forte résistance au Pont-Barré, mais ils finissent également par reculer[10]. Les canons sont emportés d'assaut par les Vendéens, qui les retournent ensuite contre leurs adversaires[10].

Les républicains tentent alors de poursuivre le combat sur le sommet du coteau, lorsque qu'une nouvelle troupe d'insurgés, forte de 500 hommes et commandée par le chevalier Duhoux, apparaît au nord-ouest, sur la route de Rochefort-sur-Loire, après avoir traversé le Layon à la Chaume[2]. Assaillis sur plusieurs côtés, les républicains cèdent alors totalement à la panique et sont mis en déroute[2]. Les Vendéens se lancent à leur poursuite, massacrant plusieurs fuyards jusqu'aux Ponts-de-Cé[2]. Renée Bordereau affirmera dans ses mémoires avoir tuée à elle seule 21 soldats républicains lors de ce combat[2]. D'autres fuyards se réfugient à Rochefort-sur-Loire ou se cachent dans la forêt de Beaulieu[2]. Les Vendéens ne poussent cependant pas davantage sur Angers et Saumur et se retirent sur leur territoire[12].

Pertes

Les pertes républicaines sont écrasantes : au 21 septembre, l'armée de Duhoux ne compte plus que 5 500 hommes, contre 15 000 avant la bataille[2]. La majeure partie des paysans levés en masse désertent l'armée et regagnent leurs foyers[2]. 1 362 morts sont recensés par le commissaire Pineau du Breuil et enterrés aux Fosses-Cadeau, en forêt de Beaulieu[2],[13]. Les Vendéens font environ 1 000 prisonniers et s'emparent de toute l'artillerie républicaine — 8 canons et 25 couleuvrines — de tous les caissons, de nombreux fusils et de 30 charretées de pain[2].

Conséquences

Le voit également l'Armée de Mayence subir une défaite à la bataille de Torfou[2]. L'offensive planifiée le 3 septembre à Saumur est alors complètement repoussée[2].

Références

  1. a b c d e f g h i j et k Coutau-Bégarie et Doré-Graslin 2010, p. 465.
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q et r Coutau-Bégarie et Doré-Graslin 2010, p. 468-469.
  3. a b c et d Gabory 2009, p. 254-255
  4. a b c et d Tabeur 2008, p. 123-125
  5. a b c et d Coutau-Bégarie et Doré-Graslin 2010, p. 464.
  6. a et b Coutau-Bégarie et Doré-Graslin 2010, p. 463.
  7. Gabory 2009, p. 258
  8. Coutau-Bégarie et Doré-Graslin 2010, p. 463-464.
  9. a et b Gabory 2009, p. 262
  10. a b c d e f g h i j k l m n o p q r et s Coutau-Bégarie et Doré-Graslin 2010, p. 467.
  11. a et b Coutau-Bégarie et Doré-Graslin 2010, p. 466.
  12. Gabory 2009, p. 263
  13. Bulletin historique et monumental de l'Anjou, p.167.

Bibliographie

  • Hervé Coutau-Bégarie et Charles Doré-Graslin (dir.), Histoire militaire des guerres de Vendée, Economica, , 656 p. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Émile Gabory, Les Guerres de Vendée, Robert Laffont, 1912-1931 (réimpr. 2009), 1476 p. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Yves Gras, La guerre de Vendée : 1793-1796, Paris, Economica, coll. « Campagnes et stratégies », , 184 p. (ISBN 978-2-717-82600-5). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Jean Tabeur (préf. Jean Tulard), Paris contre la province : les guerres de l'ouest, 1792-1796, Paris, Economica, coll. « Campagnes & stratégies / Les grandes batailles » (no 70), , 286 p. (ISBN 978-2-717-85641-5). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.