Grand remplacement

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Le grand remplacement est une théorie de type conspirationniste, selon laquelle il existerait un processus de substitution de population sur le territoire français métropolitain, dans lequel le peuplement européen serait remplacé par une population non européenne, originaire en premier lieu d'Afrique noire et du Maghreb. Ce changement de population impliquerait un changement de civilisation, et ce processus serait soutenu par une majorité des élites politiques, intellectuelles et médiatiques, soit par idéologie, soit par intérêt. Les principaux arguments de cette thèse, qu'ils soient démographiques ou culturels, sont réfutés par la grande majorité des spécialistes, qui récusent autant la méthode dont elle émane que la logique qui la sous-tend.

Cette thèse a été introduite par Renaud Camus, écrivain français engagé à l'extrême droite[1]. Elle fut notamment le titre de l'une de ses allocutions publiques, faite en novembre 2010, et de l'un de ses ouvrages, Le Grand Remplacement, publié en 2011. Elle est principalement utilisée en tant que néologisme politique : tout d'abord par son auteur, dans le programme des deux micro-partis nationalistes qu'il fonde, puis de façon plus générale par l'extrême droite française, notamment la mouvance identitaire, tout en étant qualifiée par certains, dont Marine Le Pen, de complotiste[2].

Définition

Renaud Camus est l'auteur de la théorie du grand remplacement.

Renaud Camus théorise l'idée qu'à la faveur de l'immigration et des différentiels de fécondité, « des immigrés ou des Français administratifs issus de l’immigration »[3], ou des peuples venus de l'Afrique et notamment du Maghreb, tendent à devenir majoritaires sur des portions en expansion constante du territoire français métropolitain, et que ce processus doit conduire à une substitution de population au terme de laquelle la France cessera d'être une nation essentiellement européenne[4]. Ce phénomène, qui doit s'effectuer en quelques décennies[3], trouverait un soutien dans les politiques d'immigration gouvernementales, nationales et européennes. Le remplacement serait donc issu selon Camus d'une volonté des institutions de l'Union européenne, dont le Parlement « haïrait » les Européens « indigènes » et voudrait leur « asservissement » ou leur « mort ». Commentant l'annonce de la nomination de Cécile Kyenge, Italienne d'origine congolaise, comme rapporteuse du Parlement européen sur les migrations en Méditerranée, Camus se demande s'il n'a pas eu tort de se défendre « d'être un complotiste »[5]. Selon le blog d'extrême droite François Desouche, le remplacement serait également organisé par l'ONU[6].

Toutefois, Camus affirme que « le grand remplacement n'a pas besoin de définition » car ce ne serait « pas un concept » mais un « phénomène » : la substitution d'un peuple « occupant le même territoire depuis quinze ou vingt siècles » par « un ou plusieurs autres peuples » en l'espace d'« une ou deux générations ». Ce phénomène aurait notamment pour cause un « triple mouvement selon lequel le monde s'est à la fois industrialisé, déspiritualisé et décultivé »[7]. Il dit avoir choisi les termes de « grand remplacement »[8] en référence à une citation de Bertolt Brecht, selon laquelle, puisque le peuple ne peut pas changer le gouvernement, le plus simple, pour le gouvernement, est de changer le peuple[9].

Le sociologue Raphaël Liogier, dans son livre Le Mythe de l'islamisation : essai sur une obsession collective[10], établit un lien entre Eurabia et le grand remplacement, qu'il définit comme : « la variante la plus fabuleuse d'un processus d'islamisation qui conduirait à l'« islamo-substitution », le remplacement complet de la culture et du peuple européens, avec le soutien actif et continu d'une classe politique visant dans l'Hexagone, en particulier depuis Valéry Giscard d'Estaing et surtout depuis François Mitterrand, à détourner la France d'elle-même (mais les sociaux-démocrates en Allemagne et les travaillistes au Royaume-Uni auraient fait le même travail de sape dans leurs pays respectifs). L'alliance du gauchisme et du capitalisme aboutirait à ce « Grand Remplacement », dépossession identitaire totale des Européens. Les trois vecteurs du capitalisme transnational, du gauchisme altermondialiste et de l'islam « en expansion infinie » se compléteraient dans la recherche de l'hégémonie totale, la « pantocratie ». »

Selon les historiens Nicolas Bancel, Pascal Blanchard et le sociologue Ahmed Boubeker, « l'annonce d'une guerre civile est implicite dans la théorie du « grand remplacement » », qui désigne « un processus culturel — le déclin des « valeurs occidentales » au profit de l'islam — et biologique — le « grand remplacement » de la population française blanche sous les coups de boutoir des immigrations postcoloniales. La complicité des élites intellectuelles et politiques de gauche — cosmopolites et internationalistes par culture — et parfois de droite — dévouées par intérêt à l'extension d'une mondialisation capitaliste favorisant l'immigration — aurait encouragé ce processus qui menacerait désormais l'identité même de la France. Cette thèse est extrême — et si simpliste qu'elle est accessible à tous — en ce qu'elle valide une définition raciale de la nation. Ses tenants se livrent à un calcul délirant[11]. »

La grande presse utilise généralement des formules plus lapidaires pour définir le grand remplacement, en insistant sur tel ou tel aspect du néologisme. La rédaction numérique de RTL la résume en trois points : « les Noirs et les Arabes vont remplacer les Français de « souche » ; ils veulent saper la « civilisation » française ; il suffit d'ouvrir les yeux pour s'en rendre compte mais les élites nient cette réalité[12]. » Le Lab souligne quant à lui plus l'aspect cultuel, sans mentionner de participation active des élites : « Le « grand remplacement » est une idéologie qui désigne le « remplacement » supposé en cours des Français blancs et chrétiens par une immigration extra-européenne, particulièrement maghrébine et subsaharienne, de religion musulmane[13] ». Renaud Camus fait en outre cohabiter ce néologisme avec un autre néologisme celui de « remplacisme global » illustré notamment par son injonction faite aux Français : « Français, Européens, vous êtes envahis, occupés, colonisés, remplacés par l'Afrique, conformément au remplacisme global : Révoltez-vous ! »[14]

Historiologie

Selon l'historien de l’immigration en France Gérard Noiriel, les textes alarmistes du style du grand remplacement annonçant la fin la « race » et de la « civilisation » existent depuis la fin du XIXe siècle. Avant-guerre, les nationalistes en France et en Allemagne disaient que les Arméniens ou les Juifs menaçaient l’intégrité nationale puis, après la guerre, c'était au tour des Maghrébins. Pour lui, « à partir des années 1960 les arguments culturels et religieux ont remplacé les arguments biologiques, mais le discours du déclin national par leur faute demeure. Pourtant, dans aucun pays d’immigration les prédictions catastrophistes ne se sont concrétisées »[4].

D'après l'historien Laurent Joly, c'est Maurice Barrès qui a inventé le « mythe du “grand remplacement” vers 1900 »[15].

Pour l'historien Nicolas Lebourg, « Renaud Camus n'a pas inventé cette expression »[16]. Il indique que « la thèse d’un changement de population […] vient initialement des milieux néonazis qui, à partir des années 50, voyaient là l’œuvre du complot juif pour instaurer une dictature ploutocratique mondialiste. Et appelaient donc à l’alliance avec l'URSS et/ou la Chine maoïste »[17]. Selon lui, Renaud Camus a « vidé [la formule] de son antisémitisme pour l'intégrer au thème du choc des civilisations, ce qui lui a donné plus de visibilité »[16].

Nicolas Bancel, Pascal Blanchard et Ahmed Boubeker ont la même analyse, l'antisémitisme des années trente est recyclé « dans une incroyable perversion » contre les musulmans, arabes ou noirs, accusés d'œuvrer pour un prétendu grand remplacement. La lutte contre l'antisémitisme elle-même est utilisée par certains dans un refus de la France multiculturelle dans un « curieux retournement de l'histoire ». Ils concluent que « chacun s'invente un ennemi imaginaire et passe d'improbables alliances de survie »[18].

L'historien Emmanuel Debono nuance sur son blog l'approche de Lebourg en soulignant que la thèse du grand remplacement a « différentes influences, renvoyant davantage à un héritage éclaté qu’à une filiation directe ». Pour lui l'une des influences notables est celle de Maurice Bardèche, notamment à travers son texte Le racisme, cet inconnu, paru en septembre 1960, qui annonce que « la race blanche ne luttera plus pour sa prédominance économique ou politique, elle luttera pour sa survie biologique. […] Demain, ce ne sont plus les prolétaires et les capitalistes qui se disputeront les richesses du monde, ce sont les Blancs, prolétaires et capitalistes unis, qui auront à se défendre, eux, race minoritaire, contre l’invasion planétaire », et que « c'est là, au fond, l'élément entièrement nouveau qui explique l'anti-impérialisme du néo-racisme : toutes les races sont égales entre elles, aucune n'a de titre à s'installer en maître dans l'espace vital d'une autre race et la paix ne régnera sur le monde que lorsque chaque race aura réintégré le continent qui lui a été attribué par la nature », en référence aux positions de René Binet favorables à la décolonisation « au nom du principe de l’égalité des races et de leur droit à leur espace vital »[19].

Pour le sociologue Yannick Cahuzac, spécialiste de l'extrême droite sur Internet, la théorie développée par Camus se rapproche par certains aspects d'une autre théorie du complot, Eurabia, développée en 2005 par l'essayiste Bat Ye'or. Pour Cahuzac, « le rejet de l'immigration, particulièrement de l'immigration dite musulmane, s'articule sur les sites les plus radicaux sous les traits de la théorie du complot Eurabia, faisant de l'immigration arabo-musulmane un plan des élites pour arabiser — et aujourd'hui islamiser — l'Occident. Cette théorie rencontre un certain écho dans l'idée du « grand remplacement » théorisé par Renaud Camus, une idée par ailleurs commune dans l'extrême droite depuis 40 ans »[20].

Raphaël Liogier lui aussi estime que Camus va jusqu'à promouvoir la thèse du complot musulman contre l’Occident d'Eurabia, initialement confinée à quelques groupes extrémistes puis banalisée par quelques écrivains, dont Camus lui-même, dans son livre Le Grand Remplacement, celui-ci ayant rencontré un vif succès en librairie[21]. La thèse d'origine prédit que la « civilisation arabo-musulmane » fera la conquête de l'Europe grâce à un complot et la complicité des élites européennes[21].

Argumentation et critique de la théorie

Les principaux arguments de la théorie de Camus, développés également par ses partisans, s'appuient surtout des éléments démographiques, voire médicaux, mais également culturels et cultuels.

Point de vue démographique

Critiques

Les différentes estimations contradictoires ont donné lieu à des critiques sur plusieurs points, d'abord sur les estimations données, puis sur l'analyse de celles-ci. Citant les chiffres de l'INSEE, Frédéric Joignot, du journal Le Monde, dénombre 5,3 millions de personnes « nées étrangères dans un pays étranger », soit 8 % de la population française. 1,8 million d'entre elles viennent de l’Union européenne, ce qui fait 3,5 millions d'immigrés extra-européens, dont 3,3 millions du Maghreb, d’Asie ou d’Afrique subsaharienne, qui représentent 5 % de la population. Cela rend d'après Joignot impossible l'idée d’une « contre-colonisation » comme évoquée par Camus, d'autant que certaines « études » circulant dans la blogosphère de droite sont « totalement fantaisistes »[4]. Selon Joignot, les arguments démographiques des partisans de la théorie utilisent des statistiques plus ou moins fondées sur la réalité (estimation des populations « allochtones extra-européennes », nombre de naturalisés par an…)[4], ainsi que selon Rue89, l'Obs, l'AFP et le Le Journal du dimanche des observations personnelles extrapolées au niveau national, « une vision du monde non démontrée sortie de son imagination » et un mépris des chiffres des agences officielles[22],[12],[23],[24].

Pour François Héran, ancien directeur de l’Institut national d'études démographiques[25], la théorie du grand remplacement c'est « convertir les origines nationales en données raciales. La cible devient les « non-Blancs ». » Il considère les extrapolations de Renaud Camus comme des « billevesées », la croissance de 20 millions d’habitants depuis la guerre étant due pour un tiers au baby boom, pour un tiers à l’augmentation de l’espérance de vie et pour un tiers à l’immigration qui n’est pas uniquement extra-européenne[4].

Le socio-démographe Patrick Simon considère que le sujet est surtout lié à la ségrégation urbaine, le grand remplacement est une théorie acceptée par l’extrême droite et même la droite, parce que les immigrés défavorisés doivent vivre malgré eux dans des ghettos où aucun Français ne veut habiter. Selon lui, la plus grande menace vient de l’instrumentalisation politique : « En associant immigrés et « remplacement », on désigne les Français de l’immigration comme des envahisseurs. Cela fait que, partout où ils vivent, même quand ils sont minoritaires, on en fait un danger potentiel[4] ».

Pour Christophe Dumont, chef de la division des migrations internationales à l'OCDE, le fait qu'il y ait plus de minorités visibles n'a « rien à voir avec la politique migratoire actuelle, l'Europe ou la mondialisation », mais est la conséquence des politiques migratoires pour utiliser une main d’œuvre étrangère jusqu'au premier choc pétrolier. La France est actuellement le pays occidental avec les flux de migration les plus bas avec « moins de 250 000 entrées permanentes en 2012, dont 100 000 Européens, le nombre d'immigrés qui s'installent durablement en France représente moins de 0,4 % de la population totale, contre une moyenne de 0,6 % dans l'OCDE[12] ».

Selon Libération, qui rapporte les conclusions d’une étude de l'INSEE du , 5,3 millions d’immigrés vivaient en France en 2008, dont 3,3 millions nés hors d’Europe auxquels s'ajoutent 6,7 millions de descendants directs d’immigrés, dont 3,1 millions d’origine africaine et asiatique, ce qui porte le total à 6,4 millions de personnes d’origine extra-européenne qui représentent donc 10 % de la population[26]. S'agissant du flux d’arrivants permanents, il est, selon l’OCDE à 260 000 personnes par an en 2013, soit environ 0,4 % de la population et une partie de ces entrants ne reste pas en France[26], ainsi Libération affirme que « de là à évoquer un « changement de peuple », il y a donc un pas », d’autant plus que selon la même étude de l'INSEE, si entre 2006 et 2013 le nombre d'entrées d’immigrés a augmenté, le nombre de leurs départs a augmenté bien plus fortement[26].

Selon Hervé Le Bras, on assiste en France, comme dans les pays comparables, à « un métissage généralisé » puisque « selon les chiffres de l’Insee de 2013, 40 % des naissances avaient un parent ou un grand-parent d’origine étrangère »[27]. Selon le démographe, « on peut dire effectivement que la population française d’origine va être remplacée par une population mixte. Mais ce n’est pas ce que dit le grand remplacement, qui pense qu’on va être remplacé par d’autres, différents de nous. Le grand remplacement, effectivement, c’est celui de Français de plusieurs générations par des Français qui ont du sang étranger, par le métissage[28] ».

Soutiens

Selon Fabrice Madouas du magazine Valeurs actuelles, des données démographiques soutiendraient cette thèse. L'une d'entre elles est la part de l'immigration d'origine extra-européenne dans l'immigration en France, en particulier en provenance d'Afrique subsaharienne, de plus en plus importante depuis les années 1970 et surtout depuis les années 1990[29].

Pour la démographe française Michèle Tribalat, directrice de recherche à l'INED et connue pour ses prises de position tranchées sur l'immigration[30] et souvent citée par l'extrême droite[31], « le peuplement européen aura le temps de changer au point de devenir méconnaissable, avant qu'un assèchement des flux migratoires n'intervienne »[32]. La part des populations d'origine extra-européenne en France s'accroîtrait donc naturellement. Le démographe Gérard-François Dumont prévoit ainsi que, en 2025, les immigrés et descendants d'immigrés de première génération en provenance d'Afrique et d'Asie représenteraient 15,9 % de la population française. L'essayiste Jean-Paul Gourévitch, souvent cité par l'extrême droite, estime quant à lui que la France compterait 8 millions de musulmans en 2014, soit 12 % de sa population, tandis que le Pew Research Center, un laboratoire d'idées basé à Washington, estime que la France pourrait compter 7 millions de musulmans en 2030. Selon Michèle Tribalat, la France compterait 5 millions de musulmans en 2014, soit 7,5 % de sa population[29].

Le journal Causeur publie en octobre 2016 un article du professeur de lettres Alain Nueil intitulé « Quand l’INSEE valide le Grand remplacement », affirmant se fonder sur un rapport de l'INSEE concernant le bilan démographique 2015, qui indiquerait que « les naissances d’enfants issus de deux parents nés en France diminuent de 7,8 % » entre 2011 et 2015 et que « celles d’enfants dont l’un ou les deux parents sont nés à l’étranger sont en hausse de 6,07 % » sur la même période[33],[34].

Point de vue médical et de natalité

Soutiens

Les taux de natalité des femmes africaines versus ceux des « Blanches européennes »[12] sont régulièrement mis en avant par les tenants de la théorie. L'interdiction des statistiques ethniques ne permettant pas la comparaison, c'est via le dépistage de la drépanocytose, maladie génétique très présente en Afrique subsaharienne, aux Antilles, au Brésil, en Inde, au Moyen-Orient, en Europe de l'Ouest et dans le bassin méditerranéen[35],[36]que les chiffres sont examinés par les tenants de cette théorie[23],[22]. Selon Valérie Gauthereau, directrice de la fédération parisienne de dépistage, dans la pratique les maternités essaient de cibler les personnes d’origine maghrébine ou africaine, selon des critères informels, et dans certaines maternités d'Île-de-France, c'est la totalité de la population qui est ciblée[37].

Le magazine Valeurs actuelles avance des données sur le dynamisme démographique de ces populations immigrantes, venues principalement d'Afrique et d'Asie, plus jeunes que la moyenne, qui se marieraient davantage et dont les femmes seraient plus fécondes malgré l'abaissement de cette fécondité une fois installées en France[29].

Critiques

Le journal Le Monde estime que les chiffres utilisés confondent dépistage d'une maladie et recensement ethnique, car dans les maternités d'outre-mer et dans certaines maternités d'Île-de-France, la drépanocytose est dépistée chez tous les nouveau-nés, quelle que soit l'origine des parents, et que des dépistages sont effectués chez des personnes résidant en France depuis plusieurs générations, que des personnes originaires d’Italie du Sud ou de Grèce sont également testées, ainsi « le taux de nourrissons testés à la naissance ne peut donc pas être un indicateur de « l’immigration », comme il est présenté par les militants d’extrême droite. »[37]. Des associations de malades et de médecins dénoncent quant à elles l'utilisation de ce dépistage par l'extrême droite et demandent une généralisation du dépistage[37],[38]. La Haute Autorité de santé (HAS) a rejeté cet argument et a conclu dans son rapport d’orientation de décembre 2013 que le ciblage ethnique était correctement effectué et qu’il n’y avait pas d’éléments permettant de justifier la pertinence d’une stratégie de dépistage néonatal systématique de la drépanocytose en France métropolitaine[39].

Quant au taux de natalité, il ne se reposerait sur aucune donnée précise mais sur des impressions subjectives. Ainsi Renaud Camus affirme, tout en précisant qu'il ne peut l'évaluer, que « les musulmans représentent donc, en proportion, une partie sans cesse croissante (mais jamais sérieusement évaluée) de la population. Or cette proportion croît d’autant plus, et d’autant plus vite, que selon toute apparence (même si c’est impossible à vérifier) leur taux de reproduction est plus élevé que celui de la plupart des autres parties de la population »[40].

Point de vue culturel et cultuel

Soutiens

Des statistiques sur les prénoms sont mises en avant sur Twitter par Franck Guiot, ancien élu (connu pour son hostilité envers les Roms) du mouvement la Droite populaire[22]. Un autre des problèmes serait lié à la religion de la majorité des migrants : selon Michèle Tribalat, « nous avons sous-estimé la spécificité de l'islam, en présumant qu'il ne rendrait pas les musulmans plus difficiles à assimiler que ne l'avaient été les migrants en provenance d'Europe »[32],[41].

Critiques

Le démographe Hervé Le Bras, très critique envers les méthodes et discours de Tribalat[30],[31], considère le grand remplacement comme une « sinistre farce » qui dure depuis des décennies. Selon lui, « parler d’immigrés de seconde ou troisième génération est une contradiction dans les termes. Ils ne migrent plus, ils sont français. On les désigne comme une espèce de « cinquième colonne », comme s’il s’agissait d’ennemis intérieurs. » Pour lui, considérer les descendants d’immigrés nés de mariages mixtes comme des « allogènes extra-européens » est une « théorie raciste », comparable à la One-drop rule pour les Noirs de la ségrégation américaine ou pour les Juifs pendant l'Occupation, où un seul ancêtre les condamnait à être considérés comme des « inférieurs »[4]. De plus, Hervé Le Bras considère que « le grand remplacement a déjà eu lieu, au moins depuis le néolithique »[42]. Selon lui, la mixité en France est telle que, sur la base de 40 % de nouveau-nés d'origine étrangère en 2012 (sur trois générations), même en cas d'arrêt total et immédiat de l'immigration, seuls 1,7 % des nouveau-nés dans trois générations n'auraient aucun ancêtre immigré au 5e degré (arrière-arrière-arrière grand-parent)[43]. La notion de « deux peuples », l'un immigré, l'autre non immigré, n'a donc aucun sens dès que les unions mixtes sont fréquentes ; il n'y a selon Hervé Le Bras qu'un seul peuple « mélange d'une quasi-infinité d'ascendances diverses »[44].

Selon Pascale Breuil, chef d’unité des études démographiques et sociales de l’INSEE, c’est la logique elle-même des partisans du « grand remplacement » qui est un problème : il est difficile d'opposer ou de définir les « allogènes » et les « indigènes ». La moitié des descendants d'immigrés viennent de couples mixtes, et 64 % de ceux-ci ont un conjoint qui n’est ni immigré ni descendant d’immigré, et 99 % parlent français avec leurs enfants. De plus, on ne peut définir jusqu'où il faudrait remonter dans l'histoire pour être considéré comme français, ce qui rend la notion de « substitution de peuple » très floue[4].

De la même manière, pour Christophe Dumont, il est « insidieux de faire le mélange entre les immigrés et leurs enfants qui sont Français et ont été éduqués à l'école de la République », une partie de ces enfants étant également issue de couples mixtes[12]. Pour Jean-Yves Camus, cette thèse consiste effectivement à dire « qu'une partie de la population française n'est pas vraiment française. Ce seraient des Français de papier », ce qui est contraire au discours politique officiel du Front national, selon lequel si on s'assimile « on peut venir de partout et être Français[12] ».

Utilisation et promotion de l'expression

En politique

Renaud Camus et les partis d'extrême droite

Renaud Camus est à l'initiative des deux premières utilisations directement politiques de la thèse du grand remplacement. D'abord au travers du Parti de l'In-nocence qu'il a fondé en 2002 : Camus définit le néologisme de « Nocence » comme l'atteinte à la nature et à la qualité de vie, qui serait l'instrument du « grand remplacement » et à laquelle son parti tenterait de s'opposer. En 2010, le Parti de l'Innocence organise les « prix de la Nocence », au cours desquels est remis le « prix national du Grand Remplacement » à Louis Schweitzer, alors président de la HALDE, pour avoir « contribué le plus obstinément et efficacement à la colonisation de la France et à la dissolution du caractère français de sa population historique »[40]. La même année, le concept est introduit dans l'ouvrage l'Abécédaire de l'In-nocence, livre-programme du parti et de la candidature de Camus à l'élection présidentielle de 2012. Camus fonde ensuite en 2013 le mouvement « NON au changement de peuple et de civilisation » (NCPC), qu'il définit comme « un front du refus, le mouvement de tous ceux qui disent NON au Grand Remplacement »[45].

En 2015, Renaud Camus rejoint le parti Souveraineté, identité et libertés (SIEL), un parti satellite du Front national, membre du rassemblement Bleu Marine[1].

Le Front national divisé

Jean-Marie Le Pen, alors candidat et président d'honneur du Front national, utilise en mai 2014 une formule lapidaire que l'AFP rapproche alors de la thèse : « les Noirs et les Arabes vont remplacer les Français « de souche » ; ils veulent saper la « civilisation » française ; il suffit d'ouvrir les yeux pour s'en rendre compte mais les élites nient cette réalité[12]. »

D'autres membres de ce parti sont convaincus de ce complot[46], ou approuvent l'utilisation de la formule, même si la définition n'est plus exactement celle de Camus. Dès lors, le « grand remplacement » pourrait avoir « deux lectures possibles : 1/ une théorie factuelle, celle du changement de population ; 2/ un complot : certaines forces agissent de façon délibérée pour mettre en œuvre ce changement de population »[47], et que le premier sens est parfaitement valable pour l'ensemble des frontistes[47],[48].

L'extrême droite française ne se rallie pas totalement à la vision de Camus. Certains dirigeants du Front national estiment cependant que cette théorie est « confuse » et dangereuse selon Florian Philippot, car elle suggère « une conception racialiste que nous ne partageons pas »[49]. Pour Marine Le Pen, « le concept de grand remplacement suppose un plan établi. Je ne participe pas de cette vision complotiste »[50]. Elle assure dans le même temps que « l’immigration peut bien avoir pour conséquence de faire changer la population des quartiers, des villes », ou condamne en 2011 une immigration « volontairement accélérée dans un processus fou, dont on se demande s’il n’a pas pour objectif le remplacement pur et simple de la population française »[26].

Autres mouvances de droite et d'extrême droite

La mouvance identitaire se réclame de cette thèse, notamment le Bloc identitaire, qui prône la « remigration » des populations d'origine extra-européenne sur la terre de leurs ancêtres, ainsi que Laurent Ozon, fondateur du « Mouvement pour la remigration »[49]. Le Bloc, qui tente notamment d'influencer le Front national sur le sujet[51], crée en novembre 2014 un « Observatoire du Grand Remplacement »[52], auquel Camus apporte son soutien[3]. Philippe Vardon, cofondateur du Bloc identitaire, affirme notamment en réponse aux propos de Marine Le Pen que « le grand remplacement n'est ni un concept, ni un complot : c'est un constat[47]. »

En novembre 2014, et à plusieurs reprises, le député Jacques Bompard, président du parti d'extrême droite la Ligue du Sud, interpelle le gouvernement à l'Assemblée nationale au sujet du « grand remplacement »[53],[54]. Le , Jacques Bompard invoque à nouveau le grand remplacement. Le président du groupe Parti socialiste, Bruno Le Roux, réclame alors des sanctions contre Jacques Bompard[55].

Robert Ménard, élu maire de Béziers en 2014 avec le soutien du Front national, articule son discours autour de la guerre d'Algérie autour d'une analogie historique entre la « colonisation de peuplement » menée par la France en Algérie et le grand remplacement[56]. En 2015, Ménard s'oppose également à l'installation de nouveaux restaurants kebab en parlant de « grand remplacement culinaire »[57]. L'élection à Londres de Sadiq Khan, maire musulman, le , « symbolise [pour R. Ménard] le grand remplacement en cours »[58].

Pour Philippe de Villiers, « ce n'est pas Renaud Camus qui a inventé ce mot, le grand remplacement, c'est un faux procès, la migration de remplacement c'est le plan des Nations unies, ce sont les grandes entreprises post-nationales qui veulent remplacer la population autochtone qui est trop chère par une population immigrée qui est moins chère »[59],[60].

Les opposants aux thèses de Renaud Camus notent également que la théorie du grand remplacement occupe une place importante dans les préoccupations de l'extrême droite et d'une partie de la droite, en 2014[4],[12],[23]. Le Monde souligne ainsi que « les groupes identitaires l'exaltent, le Front national la reprend, la blogosphère d'extrême droite la soutient, des magazines comme Valeurs actuelles et Causeur[61] la relaient. Elle est évoquée avec chaleur par des intellectuels ou des journalistes qui dénoncent la dissolution de l'« identité française », comme Éric Zemmour »[4]. Selon ce même journal, Charles Beigbeder, ancien secrétaire national de l'UMP, associe le « grand remplacement » à « l'inquiétude identitaire des marcheurs de La Manif pour tous »[4].

Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite, considère que Jean-Marie Le Pen, en parlant du « grand remplacement », « exprime quelque chose de central, partagé par beaucoup de militants »[12]. Le Nouvel Observateur considère pour sa part que le « grand remplacement » « devient le cri de ralliement de la sphère identitaire »[23].

Pour Nicolas Dupont-Aignan, « cette crainte [du Grand remplacement] renvoie à une réalité », écrit-il dans une tribune publiée dans Valeurs actuelles[62].

À gauche

Selon le député socialiste Mathieu Hanotin, Jean-Pierre Chevènement, au moment de sa nomination en 2016 à la présidence de la Fondation pour l'islam de France, a tenu des propos qui accréditent la thèse du grand remplacement[63]. Le , il reçoit le « prix du Grand remplacement » — dans le cadre de la troisième édition du « prix du menteur en politique », créé par le politologue de gauche Thomas Guénolé — pour avoir dit dans ces propos de 2016 : « il y a à Saint-Denis par exemple 135 nationalités et il y en a une qui a quasiment disparu »[64].

Dans l'Église catholique

Mgr Luc Ravel accrédite la thèse du grand remplacement en dénonçant la « promotion » de l'avortement et en mettant en cause la fécondité des « croyants musulmans »[65].

Le pape François évoque une « invasion arabe de l'Europe » qu'il considère comme un fait social, sans se rallier cependant au concept de "grand remplacement", selon le journal catholique La Vie. Le pape nuance ses propos estimant que l'Europe « a toujours su se surmonter elle-même, aller de l’avant pour se trouver ensuite comme agrandie par l’échange entre les cultures » ce qui lui a valu la condamnation de personnalités d'extrême droite comme Robert Ménard[66].

Dans la littérature

À la suite de l'introduction de la formule dans le paysage politique français, certains ouvrages ont été pointés comme y faisant référence.

Ainsi, dans un article du Monde, Jean Birnbaum fait le lien entre L'Identité malheureuse, ouvrage d'Alain Finkielkraut paru en 2013[67] et les thèses de Renaud Camus, parlant notamment de « la même obsession d'une double décadence : celle de « La Grande Déculturation » (par l'école) et celle du « Grand Remplacement » (par « l'immigration de peuplement »)[68]. » Alain Finkielkraut dément et affirme qu'il ne reprend pas à son compte la formule de « grand remplacement », qu'il « trouve effrayante » et dont il ne veut « pas croire à la réalité ». Il déplore cependant que ce concept soit reproché à Renaud Camus alors qu'« il est permis aujourd'hui et peut-être bientôt obligatoire de glorifier » le phénomène supposé qu'il désigne[69]. Ce rapprochement est repris en 2014 par Edwy Plenel dans son ouvrage Pour les musulmans, qualifiant Finkielkraut de « porte-parole autoproclamé des « Français de souche » contre la menace du « Grand remplacement » […] respectable caution de la plus ordinaire des vulgates racistes[70]. »

À l'occasion de la sortie du roman Soumission, de Michel Houellebecq, L'Obs se demande si la théorie du grand remplacement « n'est pas en passe de devenir le nouveau gimmick littéraire de nos romanciers ». L'hebdomadaire voit en effet une référence implicite au grand remplacement dans ce roman, ainsi que dans Dawa, de Julien Suaudeau, et dans Événements de Jean Rolin[71]. Pour BibliObs, variante littéraire de L'Obs, Décadence (2017) de Michel Onfray « traverse au pas de charge deux mille ans de civilisation judéo-chrétienne pour raconter l'odyssée d'un Occident courant à sa perte. Et finalement s'abîme dans un cauchemar houellebecquien flirtant avec la théorie du grand remplacement »[72].

Dans la musique

Le groupe de rock féminin classé à l'extrême droite Les Brigandes, qui s'en prend « ouvertement aux homosexuels, maghrébins, juifs, journalistes, financiers, hommes politiques, aux jésuites et à l'un des leurs, le Pape François », a sorti en 2015 un album intitulé Le Grand Remplacement que le quotidien Le Midi libre décrit comme une compilation de « ritournelles engagées » qui a « rapidement séduit le milieu de l'ultra droite française, plutôt habitué des pogos sur fond de rock lourdingue et bien gras[73]. »

Dans les médias

Des journalistes comme Éric Zemmour et Ivan Rioufol utilisent régulièrement le terme « grand remplacement » lors de leurs interventions médiatiques [74] et sont critiqués pour cela[22]. De même, le magazine Valeurs actuelles produit des articles idéologiquement inscrits[75] et allant dans le même sens que Camus[4],[76].

Selon Jean-Yves Le Gallou, ancien cadre du Front national se présentant comme théoricien de la « réinformation[77] » sur Internet, « l'expression « grand remplacement » […] est entrée dans le vocabulaire courant grâce aux médias alternatifs », dont le but est de « donner des informations et des points de vue alternatifs face à [la] censure » du « politiquement correct », exercée par les « médias traditionnels ».

L'expression est également reprise par Mehdi Meklat, Badroudine Saïd Abdallah et le journaliste Mouloud Achour qui écrivent dans le premier numéro de leur revue Téléramadan, en juin 2016 : « Nous sommes le Grand Remplacement ». La maison d’édition dédiée, « Les éditions du Grand Remplacement », est baptisée ainsi par « provocation » selon le quotidien Le Monde, les auteurs souhaitant tourner en dérision l'expression, mais également en prendre le contre-pied[78],[79].

À la suite de l'introduction de la formule dans le paysage politique français, certains politiciens ont été pointés par des médias comme y faisant référence.

Par exemple, Nicolas Sarkozy, quand il affirme en 2016 que « La démographie fait l'Histoire, et non le contraire. » et que « l'axe du monde » étant « clairement passé vers l'Afrique et l'Asie », « Il nous faut réagir, ou on disparaîtra. »[80].

Notes et références

  1. a et b « Le théoricien du « grand remplacement » rejoint la galaxie FN », lefigaro.fr, 23 novembre 2015.
  2. « Pour Marine Le Pen, la théorie du “grand remplacement” relève du “complotisme” », lefigaro.fr, 2 novembre 2014.
  3. a b et c « Qu'est-ce que le Grand Remplacement ? », Observatoire du Grand Remplacement (consulté le ).
  4. a b c d e f g h i j k et l Frédéric Joignot, « Le fantasme du « grand remplacement » démographique », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. Renaud Camus, « La politique européenne d'immigration a désormais un visage », sur Boulevard Voltaire,
  6. « Immigration de remplacement : l’ONU et l’UE organisent la disparition des peuples », Fdesouche, (consulté le ).
  7. « Renaud Camus à L’AF : « J'ai une conception lazaréenne de la patrie » », L'Action française, no 2832,‎ 2012 - 66e année (lire en ligne).
  8. Renaud Camus, Le Grand Remplacement, , Entretien avec le Nouvel Observateur.
  9. « J'apprends que le gouvernement estime que le peuple a « trahi la confiance du régime » et « devra travailler dur pour regagner la confiance des autorités ». Dans ce cas, ne serait-il pas plus simple pour le gouvernement de dissoudre le peuple et d'en élire un autre ? »(Bertolt Brecht, Œuvres, vol. 23, p. 249 et suiv., Notes page 546, L'Arche éditeur, 1999.).
  10. Liogier 2012, chap. « Les idéologies contradictoires de la conspiration ».
  11. Bancel, Boubeker et Blanchard 2015, part. II, chap. 9, sect. « Le « grand remplacement » ».
  12. a b c d e f g h et i AFP, « FN : Jean-Marie Le Pen se rallie à la thèse du « Grand remplacement » », RTL.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. Sylvain Chazot, « Wallerand de Saint-Just (FN) profondément choqué par une Marianne représentée en réfugiée », sur Le Lab, (consulté le ).
  14. Stephanie Courouble Share, Valéry Rasplus et Jean Corcos, « Le soutien de Renaud Camus à Marine le Pen doit faire réfléchir les membres de la communauté juive », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  15. « Le FN, Marion Maréchal-Le Pen, Villiers, Zemmour… Ce qu'ils doivent à l'Action française », sur bibliobs.nouvelobs.com, L'Obs, (consulté le ).
  16. a et b Claire Courbet, « Musée de l'immigration : “L'extrême-droite a franchi un palier” », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  17. Dominique Albertini, « Pour le Front national, il y a l’Occident chrétien et la barbarie », Libération,‎ (lire en ligne).
  18. Bancel, Boubeker et Blanchard 2015, « Le Grand Repli ».
  19. Emmanuel Debono, « Le « Grand Remplacement » et le polypier géant », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. Estelle Gross, « Réacosphère : « Le conspirationnisme est au cœur de la dynamique » », Le Nouvel Observateur.com,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  21. a et b Raphaël Liogier, « Le mythe de l’invasion arabo-musulmane », Le Monde diplomatique, no 722,‎ (résumé, lire en ligne, consulté le ).
  22. a b c et d Nolwenn Le Blevennec, « Le « grand remplacement » : l’idée raciste qui se propage », Rue89,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  23. a b c et d David Caviglioli, « Renaud Camus, le maître à tweeter du Printemps français », Le Nouvel Observateur.com,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  24. « Le FN a-t-il un problème avec le « grand remplacement » ? », Le Journal du dimanche,‎ (lire en ligne).
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  27. « La migration dans l'Histoire, vue par le démographe Hervé Le Bras », Géopolis, 20 novembre 2015.
  28. Hervé Le Bras: “Parler d’identité nationale est un moyen d’exclusion”, 20 minutes, 10 avril 2017
  29. a b et c Madouas, Fonton et Dandrieu 2014.
  30. a et b Nicolas Journet, « Michèle Tribalat : Une démographe qui dérange », Sciences Humaines,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  31. a et b Rémi Noyon, « Immigration : qui est Michèle Tribalat, la démographe adulée par le FN ? », Rue89,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  32. a et b Tribalat 2013.
  33. « Quand l’INSEE valide le Grand remplacement - Le “fantasme” est bien une réalité chiffrée », Causeur, 3 octobre 2016.
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  36. Conférence de Canal U.
  37. a b et c « Drépanocytose, la maladie génétique qui excite l’extrême droite », Alexandre Léchenet et Samuel Laurent, Le Monde, 12 septembre 2014.
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  39. Haute Autorité de santé, « Dépistage néonatal de la drépanocytose en France : pertinence d’une généralisation du dépistage à l’ensemble des nouveau-nés », Saint Denis, 2013.
  40. a et b Fontenelle 2012, « Un racisme largement imaginaire ».
  41. Michèle Tribalat, « Michèle Tribalat : « Le poids des musulmans n’a cessé d’augmenter » », Valeurs actuelles,‎ (lire en ligne).
  42. Hervé Le Bras, Anatomie sociale de la France, Laffont, , « Le Grand remplacement de la Race blanche », p. 62.
  43. Estimation effectuée dans Hervé Le Bras, Anatomie sociale de la France, .
  44. Hervé Le Bras, Anatomie sociale de la France, Laffont, , « Le Grand remplacement de la Race blanche », p. 61-72.
  45. Renaud Camus, « Non au Changement de Peuple et de Civilisation ! », sur Boulevard Voltaire, .
  46. Alexandre Sulzer, « Quand les politiques se convertissent aux théories du complot », L'Express,‎ (lire en ligne).
  47. a b et c Ségolène de Larquier, « « Grand remplacement » : Marine Le Pen chahutée par son (extrême) droite ? », Le Point.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
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  63. « "Nationalité disparue" : Jean-Pierre Chevènement fâche la gauche », Le Point, 29 août 2016
  64. « 93 : un prix du « menteur en politique » pour Chevènement », Le Parisien.
  65. « L’archevêque de Strasbourg évoque “le Grand Remplacement” », Valeurs actuelles, 3 juillet 2017
  66. « Le pape François parle "d'invasion arabe" en Europe », Huffpost, 2 mars 2016
  67. Alain Finkielkraut, L'Identité malheureuse, Stock, , 228 p. (ISBN 978-2-234-07336-4, BNF 43687425, lire en ligne). Alain Finkielkraut cite Renaud Camus dans son livre, mais ne cite pas explicitement la notion de « grand remplacement », ni celle de « grande déculturation ».
  68. Jean Birnbaum, « Alain Finkielkraut joue avec le feu », sur Le Monde.fr, (consulté le ).
  69. « A. Finkielkraut : « C'est parce que j'ai déstabilisé l'édifice idéologique de la gauche avec mon livre que j'ai fait l'objet de tant de hargne » », Atlantico,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  70. Edwy Plenel, Pour les musulmans, Paris, La Découverte, , 135 p. (ISBN 978-2-7071-8353-8), p. 13.
  71. Grégoire Leménager, « Houellebecq, Besson, Rolin… « le Grand Remplacement », sujet de roman ? », sur L'Obs.com, (consulté le ).
  72. Michel Onfray décrète la « mort de l'Occident », Le Nouvel Obs, 12 janvier 2017.
  73. « Les Brigandes troublent la quiétude de la Salvetat », Le Midi libre, 23 septembre 2016.
  74. « Zemmour évoque le grand remplacement des Français par les arabo-musulmans », L'Express, 8 avril 2016.
  75. « Immigration : le tabou du « grand remplacement » », Valeurs Actuelles, 11 décembre 2014.
  76. Dély, Blanchard et Askolovitch 2014, Au jeu des connivences.
  77. Autre concept d'extrême droite, affirmant lutter contre le politiquement correct et la désinformation (Adrien Sénécat, « Wikistrike, Quenelle+, Libertés TV : dans la nébuleuse des sites de « vraie information » », sur L'Express.fr, (consulté le )).
  78. Elvire Camus, « « Téléramadan », la revue qui veut « Grand Remplacer » les idées nauséabondes », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  79. Mehdi s’éclate et le « Grand Remplacement » passe, Emmanuel Dubois de Prisque, causeur.fr, 21 février 2017.
  80. « Nicolas Sarkozy évoque, sans la nommer, la théorie du « grand remplacement » », RTL, 5 août 2016.

Annexes

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Bibliographie

Liens externes

Le grand déménagement du monde, avec Renaud Camus et Hervé Le Bras, Émission Répliques, France Culture, 10 juin 2017

Articles connexes