Bérengère de Navarre
Bérengère de Navarre | |
![]() Bérengère de Navarre. | |
Fonctions | |
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Reine d’Angleterre | |
– (7 ans, 10 mois et 25 jours) |
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Couronnement | en la chapelle Saint-Georges de Limassol |
Prédécesseur | Aliénor d'Aquitaine |
Successeur | Isabelle d'Angoulême |
Duchesse d'Aquitaine et de Normandie, comtesse d'Anjou, du Maine et de Touraine | |
– (7 ans, 10 mois et 25 jours) |
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Prédécesseur | Aliénor d'Aquitaine |
Successeur | Isabelle d'Angoulême |
Biographie | |
Dynastie | Dynastie Jiménez Maison Plantagenêt |
Date de naissance | vers 1163 |
Lieu de naissance | Tudela (Royaume de Navarre) |
Date de décès | |
Lieu de décès | Le Mans (Comté du Maine) |
Sépulture | Abbaye de l'Épau (Comté du Maine) |
Père | Sanche VI de Navarre |
Mère | Sancha de Castille |
Conjoints | Richard Cœur de Lion |
Religion | Catholicisme |
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Reine consort d'Angleterre | |
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Bérengère de Navarre, née en et morte le , est la première née du roi Sanche VI de Navarre dit « le Sage » (Sancho el Sabio) et l'épouse de Richard Cœur de Lion.
Biographie[modifier | modifier le code]
La demande en mariage[modifier | modifier le code]
La date de naissance de Bérengère de Navarre est incertaine, mais on la situe entre 1163 et 1165. Elle a entre 26 et 28 ans lorsque Richard Ier Plantagenêt la demande en mariage. Elle ne possède aucune terre en propre. Apparentée aux comtes du Maine par sa grand-mère, elle n'a pas de lien de parenté direct avec Richard Ier d'Angleterre et donc n'a aucun motif d'annulation du mariage à redouter du pape. Le royaume de Navarre pour petit qu'il soit est la cible de l'appétit des royaumes puissants. Bien que considérée comme âgée pour un premier mariage, la main de Bérengère n'en est pas moins convoitée, ce qui explique, par la crainte pour l'autonomie du royaume, la résistance du roi de Navarre à faire contracter un mariage à sa fille aînée.
En , Richard Cœur de Lion entame des pourparlers avec Alphonse II d'Aragon et Sanche VI de Navarre afin de prévenir une hostilité de Raymond V de Toulouse avec lequel il était en litige pour la Provence. Il en profite pour demander la main de Bérengère de Navarre. Sanche VI accepte malgré les suspicions qui pèsent sur Richard du fait de son long refus du mariage, ses amitiés particulières et la promesse faite à Philippe Auguste d'épouser sa demi-sœur Adèle de France. Le prestige d'une alliance entre le petit royaume de Navarre et l'empire Plantagenêt remédie à certains défauts de forme. Le projet est cependant gardé secret, celui-ci impliquant l'acquiescement du roi de France, forcément mécontent de la rupture des fiançailles avec sa demi-sœur. Le départ prévu pour la Troisième croisade, demandée par la bulle Audita tremendi du , prononcée par le pape Grégoire VIII, permet l'éloignement du royaume.
Départ pour la croisade[modifier | modifier le code]
Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion remettent longtemps leur départ, chacun craignant que l'absence de l'autre soit un prétexte à quelques acquisitions territoriales, sans compter le peu de confiance qu'a Richard en son jeune frère Jean, dit Jean sans Terre.
Frédéric Barberousse s'est mis en route pour l'Orient en , par la voie terrestre. Les Pisans et Vénitiens arrivent les premiers, au , en passant par la mer, suivis par les Danois et les Frisons en septembre. Puis suivent quelques Français, menés par Robert de Dreux, les Flamands et les Bretons. Les deux rois ne partent qu'après leur entrevue de Vézelay, du au .
Le , Richard embarque de Marseille, et Philippe poursuit vers Gênes. Les deux rois s'arrêtent en Sicile, et Richard intervient dans le jeu politique local et veut faire entrer l'île dans la sphère des Plantagenêt. Bérengère de Navarre, accompagnée d'Aliénor d'Aquitaine rejoint le le roi d'Angleterre à Messine. Entre-temps, un accord de dédit a eu lieu entre Richard et Philippe, évalué à 10 000 marcs et quelques concessions sur le Vexin normand.
Mariage à Chypre[modifier | modifier le code]
Le , la flotte de Richard arrive dans le port de Limassol, où Isaac Doukas Comnène, usurpateur et cousin du défunt empereur de Byzance Andronic Ier, veut faire prévaloir son droit d'épave.
Arrivé le 6, Richard s’empare de la ville. Isaac Doukas Comnène arrive pour stopper les croisés, il découvre qu’il est trop tard et se retire à Kolossi. Richard fait appeler Isaac pour négocier, mais ce dernier réclame le départ de Richard. Celui-ci se lance alors avec sa cavalerie contre l’armée d’Isaac à Tremetusia. Les quelques catholiques romains de l’île se joignent à Richard, ainsi que les nobles de l’île, en révolte contre les sept années subies sous le joug tyrannique d’Isaac.
Bien qu’Isaac se défende bravement, l’armée de Richard est plus importante et mieux équipée, ce qui lui assure la victoire. Isaac continue la résistance à partir des châteaux de Pentadactylos, mais après le siège de son château de Kantaras, il se rend finalement, et Richard devient le nouveau maître de Chypre.
Il pille l’île et massacre ceux qui tentent de lui résister. Pendant ce temps, la promise de Richard, Bérengère, l’a enfin rejoint sur sa route vers la Terre sainte. Leur mariage est célébré à Limassol, le , en la chapelle Saint-George. La sœur de Richard, Jeanne, l’a suivi de Sicile, et assiste à la cérémonie. L'évêque d'Évreux couronne la nouvelle reine d'Angleterre.
Bérengère accompagne désormais son mari. Ils débarquent devant Acre assiégée le . La ville est prise dès , et Bérengère s'y installe le temps de la croisade.
Après la bataille de Jaffa, Richard prépare son retour vers l'Occident. Pressé de retourner dans ses États, il renvoie le gros de ses troupes par voie maritime tandis que lui-même, avec une faible escorte, prévoit de les regagner plus haut en passant incognito par l'Europe centrale. Ainsi Bérengère se sépare de son mari et s'embarque à Acre le . Elle débarque bientôt à Brindisi et se rend à Rome pour y séjourner. Richard quitte à son tour Acre le . Il est fait prisonnier par Léopold V de Babenberg en et maintenu en captivité en Allemagne.
Richard captif[modifier | modifier le code]
Le mari de Bérengère reste captif en Allemagne jusqu'en . Pendant ce temps, Bérengère et sa belle-mère Aliénor d'Aquitaine négocient les conditions de la libération de Richard. Cette libération survient à la suite du paiement d'une partie d'une énorme rançon et de l'envoi d'otages en Allemagne parmi lesquels se trouve le prince Ferdinand de Navarre, frère cadet de Bérengère. Il retourne en Navarre en 1196 dès que la rançon est totalement payée.
Retour et mort de Richard[modifier | modifier le code]
Durant l'absence de son mari, Bérengère séjourne en Gascogne, où, avec l'aide de son frère Sanche VII de Navarre, elle lutte contre divers soulèvements féodaux.
Richard regagne l'Angleterre sans elle en et s'engage aussitôt dans la guerre contre Philippe Auguste. Bérengère et son mari sont enfin à nouveau réunis.
Le mariage, tardif pour les deux époux, ne produit pas d’héritier (ni fille ni garçon). Les opinions divergent par ailleurs sur l’entente entre les époux. Il est assuré que les époux vécurent très peu de temps ensemble, l'absence de postérité du couple ne pouvant donc pas surprendre. Richard meurt le des conséquences d’un carreau d'arbalète reçu durant le siège du château de Châlus en Limousin. Bérengère sera la seule reine d'Angleterre à ne jamais mettre le pied sur cette terre.
Une de ses dernières interventions comme reine semble être l'organisation du mariage de sa jeune sœur Blanche de Navarre avec Thibaud III de Champagne. Le mariage est finalement célébré le à Chartres alors qu'elle vient de devenir veuve.
Le Maine[modifier | modifier le code]

Veuve, elle renonce à se remarier. Elle est bientôt écartée du pouvoir par le successeur de Richard, le roi Jean sans Terre. Quelques années après, Philippe Auguste fait de Bérengère la comtesse usufruitière du Maine, confisqué à Jean sans Terre. Elle vient s'installer au Mans, la capitale des Plantagenêt, en 1204.
Selon la légende, elle se serait installée dans la fameuse maison de la reine Bérengère, mais il n'en est rien puisqu'elle passe tout son temps au palais des comtes du Maine.
Il est communément rappelé que la reine trouve asile dans la ville mais non le bonheur. Une partie des pouvoirs locaux, de mèche avec Jean sans Terre, ne cessent de batailler contre elle afin de prendre possession de son douaire.
Voyant sa mort approcher et n'ayant pas la possibilité de se faire enterrer aux côtés de son mari dans l'abbaye de Fontevraud, elle fonde en 1229 l'abbaye cistercienne de l'Épau, au Mans, où elle est enterrée.
Le comté du Maine est alors rattaché au domaine royal français.
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Le frère de Bérengère, Sanche VII de Navarre, n'ayant pas de postérité légitime, l'héritier du royaume de Navarre est son frère cadet Ferdinand de Navarre. À la mort de ce dernier en 1207, Bérengère, aînée des sœurs de Sanche VII, devient alors héritière du royaume, mais elle est alors veuve sans enfants et a renoncé à se remarier. La suivante dans l'ordre de succession est sa jeune sœur Blanche de Navarre, veuve de Thibaud III de Champagne mais mère d'un fils unique, Thibaud IV de Champagne, né posthume en 1201.
Il semble que Bérengère et sa sœur Blanche, Thibaud IV devenu majeur, renoncent peut-être de leur vivant à la succession de Navarre puisque Thibaud IV fait le voyage à Pampelune en 1225 pour se faire reconnaître héritier par son oncle Sanche VII. Dans tous les cas, ces précautions sont inutiles, Bérengère (en 1230) et Blanche (en 1229) mourant avant leur frère.
Ascendance[modifier | modifier le code]
Hommages[modifier | modifier le code]
- Le collège Bérengère-de-Navarre au Mans.
- Le paquebot britannique RMS Berengaria, nommé en son honneur.
- Le nom de Bérengère de Navarre apparaît parmi les 999 personnalités féminines mentionnées dans l’œuvre artistique The Dinner Party.
Notes et références[modifier | modifier le code]
Voir aussi[modifier | modifier le code]
Bibliographie[modifier | modifier le code]
- Martin Aurell, L'Empire des Plantagenêt, 1154-1224, Paris, Perrin, coll. « Pour l'histoire » (no 359), , 406 p. (ISBN 2-262-01985-1, présentation en ligne), [présentation en ligne], [présentation en ligne]. Réédition : Martin Aurell, L'Empire des Plantagenêt, 1154-1224, Paris, Perrin, coll. « Tempus » (no 81), , 406 p., poche (ISBN 2-262-02282-8, présentation en ligne).
- Ghislain Baury et Vincent Corriol (préf. Nicholas Vincent), Bérengère de Navarre (v. 1160-1230), Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 368 p. (ISBN 978-2-753-59193-6, présentation en ligne).
- Jean Favier, Les Plantagenêts : origine et destin d'un empire, Paris, Fayard, , 960 p. (ISBN 2-213-62136-5).
- (en) John Gillingham, « Richard I and Berengaria of Navarre », Bulletin of the Institute of Historical Research, vol. 53, no 128, , p. 157-173 (ISSN 0950-3471, DOI 10.1111/j.1468-2281.1980.tb01739.x, lire en ligne).
- François Lebrun, Histoire des Pays de Loire, Toulouse, Privas, coll. « Univers de la France », 1972.
- Pauline Ducom et Bénédicte Fillion-Braguet, « Le Mans. Abbaye de l'Épau : le tombeau à gisant de la reine Bérengère de Navarre », Bulletin monumental, t. 181, no 1, , p. 77-82 (ISBN 978-2-36919-200-8)
Liens externes[modifier | modifier le code]
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Naissance en 1170
- Décès en 1230
- Reine consort d'Angleterre du XIIIe siècle
- Richard Cœur de Lion
- Comtesse d'Anjou
- Naissance à Tudela
- Décès au Mans
- Duchesse de Normandie
- Personnalité de la troisième croisade
- Croisée
- Comtesse du Maine
- Infante de Navarre du XIIe siècle
- Infante de Navarre du XIIIe siècle
- Personnalité inhumée au Mans