Section révolutionnaire de Paris
Les sections sont une subdivision de la ville de Paris en cours durant la Révolution française, de 1790 à 1795[1].
Historique des quartiers de Paris
[modifier | modifier le code]Le Paris de la Révolution occupait 3 440 hectares au lieu des 7 800 d’aujourd’hui. Il avait pour limites : à l’ouest la place de l'Étoile, à l’est, le cimetière du Père-Lachaise, au nord la place de Clichy, au sud le cimetière du Montparnasse.
Avant 1789, Paris était divisé en « Cité », « Ville » et « Université », et subdivisé en vingt quartiers.
Ces vingt quartiers tiraient leur nom soit
- de monuments religieux : Église Saint-Eustache (Quartier Saint-Eustache), Église Sainte-Opportune (Quartier Sainte-Opportune), Église Saint-Paul (Quartier Saint-Paul), Église Saint-Benoît (Quartier Saint-Benoît, etc. ;
- soit d'édifices importants : Louvre (Quartier du Louvre), Palais-Royal (Quartier du Palais-Royal, Luxembourg (Quartier du Luxembourg), Halles (Quartier des Halles), etc. ;
- soit d'une dénomination locale : Cité (Quartier de la Cité), place Maubert (Quartier Maubert), Marais (Quartier du Marais).
Lors de la convocation des États généraux en 1789, une ordonnance de Necker divise Paris en 60 districts auxquels correspondaient 60 bataillons de la garde nationale, dont les noms furent principalement tirées des noms des églises ou des communautés religieuses.
Cette organisation subsista jusqu'au où un décret de l'Assemblée constituante substitue alors aux 60 districts 48 sections dont la dénomination fut l'occasion d'une première tentative d'innovation révolutionnaire.
Création des 48 districts ou sections
[modifier | modifier le code]Par le décret du 21 mai, sanctionné par le roi le , l’Assemblée constituante créa 48 sections (divisions territoriales et administratives), pour remplacer les districts, mettant fin à la tutelle de l'État sur la commune de Paris[2],[3]. Bien que censées n'être que des circonscriptions électorales, elles jouèrent un rôle important dans la Révolution française : s'impliquant fortement dans le débat politique, elles prenaient des décisions formelles, leur conférant ainsi un rôle d'autorité municipale[4].
Chaque section se composait d’un comité civil, d’un comité révolutionnaire et d’une force armée.
Comité civil
[modifier | modifier le code]À la tête de chaque section était placé un comité civil de seize membres élus par les citoyens actifs de la section (du quartier), les juges de paix et les membres destinés à servir d’interprètes entre la Commune de Paris et leur section. À partir de 1792, les sections s’occupèrent de manière permanente des questions politiques. Les Parisiens ayant décidé, fin , d’abolir la distinction entre citoyens passifs et actifs, les assemblées de section siégèrent dès lors en permanence et devinrent l’organe politique des sans-culottes. Elles demandèrent, après le manifeste de Brunswick du , la déchéance du roi (47 sur les 48)[5]. Le , chaque section délègua des commissaires élus par les citoyens passifs et actifs qu’elle investit de ses pouvoirs pour remplacer la municipalité de Paris. Ils étaient au nombre de cinquante-deux. Ces commissaires déclenchèrent la journée du mettant fin à la monarchie, ce qui donna la Commune insurrectionnelle de Paris. Parmi ces commissaires se trouvaient : Jacques-René Hébert, Pierre-Gaspard Chaumette, François-Xavier Audouin, etc.
Comité révolutionnaire
[modifier | modifier le code]Institué par la loi du , il n’eut d’abord pour mission que la surveillance des étrangers, sans s’immiscer dans la vie des citoyens français. L’activité que les comités révolutionnaires déployèrent dans l’exercice de leurs fonctions, qui souvent dépassait sensiblement les limites qui leur étaient assignées, les fit désigner pour l’application de la loi des suspects du . Ils eurent ainsi le pouvoir d’en dresser la liste et de décerner des mandats d’arrêt. Ils s’emparèrent aussi du droit de délivrer les certificats de civisme, tout en établissant une correspondance directe avec le Comité de sûreté générale.
Force armée dans les sections
[modifier | modifier le code]La force armée de Paris ayant à sa tête un commandant général en chef, était divisée en six légions, chaque légion comprenant huit sections. Dans chaque section, il y avait un commandant en chef, un commandant en second et un adjudant-major. Les compagnies étaient en plus ou moins grand nombre selon la population des sections. Chaque compagnie comprenait de 120 à 130 hommes. Elle était commandée par un capitaine, un lieutenant, deux sous-lieutenants. Il y avait une compagnie de canonniers par section (60 hommes par compagnie et deux canons). Le 9 thermidor an II () lors de la chute de Maximilien Robespierre, 18 avaient été envoyées au front par ordre de Lazare Carnot. Sur les trente compagnies restantes, trois étaient de garde réglementaire : à la Convention nationale, à l’Arsenal, au Temple, 17 répondirent à l’appel de la Commune de Paris, dans la nuit du 9 au 10 thermidor an II.
Sections après le 9 thermidor an II
[modifier | modifier le code]Après le 9 thermidor an II (), les sections jouèrent encore un rôle important dans les insurrections populaires puis furent supprimées par le Directoire en 1795. On substitua au nom de section, celui de division, puis de quartier.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Plan avec les sections révolutionnaires de Paris
- Décret du 21 mai 1790 relatif à l'organisation de la ville de Paris.
- Lettres-patentes du roi, sur le décret de l'Assemblée nationale, des 3, 5, 6, 7, 10, 14, 19, 21 mai & 22 juin 1790, concernant la municipalité de Paris ; suivies de la nouvelle division de la ville de Paris en quarante-huit sections.
- Pierre Pinon et Bertrand Le Boudec, Les plans de Paris : Histoire d'une capitale, Paris, Éditions Le Passage, , 136 p. (ISBN 978-2-84742-061-6), « 1793-1795 Plan des sections », p. 84.
- Michel Winock, L’échec au Roi, 1791-1792, Paris, Olivier Orban, 1991, (ISBN 2-85565-552-8), p. 265
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Marc Bouloiseau, Les Comités de surveillance des arrondissements parisiens, Paris, Mellottée, , 88 p.
- Olivier Faron et Cyril Grange, « Un recensement parisien sous la Révolution : l'exemple des cartes de sûreté de 1793 », Mélanges de l'École française de Rome, vol. 111, no 2, , p. 795-826 (lire en ligne).
- Nikolaĭ Ivanovitch Kariéev (trad. Jules Patouillet), La densité de la population des différentes sections de Paris pendant la Révolution, avec un plan, Paris, Honoré Champion, coll. « Bibliothèque de la Révolution et de l'Empire : nouvelle série » (no 3), , 16 p. (lire en ligne).
- Ernest Mellié, Les sections de Paris pendant la Révolution française (21 mai 1790-19 vendémiaire an IV) : organisation, fonctionnement, Paris, Société de l'histoire de la Révolution française, , 320 p. (lire en ligne).
- Raymonde Monnier, « L'évolution du personnel politique de la section de Marat et la rupture de Germinal an II », Annales historiques de la Révolution française, no 263, , p. 50-73 (lire en ligne).
- (en) Morris Slavin, « The Terror in Miniature : Section Droits de l'Homme of Paris, 1793-1793 », The Historian, vol. 39, no 2, , p. 292–306 (DOI 10.1111/j.1540-6563.1977.tb00067.x).
- (en) Morris Slavin, The French Revolution in miniature : section Droits-de-l'Homme, 1789-1795, Princeton (New Jersey), Princeton University Press, , XVII-449 p. (ISBN 0-691-05415-0, présentation en ligne).