Jean Bart

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Jean Bart
Jan Baert
Jean Bart
Jean Bart par Mathieu Elias.

Naissance
à Dunkerque (comté de Flandre)
Décès (à 51 ans)
à Dunkerque (Flandre française)
Origine Flamand
Allégeance Drapeau des Provinces-Unies Provinces-Unies (1666-1672)
Drapeau du royaume de France Royaume de France (1672-1697)
Arme Marine hollandaise
Corsaire
Pavillon de la marine royale française Marine royale française
Grade Chef d'escadre
Années de service 16661697
Conflits Guerre de course
Guerre de Hollande
Guerre de la Ligue d'Augsbourg
Faits d'armes 1667 : Raid sur la Medway
1689 : Évasion de Plymouth
1694 : Prise d'un convoi de blé au large de Texel
1696 : Bataille du Dogger Bank
Distinctions Chevalier de l'Ordre de Saint-Louis
Hommages Vingt-sept navires
Nombreuses voies
Une statue à Dunkerque
Une stèle dans l'église Saint-Éloi de Dunkerque
Cantate à Jean Bart
Porte Jean Bart, Arsenal de Brest (Recouvrance
Lycée Jean Bart, Dunkerque
Erea Jean Bart, Redon
Autres fonctions Commandant de la Marine à Dunkerque
Famille Famille Bart
Signature de Jean Bart

Emblème
Corsaires dunkerquois

Jean Bart, en flamand Jan Bart[Note 1] ou Jan Baert[1], né le à Dunkerque (comté de Flandre) et mort le dans cette même ville (Flandre française), est un corsaire célèbre pour ses exploits au service de la France durant les guerres de Louis XIV.

Il commence à naviguer à quinze ans sous les ordres de Michiel de Ruyter et participe en 1667 au raid hollandais sur la Tamise. Pendant la guerre de Hollande, il est corsaire pour le compte de la France sous ce règne et accumule les prises (plus de cinquante entre 1674 et 1678). Admis dans la Marine royale avec le grade de lieutenant de vaisseau en , il croise en Méditerranée contre les Barbaresques, autrefois esclavagistes, et est promu capitaine de frégate en . En 1689, il est chargé, en compagnie de Claude de Forbin de conduire un convoi de Dunkerque à Brest, il est fait prisonnier par les Anglais, s'évade et revient à Saint-Malo en traversant la Manche à la rame. Promu capitaine de vaisseau en , il met au point une tactique de guerre fondée sur l'utilisation de divisions de frégates rapides et maniables, sorte de « préfiguration des meutes de sous-marins de la Seconde Guerre mondiale ».[citation nécessaire]

En 1690, il commande L'Alcyon à la bataille du cap Béveziers, puis il escorte les convois en mer du Nord après avoir brisé le blocus imposé à Dunkerque. En 1692, il détruit une flottille de 80 navires de pêche hollandais. Son exploit, sans doute le plus célèbre, qui lui vaut des lettres de noblesse, est la reprise sur les Hollandais devant le Texel d'un énorme convoi de cent-dix navires chargés de blé que la France avait acheté à la Norvège (). En , il livre sur le Dogger Bank un violent combat à une escadre hollandaise, détruisant plus de 80 navires, et rentre à Dunkerque en déjouant la surveillance anglaise. Promu chef d'escadre en , il conduit le prince de Conti en Pologne, puis commande la marine à Dunkerque où il meurt le .

Biographie[modifier | modifier le code]

Naissance dans une famille de marins et de corsaires[modifier | modifier le code]

Jean Bart naît dans une famille de marins, de militaires et de corsaires dunkerquois. Il est le second des huit enfants de Jean-Cornil Bart (v. 1619-1668), qui combat pour le compte des Provinces-Unies et meurt au combat contre les Anglais, et de Catherine Bart (1625-1682, née Jansen Rodrigues), fille du corsaire Henri Jansen[2] et d'Elisabeth Rodrigues, fille de négociants originaire d'Espagne[2]. Sa langue maternelle est le flamand[2].

Avant lui, son aïeul, Cornil Weus, vice-amiral, combat les Hollandais, pour le compte de l'Espagne, au début de la guerre de Quatre-Vingts Ans. Son arrière-grand-père, Michel Jacobsen (1560-1632) se distingue au service de la couronne d'Espagne, en ramenant l'Invincible Armada après sa tentative ratée d'invasion de l'Angleterre en 1588. Il est nommé vice-amiral par Philippe IV d'Espagne. En 1622, son grand-oncle, Jan Jacobsen, lui aussi au service de l'Espagne, se fait sauter avec son navire, le Saint-Vincent, plutôt que de se rendre. Son fils, Gaspard Bart, oncle de Jean Bart, est mousse à bord du Saint-Vincent, il survit au sabordage du navire, mais il mourra plus tard au combat. Michel Bart, un autre fils de Gaspard Bart, corsaire, meurt au combat contre les Hollandais. Ses aïeux sont capitaines de navire corsaire mais son père Jean-Cornil n'est que second. La légende d'un Jean Bart fils de pêcheur, sans éducation et grossier est contredite par les faits : il est issu d'une famille d'excellents officiers ayant servi la marine espagnole et dunkerquoise[3].

Après lui, la tradition familiale se perpétue puisque ses frères Cornil, Gaspard, et Jacques Bart, seront tous les trois corsaires. Son fils François-Cornil Bart servira lui dans la Marine royale et sera nommé vice-amiral du Ponant par Louis XIV. Enfin, le , à bord de la Danaé, son neveu Pierre-Jean Bart et son fils Benjamin, mourront au service de la France en tentant de forcer un blocus anglais près des côtes de la Manche afin de ravitailler la ville de Québec alors sur le point d'être assiégée[2].

Jeunesse et débuts dans la flotte des Provinces-Unies (1650-1672)[modifier | modifier le code]

Jean Bart naît le , et est baptisé le lendemain 22 octobre[Note 2]. Pendant ses premières années, sa ville natale, Dunkerque est l'objet de plusieurs affrontements entre les grandes puissances européennes de l'époque. Le , Dunkerque passe entre les mains de l'Espagne. L'armée de Turenne reprend la ville après la bataille des Dunes le . Le soir même, Louis XIV remet la ville aux Anglais, alors alliés à la France. Peu après la ville redevient française, Louis XIV l'ayant rachetée à Charles II d'Angleterre. Il y fait son entrée le .

Raid sur la Medway (Tocht naar Chatham), tableau de Pieter Cornelisz van Soest, peint vers 1667.

En 1662, Jean Bart a onze ans et huit mois lorsqu'il s'engage comme mousse sur un navire de contrebande. Le capitaine de ce navire, Jérôme Valbué, pilote hauturier des bâtiments du roi, est un homme assez instruit, y compris en astronomie, et c'est en sa compagnie que le jeune Jean Bart effectue ses premières sorties en mer[4].

En 1666, la France s'allie avec les Provinces-Unies contre l'Angleterre. Le père de Jean Bart trouve la mort au service des Hollandais dans l'attaque d'un vaisseau anglais. Durant l'été, il s'engage comme matelot sur le Sept Provinces, navire amiral hollandais, sous les ordres de l'amiral Michiel de Ruyter. En , la flotte hollandaise remonte la Tamise et la Medway et assiège Londres, puis les Anglais et les Hollandais signent le traité de Breda. De Ruyter confie à Jean Bart le commandement d'un brigantin : Le Canard Doré[5].

Corsaire au service du roi de France, pendant la guerre de Hollande (1672-1678)[modifier | modifier le code]

Lorsque Louis XIV entre en guerre contre la Hollande (Guerre de Hollande) en 1672, Jean Bart servait alors en qualité de second lieutenant sur un bâtiment flessingois. Il regagne la France en compagnie de son ami Charles Keyser. En 1673, il embarque comme second à bord de l'Alexandre sous les ordres du câpre Willem Dorne, pour pratiquer la guerre de course. L'année suivante, il commande Le Roi David, galiote armée de deux canons. Le , il s'empare de sa première prise : un dogre hollandais "L'homme sauvage" et fait 7 prises pour 260 000 livres tournois [6]. Le 17 février, l'Angleterre signe la paix avec les Provinces-Unies déjà alliées de l'Espagne. Le 6 avril, Bart s'empare d'une pinasse anglaise, le 16 mai d'un dogre. Cette année-là, huit autres prises complètent le tableau. En avril 1676, il embarque sur La Royale, armée de huit canons, avec laquelle il s'empare de quatre bateaux de pêche. Puis à bord du Grand Louis il capture vingt-huit vaisseaux. En septembre, la France déclare la guerre à la Ligue hanséatique. À Hambourg La Royale est saisie. Le corsaire peut toutefois regagner Dunkerque[Note 3].

Le , à l'âge de vingt-cinq ans, il épouse Nicole Goutier ou Gontier (1659-1682, fille d'un riche aubergiste, elle lui apporte une dot respectable de 10 000 livres), âgée de seize ans, à qui il offre, en guise de cadeau de mariage, L'Espérance, une frégate légère de 10 canons, dont il s'était emparé aux dépens des Provinces-Unies. L'année même de son mariage, il capture vingt bâtiments[2].

En 1676, il rencontre une flotte de busses[Note 4], escortée par une frégate légère de 12 canons. Il l'attaque et se rend maître de trois des busses et de la frégate. Quatre jours plus tard, il capture dix autres busses et une frégate de 12 canons. Chargé, par des armateurs particuliers, de commander une frégate de 24 canons et de 150 hommes d'équipage, il découvre, en compagnie de quatre autres corsaires dunkerquois, une flotte marchande convoyée de trois frégates, la rejoint à hauteur d'Ostende et la bat, après un combat de trois heures. Le , il enlève seul une frégate hollandaise de 36 canons qui escortait un grand nombre de busses. Pour l'année 1676, le nombre de prises effectuées par Jean Bart s'élève à dix-sept. Il commence à attirer l'attention du ministre de la Marine Colbert et du roi lui-même qui lui envoie une chaîne en or en guise de récompense[7].

À bord de La Palme, frégate de vingt-quatre canons, Jean Bart prend la mer à la tête d'une flottille de six navires en 1677, flottille qui s'empare d'une vingtaine de vaisseaux. À bord du Dauphin, frégate de quatorze canons, Jean Bart arraisonne un quatre-mâts hollandais. Au large de l'île de Texel, en , la petite escadre de quatre navires commandée par Jean Bart, s'attaque au Schiedam, une frégate de 24 canons de la flotte hollandaise. Jean est gravement blessé aux mains et au visage par l'explosion d'une grenade, un boulet de canon emporte des lambeaux de chair de ses jambes[Note 5]. Le Schiedam est néanmoins remorqué jusqu'à Dunkerque. À bord du Mars, corsaire de vingt-six canons, il arraisonne encore quelques navires, lorsque le 10 août, la France et la Hollande signent le traité de Nimègue, mettant ainsi fin à la guerre de Hollande.

La paix avec l'Angleterre et la Hollande[modifier | modifier le code]

La paix signée, Jean Bart rejoint la Marine royale sur la recommandation du célèbre Vauban et, le , Louis XIV le nomme lieutenant de vaisseau[8]. La France, l'Angleterre et les Provinces-Unies sont en paix. Jean Bart est un temps désœuvré. En 1681, trois frégates quittent Dunkerque pour chasser les pirates barbaresques qui hantent le bassin méditerranéen[9]. Jean Bart commande La Vipère, frégate de douze canons. Il capture quelques bateaux pirates, mais bientôt ceux-ci signent une trêve avec la France. La mère de Jean Bart meurt, suivie quelques mois plus tard par sa fille, et en fin d'année par sa femme Nicole, alors âgée de vingt-trois ans.

En 1683, la France est en guerre contre l'Espagne. Jean Bart capture un vaisseau espagnol chargé de transporter 350 hommes de troupe et le ramène à Brest[10]. La même année, il embarque avec le 1er marquis d'Amblimont, sur Le Modéré, et contribue à la prise de deux vaisseaux espagnols dans le voisinage de Cadix[11]. Cependant, la marine espagnole étant bien plus faible que la marine française, Charles II d'Espagne signe vite une trêve. Le , il est nommé capitaine de frégate de la marine royale, et commande La Serpente, frégate de vingt-quatre canons.

Guerre de la Ligue d'Augsbourg (1688-1697)[modifier | modifier le code]

La capture de Jean Bart et de Forbin près des côtes anglaises.

En 1688, la France alliée au Danemark et à l'Empire ottoman, entre en guerre contre la ligue d'Augsbourg qui réunit l'Angleterre, l'Allemagne, l’Espagne, les Pays-Bas, la Savoie et la Suède.

Escorteur en Manche et captivité en Angleterre (1689)[modifier | modifier le code]

Claude de Forbin (1656-1733) avec qui Jean Bart partage sa captivité à Plymouth.
Jean Bart et Forbin s'échappant d'Angleterre en 1689.

En 1689, Jean Bart quitte Dunkerque en compagnie de Claude de Forbin pour escorter des convois, le premier avec une petite frégate La Raillause de 24 canons, le second avec une plus petite encore baptisée Les Jeux. Au cours d'un premier combat, ils se rendent maîtres - après un sanglant abordage - d'un corsaire hollandais venu en reconnaissance, et le conduisent à Brest avec les bâtiments qu'il escortait. Mais une seconde affaire, quoique non moins brillante, ne leur réussit pas aussi bien. Ils convoyaient vingt bâtiments, quand, au large de l'Île de Wight, ils sont pris en chasse par deux vaisseaux anglais, de 50 canons chacun. Refusant la capture des navires marchands qu'ils escortaient, les deux officiers décident d'engager le combat, mais ne pouvant lutter contre la supériorité des forces anglaises, ils sont battus, faits prisonniers et envoyés à Plymouth[Note 6]. Ils réussissent à s'évader et gagnent Erquy après trois jours de rame[12].

« Malgré les blessures nombreuses qu'ils avaient reçues et malgré leur captivité, les deux braves marins n'étaient point perdus pour la France. Ils usèrent bientôt d'adresse, gagnèrent tout d'abord un matelot d'Ostende qui leur procura une lime, à l'aide de laquelle ils scièrent peu à peu les barreaux de fer de leur fenêtre; ils réussirent à cacher leur opération jusqu'à ce que leurs blessures commençassent à se guérir. Ayant ensuite mis dans leurs intérêts deux mousses qu'on leur avait donnés pour leur service, ils s'emparèrent par leur intermédiaire d'un canot norvégien dont le batelier était ivre-mort, descendirent une nuit par la fenêtre de la prison au moyen de leurs draps, et s'embarquèrent sur le petit canot avec autant d'assurance que si c'eût été un vaisseau amiral. Jean Bart maniait l'aviron aidé seulement des deux mousses ; Forbin ne le pouvait à cause de ses blessures encore saignantes. Ils traversèrent ainsi la rade de Plymouth, au milieu de vingt bâtiments qui criaient de tous côtés : « Où va la chaloupe? » et auxquels Jean Bart, qui avait l'avantage sur Forbin de savoir l'anglais, répondait fishermen, c'est-à-dire : pêcheurs ! Enfin, après avoir fait sur leur chétive embarcation soixante-quatre lieues dans la Manche, en moins de quarante-huit heures, ils prirent terre avec une inexprimable joie, à un village situé à six lieues de Saint-Malo, où ils apprirent que le bruit de leur mort était généralement répandu[13]. »

Retour en France, promotion et remariage[modifier | modifier le code]

Quinze jours après son évasion, le , Jean Bart est nommé capitaine des vaisseaux du roi, en récompense de son dévouement à sauver la flotte marchande[13],[14]. Le 13 octobre de la même année, après sept années de veuvage, et alors qu'il est âgé de trente-neuf ans, il épouse Jacqueline Tugghe, en secondes noces. À la tête de trois frégates légères, il s'empare, sur les côtes de Hollande, d'une galiote transportant des troupes pour le prince d'Orange, et de trois autres bâtiments qu'il rançonne de 3 800 florins.

Combats en Manche et blocus de Dunkerque (1690-1691)[modifier | modifier le code]

L'année suivante, il reçoit le commandement de la frégate L'Alcyon au sein de la flotte conduite par Tourville, vice-amiral de la flotte du Levant, destinée à agir contre les forces navales combinées d'Angleterre et de Hollande. Il prend part à la bataille du cap Béveziers, remportée par Tourville, le , ainsi qu'à la fameuse campagne du Large effectuée par l'illustre amiral, entre juin et .

Mais cette année-là, Jean Bart se distingue surtout par son extraordinaire sortie de Dunkerque avec une escadre placée sous ses ordres. Deux ans auparavant, Jean Bart avait soumis au département de la marine un projet d'expédition pour ruiner le commerce des Hollandais en mer du Nord, lorsque le ministre de Pontchartrain lui donne l'autorisation et les moyens de l'exécuter. À cette occasion, Forbin est à nouveau placé sous ses ordres. De 1690 à 1693, Jean Bart détruit plus de 150 busses harenguières hollandaises pour affamer leur pays, ce qui lui vaut des Hollandais le titre de « maxima pirata »[2].

Apprenant qu'un armement se préparait à Dunkerque, une flotte de trente-cinq à quarante vaisseaux anglais vient bloquer la rade de Dunkerque. Après quinze jours passés dans la rade, sans que les Anglais et les Hollandais jugent utile de l'attaquer ; Jean Bart parvient à prendre le large, de nuit, avec sept frégates et un brûlot. Dès le lendemain, il s'empare de quatre bâtiments chargés de marchandises pour la Russie et de deux navires d'escorte anglais. Mettant ses prises à l'abri d'un port de Norvège, alors en paix avec la France, Jean Bart reprend la mer pour s'emparer d'une flotte de pêcheurs hollandais et du navire de guerre qui l'accompagnait. Dans la foulée, il fait encore une razzia sur les côtes d'Écosse, où il pille un château et incendie quatre villages[15].

Voyage à la Cour et prise du convoi de Smyrne (1692-1693)[modifier | modifier le code]

Jean Bart par Jean-Léon Gérôme (1862).

En France, chacun a entendu parler des exploits du corsaire, aussi Louis XIV invite-t-il Jean Bart à la cour de Versailles, en 1692, afin d'honorer ses victoires maritimes. Plus habitué à combattre sur mer qu'à l'étiquette, Jean Bart s'attire les moqueries d'une partie des gentilshommes présents[Note 7], mais aussi sûrement une part de jalousie[Note 8].

En 1693, il commande le vaisseau Le Glorieux, de 62 canons, sous les ordres du maréchal de Tourville. Après le brillant combat de Lagos et la capture du « convoi de Smyrne », il quitte la flotte et rencontre près de Faro six bâtiments hollandais, de 24 à 50 canons, tous richement chargés, les contraint à s'échouer, et les brûle[16]. De retour à Toulon, il reçoit l'ordre de passer à Dunkerque pour y prendre le commandement d'une escadre de six frégates, ayant pour mission de ramener de Vlecker une flotte chargée de blé pour le compte du roi. Il mène cette mission avec succès et, peu de temps après, il enlève, près des bancs de Flandre, trois frégates anglaises, dont les deux premières servaient d'escorte à un transport de munitions de guerre pour le roi Guillaume III.

Sauvetage du convoi de blé norvégien (1694)[modifier | modifier le code]

En 1694, le blocus de la Ligue d'Augsbourg fait monter le prix du grain, les négociants spéculent, la France est affamée. Louis XIV achète alors cent dix navires de blé norvégien.

Le lendemain de son départ de Dunkerque, Jean Bart rencontre cette flotte de navires marchands entre le Texel et la Meuse, mais constate immédiatement qu'elle a été capturée par huit vaisseaux de guerre hollandais, dont l'un portait pavillon contre-amiral.

Malgré l'inégalité des forces en présence (il ne dispose que de sept bâtiments de rang inférieur à ceux des ennemis[17]), Jean Bart entreprend de la récupérer. Après un combat acharné, au cours duquel l'amiral hollandais Hidde Sjoerds de Vries est grièvement blessé et capturé, il parvient à reprendre la flotte et la ramène en France.

« Il mit en panne à deux portées de canon des vaisseaux de guerre ennemis, et c'est là qu'il assembla en conseil les capitaines qui étaient sous ses ordres […]. Tous les capitaines français convinrent avec lui qu'il fallait brusquer l'affaire, sans donner le temps aux ennemis de se reconnaître. Jean Bart les renvoya aussitôt, en leur recommandant d'aborder chacun un vaisseau. Mais comme, outre la supériorité en nombre de canons, l'escadre hollandaise avait pour elle un vaisseau de plus que l'escadre de France, Jean Bart commanda la Flûte et le Portefaix, avec le lieutenant de La Bruyère[Note 9], et un équipage de cent vingt hommes, pour donner de l'occupation à ce vaisseau. Jean Bart arriva sur les Hollandais, pendant que deux vaisseaux de guerre danois et suédois, qui avaient servi de première escorte au convoi et n'avaient pas même essayé de le défendre, restaient spectateurs de l'action. Les chefs des deux escadres se cherchaient et avaient l'un et l'autre dessein de s'aborder; aussi se furent-ils bientôt joints. Le Fortuné et la Princesse Émilie, l'un portant le capitaine Jean Bart, l'autre le contre-amiral Hyde de Frise[Note 10], ne formaient plus pour ainsi dire qu'un seul et même pont, d'abord divisé en deux camps, puis théâtre d'une effroyable mêlée, où la place resta en moins d'une demi-heure à Jean Bart et aux Français. Le contre-amiral hollandais était atteint de six blessures, dont trois mortelles ; son second était étendu raide sur le pont, et ses deux lieutenants étaient aussi percés de plusieurs coups. Non content de cette première et glorieuse prise, le Fortuné, menant toujours la tête de l'escadre de France, aborda un autre vaisseau ennemi, et s'en rendit également maître. Pendant ce temps les autres vaisseaux français couraient de même à l'abordage. Le Magicien enleva un vaisseau hollandais de cinquante canons ; l'Adroit, au moment où il allait contraindre un autre bâtiment à se rendre, se vit attaqué par un vaisseau de cinquante-quatre canons auquel il n'aurait peut-être pas pu résister si le Fortuné n'était pas venu à son aide. Ce qui restait de l'escadre ennemie avait déjà disparu. Jean Bart s'assura aussitôt du convoi, amarina ses prises et rentra glorieusement dans les ports de France[18]. »

La nouvelle de cette capture fait chuter les prix (le boisseau de blé passe de 30 livres à 3 livres[19]) et met fin à toutes spéculations. Ainsi Jean Bart «… sauva la France en lui donnant du pain » (Cantate à Jean Bart). Pour cet exploit, le 19 avril, Jean Bart reçoit des mains de Louis XIV, la croix de chevalier de l'Ordre de Saint-Louis, institué l'année précédente. Une médaille est frappée en souvenir du combat du , et Jean Bart est anobli. Dans les lettres de noblesse qu'il lui envoie, en date du , Louis XIV autorise Jean Bart à arborer une fleur de lys d'or dans ses armes, et, plein de gratitude, il écrit :

« De tous les officiers qui ont mérité l'honneur d'être anoblis, il n'en trouve pas qui s'en soit rendu plus digne que son cher et bien-aimé Jean Bart. »

Pour cet anoblissement, le généalogiste de la Cour lui fabrique une fausse ascendance, le faisant notamment descendre des chevaliers teutoniques. Dès lors, mythes et légendes parsèment l'historiographie de Jean Bart au cours des XVIIIe et XIXe siècles, Henri Malo et Alexandre François Lesmaries démystifiant en partie ce héros national au début du XXe siècle[2].

Défense de Dunkerque (1695) et bataille du Dogger Bank (17 juin 1696)[modifier | modifier le code]

En 1695, la flotte anglaise se présente au large des côtes de France et bombarde plusieurs places, et en particulier Dunkerque, d'où chaque jour des corsaires partaient au combat. Jean Bart, avec sous ses ordres son fils François-Cornil Bart, est chargé de la défense du fort Bonne-Espérance, et parvient par ses tirs d'artillerie à faire partir la flotte anglaise. En récompense de ses nouveaux services il reçoit une pension de 2 000 livres et son fils est promu lieutenant de vaisseau à 18 ans seulement[20].

Début , Jean Bart sort de Dunkerque à bord du Maure, une frégate de 54 canons, avec sept bâtiments, malgré quatorze vaisseaux ennemis qui voulaient lui fermer le passage. Le , sur les sept heures du soir, il découvre au Dogger Bank, à environ seize lieues au nord du Texel, une flotte de cent-douze navires marchands venant de la Baltique et escortée par six vaisseaux de guerre hollandais. Toute la nuit l'escadre française attend, et le lendemain, à la pointe du jour, elle n'est plus qu'à deux lieues sous le vent de la flotte ennemie. Jean Bart donne le signal d'ordre de bataille, et dirige ses forces sur le principal bâtiment hollandais, le Raadhuis-van-Haarlem, 44 canons. Après un violent combat, les bâtiments hollandais sont capturés[Note 11] lorsqu'il est averti qu'une escadre de treize bâtiments anglais commandés par l'amiral Benbow est en mer et se dirige sur lui. N'étant pas en mesure de soutenir un combat si inégal, il brûle les quatre vaisseaux capturés et renvoie les Hollandais prisonniers dans leur pays sur les deux vaisseaux restants.

Poursuivi par une véritable meute, l'escadre de Jean Bart et ses prises trouvent refuge au Danemark début juillet puis regagnent Dunkerque avec 25 navires marchands et 1200 prisonniers, le 28 septembre, en ayant réussi à échapper aux vaisseaux britanniques de Benbow et néerlandais de l'amiral Wanzel. Après cette nouvelle campagne, Jean Bart rentre en France, en passant à nouveau à travers trente-trois vaisseaux anglais et hollandais qui voulaient lui barrer la route. En récompense de sa conduite au Dogger Bank, il est promu, le , au grade de chef d'escadre de la province de Flandre. Il est alors âgé de 46 ans.

Escorte du prince de Conti en Pologne (1697) et mort[modifier | modifier le code]

Tombeau de Jean Bart dans l'église Saint-Eloi à Dunkerque.

Peu après, Jean Bart est chargé de conduire à Dantzig, le prince de Conti, soutenu par le parti français pour être le prochain roi de Pologne. Apprenant son départ, les flottes alliées envoient dix-neuf vaisseaux de guerre croiser au nord de Dunkerque. Côté français, dix vaisseaux sont armés pour l'expédition de Jean Bart ; mais, ce dernier préfère effectuer le voyage accompagné seulement de six frégates. Il est accompagné lors de ce voyage par le Chevalier de Saint-Pol, commandant du Jersey, et le futur cardinal de Polignac alors ambassadeur de France en Pologne. Il quitte Dunkerque dans la nuit du 6 au 7 septembre, et déjoue les croisières ennemies, il arrive, sept jours après, au détroit du Sund, salue de quinze coups de canon la famille régnante de Danemark, avec laquelle la France était en paix, en passant devant le château de Kronborg, et mouille à Copenhague le 15 septembre[21]. Le 26 du même mois, il entre en rade de Dantzig. Mais le prince de Conti, apprenant que Frédéric-Auguste de Saxe, son concurrent, avait été couronné roi, ne juge pas devoir pousser plus loin ses prétentions et décide de rentrer en France[Note 12]. La paix de Ryswick est signée en 1697 et cette expédition est la dernière du célèbre marin dunkerquois[21].

En 1702, la guerre de Succession d'Espagne étant sur le point d'éclater, Jean Bart est chargé d'armer une escadre à Dunkerque, mais atteint d'une pleurésie, il meurt chez lui le , à l'âge de 51 ans. Son corps est inhumé dans l'église Saint-Éloi de Dunkerque[21].

Durant l'entre-deux-guerres, en 1928, à la suite de fouilles réalisées dans l'église, le docteur Louis Lemaire retrouve les ossements de Jean Bart, ce qui permet d'estimer sa taille, 1,90 m[22]. Les autorités locales décident de changer le cercueil du corsaire. Cependant avant de l'enterrer à nouveau, les restes du marin furent exposés dans un cercueil de verre pendant 8 jours dans l'église[23].

Jugement par ses contemporains et ses biographes[modifier | modifier le code]

Le biographe et historien de marine du XIXe siècle, Léon Guérin, le décrit de la façon suivante :

« Jean Bart avait la taille au-dessus de la médiocre, le corps bien fait, robuste et capable de résister à toutes les fatigues de la mer. Il avait les traits du visage bien formés, les yeux bleus, le teint beau, les cheveux blonds, la physionomie heureuse et tout à fait avenante. Il avait beaucoup de bon sens, l'esprit net et solide, une valeur ferme et toujours égale. Il était sobre, vigilant et intrépide; aussi prompt à prendre son parti, que de sang-froid à donner ses ordres dans le combat, où on le vit toujours avec cette présence d'esprit si rare et si nécessaire en de semblables occasions. Il savait parfaitement son métier, et il le fit avec tant de désintéressement, d'approbation et de gloire, qu'il ne dut sa fortune et son élévation qu'à sa capacité et à sa valeur[24]. »

Dans son Dictionnaire des marins français, Étienne Taillemite dit de lui :

« Plus qu'un corsaire au sens strict du mot, Jean Bart, qui fit l'essentiel de sa carrière dans la Marine royale, fut surtout le modèle des chefs audacieux au coup d’œil infaillible et à l'habilité manœuvrière jamais en défaut. »

Famille[modifier | modifier le code]

Ascendance[modifier | modifier le code]

Mariages et descendance[modifier | modifier le code]

Statue de Jean Bart à Dunkerque.

Le , Jean Bart épouse Nicole Goutier ou Gontier (1659 - 1682), âgée de seize ans. Les fiançailles du couple ont lieu le (A.D.N. DUNKERQUE / M (1647-1683) > 5 Mi 027 R 038 vue 735/998) ; le mariage du couple a eu lieu le et non 1676 (A.D.N. DUNKERQUE / M (1647-1683) > 5 Mi 027 R 038 vue 735/998). De ce mariage naîtront :

  • François Cornil (1677-1755), épouse Marie Catherine Viguereux (1686-1741)
  • Anne-Nicole ( - ?)
  • Jeanne-Nicole ( - )
  • enfant mort-né ()

En 1785, il ne subsiste du couple Bart-Viguereux que Marie-Catherine Bart, vieille demoiselle née en 1706 qui vivait à Paris. À la mort de Marie-Catherine en 1785, fille de François Cornil Bart et petite fille de Jean Bart, les Briansiaux héritent des biens de la descendante du corsaire Jean Bart de Dunkerque par la branche des Viguereux. Le 8 juillet 1785, une sentence du Châtelet de Paris reconnut officiellement la qualité d'héritière de la petite-fille de Jean Bart à Florence Briansiaux Viguereux, une cousine germaine. Quelques souvenirs de Jean Bart se transmettent ainsi dans les familles Piroué, Bigo, Scrive, Le Blan, de Montbrun, Barrois, Masurel, Tiberghien et Plouvier, héritiers des Bart par les Briansiaux. Jusqu'en 2010, ils possédaient encore une bague et son écrin remise par Louis XIV à Jean Bart et quelques documents de la famille Bart.

Jean Bart a également une descendance par Madeleine Marie Bart. Celle ci a épousé Marc de Labarthe. Ils ont eu une fille, Marie de Labarthe qui a épousé le marquis François de Marzac. Sa petite fille a épousé le comte Henri de Fleurieu[25].

La descendance de Jean Bart se poursuit donc encore avec la famille Fleurieu qui a hérité de nombreux souvenirs du corsaire et notamment un portrait qui a été offert par le comte Pierre de Fleurieu au musée de Dunkerque[26].

Le , Jean Bart épousa en secondes noces (Marie) Jacqueline Tugghe, fille d'Ignace Tugghe, grand échevin de Dunkerque. La famille Tugghe est une honorable famille originaire du royaume d'Angleterre. Elle y avait le titre de chevalier baronnet. Elle avait dû quitter le pays au temps d' Élisabeth Ire pour pouvoir exercer librement la religion catholique romaine. En juillet 1721, Thomas Ignace Tugghe, frère de Marie Jacqueline, est anobli par lettres données à Paris. Il a été échevin de Dunkerque dès 1691, conseiller pensionnaire de la ville depuis 1698, conseiller pensionnaire de la chambre de commerce depuis 1710. Les Tugghe ont pour armes « D'azur, à un chevron d'or, accompagné en chef de deux étoiles de même, et en pointe d'un soleil d'or, l'écu timbré d'un casque de profil »[27].

De ce mariage naîtront 10 enfants, dont six décédés en bas âge :

  • Jeanne-Marie ( - ) qui épouse François de Ligny (1681 - 1746) le à Dunkerque.
  • Magdeleine Françoise ( - )
  • Jean-Louis ( - )
  • Paul ( - )
  • Nicaise-Françoise ( - )
  • Magdeleine-Marie ( - 1781)
  • Antoine ( - )
  • Ignace (2 janvier 1700 - après 1765 en Martinique) qui épouse Françoise Xavier Fitz - Gérald en Bretagne vers 1735.
  • Marie-Françoise ( - 24 février 1785 à Busseaut, Côte-d'Or) qui épouse le 6 novembre 1735 Nicolas Louis Pierre de Cadouche à Brémur-et-Vaurois, Côte-d'Or, Bourgogne-Franche-Comté.
  • Marie ( - )

Hommages[modifier | modifier le code]

Réception faite à Jean Bart par les autorités de Dunkerque après la victoire du Texel - Œuvre de Félix Gaudin (en 1899) pour l'hôtel de ville de Dunkerque[28].

Un héros dunkerquois[modifier | modifier le code]

Bien qu'ayant une rue Jean Bart depuis le [29] la ville de Dunkerque afin d'honorer la mémoire de Jean Bart, inaugura, le , une statue à son effigie, œuvre du sculpteur David d'Angers, érigée sur l'ancienne place Royale, rebaptisée place Jean-Bart[30]. Trônant au centre de la ville, Jean Bart reste encore vivant dans les cœurs des gens. Chaque année au moment du carnaval, les Dunkerquois chantent à genou devant sa statue la cantate à Jean Bart.

« … Et la cité qui te donna la vie, érigera ta statue en autel… »

La Galerie David d'Angers, situé dans l'abbaye Toussaint à Angers, présente dans ses collections le plâtre original de cette statue[31].

À Paris, la rue Jean-Bart lui rend aussi hommage.

Rue Jean-Bart à Dunkerque.

Navires du nom de Jean Bart[modifier | modifier le code]

Plus de 27 bâtiments, en moins de deux siècles, ont porté le nom de Jean Bart, notamment :

  • le Jean Bart, vaisseau de 74 canons construit à Lorient en 1788
  • Un vaisseau de 74 canons construit à Lorient en 1811, désarmé en 1833.
  • Un vaisseau transformé sur cale construit en 1849, lancé en 1852. En 1864, il est école d'application. Rebaptisé Donawerth en 1868, il est condamné le et démoli à Brest en 1870.
  • Un vaisseau de 4 100 tonnes, construit à Lorient en 1827 baptisé Jean Bart en 1868 (ex-Donawerth). Il est condamné en 1880.
  • Un croiseur de première classe de 4 800 tonnes construit à Rochefort en 1886. Ce bâtiment en acier, a été armé en 1892. En 1897, il est reclassé croiseur de deuxième catégorie et affecté à la Division navale d'Extrême-Orient jusqu'en 1902. De retour à Lorient, il reste désarmé jusqu'en 1906. L'année suivante, il est envoyé aux Antilles. Ce bâtiment s'échoue en 1907 sur la côte d'Afrique à proximité du cap Blanc.
  • Jean Bart, un cuirassé de 23 500 tonnes, construit à Brest en 1910. Premier dreadnought français, il conduit, en , le président de la République lors d'une visite officielle en Russie. Le , un sous-marin ennemi le torpille dans le canal d'Otrante. Il parvient cependant à rallier Malte où il est réparé. Après la guerre, il est rebaptisé Océan. Il coule le à la suite d'essais effectués par les Allemands. Renfloué après la Seconde Guerre mondiale, il sera démoli en 1947. (23 500 tonnes, 29 000 CV, 21 nœuds, 12 canons de 30 cm, 22 de 14 cm).
  • Jean Bart, bâtiment de ligne de 46 000 tonnes en construction depuis 1936 lorsqu'éclate la Seconde Guerre mondiale. En , pour éviter sa capture par les Allemands, il fuit Saint-Nazaire où il était encore en construction et parvient à rallier Casablanca. Dans ce port il est attaqué, en , par des bâtiments et avions américains qui l'endommagent et provoquent son échouage. En 1950, il rallie l'Escadre de la Méditerranée. Il participera aux opérations de débarquement en Égypte. Mis en réserve en 1957, il est condamné en 1970. Il s'agit à ce jour (2015) du plus gros bâtiment de la marine française jamais construit (pour comparaison, le Charles de Gaulle ne déplace que 42 500 tonnes)
  • Jean Bart, frégate antiaérienne. Mise sur cale à Lorient le , elle est mise à flot le . Armée pour essais le , la frégate Jean Bart est admise au service actif le . Bâtiment doté de nombreux matériels prototypes, la frégate antiaérienne Jean Bart a un jumeau, Le Cassard. Elle est retirée du service le .
  • Une reconstitution taille réelle d'un vaisseau a commencé en 2002 à Gravelines dans le Nord : il s'agit d'un vaisseau de la fin du XVIIe siècle qui doit porter le nom de Jean Bart.

Aéronefs[modifier | modifier le code]

Deux ballons montés ont porté ce nom lors du siège de Paris[réf. nécessaire].

Culture[modifier | modifier le code]

  • Jean Bart est l'un des personnages du Cycle baroque de Neal Stephenson, une fresque qui retrace l'histoire secrète de la science au XVIIe siècle.
  • Jean Bart est un pirate dans le manga et l'anime One Piece.
  • Jean Bart est un nom fréquemment utilisé pour les groupes de scouts marins
  • La pâtisserie Aux Doigts de Jean-Bart a créé en 1957 un biscuit aux amandes et crème café enrobé de chocolat au lait appelé le « Doigt de Jean-Bart »

Le nom de famille Bart ou Baert Ce lien renvoie vers une page d'homonymie est fréquent dans le département du Nord et la province de Flandre-Occidentale : en particulier, c'est là que sont nés tous les Baert nommés dans la page d'homonymie mentionnée ci-avant.

Iconographie[modifier | modifier le code]

Héraldique[modifier | modifier le code]

Les armes de Jean Bart d'après les lettres d'anoblissement par Louis XIV[34] :

D'argent à la fasce d'azur chargée d'une fleur de lys d'or, accompagnée en chef de deux ancres de sable en sautoir et en pointe d'un lion passant de gueules. L'écu timbré d'un heaume d'argent grillagé et bordé d'or et doublé de gueules, sommé d'un dextrochère en pal aussi d'argent armé d'une badelaire au naturel, et accompagné de lambrequins de sable doublés de gueules. Sous l'écu, une croix de chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis au naturel.

Armoiries d'alliance du Corsaire Jean Bart et de son épouse Marie Jacqueline Tugghe, sur leur dalle funéraire dans l'église Saint-Éloi de Dunkerque[35],[36] :

Deux écus accolés : D'argent à la fasce d'azur chargée d'une fleur de lys d'or, accompagnée en chef de deux ancres de sable en sautoir et en pointe d'un lion passant de gueules ; et d'azur à un chevron d'or, accompagné en chef de deux étoiles de même, et en pointe d'un soleil. L'ensemble des deux écus timbré d'un heaume d'argent grillagé et bordé d'or, doublé de gueules, sommé d'un dextrochère d'argent en pal armé d'une badelaire au naturel et accompagné de lambrequins de sable doublés de gueules. Supports : deux léopards lionnés de sable sur une terrasse d'or. Sous les écus, une croix de chevalier de l'ordre civil et militaire de Saint-Louis au naturel[37].

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Prononciation : Yane Barte
  2. Son acte de naissance est écrit en latin « Die 22 8bris baptizati Joannem filium Cornelii Baert et Catharinae Janssens conjugum, natum pridie Susceperunt Joannes Baert et Maria Wilsens - (signat. Chocquet) » (Archives de la ville de Dunkerque)
  3. Guérin 1861, p. 282 : « La carrière de Jean Bart fut marquée par une série non interrompue de coups hardis, d'entreprises prodigieuses, d'exploits presque incroyables. Tantôt seul, tantôt de conserve avec Keyser et d'autres corsaires dunkerquois, Jean Bart encore fort jeune, et cependant déjà en possession d'une certaine célébrité dans sa ville natale, fit maintes captures sur les Espagnols et les Hollandais. »
  4. Une busse est un bâtiment à trois-mâts et à trois voiles carrées, utilisées pour la pêche au hareng en mer du Nord
  5. « Il eut les mains et le visage brûlés, et les mollets entamés d'un boulet de canon; mais il en vint à son honneur ; la frégate fut prise après avoir perdu cinquante de ceux qui la montaient. » (Guérin 1861, p. 281).
  6. Guérin 1861, p. 282-283, avec le lyrisme caractéristique des biographes du XIXe siècle fait un récit de ce combat: « Les deux braves marins pouvaient aisément se sauver, mais pour cela il fallait abandonner le convoi ; ils décidèrent qu'il y allait de leur honneur de combattre, même avec certitude acquise par avance de ce qui leur devait arriver. Ils armèrent à la hâte deux des plus gros navires marchands qu'ils escortaient, et ayant concerté un plan rempli d'audace, ils allèrent d'eux-mêmes au-devant d'une lutte désespérée. Un des vaisseaux anglais fut abordé ; peut-être Jean Bart et Forbin allaient-ils réussir, s'emparer du premier vaisseau et s'en servir, selon leur projet, pour attaquer le second, quand les deux navires marchands qu'ils avaient armés se retirèrent lâchement du combat. Cette fuite permit aux Anglais de réunir toutes leurs forces contre les deux petites frégates françaises, et toute chance favorable fut perdue pour Jean Bart et Forbin. Toutefois, ils prolongèrent la lutte autant que possible, pour donner à la flotte marchande le temps d'échapper, et aussi pour vendre chèrement leur liberté et leur vie. On les put voir tous deux, lions terribles et écumants, suant le sang de tous leurs membres, de tout leur corps, frappés ici par les balles, là par les piques, les sabres et les épées, se ruer pendant deux grandes heures contre leurs mille adversaires exaspérés d'une si héroïque résistance. Enfin les deux tiers des équipages français sont étendus morts sur leurs ponts. Jean Bart, atteint à la tête, ne peut plus donner d'ordres, ne peut même achever de se faire tuer ; Forbin de son côté a beau vouloir, il ne peut plus combattre ; les deux frégates sont rasées de l'avant et de l'arrière, horriblement fracassées : il faut se rendre. Mais que d'Anglais morts pour acheter ce succès, grand pourtant par la prise des deux héros qu'on emmène à Plymouth. On les emmène, mais sans avoir pu joindre à leurs misérables frégates délabrées un seul des bâtiments marchands, car tous avaient eu le temps de se sauver pendant le combat. »
  7. Issu d'un milieu populaire, Jean Bart est un homme cordial et chaleureux, à la différence des courtisans. Dans la galerie des glaces, lors de la cérémonie honorifique, Jean Bart à la vue du souverain de France alla l'embrasser chaleureusement voulant montrer son attachement au roi. Dans un milieu régi par l'étiquette, il est interdit de toucher le roi divin, protecteur du royaume de France. Tout le monde autour des protagonistes est stupéfait et se moque déjà du pauvre Jean Bart, qui n'aurait pas eu sa place parmi dans la noblesse de cour. Mais contrairement à toute attente, Louis XIV ne le lui reprocha point. Par cela, Louis XIV marquait son attachement aux sujets fidèles au roi de France qui montraient leur asservissement aux nobles qui lui avaient fait l'affront de se soulever contre lui durant la Fronde
  8. « Sans être un homme du monde, Jean Bart était un homme d'un jugement exquis; cela seul suffit pour qu'il ne se soit jamais montré à la cour avec le cachet du ridicule ; tout ce qu'il y dut laisser voir d'inusité, ce fut de l'embarras et une certaine timidité de salon qui ne faisait que relever sa valeur sur les champs de bataille. Forbin lui-même eut beau faire, beau dire avec les airs de noble protecteur qu'il affectait, il ne lui fut pas donné d'éclipser Jean Bart, même à la cour de Louis XIV. Il ne lui pardonnait pas dans le fond de son cœur de l'avoir eu dernièrement pour chef » (Guérin 1861, p. 285).
  9. Il s'agit de Claude-Élisée de Court de La Bruyère, futur vice-amiral de la flotte
  10. Il s'agit de l'amiral hollandais Hidde Sjoerds de Vries.
  11. « L'engagement étant devenu général, les Hollandais furent mis en déroute, et dès lors Jean Bart, avec toute son escadre, se jeta à travers les vaisseaux ennemis, faisant amener les uns à coups de canon, détachant des chaloupes sur les autres pour les brûler. Il était ainsi occupé, quand on l'avertit qu'à deux lieues de là, treize gros bâtiments venaient sur lui vent arrière. » (Guérin 1861, p. 289).
  12. « En 1697, Louis XIV chargea Jean Bart de conduire M. le prince de Conti en Pologne où on vouloit le proclamer roi, et Jean-Bart pria encore M. de Saint-Pol de commander un des vaisseaux de son escadre. Celui-ci prouva, dans cette occasion, qu'il étoit autant en état de commander sur terre que sur mer. Il mit pié à terre en Pologne, avec deux mille hommes ; joignit un détachement que le prince de Sapieha, partisan du prince de Conti, avoit amené au secours des François, tint en respect la cavalerie de l'électeur de Saxe, rival du prince de Conti ; fit rembarquer tout son monde à la vue de l'ennemi, et rejoignit l'escadre françoise avec M. l'abbé de Polignac, depuis cardinal, & qui étoit alors ambassadeur de France en Pologne. » (Richer 1787, p. 42)

Références[modifier | modifier le code]

  1. Jan Bart ou Jan Baert ?
  2. a b c d e f et g Patrick Villiers, Jean Bart : Corsaire du Roi Soleil, Fayard, , 552 p. (lire en ligne).
  3. Paul de Joriaud, Jean Bart : et la Guerre de Course sous Louis XIV, La Découvrance, , p. 22
  4. Paul de Joriaud, op. cité, p. 25
  5. Paul de Joriaud, op. cité, p. 33
  6. Patrick Villiers, Les combats de Jean Bart, Ancre, Nice, 2017
  7. Richer 1780, p. 13.
  8. Richer 1780, p. 17.
  9. Richer 1780, p. 16.
  10. Richer 1780, p. 18.
  11. Levot 1866, p. 6.
  12. Richer 1780, p. 25-29.
  13. a et b Guérin 1861, p. 283.
  14. Richer 1780, p. 29.
  15. Richer 1780, p. 46.
  16. Guérin 1861, p. 285.
  17. Alain Berbouche 2010, p. 136-139.
  18. Guérin 1861, p. 286-287.
  19. Jacques Duquesne, « Spécial Jean Bart. Une vie sabre au clair », sur lexpress.fr,
  20. Guérin 1861, p. 288.
  21. a b et c Guérin 1861, p. 289.
  22. Jean Bart (le Corsaire Dunkerquois)
  23. Le Carnaval dunkerquois - Les histoires de l'oncle Cô, de Frédéric Lampire, 1993, de 50:00 à 51:30 : Interview de Jean Minne alias Cô-Pinard II
  24. Guérin 1861, p. 290.
  25. Lesmaries, Alexandre François, Jean Bart : ses origines et ses proches, Dunkerque, Impr. du "Nord maritime" (Dunkerque), (lire en ligne), p. 258, 259, 260, 261, 262, 263 et 264
  26. La Sabretache (Paris ; 1893-1970), Carnet de la Sabretache : revue militaire rétropective / publiée mensuellement par la Société "La Sabretache", paris, J. Leroy (Paris) La Sabretache, (lire en ligne), p. 74, 75, 76
  27. Amédée le Boucq de Ternas, Recueil de la noblesse des Pays-Bas, de Flandre et d'Artois, Douai, 1884, p. 398, lire en ligne.
  28. Félix Gaudin: peintre-verrier et mosaïste, 1851-1930 - Jean-François Luneau - 2006 - Glass painters - page 193 [1]
  29. http://www.ville-dunkerque.fr/fileadmin/user_upload/demarches_accueil/Liste_des_noms_des_rues_par_quartiers.pdf
  30. Selon le site personnel Statues-monuments-npdc et l'Office de tourisme de Dunkerque
  31. Les collections de la Galerie David d'Angers
  32. « Troupe Jean-Bart », sur Groupe Scout Henry-Dunant, (consulté le )
  33. « Musée maritime et portuaire de Dunkerque - 1 musée, 5 bateaux, 1 phare », sur museemaritimeportuaire.com (consulté le )
  34. « Page 404 », sur dunkerque.fr (consulté le ).
  35. http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_98=REF&VALUE_98=IM59000178
  36. « Boutique Genealogie.com : La généalogie : Etat-civil, faire son arbre généalogique rapidement en ligne, archives départementales, science héraldique, patronyme », sur genealogie.com (consulté le ).
  37. Antoine Marie d' Hozier de Serigny, Armorial général de la France, vol. 1 à 2, Collombat, 1738, [lire en ligne]

http://s.claretdefleurieu.free.fr/genealogie%20henri%20claret%20de%20fleurieu.htm http://s.claretdefleurieu.free.fr/chateau%20de%20marzac.htm http://s.claretdefleurieu.free.fr/histoire%20de%20la%20vie%20a%20marzac.htm

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie générale[modifier | modifier le code]

  • Édouard Mennechet, Le Plutarque français, vies des hommes et femmes illustres de la France, avec leurs portraits en pied, vol. 5, (lire en ligne), p. 133 et suiv.
  • Léon Guérin, Histoire maritime de France, vol. 2, (lire en ligne)
  • Léon Guérin, Les marins illustres de la France, Marizot, , 448 p. (lire en ligne), p. 280 et suivantes
  • Henri Martin, Histoire de France, depuis les temps les plus reculés jusqu'en 1789, vol. 14, Furne, (lire en ligne)
  • Jules Michelet, Histoire de France : Louis XIV et le Duc de Bourgogne, vol. 14, Paris, Librairie Classique, Hachette, (lire en ligne), p. 91-96 et 126-130
  • Jean Merrien, Histoire des corsaires, Ancre de Marine Éditions, , 239 p. (lire en ligne)
  • Adrien Richer, Les fastes de la marine françoise, Veuve Hérissant, (lire en ligne)
  • Prosper Levot, Les gloires maritimes de la France : notices biographiques sur les plus célèbres marins, Bertrand, (lire en ligne)
  • M. d'Aspect, Histoire de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis, vol. 3, Paris, chez la veuve Duchesne, (lire en ligne), p. 210

Bibliographie spécifique[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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