Bailliage d'Allemagne

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Le bailliage d’Allemagne alias le Bailliage Allemand (en allemand, Deutsches Bellistum) était, avec le bailliage de Vôge (Mirecourt) et le bailliage français (Nancy), l'une des trois circonscriptions administratives du duché de Lorraine jusqu'à la réforme de 1751.

Il regroupait les diverses possessions ducales de langue germanique situées géographiquement dans le Westrich, une ancienne province du Saint-Empire située le long de la vallée de la Sarre. Les terres d’Empire et les fiefs des évêques de Metz enclavés à l'intérieur du bailliage n’en faisaient pas partie.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le siège du bailliage d’Allemagne était depuis le XIVe siècle situé à Vaudrevange (Wallerfangen). Après la cession de Vaudrevange à la France au XVIIe siècle, le siège du bailliage fut transféré en 1698 à Sarreguemines par le duc Léopold Ier de Lorraine.

Au début du XVIIe siècle, il était composé de 790 localités.

Comme dans le reste de la Lorraine allemande, les habitants du bailliage parlaient le francique lorrain et les actes officiels étaient le plus souvent rédigés en allemand standard (Hochdeutsch). Cependant, en , un édit de Stanislas Leszczyński, duc de Lorraine depuis 1738, imposa la langue française pour tous les actes publics et les procédures judiciaires du bailliage.

Le bailliage d’Allemagne fut supprimé par un édit en 1751 dans le cadre d’une grande réorganisation administrative du Duché de Lorraine.

Conformément aux dispositions du Traité de Vienne (1738), le Duché de Lorraine fut rattaché à la France en 1766, à la mort de Stanislas, mais la structure administrative resta inchangée jusqu'à la Révolution (création des départements en 1789).

Certains territoires de l’ancien bailliage d’Allemagne dont Siersberg, Schaumberg, Merzig-Saargau, Berus et Vaudrevange, furent cédés à la Prusse lors des Traités de Paris de 1814 et 1815 ; ils font aujourd’hui partie du Land de la Sarre.

Assises du bailliage[modifier | modifier le code]

La juridiction des Assises de ce bailliage n'en dépassait pas les limites. La ville de Vaudrevange fut définitivement choisie comme siège ordinaire des assises du bailliage, dites « Assises d'Allemagne », par un édit de Charles III en date du [1].

A l'époque où fut écrit le manuscrit de la coutume de Lorraine[2], les Assises du bailliage d'Allemagne n'existaient plus. Le corps de l'ancienne chevalerie lorraine avait jadis tenu des Assises régulières dans le bailliage d'Allemagne. Mais cette partie du duché était la plus exposée aux ravages des guerres, et les incursions fréquentes de l'ennemi avaient suspendu le cours de la justice. Les Assises de ce bailliage furent rétablies plus tard[1].

Le « bailli d'Allemagne », au commencement du XVIe siècle, n'avait connaissance que des affaires portées volontairement devant lui par les parties. En règle générale, tous les procès qui survenaient entre gentilshommes, vassaux et gens d'église pour héritages, franc-alleux ou autres, et même ceux qui étaient intentés de seigneuries, rentes, revenus et droits seigneuriaux, ressortissaient à la section de Nancy. Cet état de choses portait un grave préjudice aux sujets du bailliage. Aussi firent-ils entendre de pressantes réclamations. Le , sur les remontrances « des gens de l'Estat de bailliage d'Allemagne », intervint un règlement qui renouvela, restitua et établit le siège de la justice et Assise dudit bailliage interrompu depuis quelques années[1].

Sous l'empire du règlement de 1581, toutes les causes portées en première instance aux Assises d'Allemagne étaient sujettes à appel. Les Assises de Nancy les jugeaient en dernier ressort. Cour de première instance en matières féodales, les Assises d'Allemagne jugeaient au contraire en dernier ressort les procès survenus entre les roturiers du bailliage. Ainsi il n'y avait pas de « Feurs assises »[3] au bailliage d'Allemagne, mais toutes les matières soumises à cette juridiction n'y étaient décidées qu'en premier ressort[1].

Baillis[modifier | modifier le code]

Les baillis de ce bailliage, étaient désignés sous l'appellation de « bailli d'Allemagne »[4] et étaient les suivants :

Identité[5] Période[5] Observation[5]
Frédéric Clisentaine (ou Elisenstein) 1206-1213
Jean de Warnesperg 1271-1283 Justicier
Guillaume 1289
Peter Kern 1299
Weichard de Hamberg ou Felsberg 1301 Justicier
Charles 1319
Fritzmann ou Frédéric de Linange 1335 institué justicier par Geoffroy, son père,
lieutenant du duc Raoul en la terre d'Allemagne.
Jean Priol (ou Prieur) de Sierck 1344-1362
Jean de Rosières 1369
Willaume ou Guillaume de Belrain 1378-1381
Richard de Felsberg 1386
Jean Wisse de Gerbéviller 1390-1404 Écuyer
Henri Bayer de Boppart 1406-1418
Jean de Fléville 1425
Charles d'Haraucourt 1428-1429
Varry de Fléville 1435-1462
Jean Wisse de Gerbéviller 1465-1472 Conseiller et chambellan
Jean Wisse de Gerbéviller 1473 IIe du nom, conseiller et chambellan
Philippe 1479-1486 Comte de Linange et de Dagsbourg
Jean 1493 Comte de Salm
Hanneman 1501 Comte de Linange
Henri 1505 Comte de Salm, seigneur de Viviers
Jacques (ou Jacquot) d'Haraucourt 1514-1524
Philippe de Daun 1534 Seigneur de la Haute-Pierre et de Réchicourt
Philippe de Hausen 1546-1554
Adam 1560 Baron de Pallant
Bernard de Lutzelbourg 1563 Conseiller et chambellan
Guillaume Krantz de Geilspotzheim 1579 Seigneur d'Hellimer, conseiller du duc
Philippe de Raigecourt 1587 Seigneur d'Ancerville, chambellan et maitre d'hôtel ordinaire
Christophe 1604 Baron de Créhange et de Puttelange
Pierre-Ernest 1622 Baron de Créhange, conseiller d'État
Pierre de Carelle 1633 Conseiller d'État
N. Brisacier 1645 Grand bailli d'Allemagne, gouverneur de Sierck
Charles d'Haraucourt 16?? Marquis de Faulquemont, maréchal de Lorraine et Barrois
Antoine de Lenoncourt 1698 Comte d'Albert, conseiller d'État et grand écuyer
Louis 1705 Marquis de Beauvau,
conseiller d'État, maréchal de Lorraine et Barrois
Silvestre de Spada 1732 Marquis de Spada,
chevalier d'honneur de la duchesse Élisabeth-Charlotte

Divisions en 1594[modifier | modifier le code]

Selon l’historien Thierry Alix, le bailliage d’Allemagne comprenait en 1594 les châtellenies, prévôtés, seigneuries et villes de Sierck, Siersberg, Schaumberg, Merzig-Saargau, Vaudrevange, Berus, Boulay, Faulquemont, Hombourg et Saint-Avold, Forbach, Puttelange, Sarreguemines, Bitche, Sarralbe, Sarreck, Sarrebourg, Phalsbourg, Morhange, Marimont, Dieuze et Marsal[6]. Certaines villes prétendaient cependant ne pas en faire partie et jouir de privilèges particuliers.

Châtellenie de Dieuze[modifier | modifier le code]

Angweiller, Assenoncourt (Essestorff), Basse-Lindre, Bathelémont, Bessingen (Bassing), Bispingen (Bisping), Buderstorff (Bidestroff), Blanche-Eglise, Kuttingen (Cutting)[7], Dieuze, Gebersdorff (Guébestroff), Guéblange, Guermange (Germingen), Hampont (Hudingen), Haute-Lindre, Amange (alias Emsmingen/Insming), Luderfingen (Loudrefing)[8], Metzingen (alias Metzing/Mellerey), Saint-Jean-de-Rorbach (Rorbach), Sotzelingen (Sotzeling), Techempfül (Tarquinpol), Dorsweiler (Torcheville), Wiss (Vuisse), Semange (alias Semingen/Zommange)[9].

Châtellenie de Morsperg (Marimont)[modifier | modifier le code]

Alstorff-les-Leyningen, Bensingen (Bassing), Kuttingen (Cutting), Ginblingen (Guébling), Guémestorff (Guénestroff), Hunkirchen (Hunskirich), Leyningen (Léning), Lostorff (Lostroff), Luderfingen (Loudrefing), Nebingen (Nébing), Rhodes, Rorbach, Vergaville, Witersburg (Vintersbourg), Wirmangen (Virming)[9].

Comté de Bitche[modifier | modifier le code]

Disputé à cette période avec le comte de Hanau-Lichtenberg, comme tout le reste du comté de Deux-Ponts-Bitche.

Abbertingen, Achen, Altheim, Bedweiller, Biningen, Boweiller, Breytembach, Bussweiller, Drulben, Eppenborn, Eppingen, Ettingen, Eychemberg, Gissingen, Greppen, Hauweiller, Hellingen, Hilscht, Hoddweiller, Holbach, Huspelschidt, Kallenhaussen, Kaltenhaussen, Lampach, Lengissheim, Leymberg, Ludenschidt, Moterhausen, Niedergailbach, Obergailbach, Omesweiller, Orchingen, Reygerssweiller, Riderchingen (Gros-Réderching), Riderchingen (Petit-Réderching), Rollingen, Roppweiller, Rorbach, Rumelingen, Schmalenthal, Schorbach, Schweigs, Sigerstal, Steimbach, Urbach, Wadhaussen, Waldsborn, Walsimer, Weiskirchen, Wolmunster[6].

Divisions en 1710[modifier | modifier le code]

Selon l’historien Henri Lepage, les prévôtés et offices dépendant de ce bailliage en 1710 étaient : Sarreguemines, Bouzonville, Insming, Dieuze, Saint-Avold, Bitche, Bouquenom, Sarverden, Boulay, Siersberg, Schombourg, Saralbe, Morhange (comté), Sareick (terre de), Lixheim, Fénétrange (seigneurie)[9].

Prévôté et Office de Dieuze[modifier | modifier le code]

Alteville, Altroff, Assenoncourt, Bisping, Blanche-Eglise, Burlioncourt (châtellenie d'Haboudange), Château-Voué, Conthil, Cutting, Dieuze, Domnom (avec la cense de Kirkingen), Dordhal (seigneurie près de Marsal), Guébestroff, Guénestroff, Guéblange, Guermange, Guinzeling, Hampont (châtellenie d'Haboudange), Imling, Kerprich (baronnie), Lening, Lindre (Haute et Basse), Bassing, Bathelémont, Bidestroff (baronnie), Lidrequing, Lostroff, Loudrefing, Marimont ou Morsperg, Marthil, Mollering, Mont-Didier, Mulcey, Nébing, Neuf-Village, Riche, Rorbach, Soltzeling, Tarquinpol, Torcheville ou Dorsweiller, Vahl/Vald ou Vallen, Vergaville (avec la cense de Steinbach), Virming, Zommange.

Seigneurie de Fénétrange[modifier | modifier le code]

Berthelming, Betbornn, Diane-Capelle, Fénétrange, Gosselming, Haut-Clocher, Hilbesheim, Langatte, Lohr, Mittersheim, Munster, Niederstinzel, Postroff, Romelfing, Schalbach, Wibersweiller.

Prévôté d'Insming[modifier | modifier le code]

Insming (Amange), Rening, Rorbach.

Prévôté et principauté de Lixheim[modifier | modifier le code]

Dennelburg, Fleisheim ou Fletzing, Hellering ou Heilgring, Hérange ou Heringen (baronnie), Hoff/Holhoff ou Holff, Lamath ou Langmath, Lixheim, Mombrun ou Mommeren, Saint-Louis et Spartzbrode (avec Heigerstt et Roterbach, villages ruinés), Sainte-Marie de Bickenholtz, Werkersweiler.

Prévôté et Office du comté de Morhange[modifier | modifier le code]

Bermering (châtellenie d'Hinquezange), Dalhain (châtellenie d'Haboudange), Lindrequin ou Linderking, Pevange, Rodalbe, Zarbeling.

Terre et Office de Sareick[modifier | modifier le code]

Altroff ou Sarre-Altroff, Brouderdorff, Dolving ou Dolfing, Gosselming[10], Kerprich-aux-Bois, Nietting ou Nutting[11], Oberstinzel, Sareick (avec un château).

Prévôté de Sarreguemines[modifier | modifier le code]

Metzingen (Metzing[Lequel ?]).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • J. Garnich, Coustumes generales du Duché de Lorraine : es bailliages, de Nancy, Vosges et Allemagne, Nancy, 1614 (lire en ligne) ; nouvelle édition augmentée, 1770 (lire en ligne sur Gallica)
  • Henri Hiegel, Le bailliage d'Allemagne de 1600 à 1632. Tome 1 : L'administration, la justice, les finances et l'organisation militaire, Sarreguemines, Éditions Pierron, 1961 (BNF 33042009) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Henri Hiegel, Le bailliage d'Allemagne de 1600 à 1632. Tome 2 : Agriculture, industrie, commerce, Éd. Pierron, Sarreguemines, 1968 (BNF 33042010)
  • Henri et Charles HIEGEL, La maison rurale du bailliage d'Allemagne de Lorraine. Types de constructions et modes de couvertures, in Art populaire de Lorraine, Istra, Strasbourg, 1966, pp. 81-89
  • Henri Hiegel, L'enseignement populaire dans le bailliage d'Allemagne à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle, in Comité des travaux historiques et scientifiques. Actes du 103e Congrès national des sociétés savantes, section de philologie et d'histoire jusqu'à 1610, 1978, pp. 319-334

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Mémoires de l'Académie de Stanislas, 4e série, t. VI, Nancy, BERGER-LEVRAULT, 1874
  2. La Coutume de Lorraine et le « Recueil du style » déterminent, en différents articles, la compétence du Tribunal des Assises au seizième siècle.
  3. tribunal composé des prévôts du bailliage. Les gentilshommes pouvaient y assister, mais leur présence n'était pas obligatoire. Toutes les sentences qui y étaient rendues étaient soumises à l'appel dont les griefs étaient portés aux Assises de Nancy.
  4. Noel, Mémoires pour servir à l'histoire de Lorraine : no 6, Règne de Thiébaut 1er, Nancy, 1845
  5. a b et c Mémoires de la société d'archéologie Lorraine (seconde série), vol. XI, Nancy, A. Lepage, (lire en ligne), p. 108
  6. a et b Thierry Alix, Descriptions particulières des duché de Lorraine, comtez et seigneuries en dépendantes, et notamment du comté de Bitche. Dénombrement du duché de Lorraine en 1594.
  7. partie de la châtellenie de Morsperg
  8. partie de la châtellenie de Morsperg
  9. a b et c Henri Lepage, Le département de la Meurthe, Statistique historique et administrative. Première Partie, 1843
  10. partie de la seigneurie de Fénétrange
  11. en partie de la prévôté de Lixheim