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Hélène Carrère d'Encausse

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Hélène Carrère d'Encausse
Hélène Carrère d'Encausse en 2013.
Fonctions
Secrétaire perpétuel de l'Académie française
-
Députée européenne
4e législature du Parlement européen
France (en)
Rassemblement pour la République
-
Fauteuil 14 de l'Académie française
-
Présidente d'association (d)
Radio Sorbonne (d)
-
Jacques Pomonti (d)
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom dans la langue maternelle
Hélène Carrère d’EncausseVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Hélène ZourabichviliVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
française (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Activités
Père
Mère
Nathalie Zourabichvili (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Conjoint
Louis Carrère d'Encausse (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Autres informations
A travaillé pour
Parti politique
Membre de
Commission de la nationalité (d) (-)
Académie française ()
Académie des sciences de RussieVoir et modifier les données sur Wikidata
Directeurs de thèse
Distinctions
Prix Princesse des Asturies en sciences sociales ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
Tombe de Hélène Carrère d'Encausse au cimetière du Montparnasse (division 27, grand cimetière).

Hélène Carrère, dite Hélène Carrère d'Encausse, née Zourabichvili le à Paris, est une historienne française.

Membre de l'Académie française depuis 1990, elle en est élue secrétaire perpétuel en 1999, ce qui est une première pour une femme. Elle est également députée européenne de 1994 à 1999.

Biographie

Famille et jeunesse

Fille du Géorgien Georges Zourabichvili, lui-même issu d'une famille géorgienne, les Zourabichvili (qui avaient sombré dans une grande pauvreté après la révolution russe[1] et qui avaient émigré vers la France), et de Nathalie von Pelken, d'origine germano-russe[2], Hélène Zourabichvili naît le dans le 16e arrondissement de Paris[3]. Elle a un frère, Nicolas. Elle est par ailleurs la cousine de Salomé Zourabichvili, fille de son oncle Lévan et 5e présidente de la Géorgie.

Elle apprend d'abord le russe, puis le français à quatre ans et demi chez des amis de ses parents, en Bretagne[4]. D'abord installée à Bordeaux, elle quitte la ville pour Paris avec sa mère après l'assassinat de son père en 1944[5]. Elles y logent d'abord à la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky de Paris, rue Daru[5]. Elle prend des cours de langue et littérature russes à la paroisse[2], puis fait ses classes au lycée Molière[6].

Emmanuel Ratier précise qu'elle « a été très largement élevée par la famille Bardèche »[7].

Née apatride, elle devient française en 1950, à l'âge de 21 ans[8].

Elle épouse, le à Paris, Louis Carrère (né en 1927), dit Carrère d'Encausse, assureur, fils de Georges Carrère et de Paule Dencausse. Ils ont trois enfants : Emmanuel (1957), Nathalie (1959) et Marina (1962).

Formation et carrière universitaire

Diplômée de l'Institut d'études politiques de Paris[9] (section Service public[10], promotion 1952[11]), docteur (1963)[12] et docteur d’État (1976) ès lettres[13], elle envisage ensuite de présenter le concours d'entrée à l'École nationale d'administration, avant d'y renoncer[14].

Professeur d'histoire à l'université Paris-I puis à l'IEP de Paris (1969), elle est directrice d'études à la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) et administratrice de l'EastWest Institute (en)[15].

Professeur invité dans plusieurs établissements nord-américains et japonais, elle est docteur honoris causa de l’Université de Montréal et de l'université catholique de Louvain.

Elle se fait remarquer en 1978 en annonçant « la fin de l'URSS » dans son livre L'Empire éclaté[n 1], non pas grâce aux entreprises délibérées de Ronald Reagan ou de Jean-Paul II, mais selon elle à cause de la forte natalité des républiques musulmanes d'Asie centrale. Annonce qui s'est révélée en partie fausse : l'URSS explosa certes, mais le mouvement sécessionniste partit des pays baltes, la partie la plus européanisée de l'Union soviétique, alors que les républiques musulmanes restèrent globalement calmes jusqu'à leur accession à l'indépendance.

Autres activités publiques

Avec Vladimir Poutine en 2000.

Elle est présidente du conseil d'administration de Radio Sorbonne de 1984 à 1989[16], et membre de la Commission de la nationalité en 1987[9]-1988[17].

Lors de l'élection présidentielle de 1988, elle est membre du Comité de soutien à la candidature de Raymond Barre[18].

Le [19], elle devient présidente du Comité national pour le « oui » à Maastricht, créé par Jack Lang[2],[n 2]. Elle se revendique à cette occasion de la « mouvance libérale »[20] et décrit le traité comme « le portillon que l'on doit franchir pour aller plus loin »[21]. Durant cette même année, elle crée, avec Kofi Yamgnane et Claude Sérillon, la Fondation pour l'intégration républicaine[22], et occupe le poste de conseillère spéciale auprès de Jacques Attali, président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD)[23], participant ainsi à l’élaboration d’une politique d’assistance à la transition économique dans les anciens États communistes[2].

Le [24], elle accepte, sur les instances de Jacques Chirac[25], d'être candidate à l'élection européenne de juin suivant. Elle occupe, derrière Dominique Baudis, la deuxième position sur la liste UDF-RPR et, bien qu'étant plus proche des positions de l'UDF, doit adhérer au RPR à l'occasion de sa candidature[26].

Élue députée européenne, elle est vice-présidente de la commission des Affaires étrangères, de la Sécurité et de la Politique de défense durant son mandat entier, qui échoit en [27].

Vice-présidente de la Commission des archives diplomatiques[2][Quand ?], elle préside la commission des sciences de l'homme au Centre national du livre (CNL) de 1993 à 1996. En 1996, elle fait partie des personnes dont le nom circule pour succéder à Jean Favier comme président de la Bibliothèque nationale de France, mais Pierre-Jean Remy lui est préféré[28].

En 1996-1997, elle est membre du Comité pour la commémoration des origines : de la Gaule à la France[29]. Elle est nommée en 1998 au Conseil national du développement des sciences humaines et sociales. En 2004, elle devient présidente du conseil scientifique de l'Observatoire des statistiques de l'immigration et de l'intégration[2]. Elle est également membre du comité de parrainage du Collège des Bernardins[30].

À la suite de la crise des banlieues, en , elle fait une déclaration polémique au sujet de l'immigration sur la chaîne russe NTV :

« Tout le monde s'étonne : pourquoi les enfants africains sont dans la rue et pas à l'école ? Pourquoi leurs parents ne peuvent pas acheter un appartement ? C'est clair, pourquoi : beaucoup de ces Africains, je vous le dis, sont polygames. Dans un appartement, il y a trois ou quatre femmes et vingt-cinq enfants. Ils sont tellement bondés que ce ne sont plus des appartements, mais Dieu sait quoi ! On comprend pourquoi ces enfants courent dans les rues[31]. »

En 2017, elle intègre le comité d'éthique de la chaîne de télévision russe RT, requis par le Conseil supérieur de l'audiovisuel dans la perspective du développement de ses activités en France[32], puis décide de le quitter[33].

Académie française

Après avoir été sollicitée par Henri Troyat[34], elle est élue, le , au 14e fauteuil de l’Académie française, laissé vacant par Jean Mistler, par 23 voix contre 9 à André Sernin et deux bulletins marqués d'une croix[15],[n 3]. Elle est accueillie sous la Coupole par Michel Déon le [35].

Elle est élue secrétaire perpétuel de l'Académie le , avec 26 suffrages sur 31, en remplacement de Maurice Druon, démissionnaire de cette fonction[36]. Elle est la première femme à accéder à ce poste[36].

Elle est par ailleurs membre associé de l'Académie royale de Belgique, membre étranger de l'Académie des sciences de Russie, de l'Académie de Roumanie et de l'Académie d'Athènes, et membre d’honneur de l’Académie des beaux-arts de Russie et de l'Académie des sciences de Géorgie.

Féminisation

Elle utilise le titre non féminisé de « secrétaire perpétuel » aussitôt après son élection[36].

Au sein de l'Académie française, elle est ainsi opposée à la féminisation des titres et fonctions pour les femmes dans la langue française. Selon des propos recueillis par Raphaëlle Rérolle du Monde, elle se montre également peu encourageante vis-à-vis des candidatures féminines à l'Académie française, dont seuls 4 des 40 fauteuils sont occupés par des femmes en 2017[37].

Après une déclaration officielle de l'Académie française le qualifiant l'écriture inclusive de « péril mortel »[38], Bertrand Louvel, premier président de la Cour de cassation, adresse une lettre à l'Académie française pour lui demander de revoir ses recommandations sur la question de la féminisation des titres et fonctions. Il écrit : « l'usage de la féminisation des fonctions s'est étendu au sein de la fonction publique et du corps judiciaire[39],[40]. » Dans sa réponse officielle Hélène Carrère d'Encausse annonce pour la première fois l'intention de l'Académie de se pencher sur les règles de féminisation, vu l'évolution des usages[40],[41],[42],[39].

En , sur le site Internet de l'Académie française, Hélène Carrère d'Encausse est qualifiée d'« historienne » (usage du féminin), mais reste « secrétaire perpétuel », « président », « commandeur », « officier »[43],[44].

Travaux

Reconnaissance

Décorations

Prix

Honneurs

Œuvres

Notes et références

Notes

  1. Titre trouvé par son éditeur.
  2. Et satellite du Comité international, emmené, lui, par Umberto Eco et Elie Wiesel (« Le référendum sur le traité de Maastricht : droit de cité pour la culture : l'article 128 peut permettre une meilleure protection des activités artistiques et intellectuelles », sur lemonde.fr, ).
  3. Son épée d'académicienne est créée par l'orfèvre Goudji (L'Estampille-L'Objet d'art, juillet 2007, p. 53) et son habit vert par Pierre Cardin.
  4. Officier le , commandeur le , grand officier le .

Références

  1. Françoise Monier, « Hélène Carrère d'Encausse, 70 ans, secrétaire perpétuel de l'Académie française », L'Express, 20 janvier 2000.
  2. a b c d e et f Claire Lesegretain, « Portrait : Hélène Carrère d'Encausse, une passionnée lucide », sur la-croix.com, .
  3. Tables décennales (1923-1932) de l'état civil des actes de naissance de la mairie du 16e arrondissement de Paris, sur canadp-archivesenligne.paris.fr.
  4. « À voix nue : Hélène Carrère d'Encausse (1/5) », sur franceculture.fr, , 3 min 25 s.
  5. a et b Maurice Bardèche, Souvenirs, Paris, Buchet-Chastel, , 268 p. (ISBN 2-7020-1580-8, lire en ligne), p. 206-207.
  6. À voix nue 1/5, 15 min 30 s.
  7. « Carrère d'Encausse Hélène (née Zourabichvili, épouse Carrère, dite) », dans Emmanuel Ratier, Encyclopédie politique française, t. II, Paris, Faits et Documents, (ISBN 2-909-769-12-7), p. 189.
  8. « À voix nue : Hélène Carrère d'Encausse (4/5) », sur franceculture.fr, , 20 min 40 s.
  9. a et b « Mme Carrère d'Encausse », sur humanite.fr, .
  10. Goulven Le Brech, « De Marcel Proust à Florian Zeller : les écrivains diplômés de Sciences Po », sur sciencespo.fr, .
  11. « Des contributeurs dont nous sommes fiers », Rue Saint-Guillaume, no 158,‎ , p. 63 (lire en ligne).
  12. Bukhara, de la réforme à la révolution : recherches sur le gadidisme à Bukhara (thèse de doctorat ès lettres dirigée par Maxime Rodinson), Paris, université Paris-I, , 7 + 489 + 41 (SUDOC 174563663).
  13. Bolchevisme et Nations : des débats théoriques à la consolidation d'un État multinational, 1917-1929 (thèse d'État ès lettres dirigée par Roger Portal), Paris, université Paris-I, , XVIII + 694 (SUDOC 051735121, présentation en ligne).
  14. Christine Clerc, Rendez-vous politiques, Paris, L'Archipel, , 266 p. (ISBN 2-909241-34-3).
  15. a et b « Mme Hélène Carrère d'Encausse élue à l'Académie française », sur lemonde.fr, .
  16. « Associations Sorbonne Radio France et Télé-Sorbonne (1901 ; 1965 ; 1978-2005) », sur le site des Archives nationales.
  17. « Le rapport des seize « sages », sur lemonde.fr, .
  18. « Les barristes estiment que leur candidat peut encore gagner », sur lemonde.fr, .
  19. « Ce qui est bon pour BSN... », sur humanite.fr, .
  20. « La campagne pour le référendum du 20 septembre : le comité pour le « oui » veut être « œcuménique », sur lemonde.fr, .
  21. « La préparation des élections européennes : Hélène Carrère d'Encausse représentera le RPR derrière M. Baudis : l'Académie au service de l'Europe de Maastricht », sur lemonde.fr, .
  22. « Kofi Yamgnane crée une Fondation pour l'intégration républicaine », sur lemonde.fr, .
  23. « À voix nue : Helène Carrère d'Encausse (3/5) », sur franceculture.fr, , 14 min 35 s.
  24. « La préparation des élections européennes : Mme Carrère d'Encausse représentera le RPR derrière M. Baudis », sur lemonde.fr, .
  25. À voix nue 3/5, 19 min 35 s.
  26. « La préparation des élections européennes : Mme Carrère d'Encausse représentera le RPR derrière M. Baudis », Le Monde, 28 avril 1994.
  27. Fiche sur le site du Parlement européen.
  28. Emmanuel de Roux, « Pierre-Jean Rémy pourrait succéder à Jean Favier à la tête de la BNF », sur lemonde.fr, .
  29. « Les membres du comité « De la Gaule à la France », sur lemonde.fr, .
  30. « Nos parrains », sur collegedesbernardins.fr (consulté le )
  31. Lorraine Millot, « Beaucoup de ces Africains sont polygames... », sur liberation.fr, .
  32. Comment Vladimir Poutine s'invite dans la présidentielle française, Marion Van Renterghem, Vanity Fair, 21 avril 2017
  33. « Nous avons été prudents » vis-à-vis de la chaîne RT France, affirme le CSA Le Monde, 22 septembre 2017.
  34. « À voix nue : Hélène Carrère d'Encausse (5/5) », sur franceculture.fr, , 2 min 55 s.
  35. « Mme Carrère d'Encausse reçue sous la coupole », sur lemonde.fr, .
  36. a b et c « Hélène Carrère d'Encausse élue secrétaire perpétuel de l'Académie française », sur lemonde.fr, .
  37. Raphaëlle Rérolle, « Écriture inclusive : malaise à l’Académie française », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne).
  38. « Déclaration de l'Académie française sur l'écriture dite "inclusive" | Académie française », sur academie-francaise.fr (consulté le ).
  39. a et b « L'Académie française évolue sur la féminisation de la langue », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  40. a et b Paul Guyonnet, « L'Académie française ouvre une réflexion sur la féminisation de l'écriture », huffpostmaghreb.com,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  41. « L'Académie française va se pencher sur la féminisation de la langue: « Ils sont en retard, comme toujours » », sur rmc.bfmtv.com (consulté le ).
  42. « L'Académie française promet finalement de s'intéresser à la féminisation de la langue », sur bfmtv.com (consulté le ).
  43. Cerquiglini, Bernard,, Le ministre est enceinte, ou, La grande querelle de la féminisation des noms, Paris, Éditions du Seuil, , 194 p. (ISBN 978-2-02-140211-7 et 2021402118, OCLC 1059556162, lire en ligne), p.154
  44. « Hélène CARRÈRE d’ENCAUSSE | Académie française », sur www.academie-francaise.fr (consulté le )
  45. Décret du 30 décembre 2011 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier
  46. a b c et d http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/helene-carrere-dencausse
  47. Archives des nominations et promotions dans l'ordre des Arts et des Lettres.
  48. « Hélène Carrère d'Encausse recevra l'ordre russe de l'Honneur (Medvedev) », sur fr.rian.ru, .
  49. « Remise de décoration à Mme Helène Carrère d'Encausse », sur paris.mfa.gov.pl,
  50. « Ordonnance souveraine no  14.274 du 18 novembre 1999 portant promotions ou nominations dans l'Ordre du Mérite culturel », sur legimonaco.mc,
  51. « Le prix Aujourd'hui à Hélène Carrère d'Encausse pour L'Empire éclaté », sur lemonde.fr, .
  52. Foiredu livre de Brive ; consulté le=Dimanche 6 septembre 2020
  53. « Prix littéraires », sur lemonde.fr, .
  54. Lomonossov big gold medal, ras.ru.
  55. https://www.hec.edu/fr/helene-carrere-dencausse
  56. https://www.ulaval.ca/notre-universite/prix-et-distinctions/doctorats-honoris-causa-de-luniversite-laval/recipiendaires-doctorat-honoris-causa-2004-2005/helene-carrere-dencausse.html
  57. Remise doctorats Honoris causa, vendredi 17 juin 2016, Amphithéâtre Pierre Y. abou Khater, Campus des sciences humaines de l'université Saint-Joseph de Beyrouth
  58. « Oullins inaugure la place Hélène Carrère d'Encausse », sur mlyon.fr, .
  59. http://institutfrancais.bg/fr/programme/701/helenecarreredencausse/

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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