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Magog (Bible)

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Magog (Bible)

Magog ou Gog (en hébreu מגוג, en grec Μαγώγ) est un nom qui apparaît 5 fois dans la Bible et 2 fois dans le Coran.

Carte du monde ayant Jérusalem comme centre. Le pays de Gog correspond au no 5[1].

L'origine du terme n'est pas claire, ce nom désigne soit une personne, soit une peuplade, soit une réalité géographique (pays ou ville). Dans le livre d'Ézéchiel, les peuplades païennes Magog vivent « au nord du Monde », et représentent métaphoriquement les forces du Mal, ce qui l'associe aux traditions apocalyptiques.

Dans la Bible

Dans le livre de la Genèse[2] et le premier livre des Chroniques[3], Magog désigne un des 7 fils de Japhet, fils de Noé et Gog un fils de la descendance de Joël[4].

Dans le livre d'Ézéchiel[5], Gog est prince de Magog, chef de Méshek et de Tubal. Il envahit Israël et affronte la colère de Dieu.

Page du Beatus de Facundus, manuscrit enluminé du XIe siècle, Gog et Magog apparaissent dans la tranche du milieu, à gauche du faux prophète (grand personnage tenant un livre).

Comme souvent, il a aussi un sens symbolique. Le général et historien juif Flavius Josèphe[6] en témoigne. Il désigne alors des peuples païens coalisés contre le Peuple de Dieu, ainsi qu’en témoigne le livre de l'Apocalypse [7]. Dans ce cas, il se rapporte à la fin du monde et au combat cosmologique du bien et du mal. « Gog et Magog » (Gog et son pays) désigne alors ceux trompés par le mal.

Si l’on veut essayer de préciser l’aire géographique désignée, il faut remarquer

  1. que les fils de Japhet sont souvent associés avec l’Asie mineure ;
  2. Gog, roi de Magog, est allié avec Bet-Togarma qui est caractérisé comme venant « de l’extrême Nord »[8] ;
  3. un feu du ciel tombe « sur Magog et sur les habitants des îles »[9].
    D’où une première hypothèse : l’Asie mineure.
    Flavius Josèphe pense qu’il y avait un rapport avec les tribus scythes, barbares avides et guerriers possédant une importante cavalerie et habiles à l’arc et à l’épée, qui se trouvaient dans le N.-E. de l’Europe et de l’Asie centrale. À l’époque de cet auteur, les Scythes représentaient un archétype du fléau barbare[10].
  4. Cependant, selon la Traduction œcuménique de la Bible[11], il faut se garder de toute identification géographique car le texte de l'Apocalypse précise que les peuples viennent des « quatre coins de la terre ».

Gog et Magog ont la même racine : Gog serait le calque sémitique du roi lydien Gygès (akkadien : Gugu). La région concernée serait la Lydie, et Magog serait une dérivation par l’akkadien du « pays de Gygès » (mā(t) gugu). « Son ultime raison d’être n’est peut-être qu’une assonance voulue entre Gog et Magog … dans les légendes dont le roi lydien est devenu très tôt l’objet »[12].

Ainsi, le couple « Gog et Magog » aurait-il dès son premier usage biblique[13] un sens de fléau mythique et infernal. C’est ainsi, qu’on les associe par la suite, aux invasions barbares déferlant sur l’Europe[14].

Leurs représentations se retrouvent bientôt en Angleterre, où les géants « Gog et Magog » personnifient les « barbares » autochtones combattant Brutus, le premier roi légendaire des Bretons. Ils sont aujourd’hui considérés comme les gardiens mythiques de la Cité de Londres. Saint Ambroise affirme que Gog signifie Goth (Gog iste Gothus est). Isidore de Séville considérait les Gètes-Goths comme la progéniture de Gog et Magog[15].

Dans la culture populaire

Le groupe de rock progressif Genesis y fait référence dans sa chanson Supper's Ready. En live, le chanteur et leader Peter Gabriel portait le "costume de Magog"

Dans le Coran

Dans la sourate XVIII, versets 92-99, le récit de deux peuples venant du Nord et attaquant Israël à la fin des temps est repris. Dhû-l-Qarnayn, découvrant une terre dévastée par Gog et Magog, Yajouj et Majouj en arabe, construit une digue (radm) qui ne puisse être escaladée ou ébréchée[16]. Néanmoins, il prédit que ce mur serait réduit en poussière à la fin des temps. Dans la sourate 21, le rôle de Gog et Magog est plus général. L'invasion par Gog et Magog est interprété comme un des signes de la fin des temps[16].

Les commentateurs ont enrichi ce récit d'autres « renseignements empruntés à la littérature merveilleuse médiévale »[16]. Ainsi, le pays de Gog et Magog serait quatre fois plus grand que celui des hommes et aurait une population incalculable. Les récits en font des humanoïdes étranges, hybrides... Selon Tabari, les hordes de Gog et Magog creusent la muraille tous les jours et Allah la répare toutes les nuits[16].

Ce rôle eschatologique de Gog et Magog peut être relié aux récits apocalyptiques judéo-chrétiens[16]. Ce thème de Gog et Magog était particulièrement apprécié dans la littérature homilétique syriaque, comme chez Éphrem le Syrien. Celle-ci amalgame déjà les données bibliques à la figure d'Alexandre le Grand[16]. Il est fort probable[17] que ce récit reprenne un passage du Roman d'Alexandre du Pseudo-Callisthène. D'autres éléments non-coraniques du récit se retrouvent dans la légende syriaque d'Alexandre (VIe siècle) ou dans l'Apocalypse du pseudo-Méthode (VIIe siècle). Ainsi, si le récit coranique est « tributaire de l'environnement judéo-chrétien de l'Arabie préislamique », il est aussi le point d'origine de toute une mythologie liée au brassage entre les musulmans et les populations autochtones du premier empire musulman[16].

Notes et références

  1. Une meilleure image, mais sans légende, se trouve ici.
  2. Gn 10. 1-5.
  3. 1Ch 1. 5.
  4. 1Ch 5. 4.
  5. Ez 38. 2 et Ez 39. 6.
  6. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques I, vi, 1.
  7. Ap 20. 8
  8. Ez 38. 6.
  9. Ez 39. 6.
  10. sources
  11. (fr) Collectif, La Bible, Traduction œcuménique, Villiers-le-Bel/Paris, Bibli'O - Société biblique française — Les éditions du Cerf, , III éd. (ISBN 2-204-03079-1), Apocalypse 20,8, note p
  12. E. Lipinsky, Dictionnaire encyclopédique de la Bible.
  13. « Premier » au sens chronologique, le plus ancien. Ce qui ne correspond pas forcément à l’ordre des livres bibliques.
  14. « Attila entre l'histoire et la légende », Edina Bozoky, Maître de conférence en histoire médiévale à l’université de Poitiers, consulté le 05/12/2015.
  15. Patrice Lajoye, "Histoire d'un pseudo mythe celte: Gog et Magog", Bulletin de la Société de Mythologie Française, n°220, 2005, p. 10-15.
  16. a b c d e f et g Yahia M., "Gog et Magog", Dictionnaire du Coran, 2007, Paris, p.371.
  17. article « Dhu l-Quarnayn », in M. Ali Amir-Moezzi (dir.), Dictionnaire du Coran, op. cit.

Sources

  • O Odelain & R Seguineau, art. « Magog », Dictionnaire des noms propres de la Bible, Cerf, Paris, 1988 (ISBN 2-204-01163-0)
  • David Noel Freedman & alii, art. « Magog », Anchor Bible Dictionary, vol. 4, Doubleday, 1992 (ISBN 0-385-19362-9)
  • Collectif, art. « Magog » (E. Lipinsky), Dictionnaire encyclopédique de la Bible, Brepols, 1987 (ISBN 2-503-59002-0)
  • Daniel de Smet, article « Dhu l-Quarnayn », in M. Ali Amir-Moezzi (dir.), Dictionnaire du Coran, éd. Robert Laffont, 2007, p. 218-221.

Articles connexes

Voir aussi

Liens externes