Première bataille de Legé
Date | 30 avril 1793 |
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Lieu | Legé |
Issue | Victoire vendéenne |
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Gabriel Boisguyon | François-Athanase Charette |
600 hommes[1] 2 canons[1] | 1 500 hommes[2] |
100 morts, blessés ou prisonniers[1] 2 canons perdus[1] | faibles |
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La première bataille de Legé a lieu lors de la guerre de Vendée. Elle se déroule le et s'achève par la victoire des Vendéens qui reprennent la ville de Legé aux républicains.
La bataille[modifier | modifier le code]
Le 30 avril 1793, le général Jean-Michel Beysser occupe la ville de Machecoul, il envoie l'adjudant-général Gabriel Boisguyon avec une colonne prendre la ville de Legé, occupée par les forces de Charette[1].
Dans son rapport, l'adjudant-général Gabriel Boisguyon écrit que sa troupe était forte de 600 hommes, dont 40 cavaliers, accompagné de 2 canons[1]. De son côté l'officier vendéen Lucas de La Championnière l'estima dans ses mémoires à 700 ou 800 hommes; des Nantais guère plus aguerris que les paysans révoltés[3].
Concernant les forces vendéennes, Boisguyon les estime à au moins 4 000 hommes, peut-être 8 000[1]. Elles seraient en réalité fortes d'environ 1 500 combattants[2], dont un quart seulement, sont équipés d'armes à feu[3].
A deux heures de l'après-midi, les Républicains arrivent en vue de Legé et engagent le combat[1]. Cependant les Républicains empruntent des chemins très étroits du côté de Touvois[3], l'attaque est confuse, l'artillerie et la cavalerie prennent de mauvaises positions[1].
Après une demi-heure de combat, les Républicains s'emparent néanmoins de l'avant-poste vendéen aux Moulins[1],[3].
Les fantassins se déploient sur un pré et font marche sur le bourg de Legé. Mais Charette sort de la ville et fait embusquer ses hommes armés de fusils derrière les haies pour envelopper les ailes républicaines. Les Républicains ne savent comment répondre à ces tirs venant de tous les côtés[3]. Craignant d'être encerclé, Boisguyon décide de faire battre en retraite, mais celle-ci se transforme en déroute. Boisguyon ne parvient pas à rallier sa troupe qui ne trouve refuge qu'à Machecoul[1].
Concernant les pertes, rentré à Machecoul, Boisguyon constate qu'une centaine d'hommes sont manquants bien que certains soldats isolés continuent de regagner la ville au moment où il rédige son rapport[1]. Lucas de La Championnière rapporte de son côté qu'un certain nombre de Républicains sont faits prisonniers[3].
Les Républicains ont en outre perdu leurs deux canons[1],[3], et les Vendéens s'emparent de poudre et de plusieurs fusils[3].
Évacuations de Legé[modifier | modifier le code]
Le 1er mai, le général Canclaux, commandant en chef de l'armée des côtes de Brest, arrive à Nantes. Décidé à reprendre Legé, il planifie l'attaque de la ville par quatre colonnes ; la première, forte de 700 à 800 hommes avec deux canons, part de Machecoul et est commandée par Beysser. La deuxième, forte de 1 200 à 1 300 hommes avec quatre canons part de Palluau, elle est dirigée par le général Henri de Boulard, les représentants en mission Goupilleau de Montaigu, Goupilleau de Fontenay et Fayau l'accompagnent. L'adjudant-général Baudry d'Asson part de Challans avec la troisième colonne forte de 1 600 soldats et deux canons et la dernière menée par l'adjudant-général Laborie arrive de Saint-Colombin avec 600 hommes[4].
Face à de telles forces, Charette ordonne l'évacuation de Legé mais il se heurte à une partie de ses hommes ; les soldats et les habitants de Legé refusent de partir, ils se rassemblent en masse devant les canons et menacent ceux qui cherchent à les emporter. L'affrontement est cependant évité et les Legéens finissent par se calmer, les canons sont attelés et les Vendéens se replient sur Vieillevigne[3].
Le 5 mai, les Républicains commandés par le général Canclaux, venu avec la colonne de Beysser, entrent à Legé à 11 heures du matin. Ceux-ci ne rencontrent qu'une très faible résistance et découvrent dans un hôpital une vingtaine de soldats républicains blessés lors du combat du 30 avril, soignés par des femmes, ces derniers déclarent avoir été bien traités par les Vendéens[4].
Legé est occupée pendant plusieurs jours, mais finalement les différentes colonnes repartent à leurs cantonnements respectifs, seule une petite garnison de 320 hommes du 39e régiment d'infanterie de ligne commandée par le chef de brigade Prat reste sur la place avec deux canons. Mais à la suite de la défaite de la petite troupe de Laborie au combat de Saint-Colombin, le général Canclaux donne l'ordre d'évacuer la ville. Le 9 mai, les troupes de Prat abandonnent Legé et se replient sur Machecoul occupée par Boulard[4].
« Je crois utile à vos opérations de vous informer de la déroute complète que j'ai éprouvée hier dans mon attaque sur Legé. Trompé par de faux renseignemens, je partis hier, par ordre du général Beysser, avec six cents hommes, dont quarante de cavalerie, et deux pièces de quatre pour attaquer Legé. Arrivé à deux heures après midi, malgré les mauvais chemins, je reconnais la position, mais non le nombre des rebelles. L'attaque commence, ils sont chassés en moins d'une demi-heure de leur position la plus avantageuse. Je veux entrer dans le village à l'arme blanche, mais on fait faire de faux mouvements à mon artillerie, la confusion s'en mêle, on épuise les munitions sans utilité; bientôt l'artillerie se trouve aventurée au point de ne pouvoir plus se dégager. La cavalerie, dans une position détestable,ne peut être d'aucun secours. Enfin, me voyant près d'être enveloppé, j'ai ordonné la retraite, qui est devenue une déroute générale, sans pouvoir rallier la moindre partie de ma troupe. Mes deux pièces de canon, leurs caissons, ainsi qu'un charriot de vivres et un caisson d'ambulance sont restés au pouvoir de l'ennemi. Il me manque environ cent hommes, mais il en rentre encore. L'ennemi était, sans exagération, au nombre de quatre mille hommes, on le porte même à huit mille ; et cependant, avec un peu d'ensemble dans l'exécution, on pouvait s'en rendre maître; il n'avait point d'artillerie[1]. »
— Rapport de l'adjudant-général Boisguyon, adressé au général Boulard, rédigé le 1er mai 1793 à Machecoul.
« Un détachement de 7 à 800 hommes sortit de Machecoul pour venir attaquer Legé ; M. Charette pour le coup résolut de les attendre et prit sa poistion aux Moulins, au-delà du bourg du côté du chemin de Touvois. Ce chemin étroit et d'ailleurs traversé par un ruisseau, rendait l'attaque de Legé difficile ; ce fut cependant le côté que les Républicains choisirent ; aussi l'affaire ne fut pas longtemps douteuse. En vain les canonniers et les tirailleurs avaient débusqué le poste des Moulins, M. Charette, en même temps qu'ils s'avançaient, faisait filer le long des haies ce qu'il avait d'hommes armés de fusils ; les chevaux d'artillerie furent les premiers renversés, et le corps d'armée, que les chefs républicains tenaient en bataille dans un pré, fusillé de toutes parts sans savoir d'où partaient les coups, se débanda et prit la fuite. Les pièces de canons restèrent engagées dans un chemin plus étroit que leur essieu, l'infanterie se jeta dans le ruisseau qui n'avait pour pont que deux pierres étroites ; alors mouillés jusqu'aux cuisses, les soldats furent bientôt arrêtés par les paysans du lieu qui, connaissant d'autres passages, leur coupèrent aisément la route.
Cette affaire, au fond peu difficile, car nos ennemis presque tous habitants de Nantes, n'étaient guère plus aguerris que nous, devint importante par ses effets. Sans parler des deux pièces de canon qui nous restèrent (nous ne nous en sommes jamais utilement servi) la poudre nous était bien nécessaire ; nous n'avions pas le quart de nos hommes armés. Nous prîmes dans cette affaire encore plus de fusils que de prisonniers et ces derniers avaient des portefeuilles si bien garnis, des montres brillantes et d'autres bijoux, que les plus lâches se promirent du courage dans un autre combat pour attraper ce qu'on appelait "le petit horloge".
Cependant, malgré cette victoire, on n'osa occuper Legé plus longtemps ; des troupes se rassemblèrent pour venir nous attaquer sur plusieurs points et M. Charette crut devoir les éviter. Mais une nouvelle guerre pensa s'allumer au moment du départ entre nos soldats, encore peu habitués à la soumission aveugle que doivent avoir des militaires. Les habitans de Legé, voyant leur pays abandonné à l'ennemi, non seulement refusèrent de partir, mais, accusant de lâcheté ceux qui voulaient suivre le Général, ils entourèrent les deux pièces de canon et voulaient percer de leurs piques quiconque eût osé y toucher. Si M. Charette eût paru en ce moment, un combat sanglant allait peut-être détruire les plus braves de sa petite armée ; il laissa passer le moment de la fureur et lorsqu'après de longues disputes le calme se fut rétabli, comme il arrive presque toujours, il fit atteler les chevaux aux pièces et partit pour Vieillevigne sans qu'on y mît opposition[3]. »
— Mémoires de Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière.
Bibliographie[modifier | modifier le code]
- Jean Julien Michel Savary, Guerres des Vendéens et des Chouans contre la République, t. I, .
, p. 182-183. texte en ligne sur google livres.
- Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière, Lucas de La Championnière, Mémoires d'un officier vendéen 1793-1796, Les Éditions du Bocage, .
, p. 16-17.
- Hervé Coutau-Bégarie et Charles Doré-Graslin (dir.), Histoire militaire des guerres de Vendée, Economica, , 649 p.
, p. 205-217.
- Yves Gras, La Guerre de Vendée (1793-1796), Economica, .
, p. 36.
Références[modifier | modifier le code]
- Jean Julien Michel Savary, Guerre des Vendéens et des chouans, par un officier supérieur de l'armée de Vendée (1824-1827), t. I, p. 182-183.
- Yves Gras, La Guerre de Vendée, p. 36.
- Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière, Mémoires d'un officier vendéen, p. 16-17.
- Hervé Coutau-Bégarie et Charles Doré-Graslin (dir.), Histoire militaire des guerres de Vendée, p. 205-217.