Stig Dagerman

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Stig Dagerman
Description de l'image Stig Dagerman porträtt.jpg.
Nom de naissance Stig Halvard Jansson
Naissance
Älvkarleby
Décès (à 31 ans)
Danderyd
Activité principale
écrivain, compositeur, poète
Auteur
Langue d’écriture suédois

Œuvres principales

  • Le Serpent (1945)
  • L'Île des condamnés (1946)
  • Automne allemand (1947)
  • L'Enfant brûlé (1948)
  • Ennuis de noces (1949)
  • Notre besoin de consolation (1952)

Stig Dagerman, né Stig Halvard Jansson, le à Älvkarleby, et mort le à Danderyd, est un écrivain et journaliste libertaire[1] suédois.

Il est l'un des écrivains suédois les plus importants des années 1940. De 1945 à 1949, il publie, avec un succès considérable, un grand nombre d'œuvres littéraires et journalistiques. Puis soudain, et sans raison connue, il cesse d'écrire. Il se suicide à l'automne 1954.

Biographie

Fils d'un ouvrier, et abandonné tout petit par sa mère, il est élevé par ses grands-parents à la campagne. Il arrive à Stockholm en 1932 pour vivre avec son père et finir ses études. Il s’inscrit aux jeunesses syndicalistes de Stockholm en 1941.

Il amorce sa carrière littéraire en 1941, d'abord comme journaliste pour des journaux syndicaux. Il s'occupe de la section culturelle du journal Abertaren où il rencontre Albert Jensen, une figure du syndicalisme mondial, et de la revue Storm. Il change son nom pour Dagerman (Dager signifie lumière du jour, espoir).

En août 1943, il épouse Annemarie Götze, fille de réfugiés allemands, pour qu'elle puisse bénéficier de la nationalité suédoise et rester en Suède, son père, militant anarcho-syndicaliste, étant activement recherché en Allemagne. Deux fils naissent de leur union. Le recueil de chroniques Automne allemand (Tysk Höst), qui a pour toile de fond l'après-guerre tragique de l'Allemagne, est dédié à Annemarie.

En 1945, la parution de son premier roman, Le Serpent (Ormen), où déjà apparaît le thème du suicide, le consacre comme le porte-drapeau de la nouvelle vague littéraire suédoise.

En 1946-1947, il est envoyé en Allemagne « année 1 » pour constater les dégâts des bombardements et témoigner pour son journal de la misère et de la pauvreté qui y règnent. Anarchiste engagé, il rentre dans les caves inondées où vivent les rescapés de la tragédie nazie, témoigne des conditions infernales, de la famine, de la haine et de la souffrance, sans pour autant oublier l'horreur d'hier.

Romans et succès littéraires se succèdent ensuite pendant quatre ans. Mais à partir de 1949, Dagerman se trouve dans l'incapacité d'écrire. Divorcé d'Annemarie en 1950, remarié en 1953 avec l'actrice Anita Björk, trop accaparé par sa vie sentimentale, il a la certitude de ne pas être à la hauteur des espoirs que le public avait mis en lui.

Dépressif depuis longtemps, il se suicide, le , dans le garage de sa résidence, en banlieue de Stockholm.

Il laisse dans le deuil sa femme et ses enfants, dont sa fille Lo (née en 1951) qui est la mère de Dan Levy Dagerman, acteur et metteur en scène basé à Los Angeles[2].

Thèmes et notoriété

Dans son œuvre, Dagerman aborde les grandes préoccupations universelles telles que la moralité et la conscience, la sexualité, la philosophie sociale, l'amour, la compassion et la justice. Il sonde la douloureuse réalité de l'existence et dissèque les émotions telles que la peur, la culpabilité et la solitude. Mais ces sujets qu'on peut qualifier de graves n'empêche pas un véritable sens de l'humour qui donne à certains de ses textes une dimension burlesque ou satirique.

Un regain d'intérêt pour l'œuvre et la vie de Stig Dagerman revient dans les années 1980. Son œuvre complète, réunie en onze volumes, est maintenant disponible.

Des artistes, tant en Suède qu'à l'étranger, mettent ses textes en musique. Plusieurs de ses nouvelles et romans ont été adaptés au cinéma.

L'œuvre de Dagerman, traduite en plusieurs langues, s'est révélée une source d'inspiration pour les lecteurs, écrivains, musiciens et cinéastes de Suède et d'ailleurs.

Prix Dagerman

En Suède, la société Stig Dagerman attribue chaque année un prix portant son nom aux personnes qui, comme lui, cherchent à promouvoir la compréhension. En 2008, le prix Stig Dagerman a été remis à l'écrivain français J. M. G. Le Clézio, qui, peu de temps après, a aussi reçu le prix Nobel de littérature.

Œuvres

Romans

  • Le Serpent, Denoël, 1985 ((sv) Ormen, 1945), trad. Carl Gustaf Bjurstöm et Hervé Coville
    Rééditions aux éditions Gallimard, coll. « L'Étrangère », 1993 ; coll. « L'Imaginaire » no 450, 2001 (ISBN 978-2-07-076007-7)
  • L'Île des condamnés, Denoël, coll. « Les Lettres nouvelles », 1972 ((sv) De dömdas ö, 1946), trad. Jeanne Gauffin
    Réédition chez Agone, coll. « Manufacture » en 2009 (ISBN 978-2-7489-0110-8)[3]
  • L'Enfant brûlé, Gallimard, 1956 ((sv) Bränt Barn, 1948), trad. Élisabeth Backlund
    Réédition chez Gallimard, coll. « L'Imaginaire » no 77, en 1981 (ISBN 978-2-07-023392-2)
  • Ennuis de noces, Maurice Nadeau / Papyrus, 1982 ((sv) Bröllopsbesvär, 1949), trad. Carl Gustaf Bjurström et Lucie Albertini
    Réédition chez 10/18, coll. « Domaine étranger » no 2123, en 1990 (ISBN 978-2-264-01424-5)

Recueils de nouvelles

  • Jeux de la nuit ((sv) Nattens lekar, 1948)
    Inédit en français
  • Dieu rend visite à Newton, Denoël, coll. « Les Lettres nouvelles », 1976 (Att döda ett barn, 1948), trad. Élisabeth Backlund et Carl Gustaf Bjurström
    Anthologie de 9 nouvelles choisies par l'éditeur français ; réédition sous le titre Tuer un enfant, Agone, 2007[4] ; réédition sous le titre Dieu rend visite à Newton, avec illustrations de Mélanie Delattre-Vogt, Éditions du Chemin de fer, 2009 (ISBN 978-2-916130-20-0)[5]
  • Mille ans chez Dieu ((sv) Tusen år hos Gud, 1954), recueil posthume
    Inédit en français
  • Notre plage nocturne, Maurice Nadeau, 1988 ((sv) Vår nattliga badort, 1955), trad. Carl Gustaf Bjurström et Lucie Albertini
    Recueil de 10 nouvelles
  • Les Wagons rouges, Maurice Nadeau, 1987 ((sv) De röda vagnarna (in Dikter, noveller, prosafragment), 1983), trad. Carl Gustaf Bjurström et Lucie Albertini
    Nouvelle édition tirée du recueil original posthume Nattens lekar. Samlade noveller och prosafragment (2014), aux éditions Maurice Nadeau en 2016 (ISBN 978-2-86231-256-9)
  • Le Froid de la Saint-Jean, Maurice Nadeau, 1988, trad. Carl Gustaf Bjurström et Lucie Albertini

Chroniques

  • Automne allemand, Actes Sud, 1989 ((sv) Tysk höst, 1947), trad. Philippe Bouquet
    Réédition chez Actes Sud en 1999, puis chez Actes Sud,coll. « Babel » no 652 en 2004 (ISBN 978-2-7427-5149-5)
  • Printemps français, Ludd, 1995 ((sv) Fransk Vär, 1948), trad. Philippe Bouquet
    Suivi de Poèmes satiriques

Essais

Théâtre

  • Le Condamné à mort ((sv) Den dödsdömde, 1947)
    Pièce adaptée en français sous le titre Les Rescapés, mise en scène Véronique Widock, texte français de Philippe Bouquet, Théâtre Gérard-Philippe, 1987
  • L'Ombre de Mart, Presses universitaires de Caen, 1993 ((sv) Skuggan av Mart, 1948), trad. Gunilla Kock de Ribaucourt
  • L'Arriviste suivi de Le Jeu de la vérité, Actes Sud, coll. « Papiers », 1991 (Streber et Ingen Går fri, 1948 et 1949), trad. Philippe Bouquet

Poésie

  • Billets quotidiens, Éditions Cent Pages, coll. « Cosaques », 2014 ((sv) Dagsedlar)
    Poèmes publiés entre 1944 et 1954

Bibliographie

Ouvrages sur Dagerman

Biographie

  • Georges Ueberschlag, Stig Dagerman ou l'innocence préservée. Une biographie, L'Élan, 1996[6]

Essais

  • Karin Dahl, La réception de l'œuvre de Stig Dagerman en France : La consécration d'un écrivain étranger, L'Harmattan, coll. « Classiques pour demain », 2010[7]
  • Freddy Gomez, L'écriture et la Vie - Trois écrivains de l'éveil libertaire : Stig Dagerman, Georges Navel, Armand Robin, Éditions Libertaires, coll. « À contretemps », 2011

Thèse

  • Rikard Apelgren, En dröm i Lagarnas hus. Ögonblicket, människan och det transcendenta. Studier i Stig Dagermans diktning (A Dream in the House of Law: The Moment, Man and the Transcendent: Studies in the Writings of Stig Dagerman), 2010, thèse de doctorat en littérature comparée à l'université de Stockholm[8]

Roman

  • Björn Ranelid, Mon nom sera Stig Dagerman, Albin Michel, 1995

Adaptations

Cinéma

Télévision

Musique

  • En 1989, le compositeur français Denis Dufour achève la composition d'une œuvre de musique acousmatique, d'une durée de 67 min 22 s, intitulée Notre besoin de consolation est impossible à rassasier. Le texte de Stig Dagerman y est lu par Thomas Brando. Commencée durant l'été 1987, l'œuvre est créée à Paris le à l’auditorium 104 de la Maison de Radio France, dans le cadre du Cycle acousmatique de l’Ina-GRM. En 1991, elle est publiée sur disque compact dans les collections discographiques du GRM sous la référence INA C1010.
  • Dans leur album Banco, publié fin 2007, les Têtes Raides font une lecture de Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, reprise sur Corps de mots, concert en public publié en 2013.
  • Dans son album Brûle, publié en 2001, Miossec utilise la citation "Notre besoin de consolation est impossible à rassasier" sur la chanson Consolation.

Références

Articles connexes

Liens externes