Nigeria

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République fédérale du Nigeria

(en) Federal Republic of Nigeria

(ha) Jamhuriyar Taraiyar Nijeriya

(ig) Ọ̀hàńjíkọ̀ Ọ̀hànézè Naìjíríyà

(yo) Àpapọ̀ Olómìnira ilẹ̀ Nàìjíríà

Drapeau
Drapeau du Nigeria
Blason
Armoiries du Nigeria
Devise Unity and Faith, Peace and Progress
(en français : Unité et Foi, Paix et Progrès)
Hymne Arise Oh Compatriots,
Nigeria's Call Obey
Description de l'image Nigeria (orthographic projection).svg.
Administration
Forme de l'État République fédérale
Président Muhammadu Buhari
Vice-président Yemi Osinbajo
Langues officielles Anglais[1]
Capitale Abuja

9° 10′ N, 7° 10′ E

Géographie
Plus grande ville Lagos
Superficie totale 923 768 km2
(classé 32e)
Superficie en eau 1,4 %
Fuseau horaire UTC +1
Histoire
Entités précédentes
Indépendance Du Royaume-Uni
Date
Démographie
Gentilé Nigérians, Nigérianes
Population totale (2018) 203 452 505 hab.
(classé 7e)
Densité 220 hab./km2
Économie
PIB nominal (2015) en diminution 490,207 milliards de $
-14,6 %[2] (20e/62)
PIB (PPA) (2015) en augmentation 1091,7 milliards de $
+3,68 %[2] (18e/62)
Taux de chômage (2015) 9,9 % de la pop. active
+26,92 %[2]
Dette publique brute (2015) Nominale :
10948,527 milliards de
+14,82 %[2]
Relative :
11,503 % du PIB
+8,73 %[2]
Monnaie Naira (NGN)
Développement
IDH (2017) en augmentation 0,532[3] (bas ; 157e)
Divers
Code ISO 3166-1 NGA, NG
Domaine Internet .ng
Indicatif téléphonique +234

Le Nigeria, ou Nigéria[4] (en forme longue république fédérale du Nigeria[5], en anglais Federal Republic of Nigeria), est un pays d'Afrique de l'Ouest situé dans le golfe de Guinée. Avec plus de 203 millions d'habitants en 2018[6], le Nigeria est le pays le plus peuplé d'Afrique et le septième pays du monde par son nombre d'habitants.

Situé au bord du golfe de Guinée, le Nigeria possède 4 047 km de frontières terrestres, et 853 km de littoral. Il est bordé à l'ouest par le Bénin (773 km), à l'est par le Cameroun (1 690 km), au nord par le Niger (1 497 km), et par le Tchad au nord-est (84 km).

Le pays est la première puissance économique du continent africain en 2016, et la 27e au niveau mondial (PIB) selon la Banque mondiale[7]. Le poids économique et démographique du Nigéria lui ont valu le surnom de « Géant d'Afrique ». Toutefois, malgré une production de pétrole importante et une économie diversifiée, le pays demeure relativement pauvre, notamment en raison d'une forte corruption[8]. Les dernières élections se sont déroulées en février 2019 avec la réélection de Muhammadu Buhari (du parti Congrès des progressistes).

Depuis 1991, la capitale du Nigeria est la ville nouvelle d'Abuja. Le pays fait partie de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Ses habitants sont les Nigérians[9].

Histoire

Les Noks sont la civilisation dominante du IIIe au VIe siècle, elle diffuse vers les régions d'Ife et du Benin. Du VIIe au XIe siècle : installation des civilisations Haoussa au nord du pays, et Yoruba au sud-ouest. L'empire du Kanem (jusqu'au XIVe siècle), puis du Kanem-Bornou (à son apogée au XVIe siècle) auprès du lac Tchad a dominé le nord du Nigeria pendant plus de 600 ans, prospérant sur leur position de terminal pour les échanges nord-sud entre les berbères d'Afrique du nord et les peuples des régions forestières. Au début du XIXe siècle, Usman dan Fodio a ramené la plupart des régions du nord du pays sous le contrôle d'un empire islamique dirigé depuis Sokoto.

Les royaumes d'Oyo au sud-ouest et au sud-est du Benin ont conçu des systèmes politiques élaborés au cours du XVe au XVIIe siècle. Les régions d'Ife et du Benin sont aussi connues pour leurs productions artistiques en ivoire, bois, bronze et cuivre. En 1486, les Portugais établissent des contacts avec le royaume du Benin.

En 1553, les Anglais détruisent les vaisseaux portugais et du XVIIe au XIXe siècle les marchands européens établissent des ports côtiers pour le florissant trafic d'esclaves en direction des Amériques. Ce commerce a été remplacé par celui des matières premières au cours du XIXe siècle.

Le gouvernement du Royaume-Uni établit un statut légal pour la Compagnie royale du Niger en 1886. En 1900, ce territoire est découpé en plusieurs protectorats puis devient une colonie en 1914. En réponse au nationalisme montant après la Seconde Guerre mondiale, les Britanniques dotent le pays d'un gouvernement représentatif en 1951 puis d'une constitution fédérale en 1954.

En 1958, Taiwo Akinkunmi compose le drapeau nigérian.

Le Nigéria obtient son indépendance totale en 1960. Le pays est alors divisé en trois régions disposant d'une large autonomie.

La première constitution républicaine de 1963 laisse le pays dans le Commonwealth. En 1966, un coup d'État fomenté par différents groupes militaires amène au pouvoir le général Ironsi, d'origine Igbo, qui est assassiné quelques mois plus tard. Les meneurs de ce nouveau coup d'État agrandissent le pouvoir du gouvernement fédéral et changent la subdivision du pays qui est désormais constitué de douze États. Les Igbos, ethnie majoritaire de l'est du pays, sont alors victimes de représailles raciales sanglantes qui aboutissent en 1967 à la sécession de la république du Biafra. S'ensuit une terrible guerre (cf. Guerre du Biafra) qui s'achève par une capitulation des indépendantistes le .

En 1975, un coup d'État, sans effusion de sang, amène Murtala Ramat Mohammed au pouvoir. Il promet un retour rapide à la démocratie, mais il est tué dans un coup d'État avorté et est remplacé par son second Olusegun Obasanjo. Une nouvelle constitution est établie en 1977 et les premières élections arrivent en 1979, gagnées par Shehu Shagari.

Un nouveau coup d'État en 1983 replonge le pays sous la dictature du Conseil militaire suprême. En 1993, après des élections annulées par le gouvernement militaire, le général Sani Abacha arrive à la tête de l'État. À sa mort soudaine en 1998, Abdulsalami Abubakar prend le pouvoir et rétablit la constitution de 1979. En 1999, les premières élections démocratiques depuis 16 ans sont gagnées par Olusegun Obasanjo, qui est réélu lors des turbulentes élections de 2003. En 2007, des élections une nouvelle fois agitées amènent au pouvoir le successeur désigné d'Olusegun Obasanjo : Umaru Yar'Adua.

Umaru Yar'Adua décède le 5 mai 2010 des suites de maladie. Goodluck Jonathan lui succède officiellement le 6 mai 2010. L'Assemblée nationale approuve le 18 mai 2010 la nomination de Namadi Sambo comme vice-président du Nigeria. Muhammadu Buhari est élu lors de l'élection présidentielle nigériane de 2015 avec 53,9 % des voix, après avoir échoué à cette élection en 2003, 2007 et 2011[10]. Il a été investi le . Il est à la fois chef de l'État et chef du gouvernement.

Politique

Le Nigeria est une République fédérale d'après la Constitution datant de mai 1999. L'actuel président, à la fois chef de l'État et chef du gouvernement, est Muhammadu Buhari investi le 29 mai 2015.

Le pays est soumis à de fortes tensions entre musulmans et chrétiens. Les Igbos, les Yorubas et les Peuls (Fulanis) sont les trois ethnies majoritaires ; les Ogonis sont une minorité vivant dans le delta du Niger, qui s'est opposée à Shell en raison de l'exploitation du pétrole sans contre-partie pour eux[11]. Les Ijaws, ethnie vivant dans le delta du Niger d'où sont extraits les hydrocarbures, se sont soulevés contre le gouvernement qu'ils accusent de connivence dans la pollution de l'environnement. En 2009, des affrontements ont eu lieu entre le MEND, mouvement d'émancipation du Delta du Niger, et les forces gouvernementales[12].

De plus, depuis 2009, les interventions du mouvement Boko Haram, qui vise à contrôler la population du nord-est du pays, et à installer la charia dans l'ensemble des autres États, s'est muée en un conflit armé avec les forces armées nigérianes, et à la marge, avec celles des pays voisins, Tchad, Cameroun et Niger. Les attaques de Boko Haram ont des répercussions humaines (20 000 morts au Nigeria et plus de 2 millions de déplacés[13]) et économiques, dont en premier lieu une pénurie alimentaire[14].

En 2014 a été promulguée par le président une loi punissant de 10 ans de prison les personnes affichant publiquement une relation homosexuelle et de 14 ans de prison celles se mariant avec une personne de même sexe, alors que l'homosexualité est déjà sévèrement réprimée au Nigeria. Cette loi a été votée à l’unanimité par les parlementaires nigérians en 2013[15].

Diplomatie

Le Nigeria reste l'un des pays pilotes et phares de la CEDEAO : il a envoyé des soldats au Liberia et en Sierra Leone, et a proposé son aide pour résoudre de nombreuses crises. Récemment, il a proposé l'envoi de soldats pour résoudre le problème de la crise de la partition du Mali, où dans le Nord de ce pays un mouvement fondamentaliste islamique avait tenté d'instaurer un État islamique indépendant. Le Nigeria est lui-même confronté à la secte Islamique Boko Haram qui souhaite la partition du Nigeria, ce qui explique la forte implication de ce dernier au sein de la CEDEAO sans pour autant que la langue ne soit une barrière.

Subdivisions

Carte administrative du Nigeria

Le pays est divisé en

Géographie

Le Zuma Rock près de Suleja

Situé au bord du golfe de Guinée, le Nigeria possède 4 047 km de frontières terrestres, et 853 km de littoral. Il est bordé à l'ouest par le Bénin (773 km), à l'est par le Cameroun (1 690 km), au nord par le Niger (1 497 km), et par le Tchad au nord-est (84 km).

Le pays se divise en une moitié sud au climat équatorial où se situe la majorité des villes importantes, une partie centrale composée de régions de savane et de plateaux, une partie est où l'on trouve le point culminant, le mont Chappal Waddi (2 419 m), et une partie nord au climat aride puisqu'on se trouve dans le Sahel, en bordure du désert du Sahara.

Le sous-sol est riche en ressources naturelles parmi lesquelles le pétrole et le gaz constituent la principale source de revenu du pays. Le pays est le premier producteur d'or noir d'Afrique. Le Nigeria produit également un certain nombre de métaux (étain, fer, plomb, zinc…) ainsi que du charbon.

Économie

États membres de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).

Le Nigeria est le seul pays du monde disposant d'importantes ressources pétrolières à présenter un déficit budgétaire en 2007[16].

Un rapport par l'organisation non gouvernementale Global Financial Integrity du quantifie pour la première fois les fuites illicites de fonds liés à des pratiques financières hors du continent africain[17]. Le Nigeria y est cité comme le pays étant, de loin[18], le plus soumis aux fuites de fonds par des pratiques financières illicites. Il est estimé que de 1970 à 2009, les fuites de capitaux du Nigeria s’élèvent à 89,5 milliards de dollars, à un taux moyen de 2 milliards par an[19].

Le rapport indique également que bien que beaucoup d’attention soit généralement accordée aux processus de corruption (le Nigeria est classé à la 130e place mondiale sur 180 dans le classement 200p de Transparency International[20]), l'indice de corruption est de 2,4/10. Dans l'analyse des flux transfrontaliers illicites, les fonds concernés par ces procédés constituent environ 3 % du total sur l’ensemble de l’Afrique (aucun chiffre n’est donné par pays). Les pratiques criminelles liées au trafic de drogue, au racket, et à la contrefaçon entrent pour 30 à 35 %. Les procédés d'évasion de taxe, principalement à travers les techniques de trucage commercial et financier sont de loin la composante principale en constituant entre 60 et 65 % du total. Ces fuites massives et illégales sont facilitées par une opacité mondiale du système financier[19].

Dans son intervention à la Convention sur l'Europe, Eva Joly souligne également que le Nigeria a « été pillé de probablement 20 milliards de dollars en trente années, les fonds se trouvent en Europe, essentiellement en Angleterre, en France, en Suisse »[21]. D'après le lauréat du prix Nobel d'économie 2001 Joseph E. Stiglitz, l’inefficacité économique a aussi causé la fuite de cent milliards de dollars, venus s'investir à l'étranger plutôt qu'à l'intérieur du pays.

De fait, à peine un quart de la population bénéficie des revenus du pétrole.

Marché à Lagos.

Fin , la Banque mondiale a aidé à récupérer 700 millions de dollars détournés dans des banques suisses par Sani Abacha et son clan pendant qu'il était au pouvoir, 700 millions bloqués par la Suisse à la demande du Nigeria en 1999 (la banque mondiale a reçu 170 millions pour des projets contre la pauvreté). Le milliard et demi de dollars restant détourné par le clan Sani Abacha est essentiellement situé en France (550 millions – non restitués), au Royaume-Uni (60 millions – restitués), au Luxembourg et au Liechtenstein.

Grâce à ses ressources pétrolières, le Nigeria est la première puissance économique du continent, devant l'Afrique du Sud. Cette richesse a peu d'effet sur le niveau de vie de sa population qui est dans la moyenne des pays africains. Ainsi, en 2015, plus de la moitié des Nigérians vit avec moins d'1,25 $ par jour[22].

Trois plus grandes économies africaines en 2013[23]
Rang État PIB
1 Drapeau du Nigeria Nigeria 510 milliards de dollars US
2 Drapeau de l'Afrique du Sud Afrique du Sud 370 milliards de dollars US
3 Drapeau de l'Égypte Égypte 262 milliards de dollars US

Des institutions financières telles que Morgan Stanley (États-Unis) ou Renaissance Capital (Russie) avaient estimé que d'ici 2025, le Nigeria deviendrait la première puissance économique africaine[24]. Toutefois, ces projections avaient ignoré le fait que les bases pour calculer le PIB nigérian n'avaient pas été actualisées depuis 1990[25].

Le Nigeria est une puissance économique importante d'Afrique. En 2016, le Nigéria est la deuxième puissance économique d'Afrique, derrière l'Afrique du Sud[26]. Le poids économique et démographique du Nigéria lui ont valu le surnom de « Géant d'Afrique ».

Les inégalités sont criantes au Nigeria, où 60 % de la population vit avec moins de 1,25 dollar par jour tandis que les cinq hommes les plus riches du pays ont une fortune cumulée de 29,9 milliards de dollars, soit plus que l’ensemble du budget national du pays sur une année. Dans un rapport, les ONG Development Finance International et Oxfam dénoncent la responsabilité des autorités qui « exacerbent les inégalités en sous-finançant les services publics, tels que la santé et l’éducation, et en ne luttant pas efficacement contre l’évasion fiscale et la corruption », tout en accordant aux multinationales une fiscalité avantageuse[27].

Pétrole

Le pétrole a été découvert au Nigeria en 1956 dans le delta du Niger. Ce pétrole est intéressant car c'est un brut, dit Bonny Light, adouci à basse teneur en soufre, dont le raffinage est facile[28]. Le pays rejoint alors l'OPEP en 1970. La ville de Port Harcourt est le principal lieu de production du pays qui a attiré de nombreux travailleurs. Le pétrole nigérian – produit à 40 % par la compagnie Shell – représente 95 % des recettes d'exportation et 80 % du revenu du pays. C'est le 5e producteur de l’OPEP et le 10e au niveau mondial[29]. Il s'agit du 6e pays exportateur de pétrole. Cependant, si le Nigeria est le premier pays producteur de pétrole d'Afrique, il ne possède pas de raffineries et doit importer son carburant d'Europe et des États-Unis[30].

Les procédés des compagnies pétrolières dans la région, appuyées par l'État nigérian, ont été très vivement critiqués, et les tensions entre les riverains et les forces de l'ordre ont donné lieu à plusieurs massacres et assassinats. Dans les années 1990 s'est créé le Mouvement pour la survie du peuple ogoni (MOSOP) pour lutter non violemment contre les agissements de Shell[31]. Après les exécutions de cinq de leurs leaders (dont Ken Saro-Wiwa le ), le mouvement s'est peu à peu éteint, mais des ONG luttent toujours contre les compagnies pétrolières (ainsi Nnimmo Bassey, devenu Président des Amis de la Terre). Un groupe plus violent et encore actif a vu le jour dans les années qui ont suivi, le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (MEND).

Le Nigéria est en septième place au palmarès des producteurs OPEP pendant la décennie 2010, derrière l'Arabie saoudite et l'Irak, l'Iran et les Emirats, mais aussi le Koweït et le Venezuela.

L'Inde devient en 2014 le premier importateur de pétrole brut nigérian[32].

Cacao

Même si elle est en léger déclin, la culture du cacao fait vivre des centaines de milliers de planteurs dans le pays, et permet de résister à l'exode rural, le cacao étant planté dans des secteurs très variés.

Au cours des six premières années de la décennie des années 2010, le voisin ivoirien d'Afrique de l'Ouest s'est toujours maintenu comme le premier producteur mondial de cacao, devant le Ghana, le deuxième d'Afrique et du monde, et le Nigéria maintenant sa quatrième place, la troisième sur le continent africain. Sur les cinq premiers producteurs mondiaux, quatre sont des pays d'Afrique de l'Ouest.

Population et société

La variété de coutumes, langues et traditions des 250 ethnies composant le pays lui confère une très riche diversité.

Démographie

Évolution de la démographie entre 1961 et 2003 (chiffre de la FAO, 2005). Population en milliers d'habitants.
Des fermiers au Nigeria

Avec une population estimée à 203 millions d'habitants en 2018, le Nigeria est le pays le plus peuplé d'Afrique[6]. Moins de 50 % de la population vit dans des zones urbaines et au moins 24 villes comptent plus de 1 000 000 habitants.

Le taux de natalité est très élevé et les projections démographiques anticipent une croissance importante de la population dans l'avenir. Selon une étude des Nations unies de 2012, la population du Nigeria devrait atteindre 440 millions d'habitants en 2050[33].

Entre janvier et juin 2017, le Nigeria est le 1er pays d'origine des migrants qui traversent la Méditerranée pour rejoindre l'Europe[34].

La mosquée nationale d'Abuja.

Santé

Le paludisme, la poliomyélite, le choléra, la méningite, le SIDA sont des maladies omniprésentes au Nigeria. L'espérance de vie est d'environ 54 ans en 2015. La mortalité infantile est à 20,1 %[35] en 1997. Elle atteint 10,9 % en 2015. Il y avait 37 médecins pour 100 000 habitants en 2007[35].

Éducation

L'école primaire dure six ans[36]. Le taux d'alphabétisation était de 57 % en 2005 d'après le National Empowerment Development Strategy, ou de 53,3 % chez les adultes de plus de 15 ans en 2006 d'après le National Bureau of Statistics. Il est plus élevé chez les hommes (61,3 %) que chez les femmes (45,3 %). Le taux d'alphabétisation est en baisse constante par rapport à 1999 (64,1 %) et 1991 (71,9 %). L'étude montre qu'il est nettement plus élevé au sud du pays et particulièrement au sud-est (73,5 %) qu'au nord-ouest (23,2 % ; hommes 31,0 %, femmes 15,4 %)[37].

Le français fut déclaré seconde langue officielle, de 1997 à 2004, mais son application resta sans suite, et ce statut resta purement virtuel pendant de longues années, faute de financement concret et de volonté politique. Pendant cette période, l'anglais seul continuait à être la langue administrative, sans trace du français, sauf peut-être dans l'enseignement. Devant cette situation absurde, en 2004, il fut décidé que l'anglais était la seule langue officielle. Le statut des langues régionales fut aussi confirmé. Tout en maintenant une certaine promotion du français, surtout dans l'éducation. L'anglais reste l'un des ciments de l'unité du pays.[réf. nécessaire]

Religions

Les deux principales religions sont le christianisme et l'islam[6], réparties à part presque égales de la population totale. Le Nord du pays est à majorité musulmane tandis que le Sud est à majorité chrétienne. L'islam nigérian est majoritairement de théologie ash'arite, de jurisprudence malikite et de spiritualité soufie tijani. Les chrétiens nigérians sont pour les trois-quarts protestants évangéliques et pour un quart catholiques.

Le Nord du pays est principalement peuplé d'Haoussas, qui sont majoritairement de confession musulmane. Les autres grands groupes ethniques de cette partie du pays sont les Nupe, Tiv, et les Kanuri. Les Yorubas sont l'ethnie dominante du Sud du pays, ils sont musulmans pour un peu plus de la moitié, chrétiens pour environ 30 à 40 %, le reste suivant généralement une religion ancestrale. Enfin le Sud-Est du pays est dominé par les Igbos majoritairement chrétiens.

Depuis plusieurs années, le Nigeria est le théâtre de tensions religieuses entre musulmans et chrétiens. La secte islamiste Boko Haram, qui a pour objectif de faire appliquer l'interprétation salafiste de la charia dans tout le pays[38], a mené de nombreuses attaques, essentiellement dans le nord du Nigeria, qui ont fait des milliers de morts depuis la mi-2009.

Les chiites représentent 2 % de la population et vivent principalement dans la partie nord du pays. Ils font l'objet de persécutions de la part du groupe terroriste Boko Haram, mais aussi de l'armée nigériane. En décembre 2015, 350 manifestants chiites sont massacrés par l'armée[39].

Langues

Carte des langues parlées au Nigeria

Le Nigeria compte un grand nombre de langues. Il est le premier pays d'Afrique en nombre de langues et possède à ce titre une « mégadiversité linguistique » remarquable. Un recensement effectué par SIL International fait état de 529 langues, dont 522 vivantes et 7 éteintes. Aujourd'hui, trois langues africaines ont le statut de langues majeures : le haoussa, le yoruba et l'igbo. Elles sont enseignées dans le système scolaire, où chaque élève doit en apprendre au moins une. 27 autres langues ont le statut de langues mineures et l’enseignement primaire débute avec une de celles-ci. Le yoruba et l'igbo sont des langues nigéro-congolaises tandis que le haoussa est afro-asiatique. Le kanuri, parlé dans le nord-est, principalement dans l'État de Borno, est quant à lui une langue de la famille nilo-saharienne. Les trois grandes familles de langues africaines sont ainsi présentes dans le pays. Par ailleurs, dans certaines régions du Nigeria, les groupes ethniques parlent plus d'une langue.

La langue officielle du Nigeria, l'anglais, a été choisie pour faciliter l'unité culturelle et linguistique du pays. Ce choix était lié au fait qu'une petite partie de la population nigériane, notamment son élite, parlait anglais à la suite de la colonisation britannique qui a pris fin en 1960. Même si la plupart des groupes ethniques préfèrent communiquer dans leur propre langue, l'anglais est notamment utilisé pour des transactions commerciales et à des fins officielles. L'anglais, cependant, demeure une chasse gardée d'une petite minorité de l'élite urbaine du pays, et il n'est pas parlé du tout dans certaines zones du pays, dont celles rurales. La majorité de la population du Nigeria vit dans les zones rurales, ainsi, les grandes langues de communication dans le pays restent des langues autochtones. Certains peuples, notamment les Yoruba et les Igbos, possèdent des dérivés des langues standardisées à partir d'un certain nombre de dialectes différents et qui sont largement parlées par ces groupes ethniques. Le pidgin nigérian, souvent appelé simplement « pidgin », broken English ou pidgin English, est quant à lui une lingua franca populaire (un créole à base lexicale anglaise), avec plus ou moins d'influences régionales sur le dialecte et l'argot. Il est largement parlé dans les régions du delta du Niger, principalement dans celles Warri, Sapele, Port Harcourt, Agenebode, EWU, et Benin City.

En attendant de voir les trois langues majeures africaines du Nigeria occuper une place officielle, l'article 55 de la constitution indique : « Les affaires du pays sont conduites en anglais ainsi qu’en haoussa, en igbo et en yoruba lorsque des mesures appropriées auront été prises à cet effet ».

Ainsi, l'anglais, bien qu'étant la langue officielle du pays, peut également être considéré comme langue étrangère, car c'est une langue peu maîtrisée par l'ensemble de la population nigériane. La très grande diversité linguistique du pays se révèle être un obstacle à une véritable unité linguistique. De surcroît, le Nigeria est un État anglophone « enclavé » entre des États francophones : le Bénin, le Niger, le Tchad et le Cameroun[40]. De ce fait, les échanges avec ces pays sont importants, d'où l'utilité de propager le français parmi les Nigérians. C'est lors des années 1990 qu'il a été fait état de la volonté du gouvernement fédéral nigérian de franciser le pays en envisageant notamment un enseignement obligatoire du français comme langue vivante, voire l'institution du français comme seconde langue officielle. Le français est ainsi devenu la seconde langue étrangère obligatoire après l'anglais. Le développement du français a néanmoins été freiné à la suite de la mort du général dictateur Sani Abacha, du rapprochement du Nigeria avec les États-Unis, et en raison des difficultés rencontrées (pénurie de professeurs de français[41], manque d'intérêt de la population, etc.)[42]. En 2014, le pays replace, malgré ces aléas, toujours le développement de la francophonie au cœur de ses ambitions régionales, et le français, restant obligatoire, progresse malgré la pénurie de professeurs. L'environnement francophone est l'un des moteurs de l'enseignement-apprentissage du français au Nigeria. Enfin, la prise de conscience de son importance progresse rapidement dans les classes dirigeantes et les classes moyennes[43].

Culture

Masque royal en ivoire du royaume du Bénin.
Musiciens de l'État du Plateau.
Fêtes et jours fériés
Date Nom français Nom local Remarques
1er janvier Jour de l'an
variable Vendredi saint
variable Lundi de Pâques
1er mai Fête du Travail
29 mai Fête de la démocratie
1er octobre Fête de l'indépendance du Nigeria
25 décembre Noël
26 décembre Lendemain de Noël
1er shawwal Fête de la rupture du jeûne (Aïd el-Fitr ou Eïd al-Fitr)
10 Dhou al Hidjia Fête du sacrifice (Aïd al-Adha ou Eïd al-Adha)

Codification internationale

Codes :

Notes et références

  1. L'article 55 de la constitution indique : « Les affaires du pays sont conduites en anglais ainsi qu’en haoussa, en igbo et en yoruba lorsque des mesures appropriées auront été prises à cet effet ». En effet, parmi les centaines de langues africaines du Nigéria, les trois principales sont : le haoussa, 29 % de la population le parlent à la maison, puis le yoruba (23 %), et l'igbo (16 %), chiffres de 2012.
  2. a b c d et e (en) « WEO April 2016 » [xlsx], sur Google Docs.
  3. (en) « Human Development Reports », sur hdr.undp.org (consulté le ).
  4. Ministère français des affaires étrangères et européennes, « Recommandation concernant les noms d’États, d’habitants, de capitales, de sièges diplomatiques ou consulaires : JORF no 0223 du texte no 91 », sur legifrance.gouv.fr, Journal officiel de la République française, (consulté le ), p. 14818.
  5. Dictionnaire des termes officiels de la langue française, Direction des Journaux Officiels, 1994 (ISBN 2-11-073499-X).
  6. a b et c People and Society, Nigeria., CIA World Factbook.
  7. « PIB ($ US courants) - Données sur les comptes nationaux de la Banque mondiale et fichiers de données sur les comptes nationaux de l'OCDE », sur https://donnees.banquemondiale.org (consulté le ).
  8. « Un état des lieux de la lutte contre la corruption au Nigeria »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  9. Les habitants du Niger sont quant à eux les Nigériens.
  10. « Afrique - L'opposant Muhammadu Buhari remporte la présidentielle nigériane », France 24,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. « Ken Saro-Wiwa, pionnier de l’écologie politique en Afrique », sur RFI, .
  12. «  La guerre du pétrole a commencé au Nigeria  », sur Le Monde, .
  13. Jean-François Bayart, « De quoi Boko Haram est-il le nom? », Club de Mediapart,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. « Boko Haram, une insurrection qui déstabilise la région du lac Tchad », sur afriqueexpansion.com, .
  15. AFP, « Le président nigérian promulgue une loi condamnant l'homosexualité », Libération,‎ (lire en ligne).
  16. Bachir Thiam, « FORUM DE PARTENARIAT D’AFFAIRES DE DAKAR: LE MAROC S’OFFRE L’AFRIQUE DE L’OUEST », sur L'Economiste, .
  17. Global Financial Integrity, « Illicit Financial Flows from Africa: Hidden Resource for Development », 26 mars 2010 [lire en ligne].
  18. Global Financial Integrity, op. cit . p. 18.
  19. a et b Global Financial Integrity, op. cit . p. 12.
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Voir aussi

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Bibliographie

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  • Pierre Viaud, L'Afrique et la guerre nucléaire, Edigeon, , p. 67-168

Articles connexes

Liens externes