Conversation secrète

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Conversation secrète

Titre original The Conversation
Réalisation Francis Ford Coppola
Scénario Francis Ford Coppola
Musique David Shire
Acteurs principaux
Sociétés de production The Directors Company (en)
The Coppola Company
American Zoetrope
Paramount Pictures
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre espionnage
Durée 109 minutes
Sortie 1974

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Conversation secrète (The Conversation) est un film d'espionnage américain écrit et réalisé par Francis Ford Coppola, sorti en 1974.

Ce thriller d'espionnage a reçu la Palme d'or lors du festival de Cannes 1974. Il reçoit de nombreux autres prix et nominations, notamment pour l'Oscar du meilleur film en 1975. Cet oscar sera finalement décerné à un autre film de Francis Ford Coppola, Le Parrain, 2e partie, sorti aux États-Unis quelques mois seulement après Conversation secrète.

Synopsis[modifier | modifier le code]

Harry Caul, homme à principe et taciturne un brin misanthrope, est un grand spécialiste de la filature. Il est engagé dans une mission pour suivre un couple et enregistrer leurs conversations. Une fois sa mission accomplie, il découvre en réécoutant sans arrêt ses enregistrements, que le couple est en danger de mort. Se souvenant d'une précédente mission au cours de laquelle une famille a été tuée, il est pris dans une espèce de dilemme moral, qui l'obsédera jusqu'au bout...

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Drapeau des États-Unis États-Unis : (sortie limitée)
Drapeau de la France France :
Drapeau de la France France : (ressortie)
Drapeau de la France France : (ressortie)

Distribution[modifier | modifier le code]

Légende : 1er doublage (1974) ; 2e doublage (2000)

Non crédités[modifier | modifier le code]

Production[modifier | modifier le code]

Source : Making-of DVD[2]

Genèse du projet[modifier | modifier le code]

En 1966, Francis Ford Coppola, fasciné par les inventions dans le domaine de l'espionnage et en particulier la surveillance dans la foule à l'aide d'un micro longue distance, commence à écrire un scénario sur un homme écoutant les conversations dans le public, en plein San Francisco, jusqu'au moment où il surprend une discussion entre un couple et parlant d'un complot meurtrier. Le réalisateur se base essentiellement sur le film Blow-Up de Michelangelo Antonioni sorti en 1966 ; basé à son tour sur Les fils de la Vierge, une nouvelle de Julio Cortázar ; dans lequel un photographe capturait involontairement un meurtre sans s'en apercevoir. Par ailleurs, Francis Ford Coppola a avoué qu'une conversation avec le réalisateur Irvin Kershner sur la surveillance l'a aussi beaucoup influencé. Alors qu'il voulait faire ce film juste après La Vallée du bonheur (1968), il peine à le faire financer. En 1972, fort du succès du Parrain qu'il considère comme une simple commande commerciale, il parvient à lancer Conversation secrète avec le soutien de la Paramount. Le réalisateur produit également le film via la société The Directors Company, qu'il a fondé avec les réalisateurs William Friedkin et Peter Bogdanovich[3].

Attribution des rôles[modifier | modifier le code]

Gene Hackman, emballé par le scénario, est choisi pour jouer le rôle de Harry Caul. Pour incarner son personnage, l'acteur a dû apprendre à maîtriser divers appareils d'écoutes et même à jouer un peu de saxophone. Par ailleurs, son frère Richard Hackman incarne deux rôles différents dans le film : le prêtre dans le confessionnal et un agent de sécurité[3].

Après avoir déjà été dirigé par Francis Ford Coppola dans Le Parrain, John Cazale renouvelle sa collaboration avec le réalisateur en campant le personnage de Stan, collègue de Harry. Deux acteurs issus du film American Graffiti de George Lucas — que Francis Ford Coppola a produit — font également partie du casting : Cindy Williams et Harrison Ford. On note enfin un caméo de Robert Duvall à la fin du film, dans le rôle du directeur ayant engagé Harry Caul.

Timothy Carey est initialement engagé pour incarner Bernie Moran. Il sera finalement remplacé par Allen Garfield[3].

Au départ, Harrison Ford avait été envisagé pour jouer le rôle de Mark (tenu finalement par Frederic Forrest) mais a décroché celui de Martin Stett. Gian-Carlo Coppola (fils aîné du réalisateur), à l'époque âgé de 9 ans, fait une apparition dans la scène de l'église.

Certains acteurs du film collaboreront une nouvelle fois avec le réalisateur : John Cazale reprend son rôle de Fredo Corleone dans Le Parrain, 2e partie, alors que Frederic Forrest, Robert Duvall et Harrison Ford apparaitront dans Apocalypse Now.

Tournage et postproduction[modifier | modifier le code]

Le tournage débute le . Il se déroule à San Francisco (Potrero Hill, Cathedral Hill, Financial District, Union Square, Alamo Square, One Embarcadero Center, Powell Street)[4].

Le directeur de la photographie Haskell Wexler est remplacé par Bill Butler pour cause de divergences artistiques. Francis Ford Coppola expliquera que Haskell Wexler avait une approche plutôt romantique du film, à l'instar de L'Affaire Thomas Crown (1968), alors que le réalisateur souhaite un style visuel « cinéma vérité » comme Medium Cool (1969) — ironiquement réalisé par Haskell Wexler[3].

Une fois le tournage terminé, le réalisateur décide de commencer Le Parrain, 2e partie et donne carte blanche à Walter Murch pour se charger du montage et du mixage[3].

Bande originale[modifier | modifier le code]

Francis Ford Coppola confie la composition de la musique à David Shire, son beau-frère à l'époque. Le réalisateur exige du compositeur d'écrire une partition non pas pour un orchestre, comme Shire l'espérait, mais pour un seul instrument : le piano. La plupart de la musique est composée avant le tournage et jouée aux acteurs sur le plateau[3].

On peut par ailleurs entendre dans le film :

Accueil[modifier | modifier le code]

Le film reçoit des critiques globalement positives. Sur l'agrégateur américain Rotten Tomatoes, il récolte 96 % d'opinions favorables pour 55 critiques et une note moyenne de 8,7010[5]. Sur Metacritic, il obtient une note moyenne de 85100 pour 15 critiques[6].

Le film fait partie de la liste des films préférés du célèbre critique américain Roger Ebert. Le film fait par ailleurs partie du livre 1001 films à voir avant de mourir (2003). Francis Ford Coppola avouera que c'est le film qu'il préfère dans sa filmographie, tout comme l'acteur Gene Hackman[3].

Côté box-office, le film récolte 4 420 000 $ sur le sol américain[7], pour un budget de 1,6 million de dollars. En France, il attire 234 972 spectateurs[8].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Récompenses[modifier | modifier le code]

Nominations[modifier | modifier le code]

Commentaires[modifier | modifier le code]

Le film est souvent mis en rapport avec le délabrement de la vie politique américaine, de l'assassinat de John F. Kennedy à Dallas en 1963 au scandale des écoutes du Watergate en 1972. Or, Francis Ford Coppola affirme se souvenir davantage des faits présentés dans la presse que des faits réels. Par conséquent, il ne retient aucune implication politique simplement des faits techniques, comme si la vraie révolution de ces années-là était plus d'ordre esthétique[9].

Intermède entre les deux Parrain, le film révèle par voisinage la soif de vanité des membres de la famille Corleone. La mélancolie est l'affect profond de ce cinéma qui semble souvent désaffecté. Harry Caul assis dans son canapé entame un énième air de jazz au saxophone, définitivement seul, comme c'est le cas de Michael Corleone à la fin du Parrain, 2e partie. En une décennie (les années 1970) Francis Ford Coppola a, en quatre films, brossé le portrait de trois hommes (Michael Corleone, Harry Caul et le Colonel Kurtz), rongés par la mélancolie et par la solitude[9].

Dans son rêve, Harry Caul précise à Ann qu'il a été paralysé des bras et des jambes dans son enfance. Ce fut réellement le cas de Coppola qui a attrapé la poliomyélite à l'âge de neuf ans, ce qui l'a contraint à rester cloué au lit une année durant[10].

Le film influence en partie Brian De Palma pour son film Blow Out sorti en 1981, avec John Travolta et Nancy Allen. Tout comme Conversation secrète, Blow Out est par ailleurs inspiré de Blow-Up (1966) de Michelangelo Antonioni[11]. De nombreux thrillers et films d'action s'inspirent également du film, comme Ennemi d'État (1998) de Tony Scott. Outre la présence de Gene Hackman, une scène de surveillance ressemble fortement à celle qui ouvre Conversation Secrète à San Francisco[12]. De plus, une photographie de Gene Hackman jeune tirée de Conversation secrète est utilisée[3]. On peut se demander dans quelle mesure ce film a inspiré un autre scénario, dans un autre univers, celui des scrupules d'un policier surveillant un couple sur écoute : celui de La Vie des Autres.

Le personnage de Gene Hackman se nomme initialement Harry Call, devenant, après une erreur de frappe, Harry Caul. Francis Ford Coppola décide de conserver ce second nom. Le personnage est par ailleurs inspiré de Martin Kaiser, un expert en technologie de surveillance qui officie comme consultant sur le tournage du film[3].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Release info » (dates de sortie), sur l'Internet Movie Database
  2. Making of Gros plan sur Conversation secrète, Éditions DVD et Blu-ray.
  3. a b c d e f g h et i « Trivia » ((en) anecdotes), sur l'Internet Movie Database
  4. « Locations » (tournage et production), sur l'Internet Movie Database
  5. (en) « The Conversation (1974) », sur Rotten Tomatoes, Fandango Media (consulté le )
  6. (en) « The Conversation Reviews », sur Metacritic, CBS Interactive (consulté le )
  7. (en) « The Conversation », sur Box Office Mojo (consulté le )
  8. « Conversation secrète », sur JP's Box-office (consulté le )
  9. a et b Les Cahiers du cinéma - Francis Ford Coppola, éditions Le Monde, 2007.
  10. Institut National de l’Audiovisuel- Ina.fr, « 1993, Coppola évoque son enfance marquée par la polio - Archives vidéo et radio Ina.fr », sur Ina.fr (consulté le )
  11. Coppola débute l'écriture de Conversation secrète l'année de sortie de Blow-Up. Source : lebleudumiroir.fr [1]
  12. Pramaggiore et Wallis 2005, p. 283.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]