11e régiment de dragons (France)

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11e Régiment de Dragons
Image illustrative de l’article 11e régiment de dragons (France)
Armoiries du 11e régiment de dragons portés en 1939-1940

Création 1791
Dissolution 1940
Pays Drapeau de la France France
Branche Armée de terre
Type Régiment de Dragons
Rôle Cavalerie
Inscriptions
sur l’emblème
Fleurus 1794
Austerlitz 1805
Friedland 1807
Alba de Tormes 1809
Artois 1914
L'Aisne 1918
Guerres Première Guerre mondiale
Seconde Guerre mondiale : Bataille de Belgique et Bataille de France
Batailles 1914 - Bataille de Mulhouse
1914 - Bataille de la Marne
1914 - Bataille d'Arras
1940 - Bataille de Hannut

Le 11e régiment de dragons (ou 11e RD) est une unité de cavalerie de l'armée française, créé sous la Révolution à partir du régiment d'Angoulême dragons, un régiment de cavalerie français d'Ancien Régime.

Création et différentes dénominations[modifier | modifier le code]

La création du 11e Régiment de Dragons, un des quatorze vieux régiments de Louis XIV, remonte à 1674[1]. C'est le de cette année qu'il fut levé sous le nom de « Régiment de Prince » « Angoulême ». Le comte de Saint-Sandoux, Antoine de Ribières, premier mestre-de-camp, forme le nouveau régiment à Tournai[1]. Il compe 4 escadrons de 2 compagnies de 68 hommes[1]. Dès sa constitution, il prend part à la campagne de Hollande et s'y distingue dans les Flandres en 1676[2]. À la mort du comte de Saint-Sandoux, le régiment passe officiellement sous le commandement de Peyssonnel le [3]. En , Peyssonnel-Dragons est donné au chevalier de Gaubert de la Filolie[4] et devient Gaubert-dragons[5]. La guerre de la ligue d'Augsbourg (1688-1697) voit les Dragons du 11e Régiment charger avec succès ou se sacrifier avec héroïsme. C'est au cours de cette guerre qu'ils comptent dans leurs rangs Le Maréchal Duc de Villars. Le le chevalier de Gaubert de la Filolie cède son régiment au chevalier d'Albert d'Ailly de Chaulnes[6]. Le vidame d'Amiens, Louis Auguste d'Albert d'Ailly succède à son frère au commandement du régiment à sa mort en 1701[7]. En 1702, c'est au tour du marquis du Héron, autre frère des précédents de devenir propriétaire et mestre-de-camp du régiment[8]. À la mort de de Héron le , le lieutenant-colonel de Bourneuf en devient le nouveau mestre-de-camp[9]. En 1788, il devient régiment d'Angoulême.

Créé en 1674, ce Régiment s’appellera tout d’abord, comme c’était l’usage alors, du nom de ses colonels successifs.

Le plus illustre d’entre eux, fut, en 1788, le Duc d’Ancqleme, neveu de Louis XVI. D’où le nom d’Angoulême Dragons que le Régiment porte jusqu’en 1791, date à laquelle, une loi de réorganisation de l’armée affecte à ce Corps le no 11 qu’il portera désormais.

Chefs de corps[modifier | modifier le code]

Durant la Restauration, le Régiment est licencié en 1816 pour être reformé en 1825

  • 1825 : Colonel de Dreux-Nancré
    Le colonel de Dreux-Nancré (1787-1848)
  • 1830 : Colonel Delaporte
  • 1836 : Colonel Marmion
  • 1847 : Colonel de la Chaize
  • 1852 : Colonel Damas
  • 1858 : Colonel Touzet du Vigier
  • 1865 : Colonel Huyn de Verneville
  • 1872 : Colonel Robillot
  • 1878 : Colonel Deshautschamps
  • 1884 : Colonel Aragonis d'Orget
  • 1890 : Colonel Dalmas de la Pérouse
  • 1898 : Colonel de Préval
  • 1904 : Colonel Gendron
  • 1912 : Colonel de Nourquer du Camper
  • -  : Lieutenant-Colonel Vieillard ( Colonel en 1915)

Le , le Régiment est partagé en deux groupes[réf. souhaitée] :

Premier groupe : 1er et 2e escadrons : Lieutenant Colonel de Guinebaud du au
Deuxième groupe : 3e et 4e escadrons : Commandant de Thiollaz du au et Chef d'escadrons de Sèze du au

En 1919, le 11e régiment de dragons est reconstitué[réf. nécessaire]

  • 1919 : Colonel Bourret
  • 1921 : Colonel de Magy
  • 1922 : Colonel Borre-Verrier
  • 1923 : Colonel Portalis

Il est dissous en .

Le lieutenant-Colonel Revouy prend le commandement du Régiment à sa remise sur pied à la mobilisation en 1939. Le 11e Régiment de Dragons Portés est dissous à la fin de la Campagne de France en 1940.

Historique des garnisons, combats et batailles[modifier | modifier le code]

Ancien Régime[modifier | modifier le code]

Le Régiment s’illustre sur les Champs de bataille des Flandres, du Rhin, de Picardie :

  • Bataille de Cassel (11 avril 1677) où son colonel y est grièvement blessé[10], combats de Monsen en 1678.
  • garnison à Strasbourg (septembre 1681)[4], garnison à Gemersheim (1693), garnison à Compiègne (octobre 1697), garnison au camp de la Saône près d'Auxonne (octobre 1698)[11] puis en 1699, il fait garnison à Grenoble[6]
  • combats de Carpi (Adige) en 1701 où son mestre-de-camp le chevalier d'Albert d'Ailly de Chaulnes est tué[6], siège de Turin en 1706 où son mestre-de-camp de Héron est tué en chargeant à la tête de ses dragons[9]
  • combats de Worms, de Heidnheim, d’Oudenaerde en 1708, de Denain en 1712, de Fribourg en 1713

Guerres de la Révolution et de l’Empire[modifier | modifier le code]

Uniforme du 11e dragons en 1791.

Il combat avec vaillance, sous la Révolution et la 1re République dans les Armées du Rhin, de Sambre-et-Meuse et du Danube[12] ; il se fait remarquer spécialement :

Bataille de Fleurus[12]


Le 11e Dragons fait partie ensuite des armées napoléoniennes :

2 décembre : Bataille d'Austerlitz. Le Colonel Bourdon est tué en chargeant à la tête du Régiment[12],[13]
14 octobre : Bataille d'Iéna[réf. souhaitée]
  • 1807 :
8 février : Bataille d'Eylau. Sous les ordres du Colonel Bourbier qui décédera des suites de ses blessures[12],[13].
bataille de Friedland : enveloppé de toutes parts, il reste inébranlable ; sa résistance permet de contre-attaquer et de remporter la victoire[12],[14].
16-19 octobre : Bataille de Leipzig[12]
bataille de Saint-Dizier[12],[14]
Bataille de Brienne[12],[14]
Bataille de Montmirail[14]


De 1815 à 1852[modifier | modifier le code]

Après l'abdication de l'Empereur, le régiment prend le nom de « Dragons du Berry » mais reprend son nom en 1815 pendant les Cent Jours[12].

Le Régiment est dissous fin à la suite de la seconde abdication de l'Empereur[12].

Recréé en 1825, il fait partie du corps expéditionnaire de la Méditerranée envoyé combattre la République romaine et participe au siège de Rome[12].

Ne sera plus engagé jusqu'en 1870[12].

Second Empire[modifier | modifier le code]

Durant la guerre de 1870, fait partie du 4e corps d'armée. En 1870, incorporé à l’armée du Rhin. le régiment participe aux batailles de :

Borny-Colombey [réf. souhaitée]
Rezonville[12],[14]
Saint-Privat[12],[14]

Le régiment est capturé lors de la reddition de la place forte de Metz[réf. souhaitée].

De 1871 à 1914[modifier | modifier le code]

En 1907, le régiment s'installe à Belfort qui sera sa garnison jusqu'en 1913[12].

Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Portrait du capitaine de Lormel, un officier du 11e dragons en 1914-1915.

Au déclenchement de la première guerre mondiale, le 11e régiment de dragons est en garnison à Belfort[15]. Il fait partie de la 11e brigade au sein de la 8e division de cavalerie.

Il appartient à la 8e division de cavalerie d' à .

1914[modifier | modifier le code]

  • août : offensive en Alsace, combat à Mulhouse, à Hirtzbach où le régiment capture un escadron entier du 5e Chasseurs Allemands.
 : Le régiment est déplacé par voie ferrée vers la Marne, il fait partie du groupe de cavalerie Conneau. Il est présent à Épernay.
  •  : combat à Dormans puis à Montfaucon puis Viels-Maisons et Choisy
  • -  : bataille de la Marne.
  • octobre : course à la mer, combats de Monchy-au-Bois, près d’Arras, en effectuant une attaque à pied, la lance à la main en guise de baïonnette : il éprouve là de grosses pertes.

1915[modifier | modifier le code]

  • mai : secteur de l'Artois.
  • juin - septembre : secteur de Champagne.

1916[modifier | modifier le code]

  • janvier - juillet : Champagne, secteur de la Main de Massiges.
  • dissolution du régiment. Le régiment fournit de nombreux cadres à l’Infanterie. Ensuite ses escadrons deviennent escadrons divisionnaires de Divisions d’Infanterie : ils se font remarquer par leur ardeur et leur habilité à réaliser des coups de main. Ils participent brillamment, en 1918, aux offensives finales.

1918[modifier | modifier le code]

Bien que le régiment soit formellement dissout, les trois escadrons régimentaires sont regroupés le 29 décembre 1918 le temps d'une entrée dans Mulhouse[12],[16].

Entre-deux-guerres[modifier | modifier le code]

Reconstitué en 1925, le 11e dragons tient garnison à Belfort puis est dissous en 1928[12].

Un escadron du 11e Chasseurs, en garnison à Vesoul, demeurera jusqu’au , l’unité de tradition du 11e Régiment de Dragons.

Seconde Guerre Mondiale[modifier | modifier le code]

Reformé le à Saint-Germain-en-Laye, le 11e régiment de dragons portés est rattaché à la 2e brigade de dragons portés, destinée à renforcer le corps de cavalerie du général Prioux (formé des 1re et 2e DLM à l'époque). Le 11e RDP, constitué de deux bataillons à quatre escadrons, est pauvrement équipé et ses dragons sont initialement transportés dans des autocars de réquisition[17].

Fin décembre 1939, la 2e brigade de dragons portés est dissoute et le 11e RDP est affecté à la 3e division légère mécanique (DLM). Il reçoit le renfort d'un bataillon du 12e régiment de dragons portés[17].

Début mai 1940, le 11e RDP, commandé par le colonel Renouy, est constitué comme suit[17],[18] :

  • 1 escadron hors-rang ;
  • 1er bataillon, commandé par le capitaine Laffargue :
    • 1er escadron motocycliste, 2e et 3e escadrons de fusiliers (sur véhicules tout-terrain Laffly S20TL (it)), 4e escadron de mitrailleuses et d'engins (canons antichars de 25 et mortiers, également sur Laffly) et 13e escadron de chars légers ;
  • 2e bataillon, commandé par le capitaine Brau et organisé comme le 1er :
    • 5e escadron motocycliste, 6e et 7e escadrons de fusiliers, 8e escadron de mitrailleuses et d'engins et 14e escadron de chars légers ;
  • 3e bataillon, commandé par le commandant Kientz :
    • 9e escadron motocycliste, 10e et 11e escadrons de fusiliers, 12e escadron de mitrailleuses et d'engins et 15e escadron de chars légers.

Les escadrons de chars légers sont équipés de 23 chars Hotchkiss chacun[19], un escadron (le 14e, ancien 4e escadron du 1er régiment d'automitrailleuses) avec des H35 et les deux autres avec des H39[20]. Formés à Saumur début 1940[18], le 14e escadron rejoint le le régiment, et les deux autres le [20].

Avec sa division, le 11e RDP participe à la bataille de Hannut. Le 12 mai 1940, 1er bataillon, renforcé par les chars de la division, défend Crehen, Thisnes et Wansin face à la 4. Panzerdivision. Le 13 mai, la 3. Panzerdivision attaque le 2e bataillon à Maret, Orp-le-Petit et Orp-le-Grand, ainsi que le 1er bataillon (renforcé par le 6e GRCA) à Jandrain. Cette dernière localité est abandonnée à 18 h mais les Allemands ont encerclé les Français et font 400 prisonniers[21],[22], dont le capitaine Laffarque, commandant le bataillon. Le capitaine Pinta prend le commandant des rescapés du 1er bataillon[23]. Le 16 mai, les restes du 54e bataillon de mitrailleurs motorisés sont amalgamés au régiment[23]. Le 16 et le 17, le régiment couvre sur le canal Charleroi-Bruxelles le repli de l'infanterie française qui, après avoir stoppé les Allemands à Gembloux, doit recoller avec les unités françaises plus au sud[17]. Le 21 mai, le régiment combat au début de la bataille d'Arras en soutien des Britanniques. Le régiment protège la retraite de sa division vers Dunkerque puis embarque vers l'Angleterre[18].

Début juin 1940, le 11e RDP, toujours sous les ordres du colonel Renouy, est reconstitué avec un bataillon de 4 escadrons portés sur camions (GMC ACK, Laffly S20TL et Laffly V15T[24]) et un escadron moto. Il combat à nouveau les Allemands à partir du 14 juin[18]. Il est dissout après l'Armistice de 1940[12].

Traditions[modifier | modifier le code]

Décoration[modifier | modifier le code]

Le régiment est décoré de la croix de guerre 1914-1918.

Devise[modifier | modifier le code]

Pro gemino certamine[25]

Insigne[modifier | modifier le code]

L'insigne du 11e RDP de 1939 représente les armoiries d'Angoulême, avec en chef un listel ANGOULEME DRAGONS et en pointe l'inscription 11e DRAGONS[25].

Étendard[modifier | modifier le code]

Il porte, cousues en lettres d'or dans ses plis, les inscriptions suivantes[26] :

Personnalités ayant servi au 11e régiment de dragons[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Savin de Larclause 1891, p. 21.
  2. Savin de Larclause 1891, p. 22.
  3. Savin de Larclause 1891, p. 24.
  4. a et b Savin de Larclause 1891, p. 25.
  5. Savin de Larclause 1891, p. 26.
  6. a b et c Savin de Larclause 1891, p. 28.
  7. Savin de Larclause 1891, p. 29.
  8. Savin de Larclause 1891, p. 30.
  9. a et b Savin de Larclause 1891, p. 32.
  10. Savin de Larclause 1891, p. 23.
  11. Savin de Larclause 1891, p. 27.
  12. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s et t Henri Azéma, « Historique succinct - 11e dragons », sur cavaliers.blindes.free.fr (consulté le )
  13. a b et c Bouret 1919, p. 3.
  14. a b c d e et f Bouret 1919, p. 4.
  15. Bouret 1919, p. 5.
  16. Bouret 1919, p. 16.
  17. a b c et d Erik Barbanson, « Etienne Morin : aquarelles de guerre », Histoire de guerre, blindés et matériel, Histoire & Collections, no 74,‎ , p. 20-25
  18. a b c et d « 3e Division Légère Mécanique », sur www.tanaka-world.net (consulté le )
  19. François Vauvillier, « Notre cavalerie mécanique à son apogée le 10 mai 1940 », Histoire de guerre, blindés et matériel, Histoire & Collections, no 75,‎ , p. 47
  20. a et b François Vauvillier, Les automitrailleuses de reconnaissance, t. 2 : L'AMR 35 Renault : ses concurrentes et ses dérivés, Paris, Histoire & Collections, coll. « Les matériels de l'armée française », , 65 p. (ISBN 2-915239-70-3), p. 63
  21. Cédric Mas, « La Bataille de Hannut », Batailles & Blindés, Caraktère, no 41,‎ , p. 48-59 (ISSN 1765-0828)
  22. (en) Douglas C. Dildy, Fall Gelb 1940 (2) : Airborne assault on the Low Countries, Osprey Publishing, (ISBN 978-1-4728-0275-0, lire en ligne), p. 67-74
  23. a et b « 11e régiment de Dragons Portés (11e RDP) », sur www.tanaka-world.net (consulté le )
  24. Jacques Belle, « De nouvelles unités mécaniques pour la Ligne Weygand », Guerre, blindés et matériel, Histoire & Collections, no 135,‎ , p. 53-64
  25. a et b « LES DRAGONS : 11e Régiment de Dragons (Angoulême) », sur cavaliers.blindes.free.fr (consulté le )
  26. Décision no 12350/SGA/DPMA/SHD/DAT du 14 septembre 2007 relative aux inscriptions de noms de batailles sur les drapeaux et étendards des corps de troupe de l'armée de terre, du service de santé des armées et du service des essences des armées, Bulletin officiel des armées, no 27, 9 novembre 2007
  27. « Le général Kientz est nommé gouverneur des Invalides », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )

Sources et bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Charles Jules Arthur Savin de Larclause, Historique du 11e régiment de dragons, depuis sa création en 1674 jusqu'en 1890, Fontenay-le-Comte, L.-P. Gouraud, , 348 p..

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]