Martha Geiringer

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Martha Geiringer née le à Vienne et morte en février 1943 à Auschwitz-Birkenau est une militante socialiste révolutionnaire et chercheuse en biologie autrichienne et juive.

Biographie[modifier | modifier le code]

Martha Geiringer nait le à Vienne dans une famille juive[1] et est la deuxième enfant de Wilhem (propriétaire d'un café, 1881-1930) et Irma Geiringer, née Koerner (1885-1957)[2]. Elle a deux frères et une sœur: Alfred, Erich et Gertrude[3].

Formation[modifier | modifier le code]

Elle suit des cours de biologie et de sociologie de 1931 à 1935 à l'École philosophique de l'Université de Vienne où elle n'obtient pas de diplôme. Elle rejoint néanmoins la Biologische Versuchsanstalt (BVA) de l'Académie autrichienne des sciences au Prater de Vienne pour travailler la théorie et la pratique de ses sujets de recherche. Elle reprend un trimestre universitaire à l'automne 1937 en vue d'obtenir son diplôme. Ensuite, elle s'engage dans une thèse de doctorat, sous la direction de Hans Przibram, professeur extraordinaire de zoologie à l'Université de Vienne.

L'Anschluss la force à abandonner ses études doctorales en 1938 pour des raisons antisémites et de quitter l'Université de Vienne. Dans la « liste des ouvriers » de la BVA établie par l'académie après l'Anschluss, elle était notée comme « non-aryenne » et comme ayant « démissionné » le , ce qui signifie dans le fait qu'elle a été « expulsée » comme le signale sa page commémorative sur le site de l'université de Vienne[2],[4]. Refusée à l'Académie des Sciences, elle réussit à s'échapper de Vienne avec sa sœur Gertrude (1918-2002) et, n’ayant pas pu atteindre les Pays-Bas, elle émigre en Belgique. Elle tente alors, en octobre 1938, de reprendre et de terminer son doctorat en biologie à l'Université de Gand, mais le consulat allemand en Belgique en juillet 1939 l'en empêche[2]en refusant de prolonger son passeport[4].

Sa vie en exil et sa déportation[modifier | modifier le code]

Martha Geiringer vers 1938-1939.

Alors que sa sœur Gertrude émigre en Angleterre en 1939 et plus tard aux États-Unis, Martha Geiringer reste en Belgique où elle noue une liaison avec Yvonne Fontaine, médecin-obstétricienne, issue de la bourgeoisie francophone et alors mariée à l’architecte belge Andreas Claessens. En 1939, Martha Geiringer se rend aux Philippines pour s’y marier par convenance. Face à l’échec de ce projet, elle revient en Europe et se retrouve à Gênes le jour de l’invasion allemande de la Belgique en mai 1940. Elle est emprisonnée à Nice, mais finit par rejoindre la Belgique en janvier 1941, où elle rejoint sa compagne Yvonne Fontaine qui contribue à la cacher durant 4 ans[Jusqu'à quand ?]. Le 8 juin 1941, elle se présente au bureau des étrangers de Gand[4].

Yvonne Fontaine est en instance de divorce avec son époux, Claessens, qui évolue dans les milieux antisémites et entre dans la Collaboration. Sa crise conjugale a une incidence sur le sort de Martha Geiringer : Claessens voit cette liaison avec jalousie. Cela l'amène à dénoncer Martha Geiringer. Elle est arrêtée à trois reprises par la Sipo-SD (Police de sûreté allemande) entre 1941 et 1943. Elle est finalement victime d’une rafle visant la population juive de Gand en 1943.

Elle est d'abord déportée avec le Transport XVIII au camp d'internement Caserne Dossin à Malines puis déportée au camp de concentration et d'extermination allemand d'Auschwitz-Birkenau le où elle est probablement assassinée[5],[6] le [4].

Pour les historiens, la responsabilité de Claessens est sujette à discussion. Selon le travail de du professeur de littérature Stefan Hertmans, c'est le gantois, Willem Verhuslst, gradé de la SS, qui commandite son arrestation[7]. En 1947, Claessens sera condamné à quatre ans de prison et à une amende.

Hommages[modifier | modifier le code]

Le compositeur, pianiste et neveu de Martha Geiringer, Frederick Adler, lui a dédié le quatuor à cordes n°1 « In memoriam Martha Geiringer », créé à Gand en mai 2005[2].

Son engagement[modifier | modifier le code]

Elle se présente comme « Combattante des Socialistes Révolutionnaires ».

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Außenministerium der Republik Österreich, « Inauguration de la Stolperstein pour Martha Geiringer », sur www.bmeia.gv.at (consulté le )
  2. a b c et d « Memorial book », sur gedenkbuch.univie.ac.at (consulté le )
  3. Marc Verschooris, Martha's labyrint : een uitzonderlijke vrouwengeschiedenis, 1938-1944, Sterck & De Vreese, (ISBN 978-90-5615-915-3 et 90-5615-915-1, OCLC 1334799365, lire en ligne)
  4. a b c et d « Martha Geiringer », sur www.oeaw.ac.at (consulté le )
  5. « 'Constellations brisées', visibiliser les femmes qui ont aimé des femmes durant la Seconde Guerre mondiale », sur RTBF (consulté le )
  6. « MARTA GEIRINGER in La base de données centrale des noms de victimes de la Shoah », sur https://yvng.yadvashem.org/nameDetails.html?language=fr&itemId=4964948&ind=1 (consulté le )
  7. Jean-Luc Cambier, « Décrire le nazisme intime, interview de Stefan Hertmans », Moustique,‎ , p. 36