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Maurice Viollette

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Maurice Viollette
Illustration.
Maurice Viollette en 1929.
Fonctions
Député d'Eure-et-Loir
1902-1919
1924-1930
1945-1955
Sénateur d'Eure-et-Loir
1930-1939
Gouvernement IIIe République-IVe République
Groupe politique RRRS (1902-1928)
PRS (1928-1930
GD (1930-1939)
RRRS (1945-1946)
UDSR (1946-1951)
RRRS (1951-1955)
Ministre d'État

(1 an, 7 mois et 10 jours)
Président Albert Lebrun
Gouvernement Blum (1)
Chautemps (3)

(26 jours)
Gouvernement Blum (2)
Gouverneur général d'Algérie
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Janville
Date de décès (à 90 ans)
Lieu de décès Dreux
Résidence Eure-et-Loir

Maurice Gabriel Viollette, né le à Janville (Eure-et-Loir) et mort le à Dreux, est un homme politique français.

Il fut maire de Dreux de 1908 à 1959 (avec interdiction d'exercice de 1940 à la Libération), député puis sénateur d'Eure-et-Loir. Il a été ministre du Ravitaillement en 1917. Gouverneur général de l'Algérie de 1925 à 1927, il fut à l'initiative d'un projet de loi donnant à certains Algériens musulmans le droit de vote et la nationalité française, avant d'être ministre d'État sous le Front populaire de 1936 à 1938.

Biographie

Jeunesse et formation

Fils de Jules Viollette (1840-1896), banquier, et de Marie Foucher[1], Maurice Viollette, après l'école communale de Janville, poursuit sa scolarité au lycée Pothier d'Orléans, où vivent ses grands-parents maternels. Il obtient son baccalauréat après un premier échec, puis fait son service militaire à Montargis au 82e régiment d'infanterie.

Il fait ensuite ses études de droit (licence - D.E.S.- doctorat) à la Faculté de Paris, après avoir passé deux thèses ayant pour sujet Les offres réelles en droit français et La plus-value due aux fermier sortants en droit français. Avocat inscrit au barreau de Paris en 1892, il adhère à l'Association des Jeunesses républicaines où il donne des conférences.

Vie politique et sociale

En 1896, il devient à 26 ans chef de cabinet d'Alexandre Millerand, ministre du Commerce, de l'Industrie, des Postes et Télégraphes de 1899 à 1902 dans le gouvernement Pierre Waldeck-Rousseau.

En 1897, il est élu conseiller municipal de Janville, remplaçant son père décédé l'année précédente. Il est ensuite candidat aux législatives à Chinon en 1898, sans succès, puis élu conseiller municipal à Tours en 1900. Il est secrétaire de la première séance et désigné pour participer à deux commissions (finances et enseignement).

Il est candidat aux législatives de 1902 à Dreux et élu député radical d'Eure-et-Loir, constamment réélu jusqu'en 1919[2]. Ayant refusé d'adhérer au Bloc national, il est battu lors des élections législatives de 1919 par François Durand-Béchet[3], alors que la Chambre des députés est dite "bleue horizon", la majorité de ses membres étant des anciens combattants de la Grande Guerre.

Le , il épouse à 42 ans Thérèse Mathon à Paris, dans le 6e arrondissement.

Membre de la Ligue des droits de l'homme, il retrouve son siège au Palais-Bourbon en 1924 (radical, puis républicain socialiste à partir de 1928). Il est sénateur de l'Eure-et-Loir de 1930 à 1939. Après la guerre, il siège à la première (1945) et la seconde (1946) assemblées nationales constituantes comme radical, puis comme UDSR. Élu UDSR à l'Assemblée nationale en 1946, il est inscrit au groupe républicain radical et radical-socialiste de 1951 à 1955[2].

Maurice Viollette est aussi très actif dans la franc-maçonnerie. Initié en à la loge Bienfaisance et Progrès, il a plus tard été élu au Conseil de l'Ordre du Grand Orient de France[4].

Maire de Dreux de 1908 à 1959 (sauf lors de la période de décembre 1940 à août 1944, où il fut démis des fonctions par arrêté du ministre de l'Intérieur du gouvernement de Vichy), il est ministre du Ravitaillement en 1917, gouverneur général de l'Algérie de 1925 à 1927, puis ministre d'État sous le Front populaire de 1936 à 1938.

Modèle:Message galerie

En 1931, il publie l'ouvrage intitulé L'Algérie vivra-t-elle ?, dans lequel il affirme que si l'Algérie devait rester le fief exclusif des colons, elle serait dans « quinze ou vingt ans » perdue pour la France.

Partisan des réformes dans l'Empire colonial, il est l'auteur du projet de loi Blum-Viollette qui prévoyait d'accorder la citoyenneté française et le droit de vote aux élites musulmanes algériennes. Ce projet est rejeté sous la pression des colons français d'Algérie[5].

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Lors de l'invasion allemande de la France en 1940, il quitte Dreux et se retrouve à Sainte-Foy-la-Grande (Gironde). Franc-maçon, il est révoqué de ses fonctions de maire de Dreux le , en application de la loi sur les sociétés secrètes[6],[7]. Alors qu'il demeure à Paris 5, boulevard du Montparnasse, il est arrêté en février 1941 par la police française qui l'interroge à Chartres et est assigné ensuite à résidence surveillée dans un hôtel de Redon en Bretagne. Il refuse de payer l'hôtelier, estimant qu'il est pensionnaire de l'établissement contraint et forcé et que c'était à l'administration de payer l'hôtel.

Il est alors assigné à résidence dans son appartement parisien situé 199 rue de Grenelle, puis, ayant déménagé, rue Cognacq-Jay où il reste jusqu'en avril 1944, quittant Paris pour s'installer chez un couple d'amis, les Benoist, au Mesnil-sur-l'Estrée dans l'Eure, puis allant près d'Orgerus pour se rapprocher de Dreux. Pour venir à Dreux, il fait le voyage à bord d'une ambulance, la tête entourée de bandelettes pour ne pas être reconnu. Arrivé à Dreux, il est hébergé rue Godeau chez le docteur Gautier où une cachette a été aménagée en cas de fouilles[8].

Il est réélu à la Libération et reste député jusqu'en 1955 ainsi que maire de Dreux et président du conseil général d'Eure-et-Loir de 1920 jusqu'à sa mort[9].

En 1947, faisant partie de la commission parlementaire chargée d'enquêter sur les événements de 1939 à 1945, il se rend avec d'autres parlementaires sur l'Île d'Yeu pour y interroger le Maréchal Pétain pendant deux heures[10].

Le 19 octobre 1950, il intervient en séance de nuit à la Chambre des députés. A la suite de Pierre Mendès France qui, dans son intervention de l'après-midi, avait alerté l'assemblée sur les risques pour la nation de poursuivre la guerre en Indochine. Il dit : « Le jour où nos combattants d'Indochine apprendraient que nous nous sommes rapprochés de leur ennemi, le jour où ils apprendraient que nous pensons à négocier une sorte d'armistice comme celui de 1940, les armes leur tomberaient des mains. »[11]

En 1952, le conseil municipal décide, malgré l'opposition de quatre conseillers membres du P.C.F., que la Grande Rue de Dreux prendra le nom de Maurice Viollette. C'est un cas très rare d'odonyme du vivant de la personne[réf. nécessaire].

Le , suivant acte sous sein privé à Dreux, il crée avec Robert Hersant, éditeur, alors demeurant à Paris 14, square du Bois de Boulogne, et André Boussemart, la SARL "Société d'édition et de publicité d'Eure-et-Loir" au capital d'un million de francs, son siège étant situé à Dreux 23, rue Saint-Martin[12].

Maurice Viollette n'a pas d'enfants et pour seule famille, une unique nièce qui décède avant lui dans un accident automobile. Dans son testament en date du , il lègue notamment 300 000 francs à sa ville natale de Janville (Eure-et-Loir) dont le revenu doit être attribué chaque année par le conseil municipal aux familles nécessiteuses de la ville ainsi que ses estampes algériennes de son cabinet de Chartres et son pendule de Barbedienne, bronze et marbre noir, qui se trouvait dans sa chambre[13]. Il donne sa maison de Dreux, située rue Loiseleur Deslongchamps, pour qu'elle devienne un musée-bibliothèque[réf. nécessaire].

Décès et obsèques

Maurice Viollette meurt en son domicile de Dreux d'une crise cardiaque le à l'âge de 90 ans. Sa dépouille mortelle est exposée au beffroi de Dreux dont la façade est en partie recouverte d'un drap noir. Ses obsèques ont lieu le 14 septembre 1960, trois chars couverts de fleurs précèdent le corbillard. Au cimetière, sept discours sont prononcés[14].

Sa veuve, Thérèse Mathon, meurt dans sa maison de la rue Loiseleur-Deslongchamps le à l'âge de 84 ans[15].

Hommages

  • L'association des amis de Maurice Viollette, présidée par Éric Duquesnoy, professeur d'histoire à Dreux, travaille à transformer la maison en musée.
  • Son nom a été donné à une rue de Chartres et à la rue principale de Dreux (aujourd'hui voie piétonne).

Critique

En 1957, dans une tribune libre, l'historien local Charles Maillier (1886-1970), conseiller municipal, critique le caractère autocratique de Maurice Viollette, maire de Dreux :

« Le fait est que M. Viollette ayant fait de la politique électorale le but de sa vie, il lui a tout subordonné. Il a su se créer un renom d'omniscience, s'entourer d'une auréole comme un petit Roi-Soleil, qui n'est au fond qu'un miroir aux alouettes, devant lequel certains se laissent prendre, tandis que d'autres béent d'admiration. Attitude dont lui-même doit sourire, car il a trop d'intelligence pour qu'il en soit autrement... Pour lui, le Conseil municipal a toujours été une arène politique, un marchepied de plus. Il doit donc en être le seul maître. C'est d'ailleurs ce qui l'a gêné pour devenir un véritable administrateur local. Il s'est imposé dès le début. Dès l'instant où, à la recherche d'un siège parlementaire, il vint échouer à Dreux, au grand dam du parti radical qui fut sa première victime. Dès que M. Viollette put pénétrer au Conseil, il en fit un organisme à ses ordres. Au fil des années, les séances devinrent de pure forme. C'est à cause de cela qu'en ville on avait baptisé le Conseil municipal : la tribu des Béni-Oui-Oui.[16] »

Bibliographie

  • Maurice Viollette, L'Algérie vivra-t-elle ? Notes d'un ancien gouverneur général, Ed. Félix Alcan, 1931
  • « Maurice Viollette », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition]
  • Françoise Gaspard, Maurice Viollette : homme politique, éditorialiste, Pontoise, Edijac, , 253 p.
  • Françoise Gaspard (dir.) (préf. François Mitterrand), Maurice Viollette, 1870-1960 : de Dreux à Alger, Paris, L'Harmattan, coll. « Histoire et perspectives méditerranéennes », , 207 p. (ISBN 2-7384-0963-6, présentation en ligne).
  • Charles-Robert Ageron, Histoire de l'Algérie contemporaine (1830-1994), Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 1994.
  • Jacques Cantier, « Les gouverneurs Viollette et Bordes et la politique algérienne de la France à la fin des années vingt », Revue française d'histoire d'outre-mer, t. 84, no 314,‎ , p. 25-49 (lire en ligne).

Notes et références

Références

  1. Archives départementales d'Eure-et-Loir, « 3 E 199/011, Janville 1863 - 1870, Naissances, mariages, décès, acte n° 26, image 360/399. », sur http://www.archives28.fr (consulté le ).
  2. a et b Fiche biographique , Violette Maurice sur le site du Sénat.
  3. « François, Charles, Abel Durand-Béchet », sur Sycomore, base de données des députés de l'Assemblée nationale.
  4. André Combes, Encyclopédie de la franc-maçonnerie, article « Violette, Maurice », Le Livre de Poche, , 982 p. (ISBN 978-2-253-13032-1).
  5. Marie-Renée Mouton, « L'Algérie devant le Parlement français, de 1935 à 1938 », Revue française de science politique, Paris, Presses universitaires de France, vol. 12, no 1,‎ , p. 93-128 (lire en ligne).
  6. Le Petit Parisien : journal quotidien du soir : liste des dignitaires de la Franc-maçonnerie, page 4.
  7. Les lois de Vichy sur la franc-maçonnerie.
  8. L'Écho Républicain de la Beauce et du Perche du 3 juillet 1980.
  9. Conseil départemental d'Eure-et-Loir, « Les élus », sur https://www.eurelien.fr, (consulté le ).
  10. France-Soir, 12 juillet 1947, p.3 : "5 heures de mal de mer pour interroger Pétain pendant 2 heures. Un seul parlementaire a le pied marin : Maurice Viollette".
  11. Eric VUILLARD, Une sortie honorable, Arles, ACTES SUD, , 208 p. (ISBN 978-2-330-15966-5), p. 65.
  12. Journal L'Action républicaine, octobre 1959.
  13. Journal "L'Action républicaine" du 21 avril 1961.
  14. L'Écho républicain de la Beauce et du Perche, 15 septembre 1960.
  15. L'Action républicaine du 21 novembre 1969 : « Mme Maurice Viollette n'est plus ».
  16. L'Écho républicain de la Beauce et du Perche, décembre 1957.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes