Siège de Granville

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Siège de Granville
Description de cette image, également commentée ci-après
Épisode du siège de Granville - La mort du maire Clément Desmaison, peinture de Maurice Orange, 1909.
Informations générales
Date -
Lieu Granville
Issue Victoire républicaine
Belligérants
France Républicains Drapeau de l'Armée catholique et royale de Vendée Vendéens
Commandants
André Pacifique Peyre
François Vachot
Henri de La Rochejaquelein
Jean-Nicolas Stofflet
Forces en présence
5 535 hommes[1] 20 000 à 30 000 hommes[2]
Pertes
150 à 340 morts[3],[4] 600 à 2 000 morts[2],[5]

Guerre de Vendée

Coordonnées 48° 50′ 17″ nord, 1° 35′ 13″ ouest
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Siège de Granville
Géolocalisation sur la carte : Basse-Normandie
(Voir situation sur carte : Basse-Normandie)
Siège de Granville
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(Voir situation sur carte : Manche)
Siège de Granville

Le siège de Granville s'est déroulé lors de la guerre de Vendée le [6], lors de l'épisode de la virée de Galerne.

Contexte[modifier | modifier le code]

Préparatifs de débarquement britannique[modifier | modifier le code]

Alors que les Vendéens viennent de prendre Fougères, deux émigrés débarqués de Jersey, Freslon de Saint-Aubin et Bertin, apportent un courrier caché dans un bâton creux aux généraux de l'armée catholique et royale. Ce courrier, écrit par le secrétaire d'État à l'Intérieur britannique Henry Dundas, confirme que le Royaume de Grande-Bretagne était prêt à venir en aide aux Vendéens, en débarquant des troupes de l'armée d'émigrés, à condition de prendre un port qui pourrait accueillir la Royal Navy. Un autre émissaire, Louis de La Haye-Saint-Hilaire, arrive ensuite : le message qu'il remet aux généraux de l'armée catholique et royale émane de Guy-Ambroise, marquis du Dresnay[7], colonel de cavalerie, émigré depuis 1791 à Jersey. Malgré les doutes qu'il émet sur la faisabilité du projet (notamment sur la promesse britannique), il annonce qu'une armée d'émigrés qu'il a recrutée, est en poste, sous ses ordres à Jersey, prête à débarquer grâce à la Royal Navy. Cependant, les Britanniques exigent que les Vendéens occupent un port comme condition nécessaire à un débarquement.

Les généraux vendéens décidèrent d'abord de marcher sur Saint-Malo. Mais l'arrivée de deux nouveaux officiers au conseil vendéen changea ces plans. Le premier était Charles Bougon-Langrais, ancien procureur-syndic du Calvados ; ami de Charlotte Corday, républicain mais girondin, il avait participé aux insurrections fédéralistes. Capturés par les Vendéens, pris pour un espion, il avait failli être fusillé mais avait été sauvé par le prince de Talmont qui lui accorda sa confiance. Le second, le capitaine Alexandre-Magnus d'Obenheim, officier du génie, également fédéraliste, avait pris part à la défense de Fougères contre les Vendéens ; capturé, il avait été reconnu comme ancien camarade de collège par Bernard de Marigny qui s'en était porté garant.

Bougon conseille aux Vendéens d'attaquer Cherbourg, la place n'étant puissamment fortifiée que face à la mer et n'ayant que peu de défenses pour contrer une attaque venant des terres ; sa proposition est appuyée par Talmont. En revanche, Obenheim propose de marcher sur Granville, place qu'il connaît parfaitement, ayant lui-même prit part à l'édification de ses défenses. La Rochejaquelein soutient ce projet. Finalement au terme d'un long débat, le conseil adopte le plan de d'Obenheim.

Marche sur Granville[modifier | modifier le code]

Vue de Granville, gravure de Thomas Drake, 1856.

Le 8 novembre, après quatre jours de repos, l'armée vendéenne, forte de 30 000 hommes, se met en marche en direction de Granville. Elle laisse dans les hôpitaux de Fougères tous ses malades et ses blessés graves. Cependant, les soldats vendéens ne sont guère enthousiastes à l'idée de cette marche qui les éloignent encore de la Vendée. Ainsi Stofflet, qui n'approuve pas le plan adopté, se porte avec l'avant-garde en direction de Rennes ; il pénètre jusque dans les faubourgs de la ville sans rencontrer d'opposition mais l'armée ne le suit pas. Craignant de se retrouver isolé, il doit faire demi-tour et rejoint le gros de l'armée à Antrain.

Le 10 novembre, l'armée vendéenne entre dans Dol ; le 11 elle occupe Pontorson. Elle laisse dans la place le général Lyrot avec sa division, chargée de protéger les arrières contre une éventuelle attaque des troupes républicaines de l'Armée des côtes de Brest et de l'Armée de l'Ouest, qui se regroupent à Rennes. Le 13 novembre, les Vendéens entrent dans Avranches, et y laissent leurs femmes et leurs enfants, ainsi que les vieillards et les prêtres protégés par les troupes de Royrand, Fleuriot et Rostaing.

De son côté, le général Henri Forestier lance un raid avec quelques cavaliers sur Le Mont-Saint-Michel. Il s'empare de la place et y délivre les 300 prêtres réfractaires qui y sont emprisonnés. Cependant seuls 60 acceptent de s'évader, les autres, par crainte de représailles, préférent rester.

La bataille[modifier | modifier le code]

L'incendie de Granville par les Vendéens, peinture de Jean-François Hue, 1800

Le 14 novembre, les Vendéens, désormais au nombre de 25 000, sont devant Granville. La ville est défendue par 5 500 hommes commandés par les généraux Peyre et Vachot, ainsi que par le représentant en mission Jean-Baptiste Le Carpentier. Avant l'arrivée des Vendéens sous les murs de la ville, Peyre a d'abord tenté une sortie mais, mis en déroute, il a regagné précipitamment Granville.

Les généraux vendéens envoyent d'abord une sommation portée par deux prisonniers républicains ; n'ayant pas reçu de réponse, ils engagent le combat une heure plus tard par un tir d'artillerie. L'infanterie vendéenne passe à son tour à l'attaque par la rue des Juifs et s'empare rapidement de tout le faubourg Saint-Antoine que les Républicains ont évacué, leurs troupes s'étant réfugiées dans le quartier fortifié de la Haute-Ville. Les Vendéens ne peuvent pénétrer dans la forteresse, et n'ont aucun matériel de siège mis à part quelques échelles trop courtes.

Finalement le combat cesse avec l'arrivée de la nuit, et les Vendéens se retranchent dans les maisons des faubourgs. Cependant les Républicains craignent que leurs adversaires ne tentent une attaque de nuit. Aussi, sur ordre de Peyre et Le Carpentier, un petit groupe de soldats républicains sort de la ville, profitant de l'obscurité, et met le feu aux maisons. Rapidement l'incendie se propage dans tout le faubourg et en chasse les Vendéens tirés de leurs sommeil. Les Républicains doivent néanmoins également lutter contre l'incendie, afin d'éviter qu'il ne gagne l'intérieur de la ville.

Le lendemain matin, un deuxième assaut est tenté par les Vendéens. Menés par La Rochejaquelein, profitant de la marée basse, ils se divisent en deux groupes et contournent les fortifications. Le premier groupe, le plus important, attaque les murailles, le second prenant les Républicains à revers en passant par la grève, au nord. Ces derniesrs sont freinés par deux chaloupes cannonières républicaines venues de Saint-Malo qui sont arrivées en renfort. Malgré tout, un petit groupe de Chouans menés par Boisguy et Jambe d'Argent parvient à entrer dans la forteresse. Mais une poignée de soldats vendéens prend soudainement peur et s'enfuit, semant la panique ; bientôt toute l'armée vendéenne prend la fuite, brisant ainsi définitivement le siège de Granville.

La colère des Vendéens est vive envers les Britanniques qui ne les soutiennent pas dans l'action. Jersey est toute proche et les Vendéens pensent que les Britanniques ont dû entendre la canonnade, mais ont décidé de ne pas bouger. En fait il n'en est rien : à Jersey, la flotte britannique commandée par Francis Rawdon-Hastings, Lord Moira, se tient prête à intervenir, mais mal renseignée, elle ignore totalement l'attaque des Vendéens sur Granville et ne doit l'apprendre qu'à la fin du mois de novembre. Pendant ce temps, l'armée catholique et royale fait retraite sur Avranches, avec le sentiment d'avoir été trahie par les Britanniques ; les Vendéens sont poursuivis par les Républicains et perdent plusieurs centaines d'hommes.

Conséquences[modifier | modifier le code]

Les pertes vendéennes à Avranches semblent être entre 600[5] et 2 000 morts[2]. Les pertes républicaines sont estimées entre 150[3] et 340[4] morts.

La Rochejaquelein, cependant, n'entend pas renoncer. Arrivé à Avranches, il prend la décision de marcher seul sur Cherbourg. Après avoir réuni une avant-garde de 1 000 hommes, il s'empare de Villedieu-les-Poêles. Le bourg n'a pas de troupe pour assurer sa défense mais les Vendéens se heurtent à une surprenante résistance de la part des habitants qui les caillassent depuis les fenêtres ; en représailles, le bourg est pillé. Cependant le gros de l'armée, resté à Avranches, refuse de suivre et d'aller plus au nord, et sur les exhortations de l'abbé Rabin, les Vendéens font demi-tour en direction du sud, avec la ferme intention de regagner la Vendée. La Rochejaquelein est forcé de suivre, faisant marche arrière à son tour et ne rattrapant l'armée qu'à Pontorson.

Pendant ce temps, le capitaine Alexandre-Magnus d'Obenheim déserte durant la retraite vendéenne près du Mans pour rejoindre l'armée républicaine.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  1. Sinsoilliez 1991, p. 64.
  2. a b et c Martin 2014, p. 177.
  3. a et b Gabory 2009, p. 298.
  4. a et b Sinsoilliez 1991, p. 145.
  5. a et b Gras 1994, p. 106.
  6. Ernest Colon : Cartes de lieux de batailles durant la guerre de Vendée
  7. Guy-Marie-Joseph-Gabriel-Ambroise, marquis du Dresnay, né le 28 février 1770 et mort le 17 mars 1837 à Saint-Paul-de-Léon (Finistère). Il recrute une armée de volontaires royalistes dans l'île de Jersey où il a émigré de 1791 à 1800. Il est le fils de Louis-Marie-Ambroise, marquis du Dresnay, (1741-1798), maréchal de camp, émigré à Londres. (Les Filiations Bretonnes. Vicomte de La Messelière.- Tome II, page 175)