Mer Méditerranée

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Mer Méditerranée
Carte de la mer Méditerranée.
Carte de la mer Méditerranée.
Géographie humaine
Pays côtiers Espagne, Gibraltar (territoire britannique d'outre-mer), France, Monaco, Italie, Malte, Slovénie, Croatie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Albanie, Grèce, Turquie, Chypre, Chypre du Nord, Akrotiri et Dhekelia (territoire britannique d'outre-mer), Syrie, Liban, Israël, Palestine, Égypte, Libye, Tunisie, Algérie, Maroc.
Géographie physique
Type Mer intercontinentale
Localisation Océan Atlantique
Coordonnées 37° nord, 18° est
Subdivisions Mer d'Alboran, mer de Ligurie, mer Tyrrhénienne, mer Ionienne, mer Adriatique, mer de Crète, mer Égée, mer de Thrace, mer de Marmara, mer Noire
Superficie 2 510 000 km2
Profondeur
· Moyenne 1 500 m
· Maximale 5 267 m
Volume 3,8 M km3Voir et modifier les données sur Wikidata
Salinité 38 g.L−1
Géolocalisation sur la carte : océan Atlantique
(Voir situation sur carte : océan Atlantique)
Mer Méditerranée

La mer Méditerranée (prononcé [me.di.tɛ.ʁa.ne]) est une mer intercontinentale presque entièrement fermée, bordée par les côtes d'Europe, d’Afrique du Nord et d’Asie, depuis le détroit de Gibraltar à l'ouest aux entrées des Dardanelles et du canal de Suez à l'est et s’étend sur une superficie d’environ 2,5 millions de kilomètres carrés. Son ouverture vers l’océan Atlantique par le détroit de Gibraltar est large de 14 kilomètres.

Elle doit son nom au fait qu’elle est littéralement une « mer au milieu des terres », en latin mare medi terra[1].

Durant l’Antiquité, la Méditerranée était une importante voie de transports maritimes permettant l’échange commercial et culturel entre les peuples émergents de la région — les cultures mésopotamiennes, égyptienne, perse, phénicienne, carthaginoise, berbère, grecque et romaine. L’histoire de la Méditerranée est importante dans l’origine et le développement de la civilisation occidentale.

Toponymie

Le détroit de Gibraltar et la mer d'Alboran à l’extrême occidental de la Méditerranée vue depuis un satellite

Le terme de Méditerranée vient du latin mediterraneus qui veut dire « au milieu des terres », sous-entendu « du monde connu » (medius pour milieu et terra pour terre).

La mer Méditerranée a été connue à travers l'Histoire sous de nombreux noms :

  • la « Grande Verte » (wȝḏ-wr), désignait parfois chez les Égyptiens de l’Antiquité la Méditerranée (mais aussi la mer Rouge ou les grands lacs du delta du Nil) ;
  • dans l’Ancien Testament, sur la côte ouest de la « Terre sainte », elle s’appelait la « mer Hinder », parfois traduite comme la « mer de l’Ouest » (Dt. 9,24 ; Joel, 2,20), ou comme la « mer des Philistins » (Ex. 23,31), car ce peuple occupait une grande partie des côtes situées près de la Palestine. Cependant, parfois il s’agissait de la « Mer suprême » (Nb.34,6-7 ; Jos.1,4 ; 9,1 ; 15,47 ; Ez. 47,10..15..20), ou simplement « la Mer » (1 Rois 5,9 ; 1 Macc. 14,34 ; 15,11) ;
  • Les Romains, outre mediterraneus, l’appelaient le plus souvent Mare nostrum (« notre mer ») ou occasionnellement Mare internum (« mer intérieure »).

Aujourd'hui la plupart des langues des populations limitrophes reprennent cet héritage romain de mer entre les terres ou de mer du milieu, comme en français. Une autre appellation, certes moins courantes, est l'appellation de mer blanche (en turc : Akdeniz) donnée par les Turcs[2] et qu'on retrouve parfois parmi les peuples anciennement dominés par l'Empire ottoman, comme en Afrique du Nord : Mer blanche médiane (arabe : البحر الأبيض المتوسط) et en berbère et kabyle (kabyle : Ilel Agrakal)Enfin, on trouve quelques appellations plus marginales comme Mer romaine (arabe : بحر الروم) ou Notre Mer (en occitan : Mar Nòstra).

Histoire

Le bassin méditerranéen est riche d’une histoire complexe et ancienne. Elle est le berceau de la civilisation occidentale. L’Antiquité connaît un foisonnement de civilisations diverses comme les Égyptiens ou les Mésopotamiens. Puis, de grands empires prennent le contrôle des côtes de la mer Méditerranée. La Grèce, Carthage et Rome sont bien connus pour leur domination autour du bassin méditerranéen. Ils développèrent le commerce maritime et les guerres navales.

Distribution potentiel d'olive en zone de Méditerranée. Indicateur biologique du bassin Méditerranéen. (Oteros, 2014)[3]

Venise reprend le flambeau progressivement, puis monte en puissance au XIVe siècle, lorsque la "Bourse du Rialto" facilite l'échange des parts de navires, le développement d'une flotte commerciale, et le quadruplement de la superficie de l'Arsenal de Venise, mené par les autorités de la ville. La rivalité avec Gênes, autre grande cité maritime, favorise aussi le commerce, avant que la découverte des Amériques ne déplace le centre de gravité commercial, très progressivement, plus à l'Ouest.

Géologie

Relief de la mer Méditerranée
Carte tectonique de la Méditerranée

La mer Méditerranée se divise en deux bassins bien individualisés, séparés par des hauts fonds situés entre la Sicile et la Tunisie : la Méditerranée occidentale et la Méditerranée orientale, elles-mêmes nettement compartimentées. La première recouvre une superficie d’environ 0,85 million de kilomètres carrés tandis que la seconde recouvre environ 1,65 million de kilomètres carrés.

La Méditerranée se trouve à la limite entre deux plaques : les plaques africaine et eurasienne. Ces deux plaques se rapprochent à cause de la subduction de la lithosphère océanique de la Téthys, ce qui est à l'origine de collisions continentales. Cela explique la forte activité sismique dans cette région et le volcanisme (Vésuve, Etna, Stromboli, Santorin...).

Le fond de la Méditerranée occidentale est constitué d'une lithosphère océanique relativement récente, qui a commencé à se former au Miocène. La Méditerranée orientale est aussi constituée de lithosphère océanique mais d'âge plus ancien datant du Mésozoïque (de l'ère secondaire). C'est le vestige d'un ancien océan : la Téthys. Cette lithosphère océanique ancienne s'enfonce (subduction) sous l'Italie, la Sicile, la mer Égée, ce qui est à l'origine de la remontée du continent africain, mais aussi de l'étirement de la lithosphère dans la mer Égée et le bassin algéro-provençal et la mer Tyrrhénienne. Les séismes récents en Italie ont pour origine cet étirement de la croûte.

Histoire géologique

La mer Méditerranée est en partie le vestige d’un ancien domaine océanique que l’on nomme aujourd’hui la Téthys, qui était plus vaste que la mer Méditerranée actuelle. À partir du Crétacé, la Téthys s’est « refermée » progressivement par subduction, avec le rapprochement des continents africain et eurasiatique. Ceci entraîne la formation de chaînes de montagne, comme les Pyrénées, ou les Alpes. Durant l’Oligocène (il y a 30 millions d’années), la Méditerranée occidentale subit une phase d’étirement qui sépare la Corse et la Sardaigne du continent européen.

Il y a cinq millions d’années, le détroit de Gibraltar s’est refermé à la suite de l'élévation de son niveau par des mouvements sismiques, réduisant la mer Méditerranée à un lac très salé. On nomme cet épisode la crise de salinité messinienne. Des dépôts salins au fond de la mer produits durant un million d’années témoignent de ce phénomène. Près de 300 000 ans plus tard, une série de mouvements sismiques ont ouvert le barrage naturel du détroit[4]. Une énorme cascade a alors vraisemblablement rempli en quelques mois à quelques années le volume d’eau qui avait pris des centaines d’années pour s’évaporer[5].

Les fonds marins de la mer Méditerranée se modifient encore aujourd’hui car les plaques africaine et eurasienne sont en contact. Leurs mouvements provoquent des séismes en Italie, Grèce, Turquie, Israël, France, et Algérie, et entretiennent une activité volcanique en Italie avec l’Etna, le Vésuve et le Stromboli.

Géographie

L'Organisation Hydrographique Internationale divise la mer Méditerranée en deux bassins dont les limites sont déterminées de la façon suivante[6] :

  • Bassin occidental :
À l'Ouest Une ligne joignant le cap Trafalgar (36° 10′ 52″ N, 6° 02′ 02″ O) au cap Spartel (35° 47′ 31″ N, 5° 55′ 29″ O).
Au Nord-Est : La côte ouest de l'Italie. Dans le détroit de Messine, une ligne joignant l'extrémité nord du cap Paci (38° 15′ 22″ N, 15° 42′ 51″ E) au cap Peloro (38° 16′ 02,8″ N, 15° 39′ 11,71″ E) , l'extrémité est de la Sicile. La côte nord de la Sicile.
À l'Est : Une ligne joignant le cap Boeo (37° 48′ 07″ N, 12° 25′ 28″ E), à l'extrémité ouest de la Sicile, à travers l'Adventure Bank jusqu'au cap Bon, en Tunisie.
  • Bassin oriental :
À l'Ouest: Dans le détroit de Messine une ligne joignant le cap Paci (38° 15′ 22″ N, 15° 42′ 52″ E) au cap Peloro (38° 16′ 02,8″ N, 15° 39′ 11,71″ E), l'extrémité est de la Sicile. Les côtes orientales et méridionales de la Sicile. Une ligne joignant le cap Boeo, à l'extrémité ouest de la Sicile, à travers l'Adventure Bank jusqu'au cap Bon, en Tunisie.
Au Nord-Est : Une ligne joignant Kumkale (40° 00′ 31″ N, 26° 11′ 54″ E) et le Mehmetçik Burnu (ex cap Helles) (40° 02′ 35″ N, 26° 10′ 31″ E), l'entrée occidentale des Dardanelles.
Au Sud-Est : L'entrée du canal de Suez.
À l'Est : Les côtes de Syrie et Palestine.

La Méditerranée est reliée à l’océan Atlantique par le détroit de Gibraltar à l’ouest et le canal du Midi, à la mer de Marmara et à la mer Noire par les Dardanelles et le Bosphore à l’est. La mer de Marmara - mais pas la mer Noire - est parfois considérée (à tort) comme faisant partie de la Méditerranée. Le canal de Suez au sud-est relie la Méditerranée à la mer Rouge. Il s'agit géographiquement d'une mer semi-fermée partagée par 23 États riverains même si certains États comme la Fédération de Russie utilisent une argumentation juridique pour refuser ce qualificatif, arguant du fait qu'il s'agit d'une mer très grande contenant beaucoup d'autres mers (comme la mer Adriatique à son tour semi-fermée) et utilisée pour la navigation internationale, comme s'il s'agissait d'un océan[7].

Le climat méditerranéen est caractérisé par un hiver humide et doux et par un été chaud et sec. Cependant, les inter saisons laissent place à une violence certaine du climat. Des pluies très importantes et très violentes s’abattent parfois alors que la terre asséchée par des périodes de sécheresse ne peut absorber ces précipitations (parfois équivalents à trois mois de pluie voire bien plus selon la latitude). Les inondations fréquentes en témoignent comme pour les vidourlades fréquentes, à Vaison-la-Romaine en 1992 et l’Aude en 1999.

Les marées sont de faible amplitude et l’évaporation y est plus importante que dans l’océan Atlantique. Les précipitations et la quantité relativement faible d’eau apportée par les fleuves qui s’y jettent sont largement insuffisantes pour combler cette évaporation (déficit d’environ 3 000 millions de mètres cubes) ; d’où un taux de salinité plus élevé et des températures d’eau plus chaudes qu’en Atlantique.

La mer Méditerranée, carte politique

Îles méditerranéennes

Les principales îles de la Méditerranée sont :

Le tableau suivant recense par ordre décroissant de superficie les îles de plus de 400 km2.

# Nom Pays Superficie (km²)
+001, Sicile Drapeau de l'Italie Italie +0025 709,
+002, Sardaigne Drapeau de l'Italie Italie +0024 090,
+003, Chypre Drapeau de Chypre Chypre +0009 251,
+004, Corse Drapeau de la France France +0008 680,
+005, Crète Drapeau de la Grèce Grèce +0008 261,
+006, Eubée Drapeau de la Grèce Grèce +0003 655,
+007, Majorque Drapeau de l'Espagne Espagne +0003 625,
+008, Lesbos Drapeau de la Grèce Grèce +0001 641,
+009, Rhodes Drapeau de la Grèce Grèce +0001 410,
+010, Chios Drapeau de la Grèce Grèce +0 000842,
+011, Céphalonie Drapeau de la Grèce Grèce +0 000775,
+012, Minorque Drapeau de l'Espagne Espagne +0 000694,
+013, Corfou Drapeau de la Grèce Grèce +0 000641,
+014, Ibiza Drapeau de l'Espagne Espagne +0 000572,
+015, Djerba Drapeau de la Tunisie Tunisie +0 000514,
+016, Lemnos Drapeau de la Grèce Grèce +0 000478,
+017, Samos Drapeau de la Grèce Grèce +0 000477,
+018, Naxos Drapeau de la Grèce Grèce +0 000436,
+019, Krk Drapeau de la Croatie Croatie +0 000405,
+020, Cres Drapeau de la Croatie Croatie +0 000405,
+021, Zante Drapeau de la Grèce Grèce +0 000402,

Pays côtiers

Les États qui bordent la Méditerranée sont :

Pays Plus grande ville côtière Autres grandes villes côtières
Drapeau de l'Albanie Albanie Durrës
Drapeau de l'Algérie Algérie Alger Oran, Annaba, Béjaïa, Mostaganem, Skikda, Jijel
Drapeau de la Bosnie-Herzégovine Bosnie-Herzégovine Neum
Drapeau de Chypre Chypre Limassol Larnaca
Drapeau de la Croatie Croatie Split Rijeka
Drapeau de l'Égypte Égypte Alexandrie Port-Saïd
Drapeau de l'Espagne Espagne Barcelone Alicante, Badalona, Carthagène, Malaga, Palma de Majorque, Valence
Drapeau de la France France Marseille Nice, Toulon, Ajaccio
Drapeau de la Grèce Grèce Athènes Thessalonique, Patras, Héraklion
Drapeau d’Israël Israël Tel Aviv-Jaffa Haïfa, Ashdod
Drapeau de l'Italie Italie Naples Bari, Catane, Gênes, Messine, Palerme, Tarente, Trieste, Venise
Drapeau du Liban Liban Beyrouth Tripoli
Drapeau de la Libye Libye Tripoli Benghazi, Misrata, Khoms, Zaouïa
Drapeau de Malte Malte Birkirkara
Drapeau du Maroc Maroc Tanger Al Hoceima, Nador, Tétouan
Drapeau de Monaco Monaco Monaco
Drapeau du Monténégro Monténégro Bar
Drapeau de la Palestine Palestine Gaza
Drapeau de la Slovénie Slovénie Koper (Capodistria)
Drapeau de la Syrie Syrie Lattaquié
Drapeau de la Tunisie Tunisie Tunis Ben Gardane, Bizerte, Djerba, Hammamet, Mahdia, Monastir, Nabeul, Sfax, Sousse, Zarzis
Drapeau de la Turquie Turquie Izmir Antalya, Mersin, Alexandrette

Ports

Cantons méditerranéens

La mer Méditerranée se divise en deux bassins bien séparés par des hauts-fonds entre la Sicile et la Tunisie. Chaque bassin est divisé en différents compartiments portant le nom de mers, bassins ou golfes, parfois eux-mêmes divisés en zones géographiques de taille inférieure :

Méditerranée occidentale

Méditerranée orientale

Plusieurs détroits relient ces différentes parties de la Méditerranée :

Quelques chiffres de géographie physique

  • Superficie : 2,51 millions de kilomètres carrés (3 millions avec la mer Noire, soit 1 % de l’océan mondial) ;
  • Dimensions : 3 860 km de l'est à l'ouest et 1 600 km du nord au sud[8] ;
  • Périmètre : 46 000 km de littoral ;
  • Profondeurs : moyenne : 1 500 m, maximale : 5 267 m[8] ;
  • Profondeur moyenne : 1 500 mètres. Certains de ses abysses rivalisent avec ceux des océans, comme dans la mer Ionienne (5 121 mètres dans la fosse sous-marine Calypso[9]) et dans la mer Tyrrhénienne (3 731 mètres) ;
  • Volume : 3,7 millions de kilomètres cubes ;
  • Marnage des marées : de 0 à 2 m environ, 40 cm en moyenne[10] ;
  • Renouvellement de l'eau : environ 90 ans ;
  • Salinité moyenne : aux alentours de 3,8 % ;
  • Fleuves les plus importants : , Rhône, Nil, Èbre, Medjerda ;
  • Apport de la pêche : approximativement 2 % de la pêche mondiale.

Écologie

Biodiversité

La Méditerranée étant un des derniers vestiges océaniques de la Téthys, la plupart de ses espèces étaient pantropicales (espèces présentes dans toutes les mers chaudes du globe : récifs coralliens à porites, mangroves) avant la crise de salinité messinienne. La fermeture de la communication avec l'océan Indien il y a 14-18 Ma et l’assèchement de la Méditerranée durant cette crise messinienne il y a 5,96 à 5,33 Ma ont eu pour conséquence que le biotope marin de la mer Méditerranée est depuis lors principalement issu de l’océan Atlantique. L’Atlantique Nord est beaucoup plus froid et plus riche en aliments que la Méditerranée, et la vie marine méditerranéenne a dû s’adapter à des conditions changeantes au cours des cinq millions d’années qui ont suivi son remplissage[11].

La Méditerranée représente 0,8 % de la surface de l’océan mondial et 8 à 9 % de la biodiversité marine (10 à 12 000 espèces). Le domaine continental de la Méditerranée représente 1,6 % de la surface des continents et 10 % de la biodiversité mondiale (notamment 20 000 plantes, dont 52 % d’endémiques). La faune et la flore méditerranéennes comportent environ 20-30 % d’endémiques, 3-10 % d’espèces pantropicales, 55-75 % d’espèces atlantiques et 5 % d’« espèces lessepsiennes »[12]. Le taux d’endémisme y est de 18 % chez les Decapoda et les poissons[13], 48 % chez les spongiaires, 20 % chez les algues, 50 % chez les ascidies, si bien que la Méditerranée occupe la deuxième place mondiale en termes de richesse d’espèces endémiques[14].

État de la mer Méditerranée

La mer Méditerranée est plus salée et plus pauvre en nutriments que l’océan Atlantique, en particulier à cause du détroit de Gibraltar qui bloque les grands courants de l’Atlantique. En raison de l’aridité du climat et de l’effet des vents, l’évaporation est plus importante que les apports des pluies et des fleuves, ce qui concentre la teneur en sel ; un équilibre est globalement préservé grâce à deux écoulements contraires au niveau de Gibraltar : un flux d'eau Atlantique entrant en surface et un flux d’eau salée sortant en profondeur[15].

Le percement du canal de Suez en 1869 a créé le premier passage d’eau de mer entre la mer Méditerranée et la mer Rouge. Cette dernière étant plus haute que la partie orientale de la Méditerranée, le canal forma un fleuve d’eau salée de la mer Rouge dans la Méditerranée. Traversé par le canal, le Grand Lac Amer (très salé avant le percement) a bloqué la migration des espèces de la mer Rouge vers la Méditerranée pendant plusieurs décennies. Progressivement, la salinité de ce lac s’est égalisée avec celle de la mer Rouge, la barrière migratoire s’est levée, et les plantes et les animaux de la mer Rouge ont commencé à coloniser la Méditerranée orientale.

Les espèces animales et végétales de la mer Rouge prennent l’avantage sur les espèces de l’océan Atlantique dans l’environnement méditerranéen oriental salé et pauvre en aliments. La construction du barrage d'Assouan sur le Nil dans les années 1960 a réduit l’apport d’eau douce riche en nutriments dans la Méditerranée orientale, ce qui rend l’environnement de la Méditerranée proche de celui de la mer Rouge. Cet échange d’« espèces lessepsiennes » ou « érythréennes » (du grec eruthros signifiant « rouge ») est connu sous le nom de migration de Lesseps, d’après Ferdinand de Lesseps, l’ingénieur qui a surveillé la construction du canal. Ces espèces s'installent principalement dans le bassin oriental et s'y acclimatent, si bien que 15 % des poissons de la Méditerranée orientale sont exotiques en 2007 (en Turquie elles représentent 43 % des ressources halieutiques ; au Liban, 72 % des poissons sont des Siganus rivulatus[16]). Certaines migrent dans le bassin occidental (Siganus luridus, Fistularia commersoni).

En 2008, 560 espèces exotiques (une majorité de poissons, arthropodes et mollusques) ont été recensées en Méditerranée. Leurs voies d'arrivée sont le détroit de Suez, le détroit de Gibraltar et la voie anthropique (notamment l'aquaculture, les eaux de ballasts ou le fouling). 220 proviennent du bassin indo-pacifique, 100 de l'océan Indien, 58 de la mer Rouge, 34 de l'océan Atlantique[17].

Prospective

Le dérèglement climatique pourrait avoir des effets exacerbés sur la zone biogéographique méditerranéenne qui abrite un grand nombre de hot-spots de biodiversité. Anticiper les effets du changement climatique sur l’eau, l’agriculture, le tourisme, la pêche, l’énergie, le transport et l’urbanisme et l’environnement et la santé (zoonoses, épidémies, maladies émergentes) dans cette zone est une priorité croissante pour les élus et habitants de cette région déjà très dégradée par les feux de forêts et les sécheresses[18].

Économie

La Méditerranée vue depuis Menton.

Le bassin méditerranéen concentre 150 millions d’habitants et attire quelque 200 millions de visiteurs chaque année[19]. 20 % des pétroliers, 30 % des navires marchands du monde circulent en Méditerranée, pour un trafic total de 120 000 bateaux[19].

Sport

Les Jeux méditerranéens, qui se déroulent tous les quatre ans, sont une compétition multisports où se rencontrent des sportifs des pays du bassin méditerranéen.

Tourisme

Au XIXe siècle, la bonne société européenne ne cherchait pas la chaleur et le soleil, se déplaçant sur des stations balnéaires de la côte atlantique, de la Manche ou de la Baltique dès le début de l'été, mais pas en Méditerranée. C'est à la même époque que naît le tourisme en Angleterre, où la population est déjà très urbanisée et invente la notion de vacances : les Anglais sont ainsi premiers à fréquenter les bords de la Méditerranée (mais en hiver), donnant naissance à de nombreux palaces (en particulier à Nice, la promenade des Anglais en étant un souvenir). À cette époque, « bronzer, c'était prendre le risque de régresser socialement et racialement » affirme l'anthropologue Jean-Didier Urbain (en effet, c'étaient les couches les plus pauvres de la population - paysans… - qui travaillaient au soleil ; il s'agissait donc d'un marqueur social, obligeant les couches aisées à garder la peau claire et à se couvrir)[20].

Costa Smeralda (Sardaigne).

La première description d'un bain de soleil comme plaisir bourgeois date ainsi seulement de 1902, dans L'Immoraliste d'André Gide et Coco Chanel fait scandale en 1927 en prenant le soleil sur la Côte d'Azur, alors que l'écrivain Théo Varlet créé le nudisme en 1905. Le tourisme méditerranéen, encore privilégié, se développe à partir de cette période. Jean-Didier Urbain poursuit : « Longtemps, la fréquentation de la Méditerranée s'est faite autour de trois usages. Il y avait l'aspect sanitaire, avec les stations balnéaires, de la côte espagnole à la Riviera italienne. Puis, dans le croissant allant des côtes adriatiques à l'Égypte, une imbrication entre découverte des racines de notre civilisation et une Méditerranée des loisirs dont le principal attrait était le tourisme sexuel »[20].

En France, pays rural en comparaison de l'Angleterre, c'est avec les congés payés de 1936 et surtout la société de consommation des Trente Glorieuses que le tourisme méditerranéen se développe et se démocratise, donnant naissance au camping et à la fréquentation populaire des villes du Sud de la France. En 1950, l'entrepreneur belge Gérard Blitz créé le Club Méditerranée, des camps de vacances (en Italie, en Grèce, en Tunisie, etc.). « Le coup de génie de Blitz, c'est la création d'un concept de vacances qui n'a strictement rien à faire de l'endroit où l'on s'implante du moment qu'il y a le sable, le soleil et la mer. Un endroit où l'on est heureux ensemble : sur ces côtes méditerranéennes, on créé une Polynésie fantasme, avec paréos, paillotes et monnaie propre. On ne vient plus là pour découvrir le monde mais pour l'oublier » conclut Jean-Didier Urbain[20]. Avec l'apparition des boîtes de nuits, certains endroits se voient dédiés à la fête estivale, comme l'île d'Ibiza.

Depuis, la région accueille un nombre toujours croissant de voyageurs : elle capte près du tiers du tourisme mondial[réf. nécessaire]. De 2000 à 2020, la France, l'Espagne et l'Italie sont leaders mais la Turquie et l'Égypte devraient tripler, voire quadrupler leur nombre de visiteurs. Pendant la même période, le nombre de touristes devrait y atteindre de 300 à 600 millions[réf. nécessaire].

Migration

Depuis le début de la crise migratoire, de plus en plus de migrants et réfugiés parviennent en Europe en traversant la Méditerranée, en raison d'un contrôle toujours plus grand des routes de migration terrestres par l’UE (Frontex). Ces traversées maritimes sur des embarcations de fortune surpeuplées sont bien souvent très périlleuses, et ont conduit à la mort de plusieurs milliers de personnes.

L’OIM, organisation liée aux Nations Unies et spécialisée dans les défis de la gestion des flux migratoires, recense chaque année le nombre de noyés parmi les migrants et réfugiés tentant d’entrer en Europe par voie maritime. Au 12 octobre 2016, elle a enregistré 3632 décès en mer depuis le début de l’année[21]. Avec ce chiffre, 2016 risque donc de battre le funeste record que l’OIM avait attribué à l’année 2015 en la déclarant l’année la plus meurtrière de l’histoire pour les migrants et réfugiés ayant traversé la Méditerranée (3711 décès en 2015, 3279 en 2014)[22].

Des organisations internationales comme Amnesty International se désolent de l’indifférence de l’Europe face à cette tragédie, et du décalage entre les moyens consacrés à la protection des frontières externes (qui s’élèvent à deux milliards d’euros en 2012) et ceux destinés à l’accueil des requérants d’asile et réfugiés (700 millions d’euros pour la même année, soit trois fois moins)[23],[24].

Menaces à long terme

Le Pourtour méditerranéen, par son climat particulier qui se démarque par le nombre de phénomènes extrêmes qui s'y produit (Sécheresses, inondations torrentielles, vents violents catabatiques, canicules, incendies de forêts, cyclones subtropicales méditerranéens, tornades, mais aussi avalanches et fortes intempéries neigeuses), voit sa population fortement augmenter dans les zones urbaines très densément peuplées toutes situées au niveau de la mer. L'augmentation et l'intensification de ces phénomènes atmosphériques, associée à la hausse du niveau de la mer, et aux risques géologiques déjà extrêmes (Zone sismique très importante à proximité de grandes métropoles, menace du Vésuve, et risque de tsunami très important), les risques sanitaires avec l'arrivée de maladies venues des régions tropicales (Paludisme, Dengue, Chicungunya) et de nouvelles espèces animales et végétales problématiques (moustique tigre, nouvelles espèces de poissons, invasion de Caulerpa Taxifolia), ainsi que la géopolitique très instable qui règne dans le sud du bassin (Printemps arabes, vague d'immigration, Guerre civile syrienne, problème israélien, etc) rendent la situation particulièrement alarmante pour le futur de cette région.

Notes et références

  1. selon Isidore de Séville au VIIe siècle
  2. Anciennement les Turcs désignaient les points cardinaux par des couleurs : noir pour le nord, rouge pour le sud, vert ou jaune pour l'est et blanc pour l'ouest.
  3. Oteros Jose (2014) Modelización del ciclo fenológico reproductor del olivo (Tesis Doctoral). Universidad de Córdoba, Córdoba, España Link
  4. « bulletin électronique ambassade de France espagne »,
  5. Garcia-Castellanos, D. et al. (2009) 'Catastrophic flood of the Mediterranean after the Messinian salinity crisis', Nature, 462, 10 décembre 2009, p. 778.
  6. « Limites des Océans et des Mers, 3e édition », Organisation hydrographique internationale, (consulté le )
  7. Umberto Leanza, Le Nouveau droit international de la Mer Méditerranée, Editoriale Scientifica, , p. 46
  8. a et b Qu’est-ce que la mer Méditerranée ? Sur le site polmar.com
  9. Au creux de la fosse de Matapan au large du Péloponnèse (à 56 km au sud-ouest de Méthoné (Messénie)).
  10. « Grandes et petites marées en Méditerranée » [html], sur Aviso +, CNES - CTOH (consulté le ).
  11. Jean-Pierre Suc, Origin and evolution of the Mediterranean vegetation and climate in Europe, Nature no 307, 1984, p. 429-432.
  12. Biodiversité : faune, flore et endémisme Site de l'Université de la Méditerranée Aix-Marseille II sur la biologie méditerranéenne
  13. G Fredj et C. Maurin, Les poissons dans les banques de données Médifaune, Cybium, 11, 1987, p. 218-299.
  14. L. Garibaldi et J.F. Caddy, Biogeographic characterization of Mediterranean and Black seas faunal provinces using GIS procedures, Ocean Coast. Manage, 39, 1998, p. 211-227.
  15. « Les Géonautes enquêtent sur les océans » [PDF], sur oca.eu, Observatoire de la Côte d'Azur (OCA) - CNES, (consulté le ), p. 4.
  16. M. Bariche et coll, Settlement of the lessepsian blue-barred parrotfish Scarus ghobban (Teleostei: Scaridae) in the eastern Mediterranean, J. Mar. Biolog. Assoc. 2. Biodiversity records, 2005
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Voir aussi

Articles connexes

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Bibliographie