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Henri II (roi d'Angleterre)

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Henri II Plantagenêt

Henri II
Illustration.
Henri II, extrait d'une miniature de l'Historia Anglorum de Matthieu Paris, vers 1250-1255.
Titre
Roi d'Angleterre

(34 ans, 6 mois et 17 jours)
Avec Henri le Jeune
(1170-1183)
Couronnement
en l'abbaye de Westminster
Prédécesseur Étienne
Successeur Richard Ier
Duc d'Aquitaine

(37 ans, 1 mois et 18 jours)
Avec Aliénor
(1137-1204)
Richard Ier
(1172-1199)
Prédécesseur Aliénor et Louis VII le Jeune
Successeur Aliénor et Richard Ier
Comte d'Anjou, du Maine et de Touraine

(37 ans, 9 mois et 29 jours)
Prédécesseur Geoffroy V
Successeur Richard Ier
Duc de Normandie

(39 ans)
Prédécesseur Geoffroy V
Successeur Richard Ier
Seigneur d'Irlande

(13 ans, 5 mois et 25 jours)
Prédécesseur Création du titre
Successeur Jean
Biographie
Dynastie Plantagenêt
Date de naissance
Lieu de naissance Le Mans (Maine)
Date de décès (à 56 ans)
Lieu de décès Château de Chinon (Touraine)
Sépulture Abbaye Notre-Dame de Fontevraud
Père Geoffroy V d'Anjou
Mère Mathilde l'Emperesse
Conjoint Aliénor d'Aquitaine
Enfants Guillaume d'Angleterre
Henri le Jeune Couronne rouge
Mathilde d'Angleterre
Richard Ier d'Angleterre Couronne rouge
Geoffroy II de Bretagne
Aliénor d'Angleterre
Jeanne d'Angleterre
Jean Couronne rouge
Geoffroy FitzRoy (illégitime)
Guillaume de Longue-Épée (illégitime)

Image illustrative de l’article Henri II (roi d'Angleterre)
Ducs de Normandie
Rois d'Angleterre

Henri II[n 1], né le et mort le , est comte d'Anjou et du Maine, duc de Normandie et d'Aquitaine et roi d'Angleterre.

Fils de Geoffroy V d'Anjou et de Mathilde l'Emperesse, fille du roi d'Angleterre Henri Ier Beauclerc, il participe aux efforts de sa mère pour reprendre le trône d'Angleterre occupé par Étienne de Blois, cousin de sa mère et neveu de son grand-père Henri Ier. Fait duc de Normandie à dix-sept ans, il hérite du comté d'Anjou en 1151 et épouse l'année suivante la duchesse Aliénor d'Aquitaine, dont le mariage avec le roi Louis VII de France avait récemment été annulé par le second concile de Beaugency. Après l'expédition d'Henri en Angleterre en 1153, le roi Étienne signe le traité de Wallingford par lequel il accepte Henri comme héritier. Ce dernier monte sur le trône un an plus tard.

Henri II se révèle un souverain énergique et parfois brutal, qui cherche à récupérer les terres et les privilèges de son grand-père, Henri. Au début de son règne, il restaure l'administration royale dévastée par la guerre civile et rétablit l'autorité de la Couronne sur le pays de Galles et ses possessions continentales. Sa volonté d'accroître le contrôle royal de l'Église lui vaut l'opposition de son ami Thomas Becket, l'archevêque de Cantorbéry, et la dispute, qui dure une grande partie des années 1160, se solde par l'assassinat de l'ecclésiastique en 1170. Sur le continent, Henri II entre en conflit avec Louis VII et les deux souverains s'affrontent dans ce qui a été qualifié de « guerre froide » pendant plusieurs décennies. Henri II agrandit ses possessions continentales souvent aux dépens du roi de France et en 1172, il contrôle l'Angleterre, une grande partie du pays de Galles, la moitié orientale de l'Irlande et la moitié occidentale de la France ; ces territoires ont été qualifiés d'« Empire Plantagenêt » par les historiens.

Henri II et Aliénor ont neuf enfants, ce qui provoque de fortes tensions sur la succession et le partage de l'Empire, des frictions encouragées par Louis VII et son fils Philippe Auguste. En 1173, le fils aîné d'Henri II, Henri le Jeune organise un soulèvement pour protester contre sa mise à l'écart du gouvernement et il est rejoint par sa mère et ses frères Richard et Geoffroy ainsi que par les comtes de Flandre et de Boulogne. Cette Grande Révolte est écrasée mais la réconciliation ne dure pas longtemps et Henri le Jeune meurt après une nouvelle révolte en 1183. L'invasion de l'Irlande permet à Henri II d'offrir des terres à son fils cadet Jean mais le roi a du mal à satisfaire les désirs de pouvoir de tous ses fils. Philippe Auguste parvient à convaincre Richard qu'il risque être évincé de la succession au profit de Jean et il se révolte en 1189. Henri II est vaincu, et meurt peu après au château de Chinon d'une hémorragie digestive provoquée par un ulcère.

L'Empire Plantagenêt s'effondre rapidement sous le règne de Jean dans les premières années du XIIIe siècle, mais les réformes d'Henri II ont une influence durable, notamment dans le domaine juridique et la définition du droit anglais. Les historiens du XVIIIe siècle considèrent qu'il a largement contribué à la création d'une monarchie anglaise et finalement, d'une Grande-Bretagne unifiée. L'expansion de l'Empire britannique durant l'époque victorienne entraîne un regain d'intérêt pour la création de l'Empire Plantagenêt, même si le traitement infligé par le roi à ses fils et à Becket a fait l'objet de débats.

Jeunesse (1133-1149)

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Portraits des parents d'Henri : Geoffroy V d'Anjou (à gauche, sur l'émail Plantagenêt, Carré Plantagenêt, Le Mans) et Mathilde l'Emperesse (à droite, extrait d'une miniature de l'évangéliaire d'Henri le Lion).

Henri naît au Mans le  ; il est le premier fils du comte Geoffroy V d'Anjou et de Mathilde l'Emperesse, ainsi nommée en raison de sa première union avec l'empereur Henri V du Saint-Empire[1]. Le comté d'Anjou avait été créé au Xe siècle et les souverains Plantagenêt avaient étendu leurs possessions via des mariages et des alliances[2],[3]. En théorie, le comte est le vassal du roi de France, mais l'influence royale s'affaiblit au XIe siècle et le comté dispose d'une large autonomie[4].

La mère d'Henri est la fille aînée de Henri Ier, roi d'Angleterre et duc de Normandie, et fils cadet de Guillaume le Conquérant[5]. Mathilde est fiancée très jeune à Henri V et, après sa mort en 1125, elle se remarie avec Geoffroy V[6]. À la suite du décès d'Henri Ier en 1135, elle espère pouvoir monter sur le trône d'Angleterre, conformément à la volonté d'Henri Ier. La reconnaissance d'une femme à la royauté n'est toutefois pas assurée, et c'est finalement son cousin Étienne de Blois qui s'empare du pouvoir, se faisant couronner roi et reconnaître comme duc de Normandie[7]. La dispute dégénère rapidement en conflit ouvert entre les deux camps ; Geoffroy V profite du désordre pour s'emparer du duché de Normandie mais il laisse la gestion de la querelle anglaise à Mathilde et à son demi-frère, le comte Robert de Gloucester[8]. Le conflit, qui est appelé Anarchie anglaise par les historiens victoriens, se prolonge sans qu'aucun camp ne parvienne à prendre l'ascendant[9].

Henri passe probablement une partie de son enfance avec sa mère qu'il accompagne en Normandie à la fin des années 1130[10]. Vers l'âge de sept ans, il est éduqué par Pierre de Saintes, un célèbre philologue d'Anjou[11],[10] et surtout par le comte de Gloucester, un homme d'une « admirable sagesse » selon la Gesta Stephani (en). Fin 1142, Geoffroy V décide d'envoyer le garçon, âgé de neuf ans, et Robert de Gloucester à Bristol, un de ses bastions contre le pouvoir d'Étienne[12]. Bien que confier ses enfants à des proches soit courant pour l'époque, envoyer Henri en Angleterre est une manœuvre politique car Geoffroy V était critiqué pour son refus de participer à la guerre sur l'île[12]. Pendant environ un an, Henri vit avec Roger de Worcester, l'un des fils de Robert, dont la suite était connue pour son érudition[12],[13]. Les chanoines de l'abbaye Saint-Augustin de Bristol participent également à son éducation[14]. Henri rentre en Anjou en 1143 ou 1144. Revenu en Normandie il reçoit les leçons de Matthieu, futur évêque d'Angers, et du célèbre philosophe et grammairien Guillaume de Conches[15],[16],[17].

En 1147, âgé de quatorze ans, il recrute des mercenaires et traverse la Manche avant d'attaquer le Wiltshire[18]. Même si l'offensive provoque une grande panique, l'expédition est un échec et Henri, à court d'argent, est contraint de rentrer en Normandie[18]. Ni sa mère, ni son oncle ne lui apportent leur soutien, ce qui signifie qu'il n'avait pas obtenu leur approbation pour cette attaque[19]. Étonnamment, c'est le roi Étienne qui paye la solde des mercenaires et les renvoie chez eux, permettant à l'adolescent de se sortir de cette affaire avec dignité. Les motivations du roi ne sont pas claires ; il s'agissait peut-être d'une marque de respect à un membre de sa famille élargie voire d'une sorte d'amusement ou, voyant que l'issue de la guerre ne pourrait être que diplomatique, Étienne aurait cherché à se rapprocher d'Henri[20],[21]. En 1149, ce dernier planifie néanmoins une nouvelle expédition et s'allie avec son grand-oncle, le roi d'Écosse David Ier d'Écosse, ainsi qu'avec Ranulph de Chester, un puissant noble qui contrôlait une grande partie du Nord-Ouest de l'Angleterre[22],[23]. Il est décidé que l'offensive viserait York, mais celle-ci est annulée après l'arrivée de l'armée d'Étienne et Henri retourne en Normandie[24],[25].

Selon les chroniqueurs, Henri est un jeune homme séduisant aux cheveux roux avec des taches de rousseurs ; il est trapu avec une grosse tête et les jambes arquées à force de monter à cheval[26],[27],[28]. Moins réservé que sa mère et moins charmant que son père, Henri est connu pour son énergie et son enthousiasme ainsi que pour son regard perçant, ses redoutables accès de colère[29] et, en certaines occasions, un mutisme renfrogné[30],[31],[32],[n 2]. Fin lettré, Henri reçoit une éducation très au dessus de la moyenne des aristocrates de l'époque[15]. Il comprend plusieurs langues, y compris l'anglais, mais n'utilisait que le latin et le français[34],[35],[36],[37],[n 3] d'oïl[38]. Le chroniqueur Gautier Map (De nugis curialum) écrit de lui, non sans une certaine exagération, qu'il a « une connaissance de toutes les langues parlées de la mer française au Jourdain »[39],[40]. Dans sa jeunesse, Henri apprécie la guerre, la chasse et les autres loisirs aventureux mais au fil des années, il devient plus prudent et consacre son énergie à la justice et aux questions administratives[41].

Il est probablement le premier roi d'Angleterre à utiliser un symbole héraldique, un écu à deux léopards[42]; par la suite, ce dessin est repris pour former les armoiries de Normandie et d'Angleterre[43].

Début de règne (1150-1162)

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Succession en Normandie et en Anjou

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Dessin d'un souverain assis tenant un sceptre et entouré d'un cercle avec des inscriptions en latin
Reproduction du XVIIIe siècle du sceau du roi Louis VII de France.

À la fin des années 1140, la situation politique en Angleterre s'est apaisée et les combats sont devenus rares[21]. Beaucoup de barons ont signé des accords de paix entre eux pour garantir leurs gains, et l'Église d'Angleterre semble prête à encourager une résolution pacifique de la guerre civile[44],[45]. Quand le roi Louis VII de France revient de la deuxième croisade en 1149, il s'inquiète du pouvoir grandissant de Geoffroy V et de la menace qu'il pourrait poser à ses possessions s'il parvenait à obtenir la couronne d'Angleterre[46],[47]. En 1150, Henri est désigné duc de Normandie par son père qui s'était emparé du duché. Louis VII s'y oppose, prenant le parti du roi Étienne en affirmant que son fils, Eustache, était l'héritier légitime du duché. Il lance alors l'offensive contre la Normandie[48],[47]. Face à une puissance supérieure, Geoffroy V conseille à son fils de parvenir à un accord : la paix est signée fin grâce à la médiation de Bernard de Clairvaux[47]. Selon le traité, Henri rend hommage à Louis VII qu'il accepte comme suzerain et lui céde le territoire disputé et fortement stratégique du Vexin ; en échange, le roi de France le reconnait comme duc de Normandie[47]. Début septembre 1151, à l'occasion de cet hommage, Henri, âgé de dix-huit ans, rencontre pour la première fois la reine Aliénor, à la cour de France où il est venu accompagné de son père, Geoffroy le Bel[49].

Geoffroy V meurt le 7 septembre 1151[50],[51], et Henri annule son expédition en Angleterre contre le roi Étienne afin de sécuriser sa succession sur le continent, notamment en Anjou[47]. À cette époque, il planifie probablement secrètement son mariage avec Aliénor d'Aquitaine qui est alors l'épouse de Louis VII[47]. Célèbre pour sa beauté, cette dernière est duchesse d'Aquitaine, une position stratégique. Peu heureux, le mariage n'aboutissait à aucun héritier mâle. La seconde croisade, après l'incident d'Antioche, eut raison du couple. Le pape Eugène III réussit à les réconcilier provisoirement, lors de leur passage à Tusculum, les 9 et 10 octobre 1149. Ce qui permet la naissance d'une seconde fille, Alix, en 1150[52]. Cependant, l'annulation du mariage est prononcée lors du concile de Beaugency, le , au motif de consanguinité (descendants du roi Robert II de France, les époux étant cousins au 4e, 5e et 6e degrés canoniques[53] — ce qui en faisait un simple prétexte[n 4]).

Dès la fin du concile, Aliénor se hâte vers Poitiers et manque d’être enlevée deux fois en route par des nobles qui convoitent la main du plus beau parti de France : le comte Thibaut V de Blois et Geoffroy Plantagenêt[56],[57]. Elle échange quelques courriers secrets avec Henri, et le [58], huit semaines après l'annulation de son premier mariage, elle épouse, à la surprise générale, en la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers, ce jeune homme fougueux, d'une dizaine d'années son cadet et qui a le même degré de parenté avec elle que Louis VII[59].

Comprenant la menace de cette alliance entre le duché de Normandie et celui d'Aquitaine, Louis VII considéra que cette union est une insulte qui va à l'encontre des traditions féodales : Aliénor et Henri, en tant que vassaux, auraient dû demander son autorisation[60],[61],[62]. Louis VII forme rapidement une coalition contre le duc de Normandie avec notamment Étienne d'Angleterre et son fils Eustache, ainsi que son futur gendre, Henri Ier de Champagne[63]. L'alliance est également rejointe par le jeune frère d'Henri, Geoffroy, qui s'efforce de soulever l'Anjou[64], arguant du fait qu'il avait été dépossédé de son héritage[65]. Il entend bien revendiquer Chinon, mais aussi Loudun et Mirebeau, enclaves angevines en Poitou[66]. Les plans de Geoffroy V concernant sa succession sont ambigus et la légitimité des revendications de son fils sont difficiles à évaluer[67].

Les combats éclatent immédiatement sur les frontières normandes[65],[63] tandis que les forces de Louis VII attaquent l'Aquitaine[63]. En Angleterre, Étienne assiège le château de Wallingford avec l'objectif de vaincre les forces loyales à Henri alors que ce dernier était occupé sur le continent[68],[63]. Évitant habilement l'affrontement avec Louis VII en Aquitaine, Henri parvient à stabiliser la situation en Normandie et pille le Vexin avant de s'emparer de Montsoreau l'un des principaux châteaux de Geoffroy en Anjou[69],[63]. Le roi de France tombe malade et se retire de la guerre, ce qui oblige Geoffroy à négocier avec son frère[63].

Accession au trône d'Angleterre

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Carte politique de l'Angleterre en 1153.
Territoires sous le contrôle de :

En réponse au siège du château de Wallingford, Henri retourne à nouveau en Angleterre, début 1153, malgré de violentes tempêtes[70],[71]. Accompagné uniquement d'une petite troupe de mercenaires probablement payés avec un emprunt, Henri est soutenu dans le Nord et l'Est de l'Angleterre par les forces du comte Ranulph de Chester et du comte de Norfolk, Hugues Bigot[72],[73],[70]. Une délégation d'ecclésiastiques anglais rencontre Henri et ses conseillers à Stockbridge peu avant Pâques en avril[74]. Les détails de la rencontre sont inconnus mais il semble que si le clergé affirmait son soutien à Étienne, il cherchait à obtenir un accord de paix[75].

Dans une manœuvre destinée à éloigner les forces d'Étienne de Wallingford, Henri assiége son château à Malmesbury et le roi répond en menant une armée pour lever le siège[76],[77]. Le duc de Normandie parvient à éviter un affrontement le long de l'Avon mais devant l'arrivée prochaine de l'hiver, les deux hommes signent une trêve[76]. Henri se rend alors dans le Nord via les Midlands où le puissant comte de Leicester Robert II de Beaumont lui apporte son soutien[76]. Dans le même temps, il cherche à se présenter comme le roi légitime en assistant à des mariages et en organisant une cour d'une manière royale[78].

Durant l'été suivant, Étienne masse des troupes autour du château de Wallingford dont la chute paraissait imminente[79],[77]. Henri se rend dans le Sud pour secourir la forteresse et il assiège les assiégeants[80]. Ayant appris cela, Étienne revient à la tête d'une grande armée[80]. À ce moment de la guerre, les barons des deux camps sont désireux d'éviter une sanglante bataille rangée[80],[81],[82] et le clergé négocie une trêve[80],[81],[82]. Henri et Étienne profitent de l'occasion pour ouvrir des négociations secrètes destinées à mettre fin au conflit ; par chance pour Henri, le fils d'Étienne, Eustache, tombe malade et meurt peu après, supprimant ainsi le principal prétendant au trône d'Angleterre[83],[82] car son second fils, Guillaume, ne semblait pas préoccupé par une éventuelle revendication au trône[84],[85]. Les combats continuent de manière sporadique alors que l'Église d'Angleterre tente d'obtenir une paix permanente[86],[87].

En novembre, les deux chefs ratifient le traité de Winchester qui est annoncé dans la cathédrale du même nom[88]. D'après le traité, Étienne reconnait Henri comme son fils adoptif et successeur, et en échange ce dernier lui rend hommage et démobilise ses mercenaires ; Étienne promet d'écouter les conseils d'Henri mais conserve tous ses pouvoirs royaux, tandis que son fils Guillaume renonce au trône en échange de la sécurisation du contrôle de ses terres[89],[90],[91]. La paix reste cependant précaire et Guillaume reste un potentiel rival pour Henri[92]. En raison de rumeurs concernant un complot pour l'assassiner, Henri décide de retourner en Normandie[92],[n 5] mais la mort d'Étienne le des suites de violents maux de ventre lui permet d'accéder au trône plus rapidement que prévu[94].

Restauration de l'autorité royale

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Enluminure d'un homme et d'une femme couronnés assis.
Henri II et Aliénor d'Aquitaine, lettrine du Lancelot-Graal, vers 1275, Bibliothèque nationale de France.

Après avoir débarqué en Angleterre le , Henri reçoit rapidement les serments de loyauté de plusieurs barons et est couronné aux côtés d'Aliénor à Westminster le [95]. La cour royale se rassemble en et les barons prêtent serment d'allégeance au roi et à ses fils[95]. Il reste encore plusieurs rivaux potentiels dont Guillaume, le fils d'Étienne, ainsi que Geoffroy et Guillaume, les frères d'Henri. Par chance pour ce dernier, ils meurent tous dans les années qui suivent, lui laissant un trône relativement stable[96]. La situation de l'Angleterre est cependant délicate car le royaume avait été dévasté par la guerre civile[n 6]. De nombreuses fortifications avaient été construites sans autorisation par les nobles locaux[98],[99], la loi forestière n'était plus respectée dans de larges portions du pays[100] et les revenus de la Couronne avaient été sévèrement réduits[101],[102].

Se présentant comme l'héritier légitime d'Henri Ier, Henri II commence à remodeler le royaume à son image[103]. Même si Étienne avait tenté d'imiter la méthode de gouvernement de son prédécesseur, le nouveau roi présente ses dix-neuf années de règne comme une période chaotique et troublée, dont tous les problèmes venaient de l'usurpation du trône par Étienne[104]. Henri II prend grand soin de montrer qu'à la différence de sa mère, il écouterait les avis et les conseils de sa cour[105]. Diverses mesures sont immédiatement prises même si, étant donné que le roi passe les trois quarts de ses huit premières années de règne en France, une grande partie des questions administratives doivent être menées à distance[106]. Les châteaux illégaux sont démolis[107],[n 7] et des réformes sont lancées pour restaurer le système judiciaire et les finances royales. Henri II investit également largement dans la construction et la rénovation de nouvelles résidences royales[108],[109].

Le roi d'Écosse et les seigneurs gallois avaient profité de la guerre civile anglaise pour s'emparer de territoires frontaliers disputés, et Henri II entreprend de les récupérer[110]. En 1157, les pressions anglaises forcent le jeune roi à rendre les territoires conquis, et Henri II fortifie immédiatement la frontière nord[108],[111]. La restauration de l'autorité royale dans le pays de Galles se révèle plus ardue, et Henri II doit mener plusieurs campagnes difficiles en Galles du Nord et du Sud en 1157 et 1158 avant que les princes Owain Gwynedd et Rhys ap Gruffydd ne se soumettent et acceptent le retour aux frontières d'avant-guerre[108],[112],[113].

Politique continentale

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Carte de l'expansion de l'Empire Plantagenêt au XIIe siècle.

Henri II entretient des relations difficiles avec Louis VII de France tout au long des années 1150. Les deux hommes s'étaient déjà affrontés au sujet de la Normandie et du remariage d'Aliénor d'Aquitaine et aucune réconciliation n'était en vue ; le roi de France revendiquait son statut de croisé et lançait des rumeurs sur le comportement et la personnalité de son rival[114],[115]. Henri II dispose cependant de plus de ressources que le roi de France, notamment après sa conquête de l'Angleterre, et Louis VII eut plus de mal à contenir l'expansion Plantagenêt qu'auparavant[116]. La rivalité entre les deux souverains implique des seigneurs voisins, dont le comte Thierry de Flandre qui signe une alliance militaire avec Henri II, avec une clause lui permettant de ne pas avoir à combattre le roi de France qui reste son suzerain[117]. Les tensions et les fréquentes rencontres entre les dirigeants pour les résoudre ont poussé l'historienne Jean Dunbabin à comparer la période à la guerre froide du XXe siècle en Europe[118].

Henri II et Louis VII parviennent finalement à un accord de paix en 1154 par lequel le roi d'Angleterre récupérait Vernon et Neuf-Marché[119]. Le traité est cependant fragile et les tensions persistent, d'autant plus qu'Henri II ne rend pas hommage à Louis VII pour ses possessions françaises[120],[121],[n 8]. Pour essayer d'améliorer les relations, Henri II rencontre Louis VII à Paris et au Mont-Saint-Michel en 1158 et il accepte de fiancer son fils aîné Henri le Jeune à Marguerite, la fille du roi de France[121]. Selon l'accord, le roi de France accorde le territoire disputé du Vexin à Marguerite en dot[122]. Pour un temps, il semble qu'un accord de paix permanent était à portée[121].

Dans le même temps, Henri II tourne son attention vers le duché de Bretagne frontalier de ses terres et qui était traditionnellement indépendant du reste de la France avec sa propre langue et culture[123]. Les ducs de Bretagne n'ont qu'une faible autorité et le pouvoir repose largement entre les mains de seigneurs locaux[124],[125]. En 1148, le duc Conan III de Bretagne meurt et une guerre civile éclate[124]. Henri II revendique le statut de suzerain de la Bretagne en avançant que le duché avait prêté serment de loyauté à Henri Ier, et il estime que contrôler le territoire permettrait de sécuriser ses possessions françaises en plus d'être un possible héritage pour un de ses fils[126]. La stratégie initiale du roi anglais était de gouverner indirectement et en ce sens, il soutient les revendications de Conan IV de Bretagne qui a des liens avec l'Angleterre et peut facilement être influencé[127]. L'oncle de ce dernier, Hoël III de Bretagne, continue à contrôler le comté de Nantes dans l'Est jusqu'à ce qu'il soit renversé par Geoffroy VI d'Anjou, peut-être avec le soutien de son frère[128]. Lorsque ce dernier meurt en 1158, Conan IV tente de prendre Nantes mais cela est refusé par Henri II qui l'annexe pour son compte[129]. Louis VII n'intervient pas dans la dispute et Henri II accroit considérablement son pouvoir en Bretagne[130].

Enluminure d'un homme portant une couronne
Le fils aîné d'Henri II, Henri le Jeune, extrait d'une miniature de l'Historia Anglorum.

Henri II espère mener une approche similaire pour reprendre le contrôle du comté de Toulouse[130]. Bien qu'il fasse partie du duché d'Aquitaine, le comté était devenu de plus en plus indépendant et était à présent gouverné par Raymond V de Toulouse dont les revendications étaient relativement faibles[131]. Encouragé par Aliénor, Henri II s'allie avec le rival de Raymond V, Raimond-Bérenger IV de Barcelone de Barcelone, et en 1159, il menace d'intervenir pour le renverser[131]. Louis VII avait cependant marié sa sœur Constance à Raymond de Toulouse, afin de sécuriser ses frontières méridionales ; à la suite d'une rencontre avec le roi de France, Henri II considère qu'il avait obtenu son accord pour une intervention[132],[133]. Il attaque donc le comté de Toulouse mais apprend que Louis VII se trouve alors dans la ville où il rend visite à son beau-frère[134]. Ne pouvant attaquer directement, le roi anglais pille la région et s'empare du Quercy[134]. L'épisode se révèle être un sujet de contentieux durable entre les deux souverains, et le chroniqueur William de Newburgh qualifia le conflit avec Toulouse de « guerre de quarante ans »[135],[136].

À la suite de l'intervention toulousaine, Louis VII tente d'apaiser les tensions avec Henri II par un traité de paix en 1160. Le texte promet la rétrocession des terres et des droits de son grand-père Henri Ier, il réaffirme la cession du Vexin ainsi que les fiançailles de Marguerite de France et d'Henri le Jeune et il oblige ce dernier à lui rendre hommage ; ce dernier point renforce la position d'héritier du jeune homme ainsi que la stature royale de Louis VII[137],[138],[139],[140]. Le roi de France modifie cependant considérablement sa position immédiatement après la conférence de paix. Son épouse, Constance, est en effet morte et Louis VII s'est remarié avec Adèle, la sœur des comtes de Blois et de Champagne[140]. Il a par ailleurs fiancé ses deux filles issues de son union avec Aliénor d'Aquitaine, Marie et Alix, respectivement à Henri Ier de Champagne et à Thibaut V de Blois[141]. Cela représente une stratégie d'endiguement de l'expansion Plantagenêt à l'opposé de la politique de conciliation initiée par l'accord de 1160[141]. Henri II est ulcéré par cette décision. Henri le Jeune et Marguerite de France se trouvent sous sa garde et en novembre, il fait pression sur plusieurs légats pontificaux et obtient une dispense canonique du pape Alexandre III pour les marier, bien qu'ils n'aient respectivement que cinq et trois ans[142] ; par ailleurs, il entre immédiatement en possession de Gisors et du Vexin normand[143],[139],[n 9]. C'était à présent au tour de Louis VII d'être furieux car la décision allait clairement à l'encontre de l'idée du traité de 1160[146].

La situation dégénère rapidement et Thibaut V mobilise ses forces en Touraine. Henri II répond en attaquant par surprise le château de Chaumont-sur-Loire[141]. Au début de l'année 1161, le conflit semble sur le point de s'étendre à d'autres régions, jusqu'à la signature d'une nouvelle trêve à Fréteval à l'automne puis d'un traité de paix l'année suivante sous la supervision du pape Alexandre III[147]. Malgré cette accalmie temporaire, l'annexion du Vexin par Henri II reste un point de friction durable entre les rois de France et lui[135].

Politique intérieure

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Gouvernement

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Enluminure d'homme barbu portant une couronne et une toge rouge discutant avec un homme en tenue d'évêque
Henri II discutant avec Thomas Becket. Manuscrit daté vers 1307-1327, British Library.

Henri II contrôle plus de territoires sur le continent que tout autre souverain depuis les Carolingiens ; ces terres associées à ses possessions en Angleterre, au pays de Galles, en Écosse et en Irlande forment une vaste entité appelée Empire Plantagenêt par les historiens[148],[149]. Malgré ce nom, il est cependant largement décentralisé et repose sur un réseau lâche de liens familiaux et féodaux[150],[151]. Henri II voyage en permanence dans son empire, ce qui donne naissance, selon l'historien John Jolliffe, à un « gouvernement de routes et de bords de routes »[152]. Selon Martin Aurell, l'itinérance est indissociable du gouvernement de ce vaste Empire. Au cours des trente-quatre années de son règne, Henri a fêté Noël dans vingt-quatre lieux différents, et a traversé vingt-huit fois la Manche. Il passe quatorze ans et demi en Normandie, treize ans en Angleterre, où son « pouvoir est le mieux implanté et d'où il tire ses principales ressources fiscales ». En revanche il ne passe que sept années en Anjou et en Aquitaine, le cinquième de son règne[153].

Ses déplacements coïncident avec les questions locales, même si des messagers le tiennent informé des événements dans le reste de ses territoires[154]. En son absence, Aliénor, en tant que régente, le représente et exerce les pleins pouvoirs en Angleterre et sur le continent, notamment en 1165 en Anjou et dans le Maine[155],[156],[157]. Elle était entourée par les hauts mandataires du roi et les provinces étaient administrées par des sénéchaux et des justiciers, ainsi que par divers fonctionnaires locaux[158],[159]. Malgré cette décentralisation, beaucoup de questions administratives sont réglées par le roi et Henri II est souvent entouré de pétitionnaires demandant des décisions ou des faveurs[160].

De temps à autre, la cour d'Henri II devient un magnum concilium ou « grand conseil » ; ils sont parfois utilisés pour prendre des décisions importantes mais l'expression est employée à chaque fois qu'un grand nombre de barons ou d'évêques rencontrent le roi[161]. Ces assemblées étaient supposées conseiller le roi et approuver ses décisions mais la véritable étendue de leur pouvoir est mal connue[162]. Henri II dispose certainement d'une grande latitude pour soutenir ses partisans et punir ses adversaires[163]. Il est ainsi très efficace dans le recrutement d'administrateurs compétents, notamment au sein du clergé, et beaucoup de ses ecclésiastiques préférés finissent par devenir évêques ou archevêques[164],[165]. À l'inverse, il n'hésite pas à utiliser son ira et malevolentia (« colère et rancœur ») désignant sa capacité à punir et à détruire financièrement des évêques ou des barons[166].

En Angleterre, Henri II s'appuie initialement sur les anciens conseillers de son père, sur des administrateurs d'Henri Ier et sur certains nobles qui avaient rejoint son camp contre Étienne en 1153[167]. Par la suite, et comme son grand-père, il encourage l'émergence d'« hommes nouveaux » issus de la noblesse peu fortunée qu'il place à de hautes fonctions[168] ; dans les années 1180, cette nouvelle classe d'administrateurs est la plus importante en Angleterre[168],[169]. En Normandie, les liens entre l'aristocratie anglaise et normande continuent à s'affaiblir tout au long de son règne[170],[171]. Comme en Angleterre, ses conseillers viennent souvent des rangs des évêques, et les grands propriétaires terriens sont écartés des rangs de l'administration[172]. Henri II utilise fréquemment son statut de roi d'Angleterre et de duc pour intervenir dans les affaires de la noblesse normande en arrangeant des mariages ou en organisant les successions. Dans le reste de ses possessions continentales, l'administration locale est moins développée. L'Anjou est gouverné par des prévôts et des sénéchaux établis le long de la Loire et dans l'Ouest de la Touraine, mais le reste de la province est assez peu administré[173],[174]. En Aquitaine, l'autorité du duc-roi était regardée avec méfiance par des barons poitevins réfractaires et rebelles. La présence d'Aliénor, en tant que duchesse, est souvent requise par Henri, notamment en 1158, où il fait raser à sa demande le château du vicomte de Thouars, et 1168, lorsqu'après avoir maté une révolte il l'installe à Poitiers pour gouverner l'Aquitaine en son absence[175],[176],[177]. Cette autorité s'accroit sous l'impulsion de Richard à la fin des années 1170[178].

Cour et famille

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Enluminure d'un arbre généalogique
La descendance légitime d'Henri II avec de gauche à droite : Guillaume, Henri le Jeune, Richard, Mathilde, Geoffroy, Aliénor, Jeanne et Jean. Extrait du Rouleau généalogique des rois d'Angleterre, vers 1300-1308, British Library.

La richesse d'Henri II lui permet de maintenir ce qui était probablement la curia regis ou cour royale la plus importante d'Europe, composée de barons, d'évêques, de chevaliers, de serviteurs et d'administrateurs[179],[180],[181],[182],[n 10]. Le roi est entouré d'un cercle informel appelé familiares regis, formé de confidents, d'amis et de proches qui jouent un rôle important pour la gestion de l'administration et servent d'intermédiaires entre les structures officielles et le souverain[184],[185].

Henri II s'efforce de créer une cour sophistiquée soutenant notamment la littérature[186],[187],[n 11]. C'est cependant pour la chasse, la passion du souverain, que la cour devient célèbre[186]. Henri II dispose de nombreux pavillons de chasse dans tout son royaume et il investit largement dans la rénovation et l'extension de ses châteaux, à la fois pour des raisons militaires et pour témoigner de la puissance de son pouvoir[189],[190]. La vie de la cour est assez protocolaire, ce qui est peut-être lié à la volonté du roi de faire oublier son accession rapide au trône et son statut relativement humble de fils de comte[191].

Photographie d'un château aux murs blancs au sommet d'une colline avec une ville en contrebas
Le château de Chinon qui fut considérablement agrandi par Henri II.

L'historien John Gillingham décrit l'Empire Plantagenêt comme une « entreprise familiale »[192]. La mère d'Henri II, Mathilde, joue un rôle important dans sa jeunesse et elle continue à exercer une forte influence sur son fils durant son règne[193]. La relation du souverain avec son épouse Aliénor est plus complexe. Henri II lui confie l'administration de l'Angleterre pendant plusieurs années après 1154 et il la laisse gouverner l'Aquitaine par la suite[194]. Leur relation se détériore cependant dans les années 1160, et les chroniqueurs et les historiens se sont interrogés sur ce qui a poussé Aliénor à soutenir ses fils contre son époux lors de la révolte de 1173-1174[195],[196],[197]. Les nombreuses interventions d'Henri II en Aquitaine, sa reconnaissance de Raymond V de Toulouse comme son vassal en 1173 ou sa personnalité rugueuse figurent parmi les explications les plus probables[197],[198].

Pour Jean Flori, les nombreuses infidélités d'Henri, dont la réputation de paillardise ne semble pas usurpée, n'ont pu qu'affecter les relations d'Aliénor avec son époux. Guillaume de Newburgh, qui ne lui est généralement pas défavorable, nous rapporte « qu'il était très porté à la concupiscence et aux relations extra-conjugales », mais aussi qu'« il usa assez de la reine pour avoir d'elle une progéniture mais lorsqu'elle cessa d'enfanter, il s'adonna à la volupté et engendra des bâtards »[199]. Giraud de Barri (le Cambrien) rapporte, lui, que peu après la mort de Rosamund Clifford, Henri l'aurait remplacée dans son lit par la jeune Aélis (Adèle) de France, alors âgée de seize ans et pourtant fiancée de longue date à Richard. Roger de Howden, historien sérieux et peu enclin aux ragots, nous rapporte que Richard aurait déclaré à Philippe-Auguste « je ne rejette pas ta sœur, mais il m'est impossible de l'épouser, car mon père a couché avec elle et engendré d'elle un fils »[200].

Gervais de Canterbury nous précise, lui, les raisons de l'étroite surveillance dont Aliénor fit l'objet après la révolte de 1173. Elle est tenue pour responsable de la sédition par son mari, qui envisage de divorcer pour pouvoir épouser Rosamund avec qui il vit désormais ouvertement. Henri fait venir le cardinal Uguccione, nonce apostolique, le 27 octobre 1175, afin de demander l'annulation de son mariage. Le Saint-Siège oppose une ferme résistance[201].

Henri II a neuf enfants légitimes avec Aliénor : Guillaume, Henri le Jeune, Richard, Mathilde, Geoffroy, Aliénor, Jeanne et Jean. Selon Raoul de Diceto, généralement bien renseigné et proche d'Aliénor, celle-ci a donné naissance à un sixième fils, mort en bas âge[202],[203],[204].

Il a également de nombreuses maîtresses, dont Annabelle de Balliol et Rosemonde Clifford[205],[n 12]. Il a plusieurs bâtards ; les plus connus sont Geoffroy, né en 1152 (par la suite archevêque d'York), qu'il aurait eu, selon Gautier Map, d'une prostituée du nom d'Ikenai[207], et Guillaume Longue-épée (vers 1176-1226), qui est fait par la suite comte de Salisbury, d'une certaine comtesse Ida Bigot[208],[209],[195]. Il reconnait également un fils, Morgan, qu'il a avec une Galloise, Nest, femme d'un de ses chevaliers. Ce fils devient clerc et est ensuite nommé prévôt de Beverley dans le Yorkshire[210].

La famille d'Henri II est divisée par de profondes rivalités, plus que la plupart des autres familles royales de l'époque, et en particulier bien plus que la maison française rivale des Capétiens[211],[212]. Diverses raisons ont été avancées pour expliquer ces tensions comme des prédispositions génétiques, des personnalités irascibles ou l'échec de l'éducation des enfants[213],[195],[214]. Des historiens comme Matthew Strickland ont avancé qu'Henri II avait fait des choix sensés pour apaiser les frictions dans sa famille et que la succession aurait pu être moins difficile s'il était mort plus tôt[215].

Image d'un sceau représentant un cavalier entouré d'un texte en latin
Grand sceau d'Henri II.

Le règne d'Henri II voit d'importants changements juridiques notamment en Angleterre et en Normandie[216],[n 13]. Au milieu du XIIe siècle, l'Angleterre compte de nombreuses juridictions civiles et ecclésiastiques dont les rôles et les attributions sont mal définies, ce qui donne lieu à diverses querelles. Henri II élargit largement les prérogatives de la justice royale pour créer un ensemble plus cohérent ; cela donne naissance à la fin de son règne au tractatus de Glanvill, l'un des premiers traités juridiques[216],[218]. Malgré ces réformes, il n'est pas certain que le roi avait une grande vision pour son nouveau système juridique et il semble qu'il ait plus agi par pragmatisme que par idéalisme[219],[220]. De fait, dans la plupart des cas, il n'a probablement joué qu'un rôle limité dans la définition des nouvelles juridictions mais il considère que rendre la justice était l'une des principales prérogatives du souverain, et il choisit avec soin les personnes chargées de mener les réformes[221],[222],[n 14].

En raison du désordre causé par la guerre civile, de nombreuses questions juridiques devaient être résolues, car beaucoup de monastères ou de particuliers avaient été dépossédés de leurs terres par les barons qui avaient parfois revendu leurs propriétés[224]. Henri II s'appuie sur des tribunaux locaux comme ceux des shires, des hundreds et des cours féodales pour juger la plupart des disputes, et il ne s'intéresse personnellement qu'à quelques-unes[225]. Ce processus est loin d'être parfait et, dans de nombreux cas, les plaignants n'ont pas gain de cause[226]. Même s'il s'intéresse à la justice, Henri II est au début de son règne préoccupé par d'autres questions politiques, et obtenir l'avis du roi impliquait de traverser la Manche et localiser sa cour ambulante[227]. Malgré cela, il n'hésite pas à intervenir dans les jugements qui lui semblaient injustes ou à légiférer pour améliorer le processus judiciaire[228]. En Normandie, des tribunaux présidés par des représentants de la Couronne rendent la justice et renvoient parfois les cas devant le souverain[229]. Il existe également un Échiquier de Normandie à Caen chargé des affaires concernant les taxes et les impôts, ainsi que des juges itinérants[230]. Entre 1159 et 1163, Henri II réforme les juridictions ecclésiastiques et civiles, et certaines de ces évolutions sont par la suite mises en place en Angleterre[231].

Henri II retourne en Angleterre en 1163 et entreprend la réforme des tribunaux royaux[232]. Il crée ainsi probablement en 1176 des « eyres » désignant des groupes de juges royaux itinérants dont la juridiction couvrait les affaires civiles et criminelles[233]. Les jurys locaux ont parfois été organisés sous les règnes de ses prédécesseurs mais Henri II accroit leur usage[234]. D'autres méthodes de jugement persistent comme l'ordalie ou le duel[235]. Après l'Assise de Clarendon de 1166, les prérogatives de la justice royale sont étendues pour couvrir les questions d'héritage et de droit de propriété[236]. Par ces réformes, Henri II s'oppose aux droits traditionnels des barons à rendre la justice, et elles accroissent considérablement la puissance royale en Angleterre[223].

Relations avec l'Église

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Photographie de ruines entourées d'une pelouse
L'abbaye de Reading, l'une des institutions religieuses préférées d'Henri II.

Les relations d'Henri II avec l'Église ont considérablement varié selon le lieu et le moment de son règne ; comme pour les autres aspects de son règne, il n'a pas véritablement défini de politique religieuse même si une grande partie de ses actions était destinée à accroître son autorité aux dépens du pape[237],[238]. Le XIIe siècle voit l'émergence d'un mouvement réformateur au sein de l'Église demandant une plus grande séparation entre le pouvoir temporel des souverains et spirituel de l'Église ; cette volonté d'une plus grande autonomie par rapport à l'autorité royale provoque de nombreuses frictions en Europe comme la querelle des Investitures entre la Papauté et le Saint-Empire[239]. En Angleterre, cela se traduisit notamment par la condamnation à l'exil de l'archevêque de Cantorbéry, Thibaut du Bec, par Étienne en 1152[240].

Contrairement à la situation en Angleterre, Henri II entretient d'excellentes relations avec le clergé normand[241]. En Bretagne, il dispose du soutien des évêques locaux et il intervient rarement dans les questions religieuses sauf quand cela pouvait lui permettre de mettre en difficulté son rival Louis VII[242]. Plus au sud, l'autorité des ducs d'Aquitaine sur le clergé est relativement faible et les tentatives d'Henri II pour influer sur les nominations ecclésiastiques créent des tensions[243]. Durant l'élection pontificale disputée de 1159, Henri II, comme Louis VII, soutient le pape Alexandre III contre son rival Victor IV[144].

Henri II n'est pas un souverain particulièrement pieux selon les critères de l'époque[244]. En Angleterre, il apporte un important soutien financier aux monastères mais n'encourage pas la création de nouvelles congrégations et attribue la plupart des dons à celles ayant des liens avec sa famille comme dans le cas de l'abbaye de Reading[245]. En ce sens, il semble avoir été influencé par sa mère et plusieurs chartes portent leur signature commune[246]. Après la mort de Becket, il fait construire et fait des dons à divers monastères en France essentiellement pour améliorer son image[247]. Comme le transport maritime était dangereux, il réalise une confession complète avant de prendre la mer et fait appel à des augures pour déterminer le meilleur moment pour voyager[248]. Il est également possible que ses déplacements aient été planifiés selon les fêtes religieuses[249].

Henri II, va en 1166 en compagnie de Conan IV de Bretagne, duc de Bretagne ; de Geoffroi Ier évêque de Saint-Brieuc, et de Guillaume Ier, abbé de Saint-Aubin des Bois ; Guillaume, abbé de Saint-Serge, Hugues, abbé de Saint-Nicolas d'Angers, Guillaume, abbé de Saint-Maur ; Guillaume, abbé de Toussaint d'Angers, assister à la translation du corps de saint Brieuc dans l'abbaye Saint-Serge-lès-Angers[250].

Économie et finances

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Pièce en argent très usée sur laquelle sont difficilement visibles une couronne, un sceptre et un visage barbu
Penny en argent datant du règne d'Henri II.

Henri II restaure de nombreuses institutions financières créées par son grand-père Henri Ier et ses réformes ont un impact durable sur l'économie anglaise[251],[252],[253]. Les souverains médiévaux comme Henri Ier disposaient de plusieurs sources de revenus : ceux venant de leurs domaines fonciers ou demesne, les amendes légales, les amendes arbitraires pour les offenses mineures (en anglo-normand a-merce-ment), et les taxes qui n'étaient à l'époque levées que de manière intermittente[254]. Les rois pouvaient également emprunter des fonds ; Henri II utilise bien plus cette possibilité que ses prédécesseurs, initialement auprès de prêteurs de Rouen puis chez des marchands juifs et flamands[255],[256]. Les réserves d'argent deviennent de plus en plus importantes au cours du XIIe siècle pour financer les mercenaires et la construction de châteaux en pierre, éléments incontournables de la guerre médiévale[257].

Henri Ier avait créé un système financier reposant sur trois institutions : un Trésor central à Londres avec des réserves dans différents châteaux, l'Échiquier responsable des paiements à ces trésors et une équipe de fonctionnaires royaux qui suivait le roi dans ses déplacements et dépensait ou collectait l'argent en route[258],[259],[260]. Ce système est sévèrement affecté par la longue guerre civile et certaines sources suggèrent une baisse de 46 % des revenus de la Couronne entre 1130 et 1155[261]. Une nouvelle pièce en argent appelée penny Awbridge est mise en circulation en 1153 pour essayer de stabiliser la monnaie après la guerre[262][263]. On sait peu de chose sur la manière dont Henri II gérait les questions fiscales dans ses possessions françaises mais un système très similaire à celui en application en Angleterre opérait en Normandie et il est probable que cela était également le cas en Anjou et en Aquitaine[259].

À son arrivée au pouvoir, Henri II donne la priorité à l'amélioration de la situation financière de la Couronne[253]. Les revenus des demense représentent la majorité des recettes royales même si une forte taxation est appliquée dans les premières années de son règne[264],[265]. Aidé par le compétent Richard fitz Nigel, il réforme la monnaie et réduit fortement le nombre de monnayeurs ayant obtenu une licence pour produire des pièces[266],[267],[n 15]. Ces mesures améliorent la situation économique mais elles sont accentuées par le roi après son retour en Angleterre dans les années 1160[272],[273]. En 1180, les monnaies dont le nombre passe à dix pour tout le pays passent sous le contrôle de fonctionnaires et les profits réalisés sont directement envoyés au Trésor[274]. Grâce à ces réformes, les revenus de la Couronne passent d'environ 18 000 livres au début du règne d'Henri II à plus de 22 000 livres après 1166[275]. L'une des conséquences de ces changements est un accroissement important de la masse monétaire en Angleterre, ce qui permet une hausse de long terme de l'inflation et du commerce[251],[252].

Milieu de règne (1162-1175)

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Développements en France

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Miniature d'un homme et d'une femme couronnés portant de longues robes et manteaux
Henri II et Aliénor. Extrait d'une miniature d'un manuscrit des Grandes Chroniques de France, vers 1332-1350, British Library.

Les tensions entre Henri II et Louis VII persistent tout au long des années 1160 et les efforts du roi de France pour lutter contre l'expansion Plantagenêt deviennent de plus en plus vigoureux[130]. En 1160, ce dernier renforce ses alliances dans le centre de la France avec Henri Ier de Champagne et le duc Eudes II de Bourgogne. Trois ans plus tard, le nouveau comte de Flandre, Philippe, inquiet de la puissance grandissante d'Henri II se rapproche ouvertement du roi de France[117],[130]. Par ailleurs, la naissance d'un fils, Philippe Auguste, en 1165 renforce la position de Louis VII[276]. Ces développements entraînent un regain de tensions au milieu des années 1160[277].

Dans le même temps, Henri II commence à s'impliquer de plus en plus dans les affaires bretonnes[278] ; en 1164, il confisque les terres le long de la frontière entre la Bretagne et la Normandie et deux ans plus tard, il mène une expédition punitive contre la noblesse locale[279]. Henri II contraint ensuite Conan IV à abdiquer en faveur de sa fille Constance ; cette dernière passe sous la garde du roi anglais qui la fiance immédiatement à son fils Geoffroy[279],[n 16]. Ses tentatives d'annexion de l'Auvergne provoquent la colère de Louis VII[281] et plus au sud, il poursuit ses pressions contre Raymond V de Toulouse. Henri II mène personnellement campagne contre lui en 1161 et encourage le roi Alphonse II d'Aragon à l'attaquer[136]. En 1165, le comte de Toulouse divorce de la sœur de Louis VII et cherche à s'allier à Henri II[281].

La situation dégénère finalement en un conflit ouvert en 1167 à la suite d'une querelle triviale sur la manière dont l'argent destiné aux États latins du Levant devait être collectée[281]. S'étant allié aux Gallois, aux Écossais et aux Bretons, Louis VII attaque la Normandie[282]. Henri II répond en attaquant Chaumont-sur-Epte où se trouve le principal arsenal français ; la destruction de la ville et des réserves contraint le roi de France à abandonner ses alliés et à signer une trêve séparée[282],[283]. Henri II est ainsi libre de se retourner contre les rebelles en Bretagne dont il avait l'intention de prendre personnellement le contrôle[284].

À la fin de la décennie, Henri II commence à envisager sa succession et il décide que son empire serait divisé entre ses fils après sa mort : Henri le Jeune obtiendrait l'Angleterre et la Normandie, Richard deviendrait duc d'Aquitaine et la Bretagne serait transmise à Geoffroy[285]. L'accord du roi de France est nécessaire pour un tel partage et de nouvelles négociations de paix sont menées en 1169 à Montmirail[286]. Les discussions portent sur de nombreux points et s'achèvent par l'hommage rendu à Louis VII par les fils d'Henri II pour leurs futures possessions, et par les fiançailles de Richard avec Adèle (Aélis), la fille du roi de France[282],[287]. Aélis est remise à la garde du roi d'Angleterre, mais Richard ne veut jamais l'épouser malgré les pressions politiques et religieuses, « […] à cause du scandale qui était apparu, et à cause de la trop grande intimité qu'elle avait contractée avec son père »[288]. La même année Henri II fortifie la frontière sud de la Normandie : sur les bords de l'Avre, il bâtit des forts à Verneuil, Courteilles, Tillières et Nonancourt.

Si les accords de Montmirail avaient été appliqués, les hommages auraient renforcé la position royale de Louis VII tout en réduisant la légitimité de toute révolte dans les territoires Plantagenêt ; ils laissent par ailleurs présager une potentielle alliance entre les deux souverains[289]. En pratique, Louis VII estime qu'il avait temporairement pris l'ascendant et il encourage les tensions entre Henri II et ses fils immédiatement après la fin de la conférence[290]. Dans le même temps, la situation d'Henri II dans le sud de la France continue à s'améliorer et en 1173, il forme une alliance avec le comte Humbert III de Savoie qui fiance sa fille Alix à Jean[136],[n 17]. Le mariage d'Aliénor, la fille du souverain d'Angleterre, au roi Alphonse VIII de Castille en 1170 lui donne un nouvel allié au sud[136]. Raymond V de Toulouse cède finalement aux pressions en et il reconnait la suzeraineté d'Henri II et de ses héritiers sur son comté[136].

Querelle avec Thomas Becket

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Miniature représentant plusieurs hommes en armure et armés dans une église. L'un d'eux frappe un ecclésiastique à genoux avec son épée.
La mort de Thomas Becket. Miniature d'un psautier, vers 1275-1300, British Library.

L'un des principaux événements du règne d'Henri II dans les années 1160 est sa querelle avec Thomas Becket. À la mort de l'archevêque de Cantorbéry Thibaut de Bec en 1161, le roi veut profiter de l'occasion pour réaffirmer ses droits sur l'Église en Angleterre[291]. Il nomme ainsi à cette fonction son chancelier Thomas Becket en considérant probablement que ce dernier, en plus d'être un vieil ami, serait affaibli au sein du clergé en raison de son train de vie dispendieux et aurait besoin de l'appui du roi[292]. Mathilde et Aliénor semblent avoir eu des doutes sur l'opportunité de cette nomination mais Henri II persiste[293],[294]. Son plan n'a cependant pas l'effet escompté car Becket change radicalement son mode de vie, rompt ses liens avec le roi et se présente comme un ardent défenseur de l'indépendance de l'Église[295].

Les deux hommes s'affrontent sur de nombreux points notamment sur la politique d'imposition du roi ou la volonté de Becket de récupérer les terres appartenant à l'archevêché[296]. La principale source de conflit concerne néanmoins le traitement des ecclésiastiques ayant commis des crimes ; Henri II estime que les traditions juridiques anglaises autorisent le roi à juger ces affaires tandis que l'archevêque avance que seules des juridictions religieuses sont compétentes. La dispute donne lieu aux Constitutions de Clarendon que le souverain impose de force à Becket en  ; ce dernier accepte le texte mais se rétracte peu après[297]. Le sens du texte est ambigu et continue à faire l'objet de débats entre historiens[298],[n 18].

La querelle devient de plus en plus personnelle entre les deux hommes et aucun n'était prêt à céder[300]. La dispute s'internationalise également car les deux cherchent le soutien du pape Alexandre III et des autres souverains[301]. Après le départ de Becket pour la France en 1164 où il trouve refuge auprès de Louis VII[302], Henri II se met à harceler le clergé et l'archevêque excommunie tous ceux, religieux ou laïcs, qui prenaient parti pour le roi[303]. Le pape soutient Becket sur le principe mais il a besoin de l'appui du roi d'Angleterre pour sa lutte contre l'empereur Frédéric Ier ; il s'efforce donc d'obtenir une solution négociée à la crise[304].

En 1169, Henri II décide de couronner son fils Henri le Jeune, or cette cérémonie requérait traditionnellement la présence de l'archevêque de Cantorbéry. Par ailleurs, la dispute affecte le prestige de la Couronne à l'étranger et le roi commence à adopter une politique plus conciliante. Cela échoue et Henri le Jeune est finalement couronné par l'archevêque d'York en 1170. Le pape autorise Becket à émettre un interdit et menace d'excommunier personnellement Henri II, ce qui oblige ce dernier à plier. Un accord est finalement signé en et l'archevêque revient en Angleterre en décembre. Alors que la dispute semblait réglée, Becket excommunie trois autres partisans du roi ; furieux, Henri II déclare « Quels misérables parasites et traîtres ai-je nourris et promus dans ma maison [royale], pour qu'ils laissent leur seigneur être traité avec un si honteux dédain par un petit clerc ?[305],[n 19] »

Ayant apparemment entendu cette déclaration, quatre chevaliers se rendent secrètement à Canterbury le avec l'intention de contraindre Becket à respecter l'accord avec le roi et dans le cas contraire, à l'arrêter[306]. Ayant refusé, Becket reçoit plusieurs coups d'épée et meurt peu après[307]. Ce meurtre dans une église en face de l'autel horrifie l'Europe et alors que l'archevêque n'avait jamais été très populaire de son vivant, il est déclaré martyr par les moines de la cathédrale[308]. Concentré sur la question irlandaise, Henri II ne fait rien pour arrêter les assassins de Becket[309]. La pression internationale l'oblige néanmoins à négocier un compromis avec le pape en . Selon le document, il était absous de toute culpabilité dans le meurtre de Becket et acceptait de partir en croisade et d'abroger les Constitutions de Clarendon[310] ; il ne respecte cependant pas son premier engagement[311],[312].

Invasion de l'Irlande

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Carte des principaux royaumes irlandais et voie d'invasion anglaise en 1171.

Au milieu du XIIe siècle, l'Irlande est gouvernée par de nombreux seigneurs locaux dont l'autorité était relativement limitée par rapport au reste de l'Europe[313]. L'île est considérée comme une région barbare et arriérée par la plupart des contemporains[314],[315]. Dans les années 1160, le Haut-Roi d'Irlande Toirdelbach Ua Conchobair retire le titre de roi de Leinster à Diarmait Mac Murchada. Ce dernier demande le soutien d'Henri II qui l'autorise à recruter des mercenaires au sein de son Empire[316]. À la tête d'une armée de soldats anglo-normands et flamands venant des marches galloises, Mac Murchada récupère le Leinster en 1171 mais meurt peu après[317]. L'un des principaux chefs mercenaires, Richard de Clare, revendique le territoire pour son compte[318].

Henri II saisit cette occasion pour intervenir personnellement en Irlande. Il regroupe une grande armée en Galles du Sud et après avoir écrasé les rebelles qui contrôlaient la région depuis 1165, il débarque sur l'île en [319]. Certains seigneurs irlandais demandent à Henri II de les protéger des envahisseurs anglo-normands tandis que de Clare offre de le reconnaître comme suzerain s'il était autorisé à conserver ses nouvelles possessions[318]. Le pape Alexandre III encourage cette initiative qui lui permet d'accroître l'autorité pontificale sur l'Église irlandaise[320],[321]. Le facteur déterminant de l'expédition royale est cependant la crainte que les seigneurs des Marches n'acquièrent des territoires se trouvant au-delà de l'autorité d'Henri II[322]. Son intervention est un succès car son autorité est acceptée par les Irlandais et les Anglo-Normands dans le Sud et l'Est de l'île[323].

Henri II entreprend un vaste programme de construction de châteaux durant sa visite de 1171 pour protéger les conquêtes anglo-normandes[324],[325]. Il espère cependant obtenir une solution politique de long terme et en 1175, il signe le traité de Windsor par lequel Rory O'Connor était reconnu comme Haut-Roi, lui rendait hommage et garantissait la stabilité de l'île[326]. O'Connor est cependant incapable de faire appliquer son autorité dans certaines régions comme le Munster et Henri II intervient plus directement en créant des fiefs locaux[326],[327].

Grande Révolte de 1173-1174

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Carte des combats en Normandie à l'été 1173.

En 1173, Henri II doit affronter un soulèvement de la noblesse soutenu par ses fils aînés, la France, l'Écosse et la Flandre qui est appelé la Grande Révolte. Les causes de cette insurrection sont multiples. Même s'il avait été couronné et avait le titre de roi, Henri le Jeune n'avait aucune influence sur les décisions de son père qui limitait fréquemment ses revenus[328]. Il est également très attaché à Becket qui avait été son tuteur et il fait peut-être porter la responsabilité de sa mort à son père[292]. Geoffroy se trouve dans une situation similaire ; Conan IV de Bretagne est mort en 1171 mais il n'avait toujours pas épousé Constance et n'avait donc aucune légitimité pour gouverner le duché[329]. Richard est encouragé à participer à la révolte par Aliénor dont les relations avec Henri II se sont considérablement dégradées[330]. En 1173, Aliénor craint non seulement d'être supplantée par Rosamund Clifford et d'être écartée du trône, mais se sent également menacée quant à son autorité dans ses États. En effet, en février 1173 c'est à Henri et à Henri le Jeune que Raymond de Toulouse avait prêté hommage, pour une terre qu'elle estimait relever de son duché d'Aquitaine, qu'elle avait remis à son fils Richard[331]. Ce dernier se voit relégué en troisième position, malgré les assurances paternelles et les investitures solennelles[332]. Dans le même temps, les barons voient dans ces tensions, un moyen d'affaiblir l'autorité royale et de récupérer leurs pouvoirs traditionnels en s'alliant avec les fils du roi[333],[334],[335].

L'élément déclencheur de la révolte est la décision d'Henri II de donner à son fils Jean, à l'occasion de ses fiançailles avec la fille du comte de Maurienne, trois châteaux angevins appartenant à Henri le Jeune : Chinon, Loudun et Mirebeau[336]. Ce dernier proteste et se rend à Paris où il est rejoint par Richard et Geoffroy ; Aliénor veut faire de même mais elle est arrêtée par des soldats d'Henri II en novembre 1173[337],[338]. Louis VII apporte son soutien au fils lésé, son beau-fils, et la guerre est inévitable[339]. Henri le Jeune écrit au pape pour se plaindre de l'attitude de son père et il commence à rassembler des alliés dont le roi Guillaume d'Écosse et les comtes de Boulogne, de Flandre et de Blois auxquels il promait des terres en cas de victoire[340],[341]. Simultanément, des nobles se soulevent en Angleterre, en Bretagne, dans le Maine et le Poitou[342]. Certains barons sur les frontières normandes se révoltent également mais dans l'ensemble le duché reste loyal au roi malgré un mécontentement grandissant[343],[n 20]. Seul l'Anjou reste relativement calme[342]. Malgré l'ampleur de la crise, Henri II dispose de plusieurs atouts dont le contrôle d'un grand nombre de forteresses stratégiques et des ports anglais, ainsi qu'une popularité certaine parmi la population urbaine de son empire[345],[346],[100].

En , Louis VII et Henri le Jeune testent les défenses du Vexin en direction de la capitale normande, Rouen ; dans le même temps, leurs alliés attaquent depuis la Bretagne et Blois pour prendre en tenaille les défenseurs[347]. Henri II retourne secrètement en Angleterre pour lancer une offensive contre les rebelles sur l'île avant de revenir en Normandie et d'écraser les forces coalisées[348]. Une armée est détachée pour repousser les rebelles bretons qui sont ensuite capturés[349]. Le roi anglais offre ensuite de négocier avec ses fils mais les discussions organisées à Gisors ne débouchent sur aucun accord[349]. Henri II profite néanmoins de ce répit pour réduire les poches rebelles en Touraine, sécurisant ainsi les lignes de communication de son empire[350]. Dans le même temps, les combats en Angleterre se prolongent tout l'été sans qu'aucun camp ne parvienne à prendre le dessus ; l'arrivée de renforts flamands permet cependant aux troupes loyalistes de vaincre l'armée rebelle à la bataille de Fornham (en) en Est-Anglie en [351]. Après l'échec d'une nouvelle offensive d'Henri le Jeune et de Louis VII en Normandie en , les combats cessent durant l'hiver[350].

Au début de l'année 1174, les adversaires d'Henri II semblent avoir essayé de le pousser à rentrer en Angleterre, afin de profiter de son absence pour envahir la Normandie[350]. Avec l'appui des barons rebelles du Nord de l'Angleterre, Guillaume d'Écosse attaque ainsi le Sud de l'île et des troupes écossaises progressent rapidement dans les Midlands[352]. Le roi anglais ignore cette manœuvre et se concentre sur ses opposants en France ; dans le même temps, l'offensive de Guillaume est entravée par son incapacité à prendre les forteresses stratégiques restées loyales à Henri II dont le fils illégitime, Geoffroy, mène une défense efficace[353]. Dans une nouvelle tentative pour pousser le roi à quitter le continent, le comte Philippe de Flandre annonce son intention d'envahir l'Angleterre et il envoie une avant-garde en Est-Anglie[354]. Cette perspective d'une invasion flamande a l'effet escompté et Henri II quitte la France au début du mois de juillet[355]. Profitant de ce départ, Louis VII et Philippe avancent dans l'Est de la Normandie et atteignent Rouen[355]. Alors que la situation lui échappait, Henri II se rend sur la tombe de Becket à Cantorbéry et il annonce que la révolte était un châtiment divin ; sa pénitence fait beaucoup pour restaurer l'autorité royale à ce moment décisif du conflit[312]. Il apprend peu après que Guillaume d'Écosse avait été battu et capturé à Alnwick, ce qui entraine l'effondrement de la rébellion en Angleterre[355]. Henri II retourne alors en Normandie en août et il écrase les forces françaises qui se préparaient à lancer un ultime assaut contre Rouen ; repoussé en France, Louis VII demande des pourparlers de paix[356].

Dernières années (1175-1189)

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Conséquences de la Grande Révolte

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Fresque endommagée représentant deux femmes à cheval
Fresque de la chapelle Sainte-Radegonde de Chinon (fin du XIIe ou XIIIe siècle). Représentation possible d'Aliénor et sa fille Jeanne en 1174.

Peu après la fin des combats, Henri II organise des négociations à Montlouis et présente des conditions relativement clémentes correspondant à un retour au statu quo[357]. Henri le Jeune et son père promettent de ne pas se venger sur les partisans de l'autre ; le premier accepte le transfert des châteaux à son frère Jean mais en échange de deux forteresses normandes et de 15 000 livres angevines. De leur côté, Richard et Geoffroy obtiennent la moitié des revenus tirés respectivement de l'Aquitaine et de la Bretagne[358],[n 21]. La reine est maintenue en captivité pendant plus de quinze ans, « par crainte d'une nouvelle conspiration » indique Geoffroy de Vigeois. Aliénor, d'abord placée sous bonne garde au château de Chinon est ramenée en Angleterre en juillet 1174, et est maintenue en résidence très surveillée dans la tour Old Sarum et à Winchester, ainsi que dans divers autres châteaux, jusqu'à la mort d'Henri, en 1189[360],[361],[358],[362]. Les barons rebelles sont brièvement emprisonnés et doivent parfois payer une amende mais ils récupèrent leurs titres et leurs propriétés[363]. Henri II est en revanche moins généreux avec Guillaume d'Écosse qui n'est libéré qu'après avoir accepté le traité de Falaise de par lequel il reconnait la suzeraineté du roi anglais et cède cinq forteresses stratégiques sur la frontière[364]. Philippe de Flandre proclame sa neutralité envers le roi anglais en échange de quoi ce dernier lui apporte un soutien financier régulier[117].

Pour ses contemporains, Henri II parait plus puissant que jamais ; de nombreux souverains européens cherchent à s'allier avec lui et il est convié à arbitrer des disputes en Espagne et en Allemagne[365],[366]. Malgré cette apparente puissance, il essaye de résoudre les éléments qui avaient provoqué la révolte ; il entreprend d'accroître la justice royale en Angleterre pour réaffirmer son autorité et il passe du temps en Normandie pour améliorer ses relations avec les barons locaux[344],[367]. Il fait également appel au culte grandissant voué à Becket pour renforcer son prestige en invoquant le saint pour expliquer sa victoire de 1174 et la capture de Guillaume d'Écosse[368].

La paix de 1174 ne fait cependant rien pour régler les tensions persistantes entre Henri II et Louis VII et ces dernières ressurgissent à la fin de la décennie puisque les deux s'affrontent pour le contrôle de la riche province du Berry[369]. Henri II revendique l'Ouest du territoire mais il annonce en 1176 qu'il a accepté en 1169 de céder toute la province à Adèle, la fiancée de Richard[370]. Si Louis VII reconnaissait cet accord, cela signifiait que le Berry appartenait effectivement à Henri II et que ce dernier avait le droit de l'occuper pour le compte de son fils[371]. Pour faire pression sur son rival, le roi anglais mobilise son armée[369]. Le pape intervient et, comme l'avait probablement anticipé Henri II, encourage les deux rois à signer un pacte de non-agression en et à partir ensemble en croisade[371]. Le contrôle de l'Auvergne et de portions du Berry est décidé par un arbitrage qui se prononce en faveur du roi anglais, qui exploite ce succès en achetant La Marche à un comte local[372]. Cette nouvelle expansion de l'Empire Plantagenêt menace à nouveau la sécurité du roi de France et la nouvelle paix semble encore une fois très précaire[373].

Tensions familiales

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Enluminure d'un homme couronné assis sur trône tenant une épée dans une main et une église miniature dans l'autre
Richard, extrait d'une miniature de l'Historia Anglorum de Matthieu Paris, vers 1250-1255.

À la fin des années 1170, Henri II s'efforce de stabiliser le gouvernement en s'appuyant notamment sur sa famille mais les tensions concernant sa succession ne sont jamais résolues[374]. Ayant finalement écrasé les derniers rebelles de la Grande Révolte, Richard est reconnu par son père comme duc d'Aquitaine en 1179[375]. Deux ans plus tard, Geoffroy épouse Constance et devient duc de Bretagne[376],[377]. Jean avait accompagné son père durant la Grande Révolte et beaucoup d'observateurs le considéraient comme son fils préféré[378]. Henri II lui accorde de plus en plus en terres, souvent aux dépens de l'aristocratie, et en 1177, il le fait seigneur d'Irlande[379]. Dans le même temps, Henri le Jeune passe la fin de la décennie à voyager en Europe où il participe à des tournois et ne joue qu'un rôle secondaire dans l'administration de son père[380].

Mécontent de ce manque d'influence et de pouvoir, Henri le Jeune réitère ses précédentes demandes en 1182 : il veut que lui soient octroyées des terres comme le duché de Normandie dont les revenus lui permettraient de financer sa cour[381]. Henri II refuse mais accepte d'accroître la pension de son fils. Cela n'est pas suffisant pour ce dernier et le roi tente d'apaiser les tensions en insistant pour que Richard et Geoffroy rendent hommage à leur frère pour leurs terres[382]. Richard estime qu'Henri le Jeune n'a aucun droit sur l'Aquitaine et il commence par refuser de reconnaître sa vassalité ; quand il le fait sous la pression de son père, son frère refuse de l'accepter[383]. Henri le Jeune forme une alliance avec des barons aquitains mécontents et avec Geoffroy, qui lève une armée de mercenaires pour attaquer le Poitou[384]. La guerre éclate en 1183 et Henri II et Richard font campagne en Aquitaine. La révolte s'évanouit néanmoins soudainement quand Henri le Jeune meurt de la dysenterie en 1183[385].

Son fils aîné étant mort, Henri II modifie les conditions de sa succession : Richard deviendrait roi d'Angleterre mais il n'aurait aucun pouvoir jusqu'à la mort de son père ; Geoffroy conserverait la Bretagne qu'il avait obtenue par mariage et Jean, son fils préféré, obtiendrait le duché d'Aquitaine[379]. Richard refuse néanmoins d'abandonner le duché auquel il s'était attaché car il n'avait aucune envie de devenir un roi d'Angleterre subalterne sans pouvoir[379],[386]. Furieux, Henri II ordonne à Geoffroy et à Jean de marcher vers le sud pour reprendre le duché par la force[379]. La guerre est courte et elle se termine par une difficile réconciliation familiale à Westminster à la fin de l'année 1184[387],[379]. L'année suivante, Henri II fait venir Aliénor en Normandie pour obliger Richard à lui obéir, tout en menaçant de céder la Normandie et peut-être l'Angleterre à Geoffroy[388],[389]. Richard capitule devant cette menace et il cède les châteaux ducaux en Aquitaine à son père[390].

Dans le même temps, Jean entreprend une expédition en Irlande en 1185 dont l'issue est peu glorieuse. L'île n'avait été que récemment conquise par les forces anglo-normandes et les tensions étaient fortes entre les représentants de la Couronne, les colons et les populations locales[391]. Jean offense les seigneurs locaux, échoue à se faire des alliés parmi les colons anglo-normands et subit plusieurs revers militaires face aux Irlandais ; il retourne finalement en Angleterre moins d'un an après son arrivée[391]. En 1186, Henri II est sur le point de le renvoyer sur l'île quand il apprend que Geoffroy avait été tué lors d'un tournoi à Paris, laissant derrière lui deux jeunes enfants. Cet incident modifie à nouveau l'équilibre des forces entre le roi et ses fils[390].

Philippe II de France

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Couronnement de Philippe-Auguste en 1179 : le roi d'Angleterre (duc de Normandie et d'Aquitaine) et le comte de Flandre, debout derrière le roi agenouillé, sont reconnaissables à leurs tabards armoriés. À l'arrière-plan, de part et d'autre de l'évêque tenant un livre ouvert, les deux fils d'Henri portent le même tabard que leur père mais une couronne plus petite. (Enluminure de Jean Fouquet, XVe siècle).
Henri II (à droite) et Philippe II Auguste prenant la croix pour la troisième croisade. Miniature d'un manuscrit des Grandes Chroniques de France, vers 1332-1350.

Si Henri II a une grande affection pour son fils cadet Jean, ses relations avec Richard sont difficiles et ces tensions sont exploitées par le nouveau roi Philippe II de France[392]. Ce dernier avait accédé au pouvoir en 1180 et avait rapidement montré qu'il était un souverain calculateur et manipulateur[393]. Henri II et Philippe ont initialement entretenu de bonnes relations, au point que cela coûte au roi de France le soutien des comtes de Flandre et de Champagne[394],[117]. La mort de Geoffroy, que Philippe II considérait comme un ami proche et aurait bien vu en successeur d'Henri II, provoque néanmoins une rupture entre les deux souverains[394],[395]. En 1183, Henri se sentant menacé par Philippe Auguste sépare le Vexin normand du Vexin français par une ligne d'ouvrages au sud de Gisors, le long de l'Epte : Neaufles, Dangu, Châteauneuf-sur-Epte.

En 1186, Philippe II demande la garde des enfants de Geoffroy et donc la Bretagne, et il insiste pour qu'Henri II ordonne à Richard de se retirer du comté de Toulouse où il était intervenu pour faire pression sur Raymond V, l'oncle du roi de France[396]. En cas de refus, il menace d'envahir la Normandie[396]. Il soulève à nouveau la question du Vexin qui formait l'ancienne dot de Marguerite ; Henri II occupait encore la région et Philippe II exige que le roi anglais finalise le mariage entre Richard et Alix ou rende cette dot[397]. Philippe II envahit le Berry et Henri II rassemble une grande armée pour l'affronter à Châteauroux, mais le pape négocie une trêve[398]. Durant les négociations, le roi de France suggère à Richard de s'allier avec lui contre Henri II dans une manœuvre pour opposer le fils au père[398],[394].

L'offre de Philippe coïncide avec une crise au Levant car le sultan Saladin s'empare de Jérusalem en 1187, provoquant des appels à la croisade dans toute l'Europe[399]. Richard est enthousiaste et il annonce son intention de rejoindre l'expédition ; Philippe II et Henri II font de même au début de l'année 1188[400]. Richard veut partir immédiatement mais il est contraint d'attendre que son père prépare son absence[401]. Dans l'intervalle, il entreprend d'écraser ses adversaires en Aquitaine avant d'attaquer à nouveau le comte de Toulouse en 1188[401]. Sa campagne sape la fragile trêve entre Henri II et Philippe II, et les deux commencent à mobiliser d'importantes forces en prévision de la guerre à venir[402]. Le premier rejète les demandes de trêve du roi de France dans l'espoir d'obtenir un accord de paix durable[403]. Philippe refuse et Richard, furieux, considère que son père voulait simplement retarder le départ de la croisade[403].

Carte de la dernière campagne d'Henri II en 1189.

La rupture entre Henri II et Richard est finalement consommée lors d'une conférence de paix organisée en par Philippe II. Ce dernier offre publiquement une généreuse proposition de paix par laquelle il cède divers territoires, en échange de quoi le roi anglais accepte le mariage de Richard et d'Alix et reconnait son fils comme héritier[404]. Le refus d'Henri II pousse son fils à se lever et à prendre la parole pour lui demander de le reconnaître comme son héritier[404]. Le roi restant silencieux, Richard rejoint ostensiblement le côté français et rend hommage à Philippe devant tous les nobles rassemblés[405].

Le pape intervient à nouveau et obtient un accord de dernière minute qui entraîne le début d'une nouvelle conférence à La Ferté-Bernard en 1189[406]. Henri II souffrait alors d'une hémorragie digestive provoquée par un ulcère[407],[408]. Les discussions achoppent rapidement, même si Henri II propose à Philippe II de marier Alix à Jean au lieu de Richard, ce qui reflétait les rumeurs selon lesquelles le roi envisageait ouvertement de déshériter son fils[406]. La rupture des négociations signifiait que la guerre était inévitable, mais Richard et Philippe II lancent une attaque surprise immédiatement après la fin de la conférence alors que cela était traditionnellement une période de trêve[409].

Henri II est surpris au Mans mais parvient à rejoindre Alençon d'où il peut gagner la sécurité de la Normandie[410]. Contre l'avis de ses conseillers, il décide cependant de faire demi-tour et de retourner en Anjou[407]. Le temps est particulièrement chaud et le roi, de plus en plus souffrant, semble avoir voulu mourir paisiblement dans sa province natale plutôt que de mener une nouvelle campagne[407]. Henri II évite les forces adverses sur son chemin et il s'effondre dans son château de Chinon[411]. Philippe II et Richard progressent d'autant plus rapidement qu'il était évident que le roi était mourant et que ce dernier deviendrait roi[407]. Ils proposent de négocier et rencontrent Henri II, à peine capable de se tenir sur son cheval, à Ballan. Ce dernier accepte une reddition totale : il rend hommage à Philippe II ; il confie Alix à un garant avant son mariage avec Richard à son retour de croisade ; il reconnait ce dernier comme son héritier et il accepte le paiement d'indemnités à Philippe II et la cession de forteresses stratégiques en garantie[407].

Henri II était si souffrant qu'il doit être transporté en litière à Chinon, où il apprend que Jean s'était rallié à Philippe Auguste, aux côtés de Richard[412],[413]. Cette ultime trahison lui porte un coup fatal et il est saisi d'une forte fièvre, sombrant dans un coma intermittent. Il ne recouvre ses esprits que le temps de se confesser et il meurt le à l'âge de cinquante-six ans[413], dans la chapelle Saint-Melaine de la forteresse, dont une plaque au sol, au nord du château du Milieu, marque l'emplacement et commémore l'évènement[414],[415]. Des chroniqueurs ont rapporté la fin tragique du vieux roi. Prostré, il agonise pendant de nombreuses heures. Puis courtisans et serviteurs, n'attendant guère, se mettent à le piller et à le dépouiller de ses bagues et même de son manteau, le laissant presque nu sur le sol[416]. Mais certaines autres chroniques indiquent que Geoffroy, son seul fils à lui être demeuré fidèle, l'assiste dans ses derniers instants, et reçoit de lui l'anneau orné d'un léopard, symbole de son pouvoir royal[417]. Henri avait souhaité un temps (testament de 1170) être inhumé à l'Abbaye de Grandmont dans le Limousin. Mais selon Guillaume de Newburgh, le roi ordonne, sur son lit de mort, d'être enseveli à Fontevraud. Une « supposée » canicule ne saurait être la raison de ce revirement[418]. Guillaume le Maréchal, arrivé après le décès d'Henri, fait transporter le corps à l'abbaye de Fontevraud. Richard vient contempler la dépouille de son père, ne manifestant aucune émotion. Alors qu'il se recueillait, du sang s'écoula des narines du défunt[416],[419],[413].

Forteresse de Chinon - Plaque au sol à l'emplacement de la chapelle Saint Melaine où est mort Henri II roi d'Angleterre.
Photographie de deux gisants colorés en rouge et en bleu
Tombe d'Henri II et d'Aliénor à l'abbaye Notre-Dame de Fontevraud.

Après la mort d'Henri II, Richard obtient les terres de son père ; il participe ensuite à la troisième croisade mais il ne respecte pas sa promesse d'épouser Aélis de France. Aliénor est libérée et Richard lui confie alors le gouvernement du royaume et tous ses pouvoirs, lors de son départ pour la croisade. Il lui adjoint en Angleterre un conseil de régence composé notamment de Guillaume de Longchamp et d'Hugues du Puiset[420],[421],[422],[423]. L'Empire Plantagenêt ne survécut néanmoins pas longtemps à la disparition de son créateur et en 1204, Jean perd toutes les provinces continentales, à l'exception de la Guyenne, au profit de Philippe II. Cet effondrement a diverses causes dont des changements économiques, les différences culturelles grandissantes entre l'Angleterre et la Normandie, et surtout la fragile nature familiale de l'Empire d'Henri II[192],[168].

Henri II n'était pas un roi très populaire et peu pleurèrent sa mort[424]. Écrivant dans les années 1190, William de Newburgh note que « de son temps, il était haï par presque tout le monde » ; il était fréquemment critiqué par ses contemporains même ceux appartenant à sa cour[425],[426]. Néanmoins, beaucoup de réformes adoptées par Henri II durant son règne eurent d'importantes conséquences à long terme. Les évolutions juridiques sont généralement considérées comme à la base du droit anglais, et la cour de l'Échiquier comme préfigurant la cour des plaids-communs de Westminster[427]. Son système de juges itinérants influença ses contemporains et les baillis créés par Philippe II en sont directement inspirés[428].

Historiographie

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Henri II a fait l'objet de nombreuses études historiques[31]. Au XVIIIe siècle, l'historien et philosophe David Hume écrivit que son règne joua un rôle majeur dans la création d'une monarchie véritablement anglaise et finalement, d'une Grande-Bretagne unifiée[31]. Son rôle dans la controverse avec Becket fut salué par les historiens protestants de la période tandis que ses affrontements avec le roi de France étaient appréciés par les nationalistes[429]. L'époque victorienne vit un regain d'intérêt pour la personnalité des figures historiques, et les historiens de l'époque critiquèrent vivement le comportement d'Henri II en tant que roi mais également en tant qu'époux et père[430]. Son rôle dans la mort de Becket fit l'objet d'accusations particulièrement fortes[431]. Malgré cela, et en s'appuyant sur les documents de l'époque, ils soulignèrent ses contributions au développement d'importantes institutions anglaises telles que la cour de l'Échiquier[432]. William Stubbs le qualifia ainsi de « roi législateur » responsable de réformes profondes et durables[432],[433],[434]. Influencés par la croissance de l'Empire britannique, des historiens comme Kate Norgate réalisèrent des recherches détaillées sur les possessions continentales d'Henri II et créèrent le concept d'« Empire Plantagenêt »[435],[436].

Les historiens du XXe siècle révisèrent beaucoup de ces conclusions. Dans les années 1950, Jacques Bousard et John Jolliffe, entre autres, se concentrèrent sur la nature de cet « Empire » ; les historiens français s'intéressèrent notamment au fonctionnement du pouvoir royal durant cette période[437]. Les aspects anglocentrés de nombreuses études furent amendés à partir des années 1980 pour essayer d'unifier les analyses françaises et britanniques de la période[438]. Des recherches approfondies sur les archives du XIIe siècle ont également permis d'invalider certaines analyses antérieures[439],[440],[441]. Même si de nombreuses chartes royales ont été identifiées, l'interprétation de ces documents, des informations financières présentes dans les pipe rolls (en) et les données économiques de l'époque s'est révélée plus ardue que ce qui était précédemment estimé[442],[443]. Ainsi, la nature du gouvernement d'Henri II en Anjou et dans le Sud de la France reste en grande partie inconnue[444].

Culture populaire

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Henri II apparaît dans les pièces Meurtre dans la cathédrale de T. S. Eliot en 1935 et de Becket ou l'Honneur de Dieu de Jean Anouilh[445] en 1959. Cette dernière est adaptée au cinéma en 1964 dans laquelle Peter O'Toole joue le rôle d'Henri II[446],[447].

Henri II est le personnage central de The Lion in Winter (en), une pièce de James Goldman de 1966 qui présente une rencontre imaginaire à Chinon entre la famille du roi et Philippe II à l'occasion de Noël 1183. L'adaptation de 1968 avec Peter O'Toole reprenant le rôle du roi qu'il avait joué dans Becket aida à définir l'image populaire d'un souverain sacrilège, impétueux et déterminé même si ces traits de personnalité sont, de l'aveu même de Goldman, une invention[448]. La pièce a été adaptée à la télévision en 2003 avec Patrick Stewart dans le rôle du roi anglais.

En 1978, la BBC crée, en co-production avec TF1, Télécip, Time Life Films (en), TV2 (it), et la SSR, La couronne du diable (en), feuilleton télévisé de treize épisodes narrant la vie d'Henri II puis de ses héritiers Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre.

Le souverain apparaît dans la bande dessinée Aliénor la légende noire d'Arnaud Delalande, Simona Mogavino et Carlos Gomez, publiée dans la collection Reines de sang aux Éditions Delcourt (2012-2017).

Descendance

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Nom Naissance Mort Notes
Geoffroy 1152 fils illégitime
Guillaume
Henri le Jeune Épouse Marguerite de France en 1160 ; aucun enfant
Richard Cœur de Lion Épouse Bérengère de Navarre en 1191 ; aucun enfant
Mathilde Épouse Henri XII de Bavière en 1168 ; cinq enfants
Geoffroy Épouse Constance de Bretagne en 1181 ; trois enfants
Aliénor Épouse Alphonse VIII de Castille ; douze enfants
Jeanne (a) Épouse Guillaume II de Sicile en 1177 ; un enfant
(b) Épouse Raymond VI de Toulouse en 1196 ; trois enfants
Jean sans Terre (a) Épouse Isabelle de Gloucester en 1189 ; aucun enfant
(b) Épouse Isabelle d'Angoulême en 1200 ; cinq enfants dont le roi Henri III d'Angleterre
Guillaume de Longue-Épée av. 1167 ou 1176 fils illégitime

Notes et références

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  1. Henri II a également été appelé Henri fitz Empress (Turner 2011) ou Henri Plantagenêt, mais aussi, dans sa jeunesse, court-mantel (Wood 1994, p. 122).
  2. Les détails des descriptions contemporaines sont clairement influencés par les textes bibliques et l'historien Nicholas Vincent note par exemple la ressemblance entre le récit du roi mangeant furieusement de la paille et le Bible Segond 1910/Livre d’Ésaïe 11,7[33].
  3. Les historiens ignorent de quelle variété de français il s'agit car le chroniqueur mentionne uniquement qu'Henri parle le gallica ou « français[36] ».
  4. À la fin du XIIe siècle, beaucoup de mariages au sein de la noblesse ne respectaient cependant pas les règles du droit canon concernant la consanguinité, et il ne fait aucun doute que cette annulation équivalait à un divorce qui n'avait pas d'existence légale à l'époque. Les termes de « divorce » et d'« annulation » sont ainsi utilisés indifféremment dans la littérature historique pour désigner les actions de Louis VII envers Aliénor[54],[55].
  5. À l'inverse, John Hosler estime que la situation était plus stable que ce qui est communément estimé[93].
  6. Ces destructions poussèrent les historiens victoriens à qualifier le conflit d'« Anarchie ». L'expression attribuée à J. Horace Round a depuis été contestée[97].
  7. Les recherches récentes tendent à montrer qu'Étienne avait commencé ce processus de destruction avant sa mort, que l'apport d'Henri II fut plus limité que ce qui était auparavant estimé, même s'il s'attribua une grande partie du mérite[107].
  8. Les historiens ont longtemps pensé qu'Henri II a pu rendre hommage à Louis VII en 1156. Cela n'est cependant attesté que par un unique chroniqueur et le consensus actuel rejette cet épisode[120].
  9. L'influence d'Henri II sur les légats apostoliques était liée à la dispute entre les papes Victor IV et Alexandre III[144]. L'empereur Frédéric Barberousse, qui préférait le premier, organise en 1160 le concile de Pavie pour régler la question ; en ce sens, des discussions ont lieu en France, en Angleterre et en Normandie tandis qu'un concile commun soutenu par Henri II et Louis VII est tenu à Beauvais en [144]. Les chroniques contemporaines concernant ces événements et les décisions prises sont incohérentes mais il apparaît qu'après juillet, le choix fut fait de privilégier Alexandre III[145]. Étant le porte-parole du concile de Beauvais, Henri III utilise son autorité pour convaincre les légats qu'il serait sage de marier son fils[145].
  10. Parmi les chroniqueurs qui documentèrent la vie de la cour figurent Gautier Map, Giraud de Barri, Jean de Salisbury, Richard fitz Nigel, Roger de Hoveden et Pierre de Blois[183].
  11. Les historiens ont longtemps considéré qu'Henri II avait été un important mécène littéraire mais Gillingham estime qu'il ne fut pas particulièrement plus généreux que les autres souverains de l'époque[188].
  12. Les rumeurs selon lesquelles Aliénor aurait fait assassiner Rosamund ne sont pas jugées crédibles par les historiens actuels qui considèrent également que ces liaisons extra-conjugales n'ont pas joué un rôle décisif dans la rupture du mariage royal[206],[195].
  13. Les premières générations d'historiens ont bien plus souligné la nature réformatrice du règne d'Henri II que les historiens modernes ; au XIXe siècle, Frederic William Maitland le considère comme « un moment fondateur de l'histoire juridique anglaise[217] ».
  14. À l'inverse, certains historiens comme Wilfred L. Warren ont avancé qu'Henri II joua un rôle bien plus important dans les réformes[223].
  15. Henri II hérite d'un ancien réseau de monnaies composé de petits ateliers artisanaux qui frappent des pièces en échange d'une fraction de l'argent utilisé[268],[269]. L'historienne Pamela Nightingale avance que la réforme de 1158 a entraîné la disparition d'une classe de monnayeurs royaux mais le manque de preuves soutenant cette théorie a été critiqué par Martin Allen[270],[271].
  16. Henri II ne devient jamais formellement duc de Bretagne car il ne fait qu'administrer le duché pour le compte de Geoffroy et de Constance[280].
  17. Alix meurt avant que le mariage n'ait eu lieu mais l'alliance reste en vigueur[136].
  18. Le consensus actuel est que l'affirmation d'Henri II selon laquelle les Constitutions représentaient les traditions existantes était juste mais que Becket avait également raison d'affirmer que ces coutumes n'étaient pas en accord avec le droit canon[299].
  19. Il est communément avancé que le roi aurait déclaré « qui me débarrassera donc de ce prêtre turbulent ? » mais cette citation est probablement apocryphe.
  20. Les premières études historiques ont souligné la loyauté du duché de Normandie durant la Grande Révolte, mais les analyses plus récentes ont modéré cette vision et souligné les tensions qui traversaient le territoire[255],[344].
  21. Il est impossible de donner une estimation précise de l'équivalent moderne de la valeur de l'argent du XIIe siècle. 15 000 livres angevines équivalaient à environ 3 750 livres à une époque où les revenus de la Couronne étaient d'environ 22 000 livres[359].

Références

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  • (en) Keith J. Stringer, The Reign of Stephen : Kingship, Warfare and Government in Twelfth-Century England, Londres, Routledge, , 93 p. (ISBN 978-0-415-01415-1).

Autres travaux

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  • Jean Flori, Aliénor d'Aquitaine, La reine Insoumise, Paris, Payot, , 545 p. (ISBN 2-228-89829-5).
  • Martin Aurell, Aliénor d'Aquitaine, Souveraine femme, Paris, Flammarion, , 503 p. (ISBN 978-2-0804-6324-1)
  • (en) Marjorie Chibnall, The Empress Matilda, Oxford, Blackwell, , 252 p. (ISBN 978-0-631-19028-8), « Queen Consort, Queen Mother and Lady of the English ».
  • (en) Jane Martindale, « Eleanor of Aquitaine : The Last Years », dans King John: New Interpretations, Woodbridge, Boydell Press, (ISBN 978-0-85115-947-8, lire en ligne).
  • (en) Ralph Turner, Eleanor of Aquitaine : Queen of France, Queen of England, New Haven, Yale University Press, , 395 p. (ISBN 978-0-300-17820-3). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Ralph Turner, King John : England's Evil King?, Stroud, History Press, , 240 p. (ISBN 978-0-7524-4850-3).
  • (en) Wilfred L. Warren, King John, Londres, Methuen, (ISBN 0-413-45520-3).

Liens externes

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